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 Salades ou pas, j'en suis ! [Camp Sud] • Krish

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Rénatus Babec-Roumel
Drydry l'Fonda'da'mûr

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MessageSujet: Salades ou pas, j'en suis ! [Camp Sud] • Krish   Salades ou pas, j'en suis ! [Camp Sud] • Krish I_icon_minitimeVen 9 Aoû 2019 - 14:01



Quatrième enneade de Karfias | An 17 du Cycle présent...


Soyez béni mon brave ! Shibbrû Puissant à un Œil, sur vous veillera.   Et souvenez-vous de bien faire bouillir la racine pendant quinze booonnes minutes et de laisser reposer très longtemps, très très longtemps, c'est ça qui fait tout, le calme avant la tempête ! Et ainsi vaquais-je à mes occupations favorites dans cette drôle de « ville » qu'était devenue Frontière, et qui n'avait pas manqué de m'attirer, comme une merde, les mouches.

Ni une ni deux, car j'étais un moucheron peut-être – mais libre comme l'air – de patron je n'avais point, et d'ambition nul doute un peu trop, j'arrivai un beau jour quittant Thaar, histoire de changer un peu d'air et qui sait aussi le poids de ma bourse, à Frontière, qui aujourd'hui était mais demain ne serait plus. Attiré par ce côté éphémère mais pourtant concret, me rappelant avec insistance, et imminence ! mon fort probable destin, le trépas – et non lointain – commun à l'humain. Mais ça m'allait.

Je m'installais dans une petite tente de fortune, avec pour l'occasion un seul affublement – comme en mission commando – ainsi que mes milles remèdes que je ne quittais point ou que je me trimballais sur une chariotte fort compacte et coquette, c'est que j'étais un homme prévenant, autant que précautionneux. En une enneade – longueur de séjour que je m'étais imposé – j'aurai sans doute le temps de faire des miennes m'étais-je dis, oh que oui, avant que quelque rancunier pigeon me retrouve et décide de me faire la peau parce que la gangrène avait vaincue ou parce que sa fierté comme escompté n'aie avec la faveur de mes remèdes point triomphé ! D'un sourire affable sur la place j'alpaguais de pauvres poires – autant mouches que moi ceci dit –, et attirés par on ne sait quoi de mystérieux, et de puissant, qui comme moi se fondaient dans la masse éclectique de personnes, chacune soucieuse de ses petites affaires. C'est que la guerre n'était pas seulement meurtrière, et les sièges imptoyables, ils étaient créateurs d'affluence. Je savais que le Drôle de Siège portait finement son nom, et en tout bon Vaani, je voulais faire partie de l'histoire. De l'Histoire.

Je commençais à être quelqu'un à Thaar, comme tant d'autres me diriez-vous. Personnellement je m'occupais d'un réseau de petit charlatans en tout genre, mais je n'étais ni prince ni marchand, juste un petit humain en somme ; j'étais riche en or en idées, en jeunesse même ! –, mais qui n'était pas riche à Thaar – ou ailleurs – sinon les pauvres ?
Je ne pouvais laisser une occasion de m'enrichir – ou de me faire connaître – s'échapper, s'envoler, que nenni, toutes les occasions étaient bonnes pour s'en mettre plein les poches ! Je voulais être très riche, car là résidait la différence, alors je trimais honnêtement – quoique sans honnêteté –, par tous les moyens je cherchais à me hisser.
J'avais vu à Thaar quelques années auparavant, comment les Eldéens bien que dans ce courant de l'histoire retranchés dirions-nous, étaient toutefois restés présents sur certains fronts si bien que daedhels occupaient parfois d'importants postes à Thaar, surtout pas à Naelis, disons en Itrhi-Vaan et pourquoi pas – depuis peu – à Sol'Dorn ! Que l'Histoire semblait pour moi ironique, impitoyable, cruelle peut-être, mais si profitable. J'en serai ! J'en serai !

Car l'appât du gain serait toujours ma bête noire, que je préférais à celle des autres – et de loin – je ne tardai pas à compliquer les choses. Je connaissais par cœur mon boulot, ainsi jusqu'au dernier jour, alors que je croulais sous mes bénéfices et qu'aucune mésaventure ne m'était arrivée, je cédai à ma pulsion et arrachai le bout de vélin sur lequel l'on proposait une étrange mission, ou étaient-ce des salades ? Je décidai de me rendre au Camp Sud afin d'en être sûr, ou d'en être tout court.

Arborant les traits, l'allure et l'accoutrement d'un jeune marabout aux yeux bleus perçants, je me rendis fissa à l'un des campements que les drows occupaient autour de la ville assiégée. Mes pas légers guidés par une assurance outrancière ainsi que mes airs de voyageur invétéré, donnaient à mon personnage quelque chose de réel. De fait, je vivais pleinement, bien que j'eus derrière la tête beaucoup d'autres raisons !

Guère à mon aise, bien que je ne le montrai point, je pénétrai ce lieu qu'une race logiquement occupait majoritairement, pour ne pas dire totalitairement. Je n'avais pas le droit à l'erreur, me dis-je à mesure que mon énorme manteau vert d'une qualité doutable et que mes bas rouges gigotaient au rythme de mes pas. Devant moi toujours ma cariole que je ne pouvais abandonner à son triste sort au risque de la « perdre ». Une petite épée de bonne facture cependant pendait à ma ceinture, prouvant à qui m'observerait un tantinet, que je n'étais pas qu'un vil clochard venu troubler cette gente soit disant supérieure.

« Bien le bonjour, honorables noirelfes, je suis à la recherche du commanditaire de... Ceci. » Je tendis le vélin au premier garde venu, qui la mine patibulaire s'enquit des quelques mots écrits en un charabia drowesque avec son acolyte le plus proche, avant de me faire comprendre d'un signe de la tête de pénétrer un peu plus profondément ce premier campement militaire qu'il m'était donné d'appréhender. On consigna ma marchandise quoique l'on me permit de garder mon arme et mes sacoches, et je suivi, téméraire, mon guide et qui sait, mon destin...

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MessageSujet: Re: Salades ou pas, j'en suis ! [Camp Sud] • Krish   Salades ou pas, j'en suis ! [Camp Sud] • Krish I_icon_minitimeVen 25 Oct 2019 - 9:01



Ce sont les jambes vacillantes que je sortis du campement daedhel, Dieux merci en un seul morceau. D'affre, j'avais frôlé la cagagne ! N'étais-je pas quoi qu'il en soit, un stupide, arbitraire petit humain ? Assurément... 

Pour autant, les drows d'ici — de là-bas ? — semblaient tout aussi civilisés que ceux que j'avais pu apercevoir à Thaar. Et, heureusement pour moi d'ailleurs, leur réputée sauvagerie semblait à ce jour encore discrète, bien qu'avérée, ainsi que les hurlements qu'il me fut permit d'entendre me le rappelèrent. Et voilà que je m'acoquinais avec eux désormais, effroyables noirauds que je trouvais malgré moi certes suffisants, mais pas moins splendides, admirables, quasi... divins ! Je les trouvais assurément ténébreux, mais il découlait de mon entretien une civilité non-feinte. L'on m'avait sans trop de réticences accordé la mission. Avais-je fais le bon choix cependant ? N'aurais-je pas dû seulement me contenter de mes humbles mais correctes recettes de marabout, puis de m'en aller serein, de rentrer au bercail certes cent souverains en moins, mais aucune contrainte, aucune mission impossible à mener à bien ? C'est qu'il me faudrait pour cela, tromper les sylvains habitants de l'Anaëh tout de même ! Un plan prenait lentement forme dans ma caboche endiablée... J'espérais uniquement que le seul — à moitié — elfe que je connaissais serait de la partie, sans cela je pouvais bien avaler les souverains, retourner voir les sombres guerriers, et me faire arracher les boyaux en leur rendant leur pognon...

Je soupesai discrètement ma bourse en réfléchissant à tout cela, et c'est sans m'en rendre compte que j'arrivai nouvellement dans la scandaleuse familière Frontière, au milieu du fracas des roues, des éclats de voix, des éclairs de couleurs et des effluves infectes, qui s'entremêlaient en un tableau pittoresque. Je me fondis dans la masse bruyante et éclectique, afin de tranquilliser mes nerfs soumis depuis à rude épreuve.

Je décidai de rester une nuit de plus aux abords de l'assiégée, à m'abreuver délibérément, avant de retrouver Thaar et mon beau Zaahrian, quelques longues journées de marche plus tard.

_________________

« Un charlatan, sur un tréteau,
Pantalon rouge et vert manteau,
Vend à grands cris la vie;
Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte. »

(Verhaeren, Les Villes tentaculaires, Les Campagnes hallucinées, 1895, p. 68.)

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