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| Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence | |
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Sauveur Hadjaoui
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 29 ans (né en 989:X) Taille : 1m87 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Dim 9 Juin 2019 - 18:59 | |
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6ème jour de la 2nde ennéade de Karfias An 17:XI
Les bras chargés d'une panière à linge fraîchement remplie, Clémence se dirigeait vers la salle commune, longeant la cour où les chevaliers s'entraînaient une fois de plus. Depuis son arrivée, la jeune métisse n'avait pas eu à se plaindre de quoi que ce soit. Tout le monde la traitait bien et avec respect, si non ignorance. Cela lui changeait de la vie au sein de la troupe ou de la pression des regards qu'elle devait subir en dehors des murs de l'Ordre. Cependant, elle ne se mêlait encore que difficilement aux autres. Elle effectuait le travail qu'on lui donnait avec efficience, mêlant qualité et efficacité, mais, dès qu'elle devait s'approcher de quelqu'un, elle baissait les yeux et accélérait le pas, mal à l'aise. Tout en marchant, Clémence observa les nobles en train de s'affronter dans des duels amicaux. Son regard croisa celui d'Andran, comme souvent car elle le cherchait toujours, s'assurant qu'il était là et qu'il veillait. Elle portait l'une des robes qu'ils avaient acheté ensemble, celle dans les tons bleus foncés. Il lui avait laissé le choix de prendre ce qu'elle voulait mais elle n'était pas dépensière, surtout que cela la gênait qu'il utilise son argent pour elle. Alors elle avait pris des vêtements simples, résistants et peu coûteux. Elle ne voulait pas passer pour une riche -ce qu'elle n'était pas- mais elle ne souhaitait pas non plus passer son temps à raccommoder ses robes ou à en racheter. Elle avait évité les teintes qui feraient trop ressortir son teint, préférant des couleurs un peu plus foncées pour l'atténuer. Finalement, elle détourna le regard du visage d'Andran et bifurqua pour entrer dans la salle commune. Là, elle fit le tour de l'une des tables pour s'installer face à la porte en vue de plier le linge propre. De la cuisine s'échappait une bonne odeur de viande rôtie et de légumes qui ne fit qu'embaumer de plus en plus la pièce à mesure que la panière se vidait et la pile de vêtements pliés augmentait. Alors qu'il ne lui restait plus que deux chemises à faire, le cuisinier sortit de son antre et s'arrêta en découvrant la jeune femme, ignorant qu'elle se trouvait là. -Ah euh... Vous avez presque fini ? Clémence hocha la tête en guise de réponse. -Bien. Vous pourrez leur dire que c'est prêt quand vous ramènerez ça à côté ?-Bien sûr.L'homme resta là encore une seconde. Il ne savait pas tellement quoi faire ou dire devant les réactions de la jeune femme qu'il prenait -comme tout le monde d'ailleurs- pour de la timidité maladive ou une peur qu'il ne s'expliquait pas. Mais elle n'était là que depuis quelques jours... Même pas une ennéade. Andran avait dit qu'elle avait eu une vie difficile sans entrer dans les détails. Son comportement était sans doute normal et personne ne s'attendait pas à un miracle. Finalement, il repartit dans sa cuisine pour fignoler ce qu'il restait à faire. Dès qu'elle eut terminé, Clémence remit la pile de linge dans sa panière, la divisant en deux pour éviter qu'elle ne tombe. Puis elle la transporta vers les quartiers des chevaliers. La cour était désormais déserte et il était facile de savoir où ils avaient tous disparus... La jeune femme craint alors de devoir pénétrer dans un dortoir rempli d'hommes en train de faire un brin de toilette et de changer de chemise pour ne pas arriver tout transpirant à table... Cependant, lorsqu'elle arriva, les quelques nobles qui étaient là étaient déjà apprêtés et elle entendait les autres dans la salle de bain dont la porte avait été fermée. Lorsqu'il la vit arriver les bras chargés, Neratin s'avança et lui prit gentiment la panière des mains avec un sourire. -On gère pour le reste. Merci Clémence.Il s'éloigna pour déposer la panière sur un meuble au centre de la pièce et face à l'entrée. Elle comprit alors qu'ils avaient pour habitude de récupérer leur linge eux-mêmes de cette façon et le retint pour la fois suivante. Elle avait encore beaucoup de choses à intégrer concernant l'organisation logistique de l'Ordre... -Hum... Hans m'a demandé de vous dire que le déjeuner était prêt.-Venez, on va mettre la table le temps que les autres se préparent. Déclara Hermann. Lui et les quelques autres chevaliers qui étaient prêts sortirent, emboîtant le pas à une Clémence absolument pas à l'aise avec tous ces hommes derrière elle. Une fois revenue dans la salle commune, elle se dirigea vers le vaisselier et ouvrit une porte tandis que le jeune chevalier se posta à côté d'elle pour faire de même. Il sortit une pile d'assiette qui fut aussitôt embarquée par l'un de ses camarades avant de prendre quelques verres. Puis il se tourna vers la jeune femme qui tenait dans ses mains le panier contenant les couverts. Il lui sourit gentiment. -Vous savez, on va pas vous manger. Vous pouvez vous détendre.Clémence releva vers lui un regard craintif et gêné. Elle se doutait que son comportement était visible mais qu'on le lui fasse remarquer, même amicalement, n'était pas forcément pour l'aider. Elle prenait sur elle bien plus qu'il ne l'imaginait pour simplement se tenir à côté d'un homme dont elle ne connaissait que le nom et le titre...
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| | | Andran Straggen
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Lun 10 Juin 2019 - 12:11 | |
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Deuxième jour de la deuxième ennéade de Karfias, Année XVII du Onzième Cycle, Au sein de l'Ordre des Marcheurs Austères, Sainte-Berthilde, avec Clémence HADJAOUI.
Cela faisait plusieurs jours qu'elle était là. Elle était toujours aussi discrète et humble, et, par chance, tout le monde la traitait avec une certaine politesse. Elle faisait son travail normalement, sans sourciller ni se plaindre. Andran détestait lui donner les ordres. Il avait l'impression qu'elle était devenue son esclave. Alors, certes, elle n'était pas maltraitée ni surmenée, mais il ne voulait pas la réduire à cela. Clémence était le sujet de nombreuses discussions. Sa discrétion était incomprise, et certains ne comprenaient pas pourquoi. Andran était parfois tenté de leur dire, mais il avait promis de garder le secret de Clémence. Seul lui savait. Même Reold et le Grand Maître n'étaient pas au courant, même si, évidemment, ce dernier devenait nerveux à l'idée de savoir que l'Ordre abritait une estrevine pour “pas grand chose”.
En ce jour ensoleillé et chaud, les chevaliers s'entrainèrent, comme ils le faisaient tout les jours. Ils ne mettaient pas leur armure, se contentant de garder leurs armes. Aujourd'hui, ce fut un peu spécial, car un mini-tournoi était organisé. Cela donnait un certain enjeu, et la faim de victoire animait toujours les Marcheurs Austères, aussi minime soit-elle. Toute la matinée, les chevaliers disputèrent des duels jusqu'à ce qu'un gagnant se dégage, et cette fois, le gagnant ne fut pas le Champion. Ormer s'inclina face à Hermann en demie-finale, tandis que l'autre demie-finale vit Andran l'emporter face à son ami Reold. Alors que Clémence passait par là, l'inquisiteur ne put s'empêcher de lui faire un petit clin d'œil quand son regard croisa le sien, accompagné d'un gracieux sourire.
La finale opposa donc Hermann et Andran. Ce fut un long duel de six minutes qui vit l'aîné l'emporter sur le cadet. Tout le monde se saluèrent et partirent se changer avant d'aller manger. L'inquisiteur se retrouva dans la salle de bain avec Reold, Terrance, Angirv et Ormer. Une fois propres, ils se changèrent ensemble, restant seuls dans les dortoirs. Forcément, cela était propice à des discussions plus indiscrètes, et le sujet Clémence faisait jaser. “Mais on dirait que tu es amoureux”, “tu devrais lui dire que tu l'aimes avant qu'Hermann ne te devance” et caetera. D'un certain côté, ils étaient lourds, mais l'hypothèse qu'Hermann n'arrive à obtenir le cœur de Clémence le dérangeait, même s'il ne le disait pas. Que diraient les autres s'il voulait empêcher le jeune chevalier de séduire la jeune estrevine ? Et elle, que penserait-elle ? Alors forcément, Andran laissait faire. De toutes façons, Clémence était encore trop fragile pour qu'un homme n'arrive à obtenir son cœur.
Andran et ses frères d'armes légèrement en retard se dirigèrent vers la salle à manger, où les autres dressaient la table pour le déjeuner. Elle était presque prête, mais Clémence tenait les couverts, et Hermann lui souriait. Andran s'approcha d'eux, arrivant par derrière Clémence, entendant le jeune chevalier lui proposer de “se détendre”. Une réflexion qui raviva dans son esprit toutes les discussions fraiches dans la chambre. D'un côté, il ne pouvait pas dire à Clémence de rester discrète et gênée. Elle devait évidemment se détendre. L'aîné prit gentiment le panier contenant les couverts des mains de la jeune femme.
« Asseyez-vous, vous en avez déjà assez fait. » dit-il chaleureusement.
Non sans bruit, Andran prit les couverts et les plaça pour tout le monde, avant de s'installer à gauche de Clémence. Le repas se déroula tranquillement, dans une ambiance chaleureuse et calme. Certains racontaient des anecdotes ou des blagues, d'autres ne pipaient pas un mot. Andran, lui, était d'une discrétion aussi remarquable que courante. En groupe, il n'était pas le plus bavard. Il était presque affalé sur sa chaise, bras droit derrière le dossier de sa chaise et bras gauche étalé sur la table, la main sur le verre. Il ne disait rien, il regardait et écoutait les autres, sauf si on lui posait une question. Il entendait tout de même certains chevaliers s'intéresser à Clémence, qui leur rappelaient qu'elle n'était pas obligée de répondre s'ils étaient trop indiscrets. En vérité, il avait l'esprit ailleurs.
Le repas se termina sans heurts. Certains chevaliers étaient partis se reposer, d'autres partirent reprendre l'entraînement après avoir débarrassé. Les derniers, Reold, Andran, et Ormer restèrent à table, finissant leur verre ou leur quignon de pain. Le maître et le champion sortirent dans la cour, laissant Andran seul avec Clémence qui s'apprêtait à ramasser les dernières assiettes. Il l'interrompit, la conviant à s'asseoir près de lui. S'assurant que personne n'écoutait en regardant autour de lui, le chevalier posa ses yeux sur la jeune femme.
« Cela fait déjà plusieurs jours que vous êtes là, et … je voulais savoir comment vous allez, comment vous vous sentez ici. » commença-t-il. « Je sais que ce n'est pas facile pour vous de résider ici, et j'ai parfois l'impression de vous dédaigner depuis qu'on est ici. »
Andran était mal à l'aise. Après tout ce temps, il ne savait pas ce qu'elle avait sur le cœur. Pourtant, il lui avait bien dit qu'il ne la contraindrait pas, mais il était si réservée qu'elle n'oserait pas se plaindre, même devant lui qui était à l'écoute. Mais, au moins, quand ils étaient à Châteauvieux, elle était au centre de ses préoccupations ici. Depuis qu'ils étaient arrivés à Sainte-Berthilde, il avait l'impression qu'elle passait au second plan, et cela le dérangeait.
« Alors je vous demande d'être honnête. Est-ce que vous allez bien ? »
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| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Lun 10 Juin 2019 - 19:17 | |
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Elle en avait assez fait ? Clémence était habituée à trimer alors le peu qu'elle avait accompli jusque là ne lui semblait pas si insurmontable. Depuis qu'elle était debout -et après avoir manger-, elle avait lavé le linge et, pendant qu'il séchait, elle avait balayé la salle commune et le Temple, aider le cuisinier à éplucher et couper les légumes pour le déjeuner et soigner le pied d'un cheval à l'écurie avant de retourner chercher son linge étendu sous le soleil d'été pour le plier. C'était assez ? Si oui, alors sa vie serait bien douce comparée à la précédente...
Comme d'habitude, le repas se passa paisiblement, dans une ambiance plutôt joviale. Andran avait choisi de se mettre à la gauche de la jeune femme et Hermann était venu s'installer à sa droite. Si le premier était peu bavard, le second -et les autres- l'était davantage et leur intérêt se tourna parfois vers elle. Si aucun ne lui demanda comment elle était arrivée en Péninsule, on se posa cependant la question de son accent, de son nom de famille, du dialecte local... Elle répondit qu'elle était d'Ithri'Vaan, que son vrai nom était Merhamet Hadjaoui mais que son prénom, traduit dans leur langue, donnait Clémence et elle formula une phrase en Oliyan à la demande de l'un de ses interlocuteurs. Sa voix semblait plus chantante lorsqu'elle parlait sa langue natale mais peut-être n'était-ce pas dû aux souvenirs chers qu'elle y associait. Les quelques lettres qui raclaient son palais ne retiraient rien à la beauté de la chose.
Le repas prit fin et tout le monde retourna à ses affaires. Tous avaient débarrassé leur place et Clémence se contenta de prendre son assiette et celle d'Andran, posant leurs verres et leurs couverts à l'intérieur. Puis elle commença à se lever lorsque le chevalier la retint d'une main sur son bras. Elle s'arrêta soudain et tourna son visage vers lui, interloquée. A sa demande, elle se rassit, reposant ce qu'elle tenait dans les mains sur la table et se tournant vers lui autant que son siège le lui permit. A la question de l'Inquisiteur, elle eut un demi-sourire en voyant qu'il se souciait toujours d'elle. Elle retrouvait l'écho de leur lien à la fois atypique et unique à ses yeux. Un lien qui lui faisait du bien désormais.
-Je vais bien... Commença-t-elle. Je n'ai pas à me plaindre... Que ce soit pour le travail ou... de qui que ce soit. Et je comprends que vous ne puissiez pas vous occuper toujours de moi. Vous avez votre... mission... Dit-elle en reprenant ses termes de l'autre jour. ...et je ne veux pas être un poids pour vous.
Tout le monde n'était pas aussi gentil qu'Hermann envers elle mais elle n'avait pas droit aux regards malveillants qu'on pouvait lui adresser à l'extérieur de l'Ordre. Elle était consciente qu'elle le devait sans doute à Andran. D'ailleurs, il n'était pas rare qu'elle demande après lui auprès des autres. Elle n'allait pas à sa rencontre pour autant mais elle avait besoin de savoir où il était, cela la rassurait. Il était arrivé quelques fois que ce soit lui qui vienne lui parler, un chevalier l'ayant informé qu'elle le cherchait... Elle avait alors prétexté avoir fini sa tâche ou presque et souhaitait connaître la suivante. Cependant, il y avait une fois où la réponse à sa question l'avait beaucoup perturbée et elle avait dû faire montre de grands efforts pour ne pas paniquer devant celui qui lui avait répondu.
-Est-ce que... Elle marqua une pause. Elle regardait ses mains posées sur ses genoux, son index et son pouce droits harcelant son pouce gauche avec gène... Vous ne pouvez pas toujours m'emmener avec vous et je ne vous le demande pas mais... est-ce que vous pouvez simplement me dire quand vous vous absentez ? Je... Je ne me sens pas en sécurité quand vous n'êtes pas là.
Le jour où il était sorti, même s'il ne s'était absenté que quelques heures, son premier réflexe avait été d'aller chercher la clef de sa chambre pour l'avoir sur elle en cas de besoin. Et elle ne l'avait pas retiré de sa poche jusqu'au soir alors qu'Andran était rentré depuis longtemps et qu'elle l'avait même croisé...
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Lun 10 Juin 2019 - 20:46 | |
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Au delà de le rassurer, la réponse de Clémence lui procura un certain plaisir, même s'il le cachait bien. Elle était si aimable, si gentille, si attachante. Les autres avaient beau le narguer, ou lui dire qu'Hermann avait de l'avance ou qu'il allait la séduire, mais c'était bien Andran qui avait sa confiance. Le contraire l'aurait dérangé, certes, mais il était plutôt ravi de savoir que Clémence comptait toujours autant sur lui. Il étira un peu plus son sourire quand elle-même en étirait un plus léger.
« Cessez de vous rabaisser, Clémence. » dit-il franchement. « Vous êtes très loin d'être un poids, ni pour eux, et encore moins pour moi. Je n'ai pas encore oublié ce que vous avez fait pour moi. »
Il faisait évidemment référence au moment où elle lui sauva la vie d'un lancer de couteau magistral. Puis elle l'avait guéri. Si elle était un poids pour lui, il serait déjà mort. Andran fixait les jolis yeux de la jeune femme. La gêne se lisait sur son langage corporel. Lui l'était moins. Avec le temps, il savait masquer son anxiété et sa gêne derrière un sourire assuré. Il n'empêche qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle ait toujours aussi peur des ses frères d'armes. Elle était toujours craintive.
« Je… » commença-t-il, sans savoir quoi répondre à une telle question. « Je prendrai le temps de vous prévenir. » répondit-il. « Mais, n'hésitez pas à me demander de m'accompagner si vous le désirez. Je ne vois pas de raison de refuser si votre sécurité n'est pas en jeu. Cela vous changerait les idées et… votre compagnie m'est fort agréable, sachez-le. »
Cela le gênait de devoir parler de sa sécurité au sein de l'Ordre. Cachait-elle quelque chose au sujet des chevaliers ? Certains avaient-ils tenté des choses déplacées ou violentes envers elle ? Si c'était le cas, elle serait sans doute plus froide ? Le chevalier tenait à mettre les choses au clair. Il regarda autour de lui avant de reprendre la parole.
« Si l'un de mes frères d'armes vous cause du soucis, vous n'avez pas à me le cacher. Je ferai le nécessaire pour régler le problème. »
Il ne pensait pas ses frères capables de s'en prendre à elle. Nombreux craignaient Andran, qui n'avait pas hésité à couper les têtes plusieurs années plus tôt, même si les deux victimes étaient des traîtres. S'il prenait des mesures aussi extrêmes pour sauver ses frères, il n'hésiterait sûrement pas à faire pareil pour une femme dont tout le monde croit qu'il est amoureux. Finalement, ces rumeurs assuraient sa sécurité. Parfois, il se demandait si elle savait que tout le monde croyait qu'il était amoureux, et il avait du mal à imaginer ce qu'elle en penserait. Mais il était trop gêné pour le lui demander, et surtout trop gêné pour devoir répondre à la question qui serait fatidique dans tout les cas.
Alors qu'un silence commençait à s'installer, le chevalier finit par se lever, ramassant les couverts que Clémence avait laissé parce qu'il l'avait convié à s'asseoir pour discuter. Il emmena le tout en cuisine pour que Hans fasse la vaisselle, puis revint vers la salle à manger. La jeune femme s'était levée, et le noble en profita pour clarifier un autre point. Il posa les mains sur les deux épaules de la jeune femme, avant de caresser doucement son visage du bout des doigts.
« N'oubliez pas une chose : vous n'êtes pas une esclave ici. Si vous voulez quitter cet endroit pour prendre l'air ou je ne sais quoi encore, venez me le dire. Je vous accompagnerai pour vous protéger. C'est d'accord ? »
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 11 Juin 2019 - 15:49 | |
| Elle l’avait aidé, c’était vrai. Mais n’en avait-il pas suffisamment fait lui aussi ? Elle l’avait sauvé mais il en avait fait tout autant. S’il n’était pas venu à son secours, il n’aurait pas été blessé alors le soigner était le moins qu’elle pouvait faire. Depuis, il avait fait soigner ses poignets, lui avait prêté une oreille attentive, avait décidé de la protéger, lui avait acheté des vêtements et prévoyait de lui fournir aussi son propre cheval… Elle avait de quoi craindre de devenir une charge pour lui, bien qu’il lui assura le contraire. Andran lui affirma qu’il la préviendrait s’il devait s’absenter de nouveau hors de l’Ordre. Il y avait nécessairement des endroits où elle ne pouvait pas l’accompagner, des gens qu’il ne valait mieux pas qu’elle croise… L’accompagner n’était pas tellement la question mais cela lui éviterait au moins de le chercher alors qu’il n’était pas là et de se préparer psychologiquement à son absence. Les quelques mots du chevalier sur le fait qu’il appréciait sa compagnie lui firent à nouveau détourner les yeux. C’était bien la première fois qu’on lui disait une telle chose… Cependant, sa requête sembla éveiller des soupçons chez l’Inquisiteur concernant ses compagnons. Elle secoua la tête de gauche à droite. -Non… Ils n’ont rien fait qui justifie que je continue à avoir peur d’eux. Je… J’ai du mal à me dire qu’un homme ne pense pas forcément à mal en me voyant. J’essaie. J’ai juste besoin de temps j’imagine.Il n’y avait pour ainsi dire que des nobles ici et les seules interactions qu’elle avait eu avec cette classe sociale jusqu’à sa rencontre avec Andran avait eu lieu dans une chambre. Elle les redoutait donc forcément plus que les autres. Seulement personne n’était indélicat envers elle, et violent encore moins. Elle sentait qu’ils faisaient des efforts, sans doute par rapport pour l’Inquisiteur. Contrairement aux moments où elle sortait, elle sentait qu’elle n’avait pas besoin de se tenir près d’Andran pour savoir qu’on le lui ferait rien. Le simple fait qu’il soit dans les parages lui suffisait, même si elle ne pouvait s’empêcher d’avoir peur qu’un autre que lui l’approche. Andran acheva de débarrasser à la place de la jeune femme et elle le regarda faire sans un mot. Puis elle se leva à la recherche d’un linge pour nettoyer la table. Le chevalier ressortit de la cuisine et, voyant qu’il se dirigeait vers elle, elle s’interrompit et se redressa pour lui faire face. Le fait qu’il lui prenne les épaules était presque devenu une habitude désormais. Mais ce n’était pas le cas de la caresse qui effleura sa joue… Elle sentit son coeur s’emballer de manière incompréhensible, juste quelques instants, jusqu’à ce que la voix d’Andran ne lui parvienne à nouveau. -D’accord. Répondit-elle avant de lui sourire timidement. Puis le chevalier sortit et elle le suivit du regard. Il s’écoula quelques secondes de plus avant qu’elle ne reprenne son ouvrage. Elle devait nettoyer la table car la femme de ménage et elle devait briquer l’argenterie et elles auraient besoin d’autant de place que possible pour tout sortir. ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ 8ème jour de la 2ème ennéade Karfias - An 17:XI La proposition d’Andran de sortir prendre l’air n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde. Deux jours plus tard, elle allait le trouver pour savoir si elle pouvait aller en forêt faire un peu de cueillette, se proposant de faire un dessert pour le lendemain soir. Elle n’avait jamais eu de four alors Hans resterait avec elle pour lui enseigner la préparation d’un gâteau et l’assister pour la surveillance de la cuisson. Mais elle voulait apprendre… Le jour-même, ils sortirent en quête d’un cheval et de l’équipement associé. Le marchand leur présenta tous les équidés déjà débourrés et au tempérament assez calme pour une novice. Cependant, alors que l’éleveur décrivait au chevalier chaque animal, l’attention de la jeune femme se porta sur un boxe d’où provenait des bruits de sabots agités. Lorsque les deux hommes la cherchèrent du regard, elle n’était plus là et ils la retrouvèrent dans ledit boxe, face à un hongre palomino aux courbes gracieuses. -J’m’en approcherais pas si j’tais vous. L’a un grain ce ch’val. On n’a du mal à l’mater.Clémence ne se soucia pas de ce que le marchand avait à dire et continua d’avancer lentement vers l’animal, une main tendue vers lui. A l’image de ce qu’elle avait fait pour Nirazam, elle lui parla dans sa langue pour l’appeler au calme. Puis elle s’arrêta et tendit une main vers lui. Curieusement, l’hongre recula mais sembla s’apaiser malgré tout. Il étira le nez vers elle avec prudence et la renifla, l’air s’échappant bruyamment de ses naseaux. Après quelques secondes, il vint de lui-même poser son chanfrein contre ses doigts et se fit immédiatement aussi calme que les chevaux que l’on voulait leur vendre un moment plus tôt. -Il n’a pas besoin d’être maté… Répondit-elle enfin à voix basse pour ne pas rompre le silence qui venait de s’installer dans le boxe. Gardant une main sur le chanfrein de l’animal, elle porta la seconde sur son encolure et commença à le caresser doucement. Le cheval ne bougea pas aussi et elle continua d’évoluer vers le corps de l’hongre, s’éloignant de sa tête. Elle parcourut ainsi son épaule et descendit jusqu’à son pied pour l’inviter à lui donner. Il obéit sans lui opposer la moindre résistance, le reposant avec douceur une fois libéré. Puis elle remonta sur son flanc et son dos et il ne broncha pas. Elle insista sur la zone où devrait se trouver la selle et, lorsqu’elle fut suffisamment sûre d’elle, elle tourna enfin son regard vers vers Andran. -Vous voulez bien m’aider ? Demanda-t-elle dans un demi sourire. Lorsque le chevalier entra à son tour, le cheval s’agita légèrement mais une simple caresse accompagnée d’un “chhhhh” de la métisse eut tôt fait de l’apaiser. L’Inquisiteur put alors approcher pour faire la courte-échelle à la jeune femme. Sous le regard ahuri du marchand, elle monta sur le dos de l’animal. Elle y resta quelques instants, continuant de rassurer l’animal par quelques attentions supplémentaires, lui parlant toujours dans cette langue chantante et exotique. Lorsqu’elle fut satisfaite, elle descendit enfin, à nouveau aidée par Andran. Se tenant près de ce dernier, elle lui glissa quelques mots que lui seul pu entendre. -Il a peur des hommes qui le malmène. Il ne me fera pas de mal.… Ils se retrouvaient sur ce point commun et cela semblait déjà les unir alors qu’elle reposait son épaule sur le flanc de l’animal qui ne bougeait plus, une main le caressant toujours. Par ces quelques mots, elle voulait faire comprendre au chevalier qu’elle aimerait bien prendre celui-ci… Et la chose fut entendue, le marchand étant persuadé qu’il n’arriverait jamais à le vendre à quelqu’un d’autre. Et lorsque l’Inquisiteur lui demanda comment elle allait l’appeler, elle observa le cheval quelques instants mais ne chercha pas longtemps la réponse. -Sessiz. Ca veut dire “tranquille”, “paisible”.
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 11 Juin 2019 - 18:43 | |
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Huitième jour de la deuxième ennéade, Karfias, Année XVII du Onzième Cycle
Deux jours s'étaient passés depuis qu'il avait eu cette conversation avec Clémence. Pour l'instant, elle était bien, malgré ses craintes envers les chevaliers. Mais comme elle le disait si bien, cela viendra avec le temps. Il ne servait à rien d'accélérer les choses. Ce jour-là, elle était venue le trouver dans les quartiers de Reold, où Andran se réfugiait souvent pour causer seul avec son ami. Elle lui avait alors proposé de sortir de Sainte-Berthilde pour cueillir des fruits. Le maître ne s'était pas gêné pour leur dire qu'ils pourraient en profiter pour ramasser quelques plantes pour les infusions ou autre produits utiles comme les onguents ou même les parfums.
Andran voulait lui acheter une monture, et il prit l'argent nécessaire pour un tel achat. Toujours aussi soigneux de son apparence, il se vêtit d'un manteau avec un col couvrant son cou, et d'une cape bleus marine, d'un pantalon gris foncé et de ses bottes noires. Il enfila ensuite ses gants noirs et ses brassards en acier. Il laissa son diadème, mais emporta son amulette et ses anneaux. Et, rien que pour l'embêter et se moquer gentiment de lui, Terrance et Angriv s'étaient amusés à le coiffer et à lui brosser les sourcils et la barbe devant les autres qui avaient la banane jusqu'aux oreilles. Finalement, c'était un moment assez jovial. Et puis au moins, il était beau et pimpant comme un homme le jour de son mariage. Enfin… personne ne garde son épée le jour de son mariage…
ll sortit des quartiers des chevaliers, puis retrouva Clémence devant les écuries. Elle était belle, elle-aussi, mais il était trop gêné pour le lui dire. Il sella son cheval et y accrocha deux paniers empilés : l'un pour les fruits, l'autre pour les plantes et herbes. Le chevalier emmena sa protégée jusqu'à un maquignon. Après qu'il ait présenté ses bêtes, le chevalier garda la même ligne directrice : elle prenait celui qui lui plaisait, dans les limites évidentes de ses moyens. Mais, alors qu'il discutait avec le marchand, il perdit Clémence de vue. Elle était entrée dans un box où un cheval palomino était très agité. Il eut une montée soudaine d'anxiété, effrayée à l'idée qu'elle ne se blesse. Mais il se souvint de ce qu'elle avait fait avec Nirazam une ennéade plus tôt, alors il l'observa. Finalement, elle réussissait à dompter sa bête. Avec un sourire empli de fierté, il regarda la jeune femme caresser son cheval, avant qu'elle ne lui demande de l'aider à monter.
« Nous sommes d'accord que cette bête ne doit pas coûter bien cher ? » demanda-t-il au marchand, avec un ton sarcastique et moqueur.
Il entra dans le box et aida Clémence à monter sur la bête, même si cette dernière s'agita quand le chevalier approcha. Mais sa dompteuse le calmait rapidement. La remarque de l'estrevine l'étonna, d'ailleurs. Mais, d'un côté, cela prouvait qu'elle commençait à relever la tête par rapport à son passé. Il ne pouvait pas ne pas être ravi et fier. Il comprit rapidement qu'elle voulait ce cheval-là. Tant mieux, un animal agité coûte moins cher, et soit il le vendait à Andran pour un prix plus bas, soit il ne le vendrait probablement pas. Ce petit “chantage” fonctionna facilement. Pis, une fois le prix convenu, le chevalier acheta une selle amazone pour que Clémence puisse monter sa bête avec sa robe, et ils sortirent de l'écurie.
« Alors, quel nom choisirez-vous ? » demanda-t-il avec un sourire. Un sourire qui s'étira quand elle lui répondit. « Paisible comme sa nouvelle propriétaire. C'est un joli prénom. » glissa-t-il, avec un petit clin d'œil.
Une fois la bête sellée, Clémence monta en selle avant qu'Andran ne fasse de même. Elle serait forcément ravie d'avoir son propre cheval. C'était plus confortable, et sûrement mieux que de se tenir dans les bras d'un homme que l'on connait peu. Enfin, c'était le cas à l'époque. Maintenant, les choses avaient changé, pour elle autant que pour lui, même s'il le cachait. Cela dit, on disait souvent qu'une femme savait ressentir ces choses-là… Du moins, c'est ce que disaient ses frères qui savaient y faire avec elles.
Andran et Clémence emmenèrent au pas leur monture en dehors de la ville, puis ils partirent au trot qu'une fois devant les portes de la ville. Le noble ouvrait la voie, et, légèrement derrière lui, l'estrevine le suivait. Ils trouvèrent rapidement un bois où ils purent laisser leur monture, afin de s'engouffrer à l'intérieur pour espérer y trouver des fruits des bois, tels que des myrtilles, des mûres, des fraises ou même des framboises. Chacun avait un panier : Andran prendrait les plantes tandis que Clémence garderait les fruits. Cette sortie faisait du bien au chevalier. Et probablement à la jeune femme aussi. Même si cela lui rappelait le jour où ils s'étaient rencontrés dans de biens tristes circonstances, il se sentait plutôt bien, bien que toujours gêné en sa compagnie. Andran évitait tout de même de trop s'éloigner de Clémence, et il gardait un œil sur elle même quand il cueillait une plante. L'habitude.
« Sortir de la ville de temps en temps est appréciable, vous ne trouvez pas ? » demanda-t-il en essayant d'amorcer une conversation. « Personnellement, même avant de vous rencontrer, il m'arrivait de m'isoler dans ce genre d'endroit. Forêts, étangs, jardins, plages… En y pensant, je suis ainsi depuis ma jeunesse. »
Andran savait qu'il était plus facile de dialoguer avec Clémence depuis qu'elle lui avait révélé son passé. Alors il essayait de savoir ce qu'elle appréciait dans la vie. Même si elle a vécu l'enfer depuis son enfance, elle a quand même développé sa personnalité, non ? Elle avait forcément des goûts, un caractère, une éducation, aussi minime soient-ils. Et puis, le simple fait d'être parfois silencieux et d'aimer s'isoler de temps à autre lui avait valu un surnom moqueur de la part de ses frères. Le Solitaire, qu'on l'appelait. Il détestait ce surnom.
« Les autres me disent souvent que c'est ridicule. » dit-il, sans vraiment savoir pourquoi il évoquait cette anecdote en particulier. « Mais je dois bien admettre que je n'en ai pas grand chose à faire. J'ai toujours trouvé cela agréable. » dit-il en gloussant. « C'est la première fois que je partage de tels moments avec quelqu'un. Ça ne rend pas la chose plus désagréable, au contraire. Je vous remercie. »
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 11 Juin 2019 - 21:03 | |
| Andran approuva le choix du nom de l'hongre et elle lui sourit poliment. Le fait qu'il la trouve paisible la laissa néanmoins songeuse. Il était vrai qu'elle l'était bien plus depuis leur rencontre. Et surtout depuis cette conversation à Châteauvieux. Elle se sentait de mieux en mieux, même si cela ne se voyait qu'avec lui. Hermann pouvait toujours essayer de s'attirer sa sympathie, ses attentions la dérangeaient bien plus que celles de l'Inquisiteur qui se montrait pourtant bien plus proche que le jeune homme. Peut-être était-ce parce qu'elle lui avait enfin accordé sa confiance ? Ou bien parce qu'ils partageaient quelque chose d'unique, chacun à leur manière ? Ou parce qu'elle n'avait pas l'impression qu'il se forçait pour lui être agréable ? Toujours était-il qu'il avait raison à son sujet...
Sessiz se montra tout à fait calme et, contrairement à ce que le marchand avait dit, il était très obéissant. Elle n'avait pas besoin de forcer sur les rênes pour le faire changer de direction ou de donner de coups de talon pour le faire avancer. Là où certains sortaient le fouet pour se faire obéir, d'autres préféraient la douceur et c'était exactement ce dont l'hongre avait besoin. Clémence avait cette douceur en elle. On aurait pu croire que les atrocités dont elle avait été victime l'auraient éteinte mais elles n'avaient fait que l'exacerber au contraire. Elle avait besoin d'être ainsi... Et qu'Andran agisse en écho alors qu'elle le savait capable de bien plus de violence la touchait. Arrivés devant le bois, ils descendirent de selle et laissèrent les deux chevaux faire connaissance et brouter tranquillement. Elle adressa une dernière attention au cheval avant de s'en éloigner, lui demandant de rester ici avec Nirazam. Ils s'enfoncèrent ensemble dans la forêt, cherchant des fruits mais aussi tout de qui pourrait leur être utile. Ici, Clémence avait l'impression de ne plus rien avoir à craindre. Il n'y avait personne pour la regarder de travers, personne pour se montrer véhément et personne pour la menacer. Andran lui avait promis qu'elle n'aurait jamais rien à craindre de lui, qu'il ne lui ferait jamais de mal, et elle y croyait à présent. Ici, elle semblait s'être débarrassée de toute la peur qu'elle éprouvait partout ailleurs. Ses épaules étaient détendues et son visage était serein.
Tandis que leurs paniers se remplissaient très lentement, le chevalier choisit de rompre le silence ambiant. Il lui confia qu'il aimait ces moments de solitude. C'était un sujet assez personnel en y réfléchissant bien. Pour une fois, elle appréciait l'idée de partager des sujets aussi légers et plutôt intimes avec quelqu'un... C'était une sensation tout à fait étrange et nouvelle.
-Je ne peux que comprendre que l'on veuille parfois être seul... D'avoir besoin de se couper de ce qui nous entoure...
Leurs motivations de s'isoler étaient sans doute très différentes cependant. Seule, personne ne pouvait lui faire de mal. Jusque là, tout ce qu'elle avait eu pour y parvenir, c'était un coin d'une tente vide, l'arrière d'une caisse ou tout autre endroit de fortune qu'elle pouvait dénicher lorsque le besoin s'en faisait ressentir. Elle avait évité quelques désagréments de cette manière, se trouvant dissimulée des regards d'un homme qui la cherchait, le ton dans sa voix laissant clairement entendre ce qu'il voulait d'elle. Aujourd'hui, ses préoccupations étaient un peu différentes, même si l'objectif était le même : s'éloigner de que qui lui faisait peur. Alors qu'elle était accroupie devant un groseillier chargé de fruits, elle leva la tête vers la cime des arbres et prit un profonde inspiration avant d'expirer de la même manière.
-Je me sens bien ici... Puis, tournant son doux visage vers Andran, elle lui adressa un sourire sincère et reconnaissant. Merci de m'avoir permise d'échapper un peu à tout ça.
Elle soutint son regard quelques secondes avant de détourner les yeux, plongeant à nouveau sa main dans l'arbuste afin d'en attraper les grappes de fruits d'un rouge transparent. Un dessert à la groseille, cela risquerait d'être un peu acide... Une confiture peut-être ? Elle savait cuisiner pour des nomades mais il lui avait toujours été impossible de faire du sucré, les desserts ne se présentant alors que sous la forme de fruits frais ou secs.
-C'est peut-être ridicule aussi... Commença-t-elle timidement. ...mais cela me fait du bien de me dire que je vais apprendre quelque chose aussi banal que de faire un gâteau... J'en faisais avec mes mères et ma sœur, mais cela consistait surtout à lécher les cuillères à la fin.
Se remémorant ces instants partagés, un sourire nouveau s'était peint sur ses lèvres. Un sourire nostalgique mais aussi profondément heureux. Depuis longtemps, elle s'était faite à l'idée qu'elle ne pourrait sans doute jamais revoir aucun d'entre eux. Elle n'en était plus triste. Tout ce qu'elle espérait, c'était qu'eux aussi soient parvenus à s'extirper de leur condition d'esclave.
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| | | Andran Straggen
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 11 Juin 2019 - 22:38 | |
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C'était une discussion assez niaise, finalement. Andran avait l'habitude de parler combat, stratégie martiale, équitation, guerre, politique… Jamais il n'avait discuté de ces choses-là qui étaient pourtant si importante à ses yeux. Et il se doutait bien qu'il en était de même pour Clémence. Cela leur permettait d'échapper au tracas du quotidien, et elle pensait à autre chose qu'à son douloureux passé. Et visiblement, elle en était ravie. Il ne l'avait jamais vu sourire autant de fois que depuis qu'ils avaient quitté l'Ordre tout à l'heure.
« On aimerait y rester plus longtemps qu'on ne le peux. » ajouta-t-il à son bien-être. « Cela me fait plaisir de vous faire plaisir. »
Il savait que ce n'était qu'une question de temps pour qu'elle soit sereine, radoucie. Mais, au fond, il pensait qu'elle prendrait plus de temps pour baisser la garde devant lui. Même s'ils avaient partagé beaucoup, qu'il connaissait tout ses secrets, toute son histoire et qu'il lui portait une attention très particulière, Andran ne s'attendait pas à la voir changer ainsi en si peu de temps. Néanmoins, cela voulait dire qu'il tenait bien ses promesses, et qu'elle avait toujours autant confiance en lui.
« C'est agréable de vous voir sourire ainsi. » commenta-t-il, en lui retournant un sourire gêné mais sincère. « Surtout quand on désire depuis un long moment le voir se dessiner sur votre visage. »
Il l'avait attendu, ce sourire si sincère et si mignon sur son visage. Cela la rendait radieuse, et… belle. Finalement, qu'elle soit en pleurs ou souriante, Andran était gêné. Il se demanda comment il devait prendre ce constat. Qu'est-ce qui le gênait ? Le fait que c'était une femme, ou le fait que c'était Clémence ? Il n'avait pas côtoyé énormément de femmes dans sa vie, mais il ne s'était jamais senti aussi gêné que devant l'estrevine. Et celle-ci s'exacerba quand elle lui parla de sa famille, même si l'innocence d'un tel souvenir ne put l'empêcher de penser aux siens. Lui aussi avait vécu l'innocence avant que son père ne vienne l'en déloger. Mais, au delà de ça, la réponse de la jeune femme lui apporta un certain réconfort.
« Les choses simples sont souvent plus importantes que l'on ne le croit. Certains ont tendance à l'oublier. »
C'est sûrement pour ça que certains de ses proches étaient tombés dans l'alcool ou dans l'amertume. Dans leur devoir, ils en avaient oublié les choses basiques de la vie, les bons moments et les agréables souvenirs que tout homme devait vivre pour espérer rejoindre la mort en paix. Finalement, certains de ses frères d'armes le critiquaient, mais peut-être qu'Andran essaye simplement de se rendre la vie plus belle, plus simple, plus facile à vivre. Et le fait que Clémence pensait la même chose le rassurait.
« Nul doute que cette fois-ci, vous aurez droit à une part. »
Peut-être qu'elle ne mentait pas alors, quand elle disait qu'elle se sentait bien au sein de l'Ordre. Andran avait toujours des soupçons. Il pensait qu'elle mentait pour lui dire ce qu'il voulait entendre. Mais il avait du mal à s'imaginer la vie d'une esclave, et, sans nul doute qu'il n'existe rien de pire. Alors, forcément, la cuisine n'est rien à côté de ça. Le chevalier se secoua la tête, se rendant compte qu'elle regardait le visage de la jeune femme depuis un long moment. Il s'accroupit et ramassa quelques orties et les mit dans son panier. Il resta un petit instant accroupi sur le sol.
« Vous savez, l'autre jour, je vous ai dit que je vous accompagnerai pour vous protéger. Mais, force est d'admettre que ce n'est pas la seule raison. J'apprécie passer de tels moments avec vous. Je préfère cela à la solitude, pour être tout à fait honnête. » déclara-t-il.
Il ne réfléchissait plus vraiment à ce qu'il disait, désormais. À Châteauvieux, il faisait attention à ce qu'il disait, il ne voulait pas blesser la jeune femme, ni l'effrayer. Aujourd'hui, elle semblait si ouverte à ce genre de compliments, et lui était si… différent quand il était avec elle. Lui-même ne saurait l'expliquer. Il lui avouait des choses comme si elle était sa confidente. Lui était le sien, d'une certaine manière. Le chevalier connaissait tout ses secrets. Pourquoi ne pourrait-elle pas connaître les siens ? Mais, au delà de ça. Il ne pouvait s'empêcher de regarder ses yeux. Il ne pouvait s'empêcher de lui sourire, et de la complimenter. Il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle était belle. Elle l'ignorait sûrement, mais elle lui apportait tellement de chaleur à son cœur qui ne connait que la guerre, la mort et le sang depuis tant d'années. Aider des personnes si humbles et si innocentes lui apportait tellement de plaisir. Mais il n'osait pas lui avouer tout cela. Il avait peur, et un peu honte aussi… et il avait surtout peur de sa réaction.
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| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mer 12 Juin 2019 - 14:47 | |
| Oui, ils ne pouvaient pas toujours rester dehors. Les forêts n'étaient pas forcément sûres, même s'ils ne risquaient pas grand chose aussi proche de la cité. Aucun brigand n'agirait ici par peur de l'armée locale qui veillait. Et puis, Andran avait ses obligations, et elle les siennes désormais, réglant sa dette envers l'Ordre qui la logeait et la nourrissait en contribuant chaque jour aux tâches ménagères. Pourtant, une vie simple, seule et loin de tout, sans personne pour la menacer d'une quelconque manière, cela ferait son bonheur. Enfin... Peut-être pas tout à fait seule... Elle chassa cette pensée idiote de la tête. Elle ne croyait plus aux contes de fées.
Alors qu'elle achevait de prélever les groseilles de l'arbuste, l'Inquisiteur lui confia qu'il espérait depuis longtemps déjà voir un sourire se dessiner sur son visage. Elle baissa un peu plus la tête, un peu gênée, mais se reprit bien vite en tournant son visage vers lui. Elle esquissa un nouveau sourire reconnaissant alors qu'elle comprenait qu'aux yeux du chevalier cela était surtout la manifestation de cette sérénité qu'elle s'était découvert à ses côtés et qu'il avait tant recherché. C'était vrai, elle se sentait sereine lorsqu'il était là... Et elle semblait le réaliser elle-même. Peut-être cela l'aiderait-elle à mieux appréhender leur retour à Sainte-Berthilde tout à l'heure.
-Oh, j'en mangeais aussi. Mais je suis incapable de me rappeler comment on les prépare. Surenchérit-elle à la plaisanterie d'Andran.
Lécher les cuillères et goûter les douceurs après cuisson était une chose... Savoir les faire en était une autre et ce n'était pas vraiment ce qui l'intéressait le plus à l'époque. Elle était heureuse de voir qu'il comprenait son point de vue autant qu'elle comprenait le sien. Ils se retrouvaient sur un certain nombre de sujets, eux que tout semblait pourtant séparer, que ce soit leurs passés, leurs conditions sociales, leurs caractères et la façon dont ils étaient perçu par les autres. Elle, l'étrangère réduite en esclavage pour son travail et son corps et lui, chevalier au sang bleu occupant un poste important dans un Ordre religieux. Ils étaient les exacts opposé et, pourtant, ils se comprenaient.
Clémence s'était relevée et parcourait les alentours du regard lorsqu'Andran reprit la parole. Elle lui prêta d'abord une oreille distraite puis elle se sentit devenir interdite devant sa déclaration. S'il ne s'était pas trouvé dans son dos, il aurait sans nul doute lu le trouble sur son visage. Il lui avait déjà avoué qu'il appréciait sa compagnie et maintenant il lui confiait qu'il la préférait elle à ces moments de solitude qu'il aimait tant... Comment devait-elle le comprendre ? Qu'essayait-il de lui dire ? Elle lui avait ouvert son cœur pour lui confier toutes ses peurs, s'efforçait-il de se montrer aussi honnête qu'elle en retour ? De peur de se méprendre, elle choisit d'interrompre ses tergiversations et de se tourner vers lui. Elle chassa de son esprit toutes ces questions sans doute inutiles ainsi que les émotions qui avaient figé ses traits quelques instants. Même si elle ne pouvait cacher une pointe de gêne, elle lui adressa un sourire montrant qu'elle appréciait ses sentiments en la matière et qu'ils étaient partagés. Mais elle préféra changer de sujet.
-Vous ne m'avez jamais vraiment parlé de votre famille...
Il l'avait évoquée en disant qu'il percevait une rente et la solitude était le seul souvenir d'enfance qu'il avait daigné lui confier. Elle comprenait qu'il y avait une chose qu'il ne lui disait pas mais elle ignorait laquelle. Les Straggen étaient-ils des gens particulièrement importants ou à la mauvaise réputation ? Quelle était la nature de sa relation avec eux ? Elle avait parlé des Hadjaoui mais il n'avait rien dit sur les siens. Et puis, elle réalisa qu'elle abordait peut-être un sujet sensible.
-A moins que... que vous ayez vos raisons de ne pas le faire. Si tel est le cas, ne me répondez pas.
Elle ne voulait pas se mêler de ce qui ne la regardait pas ou lui paraître désagréable. Surtout maintenant qu'elle savait qu'il appréciait autant sa compagnie. Il n'avait aucune raison de lui dire quoi que ce soit s'il n'en avait pas envie...
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mer 12 Juin 2019 - 16:18 | |
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Lorsqu'elle amena le sujet de sa famille sur la table, le chevalier eut un frisson dans le dos. Elle n'avait pas répondu à sa déclaration. Sans nul doute que cela la gênait. Il semblait avoir moins de mal à exprimer son ressenti qu'elle. Mais, au delà de cela, le sujet familial était plus épineux pour lui. Si, pour elle, cela lui rappelait des bons souvenirs, pour lui, c'était autre chose. Tout n'était pas à jeter, évidemment.
« Hé bien… la chose est plutôt complexe… »
Fixant le sol, Andran était perdu dans ses souvenirs. Il n'avait parlé de son enfance qu'à peu de personnes. Ses frères d'armes en faisaient partie, car chacun racontait son parcours. Cela dit, rares étaient ceux qui avait parlé des évènements "d'avant la chevalerie". L'enfance était un sujet épineux pour chacun d'entre eux… tous séparé de leur famille très tôt. Tout comme Clémence, en fait. Un bien triste point commun. Le nordien inspira un bon coup, alors qu'il fit quelques pas timides.
« Dans la noblesse, ce sont les fils aînés qui héritent de leur père qui possède terre et autres richesses. » commença-t-il. Elle le savait peut-être, mais c'était la seule raison qui justifiait la suite. « Les cadets n'ont rien. Alors, pour leur trouver une utilité, on les envoie parfois auprès des autres seigneurs, pour qu'ils en fassent des chevaliers. Cela évite les querelles de succession quand le patriarche décède. »
Andran détestait ces jeux de la noblesse. Il ne regrettait pas sa vie, mais regrettait surtout la manière dont on l'a traité. Un moins que rien.
« Alors mon père a tout fait pour me séparer de ma famille. Il a forcé mon frère aîné à ne plus m'adresser la parole, et malgré le fait que ma mère s'y refusait, il m'a envoyé à la cour du seigneur d'Eyroles pour m'éduquer. À huit ans, je quittais ma famille. » Sa voix était grave, teintée de haine et d'une certaine douleur. « Jusqu'à ce que je devienne chevalier, je n'ai eu aucune nouvelle de ma famille. En vérité, je me fichais bien de mon père et de mon frère, mais je voulais savoir comment ma mère allait. Elle était ma lumière, et elle m'aimait, elle. » Il baissa la tête, fermant les yeux. Une grande partie de la source de sa haine reposait là. « Moins d'un an après mon départ, elle s'est suicidée. Je ne l'ai su qu'après la Malenuit. »
En y pensant, le chevalier aurait sans doute préféré se taire. Il passait un bon moment avec Clémence, et ce souvenir ternirait sûrement cette sortie qui s'annonçait agréable. Mais, en parler était bénéfique à l'instar du douloureux passé de l'estrevine, qui avait besoin de l'extérioriser pour se sentir mieux.
« Depuis que je les ai quitté, je n'ai jamais renoué le contact avec eux. Mon père est finalement mort peu de temps après la Malenuit, Mon frère a essayé à de nombreuses reprises de me rencontrer, de renouer le dialogue et encore plus depuis la mort de mon père. Il m'envoie plus d'argent qu'avant, et m'offre aussi des cadeaux. »
Le chevalier tritura son anneau en argent sur son index droit. C'était l'un des nombreux cadeaux que son frère lui a offert. Celui-ci avait une signification spécifique. Leur mère le portait, à l'époque. Il n'était pas beau, ni précieux… juste symbolique.
« J'ai toujours refusé de le revoir. Il n'y est pour rien, en soi, mais… je ne lui dois pas grand chose : ni ma réussite, ni mon courage, ni mon caractère. »
Andran resta immobile fixant un arbuste plein de mûres de ronces. Il ne pensait même plus à Clémence, ni au fait que son récit n'était pas le plus gai à raconter. Mais, il avait cherché à en savoir plus sur elle et, après de nombreux efforts, elle lui avait révélé son passé. Serait-elle moins bien placée pour connaître le sien ?
« La famille seigneuriale d'Eyroles a plus été une famille pour moi que mes propres parents. L'oncle de mon actuel seigneur m'a appris l'art des armes, tandis que sa mère m'a appris les bonnes manières, la religion, ce genre de chose. Ils sont morts tout les deux… Je les aimais beaucoup. »
Il expira profondément. Finalement, il gardait cela pour lui depuis bien trop longtemps. Au sein de l'ordre, ce sujet était tabou. Cela pouvait réveiller tout le mauvais du chevalier. La haine, la colère, la soif de vengeance. Les autres chevaliers penseraient qu'il a raison de réagir ainsi, et qu'il devrait même le revoir pour le rosser. Andran savait que ce n'était pas judicieux, mais, dans un moment de faiblesse, les autres pourraient réussir à le convaincre de le faire. C'est pourquoi il n'en parlait pas aux autres chevaliers. Quand il revint au présent, il regarda Clémence, d'un air un peu triste.
« Je suis désolé. J'essaye de vous faire plaisir, de vous redonner le sourire puis j'en viens à vous raconter mes plus douloureux souvenirs. » s'excusa-t-il, alors que c'est elle qui a amené le sujet. Il savait qu'il aurait pu gardé ce récit pour un autre moment, mais il ne voulait pas qu'elle croit qu'il n'avait pas confiance en elle. Et elle ne pensait sûrement pas à mal. Elle voulait savoir quel était le passé de son preux chevalier, après tout. « J'apprécie votre sollicitude. Je n'avais jamais parlé de tout cela à personne. »
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Jeu 13 Juin 2019 - 8:25 | |
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Clémence écouta sans un mot le récit douloureux d'Andran. Lui aussi avait été séparé des siens à l'âge de huit ans mais dans un contexte totalement différent. C'était son père qui l'avait rejeté au profit de son aîné afin de l'écarter de la succession de manière définitive. La jeune femme savait ce qu'il ressentait concernant sa mère mais elle aurait été bien incapable d'imaginer ce que cela faisait d'être renié par les siens. Même si elle ne les avait pas revu depuis dix-huit ans, elle était certaine que les membres de sa famille pensaient à elle autant qu'elle pensait à eux. Elle espérait que certains aient fini par se retrouver tout en sachant qu'elle serait sans doute à jamais hors de leur portée... Il y avait nombre de choses dans ce pays qu'elle ne connaissait pas encore et ne pouvait donc comprendre. En revanche, elle connaissait les liens qui unissaient les membres d’une même fratrie pour avoir pu en expérimenter de différentes sortes avec les siens. Ils pouvaient se disputer tant qu'ils voulaient entre eux à l'époque, ils n'en étaient pas moins liés, qu'ils le voulaient ou non. Alors, quelque soit leur différent, ils finissaient toujours par faire la paix. Cela faisait longtemps qu'Andran avait été coupé de son frère et il n'envisageait pas d'accepter ses appels afin de renouer les liens brisés par la figure paternelle.
Le chevalier s'excusa et elle lui sourit. Elle avait abordé le sujet et il avait accepté de l'évoquer avec elle. Conséquence probable des confidences qu'elle lui avait faite l'ennéade précédente... Toujours était-il qu'elle appréciait qu'il lui fasse confiance au point de s'épancher de ses douloureux souvenirs de famille. Lentement, elle s'approcha afin de réduire la distance entre eux. Elle avait noté toutes les émotions par lesquelles il était passé et avait remarqué la façon dont il manipulait l'une de ses bagues alors qu'il parlait des cadeaux faits par son frère. Ainsi donc, il ne voulait pas lui parler mais il portait ses présents... Peut-être que le lien n'était pas tout à fait rompu finalement ? Se tenant près de lui, Clémence lui prit délicatement la main. Elle lui sourit de nouveau, d'un sourire qui se voulait apaisant.
-La question n'est pas de savoir ce que vous lui devez ou non... Commença-t-elle avec sa douceur naturelle pour reprendre les paroles de l'Inquisiteur. C'était un enfant, tout comme vous. Avait-il seulement conscience de la portée de ce qu'il faisait en obéissant à votre père ?
Elle n'était pas sûre que ses mots portent leurs fruits. Elle avait visiblement une vision très différente de ce qu'était les liens familiaux. Son histoire en la matière était très différente. Elle était cependant sûre d'une chose : Tout le monde peut commettre des erreurs.
-L’un de mes frères porte très mal son nom. Dans votre langue ça donnerait… “Courtois”. C’est quelqu’un de brusque qui n’hésitera jamais à dire ce qu’il pense et qui ne mâche pas ses mots pour le faire. Il me faisait peur… Un jour, je m’étais aventurée loin de la maison. J’ai voulu grimper à un arbre mais je suis tombée et je me suis fait mal aux deux chevilles. Rien de grave mais je ne pouvais pas me lever et encore moins rentrer. C’est lui qui m’a trouvée et il m’a demandé avec son air sévère ce qu’il s’était passé. Je ne lui ai pas répondu et je lui ai demandé de s’en aller. Je préférai attendre plusieurs heures qu’il aille chercher l’un de nos grands frères ou notre père plutôt que d’avoir affaire à lui. Il ne m’a pas écoutée. Il s’est approché, s’est accroupi devant moi et m’a présenté son dos en me demandant de passer mes bras autour de son cou. Je devais avoir sept ans et lui… onze ? Cela lui a prit près de deux heures mais il m’a ramenée. Et dès que quelqu’un nous a vu, il s’est écroulé. Il a dormi jusqu’au lendemain. A partir de ce jour, je n’ai plus eu peur de lui alors que son comportement envers moi n’a jamais changé. J’ai simplement compris que quoi qu’il fasse, il n’en resta pas moins mon frère.
Son histoire était certes différente de celle d’Andran mais la leçon qu’elle en avait tirée lui semblait importante, même dans cette situation. Le frère de l’Inquisiteur voulait sans doute lui demander pardon, sinon pourquoi essayer de reprendre contact et lui apporter autant d’attentions ? Il avait sans doute retenu la même leçon de vie qu’elle, leçon exacerbée par la perte de ses deux parents. Ils n’avaient plus que leur frère… Et l’aîné ne voulait pas perdre son cadet.
-L’amitié est fragile contrairement aux liens de sang qui eux demeurent quoi qu’il arrive. On peut se faire de nouveaux amis mais nous n’avons qu’une seule famille.
Clémence conclut son histoire ainsi, resserrant légèrement ses doigts sur ceux du chevalier. Il était libre d’en faire ce qu’il voulait ou de la rejeter totalement, elle n’avait pas à lui dire ce qu’il avait à faire ou à penser. Elle était heureuse d’avoir pu comprendre cela avant de perdre sa famille sans quoi elle aurait vécu le reste de ses jours en se répétant qu’elle n’aurait jamais pu discuter avec Courtois pour essayer de savoir si, au fond, il l’aimait vraiment. Elle ne mourrait pas avec ce regret. N’attendant pas de réponse de la part d’Andran, elle lui lâcha la main et se dirigea vers les ronces qu’il regardait quelques instants plus tôt. Le moment avait certes été un peu refroidi mais elle ne profitait pas moins de cette sortie pour autant. Elle était heureuse qu’il se soit ouvert à elle à son tour et d’en avoir appris un peu plus sur cet homme à qui elle avait choisi de se lier. Ses traits n’avaient rien perdu de cette sérénité nouvelle qu’il avait révélé un peu plus tôt.
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Jeu 13 Juin 2019 - 12:34 | |
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Andran ne se sentait pas bien quand il voyait que Clémence s'approchait de lui. Ils avaient presque inversé les rôles : lui parlait de son passé, et elle l'écoutait. Il ne restait plus qu'à savoir ce qu'elle dirait ou ferait. Il en avait un ressenti étrange. Il avait la gorge serrée quand elle était juste devant lui, un sourire aux lèvres. Elle lui prit la main, celle qu'il n'avait pas arrêté de triturer… celle qui portait la bague de sa mère. Andran avait les yeux qui alternaient entre sa main, les yeux et le sourire de la jeune femme.
Il l'écouta sans rien dire, sans bouger non plus. Parfois, Andran oubliait qu'il avait pour protégée une femme. Pas une fille, pas une adolescente, mais une femme mature. Elle venait de le prouver à l'instant. Elle avait un esprit, elle savait penser, réfléchir, écouter. Peut-être se montrait-elle ainsi en reconnaissance de ce que le chevalier avait fait pour elle ? D'un côté, ses mots rassurèrent l'inquisiteur. Son histoire était agréable à entendre, et il est vrai que, grâce aux efforts de leur mère, l'aîné essayait de partager des moments avec son cadet. Mais, de l'autre, pourquoi avait-il attendu si longtemps pour reprendre le contact ? Et les chevaliers n'étaient pas de simples "amis". Ils étaient des frères d'armes, liés par l'honneur et la loyauté. Nombreux sont ceux qui mourraient pour les autres, et Andran le savait mieux que quiconque. C'est peut-être la raison pour laquelle il refusait de voir son frère : il se contentait des chevaliers.
Il lui serra la main doucement. Cela lui faisait du bien, même si cela lui rappelait les mêmes gestes qu'il avait eu envers elle une ennéade plus tôt. Au moins, il comprenait à quel point cela pouvait être agréable. Fixant les yeux de sa protégée, il étira un petit sourire. Même si cela est sans effet pour l'avenir, parler à son frère mettrait les choses à plat une bonne fois pour toute. Il l'avait toujours esquivé, même lorsque le ban de Sainte-Berthilde était appelé à se battre. Andran savait que son frère était un seigneur compétent et habile (contrairement à leur père), et ce dernier savait sûrement que son cadet était un chevalier aguerri et un fidèle serviteur de la justice et du culte d'Othar.
Alors qu'elle s'abaissa pour ramasser les mûres qu'il avait repéré, le chevalier remarqua que Clémence n'était pas froide. Seul lui avait la mine un peu basse, les yeux brumeux. Peut-être qu'elle avait raison, après tout. Et, s'il lui avait conseillé de parler de son passé, pourquoi ne devrait-il pas faire de même ? Peut-être que certains de ses frères d'armes ont fait la paix avec leur famille ?
« Merci beaucoup. » laissa-t-il échapper d'une voix plutôt basse. « Je songerai à tout cela, à l'avenir. Dans tout les cas, sachez que j'apprécie votre geste. »
Depuis qu'ils se connaissaient, c'était lui qui lui prenait les mains, qui la rassurait, qui lui apportait du réconfort et de la sérénité. Pour une fois, les rôles s'inversaient. Cela lui prouvait qu'elle était reconnaissante, et qu'elle avait confiance en lui. Il était ravi de savoir que toutes ses petites attentions n'étaient pas vaines. Il n'était pas juste cette personne qui lui avait sauvé la vie, et elle n'était pas juste cette personne qu'il avait sauvé. Pour sûr, il ne pensait pas qu'il apprécierait autant la jeune femme. Et ce constat était sûrement réciproque.
« Rien que d'en parler me suffit pour aller un peu mieux. » admit-il en reprenant ses esprits. « Entre nous, avec les autres chevaliers, nous évitons d'aborder ces sujets. Il est blessant pour certains, comme moi, alors que d'autres l'ont bien vécu ou ont fait la paix avec leur passé. Vous êtes la première personne à qui je raconte cette histoire. »
Au moins, elle ne le jugeait pas et s'abstenait de se moquer ou de l'encourager à faire des bêtises. Elle parlait de son ressenti vis-à-vis des siens. Andran en vint à imaginer une vie parmi autant de frères, pères et mères. Cela dit, ils étaient si soudés les uns les autres. Andran serait-il capable de mourir pour son frère ? Ce dernier ferait-il pareil ? La question se pose. Mais l'heure n'était plus à de telles interrogations. Ils étaient là pour passer un bon moment et pour cueillir plantes et fruits. Alors Andran s'y attela à nouveau. Il avait retrouvé son calme et sa sérénité.
« Merci beaucoup de m'avoir écouté. Désormais, vous savez pourquoi j'apprécie tant votre compagnie. » glissa-t-il en la regardant du coin des yeux avec un petit sourire. « Vous êtes une personne mature, calme et réfléchie. Cela faisait longtemps que je n'avais pas connu une telle personne. Ça me change des chevaliers. Ils sont gentils, agréables et loyaux, mais ils ne sont pas tous une bonne oreille. »
Il trouva un arbuste bourré de myrtille. Il demanda à Clémence de venir près de lui, afin de poser les fruits dans son panier à elle. Cela éviterait les mélanges entre les deux paniers. Ils cueillirent ensemble les myrtilles de l'arbre. Il ne cessait pas de la regarder, plus ou moins discrètement, mais la situation semblait propice pour partager des secrets de famille.
« Vous m'avez parlé de Courtois, votre frère. Enfin, peut-être l'un de vos demis-frères. À Châteauvieux, vous m'avez dit que vous aviez plusieurs mères, et plusieurs demis-frères et sœurs. Courtois était plus grand que vous. Parlez-moi de tout les autres. Enfin… là encore, je ne veux pas vous contraindre. »
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| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Jeu 13 Juin 2019 - 15:33 | |
| Andran la remercia à deux reprises, lui avouant n’avoir jamais parlé de cette part de lui-même avant aujourd’hui et que c’était à elle-même qu’elle le devait. Elle ne pouvait qu’être une fois de plus touchée par la confiance qu’il lui témoignait. Elle aurait pu se dire que c’était la moindre des choses après l’attention qu’il lui avait portée mais ce n’était pas la véritable raison qui avait motivé tant son écoute que son conseil. Elle avait un réel souci pour lui et son bien être tout comme ses états d’âme étaient importants à ses yeux. Elle avait choisi de lui prêter son oreille sans même penser à une question de réciprocité.
-Je vous en prie. S’était-elle alors contentée de répondre, tout autre mot lui semblant superflus.
Elle fut un peu surprise par les compliments d’Andran mais lui répondit d’un doux sourire. Cela faisait du bien d’être considérée autrement qu’à travers son physique. Car elle n’était pas qu’un beau minois surmontant un corps aussi fin que gracieux mais les hommes l’oubliaient si souvent… Ils n’apportaient pas tant d’importance à sa personne et l’Inquisiteur était somme toute le premier à le remarquer. C’était tout cela qu’elle voulait faire transparaître dans le regard qu’elle lui adressa l’espace de quelques secondes avant de reprendre sa cueillette.
Tandis qu’ils travaillaient de nouveau en silence, Clémence surprit plusieurs regards qu’Andran porta sur elle mais ne dit rien, se contentant de détourner les yeux. Cela ne la gênait plus tant que cela, bien qu’elle aurait été bien incapable de dire pourquoi. Sans doute avait-ce un lien avec la confiance mutuelle qu’ils avaient décidé de s’accorder. Finalement, le chevalier la questionna sur sa fratrie. Elle redressa la tête et la laissa basculer en arrière, semblant réfléchir intensément.
-Oh, par où commencer ? Elle se redressa après quelques instants et reprit la cueillette. Je vais faire par ordre de naissance, ça sera plus facile à suivre pour vous. Il y a d’abord… Elle prit le temps de réfléchir à la traduction du prénom pour qu’elle soit le plus juste possible. Aimé. C’est la personne la plus bienveillante que j’ai jamais connue. Il était assez impressionnant entre sa grande taille et la largeur de ses épaules. Tout en le décrivant, elle leva les mains pour donner une vision exagérée de sa carrure. La vision d’une petite fille face à un adolescent bien bâti. Pourtant avec lui, on se sent en confiance au premier regard et son sourire doux ne le quitte jamais… Il est roux, comme Cléore, sa mère, et aussi comme Patience, sa soeur. Nous partagions la même chambre toutes les deux. C’est quelqu’un de fort émotionnellement parlant. Elle aidait beaucoup nos mères et nous étions très proches. Nous avions préparé le lit du bébé à naître ensemble. Nous nous faisions une joie de l’accueillir en espérant que ce serait une fille. Ensuite il y a… Serein, mon frère. Il porte très bien son nom, je ne l’ai jamais vu se mettre en colère pour quoi que ce soit, même contre Courtois. Ensuite, c’est Courtois, le frère d’Aimé et de Patience et le seul à ne pas avoir les cheveux de Cléore. Puis Sauveur, l’aîné de Nadea. Un garçon très rieur et perspicace. Nous jouions beaucoup ensemble. Après, c’est moi, puis Digne, un autre roux. Un enfant un peu timide mais adorable. Très discret mais particulièrement attentionné envers les autres. Quant à Modeste, je ne l’ai connue que quelques jours. Je crois qu’elle est brune… Comme son frère, Sauveur.
Tandis qu’elle évoquait chacun de ses frères et soeurs, Clémence n’était ni triste ni nostalgique. Bien au contraire. Elle était heureuse de pouvoir repenser à eux alors qu’elle n’était plus esclave. Tout ce qu’elle leur souhaitait, c’était qu’ils se soient tous retrouvés. Elle tourna vers Andran un sourire amusé.
-Vous avez tout suivi ou je recommence ?
Elle avait conscience qu’il n’était pas simple de tout retenir… Entre les noms, l’ordre de naissance et la filiation maternelle, cela faisait beaucoup d’informations à assimiler en même temps. Cependant, elle était prête à répéter autant qu’il le faudrait.
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| | | Andran Straggen
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Jeu 13 Juin 2019 - 16:30 | |
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Pensant que Clémence serait triste ou amère quand elle parlerait de sa famille, Andran fut surpris de la voir garder le sourire et sa bonne humeur. Quel était son secret ? Elle ne les a pas vu depuis si longtemps, elle ne sait même pas s'ils sont encore en vie, mais elle en parlait comme si elle racontait sa jeunesse à ses enfants. C'était étrange, mais Andran avait peur de lui poser la question. Cela pourrait supprimer ce sourire qu'il aimait tant et qu'il désirait tant lui soutirer.
Sa famille était un joyeux bazar. Avec toutes ces “mères”, et leurs fils respectifs, on s'y perdait bien vite. Le chevalier essayait de tout suivre, et même si c'était difficile, il emmagasina la masse d'information. Il la regardait lui parler avec cet air innocent qui ne pouvait pas lui arracher un sourire. Elle était si attachante.
« Attendez, je vais essayer. » dit-il en riant. « Dans l'ordre, ça donne Aimé, Patience, Courtois, Serein, Sauveur, vous, Digne, et Modeste ? C'est ça ? » demanda-t-il. Avec la main, il imitait une liste qui allait de haut en bas au fur et à mesure qu'il disait un nom.
Au moins, ce n'était pas compliqué pour le chevalier. Un seul frère… sauf s'il inclut ses frères chevaliers, ce qui n'était pas si rare. Cela dit, il n'y avait pas d'histoire de mères et de pères différents. Chacun avait un père et une mère, mais, dans le fond, on n'en avait rien à faire. Au sein de l'Ordre, Les liens de l'honneur primaient sur les liens du sang, quoi qu'ils en disaient. Ils protégeaient les plus faibles, le culte d'Othar, le Royaume, et leurs frères d'armes contre tout mal, quel que soit son origine. En principe, le chevalier doit renier son frère s'il commet l'irréparable aux yeux de l'Ordre.
« Je crois que c'est la seule chose que j'ai bien retenu, car je ne saurais dire qui est la mère de qui… Et vous n'avez pas parlé de votre père, dans tout cela ? » dit-il en se retenant de rire.
Andran était toujours intrigué. Que cachait une si bonne humeur ? Oserait-il prendre le risque de la faire pleurer ? Il avait déjà refroidi l'ambiance une fois, alors deux… Mais c'était une autre étape à franchir s'il voulait la comprendre et, qui sait, peut-être l'aider. De toutes façons, il l'avait promis, même s'il ne pouvait pas tout faire.
« Vous… » hésitait-il. « Vous me parlez de votre famille avec une bonne humeur étonnante. Pourtant, vous ne les avez pas revu depuis toutes ces années alors que vous semblez si attachée à eux. » Sa voix trahissait toute sa gêne et sa crainte. « Vous ne rêveriez pas les revoir ? »
Il ne se cachait même pas derrière un sourire. La question était sérieuse, même si la réponse pouvait ne pas l'être. Il espérait intérieurement qu'il n'ait pas mis le doigt sur un élément trop douloureux pour Clémence.
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| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Ven 14 Juin 2019 - 8:00 | |
| Clémence eut un rire bref mais aussi doux que sincère. Il avait retenu tous les prénoms, ce qui était déjà un exploit, même s'il fallait avouer que le fait qu'ils portent des adjectifs en guise de patronyme aidait sans doute à la démarche. Cependant, le fait qu'il fasse cet effort la touchait beaucoup.
-C'est presque cela. C'est Serein avant Courtois. Corrigea-t-elle avec un sourire amusé.
Cela lui faisait du bien de partager tout cela avec quelqu’un. Cela ne les rendait que plus vivant encore, lui rappelant qu’ils avaient réellement exister. Car elle ne pouvait pas inventer tout cela, elle ne pouvait pas inventer ses souvenirs ni les images qui défilaient devant ses yeux alors qu’elle devait les décrire et repenser à leurs caractères si différents les uns des autres.
-Pour les mères c’est facile en définitive. Ma mère n’a eu que Serein et moi et Nadea a eu Sauveur et Modeste. Les quatre autres sont de Cléore. Mon père… Honoré, est quelqu’un qui répand l’amour autour de lui. Il aime ses femmes, il nous aime nous, il aime ses terres, il prenait soin de ses employés et nous en avions beaucoup. Il fallait un cheval pour parcourir l’ensemble de nos terres en une journée donc nous avions besoin de monde pour les entretenir. Tout le monde lui rendait sa gentillesse. Nous vivions tous heureux et je suis certaine que c’était grâce à lui.
Elle se souvenait du regard aimant de son père, de la façon qu’il avait de la consoler lorsqu’elle avait du chagrin, de ses leçons pour leur apprendre qu’il fallait respecter les autres, leur vie, leur choix… C’était probablement de son fait si tous les Hadjaoui étaient aussi unis et formaient une aussi belle famille. La question d’Andran diminua certes son sourire devant le sérieux qu’elle nécessitait mais ne le fit pas disparaître pour autant. De joie, il passa à douceur. Elle garda le silence quelques instants avant de se décider à lui répondre, portant à nouveau son regard sur lui.
-Je me suis fait depuis longtemps à l’idée que je ne les reverrais sans doute jamais. Je n’aurais jamais les moyens de rentrer et je ne saurais pas où les chercher de toute manière. Je ne sais même pas qui m’a vendue. Je leur souhaite d’être libres eux aussi mais, s’ils me cherchent, ils ne pourront jamais me retrouver. J’ai été achetée par des anonymes qui m’ont traînée de ville en ville pendant plus de quinze ans dans un pays éloigné et étranger. Je suis hors de leur portée. Alors, plutôt que de pleurer leur absence, j’ai choisi de continuer de les faire vivre dans ma mémoire.
Elle ne baissait pas les bras mais elle voulait être réaliste plutôt que de continuer à rêver jusqu’à en perdre espoir. Elle préférait se faire une raison et leur souhaiter tout le bonheur du monde de là où elle se trouvait au lieu de garder les yeux rivés sur l’horizon inutilement.
-Ils ne voudraient pas que ma vie soit triste à cause d’eux. Surtout pas maintenant…
Réalisant le regard qu’elle posait sur Andran, elle se détourna. Il lui avait donné plus qu’un espoir, il lui avait offert une nouvelle vie. Une vie où elle pouvait espérer être enfin heureuse. C’était un peu tôt pour l’envisager, sans doute, mais les débuts étaient prometteurs. Certes, elle avait toujours peur des autres membres de l’Ordre mais elle savait désormais qu’elle pouvait compter sur quelqu’un. Elle avait donné sa confiance à un homme alors qu’elle pensait cela impossible. C’était plus qu’encourageant pour l’avenir et elle voulait croire à tout ce qu’il lui avait promis.
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Ven 14 Juin 2019 - 12:10 | |
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Andran la regardait toujours autant et il voyait bien que parler de sa famille lui faisait beaucoup de bien. Elle corrigeait ses erreurs gentiment, et le chevalier comprenait la généalogie des Hadjaoui. Aussi gentil pouvait être Honoré, leur père, il n’en était pas moins un homme que l’on qualifierait vulgairement de chaud lapin. Mais c’était trop facile de le juger ainsi, et, devant Clémence, ce serait incongru. S’il était le seul à avoir trois femmes et un nombre d’enfants équivalent au triple, ça se saurait. Et puis, s’ils sont tous heureux ainsi, pourquoi forcer les choses à changer ? Était-ce mieux d’être vierge à bientôt quarante ans ?
Alors Andran l’écouta parler de sa famille, tranquillement. Il ne la coupait pas, et il essayait d’imaginer ce que cela pourrait donner. Avoir des terres… quelle barbe cela devait être. Le chevalier n’a jamais voulu de terres. Son but était de servir tout le monde, tous ceux qui auraient besoin d’aide. Pour lui, c’est ça, la chevalerie. Il laissait l’administration des terres aux autres. Il ne surenchérit pas sur le récit de Clémence concernant Honoré.
Mais, alors qu’il l’avait interrogé sur la joie que lui procurait le simple fait de repenser à eux, le chevalier remarqua qu’elle n’était toujours pas triste. Elle le regardait, et lui aussi. La réponse qu’elle lui apporta n’était pas celle qu’il attendait. Étonnamment, il se sentait plus attristé qu’elle. N’était-ce pas horrible de ne plus pouvoir espérer ceux que l’on chérit ? Mais elle allait de l’avant, elle. Là où Andran ne réussissait pas à faire le deuil de tous ceux qu’il a aimé et qui sont aujourd’hui décédés, Clémence, elle, y arrivait, même si elle n’avait pas la certitude que les siens étaient morts. Cette simple pensée lui fit baisser la tête, la mine assombrie. Au final, il craignait qu’elle soit triste mais c’est lui qu’il l’est maintenant. Il la releva légèrement après quelques instants.
« En tout cas, s’ils ont tous votre vivacité d’esprit, je pense qu’ils réussiront à s’en sortir, si ce n’est déjà le cas. » répondit-il.
"Surtout pas maintenant" ? Qu’est-ce qu’elle voulait dire par là ? Sous-entendait-t-elle qu’elle était heureuse à ses côtés ? Ou alors croyait-elle qu’elle aurait l’occasion de les revoir grâce à lui ? Cela lui redonna un peu de baume au cœur. Il ne lui avait pas offert le luxe ni un cadre idyllique, et pourtant elle arrivait à relever la tête face à toutes ses douleurs passées.
« Qu'entendez-vous par "surtout pas maintenant" ? » osa-t-il tout de même lui demander. Il avait gardé un ton sérieux, même s'il était dans le surjeu. Il connaissait sûrement la réponse, mais il voulait l'entendre de sa bouche.
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Ven 14 Juin 2019 - 15:18 | |
| Andran la regardait et elle le regardait aussi, bien qu’elle soutenait moins aisément son regard que lui apparemment. Il y avait quelque chose dans ses yeux qu’elle n’était pas capable de comprendre ou d’interpréter. Cela ne la dérangeait pas… ou pas vraiment. Seulement, ne pas savoir ce qu’elle décelait la perturbait un peu.
Les dernières paroles de la jeune femme eurent pour effet d’apporter plus de questions au chevalier que de réponses. Il ne semblait pas avoir compris de quoi elle parlait, ou bien il avait simplement un doute… Toujours était-il qu’il attendait visiblement un retour de sa part afin d’expliciter ses paroles. Elle prit un instant de réflexion, cherchant ses mots.
-Eh bien… Maintenant que je ne suis plus une esclave… Maintenant que je ne suis apparemment plus en danger. Et… Maintenant que j’ai quelqu’un sur qui compter… et auprès de qui je me sens bien et en sécurité.
Elle ne parvint à le regarder qu’une ou deux secondes de plus avant de revenir sur le buisson devant lequel ils étaient accroupis. Elle pensait qu’il avait compris tout cela… Il avait remarqué lui-même sa sérénité. N’en avait-il pas déduit le reste ? A moins que… Qu’il veuille l’entendre dire ce qu’elle venait de dire. Clémence se sentit soudain gênée et se leva, essayant de retenir une réaction trop brusque qui aurait parue suspecte. Elle reprit d’une voix qui se voulait malicieuse, bien que le tressaillement qui la trahit légèrement.
-Je crois que l’on pourra rester là aussi longtemps qu’on le voudra, cet arbuste n’a plus rien à nous offrir.
Elle regarda son panier. Il était déjà bien plein mine de rien. Myrtilles, framboises et groseilles formaient un beau mélange de couleur au milieu du rotin sombre.
-Je pense qu’il y en a assez. Vous avez tout ce qu’il vous faut vous aussi ?
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Ven 14 Juin 2019 - 22:18 | |
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Andran voyait un large sourire s'étirer sur son visage. Elle avait sauté pieds joints dans le petit piège qu'il lui avait tendu. Mais la réponse l'emplit de plaisir. Il s'en doutait, et cela n'enlevait rien au bien que procurait sa voix prononçant ces mots. Il était fier d'avoir réussi à les lui faire dire. Elle se sentait bien avec lui, et elle le lui avait dit. Maintenant, elle ne pourra plus dire le contraire. Leur relation allait au delà d'un chevalier protégeant une jeune femme, c'était un fait indiscutable désormais.
Quand elle se leva, il pensa qu'elle allait gentiment le taper. Mais elle ne fit rien. C'est vrai qu'ils étaient restés devant cet arbuste un bon moment. Les fruits ne pousseraient sûrement pas en deux temps trois mouvements. Le chevalier n'avait pas perdu son sourire, et il la regarda jusqu'à ce qu'elle lui demanda si elle en avait assez dans son panier. Il baissa la tête vers son panier rempli d'orties, de tussilages, de quelques châtaignes et de feuilles de chênes. Il était plutôt bien rempli. Il reposa ses yeux sur ceux de Clémence avec un sourire.
« Cela fera l'affaire. Nous pouvons rentrer, si vous le voulez. »
Ils firent quelques pas vers l'orée de la forêt, mais Andran s'arrêta quelques instants derrière Clémence, qui ne s'arrêta qu'après avoir remarqué qu'il avait stoppé sa marche. Il se mit devant elle, et lui sourit timidement. Il lui prit doucement le visage, colla son front sur le sien, avant de la regarder à nouveau.
« J'ai passé un très bon moment. Cela m'a fait beaucoup de bien. Merci, Clémence. Vraiment. »
Il lui lâcha le visage, avant de lui sourire à nouveau. Il fit reprendre leur marche jusqu'à la lisière de la forêt, puis remontèrent en selle. Ils dressèrent leur monture au trot jusqu'à l'entrée de la ville, avant de descendre et de marcher jusqu'au sanctuaire de l'Ordre. Ils sellèrent leurs chevaux aux écuries, et récupérèrent leur panier. Mais, Andran fut étonné de ne pas entendre un bruit. Pas un cliquetis, pas un mot plus haut que l'autre. Rien. En entrant dans la cour, il remarqua qu'elle était vide, avant de voir Reold et Terrance sortir de la salle à manger.
« Hé beh ! Vous voilà ! Vous en avez mis du temps ! » s'exclama le premier. « Pas tant que ça, hé ! Où sont les autres ? » demanda Andran. « Bah ! Ces bons-à-riens n'ont rien trouvé mieux que de partir à la chasse au chevreuil. Depuis qu'ils savent que Clémence va faire le gâteau, ils voulaient mettre la main à la patte… à leur manière. Ils sont revenus à l'instant avec un trésor plein le coffre. Ils sont en train de se laver. »
Andran haussa les sourcils avant de regarder Clémence d'un air joyeusement las. Il haussa les épaules et la convia à entrer avec les deux seuls chevaliers qui étaient restés toute la journée ici. Ils jouaient tout les deux aux échecs. Vu qu'ils étaient au calme, autant en profiter pour s'exercer l'esprit. Il ne restait que quelques coups à jouer pour que Terrance gagne la partie. Ils ne la finirent pas, car Reold s'approcha de Clémence.
« Je peux voir ce que vous avez cueilli ? » Elle lui montra le panier et il l'inspecta rapidement en hochant la tête positivement. Il semblait content du résultat. « C'est bien. Y a de quoi faire plus qu'un gâteau, la dedans. Il faudra penser à les laver. » « Hans est parti au marché chercher des épices et autres herbes aromatiques pour nous faire un plat aux oignons. » Terrance s'arrêta net, fier de son jeu de mot. Il avait fait un geste pour faire comprendre à ses interlocuteurs qu'il l'avait fait exprès. Il s'esclaffa avant de reprendre. « Il est revenu depuis un petit moment. Il est impatient. »
L'inquisiteur accompagna Clémence aux cuisines, saluant Hans et posant les paniers de fruits sur le sol. Le cuisinier regarda un peu les résultats. Il était ravi. Ils pourront faire un beau gâteau. Hans montra les animaux que les autres ont chassés pendant que Clémence cueillait les fruits avec Andran. Aujourd'hui, ils auront droit à un véritable festin. Il y avait trois beaux chevreuils à se partager, et Reold avait insisté pour que tout le monde soit là, Hans et Clémence compris. Le chevalier quitta les cuisines et salua les deux pâtissiers d'un clin d'œil.
Il sortit des cuisines et se dirigea vers les quartiers des chevaliers, suivi par Reold et Terrance. Quand il entra dans la salle de bain, tout le monde hurla et l'acclama comme un héros. Puis les questions et commentaires jasaient rapidement. Mais, compte tenu du moment très agréable qu'il a passé aux côtés de Clémence, il ne pouvait pas cacher son sourire et sa bonne humeur. Alors il raconta grosso modo ce qu'il s'est passé : ils ont beaucoup échangé, discuté de tout et de rien, puis ils sont rentrés. Andran avait encore à cœur de garder secrètes leurs conversations. Il le lui avait promis, et puis, dans le pire des cas, ce n'est pas à lui de le faire.
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Dim 16 Juin 2019 - 19:34 | |
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Alors que leurs regards se toisaient de nouveau après qu’il ait posé son front sur le sien, Clémence ne sut comment réagir et resta interdite quelques instants. Ce n’était pas la première fois qu’il lui prenait le visage de cette manière mais le contexte était alors différent. Il cherchait à la réconforter ce jour-là. Dans le cas présent, que voulait-il faire ? Que signifiait son geste ? Elle choisit d’arrêter de se poser tant de questions, comprenant qu’elle n’aurait pas les réponses, et lui répondit finalement d’un sourire avant de reprendre la marche à ses côtés.
Ils rentrèrent sans plus parler et laissèrent leurs montures à l’écurie. La métisse quitta Sessiz sur une dernière caresse et quelques mots réconfortants, lui promettant de revenir un peu plus tard. L’Ordre était étrangement calme. Pas un combat, pas un rire et pas une discussion pour emplir la cour de son en dehors des bruits provoqués par leurs pas sur le pavage. Ce ne fut qu’une fois au mess qu’ils croisèrent enfin quelqu’un et apprirent par la même occasion la raison de ce silence. La jeune femme se montra un peu embarrassée de savoir qu’ils étaient partis à la chasse suite à son initiative. C’était une façon de faire honneur à son premier essai culinaire en faisant de ce dîner un moment à part. Elle était gênée par le geste et désormais inquiète à l’idée de ne pas parvenir à faire son dessert. Cependant, son angoisse passa inaperçue aux vus de son attitude habituelle et elle se rendit en cuisine.
Hans et elle nettoyèrent les fruits et en profitèrent pour les trier et défaire les grappes. Le cuisinier proposa à son apprentie du soir de conserver les groseilles pour le lendemain.
-Nous pourrions en faire une gelée et faire des biscuits fourrés, qu’est-ce que vous en dites ?
Clémence ne connaissait pas du tout ce genre de douceurs mais était très curieuse et aussi ravie de voir un tel enthousiasme dans le regard de l’homme. Même si elle se sentait encore mal à l’aise, elle lui adressa un sourire sincère accompagné d’un hochement de tête. Cependant, ils auraient bien assez à faire pour ce soir entre le dessert et le gibier. Tandis qu’ils cuisinaient, ils reçurent la visite de plus d’un curieux affamé et attiré par l’odeur. Tout le monde était visiblement impatient. La jeune femme demanda si le Grand Maître serait là lui aussi. Elle avait à peine vu Markus depuis son arrivée… Mais le chevalier qu’elle interrogea ne sut pas lui répondre.
Le repas s’écoula dans une bien joyeuse humeur. Les chevreuils étaient délicieux, de même que les différents accompagnements de légumes qui avaient été imaginés pour les sublimer. Les discussions allaient bon train et Clémence -ne serait-ce que de part son attitude- se montra un peu moins introvertie que d’ordinaire. Moins recroquevillée sur elle-même. Elle sentait que la sortie avec Andran lui avait fait du bien, renforçant davantage la confiance qui régnait déjà entre eux et la mettant plus à l’aise dans sa relation aux autres. Les chevaliers lui posèrent de nouvelles questions, toujours intrigués par cette jeune femme dont ils ne savaient presque rien. Ils évitèrent soigneusement des sujets potentiellement compliqués ou douloureux comme la raison de sa présence en Péninsule. En revanche, le combat d’Andran contre les bandits qui la retenaient captive fut évoqué et elle laissa celui-ci répondre tandis qu’elle aidait à débarrasser la table. Après un aller-retour en cuisine où elle alla déposer une pile d’assiettes surmontée de couverts, elle fut rapidement interpellée par un Terrance des plus perplexes.
-Vous avez vraiment lancé un couteau sur l’un des bandits qui est tombé raide mort ?
Clémence resta interdite sur le moment avant de finalement hocher la tête. Elle n’était pas comme eux et ne relatait pas ses faits d’arme avec fierté… Il leur était facile d’imaginer qu’elle n’avait jamais tué personne auparavant et qu’elle n’en retirait aucun orgueil, même si elle l’avait fait pour venir en aide à leur ami alors en mauvaise posture. Cependant, le chevalier aborda la chose de façon détournée, car ce n’était pas tant l’assassinat qui l’intriguait que les capacités de la jeune femme.
-Je demande à voir !
Son enthousiasme fut bien vite suivi par d’autres membres de la tablée. La métisse chercha le regard d’Andran qui la rassura sans un mot. Elle baissa alors les yeux sur le chevalier qui se tenait assis juste devant elle et observa le couteau qu’il lui tendait avant de se décider à s’en saisir. On lui indiqua une poutre et un noeud qui s’y trouvait qui lui servirait de cible. Clémence se mit en place et regarda le point qu’elle devait viser. Mais c’était… trop simple à ses yeux. Alors, elle se dirigea vers une corbeille de fruits qui était toujours à disposition dans la salle et prit une pomme. Elle la lança à Andran, non sans déjà faire preuve d’une certaine précision.
-Lancez-la sur ma trajectoire.
Ceci fait, elle revint à sa place et fit signe dès qu’elle se trouva prête. L’Inquisiteur lança le fruit et Clémence son couteau… Celui-ci alla se planter dans la pomme avant d’aller se ficher dans le noeud qui était sa cible depuis le départ. Clémence resta là, sans bouger, le ventre noué, n’osant pas se tourner vers les chevaliers dont elle attendait la réaction. Elle espérait qu’ils ne lui demanderaient pas où elle avait appris ce tour. Elle savait que les saltimbanques étaient plutôt mal vus dans la région à cause de l’affiliation qu’on leur attribuait à Arcam. Elle n’avait été l’une des leurs que par la force des choses et ne voulait pas leur être associé...
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Dim 16 Juin 2019 - 22:38 | |
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Alors que Clémence et Hans préparaient le repas de ce soir avec le fruit des cueillettes et de la chasse, les chevaliers dans l'attente, se décidèrent d'improviser un petit tournoi d'échecs. Quitte à déterminer le meilleur combattant, pourquoi ne pas faire de même pour le meilleur stratège ? Cette soirée fut moins encline à des haussements de tons, même si l'humeur était chaleureuse. Elle laissait place à des huées quand un joueur ratait un coup, où à des acclamations quand un joli coup venait d'être opéré. Cette fois-ci, c'est Reold qui s'imposa face à tout le monde. Terrance termina deuxième et Eljer troisième face à Angirv, quatrième.
Une fois le tournoi terminé et l'heure du repas approchant à grands-pas, les chevaliers rangèrent le jeu et dressèrent la table. Ormer était parti voir comment les cuisiniers s'en sortaient, et il revint en disant qu'ils allaient sûrement bien manger ce soir. Et, comme promis, tout le monde était de la partie. Le personnel d'entretien, les cuisiniers… seules les hautes-têtes étaient absentes pour ce repas fort en convivialité.
Le cas de Clémence fut remis sur la table et de nombreux chevaliers lui posèrent des questions, sur elle-même puis sur le jour où Andran est venu lui sauver la vie. Certains se souvenaient des mots de leur inquisiteur avouant bien que Clémence lui avait sauvé la vie. Alors les détails furent évoqués, y compris le lancer de couteau magistral que l'estrevine avait réalisé pour tuer l'un des bandits. Sans attendre, Reold, Terrance et Angirv voulaient faire prouver la véracité de cette histoire. Le deuxième appela alors Clémence pour qu'elle fasse une démonstration.
Alors les marcheurs austères ne trouvèrent rien de mieux que d'attacher une corde sur une poutre pour marquer la cible. Andran lui fit un petit clin d'œil pour l'encourager. Qu'avait-elle à perdre, après tout ? Donc elle se positionna à l'endroit désigné par les chevaliers, et prit le couteau tendu par Angirv. Mais, sans que personne ne sache pourquoi, elle prit une pomme dans une corbeille sur la table, et l'envoya à son protecteur, en lui demandant de la lancer entre elle et la cible. Il ne comprenait rien, mais il s'exécuta et, d'un geste fulgurant, elle lança son couteau, qui se ficha dans la pomme avant de se planter sur le nœud. Pendant un instant, tout le monde resta bouche bée. Évidemment, les questions jasèrent ensuite.
Clémence avoua qu'elle avait fait partie d'une troupe de saltimbanques. De toutes façons, Andran savait que la vérité finirait par éclater. Cela dit, il était partagé entre la vérité qu'il devait à ses frères d'armes, et sa promesse envers Clémence. Tous commencèrent à s'en prendre à l'inquisiteur. Évidemment, ils ne connaissaient les détails, mais l'estrevine l'autorisa d'un geste à tout dire quand son protecteur la regarda. Il se leva sans un mot et se mit devant elle. Il s'était douté que la soirée finirait ainsi dans tout les cas.
« Je serai toujours avec vous, sachez-le. » lui chuchota-t-il.
D'un geste, il demanda le silence, s'apprêtant à raconter toute l'histoire. « Je ne vous ai pas dit la vérité car je le lui ai promis de ne pas parler de son passé sans qu'elle n'y consente. » déclara Andran, qui voyait bien que Clémence était éhontée.
« Clémence était une esclave de sa troupe de saltimbanques. Les bandits ont massacré sa troupe, et je lui ai porté secours car notre devoir nous ordonne d'aider ceux qui en ont besoin. » Il expira devant les chevaliers qui se regardaient entre-eux, désemparés et dans l'incompréhension totale.
« Je n'ai pas hésité à l'aider, à lui offrir une vie saine, loin de l'esclavage et d'Arcam et des choses horribles qu'elle a vécu. Alors j'ai suivi la voie de la chevalerie, je lui aère l'esprit et je l'aide à se relever de tout cela. Et vous savez tout autant que moi que la traîner hors d'ici est contraire à notre serment. »
Andran avait pris un ton presque autoritaire. Reold se mit devant lui, le visage fermé, presque coléreux. Il a toujours réprouvé l'esclavage, et il savait, au fond de lui, que son ami avait des intentions louables, si ce n'est chevaleresques. Et il avait tenu sa promesse, et, aux yeux d'Othar autant que de la chevalerie, cela était une preuve de fidélité.
« Ce qui me fait le plus mal, c'est que tu as sûrement cru à un moment que nous réprouverions de sauver une esclave qui n'a jamais voulu tout cela. Sinon, tu ne lui aurais pas promis de garder le silence. » Que la maître finit par dire. « Son passé est douloureux. Je voulais simplement qu'elle relève la tête pour qu'elle puisse en parler comme si ce n'était qu'un lointain souvenir. Entre le culte et la chevalerie, j'ai fait mon choix. » « Une esclave, une nécessiteuse, ta promesse, et une saltimbanque qui ne l'est plus. Tu as suivi ton serment à la lettre. Exception faite de ta promesse, j'aurais sûrement fait pareil à ta place, et je ne suis pas le seul. Il est regrettable que tu aies gardé le silence sur tout ceci, nous pensons tous ainsi. » « Je suis désolé. » « Assez. Qu'elle reste. Le passé est le passé. Maintenant, elle n'est ni une esclave, ni du culte d'Arcam. Mais plus de cachoteries, c'est clair ? Quelqu'un a-t-il quelque chose à rajouter ? »
Le silence s'installa. Certains, comme Terrance et Hermann, reconnurent facilement qu'ils l'auraient aidé comme leur inquisiteur. D'autres regrettaient toujours qu'Andran ait gardé le silence sur cette histoire. Au moins, maintenant ils savaient pourquoi il leur avait dit d'éviter d'évoquer son passé, et pourquoi elle était si mal à l'aise avec eux. Finalement, tous comprirent qu'Andran avait fait preuve de chevalerie, et tous se rallièrent derrière son choix guidé par la morale de la chevalerie. Certains de ses frères eurent même quelques mots réconfortants pour Clémence, lui souhaitant un bon courage pour se relever de son passé. Andran emmena sa protégée jusqu'à ses quartiers.
« J'aurais voulu que tout ceci ne se fasse autrement, mais si je vous avais interdit de lancer ce couteau, ils auraient compris que je cachais quelque chose. D'un autre côté, nous n'avons plus rien à cacher, et certains ont compris mes choix. Ceux qui vous auraient laissé pourrir dans un caniveau ne sont pas des chevaliers. Allez-vous coucher, maintenant. Vous avez besoin de vous reposer après ce moment terrible. Bonne nuit, Clémence. »
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
Le lendemain, le chevalier se réveilla à l'aube, comme toujours et comme les autres chevaliers. Mais la faim n'était pas sa première préoccupation, mais, s'il en croyait ce qu'il entendait de ses frères d'armes, le sujet Clémence était clos. Andran remercia ses frères, fier et ravi de savoir qu'ils le comprenaient. Tous savaient qu'ils lui auraient porté secours et l'auraient aidé jusqu'à ce qu'elle soit plus ou moins tranquilles. Et puis, avec le recul, ce n'était pas un choix personnel. Elle y avait été contrainte, et c'est un détail qui faisait la différence. Alors il demanda à Terrance de faire livrer un petit-déjeuner pour lui et Clémence dans sa chambre, avant de s'y diriger. Il remarqua qu'elle était levée, habillée, en train de lire une lettre. Visiblement, cela lui était difficile. Mais il tenait à la rassurer.
« J'ai discuté avec les autres, il n'y a plus de problèmes concernant nos cachoteries. Tous ont finalement accepté ma décision… sûrement parce qu'ils savent que j'ai agi selon mon devoir et que tout ceci n'est pas de votre volonté. » dit-il d'une voix qui se voulait rassurante.
Il s'approcha d'elle, et lui serra les épaules pour l'encourager, avant de lui prendre les mains pour faire pareil. En posant les yeux sur la lettre, il remarqua que son nom était écrit sur la lettre et elle ne l'avait pas ouverte. Le chevalier se souvint alors des mots qu'ils avaient échangés sur tout cela il y a plusieurs jours maintenant.
« Mais, vous ne m'aviez pas dit que vous ne saviez plus lire ? Remarquez, je pourrais essayer de vous ré-apprendre à lire et écrire ? Je ne sais pas si je suis un bon professeur, mais cela aura au moins le mérite de nous changer les idées après la soirée d'hier. »
Andran lui prit délicatement la lettre, reconnaissant l'écriture de son frère. Son aîné ne lâchait pas l'affaire : il voulait retrouver le lien fraternel de leur plus tendre enfance. Drôle de coïncidence de recevoir une lettre de sa part alors qu'il a parlé de lui la veille. Rien qu'en y pensant, le chevalier étira un léger sourire.
« Qu'en pensez-vous ? »
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 18 Juin 2019 - 11:29 | |
| Et les craintes de Clémence prirent soudainement vie alors que les questions fusèrent pour savoir où elle avait appris à lancer les couteaux avec une telle précision. Elle aurait pu inventer une histoire, dire que c’était son père ou l’un de ses frères… Mais elle ne voulait pas leur mentir. Arcam le menteur l’appelaient les péninsulaires… Elle n’aurait fait que leur donner raison le jour où cela se serait su. Alors, elle dit la vérité. Elle n’osait même pas les regarder, ses mots étaient hésitant car elle ne voulait pas les prononcer. Elle pressentait déjà l’orage arriver. -Je… J’étais dans une troupe de gens du spectacle…Ces quelques mots firent scandales et le ton monta aussitôt dans la salle à manger. Elle ne les voyait pas, incapable de tourner son regard vers eux, mais elle pouvait sentir leur colère et leur désapprobation jusque là où elle se tenait. Contrairement à quoi elle s’attendait, ce fut Andran qui reçut le plus de réflexions et de questions. Les chevaliers supportaient bien plus difficilement son non-dit que celui de la jeune femme. Cependant, elle savait ce qu’elle risquait si jamais ils n’acceptaient pas la nouvelle… Et cela équivaudrait à la mort en définitive. Finalement, elle tourna enfin son visage vers l’assemblée et ce ne fut que pour croiser le regard de l’Inquisiteur. Elle était morte de peur… Et elle lut dans ses yeux la question silencieuse qu’il lui posait. Il n’y aurait qu’une seule chose qui pourrait la sauver. Elle avait commencé son aveu et devait aller jusqu’au bout… Mais elle ne pouvait pas. Andran n’avait découvert tous ses secrets que grâce à tous les efforts qu’il avait fourni pour la mettre en confiance. Et puis, c’était à lui qu’ils en voulaient… Alors, elle ferma les yeux, une larme perlant sur sa joue. Puis elle hocha la tête pour lui donner la permission de révéler tout ce qu’il jugerait nécessaire. Même si mentionner ne serait-ce qu’un fragment du mystère laisserait sous-entendre tout le reste. Le bouhaha perdura encore un moment lorsqu’elle réalisa que quelqu’un se tenait devant elle. Elle rouvrit les yeux et trouva à nouveau le regard d’Andran qui lui assura qu’elle pourrait toujours compter sur lui quoi qu’il arrive. Puis il réclama le silence et, lorsqu’il se fit, Clémence sentit ses jambes céder sous elle. Elle se laissa tomber sur le banc qui se trouvait juste derrière elle, vestige du tournoi d’échec, le dos à moitié tourné vers la tablée qui se trouvait à quelques mètres derrière. La journée avait été si belle… Et il lui semblait soudain que tout s’écroulait. Craindre le futur plus que le passé. Et son futur se jouait à l’instant même. Durant de longues minutes, Andran fut le seul à parler. Clémence n’arrivait pas à se retourner pour voir les visages des chevaliers. Elle avait peur d’y lire leur colère ou leur pitié en fonction de la façon dont ils percevraient son histoire. Finalement, d’autres pas s’approchèrent et elle reconnut la voix de Reold. Son ton était si dur... Elle comprit à l’instant qu’il approuvait le choix de son ami de venir en aide à une esclave mais il percevait son silence comme une trahison. Quelques explications plus tard, la jeune femme était définitivement acceptée parmi eux mais elle savait que les choses ne seraient plus comme avant... Dire qu’elle commençait seulement à se sentir bien… Quelques mots lui furent adressés et elle répondit d’un simple “merci” mais le malaise était bien là désormais… Peut-être Andran l’avait-il perçu car il la raccompagna et, tandis qu’elle sortait, tous purent voir les larmes qui avaient silencieusement coulées sur ses joues qu’elle chassa d’un revers de la main. L’Inquisiteur la laissa seule. Ses mots se voulaient rassurant mais ils n’obtinrent que bien peu d’écho. Elle qui peinait tant à se détendre en compagnie des autres chevaliers aurait à présent du mal à supporter leurs regards compatissants. Celui de l’Inquisiteur lui semblait si différent… ~~~~~~~~~~~~~~~~~ Clémence dormit très peu cette nuit-là. Elle revécut en boucle la soirée, comme si le reste de la journée n’avait pas excité… Le réveil fut donc difficile et rendu possible uniquement du fait de l’agitation habituelle qui régnait dans le dortoir d’à côté. Elle s’assit sur le lit, se frottant les yeux asséchés par la fatigue. Elle se lava et s’habilla. Elle retira les draps afin de les changer, posant les sales sur la chaise du bureau. En les reprenant, elle entendit quelque chose de léger tomber sur le sol. Elle baissa les yeux et découvrit une lettre cachetée sur le pavé. Elle reposa le linge et se baissa pour la ramasser mais, au lieu de simplement la reposer, elle s’arrêta sur les mots qui étaient inscrits sur le papier. Elle les effleura du doigt, suivant les courbes des lettres. La calligraphie et l’alphabet n’étaient pas les mêmes que ceux qu’elle connaissait. Elle reconnut quelques caractères et les énonça dans sa langue et à voix haute. Andran entra à ce moment-là et elle ne chercha pas à lui cacher ce qu’elle avait dans les mains. Elle n’avait rien fait de mal, elle n’avait pas ouvert et n’en avait pas l’intention. Et puis, elle saurait à peine lire sa propre langue, alors la sienne… Elle la déposa simplement sur le bureau tandis qu’il faisait de même avec le plateau qu’il tenait dans les mains. Cela lui rappelait ce matin à l’auberge… Et elle étira un sourire triste mais attendrit par son geste. Elle accueillit la nouvelle de l’acceptation des chevaliers d’un simple hochement de tête. Cela ne changerait rien aux regards qu’ils poseraient désormais sur elle mais au moins elle avait confirmation qu’elle ne serait pas jetée dehors. Elle conserva ses mains dans les siennes quelques instants, les serrant comme si elle y cherchait elle-même ce réconfort qu’il voulait lui donner. Puis elle prit une grand inspiration et expira par le nez pour tenter de chasser son anxiété. Son visage sembla se détendre quelque peu, même s’il était encore loin de la sérénité qu’elle affichait la veille dans la forêt. Finalement, Andran tourna son attention sur la missive qu’elle reprit dans les mains pour en étudier de nouveau les traits qui y étaient dessinés. -J’essayais de reconnaître les lettres mais vous n’écrivez pas comme nous… Et je ne suis pas sûre que nous utilisions le même alphabet. Elle lui tendit le parchemin, baissant les épaules, signe d’abandon. Je ne sais pas ce qui est écrit.L’Inquisiteur lui proposa alors de lui réapprendre à lire et à écrire et Clémence se montra un peu interdite devant son offre. Non pas qu’elle hésitait mais elle ne s’y attendait pas et ne sut comment réagir sur l’instant. Lorsqu’il releva les yeux vers elle, elle répondit à sa question par un sourire plus sincère et plus joyeux que le précédent, quoi qu’encore un peu timide. -J’aimerais beaucoup… Avoua-t-elle enfin. Puis, elle désigna la lettre et demanda avec une petite hésitation. Qu’est-ce qui est écrit ?Si ces mots étaient inscrits à l’extérieur de la missive, c’était que l’information ne devait pas être confidentielle. Andran lui lut les quelques mots qui n’étaient autre que le destinataire et le lieu où porter le courrier. Puis il se plaça à côté d’elle pour lui désigner les lettres et lui expliquer les sons que cela formait. Elle sentit son coeur se pincer légèrement en réalisant que le mot qu’elle avait effleuré des doigts un peu plus tôt n’était autre que le prénom de l’Inquisiteur… C’était étrange que ce soit le premier mot qu’elle tente de déchiffrer depuis des années. Après avoir retiré le linge sale de la chaise pour le mettre sur le lit, ils s’installèrent ensuite pour manger, la lettre posée non loin. Clémence la regarda beaucoup, les explications d’Andran en tête. L’orthographe péninsulaire était très différente de celle de l’oliyan. Il y avait des accents qu’elle ne connaissait pas et se demanda s’il y avait une raison. Elle trouva la position d’une apostrophe un peu étrange comparé à l’usage dont elle se souvenait très vaguement… Une fois le repas terminé, le chevalier commença à débarrasser et elle l’arrêta en posant une main sur les siennes. -Laissez. L’entraînement a dû commencer, vous devriez les rejoindre. Je vais m’en occuper. Elle le sentit hésitant, sans doute ne voulait-il pas la laisser après ce qu’il s’était passé la veille. Je vais bien. Lui assura-t-elle. Elle était sincère. Moins assurée qu’auparavant mais sincère. Il ne pouvait pas passer son temps à prendre soin d’elle. Il lui avait déjà consacré une bonne partie de sa journée de la veille, il ne pourrait pas le faire tous les jours. Il avait ses devoirs à remplir, des obligations à honorer… Elle l’avait compris et accepté. -Et puis, j’ai du travail. Ajouta-t-elle en montrant ses draps sales en boule sur sa couche. Durant les jours à venir, elle devait laver le linge de lit de tout le monde. Cela avait été convenu la veille avant leur sortie et elle n’avait pas oublié malgré les derniers évènements.
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| | | Andran Straggen
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 18 Juin 2019 - 15:15 | |
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Clémence était encore marquée par la soirée de la veille. Il y avait de quoi, car elle en avait été obligée de balancer son passé comme si de rien n'était. Mais, ils étaient forcés de passer par là à un moment ou un autre. Au moins, tout était dit. Ni lui, ni elle n'auront à se cacher plus longtemps. Et son passé ne changeait rien à ses yeux.
Andran décacheta la lettre et la lut sans rien dire. Le contenu devenait prévisible, à force. Impassible, le chevalier reposa la lettre devant Clémence, à côté du plateau pour le petit-déjeuner. Après avoir mangé, il lui expliqua la calligraphie nordienne : la formation des lettres, la ponctuation… les choses primordiales quand on apprend à écrire, en somme. Le mot qu'elle avait vu et essayé de lire sur la lettre n'était autre que le nom de son protecteur. Le chevalier ne connaissait pas l'olliyan, donc il ne savait pas vraiment s'il y avait des similitudes entre les deux dialectes. Finalement, il n'avait pas hésité à dévoiler le contenu du courrier. Elle savait que son frère aîné cherchait à renouer le contact, et cette lettre ne faisait que le lui prouver. Cela dit, il ne l'avait pas dicté. Cette lettre était un bon moyen pour lui apprendre la langue, la syntaxe ou la grammaire. Reynard avait une écriture simple et un langage assez courant. Andran, lui, était plus soutenu dans ses mots, tout comme Reold, Markus, ou même Hendre.
Alors qu'il avait plus ou moins terminé la leçon, il commença à débarrasser le tout avant d'être interrompu par Clémence elle-même. Il fronça les sourcils quand elle lui affirma aller bien et qu'il pouvait la laisser seule. Pourtant, il était persuadé du contraire. En temps normal, il l'aurait laissé sans rien dire. Cependant, aujourd'hui, il ne put s'y résigner. Il inspira et expira rapidement.
« Je… D'accord. » finit-il par accepter. « Tout cela a été éprouvant pour moi aussi, même si ce n'est pas comparable avec votre ressenti. Sachez que rien n'a changé entre eux et vous. Vous n'avez pas à les craindre plus qu'avant. C'est à moi qu'ils en veulent le plus. Vous n'avez absolument rien à vous reprocher. » déclara le chevalier d'une voix assez basse. « Je ne veux pas que tout ce que vous avez accompli jusqu'à aujourd'hui ne soit vain. » Andran lui prit doucement le visage par les joues, avant de coller son front sur le sien. Il aimait faire cela. Il se sentait véritablement protecteur, comme un père protégeant sa fille. Ou comme un ami apportant du réconfort à un autre ami. « Et je veux revoir le visage radieux que vous aviez hier après-midi. » continua-t-il d'un ton presque mélancolique. Il avait peur de se montrer maladroit en voulant lui apporter du réconfort, mais elle le comprendrait peut-être dans sa démarche. « Ce n'était qu'un mauvais moment à passer, et tout rentrera dans l'ordre d'ici quelques jours, si ce n'est quelques heures. »
Andran lâcha le visage de la jeune femme avant de lui redresser une mèche derrière son oreille. Le chevalier savait que tout cela l'avait affaiblie, éhontée, attristée. Mais il était toujours là pour la soutenir. Alors, cette fois-ci, il prit l'initiative de la prendre dans ses bras, l'enlaçant ni trop doucement ni trop fortement. Juste assez pour lui montrer toute l'affection qu'il lui portait. Il posa sa tête sur celle de la jeune femme qu'il serrait à son épaule. Il avait le nez empêtré dans ses beaux cheveux de jais, humant agréablement son parfum exotique. Avec sa main droite il tenait le haut de son dos, et de sa main gauche, il lui caressa doucement la tête. Il n'aurait jamais cru autant s'attacher à une personne comme elle. Elle venait de loin, elle avait vécu une vie de calvaire, et elle avait tout de l'ennemi d'Othar par son passé. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à ce qu'on lui fasse du mal ou à l'abandonner. Elle est la seule femme que le chevalier a osé défendre devant ses frères d'armes… et probablement la seule qu'il défendra ainsi d'ici un paquet d'années. Il l'enlaça pendant un long moment sans desserrer ni resserrer la prise. Lorsqu'il lâcha prise, Andran lui baisa longuement le front avant de planter ses yeux dans le regard de sa protégée.
« Ne baissez pas la tête. Soyez forte, brave, valeureuse et courtoise comme vous l'avez toujours été et comme vous le serez probablement toujours, et alors tout se passera bien. »
Après lui avoir étiré un dernier sourire, le chevalier quitta la pièce en laissant les couverts sur le bureau. Il espérait sincèrement qu'elle se sentirait mieux, et que ce moment lui fut réconfortant. Ce moment de tendresse lui avait fait du bien, à lui. Mais il savait qu'il ferait vite la paix avec ses frères d'armes, même les plus déçus. Dans toutes fratries, des conflits éclataient. L'Ordre n'y échappait pas. Il avait traversé de nombreux conflits, et s'en était sorti plus fort à chaque fois.
Une fois à la cour, il remarqua que l'entrainement n'avait pas commencé, mais que l'humeur était légèrement plus tendue. Moins qu'hier soir, mais plus que les précédents jours. Néanmoins, l'entraînement se passa sans heurts. Pas de dispute, pas de mots plus hauts que l'autre. Cela voulait dire que la situation s'était bien apaisée, et Andran ne pouvait pas ne pas être content. Après l'entraînement, ils échangèrent comme si rien ne s'était passé, même si le sujet Clémence revint vite sur la table. Mais cette fois, la discussion se déroula dans le calme, chacun exposant son ressenti calmement. Finalement, le tout s'acheva sur une réconciliation, malgré le ton amical de “ne nous refais pas un coup pareil, Andran”. Cela avait été dur, pour lui, de garder le secret si longtemps. Il voulait le dire à Reold, car il avait une grande confiance en lui, mais une promesse était une promesse, et, bon an mal an, tout le monde le comprit. Il était rassuré.
L'heure du repas approcha, et le déjeuner se déroula dans une humeur plus chaleureuse encore. Clémence n'était pas là, donc la gêne que sa présence pourrait désormais causer n'était pas de mise. Cela dit, les chevaliers étaient déjà compatissants à son égard quand elle était arrivée… rien n'allait réellement changer aujourd'hui. Hermann essaiera toujours de la séduire, si les rumeurs sont vraies, tandis que d'autres essaieront simplement de faire le minimum pour qu'elle se sente bien. Une fois le repas terminée, les chevaliers s'offrirent un moment de détente autour de quelques jeux de cartes. Alors que Clémence s'était isolée un peu plus loin pour manger, Reold l'invita à venir avec eux pour partager une ou deux parties. Andran l'encouragea à essayer : elle n'avait rien à perdre, après tout. Elle accepta donc s'installa avec eux, et l'inquisiteur et Hermann lui expliquèrent les règles simples de la bataille. Elle fit une partie, avant de se lever pour s'en aller. Mais, alors qu'Eljer insista pour qu'elle fasse une autre partie, Reold stoppa Eljer et dit à Clémence de s'en aller, qui semblait fatiguée. Une fois l'estrevine partie, ils passèrent de longues minutes à jouer à la bataille. C'était simple, calme, convivial, et presque compétitif. Seuls quelques jurons furent prononcés lorsqu'un joueur se frustra d'avoir perdu. Rien de bien méchant, en somme.
Après ce jeu de cartes qui raviva la chaleur et le bien-être entre les frères d'armes, Andran partit retrouver Clémence dans sa chambre pour continuer la leçon qu'il avait entamé le matin-même. Le simple fait de la revoir le fit sourire légèrement. Il laissa la porte presque fermée derrière lui et se mit à côté de sa protégée, assise sur le bureau. Même s'il n'avait pas caché aux autres qu'il lui apprenait leur langue, il aimait bien ses moments d'intimité avec elle. La réciproque semble tout aussi avérée si la journée d'hier n'était pas un leurre.
« Vous allez mieux ? Vous êtes prête ? » demanda-t-il gentiment. « Dans ce cas… » dit-t-il avec un ton malicieux, en sortant un parchemin vierge d'un des tiroirs du bureau. « Avant de continuer, j'aimerais être sûr que vous avez retenu la leçon de ce matin. On va faire une petite épreuve, je vais écrire une série de lettres sur ce parchemin, et vous devrez les reconnaître. Ensuite, je vous apprendrai à les écrire… si vous vous débrouillez. »
Andran gardait son sourire chaleureux. Il écrivit une quarantaine de lettres sur le parchemin, alternant irrégulièrement entre majuscule et minuscule. Une fois ceci fait, il posa le parchemin sur le bureau, et il se positionna derrière elle pour suivre la lecture.
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| | | Sauveur Hadjaoui
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 18 Juin 2019 - 20:19 | |
| Andran sortit et Clémence resta plantée là un moment à fixer la porte par laquelle il avait disparu. Que venait-il de se passer au juste ? Le chevalier lui semblait si différent tout à coup. Jusqu'alors, il avait toujours pris grand soin de garder un peu ses distances... Enfin, jusqu'à leur sortie en définitive. Depuis, elle le trouvait de plus en plus changé. Il se rapprochait physiquement, entrait de plus en plus aisément en contact avec elle. D'abord les épaules, puis les mains, suivi du visage... Et maintenant cette étreinte. Ce baiser dans ses cheveux... Essayait-il juste de se montrer bienveillant et paternel ?
Elle replaça une mèche derrière son oreille et réalisa qu'elle s'y trouvait déjà. Oui, il avait fait cela aussi...
Est-ce que... leur relation avait dépassé le cadre du chevalier et de sa protégée ? Ce qu'il venait de faire était assez inédit pour elle. Personne ne lui avait témoigné autant de tendresse depuis qu'elle avait été séparée des siens mais elle savait cependant reconnaître des gestes d'affection lorsqu'elle en voyait. Il l'appréciait, il le lui avait dit, mais c'était la première fois qu'il se montrait aussi démonstratif avec elle. Presque tendre...
Clémence agita sa tête de gauche à droite pour chasser certaines pensées de son esprit. Elle ne voulait pas commencer à se faire des idées et s'activa pour ne plus réfléchir à la question. Elle débarrassa la table et rapporta le plateau en cuisine où elle fit la vaisselle. Puis elle alla chercher une panière et récupérer ses draps toujours en boule sur son lit. Tous les chevaliers avaient fait de même, laissant leurs linges de lit sur leurs couches et il lui fallut pas moins de trois panières pour tout porter jusqu'au lavoir. Là, elle trempa le tissu dans de l'eau savonneuse et s'attacha à les laver avec soin. Cela faisait beaucoup de linge et la matinée n'y suffit pas pour terminer son ouvrage. Se faisant, elle ressassa sans le vouloir sa discussion avec Andran et vécut à nouveau chacun de ses gestes, de plus en plus convaincue qu'il s'agissait de marques d'affection. Le soleil s'élevant dans le ciel, elle commençait à avoir bien chaud à frotter le linge et à le battre avant d'aller l'étendre. Elle entreprit donc de s'attacher les cheveux mais, au lieu de se faire une queue de cheval toute simple, elle divisa sa chevelure en trois et se fit elle-même une tresse assez large qui dégageait son visage et ses épaules de manière un peu moins brouillon, la préservant de la chaleur au passage. En dehors des spectacles de danse, cela faisait longtemps qu'elle n'avait plus vraiment fait attention à son apparence... Mais, là, elle avait envie d'être un peu plus soigneuse sans vraiment savoir pourquoi. La jeune femme reprit son travail de plus belle. Son esprit toujours préoccupé se tourna vers le mess où les chevaliers se dirigeaient pour le déjeuner. Elle aperçut l'Inquisiteur qui ne la vit pas. Rien d'anormal vu l'endroit où elle se trouvait mais cela la plongea un peu plus encore dans ses réflexions au point de se montrer assez distraite... Battant le tissu pour l'essorer, elle en oublia sa main qui se trouvait en-dessous. Sa chance fut que -l'esprit ailleurs- elle frappait moins fort que d'ordinaire et une masse de drap se trouvait entre elle et le lavoir... Elle lâcha le battoir et saisit aussitôt sa main contre elle, retenant son cri. Après quelques instants, la douleur passa en grande partie et elle regarda ses doigts. C'était son pouce qui avait pris surtout mais elle pouvait le bouger. Il n'était ni cassé ni tordu, elle aurait seulement un beau bleu. Plus de peur que de mal.
Clémence acheva sa tâche, un peu plus concentrée désormais. Lorsqu'elle eut fini, elle alla se trouver quelque chose à manger. La plupart des chevaliers était encore dans le mess, à jouer aux cartes. On lui indiqua que Hans avait mis une assiette froide de côté ainsi qu'un morceau de pain frais et une part des gâteaux faits la veille et dont il restait encore de quoi faire pour ce midi. Elle eut un sourire certes timide mais sincère en réponse puis alla en cuisine trouver son repas. Debout devant son plateau, elle eut une hésitation. Son ventre noué lui hurlait de s'isoler en restant là ou en allant dans sa chambre mais sa raison lui commandait une toute autre voie. Se mettre à l'écart ne l'aiderait pas à aller mieux... Elle avait fait l'effort de ne pas s'enfermer dès le premier jour en visitant les lieux et en étant présentée à tout le monde, elle ne pouvait pas faire marche arrière maintenant... Alors, elle prit son plateau et alla s'installer dans la salle à manger. Elle déjeuna en compagnie des chevaliers, laissant une place libre entre elle et eux mais elle observa leur tournoi. Clémence ne connaissait pas ce jeu ni ses règles mais elle ne mit pas très longtemps à comprendre. Le chiffre le plus grand battait le plus petit puis venaient les figures dont les noms étaient assez évocateurs de leur force. Seul le un -qu'ils appelaient "l'as"- avait un statut particulier qui lui permettait de gagner sur toutes les autres cartes. Et lorsqu'ils faisaient une égalité, ils se départageaient en tirant une carte face cachée et une ouverte face découverte jusqu'à ce que l'un de deux gagne. Finalement, Clémence se leva et rapporta son plateau en cuisine. En faisant la vaisselle, elle remarqua l'empreinte laissée par le coin du battoir dessinée en violet sur son pouce. Elle n'avait toujours pas mal en le bougeant, ce qui confirmait ses premières observations. Ce n'était qu'un bleu. Lorsqu'elle ressortit, Reold l'invita à se joindre à eux. Elle se trouva très mal à l'aise devant sa proposition et commença par refuser, prétextant n'y avoir jamais joué. Plusieurs chevaliers insistèrent et même Andran l'encouragea à sa manière. La jeune femme hésita puis, dans un soupir anxieux, elle accepta au bout du compte. Yon lui céda sa place face Hermann. Elle s'installa, dissimulant sa main gauche sous la table pour jouer uniquement avec sa main droite, et écouta le jeune homme et l'Inquisiteur lui expliquer brièvement les règles. Elle les prit parfois de court en finissant leur phrase à leur place. A force d'observation, elle avait très bien assimilé les principes du jeu. La partie commença. Certains coups la faisaient hésiter mais on n'hésita pas à lui rappeler les forces des cartes au besoin. Elle perdit mais c'était surtout un jeu de hasard en définitive. On lui proposa une autre partie et elle déclina une nouvelle fois. Eljer commença à insister, réclamant une manche contre elle mais Reold vint en aide à la jeune femme pour lui offrir une échappatoire.
-Allez vous reposer, Clémence. Vous avez l'air d'en avoir besoin.
L'estrevine releva les yeux vers le Maître de l'Ordre, à demie interloquée par son geste et l'attention qu'il lui témoignait. Il était facile de deviner qu'elle n'avait pas passé la meilleure nuit qui soit et elle travaillait encore lorsque tout le monde était venu manger. Elle se sentait effectivement fatiguée mais elle ne pensait pas que cela se voyait tant que cela... Après quelques secondes, elle hocha la tête en guise de remerciement puis se leva et retourna dans sa chambre. Elle s'allongea sur son lit aux draps propres et s'endormit assez vite. Elle ne se réveilla que peu de temps avant la fin de la dernière partie de cartes mais elle demeura encore un peu allongée, ne se levant finalement que lorsqu'Andran vint frapper à sa porte. Elle observa son sourire et constata sans mal sa bonne humeur, comme s'il était heureux de se trouver simplement là. A moins que ce ne soit les duels de bataille qui l'aient à ce point égayé ? Elle répondit à ses deux premières questions d'un simple hochement de tête avant que ses lèvres ne s'étirent doucement elles aussi. Elle détailla son air malicieux tandis qu'il sortait de quoi écrire afin d'y tracer un grand nombre de lettres. Si elle fut surprise au départ, elle comprit assez vite qu'il ne s'agissait pas simplement de l'alphabet... Il avait mélangé minuscules et majuscules afin de lui tendre quelques pièges. Elle reconnut assez aisément les lettres qui formaient le prénom de l'Inquisiteur ainsi que son nom. Quant aux autres, ce fut un peu plus difficiles. Cette petite leçon lui rappelait ses cours avec Cléore et quelques détails lui revenaient mais cela lui serait inutile pour apprendre à lire et écrire le péninsulaire. Elle constatait de plus en plus à quel point leurs langues étaient différentes mais cela ne semblait pas la décourager. Elle avait envie d'apprendre de nouveau, de retrouver cette connaissance qu'elle possédait avant l'esclavage, avant les mauvais traitements et avant les danses privées. Elle ne rechignerait pas à fournir les efforts dont elle essaya de faire preuve dès le premier exercice.
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| | | Andran Straggen
Humain
Nombre de messages : 439 Âge : 26 Date d'inscription : 16/02/2019
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mar 18 Juin 2019 - 21:23 | |
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Le chevalier laissait Clémence dire quelle lettre était celle qu'elle désignait du doigt. Il ne la corrigea pas instantanément, s'assurant qu'elle connaissait la bonne réponse et qu'elle ne répondait pas au hasard. Finalement, elle avait une assez bonne mémoire et reconnaissait la plupart des lettres qu'il avait écrit. Andran ne manqua pas de la féliciter pour l'encourager. Elle semblait investie et déterminée… était-ce pour lui faire plaisir ? Cela cachait-il autre chose ? Peut-être en avait-elle assez des travaux manuels et voulait-elle assister certaines personnes dans leurs tâches intellectuelles ? Andran sortit un autre parchemin des tiroirs du bureau, et le posa à côté de celui sur lequel étaient inscrites les lettres. Il approcha l'encrier et sa plume de Clémence.
« Pour écrire, c'est assez simple. Vous prenez la plume, vous la trempez dans l'encrier et vous formez la lettre sur le papier. Étant donné que vous êtes un peu une novice, je vous conseille de tenir la feuille de votre main qui n'écrira pas, que ce soit la droite ou la gauche. Quand vous serez plus à l'aise, vous pourrez le faire d'une seule main. Une fois que vous saurez le faire, vous pourrez écrire n'importe quel mot. Ce que nous allons faire, c'est que le papier sur lequel j'ai écrit certaines lettres vous servira de modèle. Je vais prendre une lettre au hasard, et sur le parchemin vierge, vous devrez écrire cette lettre. Et, pour vous familiariser avec sa formation, vous allez l'écrire sur une ligne complète. »
Andran n'avait jamais enseigné quelque chose d'aussi basique que l'écriture. Il pensait qu'il ne se montrerait jamais assez patient et qu'il serait un très mauvais professeur. Or, il improvisait des moyens pour qu'elle retienne les lettres et comment les écrire. Il allait même jusqu'à positionner les bras, le dos et les mains de la jeune estrevine pour qu'elle soit le plus à l'aise possible. Cela dit, Clémence apprenait vite, et comme elle parlait la langue, elle avait forcément moins de mal à comprendre les mots qu'un enfant. Finalement, Andran se rappela de sa propre enfance ou il apprenait ces choses-là. De jolis souvenirs qui ne manquèrent pas de le faire sourire. Il roula des yeux pour revenir à ses moutons, observant l'écriture de Clémence. Évidemment, elle écrivait comme une enfant, étant donné qu'elle n'a pas écrit depuis plus de dix ans. Néanmoins, elle s'en sortait plutôt bien, même si un détail le perturba.
Il avait le pouce gauche tout violet, comme si on lui avait asséné un puissant coup de marteau dessus. Au fond de lui, le chevalier bouillonnait, craignant le pire. L'un de ses frères ou Hans avait-il osé s'en prendre à elle ? Il pensait pourtant avoir été clair : l'indifférence n'était pas un problème, mais personne ne devait s'en prendre à sa protégée. Même si ce n'était qu'une égratignure, cela ne changeait rien. Au début, on tape sur les doigts, et, si on laisse faire, ce sont les coups de fouets ? Finalement, rouge de nervosité et le pouls accéléré par l'anxiété, il l'interrompit dans son écriture, saisissant sa main et son pouce.
« Réprimander est une chose, cogner en est une autre. Je vous ai promis que personne ne s'en prendrait physiquement. » dit-t-il d'une voix grave qui trahissait son mécontentement. « Qui a osé ? Qui a osé vous taper sur le doigt ? »
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| | | Sauveur Hadjaoui
Humain
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| Sujet: Re: Le début d'une nouvelle vie | Andran & Clémence Mer 19 Juin 2019 - 9:15 | |
| Le résultat de ses premières lettres manuscrites était assez déplorable mais elle avait perdu l'habitude de manier la plume. Elle n'arrivait pas à trouver la bonne position, tant pour l'angle avec lequel présenter la plume sur le papier que pour être le plus confortable possible pour l'écriture. De la même manière, elle faisait des essais pour ajuster la pression qu'elle exerçait sur le parchemin pour que suffisamment d'encre s'écoule mais pas trop. La pointe racla quelques fois sur le grammage épais, formant une petite giclée d'encre par endroit. Ce n'était pas très beau... Et les lettres n'étaient pas aussi soignées que celles d'Andran.
Après deux lignes, elle se redressa pour admirer la catastrophe et se tourna vers l'Inquisiteur, heureuse malgré tout. C'était moche mais ce n'était pas cela qui la découragerait. Elle était trop heureuse pour cela. Cependant, le chevalier avait une mine bien sévère et elle comprit rapidement ce qu'il regardait de la sorte. Au début, elle avait pris soin de dissimuler son pouce sous ses autres doigts mais, concentrée sur son ouvrage, elle n'y avait plus fait attention, dévoilant la couleur violacée de ses phalanges. Andran lui prit la main pour observer la blessure et elle resta interloquée quant à son attitude. Ses gestes étaient toujours doux mais il semblait furieux... Elle ne parvint à interpréter le trouble du chevalier que lorsqu'il prit la parole. Elle voulut l'interrompre, l'appelant par son prénom, mais il poursuivit dans sa méprise, lui demandant qui lui avait fait du mal. Elle se défit alors de son emprise et prit les mains d'Andran dans la sienne.
-Je me suis fait cela toute seule. Sa voix était posée et son regard sûr. Elle voulait qu'il comprenne qu'elle ne mentait pas et n'essayait de protéger personne. J'essorais le linge, j'ai eu un moment d'inattention et ma main s'est retrouvée sous le battoir. J'ai eu de la chance que le drap en dessous ait été en boule, cela a amorti le choc.
A bien y regarder, l'angle du bleu qui se dessinait sur son pouce pouvait très bien correspondre à celui d'un battoir et non d'un marteau. Elle soutint son regard quelques instants, le temps de s'assurer qu'il la croyait, avant de lui lâcher les mains, reposant les siennes sur ses cuisses. Elle l'observa un petit moment... Elle ne l'avait jamais vu se mettre dans un tel état de colère et ce n'était que pour un bleu. Cela aurait dû lui faire peur étant donné son passif avec le sexe fort mais elle savait qu'il ne voulait que la protéger. Et, quelque part, c'était une preuve de plus qu'il tenait à elle et elle devait bien avouer qu'elle n'était pas indifférente à l'idée de savoir qu'elle comptait un tant soit peu pour quelqu'un. Mais cela la chagrinait aussi dans un sens.
-Je suis rassurée... et touchée de voir que vous prenez autant à cœur votre promesse que personne ne me fera plus de mal. Mais cela ne doit pas vous faire douter de vos amis...
Elle lui adressa un sourire contrit mais non moins sincère. Elle était un peu gênée par la situation. Il connaissait ses hommes depuis des années, c'était ses frères d'arme. Ils avaient tous prêté serment. Ils avaient accepté l'histoire de Clémence et outrepassé le fait qu'elle ait été saltimbanque parce qu'elle n'en avait pas eu le choix. Tout cela devrait le conforter dans l'idée qu'ils ne trahiraient jamais Andran en commettant le moindre impair avec elle... Certes, elle avait peur d'eux mais son attitude n'était en rien objective. C'était le résultat de plus d'une quinzaine d'années de mauvais traitements et de plus de dix ans de viols. Cela ne signifiait pas que qui que ce soit ici sous ce toit avait l'intention de s'en prendre à nouveau à elle.
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