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| Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 | |
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Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
Nombre de messages : 218 Âge : 30 Date d'inscription : 16/12/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 28 en Verimios 19.XI Taille : 1m76 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Sam 6 Juil 2019 - 18:42 | |
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Un jour de Karfias | An 17 du Cycle présent...
Combien de fois j'hésitai à le lui avouer, à lui balancer mon amour à la gueule, et qu'il se débrouille avec, tiens ! Et ô combien de fois je me rétractais, désolé, désolant. Enfin, vint le jour de l'urgence, de l'urgent ! Un diable fou, un bellâtre à foutre, se mit au-devant, non, au-travers de la scène, en s'entichant de l'homme de ma vie ; le fou ! que oui ! Il flirtait exagérément trop avec Zaahrian, que je sentais ravi ! Ça n'était guère farce à mon goût, j'allais me le farcir. Car oui, et maintenant une chose, imaginez-vous l'esclandre dont je suis capable de ficher où que j'aille, si l'envie m'en prend. Et je l'avais la vilaine, la terrible envie, je pouvais être une teigne, une harpie. Tenez-le pour dit, un scandale ne tarderait guère à vous distraire, car, fissa, je me rendis à cette fameuse péniche où se tenait une belle nouba comme on les aime. J'y étais souvent allé avec l'assassin de mon cœur, or ce soir là je n'y serai pas allé pour m'amuser, ou très peu.
La péniche que les matelots avaient amarré au port, voilà des années de cela, était un endroit mondain des plus réputés. Une musique de fond suivait les bercements de l'eau portuaire alors que sur l'embarcation en bois massif, comme des fourmis serveurs et invités grouillaient pressés ou guillerets. Par-ci des lampes, par-là des décorations pittoresques recouvrant cloisons sols et plafonds. C'était un endroit de grande classe, où se tenaient de réputées soirées organisées par de riches habitants. Bref un lieu haut en couleur qui ne manquait pas de revenir sur les lèvres des fêtards thaaris. On y dansait, on y festoyait, on y fricotait, puis on s'y mariait aussi parfois... ; la jalousie comme on l'entend, turbulente turpitude, salope plus mesquine que la mort, car elle vous ronge, puis lacère impitoyablement vôtre courage, vôtre douceur... Bref, ce soir-là ce n'était pas moi. C'était elle qui parlait à ma place.
« Petite salope, montres toi ! Oui toi ! Dis-je en dénichant ma cible parmi la foule. Je hurlais comme une de ces fées hideuse de contes d'épouvante à la noix. Arrivé à sa hauteur je le toisai. Zaahrian dis-je en le montrant du doigt non sans l'ignorer pour continuer de fixer mon rival, et peut-être parce que j'avais profondément honte et peur de ce que j'allais faire. Bien décidé pourtant, des mois de silence seraient extériorisés, j'en étais sûr. Je l'ai vu d'abord, il est donc à moi. Hein, Zaz, que tu suis à moi, enfin, que tu sois moi à toi... Éh enfin bref, m'avez tous compris, j'aime cet homme, ce mâle. Pfeuh ! Alors que ce mignon ne pense qu'avec son chibre, moi, eh bien je l'aime, je l'aime je l'aime je l'aime avec mon cœur. Ça restait compréhensible malgré l'étrange locution de je debitai entre plusieurs respirations bovines. Fixant de l'index qui qu'il fût, je hurlai de rage une deuxième fois, ce qui fit s'éteindre soudainement l'inspiration des musiciens, puis des danseurs, ainsi l'assemblé comme une entité pivota, enfin leurs têtes, et tous les regards se tournèrent vers nous, fatalement. Très bien pensai-je, je m'en foutais royalement. Alors, tantouze, poule mouillée, homelette d'avorton, soit tu te rétracte et tu ne lui adresse plus la parole, et je te pardonne. Ou tu me prend pour un couille-molle, et t'es cuit, je te tomberai dessus, aujourd'hui, demain, un jour, ou l'autre. Comme la guêpe furieuse que j'étais. Un conseil, fais ton choix et fais-le vite. Lorsque quelqu'un tenta d'en placer une je le rembarrai illico en pensant que c'était Zaahrian. Non, Zaz, c'est entre lui et moi. C'était faux. Zazou avait son mot à dire, hélas j'étais au-delà de tout entendement logique. J'explosais malgré moi. C'est que si je me fichais à ce point de ce qu'il pouvait penser, c'est que j'avais bien bu – l'auriez vous sans doute deviné – car jamais au grand jamais je n'aurais voulu imposer mon être et mon amour, sans avant connaître l'avis de l'hybride. Que l'abcès crève en publique, était à double tranchant. Avais-je encore ma bonne étoile auprès de moi ? Pourvu que je ne vomisse pas ! Je... J'avais enfin dévoilé mes sentiments pour lui. Cela risquait d'être une drôle de soirée.
Dernière édition par Rénatus Babec-Roumel le Mer 6 Nov 2019 - 16:49, édité 3 fois |
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Mer 10 Juil 2019 - 9:59 | |
| Zaahrian était heureux. Pour la première fois depuis longtemps, il pouvait dire sans la moindre hésitation qu’il se sentait bien autant dans sa tête que physiquement. Pourtant, il y a peu, il n’aurait jamais cru que cela puisse être possible. Tout a commencé avec la mort de Daeron. Aujourd’hui, il en était certain, la mort de son ancien maître ne l’avait pas réellement libéré comme il le pensait. Au contraire, elle marquait le début de tous ses ennuis. Sans point de repère, Zaahrian avait commencé à perdre pied. Le coup le plus dur fut sans doute la disparition de Guilin, mais la mort de son père causa la fracture de trop, celle qui le précipita dans les abysses. À ce moment-là, la vie n’avait plus d’importance à ses yeux. Il se noyait dans l’alcool, agissait comme un con en attendant que la mort vienne le rattraper sous la forme d’un coup de poignard bien placé au détour d’une ruelle. Zaahrian n’était plus que le fantôme de lui-même lorsqu’un jeune homme débarqua dans sa vie tout à fait au hasard. L’inconnu aux identités multiples selon ses envies du moment avait tenté de lui voler ses bottes et sa bourse alors qu’il dormait dans la rue. Le grand blond lui aurait volontiers tordu le cou si le pauvre gamin n’avait pas été aussi terrifié par lui. Un petit péninsulaire parti à la conquête de ses rêves qui chapardait dans les rues de Thaar pour survivre. Zaahrian l’aima dès les premiers instants. Il admirait son audace, car peu oserait s’en prendre à lui comme il venait de le faire. De cette rencontre improbable naquit une amitié qui, par la force des choses, poussa l’assassin à se reprendre en main.
Ils passaient beaucoup de temps ensemble. Ils parlaient de tout et de rien, faisaient la fête jusqu’au petit matin et pouvait refaire le monde étendu sur le toit d’une maison en regardant le soleil se lever avant de réintégrer chacun leur lit jusqu’au soir suivant. Il y avait peu de gens qui connaissaient les réelles activités de Zaahrian, mais Léonie savait. Il savait et ça ne le faisait pas fuir. Lorsque Léonie le regardait, il ne voyait pas un monstre. Il le voyait lui. Zaahrian avait l’impression qu’il pouvait être totalement lui-même avec le jeune homme. Cette amitié était donc précieuse aux yeux du blond. Certes, dès le départ, il n’aurait pas dit non pour que les choses évoluent, mais Léonie lui lança rapidement des signaux qui lui indiquèrent que ce n’était peut-être pas dans ses intentions. Il n’était pas rare qu’il passe des commentaires sur des hommes qui croisaient leur chemin. L’un et l’autre pouvaient flirter sans vergogne avec des inconnus avant de se retrouver pour parler de leur conquête respective. C’est pourquoi Zaahrian fut surpris par la soudaine crise de Léonie.
Zaahrian avait rencontré ce jeune homme deux ou trois ennéades plus tôt lors d’une soirée très semblable à celle-ci. Le tout avait débuté par une conversation qui évolua rapidement. Ils se plaisaient physiquement tous les deux et leurs échanges étaient légers et amusants. Ils ne se prenaient pas tellement au sérieux et avaient beaucoup de plaisirs ensemble à flirter sans vergogne. Nécessairement, il négligea un peu Léonie. Bon, ce n’était pas la première fois que ça arrivait, mais il est vrai qu’en général, Zaahrian ne passait jamais plus que quelques soirées avec une conquête. Là, ça faisait près de trois ennéades qu’ils étaient souvent ensemble à crapahuter un peu partout en ville et à s’inviter à des soirées, chose qu’il faisait habituellement avec Léonie. Il aurait pu venir le voir, ils auraient discuté. Sauf que ce n’était pas juste une manifestation de jalousie de ne plus pouvoir passer autant de temps ensemble. Non, quelque chose a changé pendant toutes ces années d’amitié et Zaahrian n’avait rien remarqué jusqu’à ce soir. Là, il voyait son ami se donner en spectacle devant tout le monde, répétant à de multiples reprises que l’assassin était à lui, mais surtout qu’il l’aimait de tout son cœur. Ça… Ça personne ne le lui avait dit avec autant de ferveur. Les gens commençaient à réagir autour d’eux, lançant des quolibets et autres remarques désobligeantes à l’endroit de Léonie. Zaahrian s’avança pour intervenir pour être aussitôt arrêté par son ami. « Au contraire, je crois que c’est entre toi et moi. » Il parlait d’un ton calme, mais ferme. Il n’était pas fâché, mais il savait que pour sortir Léonie de là, il devrait insister. « Viens, allons ailleurs. » Une main appuyée sur le dos de son compagnon, il l’entraîna vers la sortie en défiant du regard tous ceux qui seraient tentés de dire quelque chose.
Dehors, ils furent accueillis par l’air plus frais de la nuit. Zaahrian restait silencieux. En fait, il ne savait pas quoi dire. Il se maudissait intérieurement de ne pas avoir compris avant ce qui se passait avec Léonie. Malgré son air calme, dans sa poitrine, son cœur battait très fort. C’était bien la première fois que quelqu’un se montrait aussi véhément dans ses sentiments à son égard sans vouloir le tuer et certains avaient mi beaucoup d’énergie et beaucoup de passion à vouloir le faire. Zaahrian amena le jeune homme vers un endroit où ils pourraient discuter sans risquer d’être déranger. À travers la ville, l’assassin avait des cachettes ici et là où il se réfugiait lorsqu’il voulait réfléchir où pour espionner les environs sans se faire remarquer. Cette fois, il avait choisi le toit d’une bâtisse qui offrait une jolie vue ainsi que la tranquillité nécessaire à leur conversation. « Je ne suis pas fâché. » Dit-il enfin. « En fait, je suis désolé, parce que je ne n’avais pas compris. Si je t’ai blessé d’une quelconque façon, sache que ce n’était pas mon intention. » Zaahrian se balançait sur ses pieds, signe de son inconfort. Rarement il laissait apparaître aussi clairement sa vulnérabilité, mais même lui savait que ce n’était pas le moment de se donner de grands airs. « Je ne suis pas très à l’aise avec les mots. Certes, je suis bon pour dire des conneries et faire des blagues quand il ne faut pas, mais là... » Il s’arrêta un bref instant et se passa la main dans les cheveux. Il était de plus en plus frustré envers lui-même.
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| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Ven 19 Juil 2019 - 5:00 | |
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A contrecœur je me laissai faire par Zaz que j'osais enfin regarder, et qui en un tournemain, de la soirée m'extirpa. Moi, tout penaud sans comprendre ce qu'il m'arrivait vraiment ni avoir pu achever mon explosion ou ma démonstration de force folie, ma loghorée, ma mise en spectacle – en soi ce que vous voudrez entre la témérité et la stupidité. Je me retrouvai dehors en compagnie de l'élu de mon cœur, qui désormais riche de cette information allait éventuellement me dire quoi, bref m'en dire plus. Mais il garda le silence pendant que nous nous éloignions vers quelque destination plus intime. Je le suivi en respectant nôtre marche silencieuse. J'espérais profondément quelle ne fut pas prémonitrice d'une catastrophique chute.
Zaahrian avait bien fait de m'empêcher d'aller plus loin dans ma bêtise, c'est que mes débordements, parfois, non, souvent, je les regrettait ardemment. J'étais cela ni plus ni moins, un impulsif, imprévisible autant pour moi que pour les autres. Et qui viendrait soutenir le contraire. L'alcool m'avait deshinibé à un point de non retour, pourtant je gardais mon calme jusqu'à ce nos pas nous eurent finalement mené sur quelque toit thaari. Jolie vue. Il régnait un calme certain, mais qu'en apparence, je supposais que Zaahrian s'il ne partageait peut-être pas les même sentiments que moi, du moins ne paraissait pas être très détendu, je le connaissais trop. Je regardai fugacement Zaz sans savoir que faire, ni de mes yeux qui vite vacillaient de lui au lointain noir paysage et vice-versa, ni de mes doigts nerveux qui se trituraient entre eux de bien frénétique façon. Puis je me décidai. L'air était frais. Toutefois doux malgré mes tremblements, soubresauts dûs uniquement à mon appréhension, mon excitation. Ma témérité.
– Écoute, Zaz... Je... Tu... A croire que je ne savais commencer mes phrases que de cette si ridicule et balbutiante façon... Aussi, j'étais incommodé, crurent bon de souligner mes pieds trépignants. N'a pas à être désolé, tu sais... C'est de ma faute... J'aurai dû t'en parler plus tôt... Quant à ce soir... Je... Je ne réagi pas toujours comme il faudrait, comme je devrais... J'aurais du m'abstenir et agir non comme un enfant, mais comme un homme... Du haut de ses décennies l'hybride devrait me prendre pour un jeune écervelé. Hmpf... Tu me connais... On n'me r'fra point... Mais... T... trêve de... d'excuses... Trêve de regrets de remords de tout ça... Ce qui est fait est fait, de même pour ce qui a été dit ou proféré... Mes sentiments pour toi semblent aller outre ma raison, au-delà de ma lucidité, j'ai craqué je le crains et te l'avoue enfin... Et... Toi... Me... M'aimes-tu aussi ? Du tac au tac. La seconde qui suivit parut durer une éternité. Je rajoutai vivement. Non ! Ne dis rien ! Mais il était déjà trop tard, ses lèvres fremissaient déjà dans l'expectative d'une réponse. Je dégluti péniblement, mais ne put éclipser par cet acte la boule qui m'oppressait trachée et poitrine. Qu'il ne me réponde pas par l'affirmatif en précisant « comme un ami » et je ne défaillerai point.
_________________ « Un charlatan, sur un tréteau, Pantalon rouge et vert manteau, Vend à grands cris la vie; Puis échange, contre des sous, Son remède pour loups garous Et l'histoire de point en point suivie, Sur sa pancarte, D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »
(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.) |
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Dim 21 Juil 2019 - 12:14 | |
| La question était d’une simplicité déconcertante. Quelques mots seulement balbutiés par des lèvres tremblantes qui avaient pourtant le pouvoir de tout changer. Aujourd’hui, ça pouvait être la fin d’une amitié, brisée par la fracture irréparable de sentiments non partagés ou encore le début de quelque chose de grandiose. Le jeune homme le savait et il était terrifié par la réponse de Zaahrian, car à peine la question posée il lui demanda de ne rien dire. Malheureusement, cette question était de celles qui ne pouvaient pas rester sans réponse. « Tu m’as sauvé la vie. » Murmura Zaahrian. « Quand tu m’as trouvé cette nuit-là dans la ruelle, je touchais le fonds, littéralement. Je n’aurais pas pu continuer bien longtemps à ce rythme. Je serai mort emporté par l’alcool ou la lame de quelqu’un plus futé que moi. » Il marqua une brève pause avant de reprendre. « J’ai vu mon monde s’écrouler autour de moi. J’ai perdu tous mes repères. Mon meilleur ami que je considérais comme mon frère est mort par ma faute, ensuite mon père qui a fait une connerie et en a payé le prix. Tel père, tel fils… Quand je suis allé tuer cet elfe, j’étais convaincu que je n’allais pas en revenir et je m’en moquais. La vie n’avait plus la moindre importance. Tout le monde finit par mourir, c’est ce que je répétais tout le temps. Soyons réaliste, si cet imbécile d’elfe n’avait pas souhaité la mort, j’y serais resté. Je ne suis pas si fort que ça... » Zaahrian faisait rarement preuve d’autant d’humilité, lui qui vantait sans arrêt ses prouesses, mais Ren s’était mis à nu en dévoilant ses sentiments. Il devait en faire de même. « Puis tu es arrivé. » Un sourire se dessina sur ses lèvres. « Un gamin avec des rêves pleins la tête, une langue bien pendue et des plans aussi fous que les miens... Sans le savoir, tu m’as donné un but, un objectif sur lequel je pouvais me concentrer. Tu m’as ramené dans le moment présent et pour la première fois depuis très longtemps, j’ai eu l’impression que les choses pouvaient s’arranger. Plus important encore, tu ne m’as jamais fait sentir comme si j’étais un monstre. J’ai vu à travers tes yeux que j’étais quelqu’un de normal, quelqu’un de bien, alors que toute ma vie on a voulu me faire croire le contraire. Tu m’as inspiré comme personne ne l’a jamais fait avant. Avec toi, je peux être moi-même sans jugement... »
Zaahrian soupira. À mesure que les mots franchissaient ses lèvres, il sentait la peur et l’inconfort disparaître. Il dévoilait des choses qu’il n’avait jamais dites à personne comme si c’était la chose la plus naturelle du monde. Pourtant, l’assassin jouait beaucoup sur les apparences, prenant volontiers le rôle du gars extraverti et drôle qui ne prend jamais les choses sérieusement pour cacher les aspects plus sombres de sa personnalité. « Et je t’ai aimé… Dès le départ je t’ai aimé. Devant les dieux, je le jure, je vais mettre le monde à feu et à sang si quelque chose devait t’arriver. J’ai aussi gardé le silence, parce que je suis un imbécile et parce que j’avais peur de tout gâcher. J’ai gâché tellement de choses dans ma vie et je ne voulais pas perdre cette petite étincelle qui m’a ramené d’entre les morts. Puis, comme tu passais tellement de commentaires sur les autres, je me suis dit que tu n’étais peut-être pas intéressé par moi, pas de cette façon en tout cas. Je pouvais très bien vivre avec ça. Ton amitié et ta présence me sont tellement précieuses que je pouvais endurer sentir mon cœur se gonfler et se serrer quand je vois tes yeux pétiller de joie au moment où tu m’annonces une de tes réussites. Je pouvais accepter que tu préfères les bras d’un autre à la tombée de la nuit si ça te rendait plus heureux. Je suis loin d’être parfait et je croyais que le fait d’être un assassin mettait finalement une barrière… C’est logique aussi... » Il baissa les yeux pour regarder ses propres mains. Parfois, il ne pouvait pas faire autrement que de les voir couvertes de sang. L’illusion ne durait qu’une fraction de seconde, mais lui rappelait à l’occasion ce qu’il était. « J’ai l’impression d’avoir trop parlé. Parfois, je déblatère… Tu peux me dire de me la fermer si tu veux, mais tout ça pour dire que… que je t’aime aussi. »
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| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Jeu 1 Aoû 2019 - 15:56 | |
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Ajoutant sa touche à si romantique tableau – depuis les toitures côtoyant les cieux thaaris – Zaahrian se fit bavard en dévoilant depuis le début de nôtre relation, ses sentiments pour moi. Que n'étais-je donc abasourdi, ébaubi pour ainsi dire, par le dénouement d'une relation comme la nôtre, si naturelle, mais dont nous n'avions jamais causé ensemble. Nous partagions nôtre amour sans le savoir ! A croire que tous deux nous dérobions nos âmes derrière ces masques que nous arborions, l'un perspicace renard et l'autre délicieux, dangereux félin, que rien ne pouvait attendrir tant nous étions de l'extérieur dur comme roc et de l'intérieur, moelleux à la manière des nuages, insaisissables et pourtant difficilement plus dense... Derrière nos airs loquaces de thaaris aguerris, nous étions peut-être plus introvertis que nous le croyions alors, non pas de rudes et féroces bêtes, plutôt des timides marmottes lorsqu'il s'agissait d'ouvrir aux autres de vrais sentiments. L'abcès venait donc de crever, et qu'il était doux de respirer à pleins poumons l'odeur de mon aimé, sans gêne aucune, et d'enfin laisser libre cours à mon regard, qu'il se perde voluptueusement dans ses yeux d'ange et n'en revenir jamais. En effet je m'étais rapproché de lui tandis qu'il finissait de parler, et vigoureusement je l'enlaçai sans qu'il ai le temps de réagir. Tendrement mais fermement je restai comme joint à lui par une force mystérieuse toutefois tranquille, sans que le temps ni l'espace vint troubler l'étreinte, j'en aurai pesté.
Des milliers d'années plus tard peut-être, je le lachai enfin, à grand-peine je le confesse. Prenant mon courage à deux mains, je donnai suite à nôtre relation qui désormais changerait en un sens unique, celui du grand amour ! N'est-ce-pas ? Rien n'était moins sûr, mais il y avait de l'espoir.
« Zaahrian... Je ne l'appelais plus de la sorte depuis belle lurette. Je t'avoue être conquis... J'avais maintes choses à lui dire, mais rien ne voulut franchir mes lèvres transies. Ce n'était pas faute d'essayer, mesdites lippes devaient bouger sans grâce aucune, ma raison à la rescousse me permit enfin de glisser encore quelques mots, plutôt conculants. C'est merveilleux... »
Et nous restâmes un infime moment face à l'éternité, assis contemplant l'horizon qui avec ses zébrures laiteuses rendait aux habitants de la ville sa clarté correspondant au cycle circadien qui faisait s'activer doucement mais sûrement la ville jusqu'alors endormie. Assis là, frôlant l'extase, des caresses échangées, longuement, parfois sensuellement parfois distraitement – c'est que nos pensées lointaines nous distanciaient malgré l'amour partagé puis révélé, chacun dans son monde sillonnait les profondeurs –, bras et mains de nos doigts enchantés furent parcourus, chevelure et torse de nos mains avides furent progressivement découvertes, jusqu'à tard dans la nuit, tôt dans la journée c'est selon. Cependant, mis à part les quelques baisers échangés avant que l'on se quitte au petit matin, nous ne nous precipitames point, certains l'un comme l'autre de mieux savourer nôtre union dès que l'occasion se présenterait.
Le lendemain je toquai chez Zaahrian, vers midi.
« Allez debout, gros mou ! » Amoureux certes, mais amis avant tout. Je toquai une deuxième fois, ce qui le réveilla, probablement à en croire les grognements d'ours mal léché qui se fait déranger dans sa tanière. Lorsqu'il m'ouvrit je lui assenai un fulgurant baiser avant d'ajouter à cela, un éclat de ma bonne humeur. Assez prélassé le tigre, assez rêvassé le bougre, aujourd'hui on fête nôtre amour, demain on verra bien ! Qui vivra verra, qui vivra verra, oui, oui, oui pardi ! »
Mon sourire étincelant ne pouvait être plus sincère, ni convainquant. Oh, il savait que je respecterai au quotidien son intimité, mais il me savait également impulsif, joyeux et fou, oui car aujourd'hui fou de joie, je ne pouvais refouler ni mes sentiments, ni mes envies, ni mes désirs ! C'était jour d'exception, comme un jour de fête !
« Il fait un temps magnifique ! Allons, Zaz, allons, profitons de cette journée, célébrons célébrons, car demain peut-être, nous serons morts. » Oh, possiblement, car rien n'était moins sûr ni à exclure à Thaar. Ce qui pouvait peut-être expliquer mon euphorie, je n'avais pas envie d'essuyer le pire des accidents mortels, avant d'avoir passé une journée d'amour réciproque avec l'élu de mon cœur, mon âme sœur qui sait, mon prince charmant peut-être, mon chou d'amour c'est sûr. Zaahrian se laissa guider à travers le dédale tortueux thaari.
Autrement, je réservai pour plus tard une terrible surprise, et que l'assassin aurait beau refuser, une fois résolu je ne lachai jamais l'affaire, il n'en aurait cure. J'en tremblais d'excitation.
Nous arrivâmes sur une petite place où des chats se prélassaient sur de hauts murets ensoleillés. Postés à différents coins de la place, « mes » gamins surveillaient le fruit de mon imagination matinale, un « pique-nique petit-déjeuner » trônait sur le rebord d'un bassin où l'eau malheureusement stagnait. Sans l'eau ruisselante et son chant bucolique, la première surprise perdait de son charme, mais le soleil était bon et filtrait à travers quelque douce frondaison, l'air était agréable et lointains les échos de la ville en effervescence. Sur un geste de ma part, mes « petits frères » – je les employai décemment depuis plusieurs années pour certains, et me voyais de ce fait, désormais à la tête d'un petit réseau de charlatans et mandrins en tout genre –, s'eclipsèrent donc non loin avec sollicitude, prêts à détourner de nôtre petit paradis les promeneurs inopportuns. De toute façon nous ne resterions pas longtemps, car avant nous les moustiques entamèrent sur nous leur festin.
« C'est sûr j'aurai pu trouver mieux » me dis-je à part moi en tendant un jus exotique à Zaz en préambule à Milles pâtisseries et autres mets de circonstance.
_________________ « Un charlatan, sur un tréteau, Pantalon rouge et vert manteau, Vend à grands cris la vie; Puis échange, contre des sous, Son remède pour loups garous Et l'histoire de point en point suivie, Sur sa pancarte, D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »
(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.) |
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Lun 12 Aoû 2019 - 9:46 | |
| Zaahrian aurait pu compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où il fut réellement heureux. Des moments où aucune part d’ombre ne subsistait et où ses problèmes n’avaient pas plus d’importance que des grains de poussière éparpillés aux quatre vents. La rareté de ces moments les rendait d’autant plus précieux et Zaahrian chérissait chacun d’entre eux. Jamais il n’allait oublier cette soirée. Même lorsqu’il sera vieux et que le temps aura laissé les marques de son passage sur son corps. Même lorsque ces bâtisses seront réduites en poussière et remplacées par d’autres. Même lorsque les princes ne seront plus princes, il allait s’en souvenir. Il allait se souvenir de Léonie, comme il allait se souvenir de Yenaël et de tous ceux qui ont marqué sa vie d’une façon ou d’une autre. Car maintenant il comprenait que les mauvais moments existent pour qu’on puisse apprécier les bons et cette nuit était la plus douce et la plus belle qu’il ait vécu depuis longtemps. Lorsque l’aube pointa à l’horizon, il serait resté sur les toits encore longtemps, le nez enfoui dans les cheveux de Léonie à simplement profiter de sa présence dans le silence le plus complet. Zaahrian finit par rentrer chez lui, la tête légère comme s’il avait bu, une ivresse qui les donnait des ailes et lorsqu’il trouva enfin le sommeil, sur ses lèvres flottait un sourire qui refusait de s’effacer.
Le lendemain, midi approchait et Zaahrian dormait toujours. Une importante affaire l’avait gardé éveillé une bonne partie de la nuit et il comptait bien rattraper le sommeil perdu pendant la journée. Malheureusement, quelqu’un toqua à la porte. Zaahrian se retourna dans son lit, bien décidé à faire la sourde d’oreille. Ça devait être un esclave venu l’avertir de la présence d’un visiteur. S’il continuait à faire le mort, l’esclave n’insisterait pas et renverrait l’autre de la maison. Malheureusement, ce n’était pas un esclave. Une voix familière s’éleva de l’autre côté de la porte, celle de Léonie qu’il n’avait pas revue depuis l’aveu de leur sentiment. Il toqua encore avec un peu plus de vigueur cette fois. Avec lui, la technique du mort n’allait pas fonctionner.
« Quoi? »
Zaahrian se redressa dans son lit. Certes, il était content de revoir Léonie, ce n’était pas le problème, mais les deux nuits courtes consécutives se faisaient sentir. Il grogna avant de se décider à abandonner son lit pour aller ouvrir. En chemin, il avait enfilé des braies qu’il tenait d’une main à défaut d’avoir trouvé une ceinture pour les garder en place. La porte à peine ouverte, il fut accueilli par un baiser aussi soudain que passionné. Il n’en fallait pas plus pour oublier la fatigue accumulée. Zaahrian était heureux de le revoir et ça lui confirmait aussi que la nuit passée avec lui n’était pas le fruit de son imagination débordante.
« D’accord, mais laisse-moi une minute pour m’habiller… À moins que tu n’aies pas de problème à me voir déambuler complètement nu dans les rues de la ville? »
L’enthousiasme de Léonie lui donnait parfois le vertige. Il vivait avec une telle intensité. Les humains ont une vie courte, Zaahrian le sait bien. C’était peut-être la raison pour laquelle il ne voulait pas perdre de temps. Certes, le vie à Thaar pouvait être dangereuse, mais l’assassin était raisonnablement convaincu qu’ils seraient encore en vie demain. Sinon… Eh bien, ils auront au moins passé du bon temps ensemble.
Léonie l’amena jusqu’à un jardin paisible quelque peu délaissé, mais encore charmant en plein cœur de la cité. Comment avait-il fait pour dénicher cet endroit coupé de l’agitation de la ville, il n’en savait bien, mais ce trou de verdure invitait à la détende et à l’intimité. En son centre, un pique-nique les attendait. Le gamin s’était surpassé. Il ne le savait pas, mais en faisant tout ça, il mettait pas mal de pression sur Zaahrian pour l’impressionner en retour. Un tête à tête sur les toits de la ville en pleine nuit, c’était pas mal son maximum niveau romantisme…
« Tu t’es surpassé... »
Il accepta le jus avec un sourire tout en se grattant distraitement la nuque. L’endroit était adorable, mais Léonie et lui n’étaient pas les seuls occupants de la place alors que la vermine volante cherchait déjà à se délecter de son sang de bâtard elfique.
« Tu m’as manqué hier. C’était donc ça que tu préparais pendant que je travaillais? »
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| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Lun 7 Oct 2019 - 9:37 | |
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Je n'étais pas satisfait de moi-même – comme de coutume – toutefois, je profitai du moment présent et de la compagnie de Zaahrian, offrant à celui-ci mes plus beaux sourires. J'étais sincèrement heureux. Mais rien de cela ne nous fit oublier les trompes avides des moustiques qui nous assaillaient, qui nous pénétraient impunément de leur organe buccal, et qui littéralement nous dévoraient. Viles bestioles que je n'avais pas pris en compte avant d'inviter Zaahrian en ce lieu pour ce qui était sensé être un plaisant déjeuner ! Bon, nous étions vivant, c'était le principal. Nous dejeunâmes donc plutôt prestement, réduisant certes quelque peu leur effectif par de bonnes claques bien assenées – à des endroits plutôt incongrus de nos corps –, hélas nous étions encore bien loin du génocide.
Lorsque nous eûmes achevé une bonne partie des mets parsemant la nappe, je bu une dernière gorgée de Porto Bello avant de m'exclamer en réponse à une énième piqûre sur ma peau perpétrée. « AÏE ! Quittons cet enfer et ses petits démons, Zaz, car je n'en peux plus, oh non je n'en puis plus, oui ils me bouffent tout cru, je dois être disons délicieux que sais-je... » En effet les innombrables piqûres sur ma peau enflaient, et ce de façon phénoménale. Comme de petites auréoles rougeâtres, que le prurit menaçait ardemment, titillant également mon cerveau en ébullition. Comme une torture des plus subtiles, des plus infâmes. Sans me gratter, je tapotai ma peau sensible, ou j'assenai plutôt par-ci des claques par-là des frottements agités.
Au môme que je savais hissé sur un arbre non loin, je m'écriai, « peux-tu, p'tit chat, ranger tout ceci ? Emmène tout là où tu sais, puis quartier libre toute la journée mon grand ». Ainsi nous pûmes nous dérober à l'épanchement sanguin de ces monstres cruels, en nous faufilant dans la ruelle. Je feignis alors le soulagement ; le contraire serait un bien faible mot pour décrire ce feu qui me rongeait l'épiderme, mais je ne grattai point sachant cela contre-indiqué ; je continuai de me claquer bras et jambes dans une vaine tentative d'apaiser mon malheur.
Nous partimes sans but aucun, à ceci près que je savais exactement où allais-je menais tout du moins nôtre conversation. Ne faisant pour l'occasion pas dans la dentelle, je m'exprimai tout en marchant, crachant bancalement mes pensées.
« Zaz. Me montrerais-tu comment on assassine ? Je veux dire, me formerais-tu pour un unique assassinat... ? C'est que ça m'intrigue, tu sais, le meurtre prémédité... C'était en quelque sorte vrai. Et... En fait, je veux ressentir ce que tu ressent après l'accomplissement... Mh... Partager une partie de ton quotidien, non pas pour alléger quoique ce soit, mais... Je... Je ne puis trouver les mots pour te l'expliquer tout de suite... C'est mûrement réfléchi, crois-moi. Ça sera quand tu voudras, mais je dois le faire. Je le dois. » Je lui en disait trop peu...
Je connaissais que trop bien la réaction de l'hybride. Ce qui ne m'avait pas empêché de sortir ma requête comme l'on annonce le beau temps. Et, verrait-il cependant qu'il ne s'agissait ici pas de moi – ou si peu –, mais de lui. Pour lui. J'avais envie de le comprendre, de lui prouver que mon amour était pur, qu'il sache que sa vie pour moi n'était pas à blâmer, tant que l'on savait pourquoi l'on se battait.
_________________ « Un charlatan, sur un tréteau, Pantalon rouge et vert manteau, Vend à grands cris la vie; Puis échange, contre des sous, Son remède pour loups garous Et l'histoire de point en point suivie, Sur sa pancarte, D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »
(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.) |
| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Mer 16 Oct 2019 - 0:33 | |
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Zaahrian regrettait un peu la tournure de la journée. Certes, personne n’aurait pu le deviner et ils auront bien l’occasion de se reprendre, de multiples occasions si l’assassin avait son mot à dire sur la question. À la fin du repas, ils avaient spontanément décidé d’aller marcher afin d’étirer un peu plus le temps passé ensemble. Ils pouvaient parler pendant des heures, ne tarissant jamais de sujets de conversations. Zaahrian avait beaucoup d’histoires à raconter. Il partageait sans gêne ses expériences d’assassin et les anecdotes loufoques qui pimentaient parfois les choses. C’est peut-être ce qui inspira Léonie à lui faire cette demande. L’assassin s’arrêta, perplexe. Rarement Zaahrian restait sans mot, mais cette fois, il ne savait pas comment réagir. Léonie comprenait-il vraiment ce qu’il venait de lui demander? Probablement pas, car il ne l’aurait pas fait comme on salut un vieil ami croisé dans la rue.
« Léonie, il n’y a aucun retour en arrière possible une fois le pas franchi. Ce n’est pas comme défendre sa vie contre un agresseur. C’est prendre la vie de quelqu’un qui ne nous a rien fait à la demande d’une autre personne. Je peux t’apprendre à te défendre, mais de là à te laisser prendre un contrat... » Il secoua la tête. « On ne les oublie pas, tu sais? Ça fait si longtemps, mais je me souviens de chacun d’eux. Ce n’est jamais beau. Parfois, il arrive des trucs étranges qui rendent la situation presque comique, mais ce n’est pas vraiment drôle quand on y pense. Ce n’est pas vrai de dire qu’ils méritaient tous leur sort. » Il s’arrêta brièvement à la recherche de ses mots. « Il y a une histoire que je ne t’ai jamais racontée. En fait, je ne l’ai jamais raconté à personne, car elle m’est encore douloureuse aujourd’hui. Cette histoire est importante, car c’est l’élément déclencheur qui m’a poussé à faire le truc le plus stupide de toute ma vie, tuer Daeron. » Il lui fit signe de le suivre. « J’étais encore un assassin sous les ordres de Daeron. Il m’envoyait sur des missions comme bon lui semblait. Je n’avais pas nécessairement tous les détails, juste l’essentiel. Je n’étais pas là pour poser les questions de toute façon. Aux yeux de Daeron, j’étais le meilleur. Sa plus grande réussite, mais aussi l’assassin avec le plus de chance de poser des problèmes. J’ai toujours été une grande gueule et avec lui, j’ai souvent poussé les limites au maximum. Toutefois, j’étais doué, donc il me tolérait. J’avais de plus en plus de contrats et de plus en plus de responsabilités. Un jour, il m’a fait demander et m’annonça qu’il avait quelque chose pour moi. Je devais retrouver et tuer le fils d’un homme important de Thaar. Tout ce que j’avais, c’était son nom, Djamel Sabi. Je savais aussi qu’il aimait fréquenter les tavernes. Tu imagines le nombre de tavernes qu’il y a à Thaar? Bon, comme c’était le fils d’un homme riche, il devait fréquenter les endroits des beaux quartiers. Du coup, il suffisait de me mêler à la population et je finirai bien par le trouver. Je te laisse imaginer le petit Zaahrian de 90 ans qui fait son chemin tout heureux, prêt à tuer une fois de plus... »
Il n’avait pas pensé à Djamel depuis des années. Ce n’était plus aussi douloureux, mais le temps n’avait pas totalement fait son œuvre non plus. « J’ai hanté les tavernes à la recherche de ce gamin. Je m’installais près du feu et racontait des histoires. Je jouais très bien le rôle de l’aventurier. Aujourd’hui, on me connaît un peu trop pour ça… Bref, parmi ceux qui écoutaient mes récits, il y avait ce jeune homme, un fils de fermier au visage avenant. Pour être parfaitement honnête, il était beau garçon. Un soir, il est venu s’asseoir à côté de moi et on a commencé à parler et à boire. Ce fut une soirée très agréable qui se termina… sous les draps. Il faut savoir qu’à ce moment-là, ça fait déjà un certain temps que je cherchais Djamel, sans résultat. Du coup, au matin, je commence à taquiner ce jeune homme et à lui dire qu’il ferait mieux de rentrer. Il me dit que ça n’avait pas d’importance, que son père était déjà en rogne contre lui de toute façon. C’est là qu’il me dit son nom complet : Djamel Sabi. Non seulement jamais trouvé ma victime, mais je venais de coucher avec lui. Pire encore, il ne concordait pas du tout avec l’image que je m’étais faite de lui. En pensant au fils d’un homme riche, je pensais à un petit bâtard imbu de sa personne qui aime écraser les gens pour se donner de l’importance. Là, j’avais devant moi un jeune homme charmant, drôle, gentil… Je ne voyais pas une once de malice chez lui, rien qui pourrait justifier sa mort. Je devais le tuer. Peu importe pourquoi, je devais le faire. Mon arme était à porté de main, un coup rapide et c’était fini, mais quelque chose à retenu mon geste… Pour la première fois, j’ai douté. »
Il revoyait encore ce moment dans sa tête, celui où Djamel quittait le lit pour s’habiller. Zaahrian l’observait, encore sous le choc des révélations, son esprit essayant désespérément de justifier ce qu’il devait faire sans y parvenir. Pour la première fois, il se répugnait à l’idée de tuer.
« Il m’a donné rendez-vous pour le lendemain dans un endroit tranquille en bordure de la ville. Parfait, ça me donnait une journée pour me faire à l’idée… Je n’y suis pas arrivé. Je ne trouvais pas une bonne raison pour le faire. C’était la première fois que j’hésitais à tuer. Daeron m’avait conditionné à ce que la mort ne me dérange pas. Bon, en désobéissant, je mettais ma propre vie en danger, mais ce n’était qu’un détail à mes yeux… Je savais aussi que si je ne le faisais pas, quelqu’un d’autre le ferait. Djamel était condamné, quoi que je fasse. Du coup, je suis arrivé plus tôt au lieu de rendez-vous et je me suis caché, dague à la main. J’allais le tuer, le faire proprement et sans douleur, mais en le voyant, j’ai perdu toute ma motivation. Je n’allais pas le tuer, j’allais essayer de lui sauver la vie. Je vois encore la terreur dans son regard lorsque je lui ai dit la vérité, quand je lui ai dit qu’on m’avait envoyé pour le tuer, qu’avant la veille, je ne savais pas qu’il était ma cible… Il devait se sentir trahi. On avait quand même couché ensemble. Je lui ai dit de prendre le premier bateau qui l’amènerait le plus loin possible de Thaar et de ne jamais regarder en arrière. Il avait une chance de s’en sortir s’il disparaissait. Malheureusement, je n’étais plus le seul assassin sur son cas. » Il soupira. « Je lui ai dit de partir… Il l’a fait, mais 20 mètres plus loin un autre assassin lui tombait dessus et lui tranchait la gorge. Je prenais trop de temps et Daeron avait envoyé quelqu’un d’autre pour voir ce que je faisais. C’était Guilin. J’aimais ce gars comme un frère, mais quand je l’ai vu penché sur le corps de Djamel, je lui ai sauté dessus. Je l’aurais probablement tué si ça avait été quelqu’un d’autre que Guilin. J’étais furieux, mais j’ai vite compris que cette colère ce n’était pas contre lui que je l’éprouvais, mais contre Daeron. À ce moment-là, j’ai décidé de le tuer. »
« La mort de Djamel remettait pas mal de chose en question. Tous les assassins ne sont pas comme moi. Plusieurs de mes confrères me voient comme un faible ou un traître, mais contrairement à eux, je n’ai pas choisi cette vie, on me l’a imposé alors que je n’étais qu’un enfant. Je ne suis probablement pas le seul que la vie a poussé dans cette voie malgré lui, mais bon… J’aime bien l’idée de ne pas être un monstre sans compassion… Et ça ne m’empêche pas d’être doué et je n’ai pas cessé d’être un assassin pour autant. Je choisis mes contrats et je le fais dans la perspective de faire le bien. Il y a effectivement des gens qui ne méritent pas de vivre. Tout ça pour dire… Non, je ne vais pas te montrer à tuer, parce qu’il n’y a pas de retour en arrière. Je ne veux pas partager ça avec toi. Je l’ai peut-être voulu, à un moment, mais c’était avant, avant que tu prennes autant de place dans ma vie… et que je sois amoureux de toi. Traite-moi de grand dadais sentimental si tu veux, je m’en moque totalement... »
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| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Mar 22 Oct 2019 - 13:41 | |
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J'étais déçu, ça oui, extrêmement déçu. Zaahrian venait d'éconduire avec gravité ma requête ; j'essuyai son refus avec quelque déglutition et force retenue. C'est que je progressais ! Avais-je cependant le droit de lui en vouloir, de, de... De tenter par chance ou par dépit, de le convaincre ? Ca... Je savais l'être oui, convaincant. Méritait-il néanmoins que je le saoule des heures des jours durant, ou peut-être était-ce là juste une de mes lubies, qu'il valait mieux pour moi pour l'heure d'écarter ? Sans doute. Me vinrent à l'esprit encore mille et une questions que j'analysai ou écartai au gré des lourdes secondes succédant son refus. Etais-je à ce point docile ? Un gentil petit roquet que le parrain champion trouvait que sais-je, indigne ? Non point ! Par les Cinq, je m'égarais, indubitablement. C'est que son histoire m'avait marqué plus que de raison. Je comprenais parfaitement Zaahrian... Et le trouvais tellement attendrissant, le diable ! Je décidai de proroger ma drôle de requête — un jour peut-être — encore tout chagriné et chamboulé que j'étais par son histoire. En y repensant je me dis que, nul doute, l'assassin voulut seulement ainsi me protéger.
« Je suis désolé, Zaz... Tu... Tu n'imagines pas à quel point... Moi... Moi aussi je t'aime... dis-je sincèrement troublé. »
Après quoi, je décidai par respect de demeurer silencieux. Presque honteux. Nous avançâmes longuement, perdus dans nos respectives ruminations, glissant à travers la ville non plus comme deux amoureux transis, plutôt comme deux ombres que leurs réflexions assombrissaient davantage à chacun de leurs pas.
La pluie vint alors laver de son courroux les saumâtres dépôts que la mer Olienne consentait aux ports vaanis. Si seulement elle eût pu parallèlement doucher mes préoccupations, et les refouler dans quelque lointain flot...
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Mar 29 Oct 2019 - 22:49 | |
| « Tu n’as pas à être désolé. » Répondit Zaahrian avec un sourire. « Si quelqu’un devait l’être, c’est moi pour avoir été aussi véhément dans ma réponse, mais j’ai mes raisons. Je ne l’avais jamais vraiment dit avant, donc tu ne pouvais pas non plus savoir. Je ne veux juste pas que tu regrettes. Ça pèse lourd sur la conscience... » Il aurait pu lui parler des autres conséquences, surtout aux yeux de la loi. Voler et arnaquer ne va pas te conduire à la potence nécessairement alors que l’assassinat… Si tu te fais prendre, c’est la corde. Plus d’une fois, il a imaginé son corps se balancer au bout d’une corde, laissé aux corbeaux pour être dévoré. Zaahrian essayait de ne pas trop y penser, mais chaque exécution publique était un douloureux rappel que ça pouvait lui arriver…
Le ciel ne laissera pas l’occasion à Léonie d’argumenter plus longtemps. Une averse aussi soudaine que violente s’abattit sur la ville. Il ne pleuvait pas souvent sur cette région du monde, mais la nature ne faisait jamais les choses à moitié quand ça arrivait. Zaahrian attrapa Léonie par le bras pour l’amener à l’abri. Il connaissait un endroit tout près où ils seraient au sec jusqu’à ce que l’averse soit passée. Malgré tout, le temps qu’ils y arrivent et les deux hommes étaient trempés jusqu’aux os. C’était un entrepôt laissé à l’abandon. Le rez-de-chaussée était le refuge des vagabonds et sentait plutôt mauvais, mais quelqu’un d’aussi agile que Zaahrian pouvait atteindre le second étage dont le seul accès s’était effondré depuis longtemps et être à l’abri. Il aida Léonie à grimper avant de monter à son tour. À la pluie s’ajoutait maintenant le roulement du tonnerre.
« Je me demande si un jour ils trouveront le moyen de prédire la température... » En parlant, il retira sa tunique pour l’essorer du mieux qu’il put et la laissa à sécher sur une poutre. Dans la pénombre, sa silhouette était à peine visible. Un éclair déchira le ciel l’espace de quelques secondes accompagné par un coup de tonnerre qui en ébranla presque les murs. « J’adore les orages! » S’exclama le demi-sang, peu impressionné par cette démonstration de la nature. Il s’approcha d’une fenêtre pour observer le ciel qui se déchaînait au-dessus de leurs têtes, un sourire aux lèvres.
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| | | Rénatus Babec-Roumel Drydry l'Fonda'da'mûr
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Mer 6 Nov 2019 - 16:47 | |
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Nous détalâmes sous le déchainement de torrents tropicaux beaucoup plus francs que les perpétuels crachins péninsulaires, et malgré nôtre promptitude à courir nous ne manquâmes point d'essuyer un féroce détrempage. Mais comme Zaahrian savait constamment où aller en cas de nécessité, il nous dégotta rapidement un abri. Au deuxième étage d'un entrepôt laissé à l'abandon — que des indigents avaient aménagés en tanière — se trouvait en effet un lieu rudement inaccessible et ô combien salvateur. Et ô combien secret.
Tout en philosophant le bel éphèbe se dévêtît, ce qui me ficha à proprement parler une érection digne des plus virulentes jamais eues. Il étendit sa tunique quelque peu essorée, et je fis de même, m'assurant dans le noir qu'il ne devinât rien de mon trouble, qui n'en était pas un bien au contraire. Je tentai en vain de me calmer, lorsqu'un orage déchira le ciel et me fit aussitôt redescendre ; je n'étais point couard, seulement impressionnable, les Dieux en soient remerciés. Accompagnant les vestiges du tonitruant hurlement des cieux, Zaz fit une déclaration à la tourmente qui s'intensifiait à mesure de son rapprochement. Alors nous nous rapprochâmes tous deux d'une fenêtre, afin de vivre intensément la tempête, quoiqu'à l'abri, comme spectateurs d'un tableau des plus rocambolesques.
« Oui... Moi aussi j'adore... Ahhhh... C'est que nous ne sommes rien face aux caprices de... des dieux...? Pleurent-ils peut-être les bougres ? Et puis merde, Zaz, tu crois en eux, hein ? Parc que tu ne peux pas croire que cela vienne des dieux, si tu ne crois pas en eux ?? » Imbécile que j'étais ! Et puis, qu'il le fît ou non, de croire en les Dieux m'importait peu d'ailleurs, pourvu que nôtre discussion ôte tout caractère sensuel ou romantique à la scène... Car je ne me sentais pas prêt encore à franchir le pas avec l'homme de ma vie, bien que l'envie ne manquât point — croyez-en l'inopportune gaule qui menaçait de sévir nouvellement.
Et dans ma tête se bousculaient d'intrépides réflexions : « OH. NON ; ça revient, ça revient, merde, merde, merde. Mmmh... Penses à autre chose, tiens l'éclair ! Un, deux, trois, quatre... Mais c'est qu'il est bien foutu, le diable... Diable ! Ta gueule, ta gueule, penses pas à ça, par pitié, penses pas à ça, réponds vite, Zaahrian, bouge ton cu... NON, bon, pas ton cul ! GROUILLE ! REPONDS MOIII ! »
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| | | Zaahrian Las'Danir Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Qui s'y frotte, s'y pique | Zaz • 17 Sam 9 Nov 2019 - 0:56 | |
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Zaahrian ne répondit pas tout de suite, trop absorbé dans sa contemplation. Les orages le ramenaient toujours à une autre époque vers un souvenir si lointain qu’il se demandait parfois s’il ne l’avait pas inventé un jour pour se rassurer lorsque le ciel se déchaînait au-dessus de sa tête. Il n’était qu’un petit garçon et vivait encore avec sa mère avec la caravane de marchand. C’était la nuit et l’orage l’avait réveillé. Le vent faisait frémir la caravane dans laquelle il vivait avec sa mère et dehors, il entendait la pluie et les grondements du tonnerre. Il se souvenait de la peur qu’il avait éprouvée en réalisant que sa mère n’était pas avec lui. Zaahrian l’avait appelé avant de se rendre compte qu’elle était bien là. En fait, elle observait l’orage par la petite ouverture qui servait de fenêtre. Ïasmina avait invité son fils à venir la rejoindre et ensemble, ils avaient admiré la tempête. À partir de ce moment, il n’avait plus eu peur des orages.
« Évidemment que je crois aux dieux. De toute façon, on sait qu’ils existent, non? Avec le Voile et tout ça… J’ai toujours pensé que les dieux devaient me trouver plutôt divertissant avec toutes les merdes qui me sont arrivées et auxquels j’ai survécu par je ne sais trop quel miracle. Je pense qu’ils ont dû intervenir une fois ou deux, car je serais probablement mort depuis longtemps sans un peu d’aide extérieure. Après, est-ce que les dieux sont derrière les orages… Peut-être. Si c’est le cas, c’est une sacrée dispute qu’ils ont là! »
En effet, l’orage s’intensifiait et quand le vent commença à pousser la pluie à l’intérieur, Zaahrian abandonna son poste d’observation pour se mettre à l’abri avec Léonie. L’assassin n’avait rien remarqué du trouble qui accablait son jeune ami et sans doute serait-il amusé s’il venait à le découvrir. Il n’y avait aucune honte à avoir, c’était même flatteur pour Zaahrian. N’ayant rien de mieux à faire pour l’instant, l’assassin trouva un endroit au sec et s’y installa. Il tapota le plancher à côté de lui. « Allez, viens t’asseoir. On en a pour un moment à attendre. » En toute honnêteté, Zaahrian se sentait d’humeur câline. Le contexte s’y prêtait plutôt bien, mais c’est un jeu qui se joue à deux et si Léonie ne voulait pas, alors l’assassin allait garder ses mains pour lui.
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