Un peu plus en forme, je cheminais vers l'avant du cortège avec Uzkular. Le soleil était indispensable à tout être vivant. On ne s'en rendait compte qu'après en avoir été privé pendant une ennéade et quelques. Il remettait d'aplomb. Les conversations joyeuses reprenaient, et peu à peu, les nains célébraient leur victoire, avec la bière qui restait. A l'instar de Dardan, tout les blessés légers et peu graves se remettaient, mais Helda était impatiente d'arriver à Fort-Garmin car les moyens lui manquait pour traiter la peau des brûlés. C'était difficile de les voir perdre leur peau, comme un oiseau perds ses plumes.
Quant à moi, j'avais désormais une place privilégiée au sein du cortège. Tout le monde célébrait mon dévouement, mon sacrifice envers eux, car j'avais été l'un des appâts potentiels du holwerm. Moi, je me sentais en rien meilleur, je ne m'étais pas porté volontaire. J'avais été nommé par Tromglod, afin de prouver que je pouvais être parmi eux. De plus, je n'avais pas combattu, j'aurai été d'une maigre aide. Au moindre mouvement du ver, j'aurai calanché. Je pensais plutôt que leur sympathie envers moi voulait me remercier d'avoir été le seul forgeron de la troupe. Beaucoup de nains n'hésitaient pas à qualifier Damdill de trouillard, qui s'était enfuit au bon moment, mais je ne suivais pas le mouvement. Tromglod avait dit que tout le monde était libre de choisir, et c'était son frère. J'avais une relation particulière avec lui, et son absence m'avait peut être donné la force de tenir. Sans forgeron, jusqu'où seraient allés les Azdamnazans? Il fallait avouer que c'était une pièce maîtresse dans un combat. La préparation semblait essentielle.
Nous arrivâmes au fort après environ une ennéade de voyage supplémentaire. Immédiatement, un éclaireur fut envoyé pour aller réserver un lit au bâtiment de soins. Il galopa jusqu'à la grande porte, qui resta fermée jusqu'à ce que notre identité soit connue. Cette ouverture restait impressionnante, moins qu'au premier jour néanmoins.Ou peut être que les grandeurs de la montagne avait changé ma vision des créations humaines. Peu à peu, les chariots entrèrent dans le fort, la porte se ferma derrière nous, et des nains accouraient pour nous applaudir, nous célébrer. La troupe garda le silence. Notre réputation, surtout la réputation de notre quête, mais ils ne savaient pas ce que nous avions sacrifié pour notre réussite.
Nous nous arrêtâmes devant un bâtiment austère, mais néanmoins en dur, d'où un nain en tenue blanche sortait. Helda descendit du chariot pour aller lui parler, tandis que d'autres Azdamnazans s'organisaient pour saisir les deux blessés graves. Pensif, je regardais Tromglod, toujours inconscient, être amené à l'intérieur du bâtiment.
« Ils acceptent d'accueillir Tromglod, heureusement, vu son rôle dans notre quête ! Maintenant, nous devons attendre qu'il se rétablisse. »
La troupe s'organisa pour chercher où dormir et entreposer les bêtes. Grimdal, moi même, Sàrf Lance-Légère, Sàkur Frappe-Fort et le chef des éclaireurs restâmes sur place. Nous ne tenions pas en place, psychologiquement ou physiquement. Grimdal restait pensif, sa pipe à la bouche, elle n'émettait aucune fumée. Sàrf s'agitait, et Sàkur restait à coté de Grimdal. Je m'assis près de mon bélier, qui en profitait pour fermer les yeux et somnoler, tandis que le chef des éclaireurs tentait de trouver un point en hauteur assez proche pour observer les alentours.
Un dawi en armure s'avançait vers nous, sur un poney apprêté pour l'occasion.
« Or dawi ! Le Gorman Rik souhaiterait vous voir immédiatement, afin de s'enquérir de l'issue de votre quête. Il vous attends sur son trône. »
Nous nous regardâmes, comme pour nous consulter du regard. Moi, je ne viendrais pas. Tromglod était mon plus grand lien avec les mercenaires, maintenant que Damdill avait disparu dans la nature. Je resterais à son chevet jusqu'à son rétablissement. Grimdal vint se placer devant l'émissaire et s'inclina légèrement.
« Dis lui que nous serons honorés de lui témoigner la réussite de notre quête, mais notre chef, Tromglod Brûle-Hache, a été gravement blessé. Il est inconscient depuis la bataille, et ne s'est pas réveillé depuis. C'est lui que le roi doit voir, lui et ceux qu'ils choisira pour l'accompagner. Nous déclinons l'invitation. »
Décontenancé, le nain envoyé par le Roi semblait ne pas savoir quoi faire. Son poney agitait la tête devant son agitation. Grimdal le congédia en se retournant. Justement, Helda sortait, encore préoccupée, mais un peu plus détendue. Très vite, nous nous précipitâmes vers elle. Nous attendions des nouvelles.
« Il semble stable, en meilleure santé, mais nous ne savons pas pourquoi il ne se réveille pas. Rien ne l'empêche physiquement. Il doit avoir reçu un coup à la tête très sévère. »
Nous n'avions plus qu'à attendre, et à repasser tout les jours. Reprenant nos montures, nous allâmes à la taverne la plus proche nous restaurer et nous reposer.