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 De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]

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Aerianna Hiisi
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 5 Juil 2019 - 15:58

Je serrai les dents un instant, prenant assez mal le commentaire mais ne voulant pas nécessairement y répondre. Qu’est ce qu’il avait vu de ma façon de mener les miens ? Rien. Et eux ne se plaignaient jamais de rien. Je pensai un instant à Aethka et Esteldur, mais la première n’avait pas été à mon service depuis que je lui avais rendu sa liberté, et l’autre avait mérité sa mort, je n’aurais pu laisser passer une telle trahison. Non, les autres ne pouvaient pas être si loyaux si je n’étais pas une meilleure meneuse que les autres ne l’étaient. Je repensais cette fois au Daedhel qui m’avait sûrement sauvé la vie. La sienne était déjà perdue, mais aurait-il fait ce geste s’il n’avait pas cru ma vie assez importante pour qu’il me la protège ? Je n’avais que peu d’images de ce qu’il avait fait alors que mes yeux s’étaient fermés d’eux-mêmes, mais je me rappelai de son corps contre le mien, et de ce hurlement qu’il avait fini par pousser. Tout cela allait bien vite s’estomper pour ne pas me bouleverser plus avant, comme une mesure de protection de moi-même.

Malgré ses mots assez durs et probablement basés sur plus d’incompréhension qu’il n’était prêt à l’admettre Noruì se mit à élaborer ma plaisanterie jusqu’à ce qu’elle atteigne un sujet qui au lieu de me faire sourire me fit monter le rouge aux joues. Je n’avais jamais ressenti le besoin d’imaginer tout ça et je ne le ressentais pas plus aujourd’hui, surtout quand cela concernait les deux plus grands êtres que j’avais dû voir dans ma vie. La peur s’était éloignée et je ne voulais vraiment pas qu’elle revienne, aussi n’allais-je pas surenchérir, n’ayant vraiment pas besoin de ces détails là pour la suite. C’était le genre d’humour que j’aurais pu entendre parmi mes hommes, pas ce que j’attendais d’un Anedhel qui m’avait sauvé la vie. Mais peut-être en réaction à mon silence gêné il changea de sujet bien rapidement à mon plus grand plaisir. La question n’était pas évidente et je ne pouvais pas lui admettre qu’elle avait eu pour objectif de le tester, mais je pouvais m’essayer à une réponse.

J’aurais bien voulu le voir, aussi décollais-je le dos de l’arbre pour tourner légèrement autour et me rapprocher de lui, mais j’avais toujours cette crainte de rapprocher la pierre du Daedhel et ne me laissai pas le droit d’aller plus loin. Puis je restai pensive un long moment avant que ma voix claire ne rompe le silence. « Je ne suis pas sûre. » Ça s’engageait déjà mal alors qu’une autre réponse s’était imposée à mon esprit, une que je n’aurais probablement qu’avouée au Daedhel argenté, et encore… « Il m’intéresse, un mage capable de tant de destruction… J’aimerais bien savoir si une fois privé de toute possibilité de me faire du mal je peux en tirer autre chose. » C’était idiot, j’avais vu comme tout le monde le monstre qu’il était, et il n’y avait probablement aucun moyen d’en tirer quelque chose d’intelligible, mais peut-être que la justification lui irait, avec une petite nuance forcée pour qu’il ne me juge pas plus avant. « Je ne veux pas en faire un esclave, ce n’est pas ce que je dis, je… n’en sais rien, je verrais une fois que je l’aurais enfermé. » Je me laissais encore beaucoup de portes entrouvertes, vraiment.

Et au lieu de partir sur un autre sujet j’allais attendre que lui en trouve au risque de devoir lui mentir ou passer du temps à trouver une réponse qui le satisferait. S’il y avait quelque chose dont nous ne manquerions pas tout de suite c’était du temps, alors que rien encore ne me laissait entendre que les cavaliers étaient de retour.
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Artiön Laergûl
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 5 Juil 2019 - 19:14


Un sourire narquois s’affiche sur ton visage alors que le souffle s’échappe de tes nasaux. Tu n’en attendais pas moins. Elle ne sait pas. Elle le veut, mais elle ne sait pas pourquoi. Du moins elle en a une idée, mais elle n’est pas sûre. Ce sont ses propres mots. Toi au contraire, ton imagination est vivace, et tes préjugés sur la gente Estréventine rendent les raisons d’une telle entreprise tellement simples à conjecturer.

Le gris pourrait être un otage, conservé comme monnaie d’échange dans un pacte qu’Elda s’empresserait de trahir à peine noué.

Le gris pourrait être une source d’informations, pour peu que d’une manière ou d’une autre, quelqu’un arrive à tirer le moindre mot à ce monstre.

Le gris pourrait être un sujet d’expérience pour des hommes de science peu scrupuleux. Et pour la manière dont les drows traitaient les prisonniers de guerre, il ne méritait pas mieux.

Le gris, dans un état pareil, pourrait aisément être déconstruit et rebâti en une taupe vouée à infiltrer de nouveau l’Elda, comme avait dû le subir la petite Macabre.

Mais surtout, il y avait une plus grande victoire à infliger au gris l’emprisonnement plutôt que la mort. Tout simplement. Les drows ne craignent pas la mort, et si lui s’était attaqué à un pareil contingent – à moins qu’il n’ait su les piètres performances guerrières des gardiens de la Princesse de Geresh – c’est qu’il cherchait probablement la sienne. Infliger le plus possible de destruction et partir, c’est probablement tout ce qu’il désirait. L’achever ici aurait été le lui offrir. Quelque part, tu te dis que même inconsciemment, Aerianna s’en est rendu compte, et se refuse elle aussi à donner victoire à son assaillant… mais au même moment, tu doutes que dans un moment pareil – ou même à n’importe quel autre – elle se soit laissé aller à ce genre d’études.

- Je vois. sans te lever, tu arraches ton sceptre du sol pour remonter deux fois vingt-quatre heures J’espère juste ne pas avoir à le payer trop cher. Il ne fait pas bon être un Anedhel mêlé aux affaires d’Elda.

Ta main libre tire dans le vide, de l’élémentaliste vers toi. De sombres flammèches quittent le corps du Sombre pour s’accrocher à ta main. Tu goûtes une nouvelle fois la saveur de son énergie vitale, et constates une nouvelle fois que même si près de la mort, il n’y est pas encore. Même si près de la mort, cette vermine en est loin. Ton focaliseur retrouve sa place à ta gauche. Dans le silence, l’attente reprend.

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Aerianna Hiisi
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 5 Juil 2019 - 20:10


Il avait mentionné l’Elda comme si c’était une évidence. J’avais du mal à imaginer un sauvage comme celui-ci au Puy, mais en réalité je n’avais rencontré que ses plus hauts dignitaires en plus du Daedhel argenté. Il était difficile de rapprocher le monstre à une Krish Al’Serat ou à un Ulk, et Noruì le faisait sans aucune hésitation, et il ne pensait pas un instant que nous avions un Doeben à nos côtés. Je lui faisais assez confiance pour le croire, mais si je n’avais pas vu toute cette destruction qu’il avait causée il n’aurait jamais pu m’en convaincre. Mais ses mots, sa réaction aux miens, sa crainte, rien n’appelle à quelque chose d’autre que le silence et je m’y adonne comme lui le fait, incapable de trouver de quoi discuter d’autre. J’aurais pu lui demander pourquoi il s’était impliqué s’il voulait tant se tenir éloigné des affaires d’Elda, mais la réponse m’intéressait-elle tant que ça ?

Le silence dura alors que personne ne semblait vouloir faire la conversation et que j’avais repoussé une deuxième fois un Daedhel argenté qui voulait ma présence. Je n’avais pas de raison de le repousser, et il s’en plaindrait éventuellement, mais il y avait des moments où j’appréciais le silence, et c’était un de ces moments. S’il dura, il s’interrompit d’un coup alors qu’au loin des cavaliers se firent entendre. Après le son je pus discerner leurs silhouettes et je me levai pour les accueillir. Ils me présentèrent leurs trouvailles et je leur demandai d’apporter la corde près du corps étendu, les vêtements les plus amples qu’ils avaient pu trouver à Noruì, et enfin de me tendre ces vêtements beaucoup trop masculins à mon goût. Si je leur avais adressé la parole de la même façon que je l’avais toujours fait, il y avait cette fois des remerciements attachés alors que le commentaire de l’Anedhel était encore présent dans mon esprit. C’était encore et toujours idiot, et il se rendrait sans aucun doute compte aisément que je forçais.

Si je tirai sur la robe en lambeaux pour la rompre finalement et l’ôter sans m’en cacher au début j’eus un sursaut de pudeur en la plaquant contre mon corps. Je m’étais malheureusement presque habituée à montrer diverses parties de mon corps alors que je marchais depuis des heures, ou du moins l’avais-je volontairement oublié pour ne pas en souffrir, et maintenant que j’avais une protection possible cela m’était revenu. Je me rendis alors derrière l’arbre, dissimulée des regards, en arrachant à moitié les vêtements des mains d’un des patrouilleurs. J’achevai de retirer le vêtement détruit – une troisième robe, décidément – avant de le jeter au sol et je me précipitai pour enfiler un pantalon trop grand et une chemise tout aussi démesurée. J’aurais l’air ridicule, mais la seule alternative était de passer les portes de Thaar nue, quelque chose d’aussi dangereux qu’humiliant donc je devais m’y faire.

Je sortis de derrière ma protection quand mes vêtements furent plus ou moins fixés et Ulk se rapprocha doucement de moi pour m’aider à nouer les derniers laçages qui avaient eu raison de ma patience, mes seules expériences des vêtements d’homme ayant eu lieu quelques jours plus tôt, et plutôt dans l’autre sens. Je jetai un regard dans la direction de l’Anedhel et de la forme toujours assoupie au sol, pour savoir où ils en étaient.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeSam 6 Juil 2019 - 13:54


Il y avait le roulis lointain des vagues, le bruissement des veuilles sous l’occasionnelle brise, les craquements des branches, les piaillements des oiseaux de passage, les babillages lointains des rescapés, et rien d’autre. Le reste, c’était le silence. Le silence de l’extérieur, que l’on qualifie de silence simplement parce que l’on ne participe pas au cortège de sons. Il y eut les craquements de branches sous les pas d’animaux apeurés, le bruissement des ailes d’un couple de Qeslac dérangés par le tintamarre de sabots étouffé par le sable. Les bêtes arrivaient. Les cavaliers avec eux, et la prochaine direction à prendre au même moment.

Tu laisses la Princesse de Geresh se lever la première. À elle la charge de les accueillir. Et tu t’amuses sans sourire de la voir faire l’effort de leur offrir une politesse qui n’était définitivement pas son habitude. Après l’avoir vu en littéral extase alors que le feu la dévorait, après avoir constaté la servitude de ses hommes, cet effort, aussi vain serait-il sur le long terme, prouvait au moins qu’elle était consciente de comment mieux faire… et que pour peu qu’on lui offre supervision adaptée, elle serait capable de l’appliquer. Elle était étrange, pour sûr. Mais elle n’était au final pas le Souffle le plus perdu que tu avais pu croiser jusqu’ici.

Le reste avait été beaucoup plus trivial. Contrairement à la demoiselle, après t’être levé pour récupérer tes nouveaux vêtements, tu n’avais pas bougé d’un pouce et n’avais fait que bien peu de cas des personnes qui t’entouraient – à l’exception peut-être des patrouilleurs s’occupant de ligoter votre prisonnier. Eux il n’était pas question qu’ils fassent le moindre nœud de travers, alors du coin de l’œil, tandis que tu te battais avec les vêtements qu’ils t’avaient amenés, tu t’assurais que les bouts de cordage se croisent correctement.
Restait tout de même à savoir d’entre le drow et toi qui serait finalement le mieux sanglé. Qu’ils aient réussi à trouver quelque chose que tu puisses ne serait-ce qu’enfiler méritait ta reconnaissance, mais le pantalon – que tu porterais en pantacourt – t’enserrait presque autant le postérieur et les cuisses que s’il s’était agi d’un second sous-vêtement. Heureusement la coupe sarouel – et tu remercies profondément vos bienfaiteurs d’y avoir pris garde – te laisserait… de quoi vivre. Le gilet quant à lui n’avait probablement pas vocation à être porté ouvert à ce point, mais malheureusement pour toi, l’embonpoint n’agrandit pas le tour d’épaule.

- Il est noué. tu lances en direction de celle dont tu as remarqué le regard Le reste du voyage devrait être plus tranquille maintenant. ton visage se tourne en direction de la lointaine et invisible Thaar Mais à moins de beaucoup’accélérer le rythme, on n’y sera pas avant la matinée de demain. Il faudrait qu’on trouve un endroit où passer la nuit. tu t’approches d’Aerianna dans une démarche inconfortable, les épaules roulant pour élargir tant que faire se peut le tissu Une idée ?

Sur le chemin de l’aller tu avais croisé quelques villages qui – si la Princesse les jugeaient assez sécuritaires – pourraient bien vous servir d’escale. Sinon, les grottes de bord de mer  doivent être légion dans la région.

So seksy:

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeSam 6 Juil 2019 - 19:42

C’était beaucoup trop tard, demain matin, surtout qu’on voudrait probablement profiter d’une faible luminosité pour rentrer à Thaar. S’arrêter pour la nuit repoussait tout, et je n’étais pas forcément connue pour ma patience. Seulement il avait raison, nous étions trop lents. Je réfléchis quelques instants, cherchant des idées comme il me l’avait demandé, ne trouvant rien de satisfaisant. Chacune de mes idées me faisait tour à tour passer pour une mendiante, une Vaanie de la plus basse extraction ou même une criminelle, alors que la seule auberge respectable pour une Princesse de Geresh qui n’était pas à Thaar était loin derrière nous. Et je n’avais pas laissé mes hommes rentrer à Geresh pour me préserver d’être associée à eux si c’était pour que la décision que je prendrais soit pire encore. Quand il se fut beaucoup trop rapproché je réalisai avec ses vêtements trop petit à quel point il était gigantesque et me figeai. Je parvins à ne pas lui répondre comme le gamin apeuré auquel je devais ressembler et garder un ton mesuré. « Je ne sais pas… » J’avouai dans un premier temps à Noruì, consciente que ce n’était pas la première fois que je décevais une de ses attentes… « C’est vous qui êtes le plus contraint, je suivrais vo… »

J’eus une idée fugace et parvins à la saisir en vol, la réponse était dans ses mots, nous avions tout ce dont nous avions besoin pour beaucoup accélérer le rythme. Il voulait rester discret, et cela lui permettrait de l’être, malgré sa taille démesurée. « Vous savez quoi ? Ne nous arrêtons pas cette nuit. Si une demi-douzaine de chevaux et votre animal… » Je regardai le félin quelques instants, pour la première fois peut-être, avant de reporter mon regard sur l’Anedhel. « …ne nous permettent pas de suffisamment accélérer notre allure, nous méritons sûrement de dormir à la belle étoile avec tous les inconvénients que cela nous apporterait. » J’avais très envie d’avoir raison, mais j’étais largement la moins préparée à cette éventualité. J’étais également la moins à même de prendre cette décision, alors que je ne connaissais pas les capacités de cet animal et que je serais un poids pour celui qui déciderait de me laisser monter avec lui. « Pensez-vous que cela peut suffire ? Nous pourrons aussi profiter de la nuit pour transporter cette chose à l’intérieur de la cité… »

Si seulement Sauveur avait été là, tout aurait été tellement simple, ou c’était ce que je n’avais cru qu’un instant. J’eus un frisson en me rendant compte qu’il aurait probablement assumé le rôle que le Daedhel avait assumé, mourant pour me préserver moi, ou mourant pour affronter le feu une deuxième fois. Mais de la même façon, si j’explorais le passé, il aurait peut-être su à la place de l’argenté comment me convaincre de fuir ? Il n’y avait rien de bon qui puisse être le résultat de telles pensées, si ce n’était la confirmation qu’il n’y avait aujourd’hui rien de plus important que lui. J’eus soudain l’envie d’abandonner le monstre et l’Anedhel et de me faire accompagner par cette patrouille jusqu’à lui. Mais la curiosité reprit le dessus et je me laissai reporter mon attention qui s’était perdue dans le vague jusqu’aux traits de Noruì, toujours beaucoup trop hauts.

Un seul signal et je me laisserais emporter par un deuxième cavalier. Encore une deuxième fois, comme si Sauveur m’avait volontairement préparé à ce genre de situations.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeDim 7 Juil 2019 - 7:53


Un sourire satisfait tire le côté droit de ton visage. Maintenant vous parliez. Vous aviez six chevaux et un faïra pour une douzaine de personne en comptant votre otage. Assez accélérer le mouvement pour arriver à Thaar à la nuit tombée était largement jouable. En réalité, dans ces conditions, vous auriez même pu attendre que vienne le crépuscule avant de vous mettre en marche… et c’était peut-être la meilleure idée. Moins de mouvements sur les routes et le couvert d’une luminosité entre chien et loup durant les premiers instants de votre procession ne seraient pas de refus.

- Si les chevaux ne sont pas trop épuisés ce ne devrait pas poser problème. tes yeux cherchent un à un les membres de votre assistance Je peux prendre un passager, et j’imagine que les plus en forme des chevaux peuvent se permettre un second cavalier. tes sourcils se froncent quand le Daedhel traverse ton champ de vision Mais lui, tu désignes l’endormi de la main à moins de trouver un chariot en chemin, il faudra peut-être penser à lui laisser sa propre monture. tu sais d’expérience combien des chevaux de ce gabarit peineraient à transporter quelqu’un de son gabarit… surtout s’il est inconscient Ce qui veut dire qu’il nous faudrait laisser deux personne derrière nous.

Ce qui en réalité ne devrait pas être un problème. L’escorte de blessés n’était plus. Dans un sens Thaar était à moins d’une demi-journée de marche à pied, et dans l’un comme dans l’autre, deux hommes à pied trouveraient bien plus facilement leur compte au cours d’une escale dans un village qu’une procession entière surveillant un prisonnier. Le jeu en valait largement la chandelle.

- De cette manière nous pourrions prendre notre départ au crépuscule tombant pour arriver à Thaar au cours de la nuit, en profitant de l’obscurité pour faire route plus discrète. ton regard, inquisiteur, descend vers Aerianna Qu’est-ce que tu en dis ?

Tes bras se croisent sous ta poitrine en attendant a réponse à ta question, au grand damne du semblant de vêtement que l’on t’a rapporté, dont le tissu laisse entendre une sonore plainte quand ta position t’élargit le dos.
La question est rhétorique. Cette proposition tu sais bien qu’elle ne la refusera pas. Elle veut autant que toi retrouver Thaar aussi discrètement que possible. Elle veut autant que toi que le sort de son agresseur soit réglé. La seule chose que tu ne sais toujours pas, c’est si elle est prête à t’accorder son soutien dans le cas où les choses tourneraient mal pour toi. Ce sujet, même en lui tendant la perche, tu n’avais pas réussi à obtenir d’elle qu’elle t’éclaire dessus, et au final, de ton côté, c’était celui qui te préoccupait le plus. Alors pour l’instant tu t’imposes à elle, joues d’un physique qu’il est aisé de constater lui être source d’appréhension. De crainte. Pour l’instant tu t’appliques à lui rappeler ta présence, ton existence, ton importance.

Qu’elle s’en souvienne lorsque cela comptera le plus.

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeDim 7 Juil 2019 - 12:10


A peine l’idée lancée qu’il était déjà en train d’en régler les contours. Je n’étais pas d’accord avec tout, mais ça faisait du bien de l’entendre et je le laissai dérouler sa pensée sans l’interrompre, pensant à ce que je lui proposerais en finalité. Tout se finirait bien vite, et il semblait abonder dans ce sens, ce qui me forçait à aller un peu plus loin dans la réflexion. Que se passerait-il une fois à Thaar ? Son idée de trouver un chariot n’était pas idiote et m’aurais permis d’aller jusqu’aux Soieries sans éveiller l’attention, mais la question ne pouvait se poser aussi loin de Thaar, et le laisser sur sa propre monture suffirait au moins à entrer dans la ville basse, là où des choses bien plus étranges avaient lieu quotidiennement, et là où j’avais quelques entrepôts. Je le laissai finir donc, finir mais aussi préciser ma pensée concernant ce voyage nocturne. Nous étions d’accord sur le plus important au final, mais je ne le laisserais pas s’en sortir simplement avec mon accord, il fallait que je communique sur les choses moins importantes pour avoir l’impression de compter. Ça, je ne me l’avouai bien sûr pas.

C’était comme si je reprenais vie alors que je hochai la tête pour montrer mon assentiment. « Je suis d’accord, seulement je ne vois pas le besoin d’encombrer les montures de passagers supplémentaires. » Je parcourus du regard l’assemblée, tous n’étaient pas utiles, loin de là, et peut-être que ce serait une bonne idée d’en laisser certains rapporter des nouvelles à Geresh ? « Le Daedhel, Ulk, quatre patrouilleurs et le compte est bon. » Je me tournai vers les patrouilleurs en question, mon ton changea et je ne donnais pas d’ordres, j’énonçais ce qui allait se passer, simplement. « Deux d’entre vous pourront raccompagner les autres à Geresh et rejoindre le groupe qui est déjà parti. » Puis, je me tournai à nouveau vers l’Anedhel, il y avait une autre chose à régler, un défi que je devais me lancer à moi-même.

Je n’avais aucune confiance en ces inconnus, même s’ils arboraient un symbole que je reconnaissais. Je ne faisais pas non plus confiance à l’argenté pour assurer ma sécurité comme Sauveur l’avait fait. Et de toute façon ma proposition impliquait de ne pas pousser les chevaux à supporter plus qu’ils n’en avaient besoin. Non, il fallait que je fasse ce saut dans l’inconnu, pour que tout se passe pour le mieux mais aussi pour moi, pour me prouver que peu importait sa largeur d’épaules, peu importait la quantité de muscles qu’il ne pouvait faire autrement que me montrer dans cet accoutrement ridicule – même s’il ne se gênait pas pour en montrer encore plus – s’il voulait aider j’accepterais son aide, tant que nos objectifs semblaient être alignés. « Je viendrais avec vous si vous pouvez me garantir ma sécurité. » Et, comprenant que ce que je lui demandais n’était pas si clair, je rajoutai. « Je veux dire, je ne sais pas monter… et encore moins un félin comme celui-ci. »
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeDim 7 Juil 2019 - 17:13


Moins d’hommes, moins d’efforts pour les chevaux, un voyage plus discret, un voyage plus rapide, mais moins de mains libres en cas de conflit armé. Paranoïa ? Peut-être. Les mains désireuses de se poser sur votre otage, elles étaient probablement légion dans l’Ithri’Vaan, mais combie représentaient une véritable menace pour votre groupe ? Ils sont peu nombreux les combattants capables de t’inspirer crainte et ainsi, la décision de la Princesse de Geresh n’était que pour te plaire. Tu retrouves ton sourire, et comme pour marquer le coup avant même d’avoir donné accord en mots, tu attires la fauve vers vous d’un geste.

- Parfait. ta main se pose sur l’encolure de Vìrin, et la flatte sans retenue Maintenant il ne nous reste plus qu’à attendre tu accompagnes le félin juste en face de la demoiselle et à te préparer à monter en selle.

Sans pour autant faire preuve de la moindre anxiété, la fauve approche d’Aerianna avec médiance. Ses nasaux hument la brune, et ses yeux l’inspecte avec une attention toute particulière. La Princesse de Geresh est une étrange créature, que peu de temps t’as appris à voir comme à la fois d’une naïveté presque enfantine, et d’une dangereuse instabilité. La Princesse de Geresh est aussi une personne que votre hôte reconnaît comme politiquement importante, et dont l’influence tend en ce moment à s’accroître. Et elle n’est pas connue comme douce, elle n’est pas connue comme particulièrement honnête, ni particulièrement retorse. La personne en face de toi, et en face de Vìrin est une énigme dont vous deux semblez désireux d’apprendre la solution.
Mais dans ses recherches, peut-être la féline est-elle pressante sans le vouloir. Après tout si tu es un géant, ta monture n’est pas en reste. Et même si elle se démarque moins parmi ses congénères que toi parmi les tiens, le garrot de la fauve n’est même pas une tête moins haut que toi, et sa musculature ciselée, bien qu’à son échelle bien moins massive que ne l’aurait été celle d’un Phish Oura ou d’un Leomenis reste impressionnante. Et pourtant, Vìrin la capricieuse était tout sauf l’animal le plus agressif qu’il y ait.

- Les mouvements de Vìrin sont bien plus souples que ceux d’un cheval, donc en réalité, tant que l’on reste sur du plat et que l’on ne change pas de direction en plein sprint, tu ne devrais pas avoir de mal à te tenir. l’une de tes main se pose sur l’épaule de la jeune brune, tandis que tu lui présentes la paume de l’autre Viens, on fait un essai.

Elle ne recule pas. Elle n’avance pas pour autant. Elle se contente d’attendre en silence. Tu soupires, et plies les genoux pour que ton visage se retrouve à sa hauteur. Et là, face à elle, tu hoches la tête, dans une demande silencieuse. Là elle se laisse faire, guidée par ta main dans son dos vers ta monture, l’autre main dans la tienne et contre le poil du félin. Tu l’accompagnes alors que tu la pousses à caresser le flanc de l’animal, jaugeant par la même occasion de si ta partenaire était prête à accepter cette nouvelle félinière.

- Attention…

Tes mains passent sous les aisselles de la jeune femme, et tu la soulèves pour la poser à l’avant de la selle de l’animal. Ton réflexe par la suite n’est cependant pas de la suivre. Plutôt, tu arraches ton focaliseur à sa place dans le sable pour l’enfourailler dans l’étui au baudrier de Vìrin. Ensuite, c’est juste l’histoire d’un bond, et tu te retrouves derrière la Princesse de Geresh. Tes cuisses viennent caler les siennes. Ta poitrine vient s’écraser contre le haut de son dos. Tes bras l’entourent pour venir chercher les sangles de la monture, invitant ses mains à se poser au même endroit au passage.

- Deux règles :
les longues « plumes » que tu vois là, ce sont ses vibrisses. Ne t’y accroches surtout pas. Tu t’avances encore très légèrement, t’assurant que ta passagère soit parfaitement calée
Suis les mouvements de mon corps. N’essaie surtout pas d’aller contre. Tu ne risques pas vraiment de tomber, mais si tu luttes, ce sera très inconfortable pour elle.
Prête ?
tu attends quelques instants que ta passagère se détende un brin Allez. Tu peux y aller ‘Rin.

Jusqu’ici tes sourires n’avaient rien d’empathique, mais là, dans le dos de la Princesse, tu ne pouvais t’empêcher d’être attendri. Ton apparence ne semblait pas la mettre en confiance. Elle ne savait pas monter. Elle n’avait peut-être jamais vu de Caengal d’aussi près… ou même jamais vu de Caengal tout court. Et là… là elle faisait un grand pas contre tout cela sans raison apparente. Celle qui il y a quelques instants était prise de sursauts de pudeur, il ne restait plus qu’à espérer que les premiers pas de ta monture suffisent à la bercer.

Toi... tu écoutes. Pour chaque pas qui vous éloignerait du raisinier, tu devrais dédier un peu plus de ton attention aux pulsations.

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Dernière édition par Artiön Laergûl le Lun 8 Juil 2019 - 20:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeLun 8 Juil 2019 - 15:27


C’était à la fois la peur et l’excitation qui allaient me pousser à laisser Vìrin et Noruì faire de moi ce qu’ils souhaitaient, tant qu’ils estimaient qu’il valait mieux que je passe par là pour être prête à voyager. Ce n’était pas la première fois que j’étais le centre de l’attention, il y avait eu réussites superbes comme échecs cuisants, mais rarement les curieux avaient été des montagnes de muscles comme ces deux là, et rarement ils venaient me humer… jamais même. Je laissai passer pour cette fois, bien consciente que c’était une pensée ridicule. Je me sentais si petite que je ne pouvais plus réfléchir droit, me laissant entraîner bien loin de là où je me trouvais, de là où je devais me trouver. Face à l’animal, comme statufiée par la peur, je réagis à peine quand Noruì décidai de briser le silence. Je l’entendis, je l’écoutai, mais je compris à peine la moitié de ses explications, ne retenant que le fait que ce serait simple, plus simple que sur un cheval en tout cas.

L’annonce de l’essai n’allait rien arranger, vraiment, et ce n’est que grâce aux deux mains de l’Anedhel que je ne cessai pas de fonctionner, que je restai active, alors que mon souffle se faisait inégal et que mon cœur s’emballait. La moue que j’avais faite quand on m’avait tendu mes vêtements masculins paraissait bien ridicule maintenant que la gigantesque main s’était posée dans mon dos qui aurait pu être dénudé. Je restai passive, perdue dans mes pensées, tout en sentant le poil du félin contre ma main, et après avoir fermé les yeux tout s’arrangea légèrement. Ce n’était qu’un félin, juste un peu plus gros que les autres, et ses réactions aux mouvements du géant me laissaient croire que l’animal ne me traiterait normalement pas moins bien que son maître, un maître qui m’avait montré en tout cas par ses gestes le plus grand des respects. Quand j’ouvris à nouveau les yeux ma main osa se mettre en mouvement d’elle-même contre le pelage de l’animal.

Quelques instants et sa voix m’interrompit, jusqu’à ce que je me sente soulevée et posée sur la selle de Vìrin. Décidément, c’était vraiment la journée des deuxièmes fois, et si l’excitation était la même que les premières fois, l’envie de plaire à Sauveur avait été remplacée par l’envie de ne pas paraître faible auprès de Noruì, une envie contre intuitivement accompagnée d’une peur tenace. Je n’avais toujours pas beaucoup d’autres possibilités que de me figer, le laissant faire alors qu’il m’enveloppait de son corps. Une deuxième fois mes pensées s’aventurèrent vers mes vêtements miraculeux qui me permettaient de monter comme un homme le ferait et de permettre cette multitude de points de contact de rester les moins intrusifs possibles. Il ne pouvait que sentir les quelques tremblements qui m’agitaient légèrement et ce cœur qui continuait de palpiter au fur et à mesure que je réalisais dans quelle situation j’étais, mais je ne dis rien, je n’exprimai rien, prenant sur moi en écoutant ses deux dernières directives. La deuxième ressemblait énormément au conseil de Sauveur, je pensai.

Cela faisait longtemps qu’il avait pris les pleins pouvoirs sur moi mais seulement à ce moment-là je me rendais compte que je remettais beaucoup trop de choses qui n’auraient dû cesser de m’appartenir entre ses mains. Il n’aurait pas un effort supplémentaire à faire pour me faire disparaître et pour demander ce qu’il voudrait d’un père qui était resté à Geresh, et c’était le meilleur des cas de figure, il y avait bien d’autres choses qu’un inconnu pouvait prendre de quelqu’un comme moi. Je n’avais pas encore fait assez pour avoir des ennemis mais comment avais-je pu être bête à ce point ? C’était une décision bien idiote que j’avais prise mais pour ne rien arranger j’allais en explorer les conséquences jusqu’au bout. Je soufflai un mot que je regretterais sûrement à l’avenir, un seul mot, en réponse à sa question. Si le malheur devait me tomber dessus en ce jour, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout ?

« Oui. »
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeLun 8 Juil 2019 - 21:24


Marche. Les muscles de l’animal roulent sous la selle avec une agréable lenteur. Gauche, puis droite, régulières comme un pendule, tes épaules prolongent le mouvement. La Vaanie subit sans plus piper mot, fétu de paille entre tes bras, s’abandonnant aux quatre vents.
Trot. La cadence s’accélère avec l’amplitude des gestes. Le rythme le plus inconfortable n’en reste pas moins bien doux. La souplesse du félin amortit les chocs. Pas de sabots qui claquent mais des coussinets s’enfonçant dans le sable. Vous marchez dans la mousse. Une minute. Cinq. Dix.
Course. Le crâne de la bête se fixe. Ta poitrine se presse encore un peu plus contre le dos de la Princesse, l’écrase en avant, la force à se pencher. Une patte avant puis l’autre. Vol plané. Une patte arrière puis l’autre. Vol plané. Vous filez droit vers l’avant, touchez à peine le sol, les mouvements du dos de la fauve si feints qu’il n’y a plus que le vent soufflant face à vous pour vous rappeler la vitesse vertigineuse à laquelle vous avanciez.
Tu souris. Vìrin vit. La course vous avait toujours détendu. Alors maintenant… maintenant tu en profitais pour te détendre un peu. Tu prenais un peu de temps pour oublier l’abracadabrante situation dans laquelle vous vous trouviez. Des patrouilleurs, de l’argenté et du gris il ne restait qu’une lointaine pulsation, livrant duel avec le clapotis des flots proches. Une lointaine pulsation…

- Vìrin !

Une patte avant, l’autre, une impulsion. Tu te penches à l’excès vers la gauche, emportant Aerianna avec toi comme si tu fus son cocon. Sur ce seul maigre appui, d’une flexion de l’arrière du corps la fauve se retourne. Vol stationnaire. Une patte arrière, l’autre, et vous étiez repartis en sens contraire. De retour vers votre lieu de pause. Une lointaine pulsation. Une pulsation distincte. Une énergie vitale battant encore la cadence du sommeil profond. Une pulsation que tu ne pouvais pas te permettre de quitter.
La cadence accélère, le nombre de contacts augmente, les mouvements prennent en amplitude, Vìrin freine. Elle quitte son vol plané pour une course plus maladroite, puis un trot, puis un pas. Et vous êtes à nouveau là d’où vous venez. Rien n’a changé. Tout est encore à sa place, et il est temps que vous retrouviez la vôtre. Le soleil commençait à tomber. Tes pieds retrouvent le sol avec l’aisance qu’amène l’habitude. Tes bras eux s’attardent au-dessus de ta partenaire, pour accompagner la félinière d’un jour.

- Tu vois. C’est simple.

Et sans plus t’attarder, tu retrouves ta place contre le raisinier. Debout dos contre le tronc cette fois. Et tes mains plongent dans ta longue crinière pour en rassembler les mèches. D’ici à ce que vous ayez à partir, tu aurais le temps de nouer un chignon digne de ce nom.

Comme à la guerre.



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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeMer 10 Juil 2019 - 13:45

La confiance avait été difficile à trouver mais elle était éventuellement venue, et bientôt je ne m’abandonnai plus à la puissance des deux amis simplement parce que je n’avais d’autre choix. Il y avait toujours quelques doutes pratiquement à portée, mais j’avais décidé de les tenir éloignés le plus possible alors qu’ils ne pouvaient rien m’apporter qui me serve. Ce que j’ai plus tôt appelé une amitié je n’en percevais – voire devinais – pour l’instant que les premières fondations. Quelle que soit l’allure de l’animal, j’allais suivre tout du long les conseils du Noruì et me laisser porter sans jamais aller contre ses mouvements à lui. Je compris bien assez vite ne rien risquer dans son étreinte, mais un questionnement sur la raison de cet essai ne put vraiment m’épargner. Lui aussi savait certainement qu’il ne pouvait y avoir de problèmes, et dans la position qui avait été mienne, même user de toutes mes forces n’aurait strictement rien changé. Ces pensées n’allaient par contre venir qu’à la fin de l’essai.

Pendant il n’y avait qu’abandon et silence, et je ne profitai pas vraiment de l’expérience. Les sensations fortes n’avaient jamais tellement été à mon goût, surtout quand aucune douleur ne les accompagnait. Il y avait certaines sensations fortes dont je raffolais, mais elles étaient d’un tout autre genre. En tout cas, me sentir écrasée par la poitrine de Noruì alors que le félin semblait s’envoler ne remplissait aucune des bonnes cases, et si ce n’était plus vraiment de la peur, c’était un malaise qui m’avait envahi, un malaise qui atteignit son maximum au moment où d’un mot l’Anedhel sembla exiger de Vìrin qu’elle se retourne et nous ramène à notre point de départ. Et ce demi-tour raviva également une pointe de peur alors que je sentis mon corps plonger dans la vide, malgré la protection de Noruì, ou plutôt, à cause de son mouvement à lui. Si bien que je décidai de l’oublier avec une facilité remarquable. Puis le colosse me souleva une nouvelle fois pour me poser à terre une fois arrivés près de l’arbre.

Je ne bougeai pas d’abord, laissant à mes jambes le temps de se réhabituer au sol alors que j’avais comme flotté pendant bien trop longtemps. Une de mes mains était restée posée sur le flanc du félin pendant un certain temps, deux douzaines de secondes tout au plus, comme pour m’offrir un soutien bien nécessaire. Puis je m’éloignai de lui pour aller comme Noruì me coller à l’arbre, cette fois proche de lui et bien en vue. Je me décollai bien vite, alors que j’expérimentais un nouveau genre de douleur, pas la douleur intense que j’appréciais tant, juste une sensation désagréable, annonciatrice de bien pire quand le soleil serait finalement tombé. Une sensation qui était sûrement liée à ce pantalon inconfortable toujours en contact avec ma peau sous lui. Je n’étais pas faite pour rester assise sur autre chose qu’un fauteuil confortable avec un vêtement confortable.

Au final je ne savais plus vraiment où me mettre et restai plantée là, consciente que je ne lui avais pas répondu. C’était simple et j’en étais convenue, et je n’avais pas non plus un seul risque à craindre, mais c’était moins agréable que prévu, et j’avais hâte que ce soit fini, que je retrouve la possibilité de ne rien faire et de me reposer, j’en avais bien besoin. Aussi l’excitation retombée je ne trouvai rien de mieux à faire que de regarder avec peut-être un peu trop d’insistance celui qui m’avait sauvée. Et le voir – ou autre chose, ce n’était pas certain – me permit un éclair de lucidité. La pierre. Je ne m’étais pas rendue compte l’avoir glissée là, mais… c’était bien, les poches, pensais-je en la sortant et la tenant finalement dans ma paume. Je ne pus m’empêcher de faire un pas en arrière en relevant la tête et en posant les yeux sur le Daedhel saucissonné, ce qui me remit en contact avec l’arbre. Vivement que ce soit le moment de partir.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeMer 10 Juil 2019 - 16:09


Votre suite était prête. Cavaliers en selle et regards tournés vers l’objectif. Le grand gris était affalé et sanglé sur le pauvre cheval destiné à devenir votre seule et unique raison de ne pas terminer le voyage au galop. Aerianna avait disparu entre tes bras, rendue à la position à laquelle tu l’avais rapidement initiée. Et les rayons du soleil commençaient à trouver approcher la parallèle. Il était temps pour vous de prendre la route.

- Allons-y.

D’un geste, tu ouvres la route, prenant naturellement le commandement de votre petite escouade. Ils ne te connaissent ni d’Iben ni d’Alm. À leurs yeux tu ne devrais être personne. Ce devrait être à la Princesse de Geresh de leur donner des ordres. Ce devrait être celle que ton imposante stature dévore presque entièrement d’asseoir son autorité… mais elle était sous ton charme. Sous ton emprise. Sous l’effet de quelque sortilège venu des tréfonds d’Anaëh. Parce que c’est ce que vous étiez, vous les Sylvains. Des ensorceleurs. Mais comme pouvaient l’être celles des fées, vois voies étaient étranges, alors tant que la ruse n’était pas à son bout, il valait mieux vous suivre. La magie d’Anaëh maintenait la Princesse silencieuse. La magie d’Anaëh maintenant l’élémentaliste endormi. La magie d’Anaëh avait guéri des blessés. Alors tant que les choses étaient ainsi, mieux valait ne point contrarier le représentant du peuple fae.

Gauche. Droite. S’enchaînent les sabots. Avant. Arrière. Se relaient les griffes. Et Silène seconde après seconde luit un peu plus fort. Et l’astre du jour, brin par brin retire sa crinière d’or. Un silence d’argent prend possession de votre procession. Pas un regard, pas un mot, pas un souffle destiné aux pauvres hères qui croisèrent votre route. Le visage d’un Sombre, la petitesse d’une Princesse et la sévérité d’hommes armés les laisseraient à leurs doutes.
Chaque pas de plus vous rapproche de l’instant de vérité, de celui qui forcera à défendre votre présence, et à vous donner à vous, à votre otage, à votre état un sens. Le coupe-gorge qu’est Thaar n’est jamais aussi affûté que dans la région de la Cité où vous avez choisi d’accoster. Parce que les lames aux gorges forcent le silence. Que le sang de ceux qui parlent rend acceptable votre indécence. En des lieux sans foi ni loi qui irait reprocher à la Princesse de tuer le guerrier ? En des lieux sans foi ni loi qui se soucierait de tes origines ? Là où vous alliez l’elfe n’était point Sylvain, et la demoiselle pouvait être de Geresh comme d’Odélian. Seul comptait le fait que vous soyez des prédateurs assez puissants. Et en cela tu n’as aucun doute. Ta forc est ton premier atout.

- On y est.

La porte dérobée de Thaar. La barrière des bidonvilles.

- À toi de guider maintenant.

Le terrain de jeu de celle qui savait rendre ces gens serviles.

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 11 Juil 2019 - 12:28


Après tout ce qui venait d’arriver je méritais qu’on s’occupe de moi, je méritais des servants à mes pieds, je méritais un bain chaud, je méritais quelqu’un pour qu’on me rassure, je méritais Sauveur, je méritais tout ce que je n’avais pas. Ce que je ne méritais pas, par contre, c’était d’être prisonnière des bras d’un Anedhel tel que celui-ci, c’était d’entrer à Thaar comme une voleuse, c’était d’être confrontée à ce monde horrible qui était si loin du mien mais si proche à la fois, et le monde était si mal fait que j’avais tout ça et que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même. Et la décision prise avait lancé quelque chose qui ne pouvait pas être arrêté. Enfin, c’était théoriquement possible, mais ma fierté ne pourrait admettre cette défaite, et j’étais beaucoup trop dominée par la présence de Noruì pour risquer le contrarier. C’était comme si une succession de mauvaises décisions m’avait menée de cette apparition miraculeuse de notre sauveur à tous jusqu’à ce point dans le temps où rien n’allait. Presque rien, en tout cas.

Lorsque Noruì m’enjoignit de prendre le commandement je parvins à me redresser si légèrement, juste assez pour m’extraire de son étreinte plus protectrice mais plus froide que je n’en avais l’habitude. Une froideur qui venait sûrement de ma perception de la situation ainsi que de la quantité de vêtements qui me séparait de son corps à lui, mais une froideur qui m’allait particulièrement bien. Je ne dis mot, cependant, et me contentai de pointer une direction avec une main que j’avais dégagée de son emprise. Je n’avais qu’une envie et c’était celle de vite sortir d’ici, de vite nous rendre vers les Soieries où se trouvait notre destination, ces Soieries que je ne quitterais sûrement plus de mon séjour ici car elles étaient le seul monde que je puisse comprendre. Et comme si je ressentais le besoin de l’exprimer, de me justifier, je parlai d’une voix assez forte pour que le géant l’entende mais qui ne porterait pas plus loin. « Les Soieries… » Mais je ne parvins pas à aller, comme si je me rendais compte piétiner ses envies de discrétion.

Il y avait sûrement d’autres options mais aucune ne m’enchantait, et chacune mettait notre discrétion en péril, juste pas de la même façon. Au final je n’en voyais que trois. Il y avait la plus dangereuse, une qui impliquait de détenir le Daedhel dans un des entrepôts de la ville basse, et espérer qu’à son réveil il ne soit pas capable d’en faire ce qu’il voulait. Une autre, qui pouvaient mener à des conséquences désastreuses, une qui consistait à s’arrêter dans un des entrepôts des Hiisi à Thaar pour y trouver de quoi cacher le Daedhel avant de l’emmener jusqu’aux Soieries, mais on parlait de se livrer aux yeux des moins loyaux de mes serviteurs, ceux que n’importe quelle bourse suffirait à les détourner de moi, et si n’importe qui venait à découvrir la ruse tous les yeux de Thaar se porteraient sur moi. Et la dernière, celle pratiquée par presque toutes les plus grandes richesses de l’Ithri’Vaan, entrer par la grande porte et espérer que ceux qui nous précèdent ou nous succèdent attirent plus l’attention que nous-même. Et la plupart du temps c’était le cas.

Maintenant, il ne restait plus qu’à espérer que le colosse soit d’accord, ou il m’écraserait de son aura en même temps que de son corps pour décider lui-même. Et dans toute ma fragilité du moment je ne résisterais pas, ou si je le faisais, ce serait pour abandonner le Daedhel à la première occasion, un Daedhel qui m’apportait beaucoup de tracas pour un simple je ne sais pas. Je restai immobile en m’expliquant finalement d’une voix monotone, toujours à destination de ses seules oreilles. « C’est en se cachant que nous attireront le plus les regards, alors que si nous parvenons à les convaincre que c’est tout à fait normal… personne ne parlera. » Je marquai une petite pause avant de proposer une façon de présenter les choses. « Peut-être que la Princesse de Geresh aura-t-elle décidé de partir chasser ses propres esclaves, avec des blessures pour le prouver. Ou bien son plus fidèle serviteur argenté aura-t-il trouvé un nouveau sujet d’expériences… » Si je pouvais aisément expliquer ma présence et mes motivations il faudrait que lui en trouve une autre, ou qu’il se déplace séparément.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeJeu 11 Juil 2019 - 23:27


Les Soieries. Elle voulait rejoindre les Soieries. Vous ne pourriez pas rester discrets si vous rejoigniez les Soieries. Les habitants des Soieries te reconnaitraient bien trop aisément. À partir de là ils se poseraient des questions. Des questions auxquelles la Princesse de Geresh n’aurait peut-être pas de réponse. Parce que tu n’es pas son esclave, et ils le savent tous. Elle ne pourra pas excuser ta présence de la même manière qu’elle pourrait excuser celle de tous les autres. Et entre ses habits de fortune, sa peau salie par ce qu’y avait retenu la sueur, sa chevelure ayant connu de meilleurs jours et les évidentes blessures dissimulées sous tout cela… Aerianna aurait déjà bien assez de choses dont elle devrait se défendre.  

Vìrin s’arrête. Ton étreinte sur la demoiselle se desserre, tu lui laisses encore un peu plus de liberté, lui rend un peu plus de son autorité et ton regard se scelle sur l’otage affalé sur sa monture. Elle était là, ta seule raison de les accompagner. L’Eldéen. Celui que tu avais choisi comme ayant été unilatéralement l’agresseur. L’ennemi à abattre. Le pire des deux maux. L’Eldéen, tu voulais être certain qu’il arrive à bon port, et soit correctement contenu. Mais pouvais-tu te le permettre ? Tu en es de moins en moins sûr, et par la même occasion, tu vois de moins en moins de raisons de t’inquiéter de ce qu’il pourrait arriver.

- Aerianna. ton regard se tourne vers la Princesse de Geresh Peut-être qu’il vaudrait mieux qu’on se sépare ici. Être accompagné par Vìrin et moi risque de tout rendre plus difficile à expliquer.

Quoiqu’en vérité, ne pas mentir serait probablement la meilleure des solutions. L’élémentaliste serait reconnu par les siens comme ayant brisé l’une de leurs fausses promesses. Il serait probablement exécuté. Mais alors, elle ne l’aurait pas pour elle.
Tes sourcils se froncent. Plus tu y penses et plus tu te dis que laisser la vie à ce monstre est une idée profondément imbécile, mais tu as promis de n’être que celui qui aide… alors… Pieds et poings liés. Privé de son focaliseur. Affaibli par la malnutrition. Epuisé par sa magie et drainé par la tienne. Vous aviez déjà fait tant de chemin. Que risquait-il d’arriver entre la porte de Thaar et les Soieries ?

- Tu penses pouvoir gérer la suite seule ?

Et à ta manière de légèrement reculer sur la selle, qu’elle soit le moins du monde perspicace et elle comprendrait que tu n’attendais que de l’entendre dire oui. Fuir cette situation, le plus vite possible, tu en avais besoin. Et certainement t’en sentirais-tu coupable durant quelques heures, peut-être quelques jours, mais ce serait là son Choix.

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 12 Juil 2019 - 13:17


C’est fou comment entendre vos propres pensées sortir de la bouche d’un autre vous fait comprendre à quel point elles sont insensées. Heureusement, tant qu’elles sont restées des pensées une pointe d’hypocrisie et de mauvaise foi ne fait pas de mal.

Il n’avait rien compris, donc. Je ne l’avais pas forcément exprimé le plus adroitement possible, mais mes propositions n’étaient pas des excuses que j’allais présenter à quiconque me demanderait, elles étaient une dernière ligne de défense qui ne devait pas être nécessaire et dont l’utilisation était une défaite en elle-même. L’idée était de ne même pas attirer l’attention, et si on se retrouvait à devoir s’en défendre c’était que c’était déjà trop tard. Sa peur – je ne savais l’expliquer autrement – me laissait entendre qu’il avait des raisons de ne pas vouloir être vu en ma présence qu’il ne m’avait pas présentées. En temps normal cette réalisation m’aurait emplie de curiosité et j’aurais tenté d’en savoir plus, j’aurais tenté de le garder près de moi jusqu’à ce que je sois assurée que ses secrets ne m’intéressaient pas, et s’ils m’avaient intéressé j’aurais tenté d’aller au bout. Mais là, il m’agaçait simplement.

J’ignorai d’abord sa proposition de nous séparer et cet espace qu’il m’avait laissé, lui laissant une chance de se rétracter de lui-même, mais sa prochaine question et la confirmation qu’il voulait se séparer de moi ici-même apportée par le mouvement de son corps allait transformer cet agacement en une forme de colère. Là où d’autres voies étaient plus sûres il avait choisi une des plus dangereuses, et c’était après ce choix qu’il voulait m’abandonner ? Je ne m’exposerais pas ne serait-ce qu’un instant juste pour lui. Pas au beau milieu de la nuit. Pas alors qu’il ne m’avait pas donné de justification. Je ne savais même pas qui il était et il avait pris tant de pouvoir sur moi… Mais la place qu’il m’avait laissée je comptais bien la reprendre, et ma voix se fit plus froide et plus ferme alors que je réitérais mon souhait, un souhait qui sembla être devenu un ordre, un que tout le monde allait entendre. « Les Soieries. »

Je me coupai du monde un instant en fermant les yeux et en prenant une grande inspiration qui vint recoller mon buste à celui de Noruì un instant avant d’expirer profondément. Il me fallait bien ça ou j’aurais laissé mes émotions prendre le contrôle. Je ne le faisais pas pour lui, je le faisais pour moi et ma sécurité, car il restait un danger justement parce que je ne le connaissais pas. Ma voix se radoucit légèrement mais elle ne perdit pas en fermeté. « Si tu me donnes une bonne raison pour m’abandonner avec cette chose avant que nous n’arrivions aux Soieries je considèrerais ta requête. » Les prochains mots profitèrent d’une baisse de volume dans ma voix pour ne plus aller jusqu’aux oreilles du reste du groupe. « En attendant, tu ne me laisseras pas seule avec des hommes qui ne sont pas vraiment les miens en pleine nuit dans les quartiers les plus dangereux de Thaar et un monstre qui pourrait se réveiller à tout instant. L’argenté seul ne repoussera aucune pulsion. »

Je n’avais pas beaucoup plus confiance en Noruì qu’en ces hommes qui m’avaient obéi, mais m’assurer qu’il y ait plusieurs motivations différentes m’assurait une sécurité que je n’obtiendrais jamais en me reposant sur un seul groupe.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 12 Juil 2019 - 19:20


Un coup d’épaule vers l’avant. Ta poitrine se penchant dans le même sens, ton bras tirant légèrement les sangles de la fauve et l’espace entre Aerianna et toi qui redevenait ce qu’il avait été au cours de votre voyage. Elle avait toujours besoin de toi. Ni sa suite ni ses miliciens servants ne lui suffisaient. Et quelque part, c’était flatteur. Parce qu’elle ne te connaissait pas. Elle ne te connaissait rien de plus de toi que le personnage cryptique que tu lui avais présenté jusque-là, et tu restais ici celui en qui elle avait le plus confiance. Celui dont elle avait besoin. Elle reconnaissait en toi la seule personne capable de la protéger de lui et de tous les soucis qu’il pourrait apporter. Alors le visage sérieux comme les morts, à sa demande tu avais repris le chemin des Soieries en même temps que le reste de la procession.

- Je suis un elfe d’Anaëh si elle ton accent n’avait pas suffi à le lui faire confiance, tu le lui disais mot pour mot. et les Soieries me connaissent. Je suis venu avec des amis de ma troupe d’artistes sous la proposition de Dame Lythandas. ton discours est lent, rythmé par le roulement des muscles de la fauve en mouvement Quand j’ai compris ce qui se passait, je suis intervenu par réflexe. Abandonner quelqu’un à la mort m’est insupportable. Mais je ne suis pas ici pour me battre. tu claques la langue Et encore moins contre un Eldéen. tu marques une courte pause, et quand tu reprends ton discours, ta voix est encore plus basse qu’au départ L’Elda a beau avoir passé un pacte de non-agression avec les Principautés, si des liens venaient à être faits entre l’état de ton otage et moi, je n’aurais que ta parole pour prouver que je ne suis pas l’agresseur. Et en tant qu’elfe d’Anaëh, j’ai peur que ça ne suffise pas à dissuader les Puysards de profiter de l’occasion pour prendre les armes contre un membre de leur peuple Némésis en toute impunité. Surtout quelle importance notre « invité » a pour eux.

Les Sombres partagent encore cela avec les Sylvains. Leurs grands mages ils les considèrent avec un respect tout particulier. Alors un mage capable de provoquer autant de dégâts même dans l’état où il se trouvait… tout était à parier qu’il n’était pas un sans-nom. Et certes, pour quelqu’un qui n’était pas un sans-nom, il se présentait d’une manière très… particulière, mais il faut dire qu’un nom connu – surtout en Elda – ne l’est pas forcément pour le meilleur de son porteur.

- ton regard se pose sur la loque endormie Même s’il n’en a pas l’air.

Ta bonté te perdra, ta clémence t’achèvera. Tu aurais dû le tuer. Tu aurais dû terminer de lui dérober son essence et ne jamais poser à la Princesse de Geresh la question de ce qui était le mieux à faire. Tu aurais dû savoir que la Princesse de Geresh n’aurait jamais fait que ce qui était le mieux pour elle. Tu aurais dû savoir qu’à la fin il n’y aurait pas eu de rétribution pour toi. Tu aurais dû savoir que tu n’avais rien à y gagner, et te comporter comme se serait comporté n’importe quel Vaani. Egoïstement.

- Alors j’espère que lorsque viendra mon tour, tu seras aussi insistante.

Tu n’aimes pas demander rançon, mais si tu ne l’abandonnais pas ici, alors tu mériterais plus qu’un peu de gratitude.

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeVen 12 Juil 2019 - 20:35

Ce n’était pas pour bouder que je me tus et me laissai envelopper une nouvelle fois par son corps démesuré, c’était pour réfléchir. J’avais sûrement obtenu le maximum que j’obtiendrais de lui mais j’étais quand même satisfaite, surtout parce que ce n’était pas avec moi qu’il ne voulait pas se montrer, mais avec l’eldéen. Et parce que sa révélation expliquait bien des choses. Je n’avais même pas douté qu’il puisse venir directement de la forêt des elfes même si je l’aurais sûrement dû, et si je ne pouvais pas faire grand-chose de tout ce qu’il avait dit, j’allais tout garder soigneusement, en commençant par le fait qu’il pensait le captif important. Je ne compris pas ce qu’il demanda ensuite de moi, à quel sujet je devrais être aussi insistante, mais je pris la décision de lui offrir ce qu’il voulait. Seulement… Pas tout de suite. J’étais honnête quand j’avais dévoilé ma peur de ces hommes et du monstre, et s’il partait maintenant je savais trop bien que je me tétaniserais à nouveau en me rappelant de celle de l’instant où il avait fait son apparition pour me sauver.

Toutes les rues et ruelles n’étaient pas vides même à cette heure-ci. Certains disaient que Thaar ne dormait jamais tout à fait, et si je savais que c’était vrai dans les Soieries, je ne me doutais pas que c’était la même chose chez ceux sans le sou, chez ceux qui ne devaient pas pouvoir se permettre beaucoup de festivités. La seule chose qui ne me surprit pas fut de voir des femmes bien peu habillées du coin du regard quand j’en osai un vers les ombres. Mais comme nous étions sûrement beaucoup trop équipés et armés à leur goût ainsi qu’à celui de potentiels brigands personne ne nous arrêta et personne non plus ne nous adressa de paroles. L’environnement s’améliora légèrement, de manière presque imperceptible pour quelqu’un habituée au fastueux palais comme je l’étais, mais de manière très nette pour que les cavaliers se mettent à discuter à voix basses, ce qu’ils n’avaient pas fait depuis un moment alors que la tension était montée.

J’attendis un peu plus longtemps encore et Thaar continua de s’embellir alors que ses habitants semblaient enfin capables de se coucher sur leurs deux oreilles et ne pas continuer de marauder dans les rues. Là, une patrouille, un peu plus loin. Je ne pouvais reconnaître les lieux, mais je savais maintenant que les Soieries étaient proches, que le lieu était assez sûr, que quelqu’un réagirait à des appels à l’aide. Oui, c’était le moment. Contrairement à mon état d’esprit assez positif, contrairement à ce que l’absence de cette peur semblait présager, j’avais l’impression d’être encore plus recroquevillée sur moi-même que lors du reste du voyage, simplement car c’était le moment où je devais agir sans y avoir été conviée, le moment où je devais m’extirper seule de l’influence de mon protecteur. Je posai une main sur son bras, poussai un peu sur mon dos comme pour lui exprimer que j’avais besoin de place et m’exprimai d’une voix plus hésitante que je ne la voulus. « Ici. »

Il sembla ne pas m’entendre – ou bien étais-je trop pressée et ne lui avais-je pas laissé le temps de réagir – et je m’éclaircit la voix pour qu’elle attire l’attention des autres également, qui s’arrêtèrent. « Nous nous arrêtons ici. » Je n’attendis pas qu’il me pose au sol pour surenchérir d’une voix plus basse, seulement pour lui. « Ici, je ne risquerais plus rien, et le temps qu’il se réveille je serais à portée de voix des milices des Soieries. Et personne d’important ne t’a vu. » Je ne pouvais le voir sans me dévisser le cou et n’en fis rien, continuant simplement, gardant la petite moue affichée sur mon visage seulement pour moi. « J’aurais pu trouver une récompense si tu m’avais accompagné jusqu’à mes quartiers, mais tu n’es pas sans savoir que j’ai perdu tout ce que j’avais avec moi. Mais si tu veux réclamer quelque chose je suis prête à t’offrir une oreille si tu venais à réapparaître dans les prochains jours, la Dame Blanche devrait pouvoir vous aiguiller si vous avez un doute d’où me trouver. » Là, avant même qu’il ne me dépose au sol j’avais ouvert la seule porte à laquelle il aurait pu gratter.

J’espère que ça lui suffira.
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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 12:04


Lentement mais sûrement, les masures se transformèrent en petites villas, et les petites villas grandirent jusqu’à ce que ne se dessinent les terrains des premiers manoirs. Les infortunés au visage patibulaires et les femmes aux tenues et attitudes suggestives finirent par disparaître à la faveur d’homonymes armés et armurés, veillant sur les haies et les clôtures se dressant dans leur dos. Aerianna arrivait à destination. Il serait bientôt venu le temps de vous séparer.
Comme pour confirmer tes doutes, la voix de la demoiselle perça le relatif silence nocturne. C’est ici qu’elle avait choisi de reprendre son indépendance. À quelques pas des Soieries. Maintenant qu’elle ne risquerais plus rien. Tu souris, à mi-chemin entre le soulagement et le reproche, faisant confiance à ta passagère pour ne pas se donner la peine de se retourner vers toi. Tu souris, à mi-chemin entre satisfaction et déception, alors qu’elle semble confuse de ne pouvoir t’offrir récompense matérielle en échange de ton service. Et tant mieux. Il n’y a probablement rien qu’elle ne possède que tu désires. Rien qu’elle ne puisse t’offrir qui ne valle sa vie. Et rien qu’elle ne puisse t’offrir qui ne te satisfasse. Ce dont tu as besoin n’est pas matériel, et avec le temps, si tu venais à réapparaître, peut-être d’ici-là l’aurait-elle compris. Son oreille t’est bien plus précieuse que ses biens.

- Alors nous nous reverrons peut-être dans les prochains jours.

Tu glisses au sol le premier, offrant tes bras par la suite à la Princesse de Geresh pour l’accompagner jusqu’au sol. Durant quelques instants ton regard se refuse à quitter le sien. L’espace de quelques dizaines de secondes tes yeux effilés s’emparent des siens pour les traîner dans une discussion sans mots. Il y a la crainte, la crainte d’un futur incertain. Il y a la colère, devant les atrocités qui étaient monnaie bien trop courante ici. Il y avait la tristesse, face à une naïveté corrompue. Il y avait la fierté d’avoir sauvé des vies. Il y avait l’espoir de trouver une alliée, ou quelque chose qui pourrait s’y apparenter, lorsque viendrait le moment de sauver les vies des tiens. Il y avait l’espoir d’un instant d’épiphanie, qui la conduirait à repenser ses voies. Il y avait l’espoir de la voir faire mieux, parce qu’elle faisait partie de ceux qui n’étaient pas encore totalement perdus.

- Fais attention à toi.

Sur ces mots tu t’en étais retourné vers l’obscurité Thaarie, à la recherche d’un toit sur lequel te percher et d’étoiles à contempler. À la recherche d’un endroit d’où ton septième sens t’autoriserait à te bercer des pulsations des endormis. Pour réfléchir. Pour te reposer. Pour imaginer. Les étoiles du ciel. Voilà tout ce que cet endroit avait en commun avec ton foyer.

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MessageSujet: Re: De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön]   De Geresh à Thaar: Redescendre sur terre [Urgoll & Artiön] - Page 2 I_icon_minitimeSam 13 Juil 2019 - 15:51

Il ne me montrerait jamais aussi bien qu’il n’était pas de ce monde qu’il ne l’avait fait avec ce long regard, mais ce n’est que la froideur de mes yeux noirs et beaucoup trop neutres qui allait faire office de réponse. Dans les siens j’avais lu beaucoup trop d’émotions auxquelles je ne savais pas quoi rattacher exactement et c’était pensive que je le laissai s’éloigner avec Vìrin, ma monture d’un jour, sans répondre à ses mots. Je le reverrais sûrement, mais j’avais besoin de penser à autre chose que lui, et notamment à ce prisonnier qu’il m’avait permis de retenir. Ce prisonnier vers lequel j’allais tourner un regard qui était encore légèrement craintif, alors qu’il m’inspirait des choses que je ne voulais pas vivre à nouveau. Et comme pour me rassurer je sortis la pierre précieuse de ma poche, c’était ça, son arme, et pour l’instant elle était à moi.

Je ne quémandai rien à personne de ce qu’il restait de mon escorte qui ne faisait que se réduire en taille et continuai à pieds sans leur adresser un mot. Je ne doutais pas que l’argenté n’avait qu’une envie, et qu’il s’agissait soit de m’accueillir sur sa monture soit de marcher à mes côtés, mais il n’avait pas réellement le choix et devait me suivre comme le faisaient les autres. Bientôt ils formèrent un triangle dont Ulk constituait la pointe juste derrière moi, un triangle au centre duquel se trouvait le prisonnier. Et puis, si ce n’était pas une escorte digne de la Princesse de Geresh, ce serait suffisant pour passer pour un petit bourgeois au moins, je n’avais pas spécifiquement besoin qu’on m’identifie et ces vêtements – qui s’ils n’étaient pas très richement décorés n’étaient pas non plus ceux de gueux – allaient me permettre ça. Mais voilà que je parlais comme l’Anedhel qui venait juste de me quitter, faisant d’une paranoïa justifiée ou non mon guide. Non, je m’en fichais.

Et qu’ils se posent des questions ou pas, personne ne se mit sur notre chemin pour nous arrêter alors que nous prîmes tous les cinq le chemin de l’auberge des Hiisi une fois les Soieries atteintes. Elle n’était pas très loin de cette entrée, tout compte fait, et en une poignée de minutes nous devrions l’atteindre. Quand la silhouette de l’établissement apparut, se découpant dans la nuit, je retins un petit rire. Finalement. L’établissement ne portait le nom d’auberge que parce que personne n’avait encore trouvé de nom qui lui convienne plus. C’était en réalité un petit palais qui avait été reconverti pour lui donner une seconde vie alors que ses propriétaires passaient leur temps plus au nord. Et quand on me vit, quand on me reconnut, j’eus l’impression d’être finalement arrivée quelque part où je serais en sécurité. Il n’y eut qu’Ulk et moi pour monter les marches et retrouver le gérant de l’établissement qui avait accouru. Les patrouilleurs eux eurent le droit et le devoir de s’occuper du prisonnier et de le guider aux plus bas étage pour l’y enfermer.

La pierre, elle, je la garderais précieusement avec moi.
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