L’annonce tombe au petit matin : le Roi pleure son régent, mort pendant la nuit. La capitale s’endeuille, sans que jamais ne lui soit avoué les raisons du trépas. Sa Majesté ne dit rien à ce sujet et ses plus proches conseilles demeurent muet à son image. La Dame Constance, revenue de son périple Langecin, ne perd pas de temps et, avec l’accord des autres membres du conseil restreint qui gouvernait avec Aymeric de Brochant — Francesco di Castigliani, l’amiral suderon, est de ceux-là — et la bénédiction de Bohémond Ier lui-même, elle envoie des hérauts aux grands pairs du Royaume.
Les funérailles du Duc de Serramire auront lieu à Diantra, ainsi que le veut l’enfant-Roi ; il aura l’honneur de recevoir l’honneur suprême, car la cérémonie aura lieu dans la Cathédrale de Sainte-Deina. Ceux qui ont connu l’amour que portait Aymeric de Brochant à sa terre natale savent qu’il aurait sans doute apprécié y reposer, mais ses reliques demeureront en la Cathédrale. D’aucuns disent que le Roi l’a personnellement demandé.
La cérémonie est prévue pour le premier jour de Néera du mois à venir. D’ici là, il y a fort à parier que les circonstances exactes de la mort du Nordien demeureront un mystère.
Le Maître du Jeu, s’adressant à son audience… Cette tragédie a lieu quelques jours avant l’étrange éclipse ; certains verront peut-être dans la promiscuité de ces deux événements un mauvais présage pour le règne de Bohémond… ou un ultime hommage des dieux pour la personne d’Aymeric de Brochant.
Qui sait vraiment ce qu’Ils pensaient de lui ?