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 Ecoute mes mots et comprends mes silences - pv Alanya

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Liliana Kastelord
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Liliana Kastelord


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MessageSujet: Ecoute mes mots et comprends mes silences - pv Alanya   Ecoute mes mots et comprends mes silences - pv Alanya I_icon_minitimeLun 29 Avr 2019 - 19:31


73 de verimios 16:XI
La fuite était une réussite.
Le soleil se levait et Liliana était assise sur une racine tandis que Dairiun se reposait et s’hydratait avec de l’eau retenue entre les racines noueuses d’un arbre. Ils n’avaient pas galopé toute la nuit comme elle avait prévu de le faire, ils avaient dû s’arrêter car la pluie et les grêlons avaient fini par former une véritable barrière les empêchant d’avancer. La jeune femme et son étalon s’étaient installés dans un petit renfoncement mais ils n’avaient pas été épargnés par les trombes d’eau et les billes glacées. Ils avaient passé le reste de la nuit sous un abris de fortune sans pouvoir dormir tant la morsure du temps se faisait violente sur leur peau.

Liliana tremblait comme une feuille. C’était peut-être l’été mais la nuit précédente avait aidé la température à s’abaisser et ses vêtements étaient entièrement souillés d’eau et de terre. Elle avait l’air d’une clocharde et la robe immaculée de Dairiun était sale. L’étalon n’était plus blanc, il était gris sale, brun par endroit, poussiéreux et sa crinière n’était plus qu’un nœud. Liliana, elle aussi, était sale et courbaturée. Elle avait mal aux jambes, mal aux bras, mal au dos. Elle avait l’impression qu’un être s’était amusé à essayer de plier son corps dans tous les sens.

La jeune fille se redressa et sortit de sa cachette pour laisser les rayons du soleil lécher son visage. La douce chaleur des rayons se propageait sur sa peau, courant sus ses joues et brûlant ses yeux. Cette sensation lui procurait un bien fou et, maintenant, elle n’avait plus qu’une envie. Se laver et troquer le pantalon pris à son frère contre une de ses toilettes sèches et légères qu’elle avait abandonnées dans sa garde-robe. Mais cela n’était qu’un rêve car si jeune fille coquette elle était, dans ses affaires de voyage il n’y avait que d’affaires prises à Dastan. Elle lui avait pris des pantalons, des chemises, des vestes. Juste deux vêtements de chaque pour ne pas charger inutilement Dairiun car c’était lui qui allait devoir tout porter donc mieux valait ne pas trop fatiguer le pauvre animal car sans lui elle n’allait pas aller bien loin. Elle flattât l’encolure de l’étalon avant de fouiller dans l’une des sacoches pour en sortir deux pommes. Elyan aurait voulu qu’elle emmène dans un sac tout le garde-manger mais elle n’avait pas pu, se limitant à quelques fruits. Quatre pommes, deux oranges, une grappe de raisin et trois tartines faites par le plus jeune. Il était un véritable amas d’amour et Liliana versa une larme en pensant à lui avant de tendre une pomme au cheval qui la prit entre ses dents sans rechigner.

Il y eut un sourire sur le visage de la belle avant qu’elle ne retrouve place sur une nouvelle racine un peu plus haute. Elle quitta ses bottes pour les laisser sécher sur un rocher illuminé par l’astre diurne. Ses bas de laine séchaient eux aussi alors qu’elle mordait à pleines dents dans le fruit bien mûr. Un peu de jus sucré coula le long de la commissure de ses lèvres qu’elle essuya du revers de la main alors que l’autre serrait une petite bourse en cuir accrochée à l’étui de la rapière. Elle avait sur elle un morceau appartenant à chacune des personnes de sa famille. Il y avait tout d’abord la rapière d’Hanegard qui tapait contre sa cuisse lorsqu’elle marchait et à cela s’ajoutait une broche appartenant à sa mère, un galet en forme de lune que Dastan avait trouvé alors qu’il était plus jeune et la reine noire de l’échiquier d’Elyan. Un objet par personne laissée derrière elle.

Elle resta ainsi environ une heure, le temps que ses bottes ne soient plus qu’humides et que ses bas de laine soient relativement secs. Elle but l’eau qui reposait au creux d’une feuille avant de se rechausser et de monter de nouveau sur le dos de Dairiun pour se mettre en marche, le pas plus calme que la nuit dernière. Ils avançaient tous deux, ne pressant pas le pas afin de ne pas sembler trop suspect déjà que le portrait d’une carrure frêle et trempée montée sur un étalon pur-sang crasseux pouvait paraître étrange.

Temps incertain. Le soleil qui brillait disparut bien vite derrière un nouvel amas de nuage. Ils étaient noirs, ils invoquaient l’air lourd et irrespirable de l’avant pluie. Cela faisait plusieurs heures qu’elle avait repris la marche et elle était déjà sous les trombes d’eau. Cela faisait du bien aux terres sèches que ce soit pour les récoltes qui n’en seraient que plus belles quoiqu’abîmés pour certaines ou encore pour les ruisseaux qui s’emplissaient avec allégresse pour renflouer les puits. La nouvelle averse vint les frapper alors qu’ils n’étaient toujours pas secs, ni l’un ni l’autre. Les vêtements redevinrent mouillés en quelques secondes. C’était juste une nuée orageuse, elle allait durer qu’une dizaine de minutes mais la puissance de l’eau s’abattant était telle qu’elle réussissait à passer sous le tissu pour détremper la peau en une poignée de secondes.

Liliana aperçut au loin l’endroit de son salut. C’était un domaine qu’elle connaissait, un domaine qui l’avait vu grandir en quelques sortes. Elle arrivait chez Alanya. Elle appelait la baronne par son prénom et la tutoyait, elle était un peu comme une tante, présente par intermittence lors des absences parentales. Liliana l’appréciait et, même si jamais elle n’irait lui confier ses plans, elle se savait la bienvenue chez la femme de pouvoir, elle savait que si celle-ci était présente dans sa demeure, elle lui offrirait certainement un brin d’hospitalité contre les raisons de son apparition sur le perron de la demeure.

Liliana donna un petit coup de talon à l’étalon, pour le faire passer du trot au galop. Ils galopaient à grandes enjambées vers le domaine où la jeune Kastelord déboula comme une furie. La pluie cognait fort contre ses tempes et elle n’attendit pas d’être invitée à entrer pour mettre Dairiun à l’abris sous un appentis. Ici, ils étaient au sec. La jeune fille attendit un instant que la pluie se calme pour se diriger vers la porte d’entrée et frapper. Trois coups sur la porte de bois massif.
Elle espérait
Qu’elle soit
Là.
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