"Bouillon de culture" [Dante Corvac]

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MessageSujet: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeJeu 25 Juil 2019 - 22:33



4e journée de la 5e enneade – Cité de Thaar – Nid des Mendiants





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"Bouillon de culture" [Dante Corvac] Slum10


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Le Nid de Thaar était un cloaque des plus immondes. Situé sous le niveau de la mer dans une cuvette naturelle, ce quartier pataugeait littéralement dans ses propres excréments les jours de pluie. Les jours d’orage, le marais sur lequel était bâti le bidonville se remplissait d’une eau poisseuse qui charriait le pire de ce que la cité pouvait produire : des maladies et des malades. Chaque année, les bâtiments de bois, de pierre et de torchis s’enfonçaient de quelques centimètres dans le terrain spongieux du marais du Nid, si bien que ses habitants construisaient chaque année de nouveaux étages à des bâtisses dont l’architecture était plus qu’anarchique et obstruait le ciel et faisait de l’air pur une denrée des plus rares et des plus prisées.

Le Nid n’a pas de carte, pas de point de repère identifiable pour l’étranger et vibre de sa propre dynamique grotesque, si bien que les habitants de la cité estreventienne se tiennent à distance du cloaque. Il est dit que même les Princes Marchands les plus illustres de l’histoire de la cité ont abandonné très tôt l’idée de pacifier le Nid. Telle une tumeur, plus vous le combattez et plus il se défend, grossit et contamine les quartiers alentours. Faute de pouvoir se débarrasser du Nid, les Princes Marchands ont laissé le quartier devenir le point de chute de la misère thaarienne la plus crasse. Après tout, pourquoi lutter contre la misère si vous pouvez la circonscrire à quelques quartiers et l’empêcher de se répandre ?

Dans le Nid, pas de réseau de rue : seulement des passages plus ou moins couverts, plus ou moins ouverts, gardés par des gangs, qui combattent pour la moindre parcelle de territoire. L’ensemble du quartier présente, faute de description plus adéquate, les caractéristiques d’un organisme vivant. Le cœur du Nid, pour ceux qui ont pu en revenir sans des morceaux en moins, n’est plus qu’une infâme décharge sans ciel où des hordes d’enfants concurrencent les rats pour s’accaparer de maigres restent tandis que leurs ainés organisent les trafics et luttent pour le pouvoir.

Entrer dans le Nid, c’est prendre le risque de traverser un réseau tentaculaire de rues fangeuses à l’air vicié et humide où sont déversées quotidiennement les immondices des rares chanceux ayant eu la possibilité de construire un appartement au plus près du ciel. L’adage populaire dit d’ailleurs que seuls les individus disposant de trois yeux peuvent entrer sans risque dans le nid. Un œil pour regarder dans quoi on marche, un œil pour surveiller ses possessions et un dernier pour surveiller les seaux de purin qui tombent inopinément du ciel.

Il n’en restait pas moins, malgré sa mauvaise réputation, un lieu grouillant d’activité. Tout s’y vend et tout s’y achète, à n’importe quel prix, si bien que les gangs des rues sont devenus de véritables entrepreneurs avec une solide réputation pour fournir aux bourgeois les plus décadents des biens que la morale réprouvait alors. Véritable microcosme au sein de la société thaarienne, le Nid disposait même de son propre argot, indéchiffrable et totalement cryptique pour le profane, qui permettait à ses habitants de se reconnaître et de dépouiller le chaland. Les meilleurs spécialistes disaient qu’il existait dans le Nid au moins 200 façons de dire « voler ».

La plus grande menace qui couvait dans le Nid était bien entendu la maladie. Tous les ingrédients étaient réunis pour le déclenchement d’une épidémie à tout instant : une grande concentration de population pauvre n’ayant pas les moyens de se faire soigner ; un environnement urbain insalubre, dégradé et pourrissant ; une humidité et une chaleur intenable ; les moustiques ; l’eau saumâtre ; … Une véritable bombe à retardement qui pouvait exploser à n’importe quel moment et se répandre dans les autres quartiers si l’on n’y prenait pas garde …

Il était courant qu’à la belle saison, les pluies et la chaleur conduisent au développement des maladies en provenance du Nid. Champignons, infections et autres joyeusetés s’y développaient allègrement durant cette période et tout portait à croire que cette année, la situation n’allait que s’aggraver. Depuis maintenant quelques semaines, le dispensaire de Sainte Iselda ne désemplissait pas de malades venus du Nid.

D’ordinaire, les malades du Nid étaient rares, ne se déplaçant pas en-dehors du cloaque, si bien que leur présence était en soi un signe à ne pas prendre à la légère. Tous les matins, la haute-prêtresse retrouvait devant les portes du dispensaire une poignée de malades, enfants ou vieillards, qui, quand ils n’étaient pas déjà morts, présentaient tous les mêmes symptômes : poussée de fièvre délirante, difficultés respiratoires, yeux et sang jaunis et larges plaques d’éruptions cutanées suintantes de pus jaune sur le corps. S’ils ne mouraient pas dans la semaine à cause de la maladie, ils resteraient trop affaiblis pour que l’on puisse décemment les renvoyer à la rue. Cela n’aurait fait qu’empirer les choses…

Malgré ses recherches, Lucrétia n’avait pas encore déterminé l’origine de l’infection. Elle devait cependant faire vite car les lits de son dispensaire étaient limités et que si la situation empirait, la cité toute entière se retrouverait placée en quarantaine. En clair, les conséquences pourraient être terribles si personne n’y prenait garde.  

La jeune femme avait patiemment collecté le maximum d’informations pour identifier la maladie, à partir du profil des patients et leurs symptômes. Avec l’aide de quelques médecins de Thaar de sa connaissance, elle avait pu identifier l’origine du problème : un fongus particulièrement toxique connu sous le nom de Criard Jaune. Le Criard Jaune était une rareté à Thaar. Généralement, cette petite saleté se développait uniquement dans les territoires les plus reculés de l’Ithri’Vaan où il prospérait tranquillement dans des environnements humides et privés de soleil. Lors des saisons chaudes, ce champignon grossissait sous forme de mousse jaunâtre et produisait des spores extrêmement toxiques pour les êtres humains. On le surnommait le Criard car lorsqu’il répendait ses spores, il laissait s’échapper un chuintement que d’aucuns qualifiaient de cri à mi-chemin entre un bébé qui pleure et le crissement d’un racloir d’acier sur un tableau noir. Lucrétia avait émis l’hypothèse que le Criard Jaune avait trouvé dans le Nid un terrain propice à son développement et avait réussi à contaminer ses habitants par le rejet de ses spores dans l’air vicié du quartier. Le seul moyen de se débarrasser de cette saleté était d’en brûler le maximum de souches. Fort heureusement, cette petite horreur était aisément repérable.

Il fallait toutefois agir vite. Ce champignon, une fois laissé sans surveillance, avait tendance à se reproduire vite et le Nid ne disposait pas des structures suffisantes pour faire face à un Criard Jaune. Lucrétia s’était décidée à agir vite et à plonger dans le Nid pour brûler les souches de Criard Jaune. Malheureusement pour elle, la haute-prêtresse ne disposait pas des connaissances nécessaires pour s’orienter et ressortir vivante d’un endroit aussi dangereux.

Assise un banc au sommet de la Rue Décatie, l’une des artères menant aux bas-fonds, elle attendait le mercenaire qu’elle avait engagé. L’air était lourd. Il n’avait pas plu depuis plusieurs semaines à Thaar et au vu de l’épaisse couche de nuages noirs au-dessus de la cité, le ciel n’allait pas tarder à leur tomber sur la tête. Lucrétia tripota machinalement la broche d’attache de sa cape brune et remonta son foulard sur le visage pour se protéger des odeurs âcres du Nid. Vêtue d’une simple robe de lin écrue et de bottes de marche, la jeune femme avait pris soin d’apporter avec elle sa sacoche de guérisseuse avec une outre d’huile et des allume-feux. Lucrétia portait à la ceinture une courte dague émoussée. Trouvée chez un antiquaire du port, l’objet n’aurait pas pu découper une tranche de saucisson, mais Lucrétia comptait sur son potentiel de dissuasion. Et puis … elle avait désormais un guide avec elle.

Lucrétia était consciente que quelqu’un déposait ces mendiants devant les portes de son dispensaire. Cela veut dire que quelqu’un ici s’y connaissait en médecine et s’occupait potentiellement des malades, sans savoir ce qu’il se passait. Elle cherchait donc un pseudo-dispensaire dans le Nid, un endroit où les malades pouvaient être mis à l’écart à défaut d’être soignés avant de les faire transiter vers les dispensaires hors du quartier. Une fois cette personne trouvée, elle espérait pouvoir recueillir assez d’informations pour trouver les souches de Criard Jaune et les faire disparaitre pour de bon.

Elle avait proposé au mercenaire 200 écus pour deux jours de travail, une somme plus qu’honorable. En guise de bonne foi, elle avait versé 50 écus d’acompte. A Thaar, l’or valait plus que la parole d’un homme, Lucrétia avait fini par assimiler cette dure vérité. Elle ne savait pas vraiment quoi en penser … Ses contacts lui avaient assuré qu’il s’agissait d’un véritable professionnel des bas-fonds, mais au vu des quelques minutes d’entrevue qu’elle avait pu avoir avec lui à la taverne des Frères Nopron, difficile de se faire un avis. Elle gardait de l’homme une impression étrange. Si Lucrétia savait jauger les gens du regard et se félicitait d’être excellente dans ce domaine, elle n’arrivait absolument pas à percer cet homme à jour. C’était comme s’il parvenait à échapper à chaque fois à son regard. Il en résultait chez elle une impression désagréable et inquiétante. Si ce … Dante … était une présence étrange, il n’en restait pas moins qu’il dégageait un certain professionnalisme que la haute-prêtresse ne pouvait qu’apprécier.


« Vous êtes à l’heure. La ponctualité est une qualité rare de nos jours. »


Sentir la présence de ce Dante n’était pas bien compliqué. Malgré sa discrétion, une prêtresse dotée du don de la Déesse aurait remarqué sa présence par l’impression de vide et de malaise qui précédait son arrivée. Elle avait une toute petite idée de pourquoi cet homme la mettait mal à l’aise, mais prudence étant mère de sûreté, elle s’était abstenue de s’enquérir de l’histoire de l’homme. La jeune femme se leva et épousseta les plis de sa robe de lin.


« Nous cherchons une personne, probablement un médecin ou un apothicaire…quelqu’un qui s’y connait assez en médecine pour savoir où s’arrêtent ses propres compétences. Cette personne doit avoir un dispensaire ou un mouroir dans le Nid et m’a envoyé pendant plusieurs semaines des malades sans jamais prendre la peine de me contacter. J’ignore si cette personne est encore en vie ou non, mais nous devons la trouver si nous voulons avoir des informations plus précises sur ce Criard Jaune. »


Dernière édition par Lucrétia le Sam 17 Aoû 2019 - 15:25, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeVen 26 Juil 2019 - 0:38

Sous le ciel lourd, le pied botté de vieux cuir, mais encore souple, se meut avec aisance vers le Nid. Regardons cet individu de plus près. Un mètre quatre vingt, rien de bien exceptionnel dans la charpente. Une musculature fine, faite pour la vitesse et la souplesse… Il n'a rien d'un colosse, mais rien d'un freluquet non plus.  à ses vieilles bottes, de vieux pantalons de coton solide une sacoche de taille portée à l'envers et fixée à la cuisse pour éviter les mains baladeuses. Ce n'est pas pratique pour prendre ses choses, mais incontournable pour éviter de se les faire piquer. Et on a beau être attentif, un peut se les faire remplacer n'importe quand. Les mains des gosses sont extrêmement lestes. A ses hanches, en plus de Vicieuse, sa dague Zurthane, trône la méchante paire de dagues de combats qu'il a utilisé aux Jeux. Les jumelles ne sont peut-être pas pratique en situation d'infiltration, mais pour dissuader les connards, il 'y a pas mieux. Oh, il pourrait se trimballer une épée comme la majorité des gens, mais ici, dans un détour, une ruelle, une dague est bien plus vite sortie.

De plus, il se fatiguerait trop vite avec une épée…

Il n'a pas amené son arc ni ses flèches. Une vieille et courte cape à la couleur indéfinie, tenant plus d'une couverture que d'un manteau protège ses épaules d'un coup de pluie ou d'autre chose potentiel. Sa vieille chemise rapiécée aux manches serrées dans ses bracelets de force, les gants sans doigts laissant voir les longs appendices souples de l'homme… Son plastron a manifestement connu des jours meilleurs, mais quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que les vêtements usagés sont parfaitements entretenus. La multitudes de gris disparates composants sa tenue achève de le rendre miteux.

Les tempes rasées du mercenaire soulignent sa longue chevelure sagement tressée à la Vaani. La peau de miel de l'homme, sa chevelure d'huile, ses traits…  tout indique le plus pur produit Estreventin… Le nez droit, la grande bouche mobile… Il n'a rien de bien exceptionnel en soit.  Sauf ces yeux… Elle ne les a pas vu lors de l'embauche. Elle a vu le marron seulement, le vert étant caché par son bandeau de borgne…  Mais ici, ses yeux sont sa carte de visite, diminuent ses chances de se faire agresser.

La majorité des gens, ici savent qui est le gamin aux yeux vairons qui a arpenté ces rues en long en large et en travers… Le gamin qui s'est extirpé de ce cloaque mais qui revient régulièrement donner des trucs dont il n'a pas l'utilité, une fois ce fut deux beaux chevaux qui ont finit en barbaque, un carrosse qui gît dans un des recoins, abritant une famille… Le gosse du Nid qui a embauché des jeunes d'ici pour veiller sur son territoire des Lanternes pendant qu'il voyage. Celui qui vient toujours chercher des trucs spéciaux… Celui qui arrête toujours chez la Gueuse manger son ragoût de rat…

Dante ne se sent chez lui nul part… Et pas plus au Nid… Il déteste ce quartier comme il déteste Thaar en général. Il revient régulièrement parce que les gens du Nid sont, autant que faire ce peut, ses alliés. Et même un solitaire comme lui a besoin de support. C'est le seul quartier de la ville où il ne veut pas voir Cécilie. Il préfère la voir racoler au port que venir dans ce merdier…  Quoiqu'elle fait ce qu'elle veut, comme toujours.

Comme à chaque fois qu'il pose le pied dans cette partie de la ville, l'homme a ces pensées décousues. Jusqu'à ce qu'il voit Lucretia… En la regardant, il tique. Elle est trop propre… On a idée de porter une robe écrue ici. Une robe de lin… C'est plus que ce que la majorité des femmes d'ici ne porteront jamais.

La prunelle marron se porte sur son employeuse, la jaugeant sans aménité tandis que la verte suit le même chemin, luisant d'un éclat étrange, indéchiffrable, rehaussé par le réseau de cicatrices sauvages qui lui barre le côté gauche du visage.

Froide, la voix grave de Dante s'élève dans l'air, se faisant parfaitement entendre malgré le ton bas.  

-Je suis toujours à l'heure... Je suggère fortement que la sacoche de voyage se retrouve sous la cape, l'ouverture vers votre corp… Vous êtes trop propre pour ce quartier. Idéalement, faudrait au moins salir le manteau. Tout crie le neuf et le pigeon chez vous, sans offense, c'est vous la patronne…  Je vais vous dire quelques règles à suivre pour votre bien… On sait, je suis chiant. Mais c'est pour faire mon boulot. Je vais vous suivre un pas derrière à votre droite et je vous dirai où aller. Vous marchez droite mais pas trop, en regardant partout mais pas trop. Oubliez pas en l'air, il pleut de la merde ici souvent. Quand ca tombe, partez du principe que ce n'est pas de l'eau. Si vous voyez un rat, dite le moi, ca nous sera utile. Je sais que ca pue, mais je suggère fortement de baisser le foulard. Ya du monde qui pourrait s'irriter de votre protection faciale, ils sont ombrageux par ici. On se couvrira en approchant des zones à risques.   Si on est séparé, je vous suggère de courir le plus vite possible vers la sortie ou vers le trou le plus proche. Je vous retrouverai soyez pas inquiète.  Votre couteau à lapin là, si on vous attaque, visez la gorge, toujours la gorge et l'entrejambe du plus fort que vous pouvez…

Il s'avance s'approchant d'elle… La jauge  la prêtresse de Néera… La Damedieu. Pour ce qu'il en a à foutre d'ailleurs, ce qui l'intéresse c'est la distraction offerte et la prime. Elle aurait pu prendre un mercenaire pas mal plus baraqué et intimidant. Pourtant, elle l'a choisi lui, l'anonyme, le ordinaire…  La grande bouche esquisse un léger et fugace sourire en coin qui ne se reflète pas dans les prunelles étranges. Il va s'amuser aujourd'hui semble t'il.

- Il n'y a pas de mouroir… Ya un charnier à la place, on y balance les agonisants les bébés mal formés, les malades, les blessés dont on veut pas s'occuper… C'est rapide et ça évite des tracas inutiles. Appelez ca prendre de l'avance. Je confierais pas ma vie à un médecin ici… Mais y doit en avoir sûrement. Comme apothicaire, j'en connais un mais il  faut voir si le gus est encore en place et en vie, ici c'est pas mal aléatoire…

En posture droite, légèrement coulante, les grandes mains d'artistes posées sur ses dagues, il inspire profondément, nullement incommodé par la puanteur ambiante.

Je sais que je viens de dire beaucoup de choses en même temps, mais je suis pas tant bavard en général… Avez vous des questions patronne?
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 27 Juil 2019 - 11:57



"Bouillon de culture" [Dante Corvac] Slum_110

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Lucrétia écouta patiemment les propos de l’homme. Il ne trahissait pas sa réputation visiblement, ses propos étaient plein de bon sens.

« C’est bien compris. Votre territoire, vos règles. »

La jeune femme plaça sa sacoche sous sa cape et ramassa sur le sol une poignée de poussière qu’elle projeta sur sa cape et ses vêtements pour se salir. Cela ferait l’illusion quelques minutes. Elle détacha son foulard et s’en servi pour le nouer dans ses cheveux avant de repasser une poignée de poussière sur ses vêtements. Les règles étaient claires. Il n’y avait pas un instant de plus à perdre et la jeune femme se préparait à partir quand la voix du mercenaire se fit à nouveau entendre.

« Un charnier ? Attendez … mais vous vous rendez compte du nid à infections que cela constitue ? Pas étonnant que la plupart des malades viennent du Nid si vous ne brûlez pas les corps. Que fait le clergé de Tyra dans ces cas-là ? »

Tant de questions se pressaient dans sa tête, mais le temps manquait. Elle aurait le temps de cuisiner le mercenaire plus tard. Le plus urgent était de s’enfoncer directement dans le Nid. Elle haussa les épaules et prit la tête du cortège.

Le duo progressa rapidement dans le Nid. Guidée par l’homme encapuchonné, elle descendit la rue Décatie et pénétra dans le Nid. L’air devint de plus en plus lourd et de plus en plus humide à mesure qu’elle descendait les pavés de la rue. Petit à petit, la rue se rétrécit tandis que l’activité des passants bourdonnait de plus en plus. La jeune femme sentait toujours la présence du mercenaire derrière elle. Difficile de faire autrement après tout.

Les pavés laissèrent rapidement place à de la boue mêlée à de la poussière. Les débris sur le sol, les détritus … puis les mendiants. Des dizaines de mendiants assis dans les rues : enfants, cul-de-jatte, faux aveugles, … La plupart étaient en partance pour les quartiers les plus riches ou le port. Elle pouvait voir au coin des rues les petits caïds répartir les tâches entre les différents enfants tandis que sous les manteaux s’échangeaient les produits interdits destinés aux différents trafics de la cité. Lucrétia tenta de passer outre ces activités, cherchant à se concentrer sur sa mission.

Le mercenaire lui fit signe de tourner à gauche, dans ce qui semblait être une impasse où s’amoncelaient les déchets et où de vieilles échoppes tentaient de vendre du pain à peine moisi et des gri-gris pour conjurer le mauvais sort. L’impasse n’en était pas une. Une palissade en bois servait de pare-vue en bout d’impasse. Des individus encapuchonnés en sortaient sous le regard appuyé d’une sentinelle du Nid, un homme adossé à un poteau en bois pourri armé d’une masse.

Le mercenaire lui fit comprendre de passer sans s’arrêter et sans regarder le garde. Il fallait qu’elle ait l’air la plus confiante possible. La jeune femme déplaça le pare-vue et pénétra dans le cloaque. Elle avait fini par pénétrer la première frontière du Nid. Peu de Thaariens mettaient les pieds ici et en ressortaient vivants. Lucrétia sentit une boule se former dans son ventre. Elle n’était absolument pas à l’aise ici et à raison ! Le pare-vue passé, elle erra pendant une dizaine de minutes dans des corridors à peine éclairés par la lumière du jour. On aurait dit un véritable boyau d’intestin dans lequel des camelots tentaient de refourguer leurs denrées périmées ou tentaient de troquer des babioles chinées dans les décharges. L’activité y était grouillante, telle une nuée de parasites qui s’affairaient à récupérer tout ce qu’ils pouvaient du Nid pour en faire des biens valorisables.

Elle aperçut au milieu des fumées âcres et des étals colorés des marchands faisant bouillir dans une marmite un immonde gruau dans lequel ils versaient une sorte de farine grisâtre. A côté, des rats sur une brochette, autour de laquelle se pressaient des habitants en guenilles. Le rat était un met courant dans le Nid : il se reproduisait vite, était délicieux en ragout et s’attrapait facilement.

Elle continua son chemin, enjambant une sorte d’égout à ciel ouvert qui coulait vers les tréfonds de la cuvette du Nid. L’odeur était repoussant, l’air vicié. Par étonnant que les habitants y développent des maladies. Tout ce que l’on pouvait toucher était potentiellement mortel ou présentait un risque d’infection. Les gens vivant ici devaient disposer d’une résistance hors-du-commun aux maladies.

La jeune femme s’arrêta à l’angle d’une « rue » couverte par une grande tenture rouge et fit signe à son employé. Elle n’était pas rassurée et ne se sentait véritablement pas à sa place.


« Est-ce encore loin ? Où est votre « médecin » ? »
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 27 Juil 2019 - 23:52

« Un charnier ? Attendez … mais vous vous rendez compte du nid à infections que cela constitue ? Pas étonnant que la plupart des malades viennent du Nid si vous ne brûlez pas les corps. Que fait le clergé de Tyra dans ces cas-là ? »

Pour toute réponse, un rire du mercenaire, un rire grave, rauque, grinçant. La prunelle verte étincelle fugacement de façon inquiétante

Les dieux s'en foutent de nous. On ira pas gaspiller du combustible quand le marais s'en occupe…. Quand vous allez rentrer, vous allez comprendre.  

Il y a un moment de silence, ponctué d'un simple je vois

Ben oui… tout est humide dans ce cloaque… Le combustible est trop précieux pour être gaspillé pour ca… Ici, dans le Nid, on a la sélection naturelle à son meilleur. Les faibles crèvent, les forts survivent. Ce qui fait que les individus réussissant à survivre sont, pour la majorité, d'une santé de fer. Et s'ils sont plus ou moins beaux, ils arborent pour la majorité une charpente quand même robuste.

Et tandis qu'il guide la fraiche gazelle dans l'antre des hyènes, le mercenaire a des yeux partout… Le faciès de l'un, un gamin s'approchant trop qu'il détourne mine de rien. La bagarre qu'il évite en la faisant entrer et traverser une échoppe comme on traverse une rue, débouchant ailleurs. Si, en apparence, il ne semble pas savoir où ils vont, rien n'est plus faux. Il sait exactement où il va.

« Est-ce encore loin ? Où est votre « médecin » ? »

Je cotoie pas les charlatans.

Dit il en plissant les yeux en regardant par dessus l'épaule de sa patronne… Manifestement, ce qu'il voit ne lui plait pas trop, autant qu'elle peut juger ce fasciès peu expressif. S'avancant rapidement d'un pas, il la prend par le bras avant de la faire rentrer dans la première porte venue. Une main sur les lèvres, le mercenaire la plaque sur le mur et lui fait signe de se taire. 

Un groupe de gens passent… Il y a des hommes et des femmes. Manifestement, ils n'ont pas été vus. Il attend un moment par contre, pour être certain que ce ne soit pas de l'esbroufe. Etrangement, à la place de plus raide, l'homme s'est fait plus souple même, plus coulant… 

C'est pas loin, mais dans ce coin, sont pas accomodant pour les étrangers au ras du sol. Prenez l'échelle. On monte…. On va prendre les toits. Je passe en premier…


Ainsi, ils montent… Traverse une chambre vide, il lui fait traverser un étroit vide pour traverser une autre pièce remplie de bouteilles où deux ivrognes cuventm sortent sous des regards indifférents avant de monter un bon trois étages d'escalier casse gueule. Alors débouchent ils sur les toits. Et, manifestement, c'est peuplé. Des genre d'abrit de fortunes en draps et en chiffons, usés, tendus
 certains plus blanc que blancs, d'autres avec différentes teintes passées… Partout sur les toits adjacents les gens se sont fabriqués des abrits, squattant cet air relativement pur. 

Faites le tour par là. On entre pas la dedans à moins que vous ayez le goût d'un mâle... .

Arrivant sur le rebord, il lui montre une passerelle de fortune. Manifestement, un réseau similaires aux ruelles existent sur les toits.  

Regardez autour de vous… Le toit vert deux bâtisses plus loin, c'est là qu'on va…     

L'homme s'éloigne alors de la passerelle, la laissant passer. Reculant, encore et encore, il prend son élan et se met à courir pour sauter sur le même toit que Lucretia en un superbe saut. Se réceptionnant en un magnifique roulé boulé, le mercenaire lui montre un escalier descendant un étage, donnant sur une porte. Manifestement, cet exercice lui plait. Ca l'échauffe…

On est arrivé chez Claude… Laissez moi parler en premier. 

****************************** 
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Quand ils pénètrent à l'intérieur, des clochettes se font entendre. Sur son perchoir, un hibou somnole paisiblement. Les odeurs d'herbes et de fleurs en train de sécher est entêtante, presque mystique. C'est un capharnaüm qui s'ouvrent devant eux. Où chaque plante a sa place. Des morceaux de tissus odorants sont suspendus un peu partout, une belle balance en cuivre trône sur une table passe au milieu de la pièce tandis qu'un gros meuble plein de pots divers et carrément dissimulé sous les herbes diverses.

Le visage impassible, l'homme évase les narines, humant profondément l'air avec satisfaction. Au fond, en train de remplir des bouteilles, une jeune fille blonde, pieds nus, les pantalons noirs beaucoup trop court mais néammoins reprisés avec soin, est assise. La voix grave et froide de Dante s'élève dans l'air parfumé.

Salut Claude… El vous a bien envoyé les trucs que vous aviez besoin?

Se tournant vers le mercenaire, la gamine a un sourire qui s'évanouit vite, remplacé par la rougeur de ses joues. Intimidée, elle ne fait que hocher la tête.

Aucun chien vous a rien escamoté ce coup ci?

Toujours silencieuse, elle fait signe que non. Le visage aux yeux dépareillés se vrillent dans les yeux de l'enfant qui se recroqueville un peu, rougissant encore plus. Puis, la grande bouche esquisse enfin un sourire en coin.

Claude est dans son jardin? C'est lui que je venais yeuter aujourd'hui…

Une lueur de déception traverse les yeux clairs de l'enfant. Elle pointe l'escalier.

C'est cool, j'ai besoin de Soins et j'ai pas le temps de m'en faire… Tu me remplis ? Avec la Gomme  Péninsulaire, pas la même merde que les autres. J'ai une liste d'épicerie aussi, tu m'envoie ça que d'hab?

S'avançant, il sort son pot et sa liste qu'il dépose sur la table à côté de la blondinette, avant d'y laisser plusieurs couronnes. Dante n'en a pas besoin, mais tant qu'à passer, il veut rafraîchir son stock

Garde la monnaie…

Ouvrant un drap, il fait signe à Lucrétia de passer. Les yeux de Claude s'assombrissent.

Ca va, elle vient.  


Et pendant qu'ils atteignent l'ilôt de verdure, il la briefe en deux phrases.

Ici c'est zone neutre. On en a quelques unes comme ca. Si quelqu'un touche à Claude, ca deviendra un cadavre en sursis. On a peu de gens compétents pour soigner, s'en est un.


Parmis les plantes, un homme assis st en train de faire tranquillement des bottes de simples. Silencieux, il les ignore ou n'a pas encore conscience de leur présence. Il fredonne doucement. Sans rien dire, le mercenaire recule, laissant Lucretia mener l'interrogatoire. Il se met à arpenter le jardin, contemplant de ses prunelles étranges les simples qui s'y trouvent, portant de temps à autre une feuille à son nez, puis à sa langue. "Bouillon de culture" [Dante Corvac] 8340d810
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeDim 28 Juil 2019 - 22:05


Lucrétia s’était contentée de suivre aveuglément les ordres et les directions que l’homme lui sommait d’emprunter, si bien qu’elle perdit très vite le sens de l’orientation. Du plancher des vaches jusqu’aux nids de coucous, le Nid semblait pensé comme une véritable ruche où chaque étage était en lui-même un morceau de ville. Elle finit par se demander, d’échelles en échelles et de pièces en pièces, si certaines personnes n’avaient jamais touché la terre ferme.

Si la situation n’était pas aussi grave, elle aurait presque trouvé ça amusant comme aventure. Enfin … amusant … Si on omettait l’odeur, les couteaux à peine dissimulés derrière les capes miteuses et la sensation constante d’envahir l’espace personnel des quidams du cru.

Essayant de suivre le rythme, elle faillit glisser plusieurs fois, manquant de peu une chute mortelle ou de se faire empaler sur des pieux de bois ou pire, de se fracasser la tête sur un monceau d’immondices. Elle eut la peur de sa vie quand il fallut sauter d’un toit à un autre. Par Néera, elle n’était pas faite pour ce genre d’aventures !

La jeune femme ne broncha pas quand ils pénétrèrent dans l’antre dudit guérisseur. Elle sentait qu’elle ne tombait pas dans un traquenard et que le mercenaire l’avait mené exactement là où elle pouvait trouver ses réponses. Restait simplement à l’interroger. Lucrétia passa devant la jeune fille qui n’avait visiblement pas l’air de lui prêter plus d’attention que ça et semblait affairée à regarder des scarabées se battre dans un pot de verre.

Elle souleva le drap en toile grossière qui protégeait le jardin intérieur. Jardin était un bien grand mot. Il s’agissait avant tout d’un immense séchoir dans lequel étaient accrochées toutes sortes de bottes de plantes utilisées en médecine. La pièce sentait exactement comme les réserves du dispensaire de Sainte Iselda. La jeune femme se sentait un peu comme chez elle au milieu de ces plantes. Nombre d’entre elles étaient disposées dans des pots placés à la lumière du soleil, à côté des nombreuses ouvertures sur l’extérieur.

Elle balaya la pièce d’un seul regard. L’homme semblait s’y connaître. Elle ne voyait que des plantes pouvant potentiellement soigner des infections ou des maladies bénignes. Rien de bien méchant, mais le drôle ne semblait pas être né de la dernière pluie. Elle reconnut immédiatement aux bocaux présents sur les étagères du séchoir qu’il savait en plus de les sélectionner, préparer les baumes et onguents. Bon … Néera soit louée, l’individu semblait à défaut d’être un vrai médecin, au moins un apothicaire qui s’y connaissait assez pour ne pas tuer son patient par maladresse.


S’approchant de l’homme occupé à nouer les bottes d’herbes, elle s’accroupit à sa hauteur et lui parla d’une voix amène et diplomate.

« Messire … »

L’homme resta de marbre, continuant de nouer avec du raphia ses herbes avant de les poser sur le petit torchon crasseux juste à côté de lui.  

« Je sais pourquoi vous venez … Merci d’avoir pris soin de ces pauvres hères. Malheureusement, je ne peux pas soigner tous les bougres qui se pressent à ma porte. Désolé d’avoir fait peser ce fardeau sur vous. »

L’homme posa son petit boisseau et sortir de sa tunique une blague à tabac et une pipe finement ouvragée. Il l’alluma et tira une grosse lampée de fumée avant de la recracher dans la pièce.

« Je suppose que votre ami vous a parlé du charnier. C’est bien là que l’on jette les corps contaminés, mais ce n’est pas de là que l’infection se propage et vous saloperiez vos belles bottes à y aller. Ces idiots doivent bien choper la maladie quelque part, mais impossible de savoir où. Il doit bien y avoir un truc qui attire autant ces abrutis pour qu’ils finissent par s’infecter comme ça, mais comme vous l’savez, la viande morte, ça parle pas ! »

L’homme se pencha en arrière et tira à nouveau une bouffée de sa pipe avant de tousser bruyamment. Une glaire. Lucrétia réprima un haut-le-cœur et s’assit à genoux au milieu de la pièce pour l’écouter. Elle lui exposa clairement pendant cinq bonnes minutes son hypothèse : celle d’un Criard Jaune. L’homme semblait convaincu par les propos de la prêtresse.

« Mon avis, c’est que les pauvres biges ont dû trouver quelque chose de valeur dans un des tréfonds et sont malheureusement tombés sur votre champignon, prêtresse. Vous savez, les gens ici sont comme des papillons de nuit attirés par la lumière. S’ils ont trouvé un endroit de valeur pas encore squatté, croyez bien qu’ils vont tenter de l’obtenir par tous les moyens. Les bougres ont du tomber pile poil sur l’habitat de votre Criard et c’est pour ça qu’ils sont tombés malades. C’est aussi pour ça que vous avez aussi bien des enfants que des vieillards sur le pas de votre porte : ils pensaient trouver un endroit tranquille pour crécher, ils se sont plantés. »

Le médecin toussa à nouveau et replia le torchon dans lequel ses herbes étaient désormais empaquetées. Il versa le contenu de sa pipe sur le sol avant de le balayer d’un coup de pied et de se relever lentement.

« Endroit humide juste ce qu’il faut, sombre mais avec assez de lumière pour y voir, pas squatté et à l’abri des regards, potentiellement adéquat pour s’y planquer et y vivre, mais jamais occupé jusqu’à présent ? Moi j’vois pas trente-six solutions : ces abrutis sont allés se planquer au Gerboir. Hoy gamin, tu l’y conduis ? »

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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeMar 30 Juil 2019 - 2:02



Le gerboir… Un tube de maconnerie ancienne d'un mètre de diamètre à moitié effondré, parfois au trois quart, enfoncé dans le Marais sur environ une bonne centaine de mètres. Aflleurant la surface sur un autre bon cent mètre. Il y a on ne se rappelle plus de temps, les Princes Marchands s'étaient pris de lubie d'essayer d'assécher la zone marécageuse du Nid de jadis.

Ce qu'il en reste aujourd'hui… Une zone de terrain effondré, des gens se sont fait des logements dans els parties sèches du tuyau… D'ailleurs, même lui y a créché, dans le fin fond du tuyau, avec la fille au bec de lièvre avant… avant…. Il ne s'est jamais rapproché de ce putain de tuyau depuis… Mais il sait que c'était sec.

Claude… . Ca a toujours été semi habité… J'y ai squatté dans le temps…  Ca fait des décennies que le gerboir est sec à ma connaissance. La maçonnerie avait été bien faite… Mais bon, ca vaut le coup d'aller voir si t'es certain de ton coup… Je vais conduire la fille… Et… Claude? Ya juste Claude pour m'appeler gamin. J'aurais pu m'appeler Claude moi aussi si ca m'avais tenté. Oublie jamais ca. Passe le bonjour au vieux et donne lui ça de ma part, veux tu? il saura sûrement comment la faire pousser.

Extirpant d'on ne sait où une cosse minuscule, Dante dépose le tout à côté des plantes de Claude pour repasser du coté de la petite Claude… Il a l'air dubitatif.

**************************************************

Après une autre balade par les toits, dans les bâtisses et même un peu dans des étages engloutis dans les marécages. ils débouchent enfin au gerboir… Une canalisation de vieille maçonnerie effondrée par endroit. A moitié enfoncé dans la verdure, et les amas de briques.

C'est encore plus nul que dans ses souvenirs… Le mercenaire ne semble pas trop chaud pour entrer là dedans.

-Entrer là dedans... on va être quand même passablement coincés
.

Il lève la tête et regarde par dessus son épaule un moment… Puis, le ciel, essayant d'évaluer la luminosité. Puis le trou béant. Sur une impulsion, le mercenaire fout la tête dans le trou et écoute, et hume… Certes…
Ya des bruits ténus, plus haut… Fermant les yeux, il écoute ce que les parois percées lui renvoient. Avant de ressortir et de regarder la patronne droit dans les yeux. .

-Ca pue l'eau croupie… Soit j'ai pas bonne mémoire, soit ça s'est effondré quelque part en bas... Ca se peut. Il ne devrait pas y avoir trop de cochonneries. Ya pas l'espace pour ca..  
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeJeu 1 Aoû 2019 - 22:27


Lucrétia avait suivi le mercenaire sans poser de questions. Le temps manquait et il lui fallait absolument terminer sa mission avant la fin de la journée. Elle ne souhaitait pas passer la nuit dans le cloaque. Après une nouvelle balade sur les toits et après avoir failli à nouveau tomber d’une échelle pourrie et s’écraser de tout son long sur de la paille moisie, Lucrétia finit par atteindre avec son accompagnateur un promontoire de bois qui donnait sur le fameux Gerboir.

Elle ressentit une pointe de déception à la vue du Gerboir. Elle s’attendait presque à mieux. L’endroit était quasiment désert, si l’on omettait la bande de chiens galeux affairée à déterrer de vieux os plongés dans la vase et la fange dix mètres plus bas. Le tuyau de pierre taillée plongeait dans la fange et semblait ressortir quelques centaines de mètres plus loin. Au-dessus, des bâtiments branlants semblaient tenir dans un équilibre précaire et le cachaient à moitié. Le tuyau était beaucoup plus grand que ce qu’elle s’était imaginé. Sa structure avait été durant des années appropriée par les plus pauvres hères de Thaar, si bien que l’on voyait clairement s’échapper du grand tube de pierre des monceaux de cabanes quasi-abandonnées qui semblaient tenir sur des poteaux plongeant dans la vase. C’était comme si le Gerboir lui-même déversait des logements. Fort heureusement, les bricoleurs qui avaient investi l’endroit avaient veillé à ce que les poteaux plongeant dans la fange mettent bien à l’abri les habitations du sol. De la végétation poussait sur le sol spongieux, preuve que même les endroits les plus atroces pouvaient accueillir de la vie.

Premier constat, le Gerboir était repoussant, même pour les habitants des alentours. Le sol étant extrêmement spongieux, les rares bâtiments qui s’étaient implantés dans cette partie du Nid semblaient s’enfoncer d’eux-mêmes dans le marais ou étaient posés sur des pilotis. Faute de pouvoir stabiliser complètement les constructions, les habitants qui évoluaient autour du Gerboir avaient pour la plupart abandonné l’idée de construire quoi que ce soit de pérenne du grand tuyau de pierre taillée qui devait servir à drainer le marais. Il en résultait un paysage atypique dans le Nid, où l’immense tuyau de pierre semblait être le seul endroit stable sur lequel s’appuyaient les constructions. La maçonnerie était solide et avait fait ses preuves au fil du temps.

Deuxième constat, les habitants du Nid semblaient à raison éviter l’endroit. Non content d’être posé un lit de fange, le Gerboir semblait être aussi un endroit où les animaux sauvages semblaient beaucoup plus téméraires et n’hésitaient visiblement pas à s’en prendre aux individus isolés. Lucrétia pouvait apercevoir autour du Gerboir les chiens qui se battaient autour de la dépouille d’un pigeon mort. Plus loin, des gamins guettaient le moindre chien qui commettrait l’erreur de s’isoler du groupe pour lui sauter dessus et en faire le repas du jour. L’endroit ne semblait quasiment pas habité, la plupart des cabanes autour du tuyau étant en ruines.

Le duo s’approcha du Gerboir et fit détaler les chiens. Les bottes de la haute-prêtresse étaient déjà pleine de boue quand ils se penchèrent sur l’entrée du tuyau, écartant sur le passage quelques morceaux de bois appartenant à une cabane effondrée. Elle toussa bruyamment, l’odeur lui montant aux narines. Même le mercenaire semblait peu jouasse à l’idée de pénétrer dans le Gerboir. Comme elle le comprenait en cet instant !

Elle huma à nouveau l’air qui sortait du conduit de canalisation. L’air qui s’en échappait était chaud et sentait l’eau croupie. L’endroit rêvé pour un champignon toxique.


« Effectivement, il s’agit bien d’eau croupie à vue de nez. Vous avez sans doute aussi remarqué la légère note de purin. Des gens viennent régulièrement ici, même s’ils n’y habitent plus : aucun doute, votre médecin a de bonnes intuitions. »

La jeune femme détacha le foulard qui enserrait ses cheveux et le noua autour de son visage avant d’inviter son compagnon à faire de même. Si le Criard Jaune était bien dedans, il n’était pas question de s’y exposer outre mesure, quand bien même ses pouvoirs étaient suffisants pour guérir l’affliction générée par les spores.

« Pas le choix, il va falloir descendre. »

Enjambant un éboulis de pierres boueuses, Lucrétia posa le pied sur le boyau de pierre et commença à descendre prudemment dans la pénombre, à moitié accroupie. Après une dizaine de mètres à descendre dans la pénombre, le duo déboucha sur une section sèche du Gerboir : un tunnel de 3 bons mètres de diamètres creusé dans le sol.


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L’air était saturé d’humidité et de particules jaunâtres : des spores ! La jeune femme pressa son foulard sur son visage et sortit de son sac une paire de verres pour protéger ses yeux. Elle fit signe au mercenaire de faire de même. Pas de doute, le Criard Jaune était dans ce lieu. Le taux de spores dans l’air avait atteint un niveau critique. Les habitants avaient du fuir les conduits à force de tomber comme des mouches, si bien que le Gerboir s’était progressivement vidé de ses mendiants.

La première section du boyau était encore plus ou moins intacte malgré les années. Un mince filet d’eau croupie stagnait sur le sol, trace d’une ancienne pluie. Au vu des traces d’humidité séchée, cette eau avait autrefois été plus présente dans le Gerboir. De la mousse jaune, probablement des excroissances du Criard semblait y prospérer. Lucrétia s’avança prudemment, de peu de glisser sur quelque chose et s’enfonça dans le boyau en passant par un pseudo-escalier en bois installé par les habitants. De la lumière y pénétrait par le haut : les années n’avaient pas été tendre avec l’ouvrage d’art et des petits morceaux de pierre s’étaient effondrés puis avaient été emportés par l’eau. Il en résultait que le plafond était percé de petits rayons lumineux : assez pour voir.

L’endroit n’était pas dépourvu de logements. Par endroit, les pierres avaient été déplacées et des trous creusés pour créer de petites alcôves qui semblaient autrefois habitées. Lucrétia jeta discrètement un coup d’œil derrière les tentures salies : pas de doute, l’endroit avait été laissé à l’abandon et ses habitants étaient partis récemment. Ce qui n’était pas fermement fixé au sol avait été emporté par les habitants ou pillé. Il ne restait que quelques barils vides, des tables et quelques rares effets sans valeurs.

Lucrétia et le mercenaire avaient enfin trouvé l’endroit d’où les malades venaient. Ces dernières avaient respiré quantité de spores pendant des jours et face à la situation, avaient dû sortir des conduits. On les retrouvait quelques jours sur plus tard sur le pas de son dispensaire, à moitié morts.

En revanche, ce que Lucrétia n’expliquait pas, c’était comment le Criard Jaune avait pu se retrouver dans ces conduits. Le mercenaire semblait émettre l’hypothèse d’un effondrement d’une partie de la maçonnerie … Y aurait-il une cave, une caverne, un lieu connecté au Gerboir à la suite d’un effondrement ?  C’était l’hypothèse la plus probable, mais Lucrétia ne savait pas où chercher. Mais le temps pressait !
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 3 Aoû 2019 - 18:53



Dans le gerboir, Dante semble tourner en rond dans le collecteur, laissant la patronne du jour à ses examens.

Pourtant rien n'est plus faux. La cagoule sur le nez, n'ayant pas de verres pour se protéger les yeux, il a rabattu à la place un mince pan de tissus usé jusqu'à la trame. Bon, ca obscurcit sa vision un brin, mais c'est mieux qu'un coup de pied au cul. Il se rabat sur son ouïe alors, comme lui a appris Cécilie.

Le mince filet d'eau est nouveau… Et cette saloperie de tuyau a pas bien résisté depuis que les adultes savent y entrer… Quand c'était des gamins, ils se contentaient de dormir au sol. Les pierres enlevées, les alcôves creusées sont autant de points d'affaiblissement de la structure, autant de point d'entrée d'eau… Tendant l'oreille, le mercenaire penche la tête, et suit du regard le mince filet d'eau qui s'en va, déboulant vers où il crèchait quand il était gosse…

Avec la fille au bec de lièvre…

D'un pas lent, il se met à suivre le filet en pente descendante jusqu'à ce qu'un mur fait avec les pierres enlevées des alcôves dans une zone plus obscure, environ 10 mètres plus loin, scellées de mortier à base de boue, lui bloque le chemin…

Dante s'arrête et se penche, touchant l'eau huileuse du bout des doigts, contemplant l'ouvrage imparfait. Le tuyau se rétrécit par ici, les traces de trucs jaunes sont sur les paroies. sur une quand même bonne épaisseur… Se redressant, il appelle sa patronne… La voix grave, sans forcer, se réverbère sur les paroies, même si en partie étouffée par les champignons.

Restez où vous êtes… Je dirais même de remonter plus haut ou de sortir… Je vais aller vous chercher… Manifestement, ils ont pensé régler le problème en bouchant l'accès… Je vais le défoncer.

Comme seule réponse, le bruit des pas de son employeuse qui s'éloigne… Réfléchissant, l'assassin décide plutôt d'y aller à l'aveugle… L'odeur et l'épaisseur des trucs est déjà conséquent… Alors il retourne au connecteur pour se préparer… Défaisant et déroulant sa cagoule, il utilise le tissus pour s'enturbanner la tête comme il faut. N'y voyant strictement plus rien, n'ayant que son ouïe et son toucher comme point de repère, il prend la peine de se positionner devant l'endroit problématique. Et il y retourne… L'eau le guide, ainsi qu'une main sur la paroie qui caresse quelquefois des amas de mousses qu'il devine jaune.

Et le revoilà ce putain de mur… Les grands doigts le parcourent, la maçonneries égratignant le bout, la boue glissant sous ses ongles courts. Bon… A l'aveugle, il donne un coup dedans…. il y a un bruit de briques qui déboulent, de plus en plus fort tandis qu'il élargit méthodiquement le trou.

Puis, le bruit caractéristique du dit champignon qui libère ses spores… Et yen a pas qu'un peu. Par réflexe, Dante recule et s'accroupit, rabattant le pan de sa courte cape sur le visage déjà bien protégé… Putain, ca schlingue en plus cette merde!!!!

*************************

Quelques minutes à peine plus tard, c'est un Dante passablement jaune, au visage couvert en intégralité, tout aussi jaune, au tissus qui se lève et s'abaisse avec difficulté sous l'effort qu'il fait pour respirer malgré tout les spores bouchant les fibres du vêtement. Il marche avec lenteur et détermination, ne sachant pas trop où il est, sachant juste que ca monte… Il reste attentif aux bruits que pourrait faire Lucretia ou une autre personne dans le tunnel.
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeDim 4 Aoû 2019 - 20:16


Lucrétia était ressortie sur les conseils du mercenaire. Ce n’est que quelques minutes plus tard, qu’elle le vit émerger du conduit d’évacuation du Gerboir, complètement recouvert de spores. Le cœur de Lucrétia s’accéléra. Il ne fallait pas que ces spores ne le contaminent.

« Jetez tout de suite votre foulard, nettoyez vos vêtements avec de l’eau ou époussetez-les. Et buvez ça ! »

La prêtresse sortit des plis de sa cape sa sacoche, qu’elle ouvrit. Elle en retira deux fioles remplies d’un liquide clair. Scellées avec des bouchons de liège, les fioles avaient été préparées il y a quelques jours. Il s’agissait d’un contre-poison que la jeune femme avait utilisé sur ses propres patients. Il agissait d’autant mieux s’il était pris avant la contamination. La jeune femme lança l’une des fioles à son partenaire et ouvrir l’autre avant d’en ingérer le contenu. Le liquide avait un arrière-goût particulièrement amer, mais elle ne connaissait pas de meilleur remède pour éviter les infections dues aux spores. Enfin … la magie pouvait effectivement aider, mais Lucrétia préférait ne pas faire étalage du don de la déesse dans un endroit aussi dangereux.

La jeune femme s’approcha du conduit d’entrée. Si les spores s’étaient déployées dedans, il ne restait pas grand-chose à faire pour s’en débarrasser. Il fallait enfumer le champignon, l’empêcher de respirer, … En revanche, pas question de redescendre dedans. Elle ne savait pas comment cette saleté s’était retrouvée dans un endroit pareil, mais il n’était pas question de le laisser en liberté. Le seul moyen était de l’enfumer et de sceller l’endroit pour que personne ne puisse y remettre les pieds dans les prochaines années.

Lucrétia sortit de son sac une boite d’allume-feux qu’elle emportait partout avec elle, ainsi qu’une grande flasque d’huile. Pas le choix, il fallait tout brûler et elle espérait qu’un bon feu pourrait faire l’affaire.

« Attendez ici. Je vais l’étouffer et remonter aussitôt. Pendant que je suis en bas, trouvez quelque chose comme des planches bien solides ou de grosses pierres. Nous allons devoir sceller cet endroit. »

Elle s’appuya sur le tuyau de pierre et descendit dans la pénombre.

L’air était empuanti par les spores du Criard Jaune. Cette petite horreur avait à nouveau libéré ses spores dans tout le tunnel, si bien qu’on ne pouvait y voir à plus de quelques mètres. La jeune femme tenta de contrôler sa respiration pour éviter que les spores ne remplissent ses poumons. Fort heureusement, le foulard parvenait à retenir la plupart des miasmes, mais ses lunettes étaient constamment envahies. La prêtresse de Néera s’approcha du fond du tunnel. Le mercenaire n’y était pas allé de main morte en enlevant les pierres. Le champignon avait fini de libérer ses spores pour la journée et il s’était niché dans une cavité oubliée du tunnel, dans une zone bien humide et à l’abri du danger, si bien qu’il avait grossi de manière difforme et en était devenu particulièrement dangereux. De près, il ressemblait à une grosse … mousse au citron bien jaune. Rien de bien inquiétant à première vue, mais c’était sans compter ses projections de spores quotidiennes qui l’accompagnaient.

Lucrétia ouvrit sa besace et récolta un morceau du spécimen avec un couteau. Cela lui serait utile pour mener des expériences pour trouver un remède plus efficace. Elle scella l’épais flacon avant de le replacer dans son sac et de tousser. Le champignon avait cessé d’émettre son chuintement caractéristique pour l’instant. Il ne restait plus qu’à le brûler et l’étouffer.

La jeune femme rassembla des morceaux de vieux bois et de vieilles tentures qui trainaient et les déposa sur le champignon. Rapidement, elle dispersa l’huile sur les débris et craqua une de ses allumettes avant de la jeter. Le feu prit instantanément et sa fumée noire commença à embaumer l’air. Elle attisa le feu quelques instants, juste de quoi être sûre que le conduit serait enfumé et que le tout brûlerait pendant assez longtemps pour asphyxier le champignon. La jeune femme murmura une simple prière à la déesse pour que cette moisissure reste belle et bien morte et ne contamine plus le reste du Nid avant de sortir du Gerboir par le conduit.

Elle toussa bruyamment à la sortie du tunnel. Couverte de poussière et de spores, elle enleva rapidement sa cape et épousseta ses vêtements. A l’extérieur, le mercenaire avait visiblement préparé de quoi boucher le conduit. Elle lui fit signe et à deux, ils bouchèrent le Gerboir, non sans avoir préalablement enflammé de la paille et l’avoir jeté dans le conduit. C’était peu orthodoxe, mais la haute-prêtresse ne connaissait pas de meilleur moyen pour gérer la situation …

Leur besogne faite, elle se releva et décrocha son foulard avant de tousser.


« La déesse m’en soit témoin, si je pouvais ne pas remettre les pieds dans un endroit pareil … »

Elle ramassa sa cape sur le sol et la secoua avant de la remettre sur ses épaules. Le champignon était désormais mort et elle allait pouvoir prendre un bon bain chaud … et finir de soigner les malades. La question se posait de savoir où elle allait pouvoir loger les mendiants qu’elle venait de priver de foyer. Elle ferait en sorte qu’ils ne retournent pas à la rue sans avoir un repas chaud et l’assurance de trouver un foyer. Il fallait vraiment qu’elle rachète cet édifice abandonné qui se trouvait aux frontières du Nid. Peut être qu’avec un peu d’huile de coude et un peu d’or, elle pourrait le remettre sur pied et offrir un toit aux plus démunis.

Elle n’eut cependant pas le temps de souffler. Visiblement, le mercenaire venait de lui faire signe que des gens approchaient. La jeune femme se retourna rapidement. Une femme et quatre hommes armés … Que voulaient-ils ?
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeLun 5 Aoû 2019 - 21:17


La voix de sa patronne du jour l'interpelle… Donc, il est arrivé à la sortie… Chouette!!! Enfin. Sans attendre, il se défait de son manteau et de son foulard qui tombent au sol avec un léger nuage jaune… L'appel d'air le fait tousser… tousser à s'en cracher les poumons. jusqu'à vomir un léger filet de bile jaune avec moults sécrétions claires… Manifestement de la salive. Le corp a des façon étonnantes de se protéger.

Pendant qu'elle fouille dans sa sacoche, Dante s'essuie les lèvres avec une feuille non loin. Rotant bruyamment son inconfort, l'homme commence à s'épousseter violemment tout en retenant sa respiration. Non mais ca pue ce truc c'est dégueulasse… Vivement un point d'eau frîche pour y faire trempette… Son matériel est foutu, il ne reste qu'à le brûler. Hors de question qu'il ramène ca dans la planque… Il lui faut du matos de rechange…  Un mouvement, la fiole vole dans les airs pour être ratrappée avec agileté. Le poc du sceau qui se brise, et Dante ingurgite prestement le contenu amer.  Il a déjà bu pire… L'assassin se dit qu'il devra demander la recette comme paiement pour la prime de risque. Puis, il finit de s'épousseter consciencieusement. Pendant que Lucretia se prépare.

« Attendez ici. Je vais l’étouffer et remonter aussitôt. Pendant que je suis en bas, trouvez quelque chose comme des planches bien solides ou de grosses pierres. Nous allons devoir sceller cet endroit. »

La prêtresse n'attend pas la réponse… Qui n'aurait pas été de son goût certain. Dante y serait allé d'une autre technique pas mal moins dangereuse, mais ô combien plus onéreuse pour l'employeuse, mais bon… C'est elle qui paye après tout. Il doit la protéger contre les connards, pas contre les champignons.  Et la voilà repartie. Donc, tant qu'à avoir rien à foutre, il sort une Jumelle, une de ses dagues de combat, et se met à taillader la flore environnante, coupant de l'herbe sèche qui fait comme une sorte de paille. Une belle coupe à blanc qui fournira quantité de bois vert qui fera une belle fumée épaisse et âcre… Pour les planches, aussi bien demander de l'or en barre ici. Par contre pour les pierres, il y en a en masse… Par contre, l'homme se demande si elle se rend compte de ce quelle lui demande. Peu importe ce qu'ils feront, ca sera défait demain… Aussi se contente t'il d'aller chercher les plus grosses pierres. un peu de verdure camouflera l'ouvrage pendant que ca finit de flamber. Ils n'auront pas le temps de mieux faire aujourd'hui… La nuit tombe et les lieux deviennent de plus en plus dangereux. La nuit, au Nid, les chats ne sont surtout pas gris... Il y a les chatons qui sont venus voir, les matous  du territoire ne sont surtout pas gris... Et ils vont venir réclamer leur pieu...

Un mouvement à la périphérie de sa vision attire son attention. Un autre enfant deguerpit, pour aller se foutre dans l,ombre des quatres gus qui arrivent. De ces quatres gus, il y en a une qui a essayé de l'avoir dans son lit et qu s'est carrément fracassé les dents, et un qu'il a fait tourner en bourrique encore et encore gamin et adolescent, sapant son autorité sur les gamins qui ont, finalement finit par suivre le jeune aux yeux vairons . Un de ces gamins est devenu Claude, une autre est bien casée en tant que putain de luxe, Pas  par altruisme, mais prendre soin de ses alliés est une des notions fondamentales que El lui a inculquée.

Que ces deux là se soient acoquinés est une mauvaise nouvelle en soit. Qu'ils se présentent ensembles avec deux autres gars armés est de mauvais augure. Il dirait bien à la prêtresse de se barrer, mais elle va se perdre la dedans sans lui.

-Si ca dégénère... Tu suis la lune vers la sortie. Passe par les toits. et reste là où il y a du monde...Même si tu te fais voler cafte pas, avance et déguerpis.

Lui murmure t'il avant qu'un sourire plein de dents brisées de la pétasse crasseuse ne finisse de rendre le tableau fort inquiétant. Elle aurait pu, elle aurait dû être jolie... De grands yeux noirs, une peau de suie trahissant son apport de sang mêlé, des courbes appétissantes. Mais les yeux sont vides, les cheveux prématuréments gris. Et si elle a des courbes, sa maigreur rend le tout étrangement repoussant, fascinant en un sens. Comme si elle portait une peau trop grande. Manifestement, le manque de dents lui a fait perdre son principal gagne-pain, c'est à dire son cul. A moins qu'elle n,ait tout simplement trop de difficulté à s'alimenter correctement désormais.

Dante penche la tête un peu de côté, se disant que probablement que les deux hypothèses sont bonnes....

-Chéri, regarde qui se pointe... Mais si c'est pas courbache... le petit, mignon courbache...


Tournant la tête, il regarde l'autre con tandis que les deux sous fifres s'avancent de chaque côté, essayant de le prendre  à revers. Un pas de côté et un regard vert, venimeux, arrête celui le plus près de Lucrétia. Il hésite à faire un pas de plus. La réputation de vicelard de Courbache n'est plus à faire.

-On arrête tout de suite les mignons... C'est à vous ce tuyau? T'avais rien de mieux pour te planquer que de me chiper mon trou? Tu y es resté tout ce temps depuis ton carnage?


Les prunelles étranges, inhumaines, se plongent dans celles de Dario... autant sa compagne est maigre, autant celui-là est un monstre, même selon les standards du Nid. Manifestement, tel le roi Lion, il doit bien festoyer sur les offrandes des gosses... Des cheveux roux dans tout les sens, une carrure de nain sur une charpente d'elfe, la barbe en broussaille que surplombe deux minuscules yeux en trous de suce, étincelants comme des scarabées... Tout dans cet être difforme crie un abâtardissement de toutes les races de Miradelphia. Dante ne serait pas étonné que les quatre races cohabitent en cet être  

-Le mini rat qui viens nous chercher des troubles. Tu reviens au bercail parce que personne a voulu de toi? Ici non plus on veut pas te revoir la gueule... T'aurais été mieux de rester dans ton trou et d,y crever quand je me suis occupé de ta mère...

Les prunelles de Courbache se plissent méchamment... Si la pique ne l'atteint que peu, la haine qu'il ressent pour cet énergumène atteint des sommets.    

-Je suis en train de te sauver la peau trou du cul... tes mioches et tes mendiants qui crèchent ici parce que tu es trop épais pour leur laisser de quoi aller ailleurs... Ils tombent malade et ils crèvent non? T'en a rien à foutre peut-être...  Mais pas moi.


Dante aussi en a rien à foutre dans le fond... Il veut juste lui faire la peau. Pour tout ce qu'il lui a fait quand il était jeune... Les prunelles pâlissent... La marron se fixant sur l'ambre et la verte de fixant sur la lueur radioactive. Un sourire mauvais étire sa grande bouche.

-Je voulais vous offrir de vous payer pour que vous enfumiez ce foutu tuyau pendant une semaine complète. Puis que vous nettoyiez la place de fond en comble que ca soit habitable. Ca va être potable si vous colmatez les fuites et que vous maçonniez les alcôves... Mais je présume que ta connasse et toi avez gardé votre mentalité d'imbéciles heureux pour refuser non pas pour les enfants...

Dante en a rien à foutre des enfants, sauf quand ils lui servent... Il sait qu'ils sont là, dans les recoins, dans les ombres, à écouter leur échange. Aussi lève t'il la voix juste ce qu'il faut pour se faire entendre de tous

Mais pour votre orgeuil mal placé... Ce qui t'a coûté tes dents Eliza et tes couilles Dario...


Oui, parce que l'assassin, quand il en a eu l'occasion, s'est bien vengé... Mais ça, il n'y a que lui et le colosse qui le savent. Il le provoque, mine de rien, pour faire oublier Lucrétia qui se tient derrière lui.
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 21:06


Il ne servait à rien de parlementer, Lucrétia en avait conscience aussi bien que le mercenaire. Ils courraient tous à l’affrontement. Elle espérait simplement qu’elle serait du côté des vivants à la fin des éffusions de sang. La haute-prêtresse sera son médaillon de sa main gauche et murmura une prière à la DameDieu. Pourquoi fallait-il toujours que cela se termine ainsi ? Elle prit note des conseils du mercenaire, mais ne se sentait pas de l’abandonner. Elle ne pouvait pas laisser son protecteur sans soutien … Si tant est qu’elle pouvait être d’une quelconque aide dans un combat.

La jeune femme avait été éduquée dans le respect des préceptes de la DameDieu. Elle n’était pas autorisée à faire du mal à un être humain, encore moins à leur planter une dague émoussée dans le corps. Toutefois, les prêtres étaient restés très évasifs à l’une de ses questions à la sortie du noviciat : que faire si on vous attaque ? Le haut-prêtre de Pharembourg lui avait clairement dit de s’en remettre à la déesse et qu’elle la guiderait le moment venu. Un autre prêtre de Sainte Berthilde lui avait expliqué d’un ton proverbial, que si l’on nous frappait sur une joue, il fallait tendre l’autre. Lucrétia se rendait à présent compte que ces préceptes ne tenaient finalement pas très longtemps face à la dure réalité et qu’il allait falloir tenir la dure ligne de crète entre sa survie et les enseignements de sa déesse bien aimée.

« Si ça dégénère ? Vous ne croyez pas qu’il est un peu tard pour ça … ? dit-elle, ne pouvant réprimer un rire nerveux. Je ne vous lâche pas d’une semelle »

Bon … elle devait bien l’avouer, elle aurait bien pris ses jambes à son cou et s’enfuir sans demander son reste, mais elle ne pouvait décemment pas abandonner le mercenaire. Elle n’aurait jamais pu se regarder en face.

La jeune femme regarda le mercenaire invectiver les malandrins. Apparemment, ils se connaissaient bien. Charmantes retrouvailles. Pour un peu, on aurait presque pu écrire en écrire une nouvelle. Elle ne prêta pas attention aux piques qu’ils se lançaient : elle cherchait des yeux un moyen de se défendre et de retourner la situation en sa faveur. Elle doutait que son compagnon puisse à lui seul mettre hors d’état de nuire ces quatre brigands, quand bien même il était réputé pour être un excellent combattant. Elle recula d’un pas en direction du tuyau et ses pieds buttèrent contre quelque chose … Une idée ...

_______________________________


Le dénommé Dario sentait enfin sa chance arriver. Non seulement il avait trouvé ce salopard, mais en plus, il s’était attaché à une gourgandine plutôt bien gaulée. Son œil aguerri, fruit de plusieurs années de reluque des prostituées des bas-fonds au travers des trous de serrure ne se trompait pour ainsi dire jamais. Si les belles ne souhaitaient pas toucher à son attirail et gloussaient quand il se déshabillait, il savait cependant, en fin matois, reconnaitre une béjaune d’au-delà du Nid quand il en croisait une. La catin avait beau se cacher derrière l’autre crevette, elle serait à lui très bientôt et Dario se ferait un collier avec en pendentif, les couilles du rat. Une pierre deux coups, l’utile à l’agréable. Dario ricana : il avait de la suite dans les idées. Après tout, Dario n’était pas un quoqueret ! Un bibard à la limite, mais pas un bige ! La putain qui l’accompagnait était sa compagne de gueuserie. Elle n’était pas bien choucarde, mais elle savait jouer de l’air aux bougres et grâce à elle, il se faisait plus que son lot de jonc.

Dans le dédale du Nid, les deux avaient creusé leur trou. Les gosses leur obéissaient au doigt et à l’œil et estampaient les quoquerets aux quatre coins de la cité. Enfin, ceux que Dario parvenait à attraper. Putain de gamins ! Ils étaient durs à choper, mais une fois coincés et avec quelques bonnes claques, ils finissaient par filer droit et faisaient exactement ce qu’on leur demandait. Sauf que là, depuis quelques semaines, les gamins crevaient en masse dans le Gerboir. Il avait fallu délocaliser une partie du stock de ces petits crevards à côté dans une barraque qu’il payait beaucoup trop cher à un gueux beaucoup trop malin pour son propre bien. Cette situation lui coûtait bien trop cher et il aurait bien renvoyé les gamins dans le trou, mais si la marmaille crevait, il allait falloir en taper de nouveaux pour reformer le groupe.

Dario ne pigeait pas vraiment pourquoi les gamins suffoquaient dans le Gerboir, mais il n’en avait rien à foutre. L’argent continuait à rentrer et il prévoyait d’aller mettre quelques claques au propriétaire de la barraque louée à côté pour lui faire comprendre qu’il y avait changement de propriétaire. Quelle ne fut pas sa surprise quand il vit sa revanche servie sur un plateau d’argent se pointer au Gerboir. Un salopard de longue date et sa gueuse !

Dario se félicitait d’être un homme d’affaires : si la béjaune était une huile, il choperait une belle rançon ; si elle n’était qu’une péquin, il pourrait enfin commencer son petit projet de maison de passe avec de la marchandise propre. L’un dans l’autre, il était gagnant et voyait déjà le jonc couler à flots dans sa bourse.

Il fit un signe à ses deux lascars. Les deux gros bras allaient lui choper la mignonnette. Il n’avait pas retenu leur nom. De toute façon, il s’en foutait : l’important était qu’ils lui obéissent. Les deux brutes attrapèrent leur matraque et tentèrent de contourner Dante. Pendant ce temps, Dario allait se le faire avec sa dulcinée. Il sortit son grand coutelas de son fourreau. La lame était parfaitement affutée : de quoi lui sortir les tripes avant de lui faire bouffer.

L’homme se projeta d’un coup vers le mercenaire en meuglant. Il fallait profiter de l’effet de surprise immédiatement. Dario savait qu’avec le poids de son corps, il allait percuter son adversaire si fort qu’il allait lui briser quelques os. L’idée était de le mettre à terre et de le découper lentement. Dario se félicita intérieurement pour son plan. Simple, efficace !

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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeJeu 8 Aoû 2019 - 22:27


Dante peste intérieurement. Si elle s'était poussée, il aurait pu mieux utiliser les lieux à son avantage. Mais non… Elle lui colle aux basques plutôt. Il devra tenir relativement le terrain et garder tout ce beau monde loin de la patronne… Beau… Remarque c'est vite dit hein.

Surtout quand il voit l'éclat lubrique du regard du colosse sur la patronne… Même plus de couilles, il trouve le moyen d'y penser cet enfoiré. De mauvaise, l'expression de Dante prend un pli tout ce qu'il y a de plus neutre. De dos, Lucretia peut le voir devenir moins droit, plus coulant. Il n'a toujours pas dégainé ses lames. Quand Dario se jette sur lui, il ne dégaine toujours pas. Tout simplement fait il un bond de côté quand il passe, pour se jeter sur le matamore le plus près de Lucretia.

Une des jumelles apparait dans la main droite, étincelle sauvagement tandis qu'il l'attaque à la gorge. Seul un excellent réflexe de survis permet au bretteur de rallonger son existence de quelques respirations. Parce que l'assassin n'est pas inactif, le pousse en ne lui donnant pas le temps de se remettre de sa surprise.  La dague gauche attaque à l'abdomen, transperce le tissus et les chairs superficiellement  tandis qu'elle glisse le long de l'épée qui se relève.  

Il entend Dario qui finit d'avancer, qui se retourne… la salope qui, pour le moment immobile, rigole comme une pendue. L'autre bretteur est dans son dos. Et il n'aime pas ca. Pivotant souplement, abaissant son centre de gravité au ras du sol, ce qui lui permet d'éviter un coup d'estoc particulièrement audacieux, Dante  se dégage de cette fâcheuse posture tout en  tentant un croc en jambe. Evité de justesse…. Ce n'était que diversion cependant. Les jumelles se meuvent avec aisance tandis que Dante tranche le tendon du genou. Avec satisfaction, il sent sa lame plonger dans le tissus, dans les chairs, buter sur l'os.  

Cependant, il ne reste pas en place. D'un roulé-boulé de côté, il se dégage du corp à corp. C'est déstabilisant le voir se battre. Si les autres font entendre leur respirations et leur cris d'encouragement à ses adversaire, le mercenaire garde un silence de mort.

Seul les prunelles pâles et un sourire en coin, un peu fou et vicelard, illumine ce visage abîmé dénué d'expression humaines. Un mur pourrait être plus expressif.

Dans un silence de mort, pour intimider les adversaire, il lèche langoureusement sur sa lame le premier sang versé avant de se porter derechef à l'attaque du colosse roux, ignorant superbement le blessé au sol. De toute façon, à part beugler et se tenir la jambe, il ne peut plus nuire tant qu'il se tient loin de lui.  


Dernière édition par Dante Corvac le Dim 11 Aoû 2019 - 2:07, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 10 Aoû 2019 - 19:50


Lucrétia n’eut pas le temps de crier sa surprise ! Le colosse s’était jeté sur le mercenaire et celui-ci, tout en souplesse, l’avait esquivé avant de se jeter sur l’un des hommes de main qui commençait à approcher dangereusement d’elle. La haute-prêtresse n’eut pas le loisir de réfléchir au pourquoi du comment. Elle attrapa l’objet sur lequel elle avait buté et le jeta sur le second homme !

Il s’agissait de sa cape, encore pleine des spores du Criard Jaune. C’était cruel d’infliger ça à un être humain mais elle n’avait pas le choix. C’était elle ou eux ! Elle espérait que le mercenaire aurait assez de temps pour faire en sorte de mettre ses deux poursuivants hors d’état de nuire.

L’homme de main qui était le plus proche d’elle se prit la cape pleine de particules jaunes dans la figure. Les spores remplirent immédiatement ses poumons et la réaction allergique se produisit. Sans remède, il allait passer les trois prochains jours à tousser ses poumons, avec une bonne fièvre et des vomissements. L’homme recula, surprit, et se mis à tousser bruyamment. Sa toux se transforma rapidement en éructations et il commença à manquer d’air. Lachant sa dague sur le sol, il se tenait à présent la gorge, cherchant de l’air pour respirer. S’il y parvenait, c’était avec difficulté et la jeune femme ne pouvait que plaindre le malandrin. Mais elle n’avait pas le choix. Sa survie en dépendait.

Lucrétia recula vers le conduit. Elle pouvait déjà voir le feu prendre correctement dans le conduit et enfumer le champignon toxique. N’ayant pas plus d’idées à disposition, elle saisit sur le sol un des moellons s’étant décroché du conduit et le porta à hauteur de son visage. Si l’un des agresseurs s’approchait d’elle, il allait passer un sale quart d’heure !
__________________________________

« Putain d’incapables ! »

L’attaque surprise de Dario avait échoué et ses deux lascars étaient étendus sur le sol, l’un le tendon sectionné et pleurant sa daronne, l’autre en train de vomir sur le sol, manquant de tomber dans les pommes par le manque d’air.

La gueuse de Dario ne bougeait pas. Bien entendu, elle n’allait pas l’aider ! La catin savait parfaitement quand prendre ses jambes à son cou. Mais pas Dario ! Dario, lui, c’était un Vrai du Nid, un matamore ! Il lui suffisait simplement de mettre la main sur l’autre connard qui se faufilait comme un serpent et il lui arracherait ses yeux.

Non mais c’était qu’il était dégueulasse à lécher sa lame avec le sang de l’autre tanche. Et en plus, il le narguait. C’en était trop pour Dario. Cette fois-ci, hors de question de se faire à nouveau avoir. Il souleva son immense couteau en garde haute et porta un coup d’une puissance phénoménale en visant la tête du mercenaire.

« Meurt serpent ! »
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeDim 11 Aoû 2019 - 22:26

Il connait Dario. Il s'est fritté avec souvent, l'a souvent vu se battre. Il ne l'a jamais attaqué de face tout simplement parce que l'occasion ne s'est jamais présentée. Leur rivalité fait vibrer une partie du nid et ce, depuis qu'ils sont gamins.

Aujourd'hui. Les comptes se règlent. Ca va plus loin que la protection de Lucretia. Eliza ne bougera pas s'il ne lui tourne pas le dos. L'autre tousse, un problème de moins et le dernier beugle… Dans les ombres, regardant de tout leurs yeux, il y a les gosses sous la pseudo protection de ce trou de cul.

Dans un silence de mort d'une part, d'un crie de guerre de l'autre, ils se jettent l'un sur l'autre. Le colosse et l'autre, qui ressemble à un gamin en comparaison. L'un qui a une lourde, très lourde dague qui ressemble plus à un glaive qu'à un couteau dans son immense battoir. L'autre avec deux belles dagues courbées de combat étincelantes. L'un à la musculature impressionnante, l'autre fin et fait pour la rapidité et la souplesse. Un d'un roux outrageux, l'autre aux cheveux d'ébène.

Ils ont deux choses en commun. Une haine réciproque qui va au delà des apparences, qui remonte loin, très loin.

Le coup haut ne trouve que le vent. D'un mouvement souple, le mercenaire n'est plus là. D'un arabesque, il se coule sous l'acier, sous le bras. D'un geste sec, La jumelle pivote dans sa main, pour se darder directement sous le plexus solaire. Transperçant la peau, passant sous les côtes. Trouvant le coeur.  

Il pourrait jouer avec, mais ce connard ne le mérite pas. Évoluant avec grâce, le mercenaire lâche son couteau et pivote souplement, pour faire face à Eliza. Les ombres autour d'eux bougent, évoluent… Se découpe en les frêles silhouettes d'une dizaines d'enfants affamés, sales, décharnés, d'âge indéfinie dont plusieurs, la majorité même, sont mal formés.

Derrière lui, Dario s'affale, faisant trembler le sol sous sa lourde masse.
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeMar 13 Aoû 2019 - 21:46


Lucrétia regarda les adversaires du mercenaire s’effondrer les uns après les autres. Même si l’homme semblait parfaitement à l’aise dans son élément, il n’en restait pas moins un meurtrier. Sainte Néera, ayez pitié de leur Souffle … La haute-prêtresse n’était véritablement choquée, elle avait déjà assisté à des combats et même si elle réprouvait la violence, elle n’était pas révulsée à la vue du sang et de la mort. Elle ne pouvait que prier la déesse en ces instants et se sentir totalement inutile.

Voyant que le combat se terminait, elle laissa tomber son caillou et serra son médaillon entre ses mains. C’était une manière comme une autre de faire tomber la tension. Elle observa la dernière participante hésiter entre continuer le combat et s’enfuir à toutes jambes. Lucrétia ne pouvait pas la plaindre : elle avait cherché cette escarmouche. Elle espérait simplement que le mercenaire en resterait là. Il n’était pas nécessaire de verser plus le temps.

Lucrétia descendit du tuyau et s'approcha à pas prudents du mercenaire, contournant les cadavres. Le colosse était bien mort ... C'était certain. Quant aux deux lascars, l'un hurlait des insanités pendant que l'autre était en train d'éructer et de vomir. Les deux s'en sortiraient probablement avec quelques soins. Mais Lucrétia n'avait pas le loisir de leur offrir ce luxe. Pas maintenant, pas dans cet endroit. Et elle était loin d'être naïve...

________________________________

« Doufement mon mignon. Pas la peine de fffaire pluf d’efclandres. V’ai rien contre toi … ni la fille d’ailleurs » siffla la femme édentée.

Eliza mentait de toute évidence, mais elle pensait encore que sa chance pouvait jouer. Elle posa doucement son arme sur le sol, espérant que le tueur de Dario n’aurait pas la présence d’esprit d’imaginer qu’elle cachait une dague dans son dos. De toute façon, au vu de ses possibilités actuelles, elle se demandait s’il ne valait pas mieux fuir tout de suite.

La fille de joie se releva et recula lentement. Ses chances étaient quasi-nulles si elle se battait maintenant, et le râle d’agonie de Dario lui confirma qu’elle n’aurait plus son soutien. Pareil pour les deux lascars effondrés sur le sol. Tas d’incapables. Une bande de nazes et de chaude-pisses. Elle leur aurait volontiers tranché la gorge, mais au vu de leur état actuel, mieux valait les laisser pourrir dans la fange du nid.


« On peut f’arranver … fi tu me laiffes tranquille, ve vure que ve plus perfonne ne viendra vous ferfer des poux » minauda-t-elle.

Elle fit un pas en arrière. Les enfants du Nid l’épiaient dans l’ombre. Elle fit un rapide calcul. Ceux qu’elle tenait bien par la peur ne devraient pas poser de problèmes … les plus jeunes surtout. Par contre, elle risquait de perdre le soutien des plus âgés. Ça allait prendre plusieurs semaines avant de redresser la situation. Tous ces efforts pour rien. C’était la guigne jusqu’au bout !

Fallait-il qu'elle prenne ses jambes à son cou, quitte à lui tourner le dos ? Ou l'attaquer directement ? Elle ne savait pas. S'il avait tué Dario, il serait capable de ne faire qu'une bouchée d'elle. Négocier, gagner du temps et s'enfuir. C'était la seule solution actuellement.
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeMer 14 Aoû 2019 - 0:29



« Doufement mon mignon. Pas la peine de fffaire pluf d’efclandres. V’ai rien contre toi … ni la fille d’ailleurs »

Tournant le dos à Lucretia, la prêtresse par chance, ne peut voir ce regard ni les expressions de son employé. La femme le voit, elle... Et les gosses aussi. Un mur aurait plus d'expression si ce n'était de ces yeux. De ces putains de yeux dépareillés qui semblent vouloir la bouffer tout rond. 

Et l'autre qui beugle, et l'autre qui tousse... Et les enfants qui regardent... 

Dante, immobile, la fixe d'un air dérangeant. 

« On peut f’arranver … fi tu me laiffes tranquille, ve vure que ve plus perfonne ne viendra vous ferfer des poux »

La tuer... Option tentante. Si elle n'était pas un gibier si minable. Minable mais dangereux. La voix grave s'élève dans l'air, parfaitement audible. Qui rit maintenant hein? Ils sont chanceux, très. Il n'est pas en chasse... Ce n'est pas sa mission.

Attends et pisse toi dessus, j'ai pas décidé de ton sort encore. Bouge un poil dans un sens comme dans l'autre et je te bute...

L'homme regarde les gosses autour de lui qui le regardent, mélange de crainte et d'incertitude. Il n'en veut pas. Selon la loi du plus fort, il devient leur chef. C'est légitime. Il ne s'est jamais vu comme un meneur d'homme. Relevant les yeux, il envisage de nouveau la fille mystérieusement.

-Toi ta gueule ou je te bute aussi. Dit il au genou tranché.
Les gosses, surveillez moi ça.

Alors se permet t'il de tourner le dos à Eliza, lui exposant sciemment une vulnérabilité imaginaire. Les prunelles dépareillées se posent alors sur sa patronne tandis qu'il reste à l'affût d'un mouvement d'Eliza. Les enfants pourraient lui être éventuellement utiles. Le gerboir est la seule piaule qu'ils aient jamais connue. Leur présence pourrait empêcher la réapparition de cette saloperie jaune... Ca pourrait même devenir bien si ils avaient les moyens et les connaissances pour bien resceller le tout. Si eux n'y retournent pas, d'autres iront et ca risque de recommencer. En faire des vigies. Et de la petite main occasionnelle quant il en aurait de besoin.


Je peux vous parler patronne un instant ou vous pensez donner un truc à l'asthmatique avant qu'il clampse?


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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeMer 14 Aoû 2019 - 22:12


Lucrétia toisa l’homme qui toussait fortement sur le sol.

« Tu t’en sortiras … Ce n’est que passager. »

La jeune femme avait pris un ton volontairement dur pour rappeler au brigand qu’elle avait beau être la représentante de Néera dans ce lieu, elle n’était pas pour autant une personne naïve et prête à sauver son prochain … surtout vu la tête du prochain en question et ce qu’il comptait lui faire. Elle leva les yeux vers la prostituée et déclara d’un ton ferme.

« Dégagez d’ici. Ou je vous jure par la DameDieu que je vous subirez le même sort que votre ami à nos pieds ! »

Lucrétia murmura un simple « Que la déesse le garde » pour atténuer la rudesse de ses propos. Elle avait beau être pacifiste, elle n’allait tout de même pas subir plus longtemps ces agressions gratuites. Sa journée avait déjà été assez mouvementée pour au moins un mois. En l’espace de quelques heures, elle avait vu le pire de ce que l’humanité avait pu engendrer, failli mourir d’une chute mortelle, failli s’étouffer avec un champignon toxique et même finir plusieurs fois ensevelie sous des tombereaux de merde ! Elle commençait à en avoir ras-le-bol. Si tout le Nid voulait en découdre, très bien, qu’ils viennent ! Il y en aurait pour tout le monde.

« DEGAGEZ ! TOUT DE SUITE ! »

Lucrétia avait les poings serrés et avait hurlé sur la garce qui avait osé lâcher ses mercenaires sur eux. Elle ne se rendait compte que maintenant que la scène l’avait mise dans un état de nerfs incroyable.

L’adrénaline ne lui montait que trop tardivement au cerveau … Elle était en colère. En colère contre ces gens qui empiétaient sur sa mission, en colère contre ce satané champignon, en colère contre le Nid et surtout en colère contre le mercenaire ! N’existait-il vraiment aucun autre moyen de faire les choses ? La violence était-elle la seule forme de manière de négocier dans cet endroit ?

C’est alors qu’elle se rendit compte que le mercenaire tentait de lui parler. Pour toute réponse, Lucrétia laissa exploser sa colère. Ses nerfs craquaient et elle sentait le sang monter en elle.


« QUOI ENCORE ?! »
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeVen 16 Aoû 2019 - 1:05



Bien, la pétasse ne bouge pas. Les enfants s'occupent des adultes. Alors le mercenaire s'avance vers La prêtresse de Néera, la prenant d'office par le bras et l'éloignant un peu des enfants. a voix grave et basse claque aussi sûrement qu'une gifle.

Calmez vous. Pas de faiblesses… Je voulais vous demander si une fois bien enfumé, vous aviez les moyens et la connaissance pour faire retaper le Gerboir… Parce que…

Et le mercenaire de lui expliquer le plan, de donner de quoi aux gosses de survivre la semaine à venir, pour qu'ils puissent enfumer les lieux quelques jours consécutifs avant de récurer, arranger et réarranger les lieux a fond. Tout simplement parce que mieux vaut un gerboir occupé par des gamins qui savent repérer la cochonnerie jaune et garder les lieux propres et secs  que par du n'importe qui qui ne saura pas. Parce qu'il ne faut pas se leurrer, cet endroit ne restera jamais inhabité ou abandonné. Et les trois adultes qui attendent leur verdict, ils en ont de besoin.

Les gamins, ils feront ce que je dit… Parce que j'ai battu Dario, les trois autres vont les protéger et ils vont faire ce que je dit maintenant. Je n'ai pas, par contre, les ressources financières ni les connaissances pour réparer et entretenir ce foutu conduit. Vous pouvez essayer de délocaliser les gens, mais d'autres reviendrons toujours. Je vais leur donner le quart de ma solde. Ils en auront assez pour vivre le temps d'arranger cet endroit. Ils pourrons être mieux lotis que la majorité des habitants du nid si c'est bien fait.  

Derrière lui, Lucretia peut voir que les enfants ont fait exactement ce qu'il a demandé, entourant les trois adultes et empêchant ceux-ci de fuir. Au sol, le corp du colosse se vide lentement de son sang. Le tout sur un fond de fumée âcre s'échappant du conduit. Sans la toucher, Dante se tient droit comme un I dans son matériel miteux gris et jaune.

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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 17 Aoû 2019 - 12:32


Lucrétia était encore en ébullition quand le mercenaire la pris à part pour discuter de l’avenir du Gerboir. Malgré l’adrénaline qui lui montait encore au cerveau, elle fit l’effort de l’écouter. Il n’avait pas tort du tout : quoiqu’elle fasse, elle ne pouvait empêcher les enfants de retourner dans le Gerboir pour se loger. Elle n’avait pas non plus les moyens de les loger dans un orphelinat ou dans le dispensaire. Non, la seule solution était de détruire le champignon et de former les enfants pour qu’ils puissent entretenir lui-même. Le mercenaire avait raison de penser ça.

La haute-prêtresse hocha la tête en signe d’approbation.


« Très bien, faites comme vous le sentez. Comme vous l’avez dit : votre quartier, vos règles. Le champignon ne devrait plus être un problème dans quelques heures, le temps qu’il brûle et s’étouffe. Une fois cela fait, il suffira d’enlever la paille et les cendres pour rendre ça vivable. Je ne vois pas d’autres moyens pour l’instant. »

Lucrétia ne voyait pas quoi faire de plus. Si les enfants tenaient tant à vivre dans le Gerboir, autant que cela devienne un endroit propre.

« Il faudra absolument creuser dans les parois des aérations et veiller à ce que les alentours soient de plus en plus propres et notamment isolés de l’eau saumâtre. Si le Gerboir continue à être ainsi isolé de l’air pur, des maladies risquent encore de se propager à l’intérieur ou des moisissures au moins aussi violentes que le Criard Jaune. »

Lucrétia cacha son médaillon et lissa les pans de sa cape avant de tirer de sa sacoche le reste de la solde, dans une bourse de cuir. Elle la tendit discrètement au mercenaire.

« Comme convenu, voici ce que je vous dois. Vous avez rendu un fier service au clergé de Néera et vous avez largement mérité votre solde. Si vous veillez à ce que ces enfants aient un toit et ne soient plus la proie des maladies, c’est encore mieux … »

Il était clair que ce n’était pas avec deux cents écus qu’elle allait pouvoir résoudre les problèmes d’urbanisme du Nid de Thaar, mais si le Gerboir pouvait devenir un endroit sûr pour des enfants et surtout un endroit salubre, c’était déjà un petit pas dans la lutte contre les maladies. Lucrétia sentait que sa déesse l’approuverait dans ce choix.

« Je vous laisse faire ce que vous avez à faire. Prévenez-moi quand vous serez prêt à repartir. »

Lucrétia s’assit sur un morceau de muret en pierre qui trônait près du Gerboir. Il ne lui restait plus qu’à attendre.

« Au fait … pour les corps … veillez à les enterrer profondément, dans un endroit sec de préférence … »

La jeune femme savait que c’était un conseil inutile. Dans le Nid, on jetait les corps dans un charnier après les avoir dépouillés. Déjà, elle pouvait voir certains des enfants lorgner du côté du cadavre dudit Dario. Les plus téméraires d’entre eux s’étaient déjà emparés des possessions de celui qui gémissait sur le sol et de celui qui toussait. Dans le Nid, rien ne se perd, tout se transforme.
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MessageSujet: Re: "Bouillon de culture" [Dante Corvac]   "Bouillon de culture" [Dante Corvac] I_icon_minitimeSam 17 Aoû 2019 - 15:16



Un regard dépareillé, étrange. Non, elle se donne bonne conscience et des grands airs, mais elle n'aidera pas les gamins du nid. Pas avec des ressources du moins. Par contre, elle a des connaissances et il engrange soigneusement les informations. Un plan se forme dans son esprit.

Empoignant sa solde, il trie quelques pièces avant de foutre le reste bien à l'abri dans sa sacoche de taille. Un hochement de tête aux dernières instructions de la patronne et il lui laisse son air.

Les gamins, lâchez les adultes. Toi tu touche pas à ma dague, redonne moi ça. Oui, tu peux avoir celle de Dario. Eliza, viens ici sale pute… Tu va servir à quelque chose finalement. Tu va avoir une troisième chance de vivre, gâche la pas.

Il toise les enfants, incertain.

Bon, c'est qui le plus fort et le plus malin du lot? Ecoutez moi bien les morveux, vous êtes chanceux… Le Gerboir est à nous… Faut juste faire le ménage avant.


Et de leur expliquer, en faisant un dessin du bout de sa lame sur un pilier d'une des cahutes, ce qu'il attend d'eux. Fumer la piaule jusqu'à demain. Eliza ira se faire arranger le râtelier(les dents) et soigner le genou du sbire chez un mage de la vie parce qu'ils ont besoin d'eux fonctionnels et vite. Dante ne parle pas du tousseur, lui… S'il survit, on en reparlera.

Il confie la tête de la petite bande aux deux gosses… Le plus fort et le plus malin auquel il confie les thunes. De quoi pourvoir à tout le monde pour une bonne ennéade. Comme ca, ils pourront retaper les lieux. Il clos, hors de portée de Lucretia, parce qu'elle n'aimerait pas ce qu'elle entendrait.

Eliza et le Gros genoux vous protégeront quand je serai pas là en attendant que vous sachiez vous battre. Petit-gros-Bras t'a l'air capable, a toi de devenir le plus fort pour prendre ta place de fier à bras. Mais ce n'est pas eux qui récolteront le plus gros du cash. C'est à diviser équitablement entre tout le monde. J'espère que c'est clair pour les adultes. Je peux repasser n'importe quand et si je vois que tu les a abandonnés, prie alors n'importe quel dieu d'être morte… Parce que je te retrouverai
.

Il porte son regard sur les enfants.

Et ca c'est valable pour n'importe lequel d'entre vous. Je veux voir personne avoir peur. C'est à vous de faire peur… Rappelez vous de ma face quand je reviendrai.


Une fois ses instructions donnés, le mercenaire sait qu'il est temps. Il est presque minuit et il est temps de rentrer. Les enfants s'éparpillent dans les ombres, à leur tâche, Eliza va faire exactement ce qu'il a ordonné… Maintenant, elle est à lui. Il voudrait lui toucher et elle ne dirait rien. Juste cette idée le dégoûte. C'est autre chose. Se tournant vers Lucretia, il la rejoint et la guide aussi sûrement hors du nid qu'il l'y a fait rentrer.

Et personne, cette fois, ne les fait faire prendre de détours. Ils quittent en victorieux et vu leur air, personne ne leur cherche noise… Une fois sortie du Nid et à bonne distance, quand il sait qu'elle rentrera sans plus de problème, Dante s'évanouit dans la nature.
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