[Terminé] [La cité perdue] Tracer la voie. (Brynhild)

La noiraude s’était levée très tôt ce matin, tirée de son sommeil par l’agitation des nains qui n’avait pas perdu un seul instant avant de se mettre au travail. Ils n’avaient qu’un but en tête désormais : rendre à la cité perdue son éclat d’antan.
Après un frugal déjeuner en compagnie de quelques autres barbes et bavettes, T’sisra se dirigea vers la Herse. Il avait été décidé qu’une quinzaine de dawis ferait le chemin inverse jusqu’au Sentier des Cols afin de jalonner la route menant à la cité. La noirelfe s’était portée volontaire pour la mission, d’une part car elle était essentielle, et d’autres part puisqu’elle ne rêvait plus que de rentrer à Fort-Garmin pour annoncer la bonne nouvelle à son père. Évidemment, Gondur faisait partie de la mission, puisque la sienne consistait à ne jamais laisser la noiraude sans surveillance.

- Ah, T’sisra ! Fin prête ?

- On ne peut plus prête, et vous ?

Gondur opina du chef avec un sourire et désigna les nains qui se mettaient déjà en route.

- On se r’trouve tous devant la Grande Porte, et on s’met en ch'min. C’est une bavette qui commande les troupes, bien sympathique d’ailleurs. On la prétend être une sacrée guerrière, alors je n’me fait pas trop d'soucis.

La noirelfe lui emboita le pas, acquiesçant à ses dires avec un sourire et les yeux rieurs. La conversation dériva sur des trivialités, qu’ils avaient pris l’habitude d’échanger depuis maintenant quelques ennéades. Et quelques minutes plus tard, tous deux se trouvaient dehors, au beau milieu d’un groupe de barbes et bavettes chargées comme des galioths et armées jusqu’aux dents.
T’sisra, était habillée de cuir et de fourrures, puisque contrairement aux nains qui ne craignaient pas la morsure froid, elle devait s’en protéger le plus possible, malgré ses capacités lui permettant d’éviter la nécrose. La noiraude vérifia que ses makazorns furent bien harnachés à son ceinturon, et une fois fait elle aida Gondur à enfiler ses tsis.

- J’ai bien fait de m’entraîner un p'tit peu ces derniers jours. Lâcha-t-il au milieu d’un rire gras. Ça m'servira !

- La première fois, je suis rentrée dans un arbre. Avoua la noiraude avec un sourire en coin. Mais vous verrez à quel point ils sont pratiques, la peau de bearog permet glisser dans un sens et d’éviter de glisser dans l’autre. Grimper jusqu’au col n’aura jamais été aussi facile, croyez-moi !

Les autres nains, ayant aussi eu l’occasion d’expérimenter cette invention durant les jours précédents, s’équipaient des leurs. Une fois la troupe fin prête au départ, la daedhelle s’approcha de la naine au commandement.

- Nous y sommes, c’est le grand départ.

La restauration d'un lieu historique comme celui ci nécessitait une compréhension spécifique et globale, à la fois archéologique, historique, architectural des décors et usages du peuple qui avait construit l'édifice. A moitié taillé dans la roche, la cité bien qu'écroulé, gardait une splendeur par sa grandeur.Les groupes de dawis œuvraient en toute tranquillité sur le chantier avec une cadence et un roulement désormais bien huilé. L'ambiance était constante dans le campement, il fallait bien que les barbus aux repos puissent savourer le moment en buvant et se chicanant. Ils respectaient cependant les zones dortoirs de leurs camarades assoupit.
C'était réconfortant de voir l'histoire du Zagazorn reprendre vie sous leurs yeux. Un joyau d'architecture et d’ingénierie qui fût perdu dans les méandres du temps. Qu'aurions-nous fait sans cette drow?
Bien que d'avoir le plaisir et l'honneur de participer à l'excavation de l'histoire naine, l'ennui était présent pour les guerriers du campements qui n'avaient guère à faire ci ce n'est s'entrainer.
La Naine avait assisté à la réunion des chefs présents sur les lieux afin de décider si l'on allait jalonner où non le passage du col. Il fallait avouer que l'escalade n'avait pas été si facile. Le chemin n'était plus ce qu'il avait été et si l'on voulait reprendre la vie de la cité il fallait en facilité l'accès pour les braves dawis venant s'y installer.
Il fallait aussi avouer que la jeune Thane s'ennuyait ferme à observer les travaux. Aucunes réclamations du clans, pas d'exercices de manœuvres dans les armées. Seulement des réunions interminables répétant le même sujet sur la protection de la cité. L'occasion était à saisir. Il était sujet d'un nouveau moyen de transport... le Tsi. Il s'agissait de deux planches de bois fixer sur des cerclages en métal dans lesquelles on pouvait y installer ses pieds et qui permettaient de descendre en vitesse les pentes enneigés. Brynhild avait été quelques peu dubitative mais après tout cela pouvait être amusant.
Et ce fût... une éclate totale pour la bavette. Il fallait passer outre les chutes du départ, mais en fin de compte ce n'était pas bien compliqué. Descendre ainsi allait prendre beaucoup moins de temps que la montée.
Compte tenu que leur mission allait durer quelques temps, la Naine s'était couchée de bonne heure la veille afin d'être en forme. Une bonne nuit de sommeil, un équipement confortable et des armes prêtes à e, découdre en cas d'attaque. Il ne manquait qu'un gros petit déjeuner et quelques détails à réglé et la troupe pourrait se mettre en route.

- Nous y sommes, c’est le grand départ.

Brynhild acquiesça d'un mouvement de tête et fit signe aux dawis que l'expédition était partit. Elle observa les lourds vêtements de la noirelfe ayant un brin pitié d'elle, avec tout ses vêtements elle devait avoir bien peu de mobilité, mais surtout, elle devait se geler les joufflus comme pas permit.

- Je crois bien oui... Allons donc... Tsier? Est-ce bien le terme?

Spoiler:

T’sisra opina dans un sourire. Oui, ils allaient « tsier ». Et les tsis leur permettraient de grimper les pentes neigeuses avec bien plus de facilité que s’ils avaient dû les grimper à pied et s’enfoncer dans l’épaisse couche de neige recouvrant les Monts du Septentrion.
La daedhelle passait dans son dos le sac rempli de pieux de bois qu’on venait de lui tendre. Au fur et à mesure de leur progression, tous planteraient des jalons à tour de rôle afin de marquer le chemin. Ainsi, d’ici quelques jours, l’équipe des mineurs et de maçons qui suivraient leurs traces auront plus de facilité de déblayer et aménager le chemin déjà tracé.

- C’est ça ! Affirma la drow sur un ton enjoué en commençant à avancer. Votre nom c’est… Brynhild, si je ne me trompe pas ?

La noirelfe tira une carte grossièrement dessinée de sa besace de cuir et se pencha pour la montrer à la naine. Elle y avait schématisé les environs et le chemin à parcourir.

- Si Gondur et moi-même ne nous sommes pas trompés, nous devrions atteindre le col d’ici une douzaine de jours. Ensuite… Redescendre jusqu’au Sentier des Cols ne devrait pas nous prendre plus de trois ou quatre jours en tsis. Elle marqua un temps d’arrêt. Enfin, c’est dans l’hypothèse où tout se passe bien.

- Et y a pas d’raisons qu’ça merdouille ! Intervint Gondur en rattrapant la tête de convoi. Dites-moi, il parait que vous v’nez de Lante ?

La barbe s’adressait à la thane. Il avait un lointain cousin là-bas, qui lui devait d’ailleurs deux repas et quarante souverains depuis au moins cinq ans. Le bougre y avait monté son affaire, une boucherie, mais sans le sous, il s’était tourné vers ce brave Gondur. Celui-là, un peu trop gentil aux dires de ses proches, ne pouvait refuser son aide à qui que ce soit, ce qui, bien souvent, l’avait mis dans la panade. Fort heureusement, il ne comptait pas demander d'intérêt à ce fieffé malin.

- Un d’ces jours, faudra bien qu’j’aille rendre visite à mon corniaud d’cousin qui m’en doit une. Grommela-t-il entre ses poils roux.

- J'ai un ami à Lante aussi, Dagobert. Il y tient une boutique dans l'enclave, « Curiosités Aventurières ». Rien de bien développé, mais les affaires tournaient bien aux dernières nouvelles.

- Votre nom c’est… Brynhild, si je ne me trompe pas ?

- Oui, en effet, et vous même T'sisra? Je m'excuse, j'ai beaucoup de mal à retenir les noms... Le nombre de fois où je me retrouve à appeler l'un de mes coussins "Machin" est incalculable... En tout cas sacré invention que vous avez ici!

La jeune Thane glissait au rythme de la noirelfe. Ce n'était nullement un problème pour elle que de marcher vite, après tout, elle avait vadrouillé des mois durant avec des équipiers étranges et aux longues jambes des mois durant, ce n'était donc pas elle qui l'a sèmerait dans la monter, dans la neige, ni même avec toutes les couches qui composaient sa tenue.
T'sisra venait de sortir une carte des environs qu'elle tendit à la naine afin de lui montrer le trajet qu'elle prévoyait d'emprunter et lui annonça le temps du voyage. Il y en aurait pour seulement deux énéeades, tout du moins si leur calcul était juste et si il n'y avait pas de problème en tsis.
Brynhild se questionnait justement sur la question, mais Gondur lui répondit avant même qu'elle ne pose la question.

- Et y a pas d’raisons qu’ça merdouille ! Dites-moi, il parait que vous v’nez de Lante ?

- En effet oui, une ville assez charmante qui s'est bien reconstruite, de la famille?

Ils s'étaient croisé des années auparavant dans une taverne de Thanor, alcoolisé et échauffé. Mais elle était partit rapidement et n'avait noué contacte plus que cela. Une bonne bière dans une belle taverne avec un bon gigot d'agneau... Une pensée fugace qui motivait la naine a accomplir rapidement sa mission et de rentrer en vie à la maison pour en bénéficier.

- Un d’ces jours, faudra bien qu’j’aille rendre visite à mon corniaud d’cousin qui m’en doit une.

- J'ai un ami à Lante aussi, Dagobert. Il y tient une boutique dans l'enclave, « Curiosités Aventurières ». Rien de bien développé, mais les affaires tournaient bien aux dernières nouvelles.

- Dagobert... Oui! Mais oui mais bien sur! Je lui ai revendu quelques effets que j'avais collecter lors de mes voyages. Une boutique très étonnante où vos tsis pourraient en attirer plus d'un!

La naine continuait d'avancer dans la montée, observant les deux nains en avant d'eux qui plantaient des jalons tout les 50m, creusant la neige pour dégager le passage. Il fallait avouer que les tsis aidaient particulièrement à l'adhérence sur la neige, permettant aux dawis de ne pas s'enfoncer dans les neiges, et d'économiser l'énergie. Une énergie qui leur sera bénéfique la nuit venue afin de construire un campement de fortune.

- Alors dites moi, comment trouvez vous la vie avec des nains? Nous sommes quelques peu rustre et buté envers les étrangers, ça ne doit pas être facile tout les jours.

La noirelfe se contenta d'un haussement les épaules. Certes ils avaient l’air de véritables rustres bougons et bourrus vu de l’extérieur, mais une fois qu’on les connaissait, ils se révélaient capables d’être très accueillants et amicaux, voire fraternel puisqu’on pouvait compter sur eux en bien des circonstances.

- Je comprends leur méfiance. À leur place, je ferai très certainement de même. À vrai dire, si demain je devais croiser un drow, je ne lui ferai pas du tout confiance. Du tout. Avoua-t-elle avec à la fois un sourire amusé et le regard dépité. Alors je ne peux leur jeter la pierre.

La noirelfe fit silence une poignée de secondes, son regard se perdaient dans les pics et les monts qui les entouraient.

- Mais je suis heureuse d’avoir pu… « Briser la glace ». J’ai rencontré des dawis à qui je confierai ma propre vie sans sourciller. Déclara la noiraude en posant les yeux sur la naine pour ensuite changer de sujet. Ainsi donc, vous connaissez Dagobert ? Et très franchement, je préfère que les tsis servent aux patrouilleurs nains plutôt qu’ils soient vendus ailleurs.

Un large sourire se dessina sur son visage. Dagobert, ce filou était un véritable couard et avait une morale souple sur beaucoup de points, mais c’était tout de même un ami fidèle. C’était aussi lui qui avait appris à la nécromancienne pléthore de jurons et expressions fleuries en Oliyan.

- Lui et moi, ainsi que d’autres amis, nous sommes rencontrés dans les Wandres, après que notre barge se soit échouée sur les berges hortelines. Et croyez-moi, traverser ce pays n’a pas été une partie de plaisir. Ajouta-t-elle en corroborant son affirmation d’un sifflement aigu en se remémorant les souvenirs de cette épopée. Vous avez peut-être rencontré Gallen ? Garrick ? Où même… Balir ? Demanda-t-elle avec un sourcil arqué. Vous connaissez un Balir ?

En effet, à cette époque, Dagobert devait composer avec un Balir qui ne le lâchait pas d’une semelle. Outre sa tendance à tenir très mal les comptes, le longues-jambes avait aussi une propension à dépenser beaucoup trop dans les tavernes de l’enclave lantaise.

Le soleil était éclatant , si bien que la naine devait plisser les yeux afin d'y voir quelques choses. Il allait falloir qu'elle réfléchisse serieusement à un système lui permettant d'atténuer la luminosité que ces yeux subissaient. Les nains jouissaient d'une excellente vu dans le noir, mais la blanche neige n'était pas un don qu'ils avaient reçu.
La noirelfe parlait de son accueil au Zagazorn, et la naine écoutait avec attention, il était important pour les nains que de savoir comment allait se passer la réouverture des frontières aux peuples extérieurs. Mais la méfiance et l'autarcie naine avaient la dent dure, c'était presque inscrit dans leurs gènes que de ne pas s'ouvrir au monde.

- Oui... on pourrait avoir des patrouilles spécialiser avec des tsis pareils. Je pense même que l'on pourrait développer des runes pour ses p'tites choses. Vraiment ingénieux, il faudrait que vous m'expliquiez comme cela vous êtes venu ce soir, histoire de s'occuper pour la soirée. Mais Dagobert, d'où le connaissez vous?

Brynhild sourit à T'sisra, curieuse de connaitre l'histoire de ce longue-jambe si haut en couleur. Il avait tenter de négocier la gratuitée des produits qu'elle lui apporté, il ne manquait pas d'air et surtout savait parfaitement entubé les gens naifs et non méfiant. Un excellent marchant en somme.

- Balir... Le Balir qui accompagnait Dagobert? Oui! Oui en effet! L'individu me parle en effet... Sans aucune surprise pour vous, je l'ai rencontré dans une taverne de Lante...

Sur cette réflexion la naine constata qu'en quelques minutes seulement, elle venait de raconter à une inconnue qu'elle avait rencontré bon nombre de nain dans une taverne. Etait-ce un brin alcoolique de sa part que de s'y rendre si souvent? Mais elle se rappellait de cette soirée. A vrai dire, elle ne pouvait l'oublier. Il s'agissait de la première qu'elle avait eut depuis son retour définitif à Lantes. Elle avait abandonné le mercenariat pour se consacrer au futur que son père avait prévu pour elle et depuis elle n'avait pas dévié de cette trajectoire.
Le monde était petit, il suffissait d'un nain pour se mettre à en connaitre une multitude de partout, mais l'on pouvait tout aussi bien ne pas connaitre l'un de ses propres cousins. Cependant, ses deux femmes avaient l'air d'avoir connu plusieurs personnes en commun sans pour autant se croiser une seule fois.

-Voilà qui est amusant, il semblerait que nous ayons quelques barbus en communs! Est ce bien le Balir qui suivait comme son ombre Dagobert afin d'avoir l'argent de sa dette alcooliser?

T’sisra se mit à rire, l’écho se perdit dans les montagnes. Elle s’était demandée maintes et maintes fois comment les deux compères s’étaient organisés pour vivre sous le même toit, et ce qu’elle entendait là ne l’étonnait pas le moins du monde.

- Balir devait très certainement faire attention à ce que Dagobert ne dépense pas outre mesure, ça je veux bien vous croire. Déjà qu’il a contracté une dette auprès de deux des tavernes de l’enclave… Alors je n'ai aucune peine à l'imaginer dépenser toutes les économies de la boutique. Confirma la drow dans un soupir sur-joué. Enfin… Si vous avez rencontré ce nain, Balir j’entends, c’est que vous connaissez déjà mon père.

- D’ailleurs, quand vous passerez par Fort-Garmin, vous aurez p’t-être l’occasion d’le rencontrer. C’t’une brave barbe, foi de Gondur. Des reins solides et un sens de l’honneur à toute épreuve, comme ceux d’nos anciens. Intervint Gondur, qui soufflait un peu pour suivre le rythme. Alors qu’il a pourtant passé une paire d’années loin d’chez lui !

- Près d’un siècle, en effet. Ajouta la deadhelle dont le regard dardait vers les hauteurs qu’ils souhaitaient atteindre. C’est Balir qui m’a donné le goût de découvrir ces montagnes. Je n’aurais jamais pensé les parcourir un jour, et contre toute attente… J’y suis et avec des dawis !

- Comme quoi ! Où c’est qu’vous avez vécu pendant tout c’temps ?

- Au Puy. Ce ne furent pas les meilleures années de nos vies. Même si je ne peux nier ce qu’elles m’ont apportées. La noirelfe poussa un soupir las. C’est un peu compliqué, mais que voulez-vous ? Ces choses là sont désormais derrière nous.

T’sisra désigna les hauteurs, à partir d’un certain stade, la pente semblait un peu moins abrupte.

- Encore une vingtaine de mètres et les choses devraient être moins difficile Gondur, encore un effort !

- Facile à dire !

- Et vous, Brynhild, que font vos parents ?

L'air frai de la montagne faisait volveter les petits cheveux de la naine qui n'était pas prit dans son tressage capilaire. Le passage des fins cheveux blonds devant ses yeux créaient de magnifique kalédioscope éphèmére dans le regard acier de la naine. Elle appréciait la vue qu'ils avaient à ses hauteurs, une splendeur blanche éternelle, séparer par des pics rocheux qui se dressaient par de là le ciel. Le silence était reposant. Seul le vent et le glissement de leurs tsis brisaient la tranquillité de l'espace.
Pourquoi n'avaient ils pas voulu venir plus tôt? C'était une vue inoubliable qui s'offrait à eux, le genre de paysage impossible à décrire à ses proches, ni même à reproduire sur un parchemin ou une peinture. Les mots n'étaient pas suffissant pour retranscrire la sensation que ce vide profond et relaxant pouvait procurer.

Son intention revint sur la noirelfe. Elle parlait de Balir, ce dawis étonnant était son père? Le peu de temps qu'elle avait passer en sa compagnie, elle n'avait pas perçu le fait qu'il pouvait être un père. Certains n'étaient pas fait pour cela, d'autant plus pour les nains étant donné leur croissance démographique faible et lente. Il n'y avait clairement pas assez de naines pour le nombre de barbus.
Enfaite ce n'était pas si étonnant qu'un dawi prenne un orphelin pour enfant et s'en occupe, transmettant son savoir et de la protection sur un être qui était abandonné.
Gondur prit la parole tout en soufflant. Il ne devait pas avoir l'habitude des efforts en monté. Même équipé des tsis, cela n'était pas facile et faisait travailler le cardio de n'importe qui. Le barbu en bavait et l'apport en oxygène se rarifiant, cela n'aidait en rien. Fort heureusement, une acalmie s'offrait à lui sous peu. Une pente bien moins hardu allait durer un moment. Cela ne signifiait pas que cela allait être plus simple pour eux de gravir les sommets, mais qu'il allait moins entamé leur force.

- Et vous, Brynhild, que font vos parents ?

- Mes parents? Ma mère ...  je ne l'ai pas vraiment connu, elle est morte alors que j'étais très jeune... Quant à mon père il a longtemps servit dans l'armée et prends une retraite bien mérité maintenant. Surement bien moins intéressant que votre histoire avec Balir, racontez nous!

La naine avait beaucoup d'intérêt à apprendre la vie de la noirelfe. Après tout c'était rare de rencontrer des étrangers intéressant dans ce monde. Puis... ils allaient avoir du temps pour apprendre à se connaitre.

T’sisra hochait la tête aux explications déroulées par la naine. Ainsi, elle ne connaissait qu’un seul de ses deux parents. Cela leur faisait un point commun.

- Je n’ai jamais connu ma mère non plus. Pas vraiment tout du moins. Quant à ma vie au Puy et bien… Je ne suis pas certaine qu’elle soit bien reluisante. La société puysarde est très pyramidale, les forts dévorent les faibles et prennent leur place. C’est ainsi que vont les choses. Parfois, c'est tuer ou être tué. Et dans certaines branches de la société, ce sont des choses fréquentes.

La daedhelle aidait Gondur à avancer à mesure qu’elle parlait.

- La chance que j’ai eue c’est d’avoir un géniteur qui élevait des félins à pointes. Notre situation était donc assez confortable. Et Balir, lui, a eu la chance de ne pas terminer aux champignonières, mais d’avoir été acheté par mon géniteur. Elle se tût un instant et planta son regard dans celui de la naine. Je sais bien que dit comme ça, ça à l'air horrible. Et je ne porte pas l'esclavage dans mon cœur non plus. Mais les choses auraient pu être bien pires. Mon père s’occupait d’entretenir les armes et armures du domaine Do’ath, et il passait le reste du temps avec moi. Il faut dire que, commença la drow en désignant son visage, je suis loin de répondre aux standards des drows. Je ne suis pas nyctalope et mes yeux sont loin d'êtres rouges, trop petite et trop pâle, mes cheveux ne blanchissent pas. Alors, quand je ne devais pas m’entraîner ou étudier, au lieu de participer aux activités sociales et religieuses, j’apprenais des choses sur le monde avec Balir.

- Par ma barbe… Souffla Gondur, devenu rouge sous l’effort et transpirant comme un galioth. J’n’en peux plus !

- Et bien, je vous pensais plus endurant que ça Gondur ! Le taquinait la daedhelle en lui tendant la main. Attrapez ma main.

Le guide ne se fit pas prier et referma ses doigts sur la main tendue. Pensant qu’elle l’aiderait en le tirant vers elle, il resta immobile avec un air confus. Plus les secondes s’égrainait au contact de sa peau, plus les battements de son cœur ralentissaient jusqu’à se faire régulier. Le poids de la fatigue glissait de ses épaules comme s’il n’avait jamais été et les douleurs dans ses cuisses s’atténuaient.

- Il m’a donné le goût de parcourir le monde et tirer un trait définitif sur un Puy qui, de toute façon, ne m’aurait jamais acceptée. Je ne partage pas leurs valeurs et j’exècre les dogmes religieux. En somme, je suis une hérétique à leurs yeux. Souligna la drow en relâchant la main de son guide pour se remettre à grimper. Ainsi, lorsque le domaine de mon géniteur a été attaqué par ma tante et ses sbires, mon père et moi en avons profité pour mettre les bouts. Rien de bien reluisant, comme je disais. Conclut-elle avec un sourire triste.

Gondur, contre toute attente, venait de dépasser la noirelfe et la naine. Il s'était vu insuffler une nouvelle force, et comme s'il venait à peine de commencer l'expédition, il redoublait d'entrain dans son ascension.

- J'ai même plus mal au dos !

La Noirelfe et la naine avait bien plus en communs qu'elle ne le pensait. Toute deux orphelines d'une mère, élèvées par des pères nains étranges, guerrier et ne montrant que peu d'émotion hormis sous influence d'un tonneau de bière.
Cette réfléxion poussa Brynhild à réfléchir sur sa propre relation avec son père. Elle avait été considéré comme rebelle par sa famille lors de sa formation et de son départ de Lante pour devenir une vagabonde, vendant son talent de guerrière au plus offrant pour réaliser des contrats plus farfelus les uns que les autres, ou cherchant des aventures enrichissante et passionnante auprès d'individu étrange et un peu fou parfois... Surtout Gregor Bidule Chouette lors de son passage en Péninsule... Une histoire pour un autre jour qu'elle comptait garder pour elle même encore quelques décennies.

La naine écoutait avec attention l'histoire de la vie de T'sisra. Ce n'était pas commun comme histoire, elle portait de nombreuses blessures et du rejet de la part de sa propre race. Elle avait eut de la chance de tomber sur Balir. Il y avait une chose qu'il fallait savoir sur les dawis. Certes ils sont têtu, bourru, taciturne et fière, cependant, avoir un barbu dans ses amis était un gage d'amitié et de soutien éternel. Tout s'éclairait pour la naine, c'était en ça que Balir avait été un père pour elle. Présent, à l'écoute et lui apprenant ce qu'était la vie au Zagazorn.

- Et bien, je vous pensais plus endurant que ça Gondur !

Brynhild partit à rire. Elle ne voyait pas très souvent des administratifs nains, mais celui là était étonnant. Il était tenace et persévérant, mais il fallait lui donner un petit coup de main. D'ici un jour ou deux il irait mieux et son endurance serait bien meilleur.
La naine redescendit et se plaça derrière le dawi et le poussa alors que T'sisra lui tendant la main et le tirait.

*Tirer quelqu'un sur des tsis? On pourrait mettre un bélier en avant et le faire tirer une charette mise sur tsis? A proposer ce soir...*

La renegate finit par conclure son histoire avec un sourire triste. C'était quelque peu triste de se rendre compte que des parents pouvaient autant s'entre déchirer. Il y avait bien eut des disputes dans sa famille, mais le Thane tranchait et faisait régner le calme et la justice au sein du clan. Rare était les fois où il y avait des débordements de comportements jusqu'à aller attaquer la demeure d'un cousin ou un proche sous prétexte d'ambition personnel.

La naine releva les yeux et vit Gondur tsiser comme jamais, il les avait dépasser et avançait rapidement, comme prit d'un nouveau souffle, criant qu'il n'avait plus mal au dos.

- Doucement Gondur, n'allez pas vous faire mal en forçant trop!

Elle éclate de rire et accélera la cadence pour le rattraper au cas ou il se fasse mal. Ce serait fort dommage de devoir avorter la mission car ce sympathique bureaucrate c'était blessé.

- Vous avez au moins bu gouter à l'amour nain. C'est assez difficile de se débarasser des barbus qui nous entoure, jamais ils n'oublient....

- Vous avez bien raison. Et puis, il nous faut bien une sage figure d’autorité pour nous remettre dans le droit chemin lorsqu’on fait des âneries !

La daedhelle s’était mise à rire, mais pensait réellement ce qu’elle disait. Balir était la seule personne au monde capable de faire perdre ses moyens à la drow rien qu’en haussant le ton. Il était aussi le seul à pouvoir lui coller une trempe et s’en sortir indemne.

- Gondur, loin de moi l’idée de vous commander, mais vous devriez songer à économiser vos forces.

La barbe, qui avait enfin atteint la pente plus douce, s’était arrêtée. Il ne pouvait nier qu’il avait tendance à se presser dès le départ, nul doute qu’il devait être redoutable sur de courtes distances cependant, le voyage entreprit allait durer des jours. Et encore, si par malheur il advenait que le temps se gâte, leurs pérégrinations seraient encore plus dures et éprouvantes.
Son guide grommelait d’incompréhensibles paroles dans sa barbe en se mettant finalement à ralentir la cadence. Après tout, ce n’était pas un sprint mais une véritable épreuve d’endurance à laquelle il s’attaquait.

◈ ◈ ◈

Ainsi défilait les jours dans ces montagnes couvertes de neiges éternelles. On plantait des jalons dans la neige et la glace, on creusait un ersatz de chemin à la force des bras, on riait et on discutait de tout et de rien. T’sisra apprenait à connaître les uns et les autres, et l’environnement hostile avait tendance à renforcer les liens plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Le soir venu, on se serrait les uns contre les autres autour du feu de camp, on épuisait les vivres et regrettait amèrement d’avoir si vite épuisé les gourdes contenant de la bière. Ne restait désormais plus que de l’eau et la neige pour s’hydrater.

En revanche, le groupe de dawis avait le moral au beau fixe. Il gravissait les derniers mètres leur permettant d’accéder au point culminant du col. C’était un petit plateau escarpé coincé entre deux pics de roche, et de l’autre côté, une longue pente douce descendant jusqu’au Sentier des Cols les attendait.
Contre toute attente, et malgré la fatigue, Gondur, qui comme le cheval sent l’approche de l’écurie, s’était mis à redoubler d’efforts, suivi de quelques barbes trop heureuses de pouvoir enfin s’arrêter un moment.

- Nous y sommes presque ! Et ce s'ra moi l’premier !

Effectivement, il fut le premier à s’étaler dans la neige dès le plat du col atteint. Les autres rallièrent les premiers, et en quelques minutes, le groupe au complet célébrait dans la joie leur exploit. Un de ceux qu'ils ne manqueraient pas de raconter à tout le monde dès leur retour chez eux !

- La suite sera beaucoup plus aisée, et très certainement de plus amusante ! Souffla la noirelfe à sa comparse naine.

- J’ai hâte de voir les chutes de certains, c’est moi qui vous l’dit ! Railla le guide dans un rire moqueur à l’attention de son voisin connu pour être le plus mauvais tsieur de l’équipée.

Cependant qu’on fanfaronnait, de l’autre côté du col apparut une barbe, puis une seconde et enfin une troisième. Ils étaient vêtus de peaux de bêtes et de fourrures et serraient si fort les manches de leurs haches que leurs doigts en blanchissaient. Dans la foulée, ils furent rejoints par d’autres à l’air tout aussi agressifs.
Les rires et les cris de joie s’étaient taris en un instant, laissant place à des visages fermés et interdits. Les mains se portaient déjà aux gardes des épées, des masses et des haches, que l’un des berserks ennemis poussa un cri tonitruant, sonnant la fin des négociations avant même leur commencement.

La compagnie était devenue comme une grosse famille après seulement quelques jours de voyage. C'était presque obligatoire à force d'être les uns sur les autres, veillant à ce que tout le monde se porte à merveille, se soutenant dans les moments difficiles et de blessures, mais aussi dans une confiance total lors des passages les plus dangereux ou bien les tempêtes.
Ils avaient réussit à concevoir une sorte de grotte avec la neige leur permettant de dormir plus ou moins à l'abri du vent et concervant leur chaleur à l'intérieur. Voilà qui devait ravir la noirelfe qui souffrait du froid et qui mettait continuellement des nombreuses couches afin de survivre à la brise glaciale des neiges éternelles du Nord.
Mine de rien, ils n'avaient pas chômer durant leur trajet. La piste était désormais sécurisé dans la direction du Col et d'après la conversation à propos des béliers de traineaux, ce serait drôlement plus rapide pour les dawis d'y accèder après l'avoir conçu. Un chariot allant sur la neige avec des passagers, voilà qui était une invention aussi exaltante que le tsis. Moins dangereuses et moins amusantes, mais tout aussi pratique et efficaces.
Non seulement, cela permettait le transport de barbu, mais aussi de matériaux afin de construire des avant postes dans les montagnes pour protéger les convois et leur accorder des zones de répis au froid, mais aussi de recharge en bière.
Oui, les dawis de l'expédition avait déjà terminé pour leur plus grand malheur, la bière.
Ils étaient un brin plus ronchon qu'à leurs habitudes, mais ils assumaient leurs propres bétises de ne pas s'être rationné dés le départ.

L'arrivée pointait enfin le bout de son nez! Il y avait comme un sentiment d'accomplissement ultime, de réussite et de bonheur d'avoir enfin réussit à atteindre leur objectif après deux énéeades de voyage.
Gondur se mit à tsier plus rapidement, clâmant qu'il serait le premier à y être. Mettant toute son énergie restante pour s'allonger le premier dans la neige du col, bougeant les bras de manière à faire des figures ailées dans la poudreuse.
L'équipe célébrait leur joie d'avoir parcouru tout ce chemin. Mais la naine regarda en arrière pour contempler leur parcours, apercevant loin dans l'horizon le vert d'une prairie à des énéeades d'eux. Si seulement il y avait un moyen de créer un procéder pour grimper plus rapidement...
Tous savourait avec impatience le moment de la descente en tsis.

La joie fût de courte durée, des barbes apparurent de l'autre bord du col. Pour l'instant, il y avait seulement trois dawis en peaux de bêtes qui leurs faisaient face. La compagnie était de dix dawis guerriers, et Brynhild, qui dirigeait les opérations en cas de combat, cria sur ses troupes, leurs sommant de se relever, de saisir Gondur et de le rapatrier derrière eux.

Saisissant sa hache à deux tête, elle s'avança pour tenter de négocier, mais le cri de rage d'un des berserks mit immédiatement fin à une tentative pacifique.

- Dawis en place!

La jeune Thane restait méfiante, il ne fallait pas oublié que les Berserks n'étaient pas des barbes de foi. Ils pouvaient parfaitement être embusquée et attendre la chute de leur éclaireur pour leur tomber dessus à revers.
D'un mouvement de tête elle envoya quatres barbus à l'assault des berzerks. Elle observait les environs, méfiante, mais à la fois grisante, elle s'était tellement ennuyer ses dernières énéeades que ce combat tombait à pic. Elle allait pouvoir se défouler.

- Dawis en avant!

Equipé des tsis, ils avancèrent vers leurs ennemis. Pendant qu'ils procédaient à leurs mouvements, l'inquiétude de la naine se confirma, quatres autres berzerks arrivèrent derrière leur comparses, près à en découdre.
La journée allait être intéressante. Voilà une chose intéressante à raconter à ses enfants à venir. Comment ils avaient casser du berzerks dans les neiges éternels du Nord.
Les hostilités commencèrent au milieu du fracas du métal s'entrechoquant.
Brynhild faisait tourner sa hache à deux mains, bloquant les attaques et frappant ses ennemis jusqu'à la mort.

Les célébrations et la joie du bonheur de l’exploit accompli s’étaient évanouies en un instant. Les nains se mettaient sur le pied de guerre. Sur ordre de Brynhild, tous s’étaient mis en formation de combat. Certains n’avaient pas eu le temps de retirer leurs tsis, contrairement à d’autres qui, se sentant assez à l’aise, avait décidé de se battre avec.

Gondur se faisait tirer vers l’arrière, tout d’abord par la cheffe de l’expédition, puis par d’autres soldats. Il s’effondra dans la neige en tonnant tous les jurons les plus fleuris de la langue naine.
Les barbes, menées par leur bavette, étaient d’ores et déjà au contact, les haches et les boucliers s’entrechoquaient dans un concert de hurlements guerriers. Et par delà le fracas des armes, un cri de barbe tonitruant venu de loin et se rapprochant à grande vitesse retentissait. Un bruit sourd coupa court au cri. Tombé des cieux, l’un des berserk répandait désormais sa cervelle dans la neige au milieu du col devenu un véritable champ de bataille.

Le regard vers le ciel et la main en visière au-dessus des yeux, T’sisra discernait, tout là-haut, une forme aviaire. Elle décrivait des cercles réguliers au-dessus du pic, comme un oiseau de proie le fait lorsqu’il repère son dîner. L’animal poussa un cri si strident, que même depuis le sol, tout le monde pu l’entendre et grincer des dents.

- D’autres arrivent ! Hurla la noirelfe à l’attention des nains. D’autres berserks fondent sur nous !

Et c’était peu dire, les quelques têtes hirsutes qui avaient lancé leur assaut sans plus de cérémonie étaient rejointes par d’autres au regard tout aussi fou. Une ligne de front commençait à se stabiliser au cœur de la mêlée. Les berserks se révélaient être de plus en plus nombreux. Peut-être trop. Combien étaient-ils ? Quinze ? Vingt ? Peut-être vingt-cinq ? Voire trente à en juger par les cris qu'on pouvait entendre !

La nécromancienne se tenait à l’écart de la mêlée, elle serait beaucoup plus utile ici, loin des haches ennemies. Dans sa langue natale, le noirelfe vomissait des paroles gutturales et impies.
Gondur, toujours à l’arrière et ayant peiné à se relever à cause des tsis, observait l’oreille-noire avec horreur.

- L'Oreille-noire, qu’est-ce qui t’arrives ?!

La tête de la daedhel fit un angle à quatre-vingt-dix degrés, d'une voix qui n’avait plus rien de celle qu’elle avait d’ordinaire, elle lui ordonna de rester immobile. Gondur, parcouru de frissons, en retomba dans la neige sous la stupéfaction.
T’sisra se mit à psalmodier à nouveau. Quelques poignées de secondes plus tard, l’un des premiers berserks tombé au combat se relevait, la cervelle à l’air et le regard vide, il venait de rejoindre les rangs des lantais. Le non-mort encaissait des coups mortels et répondait avec autant de hargne et avec une force d'outre-tombe.
Il fut bientôt suivit d’un second, qui, malgré l’absence de tête et donc d’yeux pour voir, tira l’un des blessés vers l’arrière loin des lames ennemies, avant de se mettre à charger dans la mêlée à son tour.

La formation naine s'avançait dans la neige, prête à en découdre avec l’ennemi. Ce n'était pas quelques berzerks qui allaient effrayer la jeune Thane et ce malgré les cris stridant de ce satané piaf. Mais T'sisra hurla que d'autres arrivaient. Cela n'étonna pas du tout la naine. Elle s'attendait à de nombreuses victimes dans cet échange, et elle espérait bien que cela se passe du côté de l'ennemi.
La formation s'approchait et attaqua le premier ennemi qui s’effondra sur le sol glacé du col, la gorge tranchée par un coup de hache bien placé par l'un des barbus. La naine elle s'attaquait à un autre qui n'allait pas tarder à tomber à son tour. Cependant....

- Mais qu'est ce que c'est que ce bordel!!!!!

L’ennemi qui venait de mourir se redressa, le regard vide et s'interposa entre un barbu et un berzerk. Il stoppait les coups de son précédant allié, comme protégeant les nains de leur ennemi. Étonnant. Mais le dawi en profita de la stupéfaction de l'ennemi pour lui planter sa hache dans le crâne.
La première vague était désormais au sol, et de cinq berzerks en moins.

- Dawis! Resserrez les rangs! Avancez!

Les nains se regroupèrent et tous finirent de sortir leur bouclier. Certains profitaient de l'acalmie afin de remettre leurs tsis puis ils se rassemblèrent, créant une ligne fortifié, descendant tsis à tsis pour aller à la rencontre de leur ennemi sans pour autant oublier de surveiller les alentours, que personnes ne les approches par les flans.
Les zombies se lancèrent dans une course contre les leurs, se jetant sur une nouvelle déferlante d'ennemis.
La naine jetant un regard en arrière, voulant s'assurer que la noirelfe et Gondur soit à l'abri des hostilités, mais elle ne vit que T'sisra psalmodier quelques choses. Ni une ni deux, elle comprit que la magie était entrain d'opérer et que c'était du fait de celle ci.

* Eh bien, voilà qui va nous être utile dans ce combat. Ces bouseux vont en pâtir!*

- Merci T'sisra! Cela sera d'une bonne aide!

Elle ignorait si la noirelfe avait entendu ce qu'elle venait de crier, mais elle retourna son attention contre les berzerks, baissant son point de gravité, prête à amortir la prochaine attaque.

- Dawi tenez vous prêt!

Les boucliers levé, ils accueillirent la première salve de leurs nouveaux ennemis et ils ripostèrent avec force, continuant d'avancer sur le terrain de l'ennemi. Ils allaient subir de grosse perte les salos!

Les berserks se heurtèrent à la rangée de bouclier. C’était là toute la supériorité des formations militaires face aux assauts désorganisés, elles ne se brisaient pas et rien qu’oser en espérer le contraire tenait de la stupidité. En revanche, le nombre influait bien plus. Car les défenseurs n’étaient qu’une poignée comparée aux flots incessants de braillards armés montant au front.
La seule et unique chance que les combattants de l’expédition avaient résidait en l’utilisation du terrain à leur avantage. Il devait à tous prix garder le col qui, entouré de deux pics rocailleurs, il fonctionnait comme un goulet d’étranglement. Là était la clef de la victoire, car chacun savait que perdre du terrain scellerait leur destin.

- Poussez ! Poussez ! Scandait l’un des nains avec hargne. Il faut tenir !

Ils avaient reçu l’ordre de tenir et la ligne de nain tiendrait, coûte que coûte ! Après tout ce chemin parcouru depuis Fort-Garmin, ils ne pouvaient abandonner. Pas maintenant.
La noirelfe psalmodiait sans discontinuer et grossissait les rangs de non-morts, deux au départ, ils furent rejoints d’autres, si bien que huit carcasses faisaient désormais barrage au déferlement des agresseurs. S’ils étaient devenus un peu moins vifs, ils encaissaient les coups, perdaient un bras voire la tête sans sourciller. Et surtout, malgré la folie meurtrière de leurs assaillants, ils faisaient naître la peur dans leurs cœurs. Un sentiment redoutable capable de changer le cours des batailles.

Gondur, qui avait fini par se défaire de ses tsis, creusait frénétiquement dans la neige et à chaque caillasse trouvée, il se relevait pour l’envoyer dans le tas en beuglant. Il était loin d’être un combattant, mais il n’avait pas envie de mourir ici. Et s'il devait tirer sa hache en dernier recours, il le ferait !

- Aller, l'Oreille-noire, t'arrêtes donc pas !

Il n'était que dix guerriers, mais cela était bien suffisant pour gagner. Le terrain qu'ils occupaient était tout à son avantage. Il fallait tenir. Ils n'avaient quand même pas fait tout ce voyage pour laisser trente gougnafier de Berzerks leurs prendre leur dû. Il était temps qu'ils apprennent leur rang dans le Zagazorn. Se plier a règle ou se faire écraser.
La Noirelfe était de leur côté et relevait ceux qui tombaient aux combats, ajoutant un mur de cher devant eux, les protégeant des plus grosses salves.
Il ne fallait rien lâcher, ne pas se mettre en tête que c'était gagner pour eux. Non, tant que le dernier ennemi ne poussait pas son dernier soupire, la victoire n'était pas là.
Ces années d'entrainements avec son père, sa période mercenaire, et les manœuvres contre les gobelins, cela ne lui rappelait que la vérité, rien n'est jamais perdu, même si le nombre d'ennemi est supérieur à son propre nombre.

- Valeur, courage, fierté... Nous sommes des nains nom de nom! Buter moi ces cul terreux!

Les guerriers resserrèrent les rangs à nouveaux, poussant des cris de guerriers prêt à en découdre, et mourir s'il le faut pour ne pas perdre le bénéficie de leur venu jusque dans les neiges éternelles.

La troisième salve d'ennemi s'approcha, huit barbes. Après ceux-ci il ne resterait que la moitié de leur ennemi à tuer. La naine planta sa hache dans le crâne d'un berzerk, l'insultant au passage, mais son attention fût emporté par la chute d'un de ses dawis. S'effondrant sur la neige dans un râle de douleur qui s'éteint rapidement. Le regard livide, une hache à main planter dans le crâne. L'un de leur ennemi l'avait lancer à distance, l'atteignant par le flan.
L'un d'entre eux venait de tomber et la rage de la guerrière ne se fit que plus grande. Ils n'allaient pas laisser leur ami mort en vain. Il serait venger et enterrer avec fierté. Il serait admis au panthéon des guerriers nains, méritant sa place auprès des anciens.

- Tenez mes braves! Nous y sommes bientôt, tenez les rangs! Nous venons d'en tuer la moitié déjà!

Les dawis se regroupèrent, plantèrent les boucliers au sol pour recevoir la nouvelle salve. Procédant ainsi à la dernière seconde, déstabilisant l'ennemi qui chargeait et s'attendait à percuter le mur de fer. Les nains lancèrent leurs haches d'un coup, plantant la totalité des berzerks dans la tête.
Mais cela était sans compter l’assaut suivant qu'ils n'avaient pas juger aussi proche. L'un deux sauta tant bien que mal sur le mur de fer et s'effondra sur deux nains, brisant leur protection.

- Resserrez! Baldur, prends ma position je m'occupe de ce bâtard!

La naine laissa sa place à son seconds et recula pour se mettre face à son ennemi. Elle s'élança contre lui. Avec les tsis, c'était d'une simplicité, elle ne s'enfonçait pas dans la neige, et accrochait la neige pour ne pas glisser. Ni une ni deux, elle se retrouva face au balourd qui lui s'enfonça dans la poudreuse. D'un cri et d'un coup de hache puissant, elle lui trancha la tête qui roula sur le blanc du sol. Brynhild s'en saisit et retourna se faufiler dans le mur, jetant la tête du Berzerk à leur ennemi.

Le nain ayant vu sa tête rouler au sol, d'être rejetée aux siens comme une insulte, s’était relevé dans les secondes qui suivirent. Emboitant le pas de la thane, le macchabée avait rejoint les autres non-morts. Ils formaient la première ligne de front. Quand certains étaient tombés en poussière, d’autres avaient pris leur place. Leurs agresseurs aussi nombreux fussent-ils, devaient composer, eux aussi, avec un flot incessant de renforts. Des renforts venus d’outre-tombe, qui ne craignaient ni la douleur ni la peur, de simples pantins désarticulés cependant capables de les empêcher de submerger l’expédition.

Et pourtant, les barbes qui se défendaient corps et braises souffraient. Les berserks étaient parvenus à tirer à eux l’un des dawis, il fut aussitôt massacré. Dans la foulée, hurlant de rage et de douleur, l’esprit vengeur de ses deux frères les avait poussés à la folie. Les deux barbes s’enfoncèrent dans les rangs ennemis, au mépris de la formation et des ordres. L’un fracassait des crânes et l’autre tranchait dans le vif avec l’énergie du désespoir et la haine au cœur.

D’un geste de la nécromancienne, les morts se mirent à avancer et pousser plus encore. D’ici peu, les choses iraient de mal en pis, tenter de contenir les assauts ne suffisait plus.

L'une des choses les plus importantes qu'avait apprit Brynhild durant sa formation militaire était de ne jamais briser les rangs. Dans le cas où il n'y avait pas d'autres solutions, il fallait s'assurer de ne pas compromettre la survit de ses compagnons.
Visiblement Arnhill et Farnir avait oublié le simple procéder de cette régle, mais aussi d'écouter les ordres de la naine. Si ses deux imbéciles s'en sortaient, il y aurait de sévere remontrance à leur égard pour avoir mit en danger la survit du groupe. Mais pour cela il fallait survivre.

- Bande d'idiot! Resserrez les rangs vite!!

Les Berzerks profitèrent de la brêche et deux d'entre eux réussir à percer à travers la ligne. Les deux frères étaient devant et se battaient au corps à corps avec leur ennemi.
Leur nombre était à égalité, bien que les dawis avaient l'avantage d'avoir des morts-vivants les protégeant et chargeant l'ennemi. Tant pis pour eux, ils allaient devoir de débrouiller. La Thane ne pouvait pas perdre plus de barbus. D'un regard qu'elle adressa à deux de ses guerriers, ils partirent s'attaquer au deux berzerks qui s'étaient infiltrer.
Les Lantais avaient l'avantage des tsis, ils ne s'enfonçaient pas dans la neige et leur pas se sécurisaient à mesure qu'ils en faisaient. Les Berzerks étaient lent et s'enfonçaient dans la neige. Il n'y eut pas beaucoup de temps entre le moment om ils passèrent la ligne et le mot ou ils moururent, devenant aussi le moment où ils se redressèrent pour rejoindre le mur de chair.

Brynhild observait les deux imbéciles en avant des lignes, attristé de devoir les abandonnés à leurs sorts. Il fallait tout de même qu'ils essayaient de les sauver.

- Avancez la ligne!

La ligne avança, repoussant le nouvel assault, tuant trois autres ennemis. Il n'en restait plus que cinq... Il était temps d'en finir! La ligne fit un pas de plus, malheureusement, ils virent Farnir pousser un cri et tomber au sol, inanimé sous les hurlements de rage de son frère.

- Arnhill revient ici!

La naine sortit de la ligne afin d'attraper la manche du dawis et le faire rentrer dans le rang. Cependant, un berzerk lui coupa la main. Il ne manquait que cela, un éclopé. Ils devaient en finir et ils s'intéresseraient à ce problème ensuite.
La montagne de chair morte devant eux submergea les derniers ennemis et ils les tuèrent en quelques minutes.
Le silence revint sur le col, seul les cadavres et les traces de sangs sur la neige blanche montraient qu'il y eut un combat à cette endroit précis.
Brynhild remonta rapidement vers Arnhill, attrapant sa main au passage.

- T'sisra!

Malgré l’évidente et effrayante folie meurtrière qui les animait, le sort de la bataille avait penché du côté de l’expédition. Au vu du nombre de pertes, du terrain désavantageux et des morts qui se relevaient sans cesse, les berserks avaient fini par connaître une frayeur autrement plus puissante que leur rage. La raison retrouvée, ceux qui le pouvaient encore se dispersaient dans la pente, courant pour sauver leurs vies. La victoire, certes bien âpre, revenaient aux dawis commandés par Brynhild.

Désormais, l’heure était aux blessés. Celle des morts arriverait très bientôt, mais avant la noirelfe devait s’occuper sans tarder d’Arnhill. Ainsi pressée par la bavette qui hurlait son nom à plein poumons, la nécromancienne relâcha son emprise sur les morts qui s’effondrèrent dans la seconde, et se rua jusqu’au blessé.

Le nain hurlait de douleur, les yeux embués de larmes, en observant son moignon. T’sisra n’aurait dire si cela résultait de sa blessure ou plutôt de la perte de ses frères. Arnhill, Farnir et Bordin, qu’on surnommait « Les hardis », d’origine lantaise, gagnèrent leur réputation au cours d’escarmouches extrêmement meurtrières et l’assirent durant de maintes batailles. Les barbes, inséparables, avaient été des défenseurs solides comme le roc et des agresseurs aux talents mortifères. Seulement aujourd’hui, face à la mort de l’aîné de la fratrie, les deux frères devinrent fous. Une folie qui coûta la vie du puîné, laissant un benjamin esseulé et avec le goût amer d’avoir survécu.

Le premier geste de la noiraude fut d’apposer sa paume sur le front du nain. Cessant ses agitations, il tomba à la renverse dans la neige, calme et immobile. Il dormait d’un sommeil provoqué par le sortilège.

- Il faut faire très vite, la magie ne peut pas non plus faire de miracles. Déclara-t-elle en s’emparant de la main coupée que Brynhild lui tendait. Ne vous en faites pas pour la suite, comptez vos hommes. Qu’ils pansent leurs plaies eux-mêmes, je risque d’atteindre mes limites très rapidement.

Et sans un regard de plus pour la naine, la noiraude se pencha dès lors sur Arnhill. Déposant la main tranchée dans la neige et contre le moignon, la nécromancienne se mit à l’œuvre, guidé par les gestes lents et précis de ses doigts, les muscles se tissaient entre eux, les nerfs s’entrelaçaient et les peaux semblaient s’attraper pour ne refaire plus qu’une. L’opération dura plusieurs minutes, laissant la nécromancienne dans un état de fatigue important. Suant à grosses gouttes malgré la température glaciale, elle s’assit à côté du soldat et déposa sa main sur son front.
Arnhill rouvrit les yeux, se rasseyant dans la neige en observant les environs avec un air hagard, son attention revint bien vite à sa main. Il parvenait à bouger le pouce, l’index et le majeur dans lequel il n’avait presque plus aucune sensation. Ses deux derniers doigts, eux, ne bougeaient plus du tout.

- J’ai fait ce que j’ai pu.

Mais le bougre n'entendait rien, il ne pensait qu'à ses frères tombés au combat.

La naine avait cédé sa place à la noirelfe afin qu'elle procéde au secours presque miraculeux du dawis. Il valait mieux la laisser tranquille et agir sans embêtement. La jeune Thane compta ses hommes, malheureusement, deux manquaient à l'appel. Une triste perte, mais ils seraient célébré et honoré par les nains. Mais la lourde tâche d'annoncer leurs décès à leur mère revenait à la naine. Il était de son clan et elle devrait assumer la mort de deux de ses jeunes barbes. L'un d'elle dans une attaque fortuite mais l'autre était stupide. Il n'avait juste pas écouter les ordres.

La naine essuya la sueur de son front et aida quelqu'uns des dawis à pansé leurs plaies. Elle n'était pas si loin de T'sisra qui soignait Arnhill quand soudain elle entendit le nain hurlé et le sentit se lever puis courir. Elle lâcha ce qu'elle tenait et l'attrapa.

- C'est finit Arnhill! Arrête toi!

Le dawi continuait de bouger, tendant d'échapper à l'étreinte de sa supérieur. Ni une ni deux, elle se saisit d'une de ses haches courtes et l'assoma avec le pommeau. Il tomba sur le sol, inconscient. Mieux vallait avoir une bosse d'un mort supplémentaire sur les bras.
La possibilité que les Berzerks reviennent avec des renforts étaient à considérer. Ils fallait rejoindre leur protection de la nuit précédante. Si l'on écoutait la noirelfe, cela ne devait pas prendre trop de temps en tsis, cependant avec deux cadavres et des blessés, la descente allaient être compliqué.
Regroupant ses brebis et s'assurant que tout le monde allait bien, elle mandata les deux plus fort de ses barbus pour porté les cadavres. A l'aide d'une barbe, elle portait le corps inconscient d'Arnhill.

- Bien, allons y doucement, mais surement, évitons de se gameler et nous retournons à notre grotte de la veille.

Les troupes se mirent en avant sans un mot. L'ambiance n'était plus à la célébration. Ils voulaient honoré leur mort dans le respect.

Personne n’avait eu le temps de souffler et les nains s’apprêtaient pourtant déjà à repartir. L’endurance des nains était légendaire, mais de les voir ainsi prêts à reprendre la route dès maintenant, c’était tout bonnement incroyable. Ils s’étaient peut-être battus comme des diables, cependant la noiraude s’était littéralement épuisée à soigner Arnhill après l’affrontement.

- Aller, remet tes tsis, on rempile. Souffla Gondur affairé à enfiler les siens. On va pas s’traîner ici !

La noiraude n’avait pas daigné se relever. Au contraire, elle s’était allongée dans la neige, exténuée. Rien ne pourrait la faire avancer désormais.

- Eh ! On a un problème ! Hurla le guide qui venait de se retourner vers ses comparses prêts au départ. V’nez voir, j’crois qu’l’Oreille-Noire tourne de l’œil !

- Ne racontez pas de sottises, je suis encore capable de tenir sur mes jambes Gondur.

Le nain lui jeta un regard en coin avant de secouer la tête. Entre temps, Brynhild, qui s’en voyait déjà bien pour porter Arnhill, tourna les talons pour les rejoindre. À son approche, T’sisra se redressa, prenant une grande inspiration pour souffler tout aussi longuement.

- Brynhild, je n’en peux plus. Avoua la daedhel en secouant la tête. J’ai trop poussé, trop fait, je dois me reposer avant de faire quoique ce soit. Si vous souhaitez redescendre, faites, mais moi je reste ici. Et très franchement, ajouta-t-elle avec amertume, après tout ceci, après en avoir autant bavé, l’idée d’abandonner le col et rebrousser chemin me fait mal au cœur.

Ils venaient à peine de commencer que Gondur appelait la Naine. Il avait un nouveau problème, une autre blessée. elle s'en voulu légèrement de ne pas avoir penser à la noirelfe. A vrai dire, elle n'était que peu instruite sur l'utilisation de la magie et ne connaissait aucunement les répercutions physique que d'utiliser de la magie.
La naine cria la halte. Ils passeraient la nuit ici, construisant une nouvelle fois une maison de fortune dans la neige et la glace. Bordin avait appelé ça le Tsigloo. Personnes n'avaient comprit d'où cela venait mais ils avaient trouver ça cocasse, d'autant plus après l'invention des Tsis. Une petite blague de la compagnie qui s'adressait à toute les inventions qu'ils feraient pendant le voyage.
Bordin resterait dans les mémoires comme jalônneur des montagnes éternels, brave dawi mort au combat dans les neiges éternels et inventeur du tsigloo. Cette pensée fit sourire la naine. Valait il mieux sourire et se rappeler de l'entrain que Farnir et Bordin, comptant parmis les plus jeunes, avaient apporter avec eux dans la quête, ou bien être triste et se remémorer leur mort prématuré?

- Très bien, installez les plus grave blessées confortablement et mettez vous à l'ouvrage, il nous faut un Tsigloo rapidement pour les installer sans qu'ils ne meurent de froid.

Les barbus encore vigoureux s'attelèrent à la tâche, amassant un mont de neige pendant que l'un tassait le tout en marchant dessus. Quand ils eurent obtenue une hauteur satisfaisante, deux dawis se mirent à creuser en dedans, plus bas que le sol afin d'avoir une certaines hauteurs sous plafonds. En seulement deux heures, le Tsigloo fut construit. Brynhild entra afin de créer avec les peaux de bête qu'ils avaient apporter en guise de couverte, un sol, retenant l'humidité loin de leur joufflu puis ressortit retrouver la noirelfe.

- T'sisra, nous avons finit le Tsigloo. Je vais vous aider à vous relever pour aller vous allonger à l'intérieur. J'ai quelques couvertes en plus pour bien vous emmitouflez.

La naine fit un fugace sourire en repensant encore une fois à une comparaison que la barbe avait fait de la noirelfe et de ses couches successives. Il l'avait surnommé la Panse, ce plat délicieux à base de mouton et qui cuisait des heures durant, lui donnant un gout exquis savourer avec de la purée. Il n'avait pas tord, la noirelfe se perdait sous toute ses couches de vêtements épais pour lui maintenir sa chaleur corporelle, comme si l'on la faisait mijoter à feu doux dans une panse. Ou bien avait il tout simplement faim quand il avait annoncé ce surnom. Mais par sa constitution faible en cette instant et le froid qui régnait, mieux valait la sur couvrir que la laisser à la normale.
Brynhild, l'aida à se redresser et la maintint jusqu'au Tsigloo. Elle l'a regarda passer la porte tant bien que mal et s'allonger pour s'endormir à côté de Arnhill qui était encore assommé.
Elle retourna dehors auprès de Gondur afin de discuter.

- Je n'ai jamais ignoré l’existence de la magie drow, mais celle ci je ne m'y attendais pas. Il faudra la remercier doublement, nous aurions perdu beaucoup plus de barbe sans elle...

La noirelfe s’était écroulée dans l’abri creusé à même la neige par les dawis. Profitant du feu et des couvertures de peaux et de fourrures, il ne lui avait fallu que très peu de temps pour s’endormir. Depuis qu’elle était venue sur les terres des nains, la noiraude se laissait aller à des nuits plus profondes et réparatrices, là où habituellement elle ne se limitait à que de courtes siestes régulières et usait de sa magie pour tenir. En ces terres dangereuses et inhospitalières, elle se sentait, paradoxalement, en sécurité. Et la chose s’expliquait pourtant bien simplement : elle faisait confiance aux nains qui l’accompagnaient.

Gondur, lui, était assis dehors dans la neige, les yeux rivés sur le ciel étoilé. Il repensait à cette journée et ruminait dans sa barbe lorsque Brynhild vint interrompre ses réflexions.

- Je n'ai jamais ignoré l’existence de la magie drow, mais celle-ci je ne m'y attendais pas. Il faudra la remercier doublement, nous aurions perdu beaucoup plus de barbe sans elle...

- Ça m’fait mal de l’dire. Répondit la barbe du tac au tac. Face aux engeances, je l’ai vu faire des choses que j’pensais pas possibles. Mais ça, aujourd’hui, c’tait d’la nécromancie. J’veux bien admettre qu’elle a touché qu’les cadavres de nos ennemis et que sans ça c’aurait été une autre paire de manches, mais… J’trouve ça effrayant, et ça m’plait pas vraiment. D’un autre côté, j’l’aime bien c’te p’tite, elle est droite dans ses bottes. Conclut-il dans un haussement d’épaules las et fatigué. Vaut mieux l’avoir d’son côté qu’en face ! Ah !

Sur ces mots, il se remit à contempler la voûte céleste, l’air pensif et la main caressant sa barbe régulièrement. Et ainsi fit-il une bonne partie de la nuit, l’esprit accaparé par ses réflexions.

◈ ◈ ◈

Le soleil se levait sur les monts enneigés du Septentrion, les nains, s’étant relayés durant la nuit, avaient gardé les environs du col afin de prévenir d'une hypothétique attaque. Et heureusement pour tous, ni la faune ni les berserks ne s’étaient montrés.

T’sisra sortit de sous ses couvertures, frottant ses yeux et rattachant ses cheveux en premiers lieux. Elle s’étira dans un craquement sonore qui lui arracha un soupir de bonheur. Les nains présents dans l’abri de neige la saluèrent et lui tendirent de quoi déjeuner. « L’Oreille-Noire », comme ils aimaient à l’appeler depuis quelques jours, se joignit à eux avec un sourire affable. Tous parlaient encore de la bataille de la veille, cependant la nécromancienne se contentait d’écouter. Ses pensées allaient aux deux nains tombés durant les âpres échauffourées, aussi, elle eut tôt fait de se redresser et quitter l’abri pour rejoindre Brynhild, déjà levée et parée à affronter la journée, ce qui témoignait au passage d'une endurance à toute épreuve et d'une volonté de fer.

- Bonjour Brynhild, je vous remercie d’avoir accepté de rester. Commença-t-elle par dire en inclinant légèrement le buste, une main posée au niveau du cœur. Mais je… Je pensais à Arnhill. C’est noble de votre part de vouloir conserver les corps, cependant, le temps que vous puissiez les ramener, ils auront eu… Le temps de pourrir. Expliquait la nécromancienne en baissant d’un ton. Ne vaudrait-il pas mieux les enterrer ici, quitte à perdre une matinée de plus, plutôt que d’infliger une vision aussi douloureuse qu'insoutenable à Arnhill ?

La noirelfe hésitait, de peur d’aller trop loin et de froisser la naine. Elle ne savait pas très exactement comment leurs coutumes mortuaires se déroulaient, mais elle franchit le pas.

- Ce serait l’occasion d’honorer leurs mémoires, de permettre à Arnhill d’entamer son deuil et d’avancer. Du moins je l’espère. Je ne saurais vraiment comment atténuer sa peine, et je ne voudrais pas présumer de la douleur qui est la sienne, cependant… Je sais ô combien le peuple des montagnes honore ses victimes et ses héros, alors, pourquoi ne pas donner leur nom au col ? Le Col des Hardis. Ce serait une manière de leur faire honneur et, en tout cas je l’aimerai, d’apporter du baume au cœur d’Arnhill. Qu’en pensez-vous ?

Troisième énnéade de Favrius, an quinze, onzième cycle

La Naine avait prit le dernier tour de garde, ce n'était pas un grand mal, elle n'arrivait pas à trouver le sommeil. Elle ignorait comment elle allait annoncer à sa tante éloigné que dans le feu de l'action, deux de ses fils avaient perdu la vie et qu'il y en avait fallut de peu pour que le troisième n'y passe. Une chose était sur, il ne serait pas renvoyer sur le terrain avant des années. Elle ignorait ce qu'avait fait la noirelfe sur la main de son soldat, mais elle lui avait recollé, lui évitant la mort et la perte d'une main. Il avait intérêt à la remercier et à lui offrir ses services afin de repayer cette dette.
Le soucis qui l'a préoccupait était le transport des corps. Ils ne pouvaient pas les transporter jusqu'au campement, d'autant plus que le temps de rentrer à Lantes, les corps serait dans un bien mauvais état. Elle ignorait ce qu'il fallait faire dans cette solution, elle envisageait clairement de demander à Arnhill son avis sur la question. Après tout il s'agissait de ses frères, il pouvait en prendre la décision. Finalement, la noirelfe qui venait de se lever partageait la même opinion.

- Qu’en pensez-vous ?

-Mon opinion est mitiger. Les enterrer ici leur apporterait une gloire certaines et ils seraient honoré à chaque passage de barbe... Et le Col des Hardis sonnent terriblement bien... Je voudrais laisser Arnhill en décider, il s'agit de ses frères, lui seul en décidera.

Alors qu'elle annonçait sa décision à T'sisra, Arnhill apparut dans l’embrasure du Tsigloo, supporter par deux dawis. La naine dans un mouvement de gêne se gratta le sommet d'une crâne, elle reconnu qu'elle avait probablement taper un peu fort à l'arrière du crâne de son barbu, mais elle avait dû l'arrêter en pleins milieu de sa crise.

- Comment vas tu Arnhill? Pas trop mal au crâne? Je m'en excuse mais je devais t'arrêter...

- Les aut'es m'ont expliqué chef... Pas d'trouble...

Il semblait encore abasourdit par les évènements. Mais personnes ne pouvaient rien faire pour lui, les deuils était un processus dans lequel il était seul et qui lui prendrait du temps. Mais un nain ne peut montrer son chagrin très longtemps, il devait se ressaisir et continuer sa mission.

- Arnhill... Avec T'sisra nous pensons qu'il serait bien mieux pour tous et pour toi que nous enterrions tes frères ici. Le col sera désormais appeler le Col de Hardis en leur honneur et ...

Elle n'eut pas le temps de terminer que le dawi que le dawi acquiesçait d'un mouvement de tête. Il s'avança en direction du sommet du col sous le regard des dawis et de la noirelfe, seul. Il souleva sa hache et se mit à pelleter la neige afin de creuser une sépulture à ses frères. D'un signe de tête, Brynhild fit signe a deux d'entre eux de le rejoindre pour l'aider à creuser, deux autres de monter les cadavres et demanda les haches de ses deux morts afin de graver un message sur la lame. Celles ci seraient planter pour rappeler à tous le sacrifices de ces dawis pour sécuriser et jalonner le col des Hardis.

Dans un simple hochement de tête à l'attention de la commandante, T'sisra se dirigea vers l'abri de neige pour s'emparer de l'une des pelles laissées là la veille au soir. Puis, elle avait suivi les pas des deux barbes s'en étant allées aider Arnhill et s’était mise à creuser à son tour sans rien dire.
À la mi-journée, les deux frères du cognard reposaient sous les terres gelées du col. La troupe avait pris le temps de saluer dignement les sépultures décorées des haches des défunts sur lesquelles leurs noms furent gravés.

Gondur et T’sisra s’étaient assez éloigné du groupe pour parler ensemble. Le guide l’avait rejointe puisque, depuis une bonne demi-heure déjà, elle observait la pente douce descendant en direction du Sentier des Cols.

- Que voient tes yeux l’Oreille-Noire ?

- De la neige à perte de vue. Je n’arrive même pas à distinguer la route d’ici.

- On a encore un peu d’chemin à faire, faut l’dire.

- En tsis, quelques jours tout au plus. Trois avec de la chance, autrement quatre. Et… Plus si nous devons faire face à un nouvel imprévu. Ajouta la noirelfe avec un air dubitatif. Mais je doute que l’on croise à nouveau la route de nos agresseurs.

- Faut voir ce que les autres décident de faire déjà.

- Je ne suis pas venue jusqu’ici pour faire marche arrière. Répondit-elle du tac au tac. Je continuerai d’avancer, même si je dois planter ces jalons seule.

- On ferait mieux d’aller voir la thane pour ça, parce qu’où qu'tu ailles, je vais.

Et il avait raison, sa tâche était de la surveiller, de l’observer et de la jauger en toutes circonstances. Ce qui impliquait, en l’occurrence, de se retrouver dans la même merde. Dans un hochement de tête, la noiraude emboîta le pas de la barbe. Allant tout droit interpeller la tête dirigeante du groupe, Gondur leva la main pour se faire remarquer.

- Thane, comment tu vois les choses, au vu d’la situation ? J’ai l’Oreille-Noire qui veut pousser jusqu’au Sentier des Cols, mais…

- Je comprendrais que vous préféreriez retourner la cité. Concéda-t-elle en jetant un œil aux tombes. Je suis prête à planter ces jalons seule s’il le faut. Sinon, nous pourrions faire deux équipes. Gondur et moi, accompagnés de deux de vos hommes qui rentreront avec nous à Fort-Garmin, tandis que vous et les quatre cognards restants pourriez rejoindre la cité de Molgrunn. Expliqua-t-elle en haussant les épaules. En tsis, ça ne devrait pas vous prendre plus de deux bonnes ennéades, quant à nous, atteindre Fort-Garmin devrait nous prendre une ennéades et demie, deux tout au plus.

Gondur ne donna aucun avis particulier et ne dit rien de plus, il attendait la décision du thane.