[Périphérie] Sur le fil d'une dague | Dante

Printemps - 6e jour de la 8e ennéade de Favrius 14:XI
Couché du soleil

Depuis la nouvelle du matin, Krish était d'une humeur exécrable. S'en était à tel point que tous tous les Repentis avaient été soulagés qu'elle demande à sa garde Thaarie de l'escorter l'extérieur de la ville à leur place. Même Ferya n'avait pas insisté pour y aller. Voir l'avatar du dieux de la guerre faire des moulinet dans le vide avec une épée bâtarde n'avait rien de particulièrement engageant... Surtout qu'il ne restait rien de l'excitation qui l'avait tenue ces derniers jours.

Le soleil déclinait sérieusement lorsqu'elle et ses dix gardes menés par une sang mêlée de drow et d'elfe bien plus taciturne que par le passé, s'arrêtèrent à dix bonne minutes des murs de Baaz'hima la Resplendissante. Les dix chevaux furent attachés et une sorte de camp sommaire dressé. Placés en cercle au sud de la route, la rive de l'Oliya léchant l'autre côté de la route, les gardes regardaient passer les dernières caravanes et scrutaient les étendues encore verte de ces zones limoneuses. Au centre, assise avec un livre relié de cuir sur les genou, une pipe de bois dur au bec et une dague d'acier sombre au côté,  Krish, la mine sombre, lisait.

Sur la route, un cheval gris avance tranquillement. Le cavalier solitaire, encapuchonné, est ramassé sur la selle, La température rafraichit tandis que le ciel se pare de jupons écarlates et violacés. La monture, placide, le cavalier, solitaire, arbore un arc et un carquois attaché à la selle de l'animal.

Il avance au pas… jusqu'à être au environ cinquante pas des gardes… La monture renâcle subitement, piétine. Le cavalier la retient d'une main de maitre… Il y a un moment d'infinité tandis qu'il regarde les gardes sur le bord de la route.

La monture s'avance encore de dix pas, renâclant, soudainement nerveuse. Puis s'arrête.

- Hé ! Toi ! " l’interpelle un garde.

Auprès de Krish, Wydrin s'est levée. L'un des garde surveillant la brousse verte à l'opposé s'est retourné près à défourailler vers le cavalier. L'hybride lui fout une calotte en passant. " Ta position. " gronde-t-elle, rappelant à tous que ce n'était pas forcément le premier cavalier qui s'arrête qu'il faut prendre au sérieux. Et Wydrin prend toujours sa tâche au sérieux, même maintenant que le lien qu'elle a avec sa patronne est devenu plus complexe. Ses cheveux noirs et blancs retenus sur sa nuque, son énorme armure de plate semblant trop grande pour sa maigre stature, elle récupère l'espadon accroché en travers de son dos.

Krish n'a pas levé les yeux et, seule, sa capitaine s'avance au-delà du périmètre tandis que les soldats tiennent leurs positions, restant aux aguets.

- Tu devrais pas t'attarder ici, mon gars. " claironne la voix fluette de la femme lourdement arnachée. " Et surtout pas en cachant ton visage. "

Pendant que le cavalier recule, Wydrin avance jusqu'à ce qu'il a lâcher au sol... Des cheveux ?

- C'est quoi cette merde... " Elle a horreur de ce qu'elle ne comprend pas. Et pour le coup, La Vieille ne l'a mis au courant que du strict nécessaire. ça, ça n'en faisait pas parti. Dents serrées, elle jette donc par dessus son épaule. " Patronne. Des cheveux noirs. Vu la longueur, si c'est pas un scalp, c'est tout comme. "

Enfin, Krish se redresse. Le livre claque, elle se remet debout. Sa main droite est toujours sacrément bandée mais elle ne semble plus avoir de séquelle au visage. Et... Et c'est qu'il se barre à l'approche des saltimbanques ?! Un sifflement agacé passe les lèvres de la drow qui comble en quelques pas la distance jusqu'à la tresse qui traine dans la poussière, posant sans ménagement le pied dessus.

- Euh... Y a un truc dedans... " Incertaine et peu désireuse d'annoncer la nouvelle, Wydrin se redresse pour tendre le mot à l'elfe noire. ' SEULS ' Elle n'en eu qu'un visage plus sombre. D'un mouvement fluide, elle dégaine la dague en acier noir.

- Arrête de me faire perdre mon temps, petit merdeux ! " Elle se tourne droit vers la capitaine de sa garde " Cassez vous.
- Hein ?
- Ramassez vos affaires, prenez les chevaux et cassez vous ! Je vais en finir aujourd'hui avec ces conneries. "

Elle fait trois pas de plus pour se dégager de sa troupe, et d'un mouvement souple, la dague part... mais pas du tout sur le cavalier gris. La lame - qu'elle sait assez rude pour y résister - se plante à quelques pas d'elle dans le sol poussiéreux qui forme le bas côté de la route avant que la verdure ne prenne possession des lieux. A découvert.

Dans le dos de la noire elfe, Wydrin donne des consignes et c'est en un temps record que les gars sautent en selle. Aussi vite que si ça avait été pour courser le cavalier gris... mais dans le sens contraire.

- Ramène ton cul, on en finit ce soir ! Cette lame est à toi, je m'en cogne. Je veux des réponses claires ! "

Elle s'arrache les cordes vocales, couvrant la musique en se foutant royalement de la présence des voyageurs.

Le cavalier gris reste en place… Pendant que la troupe de Krish se carapate, jusqu'à ce qu'ils soient hors de vue… Puis, il éperonne l'étalon gris pour se lancer sur les talons de la troupe de Krish… S'ils s'arrêtent, il s'arrêtera à bonne distance. S'ils reviennent, ils le reverront passer à toute vapeur dans l'autre sens.

Plutôt, quand il est indiscutable qu'elle est seule, sur le bord du chemin, l'acteur habillé de façon fort flamboyante salue la troupe de baladins et s'en détache. Pressant l'étalon noir, il avance au petit trot jusqu'à une distance sécuritaire du Feu D'Uriz. Et s'arrête, toujours nonchalamment juché sur son destrier qui semble, ma foi, une bête à laquelle on n'approche pas sans une muselière.  

Tu semble perdue… Je te fais si tant peur Krish Al'Serat que tu m'envoie un assassin et que tu me donne rendez-vous avec ta garde rapprochée?

Et il prend son temps, relève son chapeau excentrique panaché de plumes fantasques, dévoilant son visage… le côté ravagé a été maquillé.Sa grande bouche au pli malsain, ses prunelles de vert et de marron qui la toisent d'un air moqueur, nullement impressionné par son statut d'Avatar. Il note bien le bandage à sa main, le corbin à sa ceinture… Son armure et son harnachement.

La voix grave et puissante prend un ton méprisant.

Pourquoi tu me chasse? Je me suis faite dire des choses fantasques… Mais on discutera pas de ca ici… Met toi en selle, on décarre de la route avant que tes copains rappliquent. Oh, et ramasse MA dague… T'es mieux de pas me l'abimer. Passe devant, je te dirai ou tourner. Tu m'excusera ma prudence… Mais t'a déclenché les hostilités… On causera en route.

Déclenché les hostilités ? Tu te fous de ma gueule ?! "

Dit Krish en levant sa main bandée. Les prunelles dichotomiques se plongent dans le doré sans faiblir, sans peur. Elles se pâlissent sensiblement.

Arrête tes conneries. J'ai eu le malheur de croire que tu étais quelqu'un de valeur. Ne t'inquiète pas, ça m'est passé grâce à la gamine avec laquelle tu t'es amusé ces derniers jours. Si tu ne veux pas que je donne ton signalement à tout le Guet, les chasseurs de prime, les barjots et tous les assassins du Puy jusqu'à Lante, va falloir me dire  ce que tu foutais à l'anniversaire d'Ascanio et ce que tu as avoir avec les disparitions des prêtres de Zhak'Bar.

Parfait... Tout simplement parfait. Sa Ténébreuse est mise hors de cause… Et c'est vrai qu'il l'a malmenée un brin… Mais c'est toujours elle qui en redemandait… Les narines de Dante s'évasent, à la recherche d'une odeur qu'il n'y a plus sur lui… Dommage.

Mon boulot… Je ne fais que mon boulot… Rien de plus, rien de moins… Mes contrats te concernent pas. Je te ferai signaler que tu dois la vie à ce contrat parce que ta peau était pas réclamée… Et que je t'ai déjà dit que t'avais rien a craindre de moi… Je suis pas un buteur d'avatar. Vos conneries entre dieux, je vous les laisse…

Il sourit méchamment… Il n'y a plus de vernis de civilité chez cet humain. Secouant la tête, son cheval piaffe sourdement. Amenant un raidissement de l'assassin. Ils ne sont pas seul. Ténèbres devient nerveux. Pas qu'il est particulièrement calme remarque.  

Tu peux me menacer comme tu veux, envoie moi les crétins que tu veux... ta messagère, je te l'ai toujours pas butée, mais les autres y passeront… Voilà. J'ai fait preuve d'assez de bonne volonté pour accourir ici comme un chien à ton ordre… Ton tour. Tu suis ou tu t'étouffe dans ta rage. J'en ai rien à foutre et j'ai pas de temps à perdre. Tu n'es pas mon contrat si ca peut te rassurer.

Faisant quitter le chemin à son étalon, Dante s'enfonce dans les herbes hautes jonchant la chausséesans plus de cérémonie. Il ne veut pas rester sur la route. Il est trop exposé. A Krish de suivre, ou pas. Si elle suit, il la mènera à une petite masure sise entre deux vallons, abritée dans un replis de terrain.  A peine deux mètres par quatre, un petit cabanon. La nuit sera noire quand ils arriveront et il ne répondra à aucune injonction, ordre ou récrimination, jouant au sourd.

Une odeur appétissante de ragoût s'échappe de la cheminée. L'humain descend de son cheval et l'entrave avant de se défaire de ses dagues et de les laisser sur les fontes en signe de bonne volonté. Si Krish s'approche, Ténèbres lui fera son affaire. Il est vicieux ce canasson. Puis, sans se préoccuper d'elle, il va s'engouffrer dans la cabane. Dans un coin, il y a un lit large et un coffre. Une table, deux chaises et le reste de l'espace est comblé par la cheminé dans laquelle trône un chaudron au fumet appétissant.

Avec un grognement rageur, elle ramasse la dague et court jusqu'à Tril. Enfin débarrasser de sa longe, le puissant étalon à la robe dorée comme les sables de Zurtanie se jette à la poursuite du cheval noir.

Très bien, elle acceptait ce détour. Sa propre propension à se fourrer le doigt dans l’œil jusqu'au coude concernant cet humain lui avait rendu la vie impossible, mais le comportement qu'il avait eu à leur première rencontre n'en était pas moins spécifique. Il avait joué avec elle ce soir là, et on ne jouait pas sans un minimum de raison. Raison qui, si elle en croyait ses souvenirs avaient avoir avec les disparitions de prêtres... qui ne s'étaient pas arrêtées d'ailleurs.

Après tant de temps à l'envisager et à le fantasmer comme son véritable adversaire, elle ne pouvait qu'être déçue... Mais cela avait aussi un avantage : elle n'aurait aucune difficulté à le terrassé. C'était un moucheron de plus qu'elle avait pris pour un loup. Les simples doutes qu'elle avait eu sur sa nature avaient créés une brèche. Brèche qui n'existait plus.

Après ce soir, elle faisait définitivement un croix sur cet abruti inutile et tout ce qui le concernait.

Les muscles robustes de l'étalon se raidir sous la main rude de sa cavalière. Il fallait bien ça pour le faire ralentir, mais il ne tarderait pas à piaffer. Elle sauta au sol sans le retenir ni l'attacher et repoussa sa grosse tête dorée en un mouvement blasé d'habitude lorsqu'il essaya de lui niaquer le bras au passage. Une odeur de nourriture.

- C'est bon ? T'es content ? On peut parler maintenant ?

Elle ne se souciait pas des insultes ou de sa nonchalance pour le moment. Chaque chose en son temps et celui des réponses était venu. Entrée dans la gargote sans même vérifier si c'était un piège, elle fouille dans sa sacoche de ceinture, en sort un fusain et trace très précisément La Marque sur le premier mur à porté. Une sorte de |\| aux bords légèrement inclinés et au tracé franc tout droit sortit d'un livre runique.

- Est-ce que tu as déjà vu ce symbole ?
- Oui, dans de la purée d’aubergine.
- Arrête tes conneries ! "

Putain elle allait se le faire... Mais le regard soudainement curieux qu'il posa sur elle la perçuada d'attendre encore un peu.

- As tu essayé de regarder a la grande bibliothèque ? C’est pas Eldéen c’est trop épuré... Ni du zagazorn, sont plus carrés... C’est pour ça que tu me chasses?
- Si je te chassais, tu serais mort.

Elle approche de deux pas. De curieux, il repasse à méfiant. Elle tire une vieille chaise branlante et s’assoit à califourchon dessus.  

- Écoute, c'est très simple. Tu veux être débarrasser de moi ? t'en a l'occasion. Je sais que tu sais quelque chose, sinon tu n'aurais pas joué au chat et à la souris à la fête de l'autre abruti de prince. Si ça n'a pas de rapport avec cette marque, ça ne peut être que les disparitions de prêtre. Dit moi la vérité, et je m'évapore, c'est aussi simple que ça. "

- Si je te chassais, tu serais mort.

Si tu me chassais, nous n'aurions pas cette conversation. Si tu me chassais, Feu d'Uriz, les lanternes seraient mises à feu et à sang. Et si tu me chassais réellement… Bien. Je te chasserais aussi… Ca pourrait être marrant remarque. Pense l'Assassin.

Un éclair moqueur traverse les prunelles dichotomiques. Un sourire soulève un coin de sa grande bouche.

- Écoute, c'est très simple. Tu veux être débarrasser de moi ? t'en a l'occasion. Je sais que tu sais quelque chose, sinon tu n'aurais pas joué au chat et à la souris à la fête de l'autre abruti de prince. Si ça n'a pas de rapport avec cette marque, ça ne peut être que les disparitions de prêtre. Dit moi la vérité, et je m'évapore, c'est aussi simple que ça. "

Qui dit que je veux être débarrassé de toi? Avoir l'attention d'un avatar est flatteur… Ya de quoi être fier… Mais en quoi des servants de la destruction peuvent t'être si important?

Il lève une main.

Remarque j'en ai rien à foutre… Je voulais simplement signifier un problème au haut-prêtre concerné avant que ca dégénère. Tu est Haute-Prêtresse de Zhak'Bar? En ce cas, mes informations ne sont pas à jour. Pour ton symbole, tu devrais demander au vieux Nakor… Le Magistère du Firmament doit certainement savoir, je peux lui demander. Je peux aussi me renseigner de mon côté en péninsule, mais ça va prendre du temps et c'est pas gratisse.

Et même si elle refuse, Dante compte bien envoyer une demande pour une Cécilie, maitresse des Lamentations et d'une recherche pour ce symbole. D'ailleurs, il prend une minuscule tablette de cire dans sa sacoche de taille et y grave une reproduction. Avant de refermer le tout.

Il est toujours sur le bord de la fenêtre, surveille Krish aussi nonchalamment et attentivement qu'elle le fixe, les longues manches rouges flammes de sa chemise cachant ses longs doigts d'Artiste de la Mort.

Alors c'était ainsi... Il n'avait aucune envie de coopérer, même pour se débarrasser d'une menace comme elle. Il ne le ferait pas. Il ne se considérait pas plus en danger qu'en galère. Une grande gueule et rien d'autre. Elle s'était bercée d'illusions avec un putain d'éphémère sans valeur. Il jouait avec elle et il ferait tout pour que ça continue, donc rien de ce qui sortirait de sa bouche ne pourrait être utile ou fiable. Il finit sa tirade. Il lui proposait son aide pour la marque... Comme s'il pouvait simplement "vouloir prévenir un haut prêtre" à travers elle. Connerie sur connerie.

- Tes mensonges tu peux te les mettre au cul et tes contrats avec.

Elle glissa son fusain dans sa sacoche, se releva, et tourna ostensiblement le dos à l'assassin, sa précieuse dague toujours à la hanche. Une provocation en bonne et due forme. Une provocation parfaitement maîtrisée par la lueur d'or qui luisait dans son œil. Sans un regard en arrière, elle se dirigea vers la porte pour l'ouvrir en grand.

- Tu pourras pas dire qu'on t'avais pas prévenu.
- Tes conne. Être avatar ça arrange pas le ciboulot on dirait. "

Une flèche se plante à côté d'elle sans le linteau de la porte sans qu'elle ne frémisse. Il continue de lui parler mais elle n'écoute plus. Elle franchi le seuil sans que son pas n'ai ralentit.

- J'ai bien des défauts, mais pas celui là. "

Rien aucune réponse. Seulement un sourire sauvage sur les lèvres de la noire elfe. Dans son dos, une corde se tend. Puis elle lâche. Deux pas à l'extérieur, sur la terre dénudée, elle se décale d'un pas. Un simple pas. Dans le même mouvement, sa main se referme sur la flèche et elle pivote pour faire face à l'homme qui se jette sur elle. Elle se baisse légèrement sur ses appuis, prête à le recevoir sans dégainer sa lame ou la Sanglante qu'elle porte à la ceinture. Ses yeux de sang et d'or se posent sur lui avec un éclat d’anticipation. Elle connait déjà l'issue. Il la lui murmure à l'oreille...

... A quel point faut-il être fout pour penser pouvoir tenir face à l'Avatar de la Guerre ?

Oh, il la connait aussi l'issue… Aussi inévitable que le battement de son coeur. Il n'agirait pas ainsi en temps normal. Non, il laisserait couler et affronterait le menu fretin autant de temps qu'il faudrait sans coup férir… Devenant le chasseur pour ceux qui le traqueraient. 

Mais qui dit décaler l'affrontement sur son terrain, dit risque que la Maitresse des Lamentations soit prise entre deux feux. Le sien et celui du dieu. Affronter un avatar? D'Uriz? Il l'a touchée, faite saigner. Il sait qu'en face, il n'a aucune chance… Si elle avait voulu le tuer, ca serait déjà fait. Sous sa grande chemise rouge, son plastron et son linge usuel.  Lui donner ce qu'elle veut au plus profond d'elle-même. L'illusion qu'elle a gagné et qu'elle l'a écrasé comme le vulgaire mortel qu'il est. Oh, elle va gagner… il le sait. Il va morfler… Crever peut-être… Mais, elle sera en sécurité. Et Krish, elle… aura de quoi réfléchir sur sa pomme… 

La main de Dante se lève, détache ses cheveux d'un geste brusque. Aller vers la mort dans la joie et la bonne humeur… En lui, la Bête rugit et déroule ses anneaux…. Enfle et enfle jusqu'à occuper tout l'espace. D'un coup sec, elle repousse La Raison dans les tréfonds de l'assassin et l'y assomme bien proprement dans un coin.  

Il prend la seconde flèche… Il sait qu'il va la rater. Ce n'est pas comme la dernière fois. Elle s'y attend. Pendant qu'il décoche son trait, il avance, à grands pas, passe le cadrage de porte tandis qu'elle se retourne vers lui. 

L'humain fait sensiblement dix centimètres de moins, se meut différemment… Ses prunelles, d'ambre et d'un vert blanc affichent un éclat malsain, mauvais… La malignité pure se lit sur le visage abîmé. Il n'a pas peur. Pourquoi La Bête aurait elle peur de la Guerre? Un sourire mauvais, bestial, étire la grande bouche, dévoile les dents droites et blanches en un rictus que n'aurait pas désavoué le Haut-Prêtre de Zhak'Bar en personne.   Dans les prunelles dichotomiques se lit le désir de la Destruction… De qui? De l'Avatar d'Uriz ou de l'humain en lui-même?

Dans ces prunelles, ce lit le désir de tuer, de souffrir et de mourir… Sera t'elle celle qui accèdera enfin à cette demande? Pour La Bête, Cécilie n'est qu'un prétexte pour malmener son hôte, le mener dans une spirale d'autodestruction. La Raison ne s'en aperçoit pas encore, pris sous ce coup de foudre, trop contente de ne plus être seule, mais la création des Drows voit la mage comme une menace. Il laisse couler pour le moment, mais désire plus que tout se repaitre de sa chair, en causant le maximum de souffrance morale à La Raison, pour qu'elle se soumette enfin à lui. Mais ceci est un autre problème, une autre histoire…

En ce moment précis l'adversaire qui se tient devant lui est autrement plus tentant, tangible qu'une rivale abstraite. Une voix grondante, gutturale s'élève, avec peu de choses humaine en elle… Un grondement de Bête féroce. Et… est ce de la salive qui coule le long de la lèvre, là?

Krish se baisse sur ses appuis et l'assassin se ramasse carrément sur lui même, pose une main au sol tandis que l'autre se place en position pour parer. On sent l'énergie qui se ramasse sous les muscles de ses cuisses, dans ses épaules…. Il n'est pas un guerrier plein de muscles… Mais les prunelles brillent d'une intelligence perverses… Malignes.


Bahk'tess xor el... harl l'tril d'Zhak'Ba r's fuer'yon
Domine ou crève sous la morsure de la Bête de Zhak'Bar.

Un ricanement sourd tandis qu'il continue dans un Eldéen parfait…

Ph'dos khurzon d'uriz's chath? Jous uns'aa... Bahk'tess uns'aa...
Es tu digne du feu d'Uriz? Montre-moi... domine moi…

Que la guerrière aux yeux d'ors en fusion montre seulement un moment de surprise et il en profitera pour attaquer… Qu'elle reste en position et il attendra posément… Qu'elle lui tourne seulement le dos…

Dans un recoin de son esprit, La Raison est totalement hors service, emprisonnée, avalée temporairement par l'autre personnalité de l'humain

- La bête de Zhak'Bar, hein... "

Elle avait naturellement changé pour les sonorités chuintantes, sifflantes et claquants de sa langue natale. Son sourire carnassier se fit plus large sans qu'elle ne bouge plus que les lèvres. Il semblait avoir changé du tout au tout. L'homme qui singeait la surprise et la nouvelle bourgeoisie lors de leur première rencontre n'était plus. Bête de Zhak'Bar... En voilà une explication satisfaisante. Elle ne savait pas si ce timbré les avaient déboulonné ou si c'était juste un putain de fanatique qui avait suivi l'affaire à la trace, mais au moins, elle comprenait son comportement à présent. Et elle connaissait un grand couillon qui serait très intéressé par la nouvelle et qui la débarrasserait de ce gêneur avant qu'il ne foute en l'air un autre plan.

Une réponse satisfaisante à sa frustration et à ses délires concernant cette marque, c'était une promesse de sommeil réparateur.

Il devait trouvé ça très drôle de l'avoir vu partir au quart de tour alors que rien n'indiquait la fin de son attente. Elle avait tellement hâte que le jour vienne... Tellement hâte de pouvoir éprouver à nouveau sa propre force. Toutes les stratégies et tous les plans mis en place depuis quatre ans lui tapaient de plus en plus sur les nerfs. Elle voulait un véritable combat. Elle voulait arrêté de s'ennuyer. Elle voulait arrêté de se retenir... Mais ce n'était pas encore possible. Pas totalement du moins.

- Timbré.

Près de là, Tril tendait les oreilles, aux aguets. A force, il connaissait les sonorités de la langue sombre aussi bien que celles de l'oliyan... Et son instinct de bête lui avait apprit qu'elles étaient inquiétante. Aujourd'hui, son instinct semblait tendre les muscles impressionnants de l'étalon. Un mouvement brusque et il s'éloignerait avec pertes et fracas.

Krish se ramassa un peu plus comme on appuie sur un déclencheur. Mais rien ne se produisit. Il attendait qu'elle attaque la première. Ce porc ne méritait pas de mourir de sa main, mais elle avait une douleur à la main droite qu'elle avait bien besoin de faire passer. Elle serra sa main bandée.

Elle s'élança.

Elle n'avait que des bases d'analyse. L'instinct faisait le reste. Elle ne savait pas comment, mais elle le faisait et grâce aux entraînements de ces dernières années, son corps ne risquait plus de se briser.

Levant la flèche qu'elle tenait encore vers la gorge de l'humain, elle plongea vers le sol au dernier moment pour passer derrière celui dont elle ne doutait pas de l'esquive. Quelque chose passa juste au-dessus d'elle. Flèche ? bras ? lame ? Aucune importance. Son cœur battait lentement. Sans écart. Elle se releva d'un bond, pris appui d'une jambe sur le mur branlant de la bicoque pour sauter plus haut et se lança sur l'humain pour tenter de l'agripper au niveau des épaules et l'obliger à vriller, le projetant au sol et faisant peut-être sauté quelques articulations avant de se réceptionner debout. Dans le mouvement, la pointe de la flèche qui semblait viser la jugulaire du combattant changea au dernier moment pour tenter de crever sa joue déjà abimée.

Elle bondit sur le côté, évitant les griffes qui manquèrent de peu sa gorge. C'était la deuxième fois.

Rapides, précis et souples, on aurait pu croire que les deux adversaire avaient le même style, mais rien aurait été plus faux. Il souriait, grondait l'écume aux lèvres, mais il gardait la tête froide, une lueur malsaine dans les yeux. Elle avait cessé de sourire, mais la colère vengeresse dans son œil aux reflets dorés était des plus sincères. Il cherchait les points douloureux, les tissus moues, les coups décisifs. Elle tentait de le déstabiliser en variant le rythme et l'angle pour venir le saisir sachant que cela signerait sa fin. Elle n'hésitait pas à varier la hauteur de ses coups également, jusqu'à s'abaisser presque entièrement sur le sol. Elle faisait preuve d'une souplesse acrobatique légèrement réduite par son armure de cuir et ses mouvements changeaient drastiquement d'une touche à l'autre. On aurait dit des combattants différents et chaque style était parfaitement adapté à la tentative qu'elle ajoutait à sa longue liste.

Elle sauta sur le côté, tentant un nouveau jeu de jambe. La tête de flèche qu'elle tenait toujours obligeait l'humain à se concentrer avantage sur sa main droite. Mais il ne se laissait toujours pas avoir par ses feintes. Elle se fit plus pressente. Un poing l'atteint au visage, manquant son nez de très peu pour percuter son arcade sourcilière tandis que sa propre main volait sous son bras pour le saisir à bras le corps. Manqué... Alors elle se désengagea soudain.

Bondissant vers l'arrière pour se ruer sur l'arc laissé à terre par l'assassin, une main se referma sur sa cheville. Elle chuta en avant. Au lieu de rouler ou de se dégager, sa seconde jambe vint coincer la main sur sa cheville, l'empêchant de se retirer assez vite et l'attirant au sol à sa suite. L'arc était à deux longueurs de bras. Elle se retourna pour engager son adversaire au sol, sa main sommairement armée volant droit vers sa gorge, l'autre restant hors de vue, non moins de la poignée d'une certaine dague.

La Raison l'aurait laissée se désengager et aurait filée prendre ses armes. Le Feu d'Uriz n'aurait eu qu'un trait à tirer. La Raison aurait utilisé l'environnement à son avantage. 

Mais la Raison est indisponible. La Bête dirige seule… Et elle a soif de sang. Qu'il soit divin ou non, que ça cause la mort de cet humain pas assez malléable à son goût n'est qu'un bonus. Il ne fera pas exprès, mais il ne sera pas contre. Aussi ne veut il pas laisser Uriz filer… Qu'il lui montre ce dont il est capable cet enfoiré!

La main coincée dans la prise de pied propulse la Bête par terre… Se tortillant, il dégaine sa dague de botte au moment où la flèche vise sa gorge. Dans la prunelle verte de La Bête hurle une joie malsaine, satisfaite… Mais la flèche vient ajouter une nouvelle coupure, une vilaine taillade ;a sa pommette. Le fil de la flèche, parfaitement effilée, taillade la chair, expose l'os. 

Et elle ricane la Bête, appréciant visiblement la douleur, tandis que le poinçon se dirige violemment vers les jambes entremêlées. Et s'y plante violemment, se coinçant entre un muscle et l'os. 

Le cri de douleur de l'avatar d'Uriz résonne comme une douce musique aux oreilles de l'Entité, valant toute les symphonies du monde.  Elle se lèche les babines la Bête, savourant ce festin, ce fluide qui s'offre à ses lippes gourmandes. La différence entre La Raison et La Bête se situe à ce niveau. Dante est d'une patience exemplaire, ne frappant que quand il sait avoir l'avantage rapidement… La Bête est impatiente, téméraire… Elle n'a pas pensé à la fulgurante contre attaque de la Drow… 

Sanglante, la sombre, la meurtrière lame, goûte la chair de son maitre. La fine lame se plante au milieu de la paume. s'enfonçant dans le cartilage, mettant à mal les métacarpes…Le rire se teinte d'une légère touche de douleur, stimulant La Raison qui commence à reprendre conscience. L'oeil marron s'allume d'une lueur interrogative. L'oeil vert est toujours assoiffé, goguenard… 

Et les voici, accrochés l'un à l'autre, le sang coulant au sol… Krish épinglée proprement par la jambe, tenant la main gauche de l'assassin dans sa prise, l'autre main épinglée au poinçon par la dague Eldéenne… Il ne peut la relâcher, Elle ne peut la relâcher… Une belle partie nulle disputée dans les ombres de la nuit.

La flèche l'entaille au visage. Salement. Et d'une. C'est avec une certaine satisfaction que sa main se referme sur la poignée de la dague qu'il lui a laissé en souvenir la dernière fois... Un peu trop de satisfaction puisqu'elle remarque trop tard la lame que l'humain cachait dans sa botte. Elle pousse un grondement de douleur lorsque lame s'enfonce dans son mollet. Le fils de chien ! Sa jambe se temps. Il l'attire vers lui. Malgré le gémissement de son membre, elle ne se défend pas, encourageant même le mouvement en tentant de le faciliter.

Et sa seconde main frappe. Comme le corbin de leur précédente rencontre, la lame perce le dos et la paume du guerrier avec une force furieuse. En plein centre. Une force qui épingle directement la chair à la poignée de bois et de cuir qu'il avait en main. La situation s'immobilise. Si elle lâche, la main de Dante ressemblera peut-être à une pelote d'épingle, mais il pourra toujours frapper avec. Impossible de retirer sa propre dague sans s'aider de l'autre main. Elle le regarde dans les yeux, toujours cette colère vengeresse dans le regard, rendu plus intense par la douleur. Le vert ou le brun, elle s'en fout. C'est qu'un taré de plus qui tente de lui mettre des bâtons dans les roues et qui se conduit comme le dernier des animaux.

Non loin, Tril hennit et piaf.

Dans une rixe immobile, ils tentent chacun quelques prises de leur bras libre. Manchette à la gorge, coup de poings, de griffe. Ils sont sur le point d'en venir aux dents. Il la surplombait légèrement. Elle déteste ça ! Elle hait cette immobilité poissarde, elle qui enroule d'habitude ses anneaux autour de ses victime pour les étouffer comme un boa une fois rendue à cette non-distance. Dégageant sa jambe, elle le ceinture soudain. Sa main s'élance de nouveau vers la gorge de l'humain, mais ce n'est que pour cacher le mouvement plus général de son corps. Son crâne vient percuter le front de l'humain. Si elle calculait mal, ce serait le nez et c'était toujours ça de prit !

Le coup fait remonter une onde de douleur aiguë le long de son corps. Ses jambes et son ventre se raidissent, mais ses bras restent vifs. Bordel! Celui là, elle l'a pas vu venir ! Et c'est avec une satisfaction encore plus sauvage qu'elle sent son coup au sternum porter à travers les protection du guerrier. Et il continue à sourire ce pourceau ! Profitant de sa relative faiblesse, elle arrache le couteau de sa jambe pour le planter dans le côté du genou qui venait de la frapper. Avec ça, il pourrait plus la faire chier ! Enfin, elle put retourner leurs positions de quelques mouvements de lutte pour lui clouer les épaules au sol.

- Et ça, c'est pour t'apprendre à violer des gamines, sale porc ! " gronda-t-elle en laissant s'abattre son poing sur la mâchoire de l'humain sans contrôler sa force.

Alors qu'il était à trois quatre sonné, elle respira amplement. Deux fois. Avant de se lever, grondant lorsqu'elle voulut mettre son poids sur sa jambe sans se soucier de sa blessure. Du coin de l’œil, elle se rendit compte que le bandage qui serrait la main qu'avait trouée l'humain était teinté de rouge. Et merde... Shundara allait l'engueuler.

En elle, un crépitement à la fois moqueur et satisfait. Oui bah si ça manquait de panache, elle s'en était quand même occupée ! Elle avait compris la leçon... Une déception sur tous les points.

- J'ai créé cette dague pour un connard. Au moins elle est resté dans le ton au fil des propriétaires. " gronda-t-elle avec un sourire jaune. Elle ne baissait plus sa garde, consciente de la fourberie du timbré à ses pieds. Mais le tuer, lui paraissait trop doux après cette déception amère. Le fait qu'elle soit elle-même la principale responsable de cette déception n'enlevait rien à l'affaire.

Qu'est-ce qu'il lui faisait encore ce fêlé... ?

Son dégoût et sa colère vacillèrent sous les coups d'une certaines... perplexité.

C'était quoi cette envolée lyrique sur Tesso et les mensonges ? Et ce regard de chien blessé ? Elle rêvait pas... Il l'engueulait parce qu'elle s'était fait bernée par un stratagème qu'il avait lui-même orchestré ? Ses mots semblaient lui dire que la jeune femme qu'elle avait mandatée était de mèche avec lui depuis le début, ce qui n'était pas totalement impossible. On était jamais à l'abri d'un coup de malchance. Mais son regard et sa façon de se trainer obstinément jusqu'à elle dans son état et en sachant qui elle était hurlaient tout à fait autre chose.

Il la provoquait... trop.

Elle eu tout juste le temps de se faire la réflexion qu'il arrivait à son contact, clopinant comme un dératé. Sourcils froncés, elle pare à peu près le coup qu'il lui porte vigoureusement et le repousse d'un coup, manquant de s'écrouler pour avoir oublier une fois de plus que l'un de ses jambes n'était physiquement pas en état de supporter l'intégralité de son poids.

Pour quelqu'un qui disait ne pas avoir à se justifier, la remarque qu'elle lui avait faite semblait le mettre dans un sacré état... Elle avait l'impression de revoir l'un des rare pétage de plomb d'Eshk'Oroth. Il parlait. Sans but. Sans cohérence claire. Il lui reprochait aléatoirement sa stupidité, sa naïveté, sa faiblesse, le fait de vouloir le soumettre... L'homme qu'elle a face à elle n'a rien à voir avec celui qui l'a trainé jusqu'ici en jouant au plus fin.

Non mais elle rêvait là... Il se passait les nerfs sur elle !

Et de façon soudaine en plus... Comme s'il venait tout juste de découvrir qu'il était le dindon de la farce... Le type qui vient de se prendre Tesso en pleine gueule...

Eh... mais attend...

La gamine aurait quand même pas été douée à ce point ?!

- Attend... Elle t'a eu, c'est ça ? "

Un sourire amusé lui vient naturellement sur les lèvres. Si c'est le cas, elle s'est faite avoir comme une bleue et de toute évidence, lui aussi.

Et bah ça...

En regardant l'humain clopiné vers la cabane, son sourire amusé redoubla. Cinq jours avait suffit à la donzelle pour le mettre dans un état pareil... Et beh... Elle n'imaginait pas ce type si tendre... Ou alors elle était vraiment tombé sur une perle rare et il allait falloir qu'elle remette la main dessus fissa.

La haine, la déception, la hargne qu'elle avait eu contre lui parce qu'il avait osé ne pas être celui qu'elle attendait depuis quatre ans. Tout disparaissait sans qu'elle ne s'y force d'une quelconque façon. C'était vraiment, totalement et définitivement un pauvre gars comme les autres. Avec les mêmes emmerdes et les mêmes déceptions que n'importe quel assassin du cru. Elle se rappela ses premières rencontre avec Zaahrian. Celui-ci avait l'air moins prompt à s'attirer des ennuis cela dit.

Sentant l'accalmie, Tril s'approcha de sa maîtresse, tentant de mâcher sa tresse à peine arrivé à sa hauteur. Elle repoussa machinalement sa grosse tête d'une main et flatta son encolure massive de l'autre.

Elle n'avait plus qu'à enfourcher son destrier et rentrer à la maison. Une page venait de se tourner. L'épopée de Dante, Avatar de Tyra. Elle pouvait recommencer à lorgner les coins d'ombre en se demandant quand le véritable porteur se pointerait. C'était un petit deuil... Elle fêterait ça avec une bouteille de liqueur d'amande et une narguilé bien chargée. Wik allait être content de ne plus rien avoir à craindre de cet assassin.

Les mains sur le pommeau de la selle du grand étalon doré, elle eut un arrêt. Des bruits de trucs qui cassent et qui tombent à l'intérieur de la cahute. Elle soupira.

- J'y crois pas... "

Reculant un pas, elle se passa une main sur la figure et fit les quelques pas qui la séparaient de la porte, ramassant l'arc au passage.

- Hé, l'artiste. T'as oublié ça dehors. "

A l'intérieur, Dante s'acharne sur le bouchon d'une bouteille miteuse. Elle s'avance pour poser l'arc près du grand chapeau avec lequel il était arrivé, puis elle croisa les bras.

- J'ai le droit à une gorgée ou je prends ma propre bouteille ? "

Dante n’écoute pas Krish, occupé qu’il est à batailler avec le bouchon qu’il finit par attaquer avec Sanglante. Puis il prend une énorme rasade de gnole. On voit d’ailleurs la pomme d’adam de l’homme monter et descendre à plusieurs reprises. Il entend la femelle s’approcher er s’asseoir, ne lui prêtant qu’une attention secondaire.

Plutôt, reposant violemment la bouteille, l’assassin se met en frais de panser ses blessures. Sa chemise écarlate est prestement arrachée, un lambeau déchiré pour couvrir la plaie à sa main qu’il asperge copieusement d’alcool avant de la bander solidement. La lame de Sanglante est fine, il n’y a aucune nerf de touché, ca guérira vite. Un autre lambeau est arraché du vêtement dont le reste est envoyé sur la table vers Krish, sans un regard pour cette dernière.

Pendant un moment, rien ne vient troubler le silence de la pièce autre que le bruit des gorgées d’alcool et le bruit d’une aiguille transperçant une chair que l’on Recoud. Krish peut voir les longs doigts de Dante travailler avec célérité et assurance au travers du trou du pantalon qu’il a simplement agrandit. 8 points fin comme ceux d’une brodeuse suffisent pour refermer la plaie préalablement bien aspergée du tord boyau qu’il engloutit comme une bière fraîche une journée de canicule. Poussant son matériel de couture, Dante change de place, approche sa chaise de la jambe blessée de la drow. Silencieux comme une Ombre, il donne une légère tape sur le membre blessé de Krish avant de préparer son fil et son aiguille.

Elle est mieux d’en profiter avant qu’il ne devienne trop ivre.

Pas de réponse...

Elle s'empare d'une bouteille poussiéreuse - pas de marque ou de cachet en cire... ça promet - avant de s'asseoir avec un grondement. Sa blessure la lançait méchamment... se faire tirer façon crochet de boucher n'était pas particulièrement recommandé, ni pour les nerfs, ni pour les muscles et si elle ne s'en faisait pas le moins du monde pour l’hémorragie - gravement touchée ou non, elle pouvait d'office dire que la plaie ne saignait plus - la faiblesse d'appui l'agace autant que la douleur.

Elle soupira à nouveau, quoi que son visage ne perde pas son sourire goguenard. Sans même essayer de le tirer avec les doigts, elle coinça le bouchon entre des dents et tira des deux mains sur le flacon. le gout du vieux liège était affreux... Mais au moins, ce fut efficace. Elle prit une gorgée de la.... de l'éthanol pur qui se cachait dans le verre et toussa deux fois. Même pour une eldéenne, c'était pas du petit lait... ça se vaporisait à moitié en bouche ce truc... 70° au bas mot... et franchement dégueulasse avec ça.

Elle regardait avec perplexité le gros morceau de... truc, qui gisait au fond de sa bouteille, quand Dante se leva en tirant sa chaise pour la placer juste à côté d'elle.

- Cool... Je suis pas invisible, alors.

Une tape sur le genoux de sa jambe blessée. Pas un mot. Il ne croisa pas non plus son regard, concentré sur son matériel de ravaudage. Elle fronça les sourcils. Mais qu'est-ce... oh.

Dans le genre journée imprévue, se faire recouvre par son adversaire, ça se posait là... Pourquoi pas après tout ?

Le coup de couteau n'avait pas transpercé que le pantalon de cuir, mais aussi la botte et l'une des attache de la jambière qui lui protégeait le tibias. Aussi prit-elle le temps de retirer sa chaussure et la plaque de métal avant de se caler sur le dossier de sa chaise pour poser sa jambe en travers des genoux de l'assassin. Elle but une autre lampée de gnôle pour la douleur et le laissa faire son office sans inquiétude. Imprévisible, il l'était. Suicidaire... peut-être un peu. Mais au pire, il lui planterait l'aiguille dans la peau, il avait déjà fait pire.

- Bordel... Un an de recherche... Si Wik avait pas eu à ce point la trouille de toi ce soir là, j'aurai pu passer mon temps à autre chose. Genre aller à la plage... " Elle prit une gorgée de plus pour faire bonne mesure. " T'es un putain d'éphémère qui fait de la couture et je passe pour une conne deux fois... Sans offense, hein. Ils sont très jolis tes points. "

Bois pas ca si ya un motton dans le fond, ca veut dire que c'est frelaté.

Dit simplement l'assassin en lui enlevant avec rudesse la bouteille des mains. Il lui donne la sienne, après avoir généreusement aspergé le mollet. Le liquide coule le long de la peau noire en délicate et sensuelles arabesques… Qui ne font à Dante ni chaud ni froid. Prenant carrément cette dernière, il pose le talon sur la table. Puis se met à l'ouvrage. Un sourire flotte un peu sur sa sale gueule. Il L'a esquinté joliment. Dante aime le travail bien fait. D'un geste leste, assuré encore, il commence son raccommodage.

Peu importe le dommage, elle a un dieu pour la guérir, elle. Les yeux se portent alors brièvement sur la main de la femelle, luisant d'une satisfaction sauvage. Manifestement il en veut à son hôte pour s'être laissée prendre par surprise. Il a fait saigner un Avatar deux fois putain!
 

Bordel... Un an de recherche... Si Wik avait pas eu à ce point la trouille de toi ce soir là, j'aurai pu passer mon temps à autre chose. Genre aller à la plage...

Je t'avais dit que t'étais pas ma cible. Ce gus est un froussard c'est tout.

L'aiguille rentre dans la chair délicatement.  Elle prend une gorgée de plus pour faire bonne mesure. Il est méthodique, délicat dans son ouvrage, se place pour bien faire le boulot avec un maximum de douleur infligée. Il se venge.

T'es un putain d'éphémère qui fait de la couture et je passe pour une conne deux fois... Sans offense, hein. Ils sont très jolis tes points.

Las voix est égale, neutre. La voix d'un homme qui s'en fiche dans le fond.

Wais ben t'es chanceuse, ou pas… Je recoud rarement. Je sais pas s'Il va te laisser deux cicatrices… Il devrait, pour que tu te rappelle que t'es pas indestructible. Tu peux saigner, tu peux crever, comme tout le monde. Tu me montrera ta main après. C'est pas normal qu'elle saigne encore.

- Si c'était un froussard, je l'aurais pas pris au sérieux. " laissa-t-elle tomber avec nonchalance. On pouvait dire beaucoup de choses de Wik... notamment qu'il avait une gueule de poêle a frire, ce qu'on ne pouvait pas dire à tout le monde. Il était aussi complètement fou, elle l'avait dressé pour ça, mais lâche ou peureux, surement pas.

ça pique...

Elle se laisse privé de sa bouteille, quoi que la perspective d'un alcool frelaté la laisse assez indifférente. Les humains sont fragiles, les drows qui se sont mithridatisés pendant mille ans, un peu moins.

- J'avais oublié que les Vaanis étaient à ce point passéistes... Les cicatrices sont pas des mises en garde, ce sont des trophées. Je doute qu'il me les laissent celles-ci. " Elle but deux nouvelles gorgée et ne releva pas non plus ce qui concernait sa main. " T'es un vrai papa poule en fait... " Qu'il essaie de s'en emparer et il la prendrait dans la figure après une seule somation.
- Non j’aime savoir les dommages que je cause pour mieux faire après.

- Bon... Même s'il y a de grandes chances pour que tu me mentes, faut que je pose la question, sinon je vais m'en prendre une en rentrant. Tu sais qui t'as embauché pour tué le despote qui servait de frère de mon second ? "