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 Une petite flamme | Solo

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Naukhel
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MessageSujet: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeLun 22 Avr 2019 - 13:53

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1ère ennéade de Verimios de l'an 14:XI
Appartements d'Urgoll'Ven, à l'Etat-Major

Le souffle calme, l'esclave gisait, dans un coin des appartements du triumvir mâle, au sein de l'Etat-Major. Les lieux étaient élégants, grands, possédant lit, armoire et autres meubles utiles aux grands de ce monde... Dont le Gobelin n'avait que faire. Si ce n'est les draps, la pièce sentait davantage l'esclave enfermé et la créature contrariée. Des ennéades. Cela faisait des ennéades qu'il était comme coupé de tout, si ce n'est de la créature gardée enfermée dans sa boîte de bois. C'était la une tâche insensée : il lui fallait prendre soin, ou du moins nourrir une créature qui, malgré le temps, malgré sa patience, n'avait fait que devenir plus agressive. L'absence de son maître la rend folle.

C'était extrêmement simple, et pourtant Nessys ressentait une légère crainte. Il avait survécu à un siècle d'esclavage auprès du sombre, il savait ce qu'il pouvait faire, dire... Soit, dans le premier cas, ce qu'Urgoll'Ven exigeait de tous ses esclaves, soient une obéissance et une docilité absolue; et dans le second... Parler sans autorisation n'était pas une bonne idée, à moins d'avoir quelque chose d'important à dire, et de le dire d'une manière efficace. Mais pour la bestiole... Il m'écoute. Ses retours étaient... Appréciés. Mais de la à dire "Il faut que vous la preniez avec vous." il y avait un monde. Enfin, il ne voyait pas d'autres moyens... Sans parvenir à franchir le pas, l'instinct de survie oblige.

Allongé, chuchotant des mots tranquilles au dragonnet dans sa boîte, il attendait, un signe, une occasion... Songeant comme il était ridicule que d'avoir tenu bon tout un siècle pour périr à cause d'une créature qui ne voulait pas vivre sans un maître qui ne voulait pas d'elle.

Faim. Solitude. Enfermement.
Les journées étaient longues pour la créatures. Très longues.

Durant les premières ennéades de sa vie, il n'avait pas été beaucoup hors de sa boite, l'ombre ou la pénombre l'accompagnait toujours et ça ne lui réussissait pas tant. Il avait rapidement perdu l'embonpoint de sa naissance pour se dessiner une silhouette plus serpentines qui se boursoufflait de façon presque monstrueuse à chaque repas que son libérateur acceptair de lui donner. Grandi d'un peu plus d'un centimètre de corps et du double de queue, il avait déjà mué une fois durant le voyage vers l'Elda et s'était frotté aux murs de sa prison maculée de traces de griffes pour se débarasser de sa peau trop petite. Des écailles blanches étaient apparues sur son ventre et un duvet serré gris sombre, blanc et rouge formait des formes régulières sur ses ailes rachitiques et à la base de sa tête.

Après la première vingtaine de jour, les couinement tristes avaient cessés de s'étendre sur plusieurs heures pour se concentrer à l'arrivée et au départ du grand drow. Le reste du temps, l'esclave n'en tirait plus guère plus que quelques grondements et sifflement d'avertissement quand on le dérangeait. Tant qu'il n'approchait pas de trop, le gardien désigné entendait de plus en plus frécament des gratements frénétiques et des coups sur le bois. Ses griffes, toujours courtes, en étaient devenues aiguisées et le couvercle de la boite frémissait de temps en temps sous les asseaux du petit monstre.

Tandis que la mélodie étrange des murmures de Nessys continuait à le tendre, l'animal se lança de toute ses force contre le mur de sa prison, utilisant les irrégularités créées par ses propres griffes pour se tirer vers le couvercle. Pour la première fois, la petite patte griffue se posa en haut du mur.

Habitué aux grattements, l'esclave ne réagit pas de suite, restant simplement attentif. En revanche, quand le couvercle se mit à frémir, que des griffes se frayèrent un chemin... Nessys se redressa aussitôt. Il ne savait quand leur maître reviendrait et, jusqu'à maintenant, le reptile ne s'était montré en rien conscilliant. Les bras du demi-sang, comme son visage, au fur et à mesure de la croissance de l'animal, en avaient fait les frais.

Lâchée dans la pièce, l'esclave n'avait pas la moindre idée du comportement qu'aurait la créature... Et il préférait éviter de se retrouver dans la situation ridicule où il devrait tenter de la maîtriser, tout en sachant que la moindre violence de trop pourrait lui couter la vie au retour de leur maître. Fichue bestiole. Emprisonné avec elle, quoique dans un espace un peu plus grand, Nessys avait développé un semblant de compassion pour la petite bête... Mais cela n'excusait pas tout.

Bondissant sur ses pieds, l'esclave de grande stature, à la musculature sèche et maigre, sa tignasse échevelée et sa pilosité faciale brouillonne lui donnant des airs de fou, se précipita pour saisir l'un des draps du grand lit qu'occupait parfois le maître des lieux, avant de se jeter sur la boîte frémissante pour l'en recouvrir, tout en s'appuyant plus ou moins dessus, pour retenir le couvercle sans pour autant l'écraser.

"Il va revenir ! Je t'en pris, calmes-toi, ça ne sert à rien. Je ne te veux pas de mal mais, pour notre bien, il faut que tu restes là dedans !"

Un couinement aiguë. Le drap était tombé sur le couvercle que poussait la petite tête reptilienne, son poids suffisant à pincer la créature qui retomba à l'intérieur, mettant un peu de temps à se remettre sur pied dans le noir. Sa langue dansa dans l'air là ou même ses yeux de noctambule ne lui permettait pas de percevoir grand chose. Il tenta de nouveau de monter, mais cette fois, le couvercle ne bougea pas. Il battait mollement des ailes comme d'un balancier. Il gronda et siffla en réponse à la voix anxieuse à l'extérieur, grattant dans interstice pour y glisser sa langue sans craindre les échardes. Il grinça de plus belle, retomba, et hoqueta un rond de fumée. Son grondement aiguë devint plus persistant.

Le coeur battant, l'esclave attendait, aux aguets, oreilles frémissantes... La bête était agitée, mais le pire semblait avoir été évité. Si un soupçon de soulagement tenta de l'emplir, Nessys se ravisa bien vite, s'installant sur le drap, près de la boîte, pour la maintenir avec son poids. La boîte ne tiendrait vraisemblament plus très longtemps. Lui-même ne pourrait pas faire office de poids-mort tout le temps. Enfin, en tant qu'esclave, si, mais le demi-sang se savait faillible. Il lui faudrait le suggérer à son maître : il fallait une cage de métal pour la créature. Ce serait plus solide. Et pourtant, se roulant autour de la cage, murmurant des paroles qu'il espérait apaisante malgré le sifflement agressif qu'il avait en réponse, Nessys songea que ce plan ne ferait que repousser l'échéance... Quelle qu'elle soit. Et, comme n'importe qui, quand la créature se fit moins bruyante, il resta attentif... Et s'endormit, sans y prendre garde.

La petite bête restait en éveil. Succédant aux sifflements de colères, les couinement d'appel, puis les grattements avaient repris. La boite frémissant de temps en temps. Succédant aux murmures de l'esclave, le silence. L'animal était remonté gratté l'interstice entre le couvercle et le bord, au même endroit, sa langue semblant avide d'atteindre l'air du dehors. L'air que la petite bête respirait de plus en plus vite, de plus en plus difficilement. Le drap bouchait le peu d'ouverture que la boite laissait à l'oxygène pour être renouvelé et l'animal grattait furieusement, bien que sans grand changement. Avec le manque d'air, vint la faiblesse. Avec la faiblesse vint la peur.

Accroché de toutes ses maigres forces à la paroi, les naseaux se dilatant près de la petite ouverture, la créature hoqueta à rond de fumée et émis un étrange ronronnement. Il ouvrit une nouvelle fois la bouche, mi-hoquet, mi-éternument. Rien. Il parvint à rester accrocher. Son corps se tendit comme celui d'un chat avant une boule de poil. Il hoqueta une étincelle. Ses petits poumons battaient de plus en plus vite.  Sa bouche s'ouvrit à plusieurs reprise, ses crocs cherchant à ronger le bois, comme si c'était suffisant pour passer. Un nouveau ronronnement étrange.

A l'extérieur de la boite, une flammèche s'accrocha sur le drap. Un point, pas plus gros qu'une tête d'épingle... Mais cela suffit au tissus sec pour commencer à se consumer silencieusement.

Plongé dans le sommeil irrégulier de ceux qui n'ont pas droit à des nuits convenables, le demi-sang ne réagit qu'à peine aux bruits habituels, son corps grappillant la moindre seconde pour demeurer endormi, se reposant malgré l'enfermement et l'isolement. Cependant, il ne demeura pas insensible à la soudaine odeur de brûlé.

Les narines frémirent... Puis Nessys se réveilla brusquement, regardant avec stupéfaction la flammèche. Le maître était-il rentré !? Ce n'était pas son genre de... Oh non... Se rappelant les ronds de fumées, le demi-sang se releva à nouveau précipitamment, découvrant avec stupéfaction la flammèche qui se répandait sur le tissu précieux.

Un bref instant il eut peur que son maître ne le frappe pour cette perte. Un instant. Mais quelque chose lui dit qu'il serait davantage satisfait de découvrir que sa bête crachait le feu... Aussi problématique cela put-il être pour l'esclave en aillant la garde.

"Tu ne m'épargneras rien toi." dit presque distraitement Nessys, en se précipitant pour rouler en boule le tissu, sur la petite flamme, avant de sauter à pieds joints sur le tas.
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeLun 22 Avr 2019 - 16:59

La boite tangua un peu quand le drap qui la couvrait en fut arraché avec force, renvoyant l'animal sur le fond, sa langue sortit un bref instant et il remonta obstinément le long de la paroi maintenant plus facile d'accès à force d'être martelée à coup de griffes. Sa patte s'insinua de nouveau sous le couvercle et sa tête le poussa de toute ses force pour passer son museau à l'extérieur et respirer avec un grincement de gorge difficilement interprétable. L'agresseur qui n'était jamais loin faisait de grands geste incompréhensibles et impressionnants. Les yeux rivés sur lui, la créature parvint à passer la tête et les deux pattes avant à l'extérieur avant que le bipède ne le remarque.

Un instant, l'animal et l'esclave se regardèrent... Et la petite bête se jeta carrément dans le vide au premier mouvement que le bipède fit dans sa direction, pour tenter de s'enfuir sous le premier meuble ou dans le premier interstice qu'il trouverait.

Un peu stupéfait de le voir hors de sa boîte, Nessys eut le réflexe de se jeter sur lui... Avant de se raviser, manquant se prendre les pieds dans le draps brûlé. Il y avait plus urgent, et la créature ne pourrait pas quitter les lieux. D'ennui, l'esclave en avait fait le tour, inspectant sous les meubles, derrière les tentures... Une pièce bien close, dans les profondeurs du Puy, aux murs parfaitement décorés, à l'exception de certains, dénudés, faits de pierre brute. Ce qui l'avait le plus surpris était que les meubles étaient vides. A l'exception du pot de chambre dont il disposait, de la nourriture qui leur parvenait, des tenues spartiates du maître dans l'armoire, du matériel pour les entretenir, le reste était vide. A son entrée dans l'appartement, il était passé par une anti-chambre, et avait vu d'autres meubles. Etaient-ils aussi vides, le maître avait-il tout vidé en raison de sa présence ? L'existence dans la demeure austère du Labyrinthe était bien loin, en comparaison de cette situation insensée. Mais, pour en revenir à ses préoccupations...

Laissant la créature se cacher à son aise, l'esclave vérifia que le tissu ne brûlait plus, constatant le trou noircis et ses frangins dans les plis plaqués contre-lui. Bien, il aurait une preuve à montrer au maître. Vérifiant par de rapides coup d'oeil que l'animal ne se précipitait pas sur ses chevilles nues, le demi-sang rassembla boîte abimée et tissu brûlé dans un coin, avant de s'accroupir au centre de la pièce. L'idée la plus évidente eut été d'aller déloger la créature, mais après toutes ses tentatives pour la manipuler, qui n'avaient abouti qu'à la rendre encore plus agressive, l'esclave choisit... De ne rien faire. Allant chercher dans la boîte le morceau de viande que la créature n'avait pas touché - comme à l'accoutumée, en l'absence de son maître -, il la déposa dans un espace ouvert, avant d'aller s'allonger de tout son long deux mètres plus loin. La surveiller était épuisant d'ennui. La manipuler était épuisant, à se faire griffer et mordre sans atteindre sans parvenir à la nourrir. Lui courir après ? A tous les coups, ce serait encore pire. Alors... Puisque tu n'attends que lui, attends donc... Peut-être que ne rien faire la détendrait davantage... Avec un soupir, le demi-sang s'étira, puis écouta tranquillement le silence de la pierre...Et le raclements des petites griffes sur le sol.

Les petites griffes allaient bon train d'ailleurs. Après avoir attendu, sur ses gardes, que cesse les grands mouvements de la grosse bête avec laquelle il partageait cet habitat , l'animal s'était mis à trottiner, à fureter et à grimper dans tous les endroits exiguë et cachés de la pièce. La créature gratta à plusieurs reprise la pierre du sol ou des murs, mais ça ne marquait définitivement pas comme du bois. Elle goûta aussi plusieurs amalgames étranges sans grand succès. De temps en temps, elle émettait un grincement ou une stridulation. A d'autre moment, elle tombait avec un petit bruit sec d'un endroit surélevé qu'elle avait déniché. L'arrière d'un placard bas, le dessous d'un tiroir. Elle explorait tout, méticuleusement, prêtant de moins en moins attention à l'esclave qui trônait comme une montagne en plein milieu du monde.

Soudain, le reptile traversa la salle à toute vitesse en se dandinant roidement, gazouillant comme il ne l'avait jamais fait jusque là. Il ne se soucia même pas d'être à découvert. Devant lui, une araignée noire fuyait encore plus vite qu'il lui courrait après. Il tenta de bondir devant, mais dérapa à cause de ses griffes sur la pierre et roula plutôt sur le côté avant de se remettre à courir derrière son jouet.

Relevant précautionneusement la tête, l'esclave observa le manège du reptile avec des yeux ronds. Etait-il possible que l'animal... Chasse ? Circonspect, il continua de suivre des yeux la petite créature dérapant sur les traces d'une plus petite encore. Qu'allait-il faire s'il l'atteignait ? Allait-il la... Manger ? Nessys se crispa en réalisant que l'insecte, après avoir été poursuivi sous le lit, venait dans sa direction. Préférant ne pas perturber l'évènement en bougeant, le demi-sang, vêtu d'une simple tunique, ne bougea pas d'un cheveux. Pas même alors que l'araignée se cachait sous sa cheville à la peau sombre, avant de longer son molet, passant près d'un disque plus pâle et déchiré évoquant une morsure.

L'animal freina des quatre fers, dérapant encore un peu en voyant l'araignée disparaitre derrière le pied de la grosse bête qui lui voulait du mal; Museau dressé, il huma l'air à pleins poumons, regardant le visage de l'esclave, croisant ses yeux. Il grinça., s'écartant à petits pas raide vers les pieds du bipèdes. Il hésitait. La tentation était grande. Il se coucha presque sur le sol, tout droit, le dos et la queue dans le prolongement de son cou. Sa langue goutait l'air et sa petite tête suivait les mouvement furtif qu'il distinguait de temps à autres du côté du mollet sombre, mais il n'avança pas.

La nuque devenant rapidement désagréable à garder la tête ainsi, le demi-drow ne rata pas une miette du manège. Tandis que l'animal hésitait, sa proie continuait son bonhomme de chemin le long du corps étendu... Doucement, Nessys rabattit avec anticipation les pans de sa tunique contre le haut de sa cuisse. Ainsi, l'insecte continua son chemin le long de son bras, sans que l'esclave ne tremble. Face à un prédateur, c'était un excellent moyen de se désigner comme une proie. Face à cet insecte... Bon, l'envie ne manquait pas, mais c'eut été oublié la minuscule créature à écailles, qui ne l'avait jamais autant approché volontairement. La respiration calme, les yeux grands ouverts, attentifs, le demi-sang laissa l'araignée avancer, puis s'imobiliser sous son coude, sans quitter des yeux la petite bête à la langue fourchue.

L'animal bougeait sur le côté comme un crabe, sans s'approcher ou l'éloigner de la grande bête qu'il redoutait. Un mur invisible aurait pu être battit entre lui et le danger qu'il ne se serait pas comporté autrement... Même si les mouvements rapide de l'araignée lui faisaient toujours de œil. Il grinça de mécontente, redressant la tête alors que l'araignée se remettait en mouvement.

Sentant la chose, le demi-sang se risqua à bouger, son autre bras remontant lentement le long de son torse, jusqu'à atteindre l'épaule. Là, il fut fin prêt afin d'intercepter l'araignée, attentifs à éviter d'être trop brusque, gardant un oeil sur le reptile... D'une pichenette, il propulsa la bête à huit pattes loin de lui.

La petite tête chercha la direction dans laquelle l'araignée avait été rejetée, se tournant plusieurs fois, courant, sautillant et gazouillant de nouveau dès qu'il aperçu la bestiole désorientée. Cette fois, l'araignée n'eut pas une chance. Le prédateur lui sauta dessus, se tortillant pour l'attraper plusieurs fois entre ses pattes au lieu de l'écraser. Il continua ainsi, courant, sautant et jouant avec la bestiole jusqu'à ce qu'un coup de trop transperce sa carapace. Le petit chasseur tenta plusieurs fois de la repousser, de la relancer d'un coup de patte... mais l'arachnide restait inerte. Il couina en la poussant du nez.

Dans le dos du reptile, le demi-sang s'était prudemment assis, se plaçant mieux pour observer. De voir ainsi la créature dépitée, il le fut aussi quelque peu, mais pour une autre raison. Elle ne le mangeait pas... Mais elle jouait. C'était... Mieux que rien, tenta-t-il de se rassurer. Cependant, il n'eut pas le temps de se poser davantage de question, qu'un claquement caractéristique rententissait. L'anti-chambre d'abord, puis... Il arrive.
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeMar 23 Avr 2019 - 15:10


Le reptile leva vivement la tête au claquement lointain, oubliant instantanément sa déception. Il regarda alentours pour essayer de deviner par où allait apparaitre son grand ami. Dès que la porte vibra, il ramassa l'araignée morte dans sa gueule et courut dans la direction du nouvel arrivant, évita de justesse le battant et agita les ailes en grondant de contentement pour accueillir le drow.

Suspendant son geste, Urgoll'Ven baissa les yeux, découvrant avec une certaine stupeur la créature hors de sa boîte. Grondant de contrariété, il se baissa aussitôt, sans égard pour son dos, son battoire se refermant sans délicatesse sur l'animal. Ignorant à ses gesticulations, il referma la porte, et porta sur le demi-sang accroupi un regard lourd. Nessys, aussitôt, se prosterna, habitué. A grand pas, le sombre se rapprocha, son être frémissant de contrariété, son regard sanglant étrécis.


"Explique-toi." La voix était basse. Dangereusement basse.
- Il s'est échappé seul de sa boîte. Et il a enflammé un drap." Répondit aussitôt le demi-sang, sans un tremblement malgré la présence écrasante, ni une hésitation. Il en avait vu mourir d'être trop lent pour expliquer.

Lentement, les yeux du Gobelin se rouvrirent, observant l'esclave tandis qu'il humait l'air... Y trouvant une odeur typique. Levant la main pour regarder la créature, il lui préta enfin une attention visuelle, là où ses perceptions magiques ne se relâchaient jamais, malgré son déplaisir.

Le reptile gesticula pas tant, mais il poussa un sifflement de douleur une seconde avant que la grande main ne se referme sur lui, gardant les crocs plantés dans son araignée.

Le bout de la queue et la tête pendouillant hors de l'énorme battoir, le petit être était bien moins raide que lors de ses premiers jours. Il tentait bien un peu de se dégager, mais sans grande conviction, s'attendant surtout à sentir la poigne se resserrer en réponse. Lorsque le grand drow le leva jusqu'à son visage, le reptile releva une tête curieuse, plongeant les yeux dans les iris rouges de son libérateur en gazouillant, perdant au passage l'araignée qui tomba au sol.

A la vue de cette dernière, le grand sombre eut un rictus, atterré par cet enthousiasme sans borne malgré les brimades. Une adoration irréfléchie... Viscérale. Un goût amer en bouche, Urgoll'Ven regarda le minuscule cadavre flotter jusqu'au sol, Nessys n'osant parler, à ses pieds. La créature a chassé, sans manger sa proie... Satisfaction et et frustration s'entremélèrent, face à ce soupçon de solution qui était peut-être une impasse. Cela ne lui couterait rien d'essayer...

Relâchant la créature près du sol, il demeura debout, ses yeux sanglants en suivant les moindres gestes, dérivant du côté de la boîte et du tissu.

"Raconte-moi."

Nessys s'exécuta aussitôt, racontant l'attente, les sons, la première tentative de l'animal, puis le drap, le feu, sa fuite... Tout cela succintement, sans une émotion ni un tressaillement. Quand il en eut fini, il sentit le grand sombre se pencher sur lui... Et une main se poser lourdement sur son épaule. L'emprisonnant. Alors, il frémit.

"Ne relâche pas ta garde."

La tête courbée, le demi-sang n'avait pas vu les gestes de son maître... Ni son poignet s'agiter. Ce fut avec une stupeur sans nom qu'il sentit une chaleur innommable se répandre en un instant à travers le tissu, échauffant la chair jusqu'à la brûler. Les yeux écarquillés, hoquetant, un cri prisonnié de sa gorge, son front appuyé sur le sol, Nessys demeura ainsi, sa chair dévorée par la brûlure, son corps se crispant sous la douleur. Puis la main se souleva... Laissant une empreinte de chair brûlée sur le demi-sang.

Le Gobelin regarda l'esclave frémir sans un mot. Il eut pu le battre comme plâtre pour s'être endormi, mais son erreur s'était averrée utile... Cette fois. Cette marque lui passerait le goût de  se laisser aller au sommeil au point de se faire surprendre.

La petite bête retomba sur le sol en gargouillant, regardant sans comprendre ce qui se passait au-dessus de sa tête. On parlait, on échangeait des gestes et des regards. Pour la première fois, il put trottiner autour des pieds lourds du grand drow, slalomant et furetant autour de lui et de la créature avec laquelle il cohabitait, avec entrain. Jamais il n'avait osé s'approcher si près de l'esclave en l'absence de son libérateur... Et il sauta brusquement derrière les jambes du colosse lorsque l'esclave se raidit, tête contre sol en étouffant un cri. Seule la petite tête curieuse dépassait du côté de l'épaisse cheville du drow.

Les petits yeux reptiliens étaient focalisés sur la grande main qui rongeait la peau de son serviteur sans même avoir besoin de bouger. A la fois inquiète et fascinée, la petite petite bête laissa ses naseaux frémir et s'approcha de quelques pas. L'odeur fit danser sa langue, mais la tension et la douleur dans l'air le raidissait. La grosse bête dangereuse avait mal. Était-ce un bien ou un mal ? Son instinct n'aimait pas ça. Pas ça du tout. Mais l'odeur, elle, était des plus alléchante, et puis le grand drow savait ce qu'il faisait...

Du coin de l'oeil, Urgoll'Ven avait conscience du manège de la créature. Pourtant, il restait focalisé sur l'esclave, dont les hoquets et les frémissements trahissaient la souffrance, tandis que sa blessure dégageait une odeur de chair brûlée. Après un temps, le Gobelin gronda, et saisit brutalement l'esclave par le col pour le soulever. Nessys lâcha une plainte étranglée.

"Reste ici." asséna le grand gris, avec un regard sombre à l'animal.

Puis il quitta la pièce, repoussant du pieds la bestiole si nécessaire, pour l'y enfermer. L'esclave tentait maladroitement de se relever, chaque traction lui arrachant un gémissement. Sans cérémonie, Urgoll'Ven le jeta dehors, sous le nez des gardes.

"Amenez -le à un prêtre de Kiran. Que la plaie soit nettoyée de manière à guérir d'elle-même." dit-il avec humeur.

Sans rien laisser paraître de leur surprise, les deux gardes acquiescèrent, l'un se dévouant à relever l'esclave pour le traîner à son tour, tandis que le triumvir refermait les portes sans s'attarder. A grand pas, il revint dans l'appartement, claquant le lourd battant derrière-lui, posant sur la créature un regard sanglant et ombrageux.
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeMer 24 Avr 2019 - 14:20


Bien évidement que le Gobelin du jouer du pied pour empêcher l'animal de le suivre, il n'allait pas rester volontairement de côté alors qu'il avait enfin l'occasion de suivre le colosse ! Lorsque la porte se referma, il tenta bien de passer en dessous, mais le jour était trop étroit. Il couina un peu, gronda plus fort. Rien. Alors il retraita sous le lit et attendit, couché en long, jusqu'à ce que la porte frémisse à nouveau. Il sauta alors sur ses jambes et, encore à demi sous le lit, regarda le grand drow fermé la porte derrière lui en stridulant de joie. L'oeil réprobateur ne sembla pas l'impacter beaucoup. S'il y avait bien une chose avec laquelle la petite bête avait appris à composer, c'était la mauvaise humeur quasi systématique de son grand ami.

Avec lenteur, le grand drow s'accroupit, son regard s'apaisant peu à peu pour se faire songeur. Flamme et chasse... Cela eut pu être prometteur si la créature ne restait pas aussi tristement petite. Une croissance lente... Ou un animal de petite taille. Tel un pied de nez du Prime Dragon... Dans tous les cas, il lui faudrait une cage plus adaptée à ses capacités. A moins qu'il n'obéisse.

Urgoll'Ven ouvrit la bouche... Puis la referma. Les mots n'avaient pas de sens pour la bête, à présent. En revanche, il se posait la question du lien. Le temps passant, à son corps défendant, ses perceptions du reptile s'étaient quelque peu affinés... L'amenant à percevoir d'agaçante sensation de peur ou de panique n'étant pas les siennes. En cet instant, il s'interrogeait quant à la pointe de contentement qu'il ressentait. Malgré ces désagréments, peut-être y avait-il quelque chose d'utile à en tirer... Puisqu'il se doutait que cette perception n'était pas qu'à sens unique.

Avisant le morceau de viande délaissé, le drow se concentra sur l'image, la texture qu'il devinait, l'odeur de viande... Va manger. Cela dit aussi bien avec les mots qu'avec cette faim qui lui remua naturellement les boyaux.

Le petit dragon se tendit comme une flèche en grinçant quand le colosse s'accroupit, prêt à encaissé la douleur... qui vint bien moins que d'ordinaire. Retrouvant un peu de mobilité, toujours à l'abri de son bout de lit, il tourna la tête sur le côté face à la décontraction du drow qui l'observait... Puis qui observa le morceau de nourriture morte.

Faim...

La petite créature gargouilla étrangement... Et trottina vers le bout de viande, les ailes à moitié tendues pour s'en servir comme un balancier. Ses griffes cliquetaient sur le sol de pierre. Il contourna l'épais morceau par rapport à sa petite taille. S'arrêta de l'autre côté pour regarder son grand ami. Pencha la tête, termina de faire le tour de la nourriture, planta ses crocs dedans, tira... Et tira encore, s'arcboutant sur l'énorme masse pour la tirer à sa suite sur le sol. Pas à pas, il se rapprochait du drow, grinçant d'agacement sans lâcher son chargement.

Quand il fut assez prêt, il lâcha, fit de nouveau le tour de la barbaque poussiéreuse pour la mettre entre lui et le colosse, et donna quelques coups de museaux, comme pour pousser une ultime fois la nourriture vers son libérateur.

Le grand drow regarda faire la petite créature avec patience... Puis perplexité, tandis qu'elle s'acharnait sur la viande, dans un but tout autre que de s'en repaître, comme escompté. Un profond soupir salua la 'prouesse', tandis que son maître réfléchissait, sans toucher à l'offrande de la créature. Il a perçu la faim, pas l'ordre. Dans un premier temps, l'apprentissage serait comme pour les autres...

Les manières des servants du Prime Dragon n'étaient pas tendres, jouant d'une satisfaction brute quand les créatures faisaient ce qu'il était attendu d'elles, ou les punissant par la douleur et la colère quand ce n'était pas le cas. Demeurer immobile, venir en entendant un claquement de langue spécifique, mordre à un autre son... Cela n'était que les bases de ce que ces prêtres enseignaient aux bêtes, afin d'en faire des outils. C'est par là que commença le Gobelin, exigeant, par son mental, ses mots comme sa gestuelle que l'animal le suive ou on contraire ne bouge pas. Il devait encore découvrir si ce dernier était capable d'obéissance.

Le reptile regardait les gestes, écoutait les mots et se laissait manipuler sans protester, mais ne semblait pas comprendre le principe pour deux sous. Il jouait, heureux d'accaparer l'attention du grand drow. Après quelques instants, le colosse s'accroupi de nouveau. La petite bête ouvrit la bouche en stridulant, s'attendant à recevoir un autre contact bourru de la grande paluche qui le poussait à s'asseoir ou au contraire à se lever.

Un couinement de peur et d'incompréhension s'échappa du petit être quand deux doigts lui écrasèrent vigoureusement la tête au sol. La pression est telle que le petit crane pourrait en être broyé. La douleur fuse, cerclant la tête de la petite bête et celle du drow d'une même note aiguë. Partie intégrante du colosse à travers sa magie, la peur fait aussi son chemin.

De stupeur, le géant s'aggripa le crâne avec un gémissement, son autre battoir se jetant brutalement sur le sol pour le soutenir. Qu'est-ce que...!? Inquiet, le souffle court, Urgoll'Ven jeta un regard alarmé alentours... Non, nul autre drow, rien. Alors, comment... ? Non... Baissant les yeux sur le reptile frémissant, l'eldéen serra les dents. Perception. Dans les deux sens. De sentiment, de sensation... Comme de douleur. Et le lien s'affinait avec le temps.

La peur de la créature lui étreignait bien le corps, mais la sienne propre s'y joignit. Une faiblesse. Objet de curiosité, la créature lui était définitivement devenue une faiblesse. L'eldéen se releva brutalement, secoué, son souffle s'étranglant, faute de contrôle, en réponse à la douleur familière. D'un coup de pied il eut voulu l'écraser, mais se retint, la sensation cuisante lui vrillant encore le crâne. Faible, petite, dépendante... Et sa douleur est la mienne. Qu'en sera-t-il si elle meurt ? Livide, soudain vacillant, le grand drow recula, jusqu'à ce que ses jambes buttent contre le rebord du lit, et qu'il s'y affaisse, regardant avec un hébètement mortifié la maudite créature. Offerte par le Feu d'Uriz. Envoyée de Sol'Dorn. Savait-elle ? Les risques l'étourdissent, alors que sa charpente s'affaisse en silence, sa tête allant peser, lourde, sur ses mains levées.

Le reptile n'avait pas fini de s'abimé dans l'incompréhension... Après la douleur, on le relâcha tout aussi soudainement. Il frémit, couinant encore de frayeur en relevant doucement sa tête fragile. Si la petite bête était un reflet de l'état physique de son libérateur, écopant pendant tout ce temps d'un mal de dos contre lequel il ne pouvait rien, il était aussi un miroir. La douleur, la faiblesse et la fatigue, courraient le long de leur lien et ce lien fluctuait comme n'importe quelle magie sous le coup des émotions fortes de l'un et de l'autre. Pour la première fois, c'était de l'animal que provenait la douleur. Pour la première fois, l'animal eut à encaisser une peur qui n'était pas seulement sienne... Et le maelstrom incompréhensible qui fit réagir la magie entre eux n'avait rien pour le calmer.

Son instinct lui criait des choses contraires, le poussant à la fois à fuir l'être en lequel il avait toute confiance et lui intimant devenir chercher du réconfort vers lui. Le colosse s'éloigne vite, brutalement. Son mouvement vif fait reculé la petite créature qui marche maladroitement vers le meuble le plus proche, grinçant de façon répétitive à chaque expiration. La régularité de ses propres bruits avait quelque chose de berçant, de rassurant. En face, le drow s'affaissa sur le lit sans cessé de regarder l'animal. Puis il laissa tomber sa grosse tête dans ses mains.

Pendant un petit temps, rien ne changea. Les grincements répétés se firent simplement plus léger, jusqu'à disparaitre. Les grands mouvements inquiétants avaient cessés, mais pas le bouleversement qu'il sentait instinctivement dans la magie. La langue bifide du reptile apparut un bref instant.
Il fit quelques pas rapides, ses griffes cliquetant à peine sur la pierre. Il s'immobilisa. La langue apparut un bref instant. Il refit quelques pas. S'immobilisa. Leva la tête vers le drow immobile. Il avança ainsi, par petite distance, jusqu'à temps qu'il soit arrivé aux pieds du drow pour s'y percher, ou qu'un signe d'agressivité ostensible l'immobilise dans sa course.

La créature se figea, car elle sentit. Le regard sanglant la transperçant. L'hostilité à travers leur lien. La colère. La haine. Pareil défi n'était pas l'appanage du Maître des Cataclysmes. Une telle perfidie s'apparentait davantage à l'oeuvre de la Traîtresse. Rien à la biblothèque de Thaar, rien parmi les connaissances accumulées au cours des siècles au sein du Puy... La créature n'en venait pas. D'où alors ? De la terre rocailleuse des nains, des royaumes pitoyables des humains... Ou de l'oeuvre maudite de Kerhel. Et il y était désormais lié.

Folie. Ce n'était qu'une possibilité, mais l'ignominie que représentait pour le sombre d'être lié aussi profondément à une créature aussi vile la rendait des plus séduisante, comme accroche pour les miasmes de fureur qui l'étouffait. Mon devoir serait de la faire disparaître... Se faisant, je ne sais quel dommage cela m'infligerait. La mort, peut-être... Cela pensé avec un soudain détachement, suivi d'un grincement, tandis qu'un rictus abject se répand sur son faciès.
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeMer 24 Avr 2019 - 19:27


Se tournant à moitié vers le reptile, le sombre amorça un geste du poignet... Avant de se renfrogner. Le risque. Une erreur, et la moindre blessure l'atteindrait lui, à travers elle.  Il ne pouvait se défaire d'elle. Il ne pouvait même pas la maîtriser. C'en était ridicule. Avec un grondement, il se leva et quitta la pièce à grand pas, la verrouillant derrière-lui. L'esclave reviendrait bientôt. Pour l'heure... Il devait questionner la seule autre personne à savoir, mettre la main sur une cage de métal... Puis trouver un mysticiste.



Plusieurs jours plus tard

Le Gobelin avait posé quelque questions à l'aînée du triumvirat. Sans résultat. Le cadeau était anonyme, la seule information demeurait son origine : Sol'Dorn. Quelque chose d'aussi simple, en réalité si dangereux... J'aurais dû le tuer à la naissance. Sans savoir s'il eut été déjà trop tard... Un lien les liait. Un lien qui lui était une condamnation à mort en cas de découverte. C'était parfaitement absurde... La rage au coeur, il ne s'en tourna pas moins vers la seule solution qu'il envisageait : en appeler à un adepte du mysticisme. La magie qui venait perturber, détruire toutes les autres... Cela lui demandait de révéler la situation à un drow. Ou du moins, d'en évoquer l'élément le plus problématique. Dérangeant. Inconfortable. Mais nécessaire. Le Gobelin dut s'y résoudre.

Faisant appel à la Doth'ka, il prit plus amplement connaissance des mysticistes vivant au sein de l'Etude Noire. Il s'intéressa tout particulièrement à l'un d'entre eux, autrefois renommé... A présent au plus bas, après avoir été destitué de son rang au sein de l'Etude par un rival, manquant de peu d'y laisser la vie. Qu'il serve... Une dernière fois. Un messager fut envoyé, conviant le mage dans les plus brefs délais au triumvir', qui requérait ses services. C'était grossier, mais le sombre comptait sur la situation précaire du mysticisme, et le caractère impromptue de la demande pour que cela ne s'ébruite pas.

Ainsi, durant un calme soir, le mage se présenta à l'Etat-Major, et fut conduit par quelques gardes jusque dans les profondeurs du batiment. Là, passant d'abord dans une anti-chambre, il parvint dans une chambre étrangement élégante, où l'attendait Urgoll'Ven, un esclave... Et une créature reptilienne en cage. Les portes se refermèrent derrière le mage, dont la curiosité s'était teintée de réserve au fil de sa progression.

"Triumvir' Urgoll'Ven, c'est un honneur...
- Mage Woddiirn. Je vous remercie d'avoir répondu à ma requête. répondit le grand sombre avec un regard obscur, étrangement poli.
- Cela est on ne peut plus normal. Si je peux vous servir d'une quelconque manière... répondit sur un ton plus léger le mage fluet, tout en observant les lieux avec circonspection, notamment l'étrange lézard qui lui était parfaitement étranger.
- En effet. Défaite le lien qui me lie  à cette créature. annonça tout de go Urgoll'Ven, un frémissement carnassier dans la voix.
- Je... Vous demande pardon ?" répondit Woddiirn, pris au dépourvu.

D'un geste du bras, le Gobelin désigna la créature dans sa cage. Sa demande était simple, sa gestuelle claire, tandis que son vernis de manière disparaît au profit d'une présence hostile. La requête était une exigence.

Mis à part l'humeur difficile de son libérateur, les jours d'attente avaient été des jours de joie pour le reptile qui ne connaissait encore rien de mieux que sa boite. Il avait maintenant la possibilité de courir et d'explorer toute la chambre à longueur de journée. S'il refusait toujours de se nourrir en l'absence d'Urgoll'Ven, il était sensiblement plus joyeux et énergique, jouant avec tous les insectes, les moutons de poussières et les bout de lacet qu'il parvenait à dénicher. En peu de temps, même sa démarche était devenue moins raide et il agitait de plus en plus souvent ses ailes duveteuses dans un chaos désordonné.

Ce soir là, quand on l'avait remis dans une cage de métal, il avait protesté de façon sonore, mais il ne s'était pas débattu physiquement, une saine habitude face à l'humeur du grand drow. Pendant un moment, rien ne s'était vraiment passé et il s'énervait contre ce nouveau matériaux qui l'entravait en tentant de mâchonner le maillage de métal serré, gargouillant d'indignation.

Puis une autre grosse bête était entrée pour communiquer avec celles dont l'animal avait l'habitude. Le regard de l'étranger s'était posé sur lui et il s'était ramassé en grondant dans sa cage, les ailes maladroitement déployées pour se faire plus imposant. Sa posture belliqueuse était sans équivoque.

"Puis-je... M'approcher ? déglutit le mage, incertain de ce qu'il convenait de faire face à une situation qu'il ne comprenait pas tout à fait. Je ferai de mon mieux pour vous obliger, Triumvir Urgoll'Ven, mais je vais avoir besoin d'un peu de temps pour comprendre..."

En le voyant s'approcher, la créature ne se fit que plus agressive, se tassant progressivement le plus loin possible de la trappe qui fermait sa volière.
Woddiirn sortit de sa manche une aiguille blanche. Visiblement de l'os particulièrement bien polit... Bon... Il n'était pas un expert en bête sauvage, mais le reptile était petit, possédait quatre patte et des ailes. Ce devait être une sorte de drake. Donc le lien magique ne devait pas être bien compliquer. Un peu de magie de l'esprit... il n'avait cependant jamais travailler sur des animaux capables d'utiliser la magie d'instinct. C'était à la fois une première terrifiante étant donné la présence du triumvir, et particulièrement motivante.

Se penchant et tournant autour de la cage, il commença a approcher son aiguille d'un côté... puis de l'autre. Il semblait successivement gratter quelque chose ou essayer de soulever le fil d'un ouvrage qu'il était le seul à voir. Jusqu'au moment où, d'un geste un peu plus ample, l'aiguille laissa une trainée violacée à sa suite. La lueur resta suspendue quelques secondes dans l'air avant de s'évaporer. Le petit dragon, toujours méfiant, se mi cependant à émettre un bruit proche du ronronnement en observant les mouvements et les trainés de tous ses yeux. Plusieurs mouvements, plusieurs couleurs, et le mage semblait de plus en plus fasciné. son manège dura une bonne demie-heure, et encore, il se força à arrêter en pressentant que trop tarder pourrait lui couter la tête.

"Je crois que j'ai compris le fonctionnement du lien dans les grandes lignes, mais je préfères vous prévenir, sa rupture pourrait être très dangereuse pour vous, comme pour cet animal... Et pour éviter le risque au maximum, j'aurais besoin de beaucoup plus de temps pour l'étudier... Je n'avais jamais rien vu de tel. S'excusa-t-il en s'inclinant à demi.

Le triumvir' était demeuré tout du long, observant tour à tour la créature, ainsi que les gestes et la magie du mysticiste, déployant ses propres perceptions, tel des yeux invisibles. Il ne comprenait pas ce que faisait le mage, ne pouvait que supposer d'après des sensations confuses... Et les réactions du reptile. Les yeux étrécies, gardien à la présence vigilante et pesante, le Gobelin esquiva un sourire dentu à la remarque.

"C'est compréhensible. Du temps, vous en disposez. Dès à présent." dit-il avec une suavité traîtresse.

Ses mires sanglantes suggéraient qu'il ne souffrirait nul refus ni esquive... Muselée, sa nervosité ne l'en tiraillait pas moins, le plaçant dans la peau d'un prédateur prêt à bondir. Attendant le moindre geste de fuite. Le moindre échec. Détestable. Son attitude. Ce jeu sur lequel il avait tant craché. Pourtant, il ne voyait pas d'autre moyen... C'était une faille trop sensible pour être exposée, trop dangereuse pour être ignorée. Et seul, il ne pouvait rien.

Nessys, quant à lui, demeurait en retrait. Observant. Ecoutant. Servile.

Un sourire de soulagement s'était promené sur les lèvres du mage avant de disparaitre à la dernière sentence. Consulter ses chers livres et les canevas types qu'il avait réalisés durant une vie d'étude était donc impossible... Et s'il disposait de quelques heures, il n'aurait guère plus. La perspective d'être la cause d'une séquelle magique incompréhensible sur la personne d'un triumvir n'était pas franchement plus prometteuse que celle de se faire rôtir sur le champ.

"A votre convenance... s'inclina-t-il pourtant en reprenant son inspection avec plus d'application, de plus en plus soucieux malgré la fascination qui ne le quittait pas. Lorsqu'il immobilisa à nouveau une heure plus tard, dispersant les quelques derniers raies de lumières qui avaient persisté de plus en plus longtemps au fur et à mesure de son rituel, il ne cachait plus sa perplexité. Je me dois d'insister sur la dangerosité de la procédure. De ce que j'en comprends, la magie qui passe à travers vous passe également à travers lui. Je n'ai jamais vu ça... On pourrait comparer ça à... Il hésita, ses mains commençant à bouger comme s'il avait meilleur espoir de se faire comprendre en mimant certaines parties. C'est comme si vous étiez un seul corps à deux endroits. Mais ce lien n'est pas cantonné à une seule Voie, il les englobe toutes. Il s'applique à la magie dans son état le plus pur. Le plus brute. Comme s'il pouvait muter d'un instant à l'autre pour influer sur vos corps, vos esprits ou sur les éléments alentours."

Imperméable à la fascination du mage, le triumvir n'écoutait que pour entendre une chose : une solution. Pour l'instant, il n'entendait que perplexité et excuses. Des explications qui ne lui apprenaient rien d'utile.

"Je ne suis pas né ainsi, mage Woddiirn. Cela n'est l'affaire que de quelques ennéades. Pouvez-vous le défaire ?" souffla-t-il.

Le lien ne pouvait pas être puissant au point d'être indestructible. La créature n'était qu'un rejeton... Lui un drow de plusieurs siècles. Qu'une telle faille soit creusée en un instant était absurde. L'oeuvre de la Traîtresse. La colère couvait, chez le Gobelin, montrant peu à peu les crocs, sans qu'il n'en laisse rien voir, si ce n'est l'éclat de ses yeux sanglants.

Déjà peu rassuré en arrivant, Woddiirn ne donnait plus cher de sa peau... Et il y tenait à sa peau. Le Triumvir ne voulait rien savoir. Et lui se retrouvait face à une énigme magique qui le menait aux extrêmes limites de son domaine de compétence. Son esprit tentait de trouver une issue à toute vitesse. Il ne voyait que obsédante idée de réussite, en espérant que le Triumvir magnanime le laisse partir en suite. A défaut de connaissance, il pouvait au moins avoir de la motivation à revendre. Bon... Comment rendre la tâche la plus facile possible... Il fallait ne pas se tromper de lien au risque de détraquer totalement la façon dont les deux êtres s'insérait dans la Trame. Peut-être qu'en utilisant des pierres comme amplificateur... Après un moment, il acquiesça, tremblant mais décidé.

"Je peux essayer... si la vie de l'animal vous est égale.
- Faites."

Le sombre s'était tendu, son regard s'étrécissant, mais aucune hésitation n'avait percé dans son timbre... A l'inverse de l'esclave. Nessys n'avait pas à parler. Il n'en avait pas le droit. Ses yeux s'écarquillèrent seulement, son souffle se suspendant. Il est fou. Et cette pensée parvint à le remuer, malgré sa carapace d'impassibilité. Que la tentative du mage soit une réussite ou un échec... Dans tous les cas, l'esclave redoutait les conséquences. Pour eux tous.

"Très bien, alors il va me falloir du sel, une géode d'améthyste coupée en deux et une grande quantité de fil de soie."

Woddiirn était parfaitement sérieux et à son plus grand étonnement, le Triumvir envoya chercher ce qu'il avait demandé sans émettre le moindre doute. Sa coopération ne serait pas de trop.

Aussitôt en possession de son matériel, le mage se mis au travail. Avec le sel, il traça une forme oblongue au centre de la pièce. Longue comme son bras, il y ajouta des dessins mystiques avec une précision orfèvre avant de placer chaque moitié de la géode qu'on venait de lui apporter à chaque bout de l'ovale. La pierre n'était pas de premier choix mais il ne pouvait pas demander à un esclave de choisir un matériel de magie de bonne qualité. Il faudrait bien qu'il fasse avec de toute façon.

Puis il demanda à ce que la cage soit mise d'un côté  de son étrange dispositif et invita respectueusement le Triumvir à se mettre torse nu et à s'installer face à l'animal. De cette façon, il verrait plus précisément les points d'attache magique autour de la région du cœur. Une région assez problématique  quand il était question de rester en vie lui avait apprit un collègue nécromancien.

Ainsi installés, le flux qui rebondirait entre les deux être passeraient très exactement entre les deux géodes et avec un peu de chance, il verrait plus clairement et plus rapidement les fils problématiques.

Il inspira un grand coup. Le moment de passer au chose sérieuses approchait à grands pas. Woddiirn se tourna vers l'esclaves aux bras égratignés, avant de se raviser pour demander à son principal patient suicidaire.

"Vous permettez que je prépare cette bête ? ça fera un peu mal, mais ça me permettra de faire en sorte que vos points vitaux soient dissociés en premier lieu."

Enfin avec de la chance, ça lui permettrait de dissocier les points vitaux physiques. Il parlait avec autant d'assurance que possible mais jouer de la harpe pendu par les pieds ne lui aurait pas été plus incongrus.

Sans un son, d'un signe de tête, le grand sombre l'invita à s'exécuter. Attendant. Aux aguets. Ses muscles roulaient infimement sous sa peau mille fois marquée... Même sous celle de son dos, si cela pouvait encore être nommée une peau. Fragile, endommagée, ayant perdu toute obscurité pour évoquer un blanc laiteux tirant sur un rosé maladif. Si le sombre se montrait obéissant quant aux directives du mage, il n'émanait pas moins de lui une tension de moins en moins voilée.
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeMer 24 Avr 2019 - 21:10


Le mage ordonna à l'esclave de tenir l'animal, ce qui fut déjà compliqué en soit. La petite bête se défendit crocs et griffes face à ces mains qui s'emparaient de lui, poussant des grondements se changeant peu à peu en crissement métalliques de colère paniquée. Pourtant, de tous ceux qui avaient côtoyés l'animal, Nessys était nécessairement le plus à même de la contrôler et au prix de nombreuses entailles, il y parvint.

Un fil de soie enfilé dans son aiguille, Woddiirn fit de son mieux pour faire vite. S'il avait déjà fait ce genre de repérage sur des drows, le faire sur un animal à la peau si fine était une autre paire de manche... Pour éviter de percer quelque chose de trop vital, il pinça fermement la peu aux douces écailles. Les crissements se firent sifflements de douleur. L'aiguille entra dans la chair au niveau du poitrail de l'animal pour un faire un noeud dont partirait une longueur de fil. Puis il opéra de même à l'arrière de la tête, au niveau du duvet de la créature qui se tortillait de plus belle, sifflant tout ce qu'elle pouvait pour appeler au secours son libérateur. Il était juste là. Alors pourquoi ne venait-il pas ? Le petit dragon appelait plus fort, mais on le replaça dans sa cage avant qu'Urgoll'Ven n'ai fait le moindre geste pour lui venir en aide.

Il resta tétanisé un moment droit comme une flèche, n'osant s'étendre vraiment à cause de la boucle dans son poitrail.

De son côté le mage n'attendit pas pour dérouler les deux longueurs de fil pour enrouler l'autre extrémité autour des poignets du Triumvir de manière à ce que les fils soient suffisamment tendus pour ne pas toucher le sol ou le sel qu'ils surplombaient. La soie était si fine qu'on distinguait à peine sa présence dans l'air. Le mysticiste se plaça debout entre ses deux patients, juste au niveau des améthystes.

" Quoi que vous sentiez, essayez de ne pas bouger. " laissa-t-il tomber comme dernière indication avant de lever son aiguille. L'animal risquait de le faire assez pour deux.

Au rythme des mouvements précis de Woddiirn, comme soulevé par de l'électricité statique, la longueur de fil qui pendait encore aux poignets du Triumvir commença à tisser un maillage complexe en faisant des allez-retours entre les deux attaches liant le drow et la bête. Une toile d'araignée aux motifs digne de la dentelle la plus raffinée se composait peu à peu. Une toile le long de laquelle la volonté du mage allait agir comme le fil d'un rasoir d'ici peu.
Dès les premières minutes, le petit dragon s'agita, levant la tête, se collant au plus près du bord de sa cage faisant face à son libérateur. Il couinait et sifflait de plus belle, commençant à gratter et à mordre le métal quitte à y laisser un peu de sang.

Si le reptile n'osa bouger en raison du fil dans sa chair, le grand drow, resta figé pour une autre raison. Il l'avait ordonné. Le mage s'exécutait à sa demande. Détruire ce lien était une nécessite. Cette vérité le frappa alors que l'animal se débattait. La peur, la panique, la douleur... De ces choses qu'il gardait sous contrôle avec un savoir-faire centenaire, enseigné par les servants de Kiel, par la guerre, par les complots, par la souffrance, par l'existence de l'eldéen, il avait le contrôle.  Mais sur le ressenti de l'animal, il n'en avait aucun.

Bien que sa chair en demeura vierge, il ressentit l'arme lui percer la peau. Son cœur s'emballa comme celui de la jeune créature. L'envie de fuir, la volonté de se battre, la terreur... Ils n'étaient pas siens. Parasite. La colère flamboyait, au même rythme que les battements d'ailes paniqués faisant office de pulsations cardiaques au dragonnet, qui observait la magie du mysticiste se déployer en arabesques étranges et magnifiques. Que la créature périsse. Que le drow en soit libéré. Qu'il en soit ainsi. Et l'air s'engouffrait, au rythme de sa respiration exagérément ample, dans sa grande carcasse, frémissante d'émotions tumultueuses. Scellées.
Tout était en place. Il ne restait plus qu'à faire des choix.

La volonté de Woddiirn glissait le long des fils, essayant de déterminer ce qui serait le moins dangereux, les améthystes évitant les parasites de la Trame ambiante et clarifiant celle qui passait au milieu des deux demi-sphères. Par ici, cela ressemble à de la magie élémentaire. Un maillon qui avait peu de chance de les tuer donc. Le moment de vérité.

Un mouvement de la main. Un premier fil se noua. Puis un second. Un troisième se courba aussi pour s'étrangler de lui-même.

Urgoll'Ven pouvait sentir sa perception des éléments vaciller. Toujours là, elle en était néanmoins difforme. De son côté, à chaque fil, l'animal se fit plus violent. On s'attaquait à son être le plus profond et le mage ne le ménageait pas, pensant pouvoir stabiliser le flux du côté du Triumvir. Le crissement du reptile revint, plus aiguë, plus haineux, plus terrifié. Mais la douleur n'augmentait pas. Juste la terreur. Abyssale. Les mouvements de la créature faisaient ondoyer la grande toile d'araignée comme une voile dans la brise.

Le mage continuait, imperturbable. Cherchant à quoi d'autre il pouvait s'attaquer. L'inhibition était une chose, mais il fallait bien finir par trancher. Et pour commencer, autant ne pas s'attaquer à ce qui était vital. Ici, la magie était légère. Peu différenciée. Immatérielle à n'en pas douter. Assez faible. Quoi que ce soit, ce n'était pas quelque chose de principal. Une longue inspiration. Le fil cassa net. Le dragon hurla. On lui arrachait une part de lui-même. Il se jetait avec violence sur le mur se sa cage, grattant, mordant, griffant sans distinction. Il produisait des sons stridents et discordant de plus en plus indéfinis.

Sans y prendre garde, le sombre s'était mis à murmurer. Des chants. Des odes. Des prières. Ô Prime Dragon... C'était là une fourberie de la Traîtresse, dont il comptait se défaire. C'était là une entrave qu'il ne souffrirait pas plus longtemps. C'était là une faille qu'il ferait disparaître, quoiqu'il en coûte. Que la bête périsse... Et moi avec, s'il le faut. Il n'était plus raisonné, il n'était plus qu'entêtement, obtu et borné.  Des faiblesses, il en avait, aussi massif soit-il. Accumulées avec les siècles, cachées, maîtrisées... Mais le temps faisant, il le sentait. Le délitement. Un lâcher prise. Un abandon. Sous les coups et les abus, sous l'insoutenable et l'inavouable... En eldéen, il continuait pourtant de faire un pas. Puis un autre. Alors même qu'il ne sentait plus que des braises rougeoyer et mourir en son coeur. La créature n'était qu'une épreuve de plus. Il le pensait... Jusqu'à ce qu'il sente ses fondements trembler.

La magie. Les éléments. Des siècles d'apprentissage, de lutte, d'échecs et de tourments pour en faire un outil, allié, familier. Cela fut déformé. Ses yeux s'ouvrirent grands sous le choc... Et dans la faille, la terreur de l'aniaml s'engouffrait. Non... Ce qui avait été limpide était trouble. Ce qui le rassurait devenait étranger. Que faisait le mage ?! Ce n'est pas mon sentiment... Mais ses perceptions changeaient bel et bien. Minuscule, la créature affolée n'en créait pas moins des des remous aux échos graves dans la psyché du sombre.

Ca... Qu'est-ce ? Une autre perception qui vacille. Si légère qu'il n'en avait jamais eu conscience avant de la sentir... Disparaître. Une illusion. Un mirage. Malgré ces distorsions, l'eldéen était encore vivant. Il sentait ses muscles répondrent à la moindre impulsion, frémissant, tremblant... Vivant, puissant, furieux. Le lien doit être détruit. L'animal hurlait, se débattait, malgré le fil qui les reliait, malgré la prison. Il y avait un vide, que le mage creusait toujours plus, à chaque coup, à chaque fil. Détruit. La terreur qui n'était pas sienne l'emplissait. Terreur. Impuissance. Qu'est-il en train de me faire... Il le laissait faire. Pour détruire. Et prendre un peu plus du peu qu'il lui restait. Qu'est-il en train de NOUS faire ?

"Assez. siffla-t-il entre ses mâchoires crispées. ARRÊTE."
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeMer 24 Avr 2019 - 23:55


Woddiirn garde son calme, tentant de faire abstraction des humeurs de son patient. Il fait ce qu'il peut. Et il ne faut pas que cette comédie dure trop longtemps. Il n'a pas un stock d'énergie illimité à disposition. Encore un pour affaiblir et il pourra tenter de décrocher les fils porteurs. Il coupe un autre fil, consciencieusement.  Le Triumvir s'impatiente. Il siffle. Calme. Concentration. Précision. Il touche au but...

Un cri. Un mouvement brusque. Surpris par l'éclat d'Urgoll'Ven, sa volonté vacille. Il touche plusieurs fils. Le fil porteur casse, entrainant une cascade d'étincelle silencieuses. Une déchirure. Le dragon hurle une note discordante d'agonie. La retenue féroce du Triumvir vient de voler en éclat et avec elle la neutralité qu'il avait réussit à maintenir dans le lien en se concentrant sur l'animal. La magie se rue dans les fils sans aucun ordre, consumant les ridicules conduits en une fraction de seconde. Carbonise l'aiguille. S'engouffre dans le corps du mage à sa merci.

Woddiirn s'effondre silencieusement.

Durant une fraction de seconde le lien n'est plus... Si... Juste si ténu qu'il en devient absent. Il ne tient littéralement qu'à un fil : celui qui uni le poitrail de l'animal et le poignet gauche du drow.

La cage vient de tomber sur le côté dans une dernière ruade désespérée du jeune dragon.

Plus un son n'émane de la petite forme inerte dans la prison de métal.

La coupure. Le grand drow étouffe, la bouche ouverte sur un cri silencieux. Un creux, un gouffre, un vide en son coeur, là où il y avait le dragonnet. Sa rage y sombre, de même que leur terreur... Et le reste. Au lieu de bondir, l'eldéen lève la main en direction de la cage, ses yeux vrillant, s'égarant... Avant qu'il ne s'effondre. Sans un bruit autre que sa peau frottant sur la craie, que sa masse qui s'écrase à terre. Comme s'il ne respirait plus.

La peur, viscérale, qui tétanisait Nessys, se disperse tandis la scène l'imprègne : le mage, gisant, de même que la créature dans sa cage, et son maître frémissant, au sol. Cela n'arrive jamais. De ce qu'il s'est passé, il n'a rien saisi, si ce n'est les cris, la tension, et des picotements qui lui faisaient l'effet de milles insectes voraces rampant sous sa peau. Irréaliste. Il faut un temps pour que l'esclave ose bouger de son coin, songeant aux gardes, songeant à appeler à l'aide...
Sans oser.

Alors il rampe. Puis, il se met à quatre pattes. Puis courbé, comme si quelqu'un allait soudainement se redresser pour se jeter sur lui, il avance. Le plus proche est le mage : son regard fixe le vide avec surprise, le reste de son être est immobile. Relevant les yeux, il observe non sans angoisse le grand corps étendu, sans oser l'approcher. Plutôt, il se tourne vers la cage, frémissant d'anticipation. "S'il meurt, tu meurs avec lui." avait dit l'autre. Mais c'est vous qui l'avez tué... songe, hébété, l'esclave, en se penchant sur la petite chose dans la cage.

Le fil git, comme ceux qu'il relit. Le duvet n'ondule plus en tout sens. Les petites ailes ne s'agitent plus. Les écailles ne reflètent plus la chiche lumière, à chaque respiration. Oh non... parvient-il à penser, bêtement, glissant ses doigts entre les barreaux pour l'atteindre.

Puis il y a un grand bruit.

Il se retourne. Croise un regard fou. Puis une masse le percute, l'écrase, et un poing fait disparaître le monde.

Soufflant comme une bête paniquée, Urgoll'Ven assène encore deux coups à l'esclave insconcient, avant de s'effondrer à moitié sur lui tout en faisant volt-face. Tombant, se redressant, il revient précipitemment près de la cage, donnant à nouveau des coups, sans réflexion ni conscience, voyant seulement qu'il est enfermà, là. Ses phalanges s'y meurtrissent, rougissent les barreaux, avant qu'un semblant d'esprit ne se rappelle la clé. Confus, il parvient pourtant à ouvrir la cage...
Pour en sortir le petit corps immobile, avec moult précautions tremblantes. Vide. Il ne le sent pas. Vide. Il le tient dans le creux de sa main, si petit, mais il ne le sent pas. Vide. Il ne sait pas quoi faire. Sa magie est distordue. Son esprit est perdu. Il ne sait pas quoi faire.

Alors il hurle.

La main qui le tient est crispée de tension, ses doigts comme des serres, des barreaux retenant l'animal inerte. Son autre battoir s'est fait masse qui frappe la roche, encore, encore, ENCORE... Alors qu'un hurlement sort de sa gorge. Discontinu. Terrifié.

La petite créature étendue entre les doigts de l'immense main ne réagit pas au contact de son libérateur. Ses ailes duveteuses se son affaissées. Ni tendues, ni repliées. De fines marques écorchées dénudent sa peau rosâtre. Sur son corps également, bien des écailles ont été arrachées à sa peau toute neuve. L'ossature fragile s'est obstinée à se jeter encore et encore sur le mur métallique. Sa gueule et son museau ensanglantés en son témoins. A l'arrière de sa tête et sur son poitrail, les fils demeurent cousus.

Les coups sur la pierre résonnent un moment, persistant et régulier comme un battement de cœur.

Un battement qui se répand dans le sol taillé d'un seul tenant. Dans les murs en pierre pleines. Dans le plafond qui soutient un autre étage de l'édifice. Coup après coup. Vibration après vibration. Les perceptions habituelles d'Urgoll'Ven reviennent, encore faudrait-il qu'il y prête pas attention.

Pourtant la vibration remonte aussi sans son poing ensanglanté, dans son bras et son dos douloureux. Dans cette main qui - pour la première fois peut-être - fait attention à ne pas serrer la petite créature qui s'y cache. Une vibration à laquelle répond une autre vibration. Les griffes d'un reptile tremblant de tous ses membres se carrent dans l'épiderme qui le soutient. Il ne bouge pas, presque pas. Une respiration courte gonfle les poumons de l'animal. Un ronronnement sourd s'échappe de sa gorge tendue à chaque expiration avec une précision d'horlogerie.

Doucement, à chaque respiration de la bête, le lien ténu se fait plus fort. Et plus fort... Et plus fort.

Brusquement, Urgoll'Ven respire. Un souffle sifflant, de naître dans une matrice désséchée, déchirée. C'est qu'il le sent. Là. Dans le creux de sa main. Le géant respire, frébrilement, à l'unisson avec la créature tenant dans le creux de sa main. De la même manière que son hurlement s'est tue, le martyr de son poing à cesser. Pourtant, la douleur des os brisés ne l'atteint pas. Tout son être n'est qu'attention pour cette unique perception. Pour ce lien, avec une vie qui n'est pas lui. Qui ne l'était pas. Qu'il ne refuse plus à présent. Qu'il espère.

Echevelé, le grand drow se redresse, tombant presque en arrière de lassitude. A genoux, son regard sanglant est préoccupé, cherchant la moindre vibration, le moindre geste qui lui montre que le reptile est vivant. Là. Ce qu'il tient ne lui semble plus chair froide et vide. Contre sa paume, il lui semble percevoir cette minuscule pulsation, qui ravive petit à petit l'infime chose, vers qui tout son être se tend, tout en demeurant à distance. L'entourant, sans le presser, sans le toucher davantage que par cette paume où il repose. Là. Une nouvelle inspiration... En expirant, le drow souffle un air chaud sur l'animal, comme pour partager ce souffle difficilement retrouvé.

Peur. Un ronronnement pour se rassurer.
Peur. Un ronronnement pour le rassurer.
Peur... Et le contact de celui qui n'a pas réagi plus tôt mais qui maintenant est là.

Fatigue. La créature a tout donné et même plus encore, pour se retrouver juste là où elle se trouve enfin. Elle tremble. De peur, un peu. De toute l'adrénaline et de toute l'émotion qu'elle vient de vivre, surtout. Il ne comprend pas. Il est mort... un peu. Un bref instant. Il sait seulement que le monde est dangereux, que les autres le menacent et que son instinct lui indique qu'il est au bon endroit pour se reposer malgré toute sa méfiance. Il n'ose pas bouger, la douleur vrillant son petit corps obstiné. Un souffle chaud caresse son aile meurtrie et glisse sur le dos du lézard à sang chaud. Sa respiration se fait de plus en plus calme et les ronronnements sourds de plus en plus légers. Ne soulevant qu'à peine la tête, il ouvrit la gueule pour striduler un instant.

Peu à peu, Urgoll'Ven se calme. Sa respiration retrouve un rythme normal, dénué de frénésie, de panique. Il regarde seulement, se concentre sur le mouvement simple et régulier animant l'animal. L'esprit encore en retrait, choqué, il ne fait qu'observer, ressentir, acceptant plutôt que repoussant. Le silence les englobe, seulement perturbé, discrètement, par des battements de coeur fatigués.

Un gémissement. Aussitôt, le sombre lève les yeux, crocs découverts, ramenant près de lui la créature... Il n'y a rien. Ce n'est que l'esclave qui se réveille, douloureusement, une pommette explosé. Nessys est surpris d'être encore en vie. Découvrir son maître le fixer avec hostilité davantage. S'il est vivant, cela veut-il dire que... ?

"La créature... Vit ?"

Fébrile. Hésitant. Et pourtant, qu'il ait osé parlé est accepté. Pire... ! Le Gobelin se détend, se relâche, hochant la tête pour seule réponse, avant d'oublier à nouveau l'esclave, qui ne se meut plus que prudemment, pour ne pas perturber... Quoi ? Il n'en sait rien. Par précaution, il préfèrerait être ailleurs. Faute de le pouvoir sans attirer davantage l'attention, Nessys se fait simplement oublier, serrant les dents en traînant dans un coin son corps douloureux, des coups reçus, de la tension et de la brûlure qui n'est pas encore guérie.

Il doit bouger. Cette pensée finit par atteindre le sombre, perdu dans la contemplation de la vie qui tient, petite, dans sa main. La main qui a martelé le sol sans retenue pulse de douleur, la fatigue pèse et l'étreint... Et puis, il y a l'extérieur. Cela lui déplait, mais il doit agir en conséquences. Lentement, il se redresse, prenant garde à ne pas faire tomber ni écraser l'animal qu'il tient. Précautionneusement, il s'approche du lit... Et l'y fait glisser. Doucement. Rassurant par la pensée. Ce n'est que temporaire, il va revenir, vite. Pourtant, le simple fait de le laisser ainsi le dérange. Se faisant violence, il se détourne, défait le fil à son poignet... Et quitte la pièce, en traînant le cadavre du mage de sa main valide.

Etrange spectacle, pour les gardes, que de voir la grande porte s'ouvrir, finalement, après tant de cris, bestiaux comme drows, et de silence. Le triumvir n'est pas dans un bon état, mais il ne les laisse pas s'appesantir dessus, enchaînant les ordres. Se débarrasser du corps, sans explications. Ne rien dire. Ne pas le déranger, toujours.

"Dois-je faire venir un prêtre de Kiran ? demande le stoïque Menryll, regardant la main étrangement tordue du triumvir'.
- ... Plus tard."

Sans autre mot, le sombre s'en retourne dans son antre, laissant les gardes faire ce  qui doit être fait... Les oubliant bien vite. De retour dans la chambre, il marche lourdement jusqu'au lit, l'épuisement, l'hébètement, la douleur ayant peu à peu raison de lui. Il s'allonge, frémissant, sur la couche, auprès du reptile.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: Une petite flamme | Solo   Une petite flamme | Solo I_icon_minitimeLun 29 Avr 2019 - 18:44


Trébuchant à moitié sur les fils qui pendent encore de son corps, la petite créature fait quelques pas malhabiles pour se trainer jusqu'au bras du grand drow pour grimper dessus. Par habitude plus que par instinct de conservation maintenant que la douleur ne vient plus de son dos, il se s'étend, droit comme une flèche, le corps et la queue dans l'alignement de la tête, le ventre collé à la peau grisâtre. Mais il ne dort pas. Epuisé. Terrifié. Il veille d'un œil, prêt à hurler et à mordre à la première tentative d'approche.

Sentant l'appel du sommeil, le sombre perçoit de même la tension de la créature. Après un temps, silencieux, où il attend, il lève finalement sa main blessée, dont la partie qui heurta tant le sol est douloureusement déformée, et la pose sur la tête du reptile. Même si cela est douloureux. Il ne veut pas déloger la créature en changeant de posture pour libérer son autre bras, il se sent rendre les armes face au poids qui l'écrase d'épuisement. Seulement, il peut poser sa main et, lentement, du pouce, lui caresser tranquillement, doucement, le côté de la tête.

"Dors." souffle-t-il d'une voix éteinte.

Dans son dos, à terre, Nessys observe, écoute... Et prend l'ordre pour lui, cédant le premier à la chappe de fatigue qui les enserre. Pour le géant gris, l'affaire se révèle plus complexe. Peu à peu, il sent son petit compagnon se détendre... Et partir. Mais que le drow vienne à en faire de même... Et une tension qui n'est pas la sienne le réveille, pour découvrir le dragonnet de nouveau éveillé, aux aguets. Alors, le drow, sans trop y penser, recommence. Rassurant, enjoignant au sommeil... L'un refuse de dormir sans l'autre, l'autre refuse de dormir sans vigilance. Tour à tour, ils grapillent un peu de repos, sans parvenir à sombrer complètement. Ainsi passent les heures, la conscience du sombre s'égarant, ses gestes demeurant pourtant les mêmes.

Une conscience du temps, propre aux drows, finit par pousser Urgoll'Ven à se réveiller. Baissant les yeux, il découvre sa main, normalement grise, parée de couleurs étranges. Avec un grondement pas, il se redresse douloureusement, prenant garde à déposer précautionneusement l'animal sur le lit. Se mettant finalement debout avec le même déplaisir, il réveille l'esclave d'un appel, lui donne des ordres, puis quitte l'appartement.

Encore endolori, Nessys tarde à se redresser, mais y parvient non sans une grimace. Les fils sont encore là... songe-t-il distraitement en s'approchant du lit, découvrant les blessures du reptile. Là, une pointe de culpabilité l'atteint, pour avoir participé au rituel... Mais ainsi est l'existence d'esclave. A peine reposé mais n'osant se permettre de se ménager, l'esclave tend prudemment une main vers le reptile.

"Laisse-moi t'enlever ça..." souffle-t-il.

Le reptile grince un peu lorsque le grand drow prend le chemin de la porte. Il tente de le suivre, mais arriver au bout du lit, le dénivelé est trop haut pour la douleur qui le transperce de toute part. Il couine une fois, sans succès. Son libérateur est toujours égal à lui-même. Il s'en va et il revient...

Non. Ce qui met la petite créature bien plus en alerte, c'est l'approche de l'autre grosse bête dangereuse. Le petit museau lacéré se tourne vers l'esclave... et pour la première fois, il ne tente pas de reculer sur immensité que lui offre le matelas. Il se baisse sur ses pattes sèches, comme un fauve près à bondir, et déploie ses ailes d'oisillon d'une façon qui aurait été des plus menaçante s'il faisait dix mètres de plus. Un crissement métallique s'échappe de sa gueule entrouverte. Ses babines dévoiles ses crocs minuscules rougis de son propre sang. Ses yeux reptiliens suivent les plus infimes changements de l'esclave.

Ce dernier se figea à cette vue, surpris. Face au ridicule du dragon miniature, Nessys eut un pauvre sourire... Qui mourrut vite, las, devant ce changement d'attitude. Quelque chose lui disait que la situation, déjà complexe auparavant, n'allait pas s'arranger. Fatigué, il se cala comme il put contre le lit, puis déposa avec précaution sa main, à une petite distance du dragonnet.

L'animal crissa de plus belle lorsque la main se posa près de lui, sa tête faisant des allé-retours entre le visage et les doigts de l'hybride. Quelques instants s'écoulèrent, puis le reptile se jeta en avant, galopant sur trois patte pour tenir l'une de ses serres avant loin de tout choc. Avec un sifflement agressif, sa gueule tenta de se refermer sur l'articulation de la dernière phalange du majeur de l'esclave.

Devrait-il être surpris ? Ce ne fut pas le cas. De fuyant, le dragonnet n'avait jamais été que de plus en plus agressif, le rituel ne lui avait sans doute pas fait de bien. S'il meurt, tu meurts. avait dit son maître. Et s'il ne me laisse plus l'approcher, et que je deviens inutile... Qu'en sera-t-il ? Alors, pour seule défense, Nessys serra la main, de manière à présenter un point à la créature. La manière des esclaves : faire le dos rond, et attendre que l'orage passe...

La petite bête y alla des griffes et des crocs sur le mur de doigts pendant un moment avant de reculer, se prenant à plusieurs reprise les pattes dans les fils qui trainaient toujours. Le fait que la main n'ait pas bougée ne lui disait rien qui vaille et l'animal qui avait trop vite du apprendre à se défendre seul n'en était pas du tout rassurer... Mais son réflexe d'attaque était passé. Une fois qu'il jugea être à distance suffisante de la main, il se lécha les babines sans quitter l'hybride des yeux, puis il roula sur le flanc avec un léger couinement et arqua le cou, presque en boule, pour tenter de tirer sur le fil à coups de crocs et de serres.

Ce n'était que de petites griffes et de petits crocs... Desserrant la main, lacérée superficiellement, Nessys regarda le dragonnet, désoeuvré. Sans doute qu'il ne le laisserait pas approcher pour retirer les fils. Sans doute qu'user à nouveau de la force ne ferait qu'empirer les choses... Dépliant les doigts malgré les tiraillements, l'esclave demeura à côté du lit, sans bouger, regardant seulement, frémissant à cette idée : peut-être valait-il mieux qu'il laisse l'animal en paix. Après le riteul, c'était la moindre des choses. Déposant sa main à distance du reptile, le demi-sang opta pour un compromis : il ne tenterait pas le contact direct, il avancerait petit à petit...

La peau et le fil cédèrent peu à peu sous les assauts désordonnés du petite dragon peu précis. Enfin, son poitrail était libre de toute intrusion étrangère... Mais il en payait le prix d'une autre  écorchure. Heureusement le mage n'avait pas été si mauvais, il ne s'était pas trop enfoncé dans les chairs. Surveillant toujours la main du coin de œil, l'animal tenta de s'attaquer à la seconde douleur qui lui crevait l'arrière de la tête, mais l'accès en était bien plus compliqué. Il se tortilla, se contorsionna pour donner des coup de pattes à l'endroit qui le gênait. Rien à faire, ses griffes ne réussissaient pas à se coincer dans la maille bien serrée. Pire. A force de mouvements désordonnés et répétitifs, deux de ses pattes se retrouvèrent emberlificotées dans le fil de soie sans assez de marge pour qu'il puisse se relever convenablement.

Ah ! Peut-être... Sans se presser, l'esclave se redressa quelque peu, levant sa deuxième mains afin de saisir le bord du drap. L'animal s'était en partie coincé seul, s'il le contenait sans précipitation avec le tissu, peut-être pourrait-il atteindre le reste du fil sans trop de stress... ? Nessys n'y comptait pas trop, mais voulait essayer tout de même, ce qu'il fit, relevant tranquillement te tissu pour en couvrir le corps du dragonnet et limiter les mouvements de la tête.

Le reptile tenta de se tendre pour mordre la main et déchirer le drap, mais le le tenait en place, produisant une vive douleur à la tête dès qu'une de ses pattes bougeaient un peu trop. Le drap se referma sur les ailes battantes. Son corps curieusement chaud à travers le tissus.

"Tu rends les choses compliquées, sais-tu ?" souffla avec lassitude l'esclave.

Ses gestes n'en étaient pas moins décidés alors qu'il maintenait précautionneusement d'une main l'animal sous le drap, tout en saisissant la saleté de fil de l'autre. Difficile que de la défaire ainsi, alors il appliqua semblable pression avec son avant-bras. C'était moins précis, mais il profita de ses deux mains pour défaire avec plus d'efficacité l'heure du mysticiste.

Plus l'esclave maintint la petite bête, plus le corps écailleux monta en température jusqu'à ressembler à un galet sous le soleil de midi. Le drap créait une protection plus que suffisante pour ne pas sentir la moindre gêne et l'esclave put finir de défaire la le noeud sans que le dragonnet ne se soit arraché à son emprise. En revanche, dès que le fil lâcha, la boule de nerf s'agita de plus belle, la gueule fusant de nouvveau vers les doigts de celui qui venait de le secourir.

Qu'est-ce qui lui arrive ? Aussitôt le nœud défait, l'esclave relâcha son emprise, se reculant pour permettre au dragonnet de se défaire du draps sans plus de gêne. Il avait senti la chaleur, sans pouvoir l'expliquer. Était-ce une caractéristique de la créature ? Il devrait en informer son maître. Pour l'heure, la créature était débarrassée, ce qui était le plus important... Quoiqu'ait à subir l'esclave par la suite, de la part de l'animal énervé.

Le fil glissa dans la plaie, arrachant un couinement au jeune dragon. encore à moitié sous le drap, il put enfin se défaire du fil en le cassant si nécessaire... Et d'ailleurs c'était marrant d'être sous le drap. Personne ne le voyait plus ! Il s'enfonça donc dessous avec une stridulation enthousiaste, perdu dans un abîme gris sombre et indéfini. Clopinant toujours sur trois pattes, il arriva jusqu'à la pliure. Quel côté ? Hmmm. Par là, il y avait un truc plus clair. Le bout du museau sortit à l'air libre... La petite langue rouge dansa. Il s'immobilisa sans sortir davantage.

Nessys eut un sourire fatigué. Voilà que la boule de nerfs s'était transformée en explorateur... Suffisait-il de jouer pour le détourner de ses peurs ? L'esclave se remémora l'araignée... Puis un claquement de porte retentit. Des pas. Puis le silence. La nourriture avait été apportée. Se redressant précautionneusement, l'esclave alla dans l'anti-chambre récupérer la nourriture, sa pitance et la viande pour le dragonnet.

S'approchant du lit, il hésita... Avant de se raviser sombrement. Les draps étaient déjà tâchés, du sang de son maître, mêlé au sien au fil des coups de poing. Il eut la mauvaise idée de porter la main à son visage. Avec un petit hoquet, il éloigna sa main, disposant simplement le bout de viande devant le museau du reptile : qu'il sorte pour le manger ou le mange sous le tissu, qu'importait, tant qu'il mangeait !

Faim...

Le museau s'agita, les naseaux se dilatèrent et le reptile gronda... mais il ne se saisit pas de la viande. Au contraire, il fit machine arrière et repartit dans l'autre sens sous le drap, se rapprochant dangereusement du bord du lit.

Bien essayé. L'esclave eut un soupir, tout en suivant des yeux les mouvements de la petite masse. Va-t-il tomber ?... Qu'il tombe, et se relève. Quoiqu'il pensa, il ne s'en approcha pas moins, hésitant sur la conduite à tenir. Le laisser tomber, ou tenter de l'aider, au risque de se faire mordre et de l'énerver à nouveau. Guère sûr de lui, il ne s'en agenouilla pas moins, pour se rouler en boule là où le dragonnet pourrait tomber.

Une infime chute, pour atterrir sur un dos nu - la brûlure à son épaule ne lui permettant pas encore de revêtir entièrement sa tunique -... Peut-être l'animal apprécierait-il cette aide... Indirecte, sans main ? Ou n'enragerait pas aussitôt ? Espérer est dangereux, rappelle-toi. songea Nessys, fixant le sol froid, écoutant le bruit du petit monstre à écailles sous le drap.

Une descente plus qu'une réelle chute. Le reptile se retrouva sur une surface beaucoup plus robuste que le matelas. Il inspecta l'endroit du nez et de la langue bien plus qu'avec les yeux. L'odeur et le touché du grand prédateur qui le contraignait sans cesse. Il se figea, aux aguets, et ouvrit les ailes pour se défaire rapidement du morceau de tissus ou au moins détecter ce qui pouvait se trouver au-delà. Son sol de chair se soulevait et s'abaissait régulièrement... Mais rien ne semblait le menacer dans l'immédiat. Juste cette odeur et cette présence qui le mettaient sur le qui vive.

Doucement, il se dégagea du drap en avançant sur la peau nue de l'esclave, ses griffes la picotant sans faire du mal étant donné son poids quasi inexistant. Autour, la pièce lui apparaissait sous un angle qu'il ne connaissait pas encore. Il se figea pour regarder alentours.

Frissonnant en réaction aux picotements, Nessys se retrouva quelque peu... Idiot. Et maintenant...? Il eut un reniflement amusé, que lui fit aussitôt regretter sa pomette endommagée. Bouger, ne pas bouger ? Tendre la main, relever la tête, se rouler au sol... Il ne savait. Le demi-sang ne connaissait guère que les créatures que ramenait parfois son maître dans sa demeure, ayant toutes le point commun d'obéir au moindre geste, au moindre claquement du grand sombre. Au même titre que ses esclaves d'ailleurs. Nessys ne faisait qu'improviser, avec cette petite créature. Et chaque nouvelle tentative lui semblait plus absurde que la précédente. Bon... De longues minutes, l'esclave n'osa bouger, n'imposa que le mouvement de sa respiration au reptile, ses membres s'ankylosant discrètement. Finalement, il tenta un mouvement discret, déliant lentement ses membres pour descendre petit à petit, jusqu'à toucher le sol, et permettre au reptile de descendre facilement.

Son sol affaissa. Doucement. Tout doucement. Mais il s'affaissait quand même, ce que la petit créature perçu sans mal. Ses griffes se plantèrent dans la surface instable et un grondement naquit dans sa gorge, mais il ne bougea pad davantage. Comme le mouvement persistait, il sauta sur le coin de drap encore près de lui et s'y accrocha de toute la puissance de ses serres pour remonter le long du tissus, toujours sans utiliser l'une de ses pattes avant.

Dans une rage brouillonne, il parvint tout de même à se hisser sur le matelas et clopina sur les remous du drap jusqu'au centre de l'étendue, guidé par ses naseaux frémissants. Après un petit temps de recherche, il s'étendit, droit comme une flèche sur un agglomérat de traces rougeâtres, la tête vers l'emplacement présumé du gros prédateur qui n'était jamais loin.

Non sans une petite rideur due au pointe de douleur, l'esclave laissa faire, regardant un temps fixement l'obscurité sous le lit, presque... Triste de sentir l'animal s'exité encore. Peut-être que si je n'avais pas bougé... En hypothèses, il ne pouvait que ce perdre. Appréciant un temps d'être immobile, il se releva néanmoins, toujours sans grand plaisir. Il découvrit la créature installée sur les draps, l'observant avec médiance. Se laissant retomber contre le lit, Nessys jugea que, pour l'heure, il avait fait sa part. Sans autre geste, il se contenta d'observer le petit être qui était devenu, malgré-lui, le centre de son monde.

Quand Urgoll'Ven revint, sa main était encore raide, mais n'avait plus d'angles étrangles. Fait plus intéressant encore, il n'était pas seul : un Garde d'Ebène le suivait : le stoïque, et presque aussi grand qu'Urgoll'Ven, Menryll. Non sans un haussement de sourcil intrigué, ce dernier découvrit le dragonnet et l'esclave, et retint ce qui était attendu de lui : en plus d'enseigner au triumvir quelques éléments de lutte, il veillerait à présent tout particulièrement sur le dragonnet. Quelle... Reconnaissance. songea-t-il non sans ironie, tout en acceptant sans la moindre hésitation.
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