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| Dame de pique et frère de coeur | Gaël | |
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Cécilie de Missède
Humain
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| Sujet: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Mer 15 Mai 2019 - 2:29 | |
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début de l'été - 2e ennéade de Verimios 16:XI Début de soirée Agora d'Ys
Large forme de "L" s'étendant d'un côté le long de la rive de l'Oliya et de l'autre le long de celle de la mer Oliyenne, Ys était bâtie de façon à ce que tous les trafiques d'hommes et de biens passent par l'Agora. Règlementée, taxée et agencée avec soin, l'immense structure était semblable à une arène disproportionnée, à ceci près que des rues serpentaient à la place des gradins. Au centre une grande place pavée tenait lieu de fosse ou quiconque payait les droits d'entrée pouvait s'installer... Pourvu qu'il y ait de la place. Sur les bords, les rues ascendantes et descendantes suivaient les devantures de diverses échoppes, ateliers, tavernes et auberges luxueuses. Quelques placettes et quelques bancs étaient placés à l'ombre de grands oliviers, mais mis à part ces quelques espaces, les bâtiments étaient serrés de manière à former un mur hermétique délimitant de lui-même les frontières du cœur battant de la cité. Seules quelques tavernes et auberges disposaient d'une autorisation spéciale pour ouvrir en périphérie et éviter l'engorgement de ce haut lieu. C'était aussi sur l'Agora que se trouvait l'auberge des Deux Soleil, anciennement auberge des Sept Dames renommée en l'honneur de la Princesse Kahina quelques années plus tôt. Sa présence au plus haut de l'empilement urbain, sa devanture travaillée et ses fenêtres de verre coloré hurlait à qui voulait l'entendre qu'il s'agissait d'un établissement des plus prestigieux. En cette clair journée, le soleil cuisant qui engageait les badauds à rester au plus près des oliviers ou à se terrer chez eux durant l'après-midi, déclinait doucement. Une douce brise marine se faufilait dans les hauteurs pour rendre la température plus acceptable sans être capable d'apporter une réelle fraicheur. Les oliviers projetaient leurs ombres salvatrices et la perspective des longues soirées estivales accrochait toutes sortes de lampions au dessus de ces rues luxueuses. La douceur de la vieille Ys... Et pourtant, à l'intérieur des établissements se rallumait la flamme du combat. Qui, cette saison, saurait le mieux faire reluire son nom et rameuter la plus belle clientèle ? Qui vivrait une année de plus dans les hauteurs de l'Agora tout en faisant assez de recette pour payer les charges et les taxes que cela impliquait ? Pour répondre à cette question, chacun avait ses astuces, ses espoirs, ses évènements. L'ennéade passée, un artificier avait créé tout un spectacle de feu et de lumière dans la cour intérieur du Drake Rêveur, mais les Deux Soleils valaient bien mieux que ce genre de divertissements bruyants et grossiers ! Après tout, tout comme la Princesse des Deux Soleils l'avait été à sa façon, l'auberge se targuait d'être un lien entre la Péninsule et l'Ithri'Vaan. Elle alliait avec une grande mesure l'art pentien, l'exotisme Thaari et les habitudes péninsulaires. Aussi, bien que ses chambres soient hors de prix, elle restait une référence pour les marchands et de nobles venus d'outre-mer. Certains soirs, les dorures des grands salons de l'établissement accueillaient des baquets typiquement péninsulaires, ou au contraire, mêlaient des danses locales à des réceptions plus cosy. Hélas, la concurrence des auberges plus jeunes était toujours féroces et enjoindre les gens importants à pousser la porte n'était pas si facile. Depuis deux ans, Hilda, la gérante, comptait donc sur une manne bien peu onéreuse par rapport à son efficacité : des baladins. Et tout particulièrement des baladins connaissant des chants et des styles usités dans le royaume des Phiiram. Une ennéade plus tôt, elle avait trouvé son bonheur en la personne d'Aliénor. La jeune femme au sourire jovial et au rire facile lui était tombé dessus par un sacré concours de circonstances, mais elle en était ravis. Vivant de sa musique depuis la mort de ses parents dans les guerres du Nord, son accent serramirois criait ses origines et collait à la perfection à la prétention du lieu... enfin, ça aurait été vraiment parfait si elle avait eu l'accent Soltari, mais bon, c'était déjà pas mal. Depuis, dès que le soleil commençait à peindre de rouge et d'or les vieilles pierres d'Ys et que l'air redevenait respirable, les portes de l'auberge s'ouvraient toute grande pour laisser échapper les notes liquides d'une harpe péninsulaire. Durant une heure ou deux, les mélodies s'enchainaient. Douces ou belliqueuses. Nostalgiques ou entrainantes. Venues de toute la Péninsule ou hybridé de sonorités Vaanies. Dans la grande salle du bas, parmi les tables et les banquettes de la taverne apte a servir la noblesse, une discrète estrade se retrouvait alors le centre de l'attention. La harpiste s'était vu offrir une robe légère de lin rouge et blanc, coupée de façon a rappeler la mode Soltarie, quoi que dans une version bien plus provocante. Hilda s'en était donné à cœur joie en constatant la peau laiteuse et les courbes jeunes de sa dernière trouvaille. Et la trouvaille s'était montrée innocemment emballée par les jolies choses que lui montrait la propriétaire. Accoutrée de la sorte, la délicate jeune fille d'à peine vingt ans avait de quoi donner le mal du pays avec ses grands yeux bleus et sa voix de cristal. Son seul défaut, des cheveux outrageusement courts d'un noir profond, était soigneusement caché par un tressage complexe piqué de fleurs des champs pour camoufler leur longueur. Peut-être aurait-elle du s'inquiéter de se retrouver dans une auberge pouvant abriter des Missédois hauts placés, mais cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas eu l'occasion de jouer sur une véritable harpe médianaise. Et qui aurait pu la soupçonner de toute façon ? La femme qu'ils ne cherchaient sans doute plus depuis bien des années approchait de la trentaine. Elle avait des rondeurs toutes maternelles, des cheveux roux lui battant les cuisses, était aveugle, posée, gracieuse, et d'une prestance noble. Le visage d'Aliénor était resté le même qu'au jour de son départ et, tout comme son corps, il avait été affiné par des années de voyage et de repas manqués. Sa peau était certes encore plus blanche et sans défaut qu'elle l'avait été par le passé, mais ses mèches noires soulignaient un regard qui n'avait rien de mort. Un peu rêveur sans doute, comme s'il n'arrivait pas toujours à suivre les éléments d'une scène, mais certainement pas aveugle. Une fois derrière sa harpe cependant, le rire vulgaire n'avait pas plus de place que le maintien rigide. Il n'y avait plus de rôle... Seulement la musique qui l'emportait et sa voix d'une pureté charmante. Une voix qui oubliait parfois de se tenir pour cacher son timbre reconnaissable. Au milieux de son récital, après une une ronde populaire des plus entrainantes parlant d'un chat allant au bal des souris, les doigts de la musicienne réarrangèrent les clefs de son instrument. Les premières notes qui s'écoulèrent n'étaient pas particulièrement lente, mais d'une grande douceur. Une berceuse pour laquelle son accent nordien déjà peu prononcer quand elle chantait, disparut tout a fait. ~ Musique ~" Il n'aime qu'elle, et elle n'aime que lui. comme une ronde entre mes bras. Un air du val. Un secret entre elle et lui. Un pas de danse qui n'en finit pas. Qu'est-ce que ça peut faire, si le monde tourne à l'envers ? Le temps qui passe, ne revient pas. Qu'est-ce que ça peu faire, si le monde va de travers ? Cette nuit tu dors entre mes bras. C'est une chanson d'amour, un air qu'on chante à demi mots Jour après nuit, nuit après jours un parfum qui reste sur la peau.... " Des paroles qui filaient sur ses lèvres avec fluidité, éclairant son visage d'un sourire tendre. Les yeux clos, le corps accompagnant les notes, elle ne réfléchissait pas. Ni pour la jouer, ni pour la chanter. Sa voix s'était faite douce, caressante. De toutes les chansons de la soirée, c'était de loin la plus touchante. Elle en oubliait le masque le plus élémentaire. Quoi de plus normal alors qu'elle interprétait la berceuse que les gens de son entourage avaient du supporter en boucle pendant un an ? Quand elle ne la jouait pas, elle la fredonnait. Cette berceuse, elle avait écrite pour son fils, sept ans plus tôt et pendant l'année qu'elle avait passée avec lui, refusant de le confier à la moindre nourrisse, elle ne l'avait pas endormit une fois sans cette chanson.
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| | | Gaël de Laval
Ancien
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Jeu 16 Mai 2019 - 12:22 | |
| Tout devait être parfait, voilà trois jours que les valets, sous l’autorité de l’intendant, se pressaient à imaginer le mariage qui devait unir Linaëlle et Gaël. Les deux fiancés ont passé suffisamment de temps ensemble pour se connaître et développer un amour profond l’un envers l’autre. Et même si ce mariage n’apportera pas grand chose en terme financier ou foncier, il a le mérite d’être un mariage d’amour et te permet de bénéficier de soutiens dans tout le marquisat. Vous vous étiez mis d’accord pour vous marier voilà deux ans déjà mais la guerre civile qui secoua le Royaume freina cette ambition. Puis s’en est suivit des mois difficiles durant lesquels il était nécessaire de redresser la baronnie. Mais aujourd’hui la paix est de retour et la prospérité semble être retrouvée. Le mariage pouvait enfin se tenir.
Mais il ne fallait pas le précipiter, bien au contraire. Il était nécessaire de le réfléchir, de réunir les nobles du marquisat et vos proches. Alors partout des petites mains s’agitèrent pour réaliser le plus beau jour de vos vies à la perfection. Et si Linaëlle se donnait dans cette tâche, tu restais à l’écart non pas par désir de fuir cette responsabilité mais bien parce qu’avec deux fiefs à diriger, tu n’avais pas de temps à perdre. De plus, force est de constater que tu es bien moins capable que ton intendant et que ta future épouse pour réaliser ce genre de cérémonie.
Alors pendant que ces derniers « s’amusèrent » de leur côté, tu t’occupais de raviver la flamme économique de la baronnie et tu te plongeas sur ton -maintenant quelque peu vieux- projet de comptoir à Ys. Voilà plus de cinq ans que des bourgeois en tout genre montèrent leur échoppe dans cette cité marchande, de l’autre côté de la mer. Et le moins que l’on puisse dire c’est que les problèmes se succédèrent. Déjà par la langue, bien que la moitié d’entre eux parlaient plus ou moins la langue locale, leur fort accent ne fit pas le bonheur des natifs et il fallut un bon moment pour que naisse une pseudo confiance. Et puis ne nous mentons pas, les taxes en tout genre étaient écrasantes. Il est difficile de réellement créer une valeur ajouté conséquente. Certains firent faillite mais d’autres parvinrent à tirer leur épingle du jeu, ils n’étaient plus qu’une vingtaine encore en jeu.
Voilà quelques jours qu’un de ces chanceux t’as écrit pour t’inviter à visiter la ville par toi même et ainsi prouver à l’élite dirigeante de la cité que les Péninsulaires sont bel et bien présents. Plusieurs avantages s’offriraient alors à eux, premièrement il t’est possible de parlementer avec l’oligarchie régnante pour diminuer les taxes qui s’abattent sur les marchands missédois. Ensuite, il ne serait pas inutile de parler d’éventuels avantages réciproques, voire de signer des contrats juteux. Peut être est-ce trop tôt pour tout cela mais une chose est certaine, tu iras à Ys et tu comptes bien nouer une relation amicale avec les maîtres des lieux.
Tu mis les voiles à la fin de la première ennéade du mois de Verimios, accompagné de trois navires, d’une horde de diplomates, de quelques commerçants et d’une bien belle escorte. La mission diplomatique devait durer un peu plus d’une ennéade durant laquelle étaient prévu des visites, des dîners, des jeux mais surtout des orgies. Enfin, c’était ce que disait la missive d’un des émissaires d’Ys. Les orgies seront mises de côté et il était déjà clair dans ton esprit que tu laisseras ce plaisir à tes compagnons de route.
Le port était immense à l’image de Chiard quoi que peut être plus petit.. Difficile à dire, c’est probablement ton esprit chauvin qui parle en ce moment. Quoi qu’il en soit tu es accueillit par un émissaire de l’oligarchie ainsi que par trois bourgeois missédois. Ils s’inclinèrent comme le voulait la tradition et t’accompagnèrent jusqu’à une villa destinée aux invités de marque. Tu y restas trois jours à échanger avec les marchands envoyés cinq ans plus tôt, ils firent un compte rendu complet de leur expérience tout en mangeant des plats exotiques, le tout sous une chaleur presque suffocante.
Puis au début de l’ennéade suivante, tu quittas la villa pour rejoindre l’agora et marcher sans réel but dans la ville, suivit par deux soldats. Elle était si vivante, si typique, si exotique, en somme, tout semblait comme le disait les livres. Cette ville représentait l’Estrévent dans toute sa complexité, le panel de peuples et de cultures se ressentait jusque dans les accents roucoulants qui s’élèvent pour se faire entendre. Mais quand le Soleil se mit à décliner c’est un autre monde qui sort de son silence, le monde de la nuit, les auberges exubérantes et les filles de joie adossées aux murs colorés. Durant tes pérégrinations journalières et dans ce brouhaha de choses inutiles, tu captas une information intéressante. Il existait dans cette ville une auberge qui se targuait d’allier la culture péninsulaire à la culture estréventaise. Rien n’aurait pu paraître plus charmant et une fois que la brise balaya une ville illuminée de bougies de toutes les tailles, tu te mis en quête de ce merveilleux endroit.
Il n’était pas bien difficile à trouver. Déjà parce que c’est celui qui semblait le plus luxueux mais aussi parce que les accents qui y raisonnent aux alentours ne trompent pas. Tu y pénètres accompagné de tes deux soldats mais aussi de quelques marchands et diplomates missédois que tu as fait quérir. Ensemble, vous prenez une table et commandez du vin, de l’hydromel prétendument nordique et quelques bêtises à grignoter. Etant de dos à la scène, tu ne vis pas la chanteuse s’installer et bien que ses mélodies te rappelèrent ton pays, tu n’y prêtas guère attention, préférant rire et boire avec tes camarades d’un soir. Payant même à boire à tes hommes et leur proposant de les rémunérer deux fois leur solde mensuelle à celui qui boirait sa bière le plus vite. Et qu’elle ne fût pas la surprise de voir le plus calme des deux remporter la mise. Un père de famille d’une quarantaine d’année qui venait de mettre à terre son camarade de dix ans son cadet.
Tout le monde s’amusait, certains dansèrent, d’autres chantèrent et tous buvaient. La soirée était bien engagée quand la mélodie raisonna plus distinctement que les autres à ton oreille. Jusqu’à présent tu n’avais pas fait attention à la voix de la demoiselle qui pourtant te semblait familière. Toutefois tu t’y fit, combien de bardes as-tu entendu au long de ta vie ? Ils étaient si nombreux qu’il ne te paraissait pas délirant que tu l’ai déjà entendu à un quelconque banquet. Et pourtant cette voix était si claire… Si reconnaissable…
Et cette chanson ? Cette mélodie si unique ? Cette façon de jouer ?
Tout était si familier. Durant quelques minutes plus rien n’existait autour de toi et des frissons parcoururent ta peau. Tu te revoyais enfant, bercé par les histoires de chevaliers et de princesses mais surtout l’image de ton neveu te vînt, endormi dans les bras de sa mère, ta sœur. Comment était-ce possible ? Tu t’étais retourné, tu t’étais levé, laissant derrière toi tes camarades de beuverie et avançant comme un enfant voyant son seigneur pour la première fois. Poussé par la curiosité, par le désir profond de voir celle qui fut partout en Péninsule, décrite comme une sorcière ayant tourné le dos aux Dieux et tuée dans une quête que personne n’a réellement réussi à comprendre. Elle était là mais si différente, tellement différente que tu ne pu la reconnaître. Sa voix pourtant était unique. Mais tu ne pouvais y croire. Voilà cinq ans qu’elle t’as quitté, cinq ans qu’elle a disparut aux confins du monde. La mélodie touchait à sa fin, les dernière notes furent jouées et tous applaudirent.
Tu étais à quelques mètres, une dizaine peut être mais ta haute stature, bien que frêle, te permettait de la voir distinctement. Ce n’était pas elle, cela ne pouvait être elle. Elle était trop jeune, ses cheveux trop noirs, ses yeux… Trop vivants. Cela ne trompait pas et pourtant. Le volume sonore de la salle n’était plus aussi haut qu’il y a quelques minutes. Tu ne pouvais résister à entrouvrir les lèvres et prononcer le prénom d’une disparue.
_ Cécilie…
Les quelques personnes autour de toi, ignorèrent le prénom et se rassirent. Tu étais alors une tâche, un gringalet blond aux yeux brillants qui libérèrent un ruisseau salé se frayant un chemin sur le grain de ta peau, zigzagant jusqu’à être emprisonné dans quelques poils naissants et finalement tomber lourdement sur le sol. A ce moment là tu ne savais trop quoi penser, elle ne pouvait être ta sœur, pourtant quelque chose te poussait à le croire. Finalement tu te persuades que dans tous les cas il n’y a que deux réponses possible. Ou alors cette femme a apprit auprès de ta sœur, ou alors cette femme est ta sœur… Mais tu restes là, dix mètres devant elle, tétanisé. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 17 Mai 2019 - 11:51 | |
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Dans le léger silence et les applaudissement polis, le sourire de la jeune femme était redevenu jovial. Elle hochait la tête, touchée, en croisant les regards des auditeurs du premier rang. Son cœur balança un moment. C'était risqué... Mais cela aurait un goût tout particulier.
Celui-ci avait le regard doux, touché plus que de raison par ces quelques airs de musiques. Celui-là, un peu plus âgé, avait le ventre large des marchands bien installé. Un Langecien ou un Soltari? Et puis quelle importance de toute façon ? Son bouc noir particulièrement bien taillé et sa moustache en guidon passée à la cire lui donnaient un air suffisants et machiavélique. Elle lui adressa un sourire plus particulier, se voulant incertain. Elle verrait bien ce qu'il en sortirait.
Ses doigts égrainaient quelques notes sans discontinuer mais sans se lancer dans une nouvelle chanson non plus. Elles flottaient dans l’atmosphère, gardant une certaine ambiance dans la grande salle aux envies frivoles. dont les yeux passèrent vaguement sur l'assemblée. Là. Un seul spectateur était encore debout. Un jeune homme d'une certaine prestance aux cheveux blonds comme les blés et au visage gracieux. Plutôt bel homme, il restait planté là, les larmes aux yeux. Un inconnu qui pleurait en l'observant, stupéfait. L'avait-elle touché à ce point ? Elle en était touchée elle-même... Jouer avec une harpe était décidément bien différent d'un luth ou d'une lyre.
Un sourire resplendissant fendit le visage d'Aliénor. Un sourire simple et enthousiasme loin de la grâce contenue de la noblesse. Populaire. Les yeux de la musicienne donnaient l'impression diffuse de ne pas voir tout à fait ce qu'elle regardait, mais le blondinet ne put douter que c'était à lui qu'elle s'adressait.
Le hasard amenait parfois à de drôles de choses.
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| | | Gaël de Laval
Ancien
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 17 Mai 2019 - 16:13 | |
| De sa harpe s’élevèrent des sons enjoués qui permirent à l’assemblée de lentement glisser de nouveau en direction de leurs verres vides laissant le blondinet face à la musicienne. Et il ne bougea pas, victime des regards interrogateurs des convives du jour. Personne néanmoins n’a l’audace de dire quoi que ce soit et finalement tous délaissèrent ce Péninsulaire pour écouter d’une oreille distraite les notes jouées.
Le regard de la jeune demoiselle se posa sur ton visage, vous échangez un regard. Elle te sourit. Qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Rien de plus normal que de réagir ainsi. Tu étais là, planté, la regardant comme si tu avais vu Néera. Son regard n’était pas familier mais pas inconnu pour autant, tu hésites, tu doutes. Mais quoi qu’il se passait dans ta tête à ce moment là, il te fallait des réponses. Alors tu t’avances, te mouvant entre les bancs et les dos pour te rapprocher d’elle. Vous n’êtes plus qu’à quelques mètres de distance. Tu ne souhaitais pas te coller à l’estrade, seulement être à portée de voix.
_ Je vous prie de m’excuser de vous couper mais connaissez vous la comptine d’Aliénor et d’Antonio ? Ma sœur me narrait leurs aventures tous les soirs voilà vingt ans de cela…
C’était un mensonge, il n’existait aucune comptine retraçant l’origine de la famille des de Laval. Aucune chanson douce expliquant que le père de la très pieuse Aliénor mourut face aux troupes d’Antonio di Chiard et que ce dernier tomba éperdument amoureux de celle-ci. Qu’il abjura jusqu’à son nom et sa foi pour obtenir la main de la pentienne. C’était là un stratagème pour savoir qui se cachait derrière le visage de cette femme si jeune que tu semblais plus âgé à côté d’elle. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Sam 18 Mai 2019 - 0:29 | |
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En le voyant approcher, elle avait définitivement laisser tomber l'idée du vieux marchand. S'il venait se jeter dans ses filets, pourquoi protester ? Et puis il était bien plus agréable qu'un gros négociant avec un bouc narquois. Elle le distinguait mieux à cette distance d'ailleurs. Jeune. Sans doute de plusieurs années son cadet. Elle continue à lui prêter une attention curieuse, attendant avec amusement d'entendre quelle baliverne il oserait lui sortir pour entamer la conversation...
Elle tressaille. Pâlit. Son sourire se fige.
Pour la première fois depuis près de vingt ans, elle rate un accord.
Si les mots n'avaient pas déjà suffit à lui retourner le cœur, cette voix le faisait sans mal. Elle était plus grave et plus mâture que dans ses souvenir, mais ce timbre, ces intonations, cette diction... Son esprit refusa de lancer sa raison à l'assaut de l'immense montagne qui venait de se dresser. Son cœur s'était sûrement arrêté.
Cela ne se pouvait...
Le silence se fit. Ses mains restèrent suspendues au-dessus de son instrument.
Elle se leva. Incapable de détacher ses grands yeux bleus de ceux de son vis à vis. Elle scrutait ses traits avec une concentration totale tout en contournant la Harpe mise à sa disposition. Depuis un coin de la salle Hilda leva un sourcil, mais ne dit rien. Quelque chose d'insolite était en train de se passer. La musicienne descendit de son estrade, attirant quelques regards en se dirigeant droit sur le jeune homme... quoi que son pas se fasse hésitant. Arrivant près de lui, bien plus petite que le missèdois, elle l'observait avec plus d'intensité encore. Ses pupilles étaient étrécies, laissant un océan bleu les entourer. Sa fine main aux longs doigts ponctués des cales liés aux instruments qu'elle maniait, se leva pour frôler la joue rugueuse du jeune homme... et son pouce vint essuyer un sillon de larme.
- Gaël... " Articula-t-elle à mi-voix. L'intonation se voulait celle d'une question, mais ses yeux embués de larmes de joies ne souffraient aucune mise en doute. " C'est vraiment... toi... "
Soudain, elle lui saisit le poignet et l'entraina vers l'arrière salle. A peine à l'abri des regards indiscrets, elle se retourner pour le serrer contre elle avec affectation.
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| | | Gaël de Laval
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Mar 21 Mai 2019 - 20:56 | |
| Cela ne pouvait être qu’elle. Et tu venais de briser sa série de presque vingt ans de perfection musicale avec une seule phrase. Son visage exprimait sans mal son étonnement et plus elle approchait, plus ton coeur cogna fort contre ta poitrine. Plus la distance rétrécissait, moins le public autour de vous ne comptait. Officiellement Cécilie de Missède, née de Laval a disparu loin à l’Est, jamais Edgard ne te rapporta les rumeurs qui courraient sur ta sœur et il travaillait dur à ce que personne ne vienne à t’en parler. Durant cinq ans, tous les émissaires furent briefés et même Linaëlle garda ces rumeurs pour elle. C’est donc -avec le coeur gros mais un espoir féroce- que tu attendais ta sœur, gardant Missède au chaud pour son retour. Et là voici, enfin… D’ailleurs, tu pouvais reconnaître son odeur corporelle et quand elle vînt essuyer le ruisseau coulant de tes yeux, ceux-ci reconnurent le regard si particulier de ta grande sœur…
_ Gaël… C'est vraiment... toi…
Tu ne pouvais pas répondre, c’était impossible. Comment aurais-tu pu ? Et puis avec une rapidité déconcertante dans cette situation, Cécilie t’attrapa le poignet pour te mener à l’abri des regards. Elle se jeta sur toi, te serrant dans ses bras et il ne fallait pas attendre bien longtemps pour que tu lui rendes la pareille avec une affection que tu n’accordais qu’à ta famille.
_ Ce fût beaucoup trop long grande sœur…
Ces mots étaient dignes d’un enfant certes mais cela fait tellement longtemps qu’ils n’ont pu réellement en profiter. La politique, les mariages, les guerres et les trahisons ; les seigneuries et les baronnies ; les quêtes pour sauver le monde et pour faire fleurir l’économie d’une région… Non décidément, cela fait trop longtemps qu’ils n’ont pu savourer un instant, ce genre d’instant en réalité.
Tu pourrais rester ainsi des heures, enfouissant ton visage dans ses cheveux. Toutefois, tu avais tellement de questions, tellement de choses à lui raconter que sous l’empressement tu reculas d’un pas, la détaillant de bas en haut avant de lui offrir un grand et honnête sourire.
_ Je n’en reviens pas, je n’ai pas les mots… Tu as dû prendre le mauvais croisement pour être restée si loin si longtemps. Je le reconnais, je ne t’ai remarqué que grâce à cette chanson et j’ai douté jusqu’au bout qu’il s’agissait bien de toi…
Tu étais à nouveau un enfant, prêt à sauter partout. D’ailleurs il ne t’en fallait pas beaucoup plus pour la reprendre une deuxième fois dans tes bras, moins longtemps cette fois-ci. Tout juste le temps de lui déposer un baiser sur sa joue. Puis ta mine s’assombrit légèrement, laissant entrevoir l’inquiétude.
_ Que s’est-il passé là-bas ? Et comment se fait-il que tu sois si maigre et si pâle… ? Si tu as faim je peux t’acheter de quoi y subvenir. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Jeu 23 Mai 2019 - 1:06 | |
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Pour la première fois, elle mettait des expression sur le timbre de ce frère qui ne l'avait connue qu'aveugle. Son sourire. Ses cheveux blonds. Et ce regard à la couleur si semblable au sien. Tout était si nouveau. Si familier et étrange à la fois. Avait-il toujours eu cette expression d'affection en la regardant ? Elle le regardait avec tant d'attention qu'elle en paraissait presque fascinée.
- Oui, je dois être bien différente de tes souvenirs. " rit-elle de bon cœur en l'entendant avouer ses doutes. Il tenait à peine en place, aussi vif et plein de vie que le jeune garçon qu'il avait été. Son état d'excitation enfantine la faisait sourire, elle en retenait même difficilement ses gloussements. Elle lui prit les mains pour le garder à une distance constante durant plus de quelques instant, enfin capable de faire la mise au point pour que ses yeux fragiles soient capables de voir tous les détails de ce visage qu'elle voulait sentir comme familier. " Avant de m’assommer de questions, laisse moi te regarder... Si tu savais comme je suis heureuse de pouvoir enfin découvrir ton visage... " L'inquiétude du jeune homme la touchait, mais elle ne voulait pas manquer cette occasion unique. Après quelques instants, elle vint l'embrasser sur la joue une fois de plus, ravie. " Qui aurait cru que ce petit garçon qui aimait tant mes histoire deviendrait si plaisant homme ? " rit-elle encore, les yeux humides, avant que son expression n'endosse une once de culpabilité.
Autour d'eux, la salle longue était un croisement entre une réserve et un couloir de service. Des balais et un seau trônaient dans un coin. Plusieurs instruments enrobés d'une housse étaient poussés de l'autre côté. Plusieurs patères soutenaient des capes et des tabliers près d'une chaque qui aurait mérité d'être rempaillée. La fenêtre étroite laissait entrer un rayon mordoré tombant sur le profile de la jeune femme et faisant danser de fin grains de poussière. Du côté opposé à celui par lequel ils étaient entré, ils pouvaient accéder à la cuisine et à l'escalier de service.
- Il a du arriver tant de chose du côté de Missède... Et tu dois avoir affronté tellement de choses depuis mon départ. Je suis navrée de t'avoir laissé endosser cette charge. J'espère que tu me pardonneras... "
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| | | Gaël de Laval
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Mar 28 Mai 2019 - 9:24 | |
| _Avant de m’assommer de questions, laisse moi te regarder... Si tu savais comme je suis heureuse de pouvoir enfin découvrir ton visage…
Elle inspectait chaque détail de ton visage, chaque grain de peau était méticuleusement référencé et tu pouvais ressentir l’émotion de cet instant. De ta main droite, tu vînt lui caresser délicatement les cheveux, les yeux au bord des larmes et un sourire transpirant la joie. Le monde pouvait s’écrouler autour de vous que ça n’aurait plus d’importance.
_Qui aurait cru que ce petit garçon qui aimait tant mes histoire deviendrait si plaisant homme ? _ Allons donc, en aurais-tu doutée ?
Tu libères un rire tout juste audible, si léger, qu’il s’évapore aussitôt dans l’air environnant. Ce petit garçon a bien grandit depuis les histoires de chevaliers et de princesses. Pourtant, rien n’a réellement changé au fond, tu aimes toujours autant ta sœur malgré ton père, malgré toutes ces années d’absence, malgré les rumeurs qui n’ont jamais atteints tes oreilles.
_Il a du arriver tant de chose du côté de Missède... Et tu dois avoir affronté tellement de choses depuis mon départ. Je suis navrée de t'avoir laissé endosser cette charge. J'espère que tu me pardonneras... _ Il y a eu une guerre entre temps, il est vrai. Une guerre que nous avons gagné mais au prix de nombreuses pertes.
Tu te gardes bien d’évoquer ton passage dans les marais, une idée plus qu’aventureuse qui causa la mort de nombreux missédois mais qui permit à l’armée d’accéder à la capitale sans que la baronnie ne subisse de dégâts sur son sol. Un choix coûteux, peut être pas optimal quand on réfléchit aux autres angles possibles d’attaque mais avec des « si » on pourrait mettre Diantra en bouteille.
_ La présence de dragons à Nelen a réveillé des cultes que l’on croyait morts depuis longtemps. Le gouvernement mervalois était décadent, nous avons dû intervenir.
Inutile de s’attarder davantage sur ce sujet, c’est terminé maintenant et le Sud doit passer à autre chose. Ta mine s’attriste quelque peu et tu détournes le regard. Evidemment tu n’es pas fier de ce qu’il s’est passé durant ces ennéades guerrières. C’était bien différent des livres et des contes pour enfant, la guerre est sale et cruelle, pourtant la sensation qu’elle procure est grisante. Tu as honte du bilan humain autant que de ressentir une telle sensation durant la bataille. Comment peut on s’extasier d’une bataille quand nos hommes perdent la vie à moins d’un mètre de nous ?
_ Mais il y a de bonnes nouvelles aussi. Tout le monde se porte à merveille et ton fils suit les enseignements des meilleurs précepteurs du marquisat. Quand il sera en âge, je le prendrais comme écuyer.
Evidemment, tout seigneur qui se respecte, doit être chevalier. Tu comptes t’attacher à lui apprendre le maniement des armes comme on te l’a appris afin qu’il brille autant sur le champs de bataille que dans la société. Maël passe autant de temps à Beaurivages et à Chiard qu’à Missède, étudiant les langues, l’Histoire, la géographie, les mathématiques et a tout juste commencé l’Etiquette et l’art oratoire. |
| | | Cécilie de Missède
Humain
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Jeu 30 Mai 2019 - 12:19 | |
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Une guerre et de lourdes pertes... Elle n'en était pas surprise. C'était même la raison pour laquelle elle avait refuser de renoncer à son droit d'ainesse malgré les pressions de leurs parents. Gaël était droit et juste, mais enfiévré comme les hommes savaient si bien l'être une fois qu'ils savaient manier l'épée. Elle ne donnait pas à son frère un an pour lever les troupes et conduire une foule à la mort dans un exploit grandiose motivé par toutes les bonnes raisons du monde. Il avait eu près de sept ans pour voir passer les occasions alors qu'il ne fasse mansion que d'une guerre était en soit plutôt positif. De toute façon, en lui laissant les rênes de Missède, elle avait préféré protéger son fils en le confiant à la seule personne en laquelle elle avait totalement confiance au détriment de son peuple. Chaque mort que son frère avait causé, elle l'acceptait comme étant de son fait. Au point ou elle en était, la charge ne s'en trouvait pas bien changée.
Dans son regard, il n'y a ni jugement ni déception, encore moins de rancœur ou de tristesse lorsqu'il évoque ces pertes. Elle n'a que faire de la soit disant décadence de Merval. Quoi que... Elle ira peut-être y faire un tour si des résurgences des sectes draconiques existent encore là-bas. Mais la morale que son frère prône comme un bouclier contre le sang qu'il verse ne lui fait ni chaud ni froid. Elle l'écoute comme s'il lui racontait sa journée en rentrant après quelques heures à l'extérieur. Elle hoche la tête, concernée et compréhensive face à sa désolation de vainqueur. Lorsqu'il se détourne, elle ramène son visage vers elle et se hisse sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa tempe.
- Ne te détourne pas. Tu n'as pas a avoir honte. " Elle lui offrit un doux sourire qui vacilla lorsque son vis à vis embraya sur les bonnes nouvelles. Un coup au cœur. Les bras de la demoiselles vinrent se croiser sur sa poitrine, son visage légèrement tendu. Son regard bleuté glissa un instant vers la maigre fenêtre " Et Linaëlle ? " lança-t-elle en revenant sur le visage de son frère. " Vous avez du avoir un beau mariage. "
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| | | Gaël de Laval
Ancien
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 31 Mai 2019 - 20:43 | |
| Cette guerre n’a pas été qualifiée par le terme boucherie. Mais qu’est ce qu’une boucherie ? Ou place t-on la limite et de quel droit peut elle être placée à tel ou tel palier ? Tout ce que tu en retiens c’est du sang, des larmes et surtout, beaucoup de feu. Du feu partout, à la couleur étrange, qui vous marque à vie. Les flammes sur la mer comme dans les marais, ont englouties hommes et bêtes sans distinction. Parfois ces images réapparaissent dans ton sommeil et te réveillent en sursaut, suant toute l’eau de ton corps. Il n’est pas rare que tu t’enfermes dans ton bureau pour t’asseoir dans un coin de la pièce, paniqué.
_ Ne te détourne pas. Tu n'as pas a avoir honte.
Ce sentiment n’est peut être pas approprié, c’est plutôt du dégoût ou encore de l’anxiété. Tu ne comptes plus les fois où Linaëlle et Edgard te trouvèrent le regard errant, comme si il y avait quelque chose sous leurs yeux mais que seul toi pouvait voir. Des flammes dansant autour de toi, cette chaleur suffocante, cette fumée qui agressent les yeux et qui les fait pleurer. Le tout agrémenter de flèches, de hurlements et du tintement des épées s’entrechoquant. Quelle boucherie.
Ton regard se pose de nouveau sur le visage de ta sœur, tu fermes les yeux un instant pour soupirer et reprendre pied dans la réalité. Une réalité bien plus agréable et poétique qu’aucune guerre ne le serait jamais. Tu te surpris à détailler les grain de la peau de Cécilie, d’étudier avec soin la courbure de ses lèvres et le mouvement de son nez provoqué par ses paroles. Tu pourrais à nouveau te perdre dans une réalité autre que la tienne si elle n’avait pas parlé de Linaëlle. Son nom venait tout juste d’être énoncé qu’un sourire instinctif se dessina sur ton visage.
_ Lin’ a renoncé à ses prétentions sur le marquisat et a rejoint les ordres, nous avons confirmé nos fiançailles peu après ton départ. Je ne pouvais imaginer me marier sans t’avoir à mes côtés. Les années passant, Edgard m’a forcé le pas, pressant la naissance d’un fils. On n’échappe pas à la tradition…
Et maintenant quoi ? Tu préfères taire le doute quant à l’avenir politique du Langehack. Après tout personne n’est encore fixé et les premiers débats ne devraient pas tarder pour discuter du successeur de ta fiancée. Mais chaque chose en son temps. Le mariage est aujourd’hui bien plus important et tu te réjouis d’imaginer ta sœur à tes côtés, du moins l’espères-tu ardemment !
_ Le mariage est prévu pour bientôt, tu ne pouvais tomber à un meilleur moment ! Je suis ici pour quelques jours afin de finaliser l’implantation de marchands missédois dans cette ville, puis je repartirai pour Missède. Linaëlle sera ravie de te revoir, j’en suis certain !
Tu venais de retrouver ton optimisme naturel, tes mains serrèrent celles de Cécilie et tu ne pouvais cesser de sourire. Cette journée pourrait entrer dans la compétitions des plus beaux jours de ta vie et elle aurait très certainement remportée une place de choix jusqu’à présent. |
| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 31 Mai 2019 - 23:10 | |
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Elle écouta, à la fois heureuse et dégoûté sans en laisser rien paraitre. Linaëlle avait tenue bon, même si elle n'avait signé que pour d'autres chaines. C'était un premier pas. Sans doute n'en arriverait-elle pas là ou elle-même s'était aventuré. Ou peut-être un jour la stupide gamine prête à devenir volontairement l'esclave d'une déesse finirait-elle comme tous ses frères de foi devraient finir...
- Edgard est un fieffé coureur de jupon qui ne devrait point se mêler d'autres choses que son propre plaisir... et ne pas oublier que les femmes disposent aussi du droit d'ainesse dans nos chères contrées. " sourit-elle, taquine. Gaël pouvait bien faire comme il voulait. Le mariage n'était qu'une mascarade déplorable.
Mais voilà que le pétillant garçon faisait un pas de plus à la stupidité cruelle. Le sourire de Cécilie vacilla.
- Tu n'es pas sérieux... " murmura-t-elle en vrillant ses pupilles étrangement étrécies dans celles de son frère. Et qu'y avait-il a voir dans ces pupilles ? Espoir ou rancœur ? Affection ou rejet ? Mais le jeune homme avait l'air sérieux... Pire, il avait l'air de ne pas comprendre la réaction qu'elle venait d'avoir. Etait-il possible qu'il accorde si peut de cas aux rumeurs qu'il souhaite son retour sans condition ? Elle avait la certitude qu'il ne s'agissait pas d'un piège pour la jeter en prison, mais il était si naïf... Oui c'était sans doute ça. Il ne se rendait pas compte de la façon dont la réputation de sa sœur noircirait son propre nom si elle réapparaissait.
Une expression attendrie reprit le dessus sur ses doutes, avec une sorte d'autorité maternelle.
- Gaël... Tu ne te rends pas compte de ce que cela signifierait pour Linaëlle et toi, et même pour Maël. Je ne peux pas revenir en Missède. Je suis sûre que tu le comprends au fond de toi. C'est trop dangereux, pour vous et pour moi. " Elle n'était pas encore assez puissante. Si elle courrait le risque, elle le ferait une fois qu'elle serait certaine de pouvoir se défendre.
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| | | Gaël de Laval
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Jeu 13 Juin 2019 - 8:22 | |
| Il est vrai qu’Edgard n’est pas le moins frivole des hommes, ni le plus sérieux. Mais il faut admettre qu’il gouverne avec une poigne certaine lors de tes absences et qu’il a souvent été de bon conseil. Il vous arrive de vous prendre le chou et de « jouer » à qui parle le plus fort en guise de débat mais il a toujours été là quand tu avais besoin de lui. Ce n’est pas être pas l’intendant le plus capable du Marquisat mais il faut reconnaître qu’il est d’une loyauté sans faille. Et parfois, il faut savoir sacrifier les compétences pour la loyauté. De cette façon tu peux être certain de voyager de Diantra à Thaar, de Soltariel aux Wandres sans qu’un complot ne naisse sous ton toit. Et c’est peut être ça la plus grande force de ton gouvernement. Mais tandis que ton esprit et tes argumentaires mentaux voguèrent au secours de ce pauvre Edgard -qui doit certainement être plein de morpions au demeurant- Cécilie sembla choquée par tes propos. Elle semblait en perdre ses mots et trop d’émotions passèrent dans ses yeux pour que tu puisses toutes les détailler. Ton sourire se figea quelques secondes avant de commencer à décliner. - Tu n'es pas sérieux... Sur le coup tu ne savais trop quoi répondre. Evidemment que tu l’étais, le mariage est censé être un passage obligé mais surtout, un tremplin vers un autre monde, celui de père, d’époux et de rompre définitivement avec cette vie frivole qui te caractérises encore parfois. Et pourtant la regrettée rouquine semble tomber de haut, elle qui s’est mariée plusieurs fois, ne devrait elle pas savoir mieux que quiconque tout ce que représente le mariage ? - Gaël... Tu ne te rends pas compte de ce que cela signifierait pour Linaëlle et toi, et même pour Maël. Je ne peux pas revenir en Missède. Je suis sûre que tu le comprends au fond de toi. C'est trop dangereux, pour vous et pour moi. Trop dangereux ? Pourquoi le serait-ce ? Si Edgard était là, près d’eux à cet instant, il se serait très certainement fait tout petit. Tu ne pouvais comprendre les mots de ta sœur. Déjà en temps normal tu ne fais guère attention aux rumeurs mais alors quand celles-ci sont filtrées à l’entrée du château, que les officiers sont menacés du fouet si ils ouvrent leur clapet et que tes proches ne veulent pas te blesser, ça rend la situation peut être plus compliquée que ce qu’elle aurait été. _ Cela signifierait ton retour à la tête de la baronnie et tout redeviendra comme avant ton départ. Voilà des années que nous n’avons plus aucune nouvelle, rien. Aujourd’hui tu réapparais et tu voudrais que je reparte comme si de rien n’était ? Qu’est ce qui est le plus difficile ? Que la sœur confesse au frère ce qu’elle est devenue ou que le frère, homme pieux et idéaliste, se rende compte que rien ne redeviendra jamais comme avant ? L’incompréhension en est à son paroxysme et nul doute que quelque chose se brisera aujourd’hui. _ Pourquoi serait-ce dangereux ? Nous sommes en paix. Je suis certain que Maël voudra entendre les histoires de tes voyages !Si Arcam observait la scène, il en rirait à coup sûr et serait posé sur l'épaule de l'ex comtesse en lui susurrant à l'oreille 'ben alors Cécilie, pourquoi serait-ce dangereux ?' - Retard:
Je te présente mes excuses, j'ai commencé un stage et celui-ci m'a prit plus de temps que je ne le pensais ><'
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| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Dim 16 Juin 2019 - 15:06 | |
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Aucune nouvelles...
L'incrédulité montait un peu plus à chaque mot de son frère. C'était impossible... Elle savait jusqu'où s'étendait la rumeur. Elle en avait parlé avec des marchands Scyléens, des Langeciens, des Soltarii. Elle avait entendu leur verve, leurs rires et leurs dégoûts. Il était forcément au courant... Et le fait qu'il fasse comme si de rien était n'en était que plus douloureux.
Que lui entre tous remuent le couteau qui l'avait achevée, elle aurait du s'en douter...
- Je ne trouve pas ça drôle, Gaël. Je te parle sérieusement. "
Malgré elle, une certaine rancœur perçait dans sa voix et dans son expression tandis qu'il insistait sur le fait qu'elle pouvait revenir et reprendre sa place... Oui elle pouvait troquer sa vie de danger et de faim pour recommencer à se sacrifier pour des ingrats au nom de dieux qui les détruisaient à petit feu. Oui elle pourrait revenir pour se faire cracher au visage et jeter au buché sans même une parodie de procès. On ne brûlait pas les sorcières chez eux... Mais on ne laissait pas non plus des témoins assister à la nuit de noces normalement. Les Langeciens ne seraient pas à leur première entorse pour s'occuper de son cas. A ce souvenir, sa gorge se serra et l'affection sincère qui était remonter à la surface se retrouva avec le reste, remis sous clef.
- Pourquoi serait-ce dangereux ? Nous sommes en paix. Je suis certain que Maël voudra entendre les histoires de tes voyages ! - Après toutes les nouvelles et les rumeurs qui ont courent sur mon compte depuis six ans, tu oses me demander ce qu'il y a de dangereux ? Il te faut quoi ? Qu'il y ait un arrêté officiel contre moi avec mon visage placardé du Puy à Diantra ?! Ils ont essayé de me tuer ici, tu crois que ce serait différent à Missède ? Tu crois que le peuple accepterait une femme qu'il pense être à l'origine de la mort de deux comtes, de la fermeture des portes de la Mort et de la libération du Kerkal Abyssal ?! "
Se rappelant soudain ou ils étaient et que sa voix portait peut-être plus qu'elle ne l'auraient voulu, attrapa son frère par le bras pour le faire monté à l'étage, vers la chambrette ou reposaient ses affaires. Elle venait de faire quelque chose de stupide, il ne fallait pas qu'en plus elle se laisse piéger. S'il acceptait de la suivre jusque dans la petite pièce, elle tirerait le verrou et commencerait à fouiller dans le coffre au pied du lit qui occupait près d'un tiers de l'espace. - Retard:
Aucun problème, l'IRL avant tout ! J'espère que ton stage se passe et se passera bien :D
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| | | Gaël de Laval
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Lun 22 Juil 2019 - 11:16 | |
| Le quiproquo était surréaliste. Il ne faisait aucun doute que tu ignorais tout de la situation… ou alors que tu étais complètement stupide mais mis à part ce jour durant lequel tu tentas de lire un livre à l’envers l’année de tes dix ans, il ne te semblait pas être écervelé. Pourtant ta sœur était sur les nerfs, sa voix était sèche et tu prenais ça comme une réprimande, tu baisses les yeux comme un enfant se faisant sermonner par son paternel. _ Je ne trouve pas ça drôle, Gaël. Je te parle sérieusement. Tu essayes de dire quelque chose, certainement un « mais mois aussi ! » hélas, rien ne sort. Tu restes planté là, complètement désabusé, incapable de dire quoi que ce soit. Tout simplement parce que tu ne comprenais rien à ce qui était en train de se dérouler dans cette pièce. Tu la regardes toujours incrédule, et ce qui suit fit office de coup de massue. - Après toutes les nouvelles et les rumeurs qui ont courent sur mon compte depuis six ans, tu oses me demander ce qu'il y a de dangereux ? Il te faut quoi ? Qu'il y ait un arrêté officiel contre moi avec mon visage placardé du Puy à Diantra ?! Ils ont essayé de me tuer ici, tu crois que ce serait différent à Missède ? Tu crois que le peuple accepterait une femme qu'il pense être à l'origine de la mort de deux comtes, de la fermeture des portes de la Mort et de la libération du Kerkal Abyssal ?!Tout s’arrête. Le monde autour de toi s’écroule. Un frisson traverse ta peau, ton regard s’efface et se détourne de celui de ta sœur. Dans un tumulte indescriptible, les rumeurs font sens dans ton esprit. La libération du Kerkal te parle, ça tu es au courant. Mais Edgard ni personne d’ailleurs n’a jamais prononcé le nom de ta sœur. L’image des sourires figés de tes valets et compagnons d’arme te reviennent en mémoire à chaque fois que tu évoquais le prénom de Cécilie. Sur l’instant, tu n’y fis point attention mais aujourd’hui tout fait sens. Tu passes ta main dans tes cheveux en levant les yeux au ciel. _ C’était toi… Et le silence retombe. Ton regard se réveille et se pose de nouveau sur elle. Il était différent, il n’y a aucun doute là dessus. On pouvait peut être y lire l’incompréhension, d’autres évoqueraient la tristesse, certains y verraient une pointe de colère mais tous s’accorderaient à évoquer un « pourquoi ? ». _ Personne ne m’en a parlé. Je… je n’ai eu aucune nouvelle de toi pendant six ans. Rien du tout. Pas un mot. Je ne pensais plus te revoir… Et aujourd’hui tu m’annonces que depuis tout ce temps les rumeurs circulant seraient de ton fait ?Sans attendre, Cécilie t’attrape par le bras et t’emmène dans une chambre avant de se diriger vers un coffre imposant. Tu t’assis sur le sol, contre le mur, libérant quelques larmes. Elles s’amassèrent dans tes yeux, refusant de couler. Ton coeur s’était emballé, dans le mauvais sens cette fois. Il n’avait cessé de tambouriner dans tous les sens depuis que tu l’a revu. _ Est ce que c’est vrai Cécilie ? Est-ce toi qui a libéré ce monstre ? Qu’est ce que l’on dit encore sur toi?Qu’est ce que je ne sais pas… ? - Spoiler:
Encore une fois sorry .......
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| | | Cécilie de Missède
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 9 Aoû 2019 - 11:04 | |
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Elle tira une simple robe de voyage noire et brune qu'elle jeta sur la paillasse d'à côté. Puis elle laissa le couvercle du coffre retomber pour faire volte face.
- Non ! Les rumeurs ne sont pas de mon fait.
Et le reste ne s'échappa pas de sa gorge. Elle s'immobilisa. Gaël était là, assis dans le coin sombre d'une chambrette minable qu'une auberge d'Ithri'Vaan, le visage défait... Les larmes aux yeux. La gorges de Cécilie se serra... Elle se serra au point qu'elle cru en étouffer. Sa mâchoire se crispa. Son cœur suffoquait était dans un étau de culpabilité...
- Tu ne savais pas...
Un instant, pour la première fois depuis six ans, elle regretta... Elle regretta d'être ce qu'elle était... Il ne savait pas. Donc si, six ans auparavant, elle était rentrée, peut-être que... Elle baissa la tête, s'appuyant d'un mouvement mental sur les Lamentations.
Les murmures multiples étaient là, comme toujours. Présents et apaisants. A l'ombre de son esprit, elles la mettaient en garde et la conseillait, comme lorsqu'elles étaient encore prisonnières des pages d'un simple livre. Comme lors des deuils et des décisions difficiles. Elles parlaient toutes en même temps, une présence à laquelle elle s'était habituée et qu'elle ne démêlait le plus souvent qu'en méditant.
Souviens-toi. Il t'as privé d'amour. Il n'est pas fiable. Il voulait son pouvoir, non ? Moralisateur. Elle ne lui résistera pas. Non, elle ne pourra pas. Souviens-toi Shhh... Il a son fils entre ses mains. Gardien de prison. Âme damnée de ton père, cet assassin. Il voulait tuer... Ton frère n'est pas fiable. Il l'a provoqué en duel.
Les murmures se marchent les uns sur les autres. Elles se parlent et lui parlent en une cacophonie de chuchotements. Elle n'en reçoit que des bribes, n'en comprend que des principes. Elles n'ont jamais tort... Mais elle n'ont que rarement entièrement raison. Cécilie soupire doucement et vient s'asseoir près de son frère, contre le mur, les jambes étendues devant elle, sagement cachée par la robe. L'une des habitudes de son noble lignage dont elle n'arrivait pas à se défaire.
- Je n'ai pas libérer le Karkal. Je n'en ai jamais eu ni le pouvoir, ni l'intention. C'est la Voilée qui l'a envoyé sur nous pour nous punir de notre orgueil, mais elle a répondu à nos prières et à rouvert les Portes. Nous avons réussit, Gaël... " Elle eut un sourire crispé, regardant toujours droit devant elle. " Maélyne et Mère reposent en paix. " N'était-ce pas ce qu'il avait vraiment besoin de savoir en fin de compte ? Non...
Et elle le savait. Elle n'arrivait pas à comprendre comment il avait pu passer au travers de toutes ces rumeurs, mais c'était le cas et il avait besoin de réponses. D'explications même...
- Un elfe du nom d'Haldren nous a suivi pendant une partie de la route. Un alcoolique violent et vulgaire qui était juste curieux de voir ou nous allions. Pendant une embuscade, il a essayé de s'en prendre à moi et j'ai frappé au hasard pour me dégager. Il a été blessé et a fuit sans autre explication. Un mois plus tard, lorsque les survivants de notre compagnie sont retournés vers Thaar, j'ai appris qu'il s'était assuré que tout le monde me crois être une nécromancienne, une sorcière prête à sacrifier des milliers de souffles pour en tirer du pouvoir. Il était allé voir des proches à Thaar, à Sol'Dorn, à la guilde du Firmament et même dans Vert-bois. " Cette fois, elle s'obligea à tourner la tête pour regarder dans ces yeux bleus si semblables aux siens, n'osant tendre la main pour sécher ses larmes
" Dans le premier village, ils ont tenté de me lapider lorsqu'ils ont entendu mon nom, et plus nous nous approchions de la civilisation, plus le temps passait, plus les rumeurs étaient atroces. Je venais à peine de retrouver la vue grâce à une guérisseuse naine, et peut-être à la Tyra, qui sait ? " Elle eu un haussement d'épaule. Que ce soit un présent ou une malédiction divine, elle s'en moquait personnellement, mais l'idée lui avait plus d'une fois traversé l'esprit. " Alors j'ai fuit, seule dans un pays que je ne connaissais pas. Je me suis cachée, en essayant de comprendre ce qui m'arrivait. Si tu savais ce que j'ai entendu... Des messes noires ou je me nourrissais de chair humaine. Des sacrifices d'enfants et de vierges. Des pouvoirs de plus en plus puissants, de plus en plus ignobles. Des témoignages, des voyageurs qui m'avaient vue relever des morts ou empêcher des bien-heureux de mourir. J'ai appris qu'Haldren s'était arrangé pour que tous ses réseaux relaient ces aberrations et avant que j'ai pu atteindre la cote, j'ai appris qu'elles étaient arrivées en Missède. C'est un marchand d'ici qui me les a raconté la première fois. Ils disaient que j'avais utiliser la magie pour charmer Jérôme de Clairssac et entrer à sa cours quand père ne s'est pas laissé berné par ma véritable nature. Ils disaient que c'était moi qui avait empoisonné Lyanna et fait jeté Aline du haut de cette tour pour que Lourmel revienne à Mère, puis la disparition de Mère pour qu'elle me revienne à moi. Ils disaient que j'avais rendu impuissant Enrico pour que notre mariage ne soit jamais vraiment consacré et que j'ai envouté Ernest pour l'obliger à m'épouser. Puis, évidement, que j'étais celle à l'origine de sa disparition, pour régner seule. Si tu savais tout ce que j'ai entendu d'autre... Que je t'avais envouté, toi, que c'était parce que nous étions amants que tu n'avais pas encore épousé Lin... Alors je ne suis pas rentrée. "
Elle hésita un moment avant d'ajouter.
- Tu sais... On n'approche pas du divin impunément. Ce qui s'est passé aux Portes de la Mort... J'ai réussi à attirer l'attention d'une déesse et elle a accédé à nos prières. Nous avons accomplis notre mission. Nous avons réussit à aider des milliers de Souffle errants... Tu n'as aucune idée de ce que ça fait... " Personne ne pouvait comprendre. Chaque souvenir. Chaque son. Chaque émotion... Le Néant. Un frisson remonta le long de son dos et elle serra une nouvelle fois la mâchoire pour éviter à sa voix de trembler. " J'ai changé là-bas. J'ai payé le prix de cette réussite au-delà de ce que tu peux imaginer. Et pourtant, même me confronter à la Mort elle-même n'a pas suffit à acheter la paix... Ma fierté. Ma famille. Mon honneur. Mon amour. Ma vie... Ce que je n'avais pas sacrifié moi même pour faire le bien, ces rumeurs ont fini de me les prendre... " Elle détourna le regard, un sourire jaune sur le visage. " Je ne te mentirai pas. Si les rumeurs étaient toutes fausses lorsqu'elles ont commencées à courir, depuis cinq ans j'ai fait bien des choses que tu n'approuverais pas et dont je ne demanderai jamais pardon. Et même si après avoir entendu tout ça, tu pouvais encore vouloir mon retour définitif, je ne prendrais pas ce risque. "
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| | | Gaël de Laval
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Mer 21 Aoû 2019 - 15:42 | |
| Tous le savaient. Et nul ne t’en a parlé. Etait-ce pour te protéger ? Etait-ce pour protéger Missède ? Ou était-ce pour leur propre protection ? En réalité même si la noblesse locale a eu vent de ces rumeurs, leurs soupçons sur une éventuelle collaboration de ta part se sont envolés après quelques ennéades d’intense surveillance. Bien évidemment ton comportement ne changea pas et tous virent de leurs yeux la complicité qui existait entre Linaëlle et toi. Alors c’est très certainement pour que rien ne bouge que les rumeurs furent filtrées à l’entrée du donjon et que chaque officier fût longuement briffé pour que jamais une seule phrase ayant pour sujet Cécilie ne parvienne jusqu’à tes oreilles. Cécilie parla. Elle comptait cette histoire avec les mêmes intonations que dans tes souvenirs. Et c’est quand elle aborda la vue que tu tiqua. Tu n’avais pas osé l’aborder et puis de toute façon des choses plus importantes devaient être dites avant. Les rumeurs peuvent vous priver d’un titre ou de tous les honneurs, mais tu n’avais jamais imaginé, pas à un seul moment, qu’elles pouvaient également détruire des vies. Vous êtes réunis ici mais tu commences à prendre conscience que rien ne changera. Plus elle parlait, plus ton regard se perdait dans le néant. Et puis finalement le silence revînt. Il dura quelques secondes, puis quelques minutes et enfin tu détournas le regard pour que vos yeux se perdent ensemble de leurs océans réciproques. Tu lui prend délicatement la main pour l’amener à tes lèvres. Puis tu enlaces tes doigts autour des siens tout en prenant une grande inspiration. _ J’aurai dû être là pour toi. J’aurai dû combattre les rumeurs au moment même où leurs germes putrides ont prit racine sur nos terres. Je suis resté passif pendant que tu survivais dans ce pays ingrat… Je m’en veux Cécilie… Tellement. Tu prends de nouveau une grande inspiration et, instinctivement, tu souris. _ C’est donc ça qui a changé… Tes yeux… Il y a la même flamme que dans ceux de Maël. Jusqu’à présent je pensais que tu avais atteint un niveau de magie suffisant pour voir par elle… Je t’ai surestimé ma parole !Tu laisses échapper un rire de circonstance, une tentative instinctive de détendre l’atmosphère. Tu sèches tes larmes avec l’autre main, puis tu la passe dans les cheveux de ta sœur. _ Qu’est t-il advenu de la créature qui s’est libérée ? Sais-tu où elle se trouve aujourd’hui ?Peut être que cette bête est liée de près ou de loin au retour des dragons ? Qui sait. Un âge bien sombre s’annonce, tu auras fort à faire en rentrant à Missède. _ Quand nous avons combattu Merval, des sectes draconiques infestaient le pays, je peux tenter de relier ces rumeurs aux sectes. En te traînant ainsi dans la boue, c’est toute notre famille qui est touchée. Alors par notre sang je le jure ici devant toi que je me battrai pour rétablir la vérité au sein de la noblesse et du clergé. Linaëlle n’aura aucun mal à convaincre les religieux de Missède, elle fait un travail remarquable. Quant à la noblesse, il leur faudra des preuves. Laisse moi m’occuper de tout ça à Langehack.- Spoiler:
Désolé, je n'avais plus d'Internet ><
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| | | Cécilie de Missède
Humain
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Ven 23 Aoû 2019 - 23:55 | |
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Et après tout ça... Il regrettait simplement de ne pas avoir été là.
Cécilie regardait, presque hébété, la main qui tenait la sienne avant que les yeux de son frère ne viennent exiger un échange de regard.
Il s'en voulait...
Faux et fourbe. Fourbe. Elle oublie à quel point il s'est entiché de ses romans. Le chevalier ne laisse jamais vivre la sorcière... Mais elle le sait ? Elle le sait. Elle aura mal, mais nous serons là. Pour toi nous serons toujours là.
Elle sourit par simple réflexe mimétique quand il s'efforce de plaisanter. Elle n'a pas vraiment entendu. ça ne colle pas... Les Lamentations avaient raison de lui rappeler tout ça... Mais elle ne sentait aucune fausseté...
Une caresse dans sa courte chevelure la fait frisonner. Son regard se ravive un peu, mais elle est toujours pâle... bouleversée.
- Il est toujours à Nisetis. Il ne peut quitter la porte du Royaume des Mort, comme un chien de garde attaché à un piquet... " répondit-elle en scrutant les yeux de Gaël
Il jurait... Il voulait laver son nom... Il voulait... Il voulait qu'elle rentre ? Il voulait...
Elle manquait d'air...
Sa respiration devenait de plus en plus laborieuse.
- Pourquoi...? Ne... Ne te bat pas pour moi... Plus maintenant. " Sa vision se troublait. Elle renifla et plaqua sa main libre sur ses lèvres en hoquetant un sanglot. Elle secoua la tête à plusieurs reprise et fondit finalement en larme dans les bras du jeune homme, l'attrapant des deux bras pour se serrer contre lui aussi fébrilement qu'elle l'avait fait le jour de la mort de Jindanor ou lorsque leur père avait tenté de la tuer lors de la veillée qui précédait sa succession au titre de Dame de Beaurivages. Mais cela dura plus longtemps.
Elle fut proprement incapable de prononcer un mot pendant un long moment. Un très long moment. Mais peu à peu, elle se détendit contre lui, épuisée. Elle reniflait bien encore un peu et frissonnait toujours, mais ses larmes s'étaient taries. La tête au creux de l'épaule de son frère, la voie enrouée, elle voulut articuler quelque chose... Mais en fut incapable.
Elle voulait lui demander de venir habiter ici avec Linaëlle. Elle voulait lui demander d'abandonner Missède et tous ces imbéciles. Elle voulait retrouver son frère... Mais s'il acceptait, il reviendrait avec Maël.
Alors sa main d'instrumentiste vint caresser la joue de son petit frère et elle sourit à travers ses larmes, se reprenant un peu.
- Ne laisse pas ces titres et ces rumeurs te ronger. D-d'accord ? Soit heureux avec Linaëlle, c'est tout ce qui c-compte. " hoqueta-t-elle " Ou-Oublie-moi. "
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| | | Gaël de Laval
Ancien
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Dim 25 Aoû 2019 - 20:24 | |
| Bien au moins, tu sais désormais que cette bête hideuse venue des profondeurs des contes du Puy ne voleras jamais au dessus de toi. Nous pouvons dire sans prendre de risque qu’il s’agit d’une bonne nouvelle. Hélas la suite du discours de ta grande sœur n’est pas aussi positif. Elle semblait perdue dans un autre monde, comme si il se passait quelques chose sous ses yeux que tu ne pouvais voir. Des sanglots s’immiscèrent en elle et ton visage se crispa. Tu allais dire quelque chose mais elle prit les devants.
- Pourquoi...? Ne... Ne te bat pas pour moi... Plus maintenant. _ Cécilie, je…
Tu ne pouvais finir ta phrase, une paluche de magicienne venait de clore tes lèvres par la force. Tu aurais pu lutter mais après les mots prononcés, tu étais bien trop occupé à empêcher ton coeur de transpercer ta poitrine. Voilà que allais la perdre. Encore une fois. Non ce n’était pas possible, ne rien faire ne pouvait être une option. Alors quoi ? Nous tu ne fais rien ? Tu laisses des commères cracher sur votre nom et tu courbes le dos ? Non, tu es trop fier pour ça et tu ne saurais laisser souffrir Maël de la réputation de sa mère. Elle pleurait, elle tremblait. Son visage blotti contre ton épaule. Tu l’entoura de tes bras et vînt lui déposer un baiser sur le sommet de sa tête. Le silence est retombé, quelques instants. Bien évidemment, des larmes coulent également de tes yeux mais en silence. Après de longues minutes, tu lâches un « je t’aime » venu du fin fond de ton coeur. Mais ce n’était pas terminé… Ce ne le sera jamais…
- Ne laisse pas ces titres et ces rumeurs te ronger. D-d'accord ? Soit heureux avec Linaëlle, c'est tout ce qui c-compte. Ou-Oublie-moi.
Les derniers mots résonnent dans ta tête et alors qu’elle sourit, tu la regardes, incrédule. Non. Non, non, non, non. C’était impossible, elle ne pouvait dire cela. Tes lèvres tremblent et ta langue vient les humidifier par réflexe, comme si tu allais te lancer dans un long monologue. Mais il n’en fût rien. Tu cherchais seulement tes mots, jusqu’à ce que te yeux viennent s’encrer dans les siens.
_ Alors c’est cela que je devrais dire à ton enfant ? Oublions ta mère ?
Tu sais pertinemment que ce genre d’argument n’est jamais agréable à entendre pour une mère, qui plus est pour quelqu’un qui restes loin de son enfant pour le protéger. Mais en cet instant le seul mot qui résonna dans ton esprit fut « égoïste ». Comment l’était-elle devenue ? Elle ? Qui a toujours eu le coeur sur la main. Une altruiste comme il n’en existait pas deux dans toute la baronnie.
_ Autant que possible, le soir, je lui raconte une de tes histoires. Celles qui ont bercé mon enfance. Et sais-tu ce qu’il me demande avant de s’endormir ? « Quand reviendra t-elle ? ». Et chaque soir j’invente une raison pour laquelle tu mets autant de temps. A ses yeux tu as parcouru le monde, des tréfonds des montagnes naines aux contrées arides des Drows. Des plages de Soltariel aux forêts millénaires des Elfes. Et que devrais-je lui dire dans une ennéade ? « Sois heureux avec ton oncle, ta tente et ton criminel de grand-père, oublie ton père, ta mère et va de l’avant » ?
Tu poses ta main libre contre celle qui caresse ta joue, enlaçant tes doigts autour de sa main. Ton regard est déterminé mais ta pupille est noyée derrière un miroir d’eau salée. Tu racontes cela calmement, comme si tu étais prêt à te résoudre à mettre en application ces mots.
_ La première fois que je t’ai perdu ce fût de la faute de père. Je ne me suis jamais pardonné d’avoir été si orgueilleux. La seconde fois c’était il y a six ans. Je ne te perdrai pas une troisième fois Cécilie. Je veux te voir t’occuper de Maël… Je veux que tu racontes des histoires à mes enfants… Je veux que tu sois là pour Linaëlle… Nous avons tous besoin de toi. Ne rentre pas si le jour n’est pas encore venu. Au moins je saurai que tu es en vie et c’est tout ce qui compte. Mais promet moi de m’écrire, promet moi qu’on se reverra ici ou ailleurs… Et puis merde, par les Cinq je t’aime tellement, j’ai besoin de toi !
Les mots sont prononcés avec tellement d’ardeur et de conviction qu’ils s’accompagnent de larmes et de frissons. Et puis finalement, la dernière phrase monta en intensité mot après mot jusqu’à l’apothéose, le ton s’est levé non pas comme un cri de colère mais plutôt comme un cri de détresse. Il y a fort à parier que quelqu’un ait entendu quelque chose en bas mais rien qui ne ressemblait à un mot puisque cette phrase fut prononcée avec tellement de conviction et de tristesse qu’elle était à peine compréhensible pour quelqu’un qui écoutait à moitié. Une fois de plus il y eut un silence, mais il ne dura pas bien longtemps puisque après avoir reprit ton souffle et baissé les yeux tu répètes à nouveau.
_ J’ai besoin de ma grande sœur… |
| | | Cécilie de Missède
Humain
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Lun 26 Aoû 2019 - 13:42 | |
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La main de la jeun femme se fige sur la joue du jeune homme qui vient bientôt la couvrir de la sienne. Après un bref hoquet, les sanglots de Cécilie avaient cessés.
Elle aurait du s'en douter... C'était toujours ainsi avec lui.
S'approcher pour mieux se blesser.
- Tu n'as pas le droit... " souffla-t-elle d'une voix blanche.
Il n'avait pas le droit de parler de Maël comme si elle l'abandonnait. Il n'avait pas le droit de l'utiliser ainsi... Elle ne voulait pas l'entendre. Elle ne voulait pas savoir.
- tais-toi... " murmura-t-elle encore alors qu'il continuait et continuait à lui parler de la chair de sa chair. Un frisson remontait le long de son dos. Elle retira sa main et tenta de reculer mais se retrouva tout de suite coincé par le bord du lit, sans parvenir à arracher son regard à celui de son frère, baigné de larmes. Ses yeux arrondis comme si elle fixait quelque chose de terrifiant.
- Tu n'as aucune idée de ce qu'il représente... " Elle ne voulait pas... Pas l'entendre. Pas y penser. Cette chose qu'elle avait mis au monde. Son tendre Maël. Ce boulet à sa cheville qu'elle ne pouvait imaginer qu'avec la voix et la caractère de son père.
Son petit prince... qu'elle avait porté. Qu'elle avait bercé. Qu'elle avait nourri de son sein, refusant de le mettre en nourrisse. Le visage livide, elle fixait Gaël, tétanisé, le cœur battant...
Puis il passa de Maël au reste... Et tout se fit plus clair.
Un nouveau coup de poignard dans le ventre. Un deuxième. Un troisième. Les larmes cessèrent de couler. Au fur et à mesure que Gaël déversait son amour et son angoisse, le visage de Cécilie se referma. De plus en plus distant. De plus en plus hautain. Ses yeux et son nez étaient rouges de larmes mais son regard se parait d'une dureté fière et digne. Le menton haut, la respiration frissonnante, sa poitrine se gonflait avec force au rythme de son souffle.
- Tu veux ? " un éclat de rire nerveux plana dans un souffle enroué. " Vous avez besoin de moi ? " ajouta-t-elle avec fiel dans le silence.
Il baissa les yeux, perdu comme l'enfant qu'il avait été. Elle se passa une main sur le visage, repoussant quelques mèches en désordre.
_ J’ai besoin de ma grande sœur…
A l'extérieur de la chambrette, des pas précipité dégringolèrent les escaliers. Un ordre fut donné en cuisine. Lorsqu'elle repris la parole, la voix de Cécilie était posée. De temps à autre, un léger tremblement y était encore perceptible, témoins de l'allant d'émotion qu'elle venait de connaitre, mais son timbre froid était implacable.
- Moi, j'aurais eu besoin d'un père qui ne tente pas de me tuer. D'une mère qui ne me confie pas à une prostituée par peur de contaminer une honnête femme avec ma soit disant malédiction. " commença-t-elle, lasse de protéger ces jeunes yeux de l'horreur du monde. " D'une cousine qui ne se décharge pas du rôle de Dame de Lourmel sur mes épaules en délaissant ses vassaux au point d'être blessée à mort et de retrouver ma nièce écrasée en bas d'une tour. J'avais besoin qu'Enrico ne me traite pas comme une immondice sur le bord de sa route. J'avais besoin d'un mari qui me protège et me soutienne au lieu de me violer la nuit de nos noces, devant les yeux et les commentaires de tous les hommes de la cours que j'ai du gouverné en suite sans lui... " Sa voix s'était mise à trembler plus fort. Une brusque inspiration vint couper le flot de parole et lui permettre de ravaler l'émotion qui lui montait aux lèvres. " J'avais besoin que l'homme qui m'a besogné pendant la plus longue heure de ma vie ne soit pas un sodomite qui passe son temps à troncher comme un porc son cher et tendre Alden de Béjarry. " Elle ne l'avait appris. Comment aurait-elle pu l'ignoré après avoir fait jouer tous ses contacts et toutes ses possibilité pour enquêter sur lui et sur sa disparition ? ... mais l'avait toujours tu. Le laisser savoir aurait salit la mémoire d'un homme... Un homme qui l'avait sali, elle. Elle s'était laissée piétiner une fois de plus pour les autres. " J'avais besoin que le père de mon fils respecte ses vœux et soit encore près de moi à la naissance de notre enfant, mais même ça... " Il n'avait même jamais su qu'elle était enceinte. Non... Aux Espérines, c'était une toute autre personne qui avait été là quand elle en avait eu besoin. Vraiment besoin. " C'est toi qui était là. C'est toi qui a été présent pour la naissance de mon fils et qui t'occupe de lui. Tu étais l'une des deux seules personne à être de mon côté avec Leona pour cette affaire de nuit de noce. Et tu es la seule personne en laquelle j'ai suffisamment confiance pour prendre soin de mon fils. Malgré tout ce que nous avions vécu... " murmura-t-elle encore, vibrante avant que son timbre ne devienne d'une froideur glaciale. " Malgré le fait que tu n'es rien fait pour éviter à ta chère sœur d'être revendue d'homme en homme comme une marchandise. Malgré le fait que j'aurais eu besoin d'un frère qui me soutienne quand il a découvert que l'homme que j'aimais était un chevalier sans lignage au lieu d'un frère qui me répète que mon devoir se trouvait au bras du bourgeois sans lignage qu'avait choisi notre père. "
Tous ces gens qui avaient assistés à ses sacrifices perpétuels en étant bien content de ne pas avoir à les faire eux-même. Tout ces gens dont il faisait parti.
- Regarde moi et écoute moi sans m'interrompre.
Elle insista au besoin. Puisqu'il était venu jusque là. Puisqu'il était encore capable de la pardonner lorsqu'elle lui servait des demies vérités, le temps était venu de lui dire ce qu'elle ne lui avait jamais dit. Ce qu'elle n'avait jamais dit à qui que ce soit d'autre qu'à Dante - et encore pas dans le détail. Car une noble dame de s'explique pas. Et une noble dame ne se plaint pas. Jamais. Elle endure. Elle endure dans le bien et la vertu.
- J'ai évité la guerre entre Etherna et Serramire en les amenant à temps à la table des négociations. J'ai appris le lendemain de mon mariage avec Enrico que l'homme que j'aimais était de descendance aussi noble et ancienne que notre propre famille et pourtant, je n'ai pas désobéit aux ordres de père. J'ai offert Edelys à tante Irys et au Culte de Néera au risque de me faire traiter de félonne à la couronne. Je me suis faite prendre comme une putain par un sodomite sous les yeux du tout Missède pour préserver la paix et sauver notre famille du déshonneur. J'ai rendu Chiard à notre famille et Beaurivages à Clarence. J'ai rendu les portes de la capitale à notre roi, j'ai pacifiée les lieux jusqu'à l'arrivée des Osts, et j'ai été taxée de traitresse pour cela. J'ai protéger Linaëlle pour qu'elle puisse reprendre le duché de sa mère et y instaurer un ordre moral et bienveillant. J'ai fait en sorte que tu puisses épouser celle que tu aimes... J'ai vraiment voulu changé les choses. Je suis parti en pèlerinage avec la Gardienne de Néera en personne pour notre salut à tous. J'y ai cru... mais rien ne change, Gaël. Le Bien ne triomphe que dans les contes. "
Ces comptes qu'elle lui racontait, enfant. Ces histoires de chevaliers, de dragons et d'honneur. Le chevalier était mort, tué par son seigneur en apprenant qu'il avait délivré une princesse qui pourrait rapporter gros.
- Parce que la morale enseignée par le clergé n'a rien de bienveillante et que les dieux n'existent que pour se nourrir de ce que nous les laissons nous prendre. Parce que les hommes qui se gorgent de pouvoir et se complaisent dans la fange ne respectent aucune règle. La noblesse et le clergé ne sont rien d'autre qu'un ramassis d'ogres accrochés à leurs propres gloire et leur petit confort. Pour quelqu'un de bien, le simple fait de jouer est un ticket perdant. Et j'ai assez perdu. Maintenant c'est de moi que je m'occupe.
Étrangement, après la colère et la douleur, venait la simplicité. La certitude. Un sourire doux éclaira son visage au milieu de ces mots qui auraient du l'horrifier. Elle Blasphémait sans mal et ne se préoccupait plus du sort des autres. Seulement de sa curiosité, de ses envies, de sa survie. C'est ce qu'elle était... Les Lamentations avaient raison de la mettre en garde. Elles, elles étaient toujours là. Elles, elles donnaient au moins autant qu'elle recevait. Mais Gaël... Gaël, comme tout le reste de sa famille, sous ses aspects aimants et bienveillant, ne faisait que demander. Encore et encore. Il voulait la protéger, l'aider, l'aimer, mais le seul risque qu'il ait jamais pris pour elle s'était résumé à provoquer en duel l'homme qu'elle aurait voulu épouser. Elle lui donnerait tout qu'il aurait encore besoin de plus. Dire qu'elle avait faillit l'oublier...
Dire que pour quelques larmes, elle avait faillit se renier...
La présence des Lamentations et leurs murmures indistincts lui caressèrent le Souffle.
Fière, froide et orgueilleuse, elle le toisa calmement.
- Père est mort pour moi. Mère est morte, tout comme Maélyne et Lyanna. Ma douce Aline est morte. Ma bonne amie Aliénor s'est suicidée le jour de son mariage pour ne pas subir l'outrage que j'ai subi. Lyarra est morte. Enrico est mort. Ernest est mort après avoir séquestré la femme que tu aimes pendant plusieurs ennéades. L'homme que tu as provoqué en duel pour sauver mon honneur est mort en donnant sa vie à dix contre un pour sauver celle d'un père qui a tenté de me tuer. Et là je ne parle que de mes proches. Mais pense à nos suzerains. Théobald ? Mort d'une maladie suspecte avant sa vingtième année. Le bon duc Oschide ? Suicide pendant sa captivité dans le Nord. La Duchesse Méliane ? Assassinée par ses propres vassaux après la perte de ses jumeaux. Toi, Colombe, Mélisande et Maël. Voilà les derniers proches qu'il me restent dans toute la Péninsule. J'ai donné tout ce que j'ai pu pour que vous ayez un avenir meilleur. J'ai assez donné. Alors si je retourne en Missède, ce ne sera pas pour bercer des enfants en attendant qu'un poignard me transperce les côtes. "
Sans plus de cérémonie, elle se leva pour ramasser ses affaires, visiblement sur le point de partir.
- Un conseil, si tu veux être heureux tu laisseras les titres et les jeux de pouvoirs à d'autres. Et si tu veux encore me revoir, j'essaierai de passer ici à la même date l'année prochaine.
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| | | Gaël de Laval
Ancien
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| Sujet: Re: Dame de pique et frère de coeur | Gaël Mer 18 Sep 2019 - 19:39 | |
| Blasphèmes et vérités ne font pas bon ménage. L’union des deux est vicieuse car les secondes légitiment les premiers. Très vite tu te retrouves à douter de tout, de ton passé, de ton présent et de ton avenir. Les arguments s’accumulent et tu te rends compte, phrase après phrase, que le passé de ta sœur fut moins beau que les récits de ton père. Tu commences même à te sentir coupable, coupable de n’avoir rien -ou presque- vu, rien fait, rien dit. Elle ne pouvait revenir, la réalité s’était révélée à tes yeux par le biais des paroles de Cécilie. Ton regard se met à fixer le sol et entraine avec lui ton visage. Ton cœur s’affole et tes yeux se vident en silence. Tu ne l’interromps pas et d’ailleurs à la fin de son monologue, tu ne bouge pas le moindre cil. Un père en prison, une sœur en cavale, un neveu à charge et une fiancée fragile. Quel beau tableau. Ton regard glisse lentement jusqu’au visage de ta sœur pour capter le siens. Sur tes joues humides se reflétait la pâle lumière, de ton poignet gauche tu viens essuyer tes yeux.
_ Je te dois tout, Cécilie. Nous te devons tout. Je ne l’ai jamais oublié. J’ai conscience que toute mon existence se résume aux sacrifices d’autrui.
Souvent l’enfance d’un noble est ponctuée de sacrifices mais la tienne a particulièrement été calme malgré les événements. On prendrait peu de risque à te placer dans la catégorie des enfants nés et élevés, une cuillère d’argent dans la bouche. Aujourd’hui pourtant, tu regrettes de n’avoir pas été assez adulte, de n’avoir jamais été suffisamment présent pour Cécilie alors qu’elle l’a toujours été pour toi. Tu tentes de te reprendre, tu inspires profondément avant de libérer l’oxygène sans bruit. Si telle est sa volonté, qu’il en soit ainsi. Tant pis. Il est trop tard pour la convaincre, autant lui souhaiter le meilleur et bien plus encore. Tu frottes le bout de ton nez de ton index en reniflant avant de poursuivre, la voix tremblante pour les premiers mots.
_ T’oublier, il n’en est pas question. Un jour… tu souhaiteras le revoir… Tu seras présente le jour de son couronnement. Le ciel sera bleu, le soleil brillera dans le ciel… et tu le verras. Un beau jeune homme, des yeux aux couleurs de l’océan, veillant sur tes neveux. Ce jour-là Missède sera différente, apaisée et prospère comme jamais elle ne l’avait été. Nous t’attendrons, aussi longtemps qu’il faudra.
On ne pourra t’enlever ce trait de caractère idéaliste digne de tous les jeunes nobles. Ils arrivent au pouvoir avec plein de projets et d’espoirs, désireux de s’élever par leurs actes pour que l’Histoire se souvienne d’eux. Certains partent l’épée à la main à la recherche de la gloire, d’autres construisent de grands monuments tandis que certains édictent des lois qu’ils imaginent profondément bonnes et utiles. Mais parfois la vie les fauche, une flèche vient taire le nom du guerrier à jamais, une faillite détruit la réputation de l’architecte et un poignard met fin aux révolutions législatives. Toutefois, ni la mort ni la ruine ne parvient à défaire les rêves et la génération suivante s’élancera, elle aussi, à la recherche de la gloire et de la prospérité. N’est ce pas profondément humain de vouloir réussir ? De vouloir s’élever ? Et si Cécilie n’aspirait qu’à la liberté, à une vie simple, comme Linaëlle l’a mainte fois évoquée pour son cas ? Qui es-tu pour juger ?
_ Tu as toujours été plus qu’une sœur pour moi Cécilie. J’ai été stupide et égoïste je le reconnais. Va. Sois heureuse. Et vis comme tu l’as toujours souhaité, libre. Mais n’oublie jamais que si un jour tu requiers mon aide, tu l’auras. D’aujourd’hui jusqu’à mon dernier souffle.
En faisant attention aux détails, on pouvait remarquer un très léger sourire qui appelait une réponse, une attention, un geste. Il fut rapide, discret, presque invisible. Mais il était là. Tu te redresses avant de passer ta main sur ton visage humide et de renifler. Avec une voix faible mais hésitante tu oses…
_ Puis-je te serrer dans mes bras… une dernière fois ?
Allait-elle accepter ? Oui ? Non ? Il se passe ce qui doit se passer. Tu t’efforces d’afficher quelques sourires forcés. Non pas pour lui plaire, mais pour tenter te résoudre à rentrer seul tout en comprenant son choix. Il était inutile de s’engluer dans un conflit, pas après tout ce qui s’était passé. Puis il fallait partir, tu glisses ta main à ta ceinture pour y décrocher ta bourse et la tendre à ta grande sœur.
_ Prend la. Tu en auras plus besoin que moi…
Ce n’était rien. Une bourse ne vaut pas grand-chose, ce n’est pas sans elle que ton monde va s’écrouler. Cécilie en aura certainement une plus grande utilité, peut être pourra t-elle s’acheter de nouveaux vêtements ? Peut être cessera-t-elle de travailler dans cet établissement pour aller ailleurs. Qu’en savais-tu ? Rien. Tu lui offre seulement la seule aide que tu pouvais encore lui offrir en cet instant.
_ Au revoir grande sœur… je t’aime…
Tu fermes les yeux quelques secondes, une larme réapparaît et glisse rapidement le long de ta joue. Pourtant, en rouvrant les yeux, tu parviens à lui sourire sans ombrage et aucun mot ne pouvait être assez fort pour expliquer l’émotion qui se dégageait de ton regard. De l’amour, de la compassion, de l’admiration, des vœux de bonheur mais surtout un ardent désir de la revoir. Un au revoir ou un adieu ? Nul ne le sait. Plus rien n’importe. Tout semble flou, ses révélations ont font l’effet d’une masse. Jusqu’à aujourd’hui tu vivais dans l’espoir de voir Cécilie reprendre les rênes de la baronnie et tu t’imaginais déjà vieillir sur les côtes de l’Olienne, à vivre de tournois et de promenades champêtres. Mais ce tableau idyllique s’assombrit, dorénavant tu prends conscience que chacune de tes décisions devra être soigneusement pesée et réfléchie pour que l’accession de Maël se fasse de la meilleure des façons. |
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