La rencontre avec Rolland Pengriffon : la dernière ligne droite | Fabius

Panahos de la Cinquième Ennéade,
49 de Karfias de l'An XVII du Onzième Cycle,
Sanctuaire de l'Ordre des Marcheurs Austères, Sainte-Berthilde,
Vers la fin de l'après-midi, avec Rolland Pengriffon (PNJ de Fabius).

Markus Stansen

Aujourd'hui, c'est le dernier jour. Enfin… normalement. Reold avait rencontré Fabius Pengriffon, et ils s'étaient mis d'accord sur à peu près tout. Effectif, sanctuaire, argent, rôles… Que demande le peuple ? Un chevalier capable de les diriger, voilà tout. C'est le but de la venue de Sire Rolland Pengriffon, cousin du Seigneur Fabius, supposé un chevalier accompli. Reold n'avait même pas demandé son âge, mais tout chevalier assermenté était apte. On allait pas jouer sur l'âge… pas encore. L'entrevue aura lieu dans les quartiers du Grand Maître, qui sera accompagné du Maître, et du Scribe, car tout est toujours notifié et archivé.

Markus Stansen, ce vieillard aigri attendait impatiemment la venue du chevalier Rolland. Le bougre était resté cloitré dans ses quartiers pendant que ses frères d'armes faisaient le boulot. C'était toujours comme ça, avec Markus, depuis la mort de ses amis et fondateurs de l'Ordre. Les uns et les autres avançaient et taillaient leur bout de chemin seuls ou ensemble, mais lui, il ne faisait pas son deuil. Heureusement, Reold et les autres sauvaient les meubles en attendant que le croûton déjà décrépit ne daigne enfin passer de l'autre côté du Styx.

Ce jour là, la plupart des chevaliers étaient absents. Andran se préparait à suivre la délégation Berthildoise à Diantra, Spahi était reparti à Eyroles, et de nombreux autres avaient suivi le pas en retrouvant leur domaine ou leur femme ou autres. Quelques uns étaient restés tels que Korm ou Angirv. Tant qu'ils restaient discrets et qu'ils emmerdaient personne, ils ne posaient pas de problèmes.

Le Grand Maître et son second attendaient depuis le début de l'après-midi. Visiblement, ils avaient mal calculé le trajet de leur invité. Cela ne faisait qu'exacerber l'aigreur du vieillard, même si, avec le temps, Reold apprit à faire face. Lui comme tous les autres d'ailleurs. Espérons qu'il ne s'amuse pas à se défouler sur le cousin du seigneur Fabius.

Theodoric Stradic

Vers la fin de l'après-midi, Korm Prédeaux vint informer que l'invité était arrivé. Markus lui ordonna de l'amener au sommet du donjon, dans ses quartiers. Pour l'occasion, le bureau du Grand Maître était parfaitement rangé (même si le contraire était rare) et placé au milieu de la salle, son lit caché par des tentures rouges et noires. Ils auraient pu le recevoir dans la chapelle, c'est vrai, mais les quartiers du Grand Maître inspirerait sûrement plus le rapport de hiérarchie.

Korm revint rapidement, et fit entrer Rolland Pengriffon. Les trois hôtes se levèrent et saluèrent d'une révérence (très) légère de la tête. Markus Stansen invita Rolland à prendre place devant eux, sur un siège relativement confortable. Sèchement, il ordonna à Korm de sortir de ses quartiers. Ils étaient enfin réunis, et tout le monde garda le silence quelques instants.

« Bien. Au nom de l'Ordre des Marcheurs Austères, je salue Sire Rolland Pengriffon et le remercie de sa présence ici. Je lui souhaite la bienvenue. » dit enfin Markus d'un ton étonnamment aimable. « Je suis Markus Stansen, Grand Maître de l'Ordre, et voici Reold Var-Denborr, Maître de l'Ordre, et Theodoric Stradic, notre humble scribe. » Il désigna chacun des personnages du doigt en donnant leur nom. Puis ils s'assirent sur leur siège.
« Nous sommes honorés que vous ayez accepté la proposition de votre cousin quant à prendre le contrôle d'un sanctuaire de notre Ordre sur son domaine. La séance se déroulera ainsi : de nombreuses questions vous seront posées, et vous devrez y répondre avec honnêteté. Notre Scribe se contentera d'écrire et archiver le déroulé de cette réunion. » enchaîna Reold.
« Je me permettrai tout de même de poser des questions si je le juge nécessaire au nom de l'Ordre. » intervint le Scribe en adressant un sourire carnassier à Reold.

Reold Var-Denborr

« Vous dormirez ici ce soir, car demain, nous mettrons à l'épreuve vos capacités physiques et martiales, et notamment votre talent pour le combat à l'épée. Si vous maîtrisez d'autres armes, ce sera positif. Sire Isaiah se chargera de cela. »
« Demain soir au plus tard, nous rendrons notre verdict avec nos frères d'armes présents à Sainte-Berthilde. »
« Ceci étant dit. Nous commencerons par des questions simples. Sire Rolland Pengriffon, nous aimerions tout d'abord connaître votre âge, et depuis combien de temps vous êtes chevalier. Et nous aimerions ensuite savoir si vous êtes pieux. Participez-vous à des rites dédiés à Othar, ou même à Néera ? »

La piété était primordiale pour des chevaliers comme les Marcheurs Austères. Ils respectent énormément la foi et le culte, et il est d'autant plus important pour un homme tel qu'un commandant de Sanctuaire d'être croyant. S'il ne l'est pas ou trop peu, cela devra impérativement changer. Dans tous les cas, le Grand Maître restait calme et poli, ce qui n'était pas toujours le cas. Il préférait y aller doucement avec Rolland.

Une lieue à pieds, ça use, ça use, une lieue à pieds, ça use les souliers. Cette chanson, cela fait maintenant plus d’une ennéade que je l’entends et je commence à en avoir assez. Toutefois, je pense que je suis épuisé par ce voyage, partir de Soltariel pour Sainte Berhilde, c’est un très long périples, et les cinq écuyers qui m’accompagnent ont bien le droit se de distraire un peu en la chantant

C’est après avoir reçu la missive de mon cousin que je me suis mis en route, pressé de rencontrer les dirigeants de l’ordre des Marcheurs Austères avec ma petite troupe et bien que nous ayons de bonnes montures, il a fallu au maximum les ménagées pour qu’elles arrivent sans encombre.

Sur le chemin, nous avons dormi, tantôt à la belle étoile, tantôt dans une auberge. Nous avons même pu profiter de l’hospitalité de Fabius, car nous sommes passé par ses terres pour nous rendre dans les Marquisats du Nord, via la fameuse route des Rois. C’est à cette occasion qu’il m’a rappelé à quel point il comptait sur moi, et je suis devenu encore plus nerveux après notre entrevu.

C’est pourquoi, c’est avec une certaine appréhension que je suis rentré dans le sanctuaire de l’Ordre, en plus, j’ai pris de temps que prévu car je suis passé par un bain public pour me changer, me raser et être présentable devant les personnes qui aujourd’hui me jugeront. Un palefrenier vient chercher mon cheval et je donne l’ordre aux jeunes garçons qui m’accompagnent de m’attendre ici et de soigner leurs propres montures.

Un guerrier m’amène au somment du Donjon, et ouvre une lourde porte en bois, me laissant voir une pièce bien rangée et trois hommes qui me salut brièvement avant de me permettre d’entrer. Une fois mon guide partit, je me retrouve seul face à cette assemblée constituée d’homme plus âgé que moi. Je m’assieds sur la chaise qui m’est destiné, gardant le dos bien droit comme on me l’a appris, puis les différentes personnes se présentent, et me souhaitent la bienvenue.

Je me détends un peu devant cette entrée en matière et on m’indique comment va se passer les nombreuses épreuves pour mon adhésion au sein de l’ordre, et je commence à répondre aux différentes questions que l’on me pose d’une voix ferme :

Je suis Roland Pengriffon, j’ai 35 ans, et cela fait 19 ans que je suis chevalier pour la famille Pengriffon situé près de Soltariel. Je suis un fervent adorateur d’Othar, même si je respecte les autres dieux du culte Penthiens bien sûr.

Il est vrai que pour moi, Othar est la divinité qui me ressemble le plus, mais la mère des Hommes est également importante et nous lui devons notre estime. J’ai donc répondu à la première série d’interrogation, et cela n’a pas été bien difficile, j’espère que la suite sera toujours aussi facile. En tout cas, je suis gonflé à bloc et prêt à leur prouvé que j’ai ma place dans cette organisation d’élite.

Rolland Pengriffon:

Markus Stansen

Markus Stansen acquiesça les dires de Rolland en silence, le fixant de son regard froid. Trente-cinq ans ? Il ne les faisait pas, mais qu'importe. Pour l'instant, le Grand Maître se gardait bien de le titiller. Pas maintenant, c'était trop tôt. Et puis, s'il avait un bon régime de vie, cela pouvait expliquer cette soyeuse apparence. Le Scribe notait chacune des réponses sur ses parchemins. Une fois qu'il eut terminé d'écrire ce qu'il avait à écrire, l'interrogatoire reprit.

« Évidemment. Othar est certes notre Dieu, mais nous ne pouvons ignorer Néera. Les Dieux savent à quel point ses valeurs sont importantes pour un chevalier. La clémence, la justice, la bienveillance. Nous célébrons le jour de Néera comme si nous étions ses fidèles. » dit Markus Stansen comme s'il dispensait un cours de théologie.

Il dédaigna volontairement les autres divinités, trop peu importantes, s'ils ne sont des ennemis d'Othar. Tout habitant du Royaume prie Néera. Il aurait été sûrement plus mal vu que des chevaliers fidèles d'Othar ne prient pas Néera que l'inverse. Othar reste dominant, et huit jours sur neuf lui sont dédiés. Ce n'était pas négligeable. Sans parler des quêtes, des guerres, et autres missions ou situations nécessitant des chevaliers désireux de faire couler le sang au nom de leur dieu, même s'ils n'en n'oublient pas leurs préceptes les plus fondamentaux : honneur et loyauté en tête de gondole.

« Enfin bref, continuons. Dix-neuf ans de chevalerie, vous dîtes… Vous avez déjà combattu en guerre ? Vous avez déjà commandé des troupes ? » demanda finalement Markus.

Reold Var-Denborr

« Quand sonne l'appel du ban et de la guerre, aucun de nos chevaliers ne restent ici. Ils partent tous en guerre. Ce sont les règles qui figurent dans notre Code. » informa le Scribe à l'attention de Rolland. L'Ordre ne savait pas si Fabius l'avait informé du serment et des règles. Cette intervention servait surtout à faire comprendre au chevalier Rolland le sens de la question.

Markus regarda Reold, qui était le plus informé à cet égard. De ce que savait le Maître, Fabius avait eu une copie du Code d'Honneur, qui disposait de toutes les règles qu'un Marcheur Austère se doit de respecter, sous peine d'être sanctionné, si ce n'est disgracié. Et personne n'échapperait à la règle. Trahir les préceptes de l'Ordre peut encourir une peine de mort. Le Meister hocha la tête en posant son regard sur le chevalier candidat.

« De ce que je sais, Fabius avait d'autres parents qu'il voulait nous octroyer en tant que futurs membres de l'Ordre. Est-ce que vous avez amené des jeunes garçons avec vous ? Plus tôt ils seront habitués à un strict régime de vie, plus tôt ils seront prêts et vigoureux. » intervint Reold.
« En effet. Notre régime de vie est très strict. L'alcool est interdit, et nous nous contentons de plats simples et équilibrés. De plus, les entrainements sont au nombre de deux à quatre par jour. J'ose croire que votre régime de vie correspond, au moins à peu près, à cette description, je me trompe ? »

Rolland paraissait jeune, mais les sudistes étaient moins poilus et avaient les traits moins bourrus que leurs congénères du Nord. Cela avait tendance à les rendre plus jeunes en apparence, ou alors Rolland avait de la chance. Quoi qu'il en soit, Markus Stansen ne laissera passer aucun détail.

Je hoche la tête en signe d’acquiescement aux paroles de Markus Stansen, même si en combat les préceptes de Néera ne valent plus grand-chose, alors que les enseignement d’Othar, quel que soit la situation reste valable. La remarque suivante, qui est plus une question, réveille en moi de mauvais souvenir, mais je reste concentré sur mon but, et c’est toujours d’une voix ferme que je réponds au Grand Maître de l’Ordre :

J’ai participé à la rébellion du Médian, car suivant la directive de Blanche d'Ancenis, baronne de Hautval, les Pengriffon ne rendirent pas hommage au roi Bohémond. Lors de la bataille qui s'ensuivit, appelé bataille des champs pourpres, les membre de notre famille se couvrirent de gloire, mais le revers de cette victoire, c'est que de très nombreux hommes dans la force de l’âge furent tués.

Je m’arrête une minute, le temps de me remettre de ce très mauvais souvenir, et je continu mon monologue :

J’ai l’habitude de commander, car c’est moi qui dirige les patrouilles du domaine de Pengriffon, près de Soltariel. Je suis au plus prêt de mes hommes, mais je dois parfois prendre des décisions difficiles lors de ces missions, qui peuvent impacter la vie des hommes qui sont sous ma responsabilité, comme vous le faites déjà sans doute.

Je regarde longuement Markus Stansen en finissant ma phrase, car il sait sans doute, combien l’autorité et les responsabilités qui vont avec, sont un fardeau lourd à porter.

C’est au tour du scribe de prendre la parole, me citant le règlement des Marcheurs Austères et je lui indique :

J’ai reçu une copie du Code, et j’en suis d’accord avec les termes, sinon, je ne serais pas ici.

Ma phrase peut paraitre un peu agressive, mais je veux bien faire comprendre à mes différents interlocuteurs que j’ai fais un long voyage pour venir les voir et que j’ai une bonne connaissance de leur organisation.

Puis Reold et Markus ont de nouvelles questions, auxquels je réponds d’un bloc :

Je ne sais pas si mon cousin vous l’a dit, mais je participe à de nombreux tournoi, ce qui implique une hygiène de vie irréprochable pour être toujours en bonne forme physique. Je ne bois donc pas d’alcool et je mange de la nourriture aussi saine que possible. Concernant les entrainements journaliers, je les fais déjà.

J’ai en effet une bonne renommé dans le monde de la joute, et même si je ne suis pas le champion des provinces du Sud, je pense être parmi les dix premiers. Je me permets de sourire un petit peu quand le Maitre de l’Ordre me demande si j’ai amené des jeunes apprentis, puis je réponds :

J’ai avec moi, cinq écuyers entre quatorze et seize ans, tous des membres de la famille Pengriffons et désireux de faire leurs preuves. Je les ai moi-même formé et je réponds de leurs actes.

Ce sont en effet différents neveux, qui n’étant pas ainé, ont préféré choisir la voie des armes, plutôt que vitre au crochet de leur grand frère. Ils sont tous très motivé et ont déjà combattu.

Markus Stansen

« Les Champs Pourpres… l'An X… Quelle année sanglante… » laissa échapper Markus Stansen d'une voix morose.

Le Grand Maître n'avait pas participé aux combats, mais il lui a suffi de voir l'état de certains de ses frères d'armes pour comprendre que les combats furent rudes. Aucun Marcheur Austère n'avait péri cette année-là, mais les plus jeunes avaient eu du mal à se remettre de toute cette violence. Les plus âgés s'en étaient remis rapidement, et l'Ordre avait montré à quel point il était fraternel lorsque les plus expérimentés étaient là pour aider les plus jeunes.

Rolland répondit aux questions sans hésiter. Il restait poli et courtois. Suffisamment pour que Markus ne fulmine pas de colère pour un rien. Theodoric notait absolument tout ce qu'il disait, comme s'il était un esprit servant dévoué à cette seule tâche. Reold l'écoutait, un peu affalé sur son siège. Le Grand Maître restait impassible.

« Aux tournois, dites-vous ? Qui sait, vous pourrez concurrencer Sire Ormer Garan. Il est notre champion. Le plus titré de nos chevaliers en ce qui concerne les victoires en joute. Mais, participer aux joutes n'est pas obligatoire. Ce n'est qu'un “bonus”, dirons-nous. » explique Reold, lui qui ne participait jamais aux joutes. « Nous préférons éviter que nos chevaliers soient blessés à cause de ce genre de jeux. Et la surveillance des montagnes sera importante pour un domaine qui en est proche, comme celui de votre cousin. »
« En tenant pour important le fait que nous nous entraînons pas pour nous entraîner. Nous nous entraînons pour nous perfectionner. » ajouta Markus d'un ton très froid.

Reold Var-Denborr

Le Scribe leva la tête, voulant intervenir, mais il se replongea rapidement dans ses parchemins. Nul doute que sa remarque serait trop facile, et il préférait rester silencieux. Markus détestait quand il intervenait dans les discussions où il n'a aucun pouvoir. Toutes les réunions, en somme. Personne n'insista sur le fait qu'il disait avoir un régime de vie se rapprochant des Marcheurs Austères. S'il ment, cela se saura rapidement. Et l'Ordre réagira comme il se doit.

« Quatorze à seize ans. S'ils ont déjà un semblant de formation, c'est cohérent, mais il est encore trop tôt pour les adouber. Il faudra parachever leur formation. Et si votre régime de vie est aussi irréprochable que vous le dites, nous espérons qu'il en est ainsi pour eux. »
« De toute façon, Isaiah vous mettra à l'épreuve dès demain. Notre maître d'armes est aussi l'un de nos meilleurs chevaliers, au-delà du fait qu'il est un très bon formateur. Nous déterminerons les règles du “combat” et des autres épreuves demain. Nous verrons alors l'étendue de vos capacités physiques, athlétiques, mentales et martiales. »

Reold regarda Markus et comprit que celui-ci acquiesçait. Ce vieillard était d'un calme étonnant. Peut-être comprenait-il qu'un nouveau sanctuaire était bénéfique pour l'Ordre, autant qu'il pouvait l'être pour Fabius Pengriffon. Ou alors il savait qu'Isaiah était la meilleure personne pour mettre à l'épreuve Rolland ? Un silence s'installa tandis que le Scribe achevait de noter ce qu'il avait à transcrire.

« Nous avons encore quelques questions à vous poser. Quelles armes maîtrisez-vous principalement ? Lesquelles maîtrisez-vous le mieux et lesquelles vous ne maîtrisez pas ? De plus, j'aimerais que vous me fassiez un descriptif de chacun de vos cousins. Leurs points forts, et leurs points faibles, grossièrement dit. »

Je comprends grâce aux quelques mots que prononce Markus, que ce dernier connait bien la bataille qui a décimé ma famille. Mais ce n’est pas là le sujet de cette réunion et je suis bien plus intéressé par les paroles de Reold qui m’informe que les Marcheurs Austère, ont déjà un champion, un certain Sire Ormer Garan. C’est la première fois que j’entends ce nom, mais j’ai déjà hâte de le rencontrer, ce doit être un très bon jouteur car il a quand même réussi à ce hissé en haut de cet ordre composé de très nombreux chevaliers !

J’acquiesce en silence aux paroles de Markus, car je pense comme lui, il est nécessaire d’avoir un but pour l’entrainement, et les miens sont au nombre de trois, le premier est d’honorer Othar, le second est de faire mon devoir et le dernier, de rester en vie. En parlant d’entrainement, j’affronterai demain Isaiah, le maître d'armes et j’ai un peu la pression, mais c’est une bonne monté d’adrénaline, car cela me permet de me surpasser.

J’ai intérêt à me coucher tôt pour être au meilleur de ma forme demain, le voyage ayant été éprouvant. Mais ce n’est pas pour tout de suite, car de nouvelles questions apparaissent et j’espère que c’est les dernières, pour que la parole laisse place à l’action ! Pourtant je me continu à me maitriser, surtout que leurs interrogations ne sont pas dénuées d’intérêt, je réponds donc d’une voir ferme :

Je maitrise principalement la lance et l’épée longue, mais c’est la première qui est mon arme favorite, aussi bien celle de tournoi que celle de guerre.

Je préfère préciser car la différence est importante les lances de tournois sont pourvues d'une pointe métallique en forme de couronne ou de rosace afin de choquer mais pas tuer. De plus elles sont plus lourdes avec une garde et une arrière-main qui fait office de balancier, ce qui n’est pas le cas d’une lance guerre dont l’objectif est de percer une armure. Puis je continue ma réponse:

Je ne maitrise pas les armes à deux mains, car j’ai toujours utilisé un bouclier, de plus tout ce qui est arme contondante me sont étrangère.

Je parle bien sur des marteaux de guerre et autres masses d’armes, qui m’ont toujours paru trop lents à manier et peu pratique pour le combat à cheval. Ensuite, j’enchaine sur la description des cinq écuyers que j’ai ramenés :

Le plus vieux se nomme Jean, c’est un excellent combattant, avec une très bonne puissance de frappe, mais qui a du mal à se contrôler. Le cadet, Aldarbert est beaucoup plus réfléchis, sans doute le plus intelligent du lot, mais il a du mal à prendre des décisions. Viens ensuite Clément, qui a beaucoup de bonne volonté, mais qui a du mal à se discipliner. Puis c’est Fernand, malin, bonne maitrise des armes, il fera dans quelques années un excellent chevalier. Le plus jeune est Henri, il est également timide et manque d’assurance, pourtant, il est ambidextre et arrive, malgré son âge à combattre avec deux épées courtes.

Voilà, je pense avoir fais le tour. J’attends avec impatience la fin de l’entrevu, espérant que mes réponses ont été convaincantes.

Markus Stansen

Le Grand Maître ne tenait plus beaucoup en place. Il semblait avoir faim et soif, et il est vrai qu'ils étaient là depuis un moment. Mais, tout le monde sentait que la fin de l'interrogatoire approchait. De toute façon, ils avaient encore demain pour poser leurs ultimes questions si jamais il y en avait. En attendant, l'enjeu était trop important pour que Markus Stansen écourte impoliment cette réunion.

Le Meister, lui, restait calme. Après tout, cette manœuvre était de son initiative, et disposer d'un sanctuaire sur un territoire dépendant du Duché d'Erac était un honneur que personne ne pouvait ignorer. Pourtant, il n'était pas celui qui posait le plus de question. En tout cas, si Rolland était épuisé ou lassé de toutes ces questions, il ne le montrait pas. Tant mieux, cela voulait dire qu'il avait un semblant de patience et de discipline.

« Épée et lance, nous ne demandons pas plus. C'est le strict minimum et, entre nous soit dit, la polyvalence ne rime pas avec l'efficacité. » répondit Reold, qui se gratta le front comme s'il avait chaud. « Hélas, nous ne mettrons pas à l'épreuve votre capacité à jouter. Nous n'avons pas la place dans notre cour, et, quand bien même, il y a trop de risques de blessures. »
« Surtout si nous préparons un duel à armes réelles, ce qui a de forte chance d'arriver. » ajouta Markus d'un ton froid, trahissant un semblant de condescendance.
« En effet. Nos entraînements se déroulent à armes réelles. Généralement, nous utilisons des armes spécialement conçue pour. Certains de nos chevaliers ont des épées de très bonne facture et d'une belle esthétique. Nous ne voulons pas qu'ils les abîment. » soutint Reold d'un ton qui se voulait dans le reproche. Il aurait voulu cacher le fait que la mise à l'épreuve se déroulerait sans doute à armes réelles. « Dans tous les cas, les profils de vos cousins sont aussi intéressants que différents. Je ne sais pas si c'est fait exprès, mais c'est intriguant. Mais, nous reparlerons de leurs cas plus tard. »

Reold Var-Denborr

De ce que disait Rolland, ils étaient tous aptes à suivre une formation, sauf Clément, peut-être. La discipline est difficile à imposer à quelqu'un de turbulent, et il est trop important d'être discipliné pour que l'Ordre risque de prendre quelqu'un d'imprévisible. Il est plus difficile d'apaiser quelqu'un qui ne se contrôle pas, par exemple. Reold et Markus ont encore du temps pour en discuter entre eux et avec les chevaliers qui pourraient avoir un écuyer, et qui seraient parfaits pour chacun des garçons présentés par les Pengriffon.

« Est-ce que vous savez tirer à l'arc ou à l'arbalète ? » demanda finalement Markus.

En effet, les armes à distance n'ont pas été évoquées jusqu'à maintenant, même si un chevalier, quel qu'il soit, ne brille pas nécessairement par son talent d'archer. Mais cela a de nombreuses utilités. Chasse, discrétion, précision… ne jamais sous-estimer l'importance d'un bon archer. Le Grand Maître le savait très bien, lui qui était probablement le meilleur archer de l'Ordre, même à son âge. Après tout, il était vieux, mais loin de rendre son dernier souffle.

« J'aurais une dernière question à poser, avant de conclure cette réunion. » intervint le Scribe, qui avait levé le nez de ses parchemins. « Est-ce que quelqu'un, que ce soit votre famille ou un autre seigneur ou suzerain, peut couvrir les frais de l'équipement de chacun de vos écuyers ? »

Markus assassina le Scribe du regard, mais ne dit rien. C'était une question très importante et il ne pouvait l'ignorer. Tout le monde avait hâte que cela s'arrête pour pouvoir aller manger et se vider l'esprit avant une nouvelle entrevue en l'absence de Rolland. Néanmoins, on ne pouvait couper à la question des fonds pour chacun des écuyers. Rolland avait surement son armure, pas les autres.

Je dois dire que je suis un peu déçu quand l’on m’apprend que la joute ne fera pas partie des épreuves que je vais passer demain. Pourtant après un si long voyage, cette activité m’aurait dérouillé un peu. Le reste de la discussion entre les différents membres de l’ordre qui me font face est intéressante et j’apprends ainsi que nous allons nous mesurer à armes réelles, ce qui est assez inhabituelle.

D’habitude pour un premier duel, où il est impossible de connaitre de niveau de son adversaire, il vaut mieux utiliser des armes émoussées, car un maître peut facilement blesser un débutant et il n’y a rien de pire, quand on commence sa carrière de chevalier, de recevoir une blessure qui vous cloue au lit pendant des jours. Je n’ai moi-même pas d’épée d’excellente facture, car il est de coutume dans les tournois, de donner son équipement au vainqueur, et même si je n’ai jamais voulu le faire lors de mes victoires, je sais que certains concurrents sont là uniquement pour gagner de l’argent de cette manière.
Vient ensuite une question à laquelle je ne m’attendrais pas et je réponds en souriant à l’assemblé :

Lorsqu’une partie de ma famille à quitté le Médian pour venir à Soltariel, ils ont gardé certaines traditions de Hautval, dont l’entrainement à l’arc pendant tout l’enseignement du métier des armes. Je dois dire que cela fait quelques années que je n’ai pas tiré, préférant le choc, mais je sais que cela me reviendra si je m’exerce un peu. Je ne connais pas l’arbalète mais je suis tout à fais prêt à essayer ce nouvel instrument.

Je sais que certaines personnes considèrent l’arbalète comme une arme de lâche, mais je pense au contraire, que c’est uniquement la personne qui s’en sert qui définit cela. Il peut y avoir un soldat armé d’épée qui frappe dans le dos son adversaire et un arbalétrier qui te tire dessus à deux mètres, en te regardant droit dans les yeux.

La dernière question arrive et j’arrive tout juste à retenir mon soupir de soulagement. Pourtant je dois vite déchanter car nous traitons du nerf de la guerre, l’argent ! Mais le sujet a été évoqué dès le début de la formation des garçons, et je peux répondre sans gêne :

Tous les écuyers que j’ai ramenés avec moi sont des cadets, à ce titre et suivant la tradition des Pengriffons, ils n’hériteront pas de la terre de leurs parents, ce sera l’ainé. C’est pourquoi ils ont choisi cette voie, plutôt que de rester attaché à leurs domaines. Quand j’ai accepté de les prendre en formation, la famille s’est réunie et chaque volontaire sera équipé de pieds en cap avec armure, épée et chevaux à leur adoubement. Pour entretenir leur équipement et remplacer leur monture si elle est blessée c'est uniquement à leur charge.

Je sais que comparé à d’autre culture, cela peut être considéré comme injuste, ce principe que seul l’ainé hérite, mais nous évitons ainsi le morcellement des différentes terres appartenant à la famille. De toute façon, ce qui est fais et fais, il est impossible de revenir en arrière. Il ne reste plus qu’à attendre la fin de cet entrevu, manger léger et se coucher pour être en forme pour demain, car comme le disais mon père ; demain est un autre jour.

Markus Stansen

Il était grand temps d'aller manger. Reold et Theodoric commençaient à sentir la faim, eux aussi, et probablement Rolland également. Les dernières questions étaient posées pour ce soir, et les réponses allaient. Le Pengriffon était resté patient et courtois du début à la fin ; Othar sait à quel point l'Ordre s'attache à la discipline.

« Certains de nos chevaliers aiment chasser ou parfaire leur adresse. Le tir à l'arc est parfait pour cela, et certains s'adonnent même à des lancers de couteaux. Nous verrons si nous mettrons en place une séance de tir à l'arc demain. »

Le Meister savait que cela ne servait à rien de le faire s'il n'avait jamais touché à un arc de sa vie. En revanche, il avait déjà été entraîné pour, et c'est plus un avantage qu'un inconvénient. Encore faudrait-il qu'il n'ait pas oublié toutes ses leçons. Qu'importe. Ces choses-là seront rentamées en temps voulu… soit demain.

« Très bien. L'Ordre n'a jamais financé les équipements complets de nos chevaliers. Certaines choses le sont : le diadème, l'ornement de votre casque et les insignes et gravures. Le diadème est obligatoire, mais si, en principe, le reste ne l'est pas, il est fortement conseillé de vous assortir à nos frères d'armes. »

Theodoric écrivit ce qu'il avait à noter à une vitesse effarante. Trois parchemins assez grand étaient remplis de phrases, mots et listes en tout genre résumant cette entrevue. C'était terminé. Enfin. La faim tenaillait tout le monde et il était temps de manger et boire un coup. Reold, Markus et le Scribe se levèrent alors.

« Bien. Sire Pengriffon. Nous en avons terminé pour ce soir. Peut-être aurons-nous d'autres questions demain, mais, pour l'instant, nous nous contenterons de cela. Allez manger avec nos frères qui sont présents. Vous aurez sûrement tous droit à un lit, car nos effectifs sont assez rétreints aujourd'hui, bien que certains doivent être revenus depuis. Reposez-vous bien car demain, debout à l'aube. Ou avant, si cela vous arrange. D'ici là, les règles des épreuves auront été décidées et nous pourrons vous mettre à l'épreuve assez tôt. »

Rolland quitta le donjon et les trois membres de l'Ordre des Marcheurs Austères restèrent pour échanger rapidement des informations qu'ils avaient : de la teneur de l'épreuve , des écuyers, de Rolland lui-même et caetera. La conversation ne dura pas longtemps, d'autant plus qu'il ne servait à rien de s'enflammer si Rolland s'avère être un piètre combattant.

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Aube d'Arkuisa de la Cinquième Ennéade,
50 de Karfias de l'An XVII du Onzième Cycle.

Reold Var-Denborr

Peu avant l'aube, Reold, Markus et Isaiah se réunirent pour s'accorder sur les termes des épreuves. Rolland et ses parents, ainsi que les chevaliers des Marcheurs Austères qui étaient présents à Sainte-Berthilde attendaient dans la cour. Il fallait espérer que personne ne s'était montré trop désagréable envers le cousin de Fabius, mais ce n'était pas leur genre. Alors que tout le monde était réuni dans la Cour du Sanctuaire, le Maître, le Grand Maître et le Maître d'Armes les rejoignirent. Les épreuves allaient commencer.

« Bien. Sire Rolland, nous sommes enfin d'accords sur les épreuves qui auront lieu. Nous nous sommes décidés pour que vous disputiez trois épreuves. La première sera le combat avec Sire Isaiah en un contre un et à armes réelles. Vous aurez vos armures mais pas de bouclier, simplement une épée. » annonça Markus qui avait un sourire narquois car le défi était de taille. « La deuxième épreuve sera le tir à l'arc. Nous ne voudrions pas passer à côté d'un bon archer potentiel, ce dont nous manquons cruellement, à certains moments n'est-ce pas. » ajouta-t-il d'un ton froid à l'égard de ses chevaliers.
« La dernière épreuve sera d'ordre athlétique. Nous voudrions mesurer votre endurance, votre puissance et votre mental. Pour cela, nous allons vous faire faire une série de pompes. Ensuite nous vous ferons faire plusieurs tours de la Cour en courant. Vous ne vous arrêterez uniquement quand vous le voudrez… quand vous n'en pourrez plus, en somme. »

Rolland ne saurait pas quand il entrait dans les conditions de victoire et c'était tout le but de la manœuvre. Il pourrait ne rien réussir et quand même être accepté au sein de l'Ordre… ou l'inverse : il pourrait tout réussir et ne pas être accepté. Comment réagira-t-il face à la pression et l'anxiété ambiante ? Toutes ces épreuves nécessitaient un sang-froid pour qu'elles soient réussies.

« Oh, j'y pense. Pour ceux qui veulent en profiter pour s'entraîner, que ce soit l'épreuve d'athlétisme ou le tir à l'arc, vous pouvez le faire. En attendant, place au combat et, pour celui-ci, seul Rolland et Isaiah y auront droit. En cercle ! » Reold se mit aux côtés de ses chevaliers, qui formèrent un cercle autour de Rolland et du Maître d'Armes. Sire Angirv Bedlar apporta deux épées simples mais aiguisées aux deux combattants. « Je vous demanderai d'éviter de viser les parties sensibles. C'est une épreuve, pas un tournoi. Il est interdit de sortir du cercle. Maintenant, combattez ! »

Enfin, la réunion est enfin terminée et je peux me retirer. Les dernières remarques de mes juges n’appellent pas de nouveaux commentaires. Il va falloir que je me remette au tir à l’arc et le plus tôt sera le mieux. Concernant l’équipement fourni par l’ordre et le fameux diadème, je me demande si ce dernier m’ira bien, et si on peut choisir la couleur.

Je repars donc avec quelques interrogations mais satisfaits d’avoir réussis la première étape, mon cousin Fabius aurait été fier de moi ! Je trouve facilement le réfectoire où je peux manger un repas équilibré et sain, comme j’en ai l’habitude, le tout avec de l’eau bien fraiche. Je suis entouré d’hommes qui seront peut-être, demain, mes compagnons d’arme et cela me fais bizarre. Mes cinq écuyers mangent en silence à côté de moi, je les sens intimidé par le lieu et l’ambiance solennelle qui s’en échappe.

Je me lève avant l’aube et après une courte toilette, je rejoins les trois hommes constituant l’assemblée de hier soir. J’apprends ainsi la nature des trois épreuves et c’est plus ou moins à quoi je m’attendais, même si j’aurais espéré au moins une épreuve à cheval, car c’est ma spécialité.
Toutefois, je n’ai pas le choix et j’entre dans le cercle formé par les autres chevaliers, et je prends une épée, ayant déjà revêtu mon armure. Mon adversaire lui est déjà prêt et dès que je me mets en garde, il s’élance à mon encontre ! Au début, je pars facilement ses coups d’épée, mais alors que je pensais gagner ce combat haut la main, il se met à frapper mon côté gauche, où j’ai habituellement mon bouclier. Par réflexe, j’essaye de parer avec mon bras mais l’épée passe au-dessus et touche mon flanc !

Heureusement pour moi, le coup a été envoyé sans puissance, et je vois à travers le heaume de mon adversaire, celui-ci sourire, car il vient de découvrir mon point faible ! En effet, un second coup plus puissant et je tomberai sans le moindre doute. Dans ce cas, où la défaite est certaine, je fais une très courte prière à Othar et je fonce droit devant. Ce mouvement prend par surprise l’homme qui me fais face et je le vois ouvrir de grands yeux et se remettre en garde, mais il est trop tard et je fais voler son arme grâce à une habile torsion du poignet, avant de lui tomber littéralement dessus.
Si nous avions eu une dague, c’est à ce moment-là que je l’aurai achevé, au lieu de cela, je me relève et je tends la main à Sire Isaiah, même si j’aurais aimé vaincre leur champion Sire Ormer Garan, ce n’est que partie remise.

Le combat se termine donc par ma victoire, et j’enlève mon armure pour pouvoir tirer à l’aise avec l’arc que l’on vient de me présenter. C’est un arc long, et je retrouve instantanément les gestes pour tendre la corde au maximum de ses capacités. La cible est à seulement vingt mètres et je me concentre avant de tirer ma première flèche, mais celle-ci par complètement à côté car j’ai été surpris du recul. Je ne me décourage par pour si peu, et la deuxième frôle la cible. Les deux suivantes prennent le même chemin, mais j’ai à présent une bonne idée de la vitesse du vent et de la puissance de l’instrument que j’ai en main. Et les six autres sont tous dans la cible, et la dernière, touche même le centre.

Arrive maintenant la dernière épreuve et je me mets en position de pompe pendant que le Grand Maître commence à compter, ce qui ne me pose pas de problème, car je fais souvent cet exercice et dès que c’est terminé je me mets à courir et j’enchaine les tours. Cet exercice est plus difficile car j’ai l’habitude de courir mais en ayant une idée de la distance à parcourir dans un temps donné. Ici, c’est l’inconnu total et je compte tenir deux heures de course intensive, ce qui est mon maximum, je cours donc jusqu’à avoir les poumons en feu, mais je ne m’écroule pas et m’arrête devant le Maître de l’Ordre, lui souriant malgré le fait que je sois en nage et essoufflé, même si je récupère vite.

C’est donc détendu, et plutôt content de moi, que j’attends le verdict.

Markus Stansen

Le combat se déroula bien et dura quelques minutes. Les deux hommes se donnèrent et s'employèrent à se battre correctement. Isaiah fut le premier à prendre le dessus mais Rolland, dans un élan d'intelligence et de malice, contre-attaqua rapidement. Reold n'avait pas précisé les conditions de victoires, peut-être aurait-il dû le faire ? Dans tous les cas, le Pengriffon avait une bonne posture. Il sut désarmer le Waffenmeister qui avait baissé la garde.

La suite se révéla fructueuse aussi. Un nouvel archer, c'était une bonne nouvelle. Markus remarqua plusieurs erreurs sur sa posture qu'il corrigea par la suite. Les flèches qui suivirent étaient bien tirées, notamment les trois dernières. Seuls quelques chevaliers chuchotaient en commentant les épreuves. Reold, Isaiah et Markus restaient silencieux comme des tombes. Rolland n'avait pas menti, il sait bien se servir d'un arc. On ne sait jamais, après tout.

Enfin, la dernière épreuve arriva. Rolland avait de l'endurance, et de la puissance. Il donnait tout ce qu'il pouvait. Et, même s'il n'était pas le meilleur dans ces domaines là, il avait cette envie de satisfaire. Une fois qu'il eût terminé son dernier tour complètement essoufflé, les chevaliers se rassemblèrent près de lui, lui laissant le temps de reprendre son souffle. Leurs supérieurs s'isolèrent et après de longues minutes de tractations, ils revinrent vers le groupe.

« Sire Rolland, j'ose espérer qu'Isaiah vous aurait “achevé” si vous aviez été son ennemi. Mais, je prendrai sur moi les responsabilités de ne pas avoir assez étayé les conditions de victoire. Je pourrais estimer que le Maître d'Armes est vainqueur car il est le premier à vous avoir touché, mais votre réaction est digne d'un chevalier expérimenté et intelligent. » annonça Reold d'une voix neutre tel un jury qui veut cacher le plus longtemps possible le résultat.
« Pour le tir à l'arc. Vous devriez vous entraîner encore pour exceller. Votre posture n'est pas parfaite, et votre maîtrise du recul nécessite quelques séances aussi. Je voulais savoir où en étiez vos capacités de ce point de vue, et c'est satisfaisant, malgré les erreurs à combler. » enchaîna Markus Stansen.
« Enfin, votre endurance est satisfaisante. Presque deux heures sans s'arrêter, c'est le commun de nos chevaliers, certains arrivant à atteindre plus. Dirons-nous que c'est notre moyenne. Je garde le point noir pour la fin. Votre puissance et votre série de pompes est plutôt décevante. Nous en attendions plus. »
« Ceci étant dit, nous estimons que vous êtes apte à rejoindre l'Ordre et à prendre le Commandement du Sanctuaire des Marcheurs Austères à Pengriffon. Félicitations. Votre diadème nous sera livré dans l'après-midi, et il sera comme celui de nos frères d'armes. Il vous sera interdit de vous en séparer, même lorsque vous voyagez. Mais, n'oubliez pas une chose : votre victoire d'aujourd'hui ne sera pas nécessairement celle de demain. C'est pourquoi nous nous entraînons tous les jours. Il n'y a pas de place pour l'oisiveté. Sinon… bienvenue parmi nous ! »

Reold Var-Denborr

Les applaudissements émanèrent des autres chevaliers, dont certains n'hésitèrent pas à taper gentiment le dos de leur nouveau frère d'armes. Certains applaudirent et acclamèrent aussi le discours du Grand Maître. S'entraîner rudement et vigoureusement pour toujours espérer atteindre l'excellence. Une bonne nouvelle pour l'Ordre, qui étendait son influence. Une bonne nouvelle pour Pengriffon, qui semblait avoir de nouveaux gardiens de la paix. Que demander de plus ? Quoi qu'il en soit, il fallait mettre certains choses au clair.

« Pour le reste, vous êtes totalement libre, même si l'on pourrait dire qu'il est coutume d'orner nos casque de plumes, de cornes ou d'ailes, et de graver nos armures ou broder nos vêtements de symboles qui nous sont chers. Vous devez rendre compte de l'activité de notre Sanctuaire à Pengriffon au moins une fois par mois mais cela peut être plus. Rassurez-vous, un oiseau messager vous sera envoyé pour notifier la date de la réunion. Reold ? »
« Nous avons aussi étudié le cas de chacun de vos écuyers, et, en fonction de leurs qualités et de leurs défauts, nous avons choisi de les affilier à un chevalier qui saura palier leurs points faibles et perfectionner leurs points forts. Ainsi, Jean sera l'écuyer d'Ormer Garan, le champion. Aldarbert sera l'écuyer d'Isaiah Rodrisse, Clément celui de Korm Prédeaux, Fernand sera celui de Rolland Pengriffon et enfin, Henry sera aussi l'écuyer d'Isaiah. Nous voudrions qu'ils soient tous prêts à vingt ans maximum ! C'est votre défi, Messires ! »
« Pour vous assister à la gestion de votre Sanctuaire en attendant l'adoubement de vos écuyers, Sire Reold et Sire Isaiah vous assisteront dans la gestion du Sanctuaire, et n'importe quel Marcheur Austère sera libre de rejoindre votre Sanctuaire s'il en a l'envie ou s'il en ressent le besoin. N'hésitez pas à nous envoyer des oiseaux messagers si vous nécessitez de renforts. »
« En attendant, nous ferons ce qu'il faut pour trouver un trésorier et un intendant, et tout le personnel qu'il faut pour rénover notre nouveau Sanctuaire. Le premier aménagement concernera les lieux de vies : chambres et cuisines pour que tout le monde puissent siéger sans problème. Nous espérons qu'à la fin de Karfias, tout sera prêt. Vous pourrez rester ici tant que vous en sentirez la nécessité : vous êtes désormais la bienvenue en ces lieux. Est-ce que vous avez des questions, des suggestions ou des remarques à faire ? »

J’ai droit à un long débriefing sur mes performances, tout d’abord le combat contre Sire Isaiah que j’ai remporté, car même si mon adversaire m’a touché le premier, je l’ai mis à terre et j’aurais pu alors l’achever. Concernant le tir à l’arc où j’ai pris du temps avant de faire des résultats corrects, le Grand Maître semble satisfait, comme d’ailleurs pour la course d’endurance.

La surprise vient de ma série de pompe, que pourtant j’ai fait comme d’habitude, de toute évidence, c’est là un point que je dois améliorer et lors de la prochaine séance d’entrainement commune, je regarderai attentivement comment font les autres membres de l’Ordre. Malgré ce point noir, je suis admis au sein des marcheurs Austères !

C’est une très bonne nouvelle, et je ne peux m’empêcher d’arborer un grand sourire. Je prends officiellement le commandement du sanctuaire qui reste à bâtir sur les terres de mon cousin. Je suis aussitôt félicité par les autres membres, mais je n’ai pas le temps de me reposer sur mes lauriers, que déjà je reçois une liste d’instructions. Elles portent sur les rapports à faire régulièrement, l’attribution des cinq écuyers, le renfort qui sera envoyé dans la nouvelle antenne et pour terminer la restauration des lieux.

Oui, il y a beaucoup de chose de faire, mais avant toute décisions concernant l’ensemble des personnes qui vont être sous ma responsabilités, je vais chez le graveur et je fais marquer sur mon plastron, le symbole de l’ordre pour montrer à tous, que je suis devenu l’un des leurs, un véritable Marcheur Austère.

» [Terminé] Nordwald, dernière ligne droite au pays des Hommes. (Libre : Hagen)
» Fabius PENGRIFFON [Mara] en cours d'écriture
» Quand une traque favorise la rencontre du seigneur de Pengriffon | Fabius
» Doléances | Fabius
» La route est droite... [Pv Drahorn]

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