Rencontre au sommet | En l'absence d'un Roi [Libre]

Parallèlement agitée et profondément soulagée, Kaëlistravaë réussissait enfin à délier les nœuds de couleuvres qu’étaient devenues ses mains. Communiquer était difficile. Cela elle le savait, mais chaque redécouverte n’en restait pas moins une expérience comme toute neuve. Et aujourd’hui d’ailleurs, c’était le cas. Car Kaëlistravaë en tant que Main Droite d’Ardamir n’avait que rarement eu à représenter de pouvoir aussi lourd que celui  du Trône Blanc, et encore plus rarement face à des pouvoirs aussi lourds que ceux des Protectorats. Et si elle a pu l’avoir fait plusieurs fois au cours d’une vie, il ne lui reste finalement comme souvenir précis que celui du jour où elle vint représenter Ardamir face au régent Nedi Lûcannui, dans des circonstances autrement plus privées que celles-ci.
En se faisant force de proposition elle avait joué un jeu dangereux. En agissant poussée par ses sentiments elle avait joué un jeu dangereux. Mais elle était restée dans sa vérité, et ayant compté sur ses frères pour au moins se tenter à la comprendre, elle n’avait pas été entièrement désappointée. Peut-être… certainement s’y était-elle prise maladroitement, mais elle garderait avec elle la fierté d’avoir abordé un sujet difficile, et d’avoir poussé ses camarades à la réflexion. Elle garderait avec elle la fierté d’avoir rassemblé quelques-uns des Protecteurs, et permis qu’ils parlent, qu’ils tendent l’oreille les uns vers les autres.

- Je l’entends, heru Thoràndarion. elle hoche la tête en direction de Daenor Je l’entends, heru Mirëromën. et de même en direction d’Akhoraril Et je ressors plus riche de vos paroles, comme j’espère les mots échangés au cours de cette réunion vous avoir enrichis. Armons-nous de patience pendant que le temps fait son œuvre, elle sourit en direction d’Akhoraril et espérons que force d’une confiance petit à petit restaurée son œuvre soit agréable.

Kaëlistravaë se leva, suivie de ses Conseillers, invitant d’un regard tous les elfes encore présents dans la salle à l’imiter. Les mains se tendirent les unes vers les autres, les doigts se joignirent à l’aube d’une prière, mais les yeux ne se fermèrent pas. Debouts. Fiers. Séparés du ciel, mais pour autant tout de même face au monde.

- Puisse I Mîngely nous souffler un peu de sa sagesse, que nos paroles soient toujours guidées vers la bonne direction.

La jeune elfe entame, et poursuit avec entrain en un ode aux dons de la Prime Déesse, en une promesse faite par ses enfants, et en profond souhait de bonheur futur. Et Kaëlistravaë sourit, comme pleine d’espérance à nouveau, et Caranthir et Daenor restèrent égaux à eux-mêmes quand la Reine ferma les yeux, pour prononcer dans un presque indistinct murmure.

- Car la Voilée gardera nos Souffles jusqu’à ce qu’en vienne l’heure, et le temps qu’elle nous offre nous est précieux. Ce qui nous est précieux faisons-en bon usage.

Elle s’incline dans des salutations finales. Immédiatement suivie de Caranthir et Delbes.

- Je vous remercie de votre venue, Protecteurs. Puisse votre départ être confortable.

Demain serait un autre jour. Demain d’autres se présenteraient à cette table, mais demain elle serait plus sage d’un jour.