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 Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence

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Andran Straggen
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MessageSujet: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 5 Sep 2019 - 9:51

Kÿrianos de la Première Ennéade,
1er Favrius de l’An XVII du Onzième Cycle,
Dans un village à proximité de Diantra,
Avec Gaël de Laval et Clémence Hadjaoui.

Cela fait déjà plus d’une ennéade que la délégation berthildoise est arrivée à Diantra. Andran avait accompagné ses Marquis, et Clémence avait accompagné son preux chevalier. Certains évènements avaient empêché ce dernier de prendre soin de sa compagne, mais elle connaissait au moins certains coins de la ville grâce à lui. Ce n’était sûrement pas assez vu leur long voyage depuis le Marquisat du Nord et vu l’espoir qu’entretenait le nordien sur cette venue à la capitale du Royaume de Péninsule. Avec le début de l’automne, le fond de l’air était plus frais et les pluies se faisaient plus récurrentes. Il était plus difficile de gambader dans les prés sous une pluie battante.

Mais, fort heureusement, ce premier jour de Favrius fut épargné par la pluie. Un jour qui permit à Andran d’emmener sa chérie hors de la ville. Le charme d’un endroit résidait aussi sur ses alentours. Et, à des lieues à la ronde, la campagne de Diantra brillait par ses plaines verdoyantes. De loin, cela paraissait paisible. L’activité humaine et la foule avaient leur charme, et Andran appréciait l’entendre, de temps à autre. Cependant, le chevalier appréciait aussi les moments de calme, le silence comblé par le bruit du vent et des oiseaux. Dans la matinée de ce jour couvert mais sans risque de pluie, il avait convié Clémence à sortir dans la campagne. Il était habillé simplement, se contenant d’une tenue complété par un manteau et une cape gris violacé. Avec leur monture, ils s’engagèrent dans les prés sans trop réfléchir sur lequel était le mieux et lequel les éloignait de la ville. Tant que celle-ci restait proche, cela ne les inquiétait pas de s’enfoncer en rase campagne.

L’herbe luisait à l’humidité de l’air, lui donnant un air presque resplendissant, comme si elle était toute fraiche. Certaines fleurs ajoutaient de la couleur au vert de l’herbe, comme le jaune du pissenlit, le violet de la lavande ou encore le blanc de la marguerite. La plupart de la sortie était dominé par un silence léger entre Andran et Clémence. Ils profitaient de l’instant avec le sourire et le bonheur que représentait ces moments d’intimité. Ils arpentèrent les routes et chemins pendant des minutes et des minutes qui paraissaient si courtes, s’arrêtant devant des bosquets, des bois, ou des parterres fleuris qui se présentaient à eux.

Ils s’étaient tant enfoncés dans la campagne qu’ils arrivèrent à proximité d’un village paysan. Il n’était pas le plus petit ni le plus miteux que le chevalier avait rencontré, mais il demeurait rustique à l’instar de n’importe quel village. La douce odeur de la nature s’entremêlait aux senteurs âpres du fumier. De loin, certains paysans paraissaient aux abois, comme si une catastrophe était survenue. Pourtant, cela n’empêchait pas Andran de se diriger vers les fermiers scandalisés. Alors que l’ambiance était au brouhaha intense et à la bagarre tant la situation paraissait folle, la simple vue du chevalier et de ce qui paraissait sa compagne calma tout de suite leurs ardeurs. Suffisamment pour que certaines ne viennent quémander l’aide d’un noble en accourant vers lui.

« M’sire, m’sire ! Cela fait des jours que nous attendons de l’aide ! » dit l’un, qui fronça les sourcils devant la surprise du chevalier. « Une bestiole ou un gredin terrasse toutes nos bêtes ! On a perdu plusieurs chèvres, trois poules et une vache ! »
« Du calme. » répondit simplement Andran, visiblement hésitant. Il regarda profondément Clémence. Cette sortie lui était dédiée, mais le chevalier servant et altruiste qu’il était lui ordonnait d’aider ces pauvres gens. Mais l’amour avait une place importante dans le cœur de ce chevalier, même s’il n’était pas marié avec Clémence. « Clémence, je… cette sortie est la vôtre. Je ne suis pas venu pour les aider, mais… vous me connaissez. Néanmoins, je ne veux vous forcer à rien. Si vous désirez tourner les talons, je vous suivrai. » dit-il d’un ton neutre en toisant la jeune femme du regard.
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeMar 10 Sep 2019 - 19:39

Les jours s'étaient écoulés bien lentement au cours du voyage et Clémence se surprit à le trouver un peu long. Elle qui avait pourtant passé deux tiers de sa vie sur les routes pour suivre la troupe qui la tenait en esclavage, voilà qu'elle avait désormais une toute autre vision des choses. Entourée de tous ces inconnus dans un monde qui semblait ne pas être le sien, elle se sentait mal à l'aise et presque de trop. Elle n'avait plus Elise pour discuter en amie, plus de tâches pour rythmer sa journée et encore moins d'intimité pour développer doucement sa relation avec Andran. Il lui tardait non seulement d'arriver à destination mais aussi que tout ceci se termine. Elle regrettait presque la rigidité de l'Ordre et les regards par trop compatissants des chevaliers qui savaient par quoi elle était passée.

Néanmoins, une fois à Diantra, les choses avaient un peu changées. Si l'Inquisiteur était assez occupé, il avait su s'aménager un peu de temps pour elle et leurs chambres respectives leur offraient un minimum d'intimité pour de longues étreintes. Si jamais il en avait fait la proposition, la jeune femme se serait cependant retrouvée incapable de s'étendre sur le lit avec lui... Cela représentait une trop grande étape et surtout un rappel plus que flagrant de son passé.
Lors des absences d'Andran, Clémence s'était rendue à Sainte Deina pour demander à suivre quelques leçons de théologie en vue de sa conversion. Cependant, devant le trouble qu'avait causé l'éclipse, elle avait surtout prêté main forte aux prêtres du temple, elle-même -et son compagnon- ayant eu la chance de réchapper à ses effets. Ainsi, elle n'avait reçu que quelques leçons jusque là mais la Mère qui l'accompagnait reprendrait bientôt son ouvrage auprès d'elle avec plus de rigueur encore après l'aide qu'elle avait fourni.

Lorsque le chevalier était venu lui proposer de profiter d'une journée de beau temps seul à seul, Clémence en avait été plus que ravie. Si Sessiz avait été content de pouvoir se reposer un peu, après une ennéade en écurie, il était bien heureux de ressortir aussi, même si la ballade se révélait des plus paisibles. Malgré le silence, l'ambiance était romantique, le jeune couple profitant des dernières floraisons estivales avant que les orages et le froid aient tout balayé. La jeune femme peinait presque à regarder son compagnon sans rougir.
Après quelques heures de douce errance, l'agitation qui régnait dans un petit village finit par attirer leur attention. Ou plutôt était-ce un homme qui les arrêta afin d'exposer son problème à Andran. Ce dernier se retourna finalement vers elle, lui demandant de choisir la suite à donner à leur escapade. Clémence s'en retrouva interloquée, sa voix s'étranglant à moitié en voyant son compagnon la laisser entièrement libre de décider s'ils passaient ou non leur chemin. Son regard alterna quelques fois entre lui et le paysage désormais suspendu à ses lèvres. Finalement, elle s'arrêta sur le chevalier et ses épaules s'affaissèrent dans un doux soupir.

-Je ne serais pas là aujourd'hui sans votre esprit chevaleresque et votre sens du devoir. Ce n'est pas moi qui vous demanderai de les taire, quand bien même nous ne devions que nous promener ensemble cet après-midi. Répondit-elle sincèrement. Et que penserait Othar de vous voir reporter l'application de votre serment ? Acheva-t-elle avec un sourire à la fois doux et un brin malicieux. Puis elle porta son regard sur la tenue de l'Inquisiteur avant de revenir à ses yeux. Êtes-vous sûr d'avoir ce qu'il vous faut ?

Après leur visite d'Erac où l'armure d'Andran s'était révélée de trop, ce dernier avait bien retenu la leçon et l'avait laissée derrière lui. Cependant, une côte de maille serait sans doute appréciée dans une telle situation. Elle voulait bien s'arrêter pour aider ces gens mais pas que son compagnon se retrouve inutilement en difficulté, voire blessé.
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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 12 Sep 2019 - 19:16

Linaëlle:
_ Est-ce que tu penses qu’ils savent qu’on a tout entendu ?
_ A mon avis c’est lui qui en a eu l’idée.
_ Certes mais ça ne répond pas à ma question.
_ Franchement, je pense que ça leur passe au-dessus. Fais comme si tu n’avais rien entendu. Tu crois que personne ne sait pour Guillaume et toi ?
_ Mais ! Enfin… Je…
_ Tu as ta réponse mon gars.


Le soldat ne pu s’empêcher d’accompagner ces mots d’une tape dans le dos de son compagnon et d’un rire que d’aucuns qualifieraient de fort plus que de gras. D’ailleurs le rire plus que les mots fut communicatif et les soldats alentours se mettent également à brailler tout en critiquant ouvertement le pauvre homme aux mœurs pour le moins volages. L’origine de cette discussion ? Les bruits on ne peut plus explicites du couple de Laval provenant du fiacre couvert tiré par quatre chevaux noirs et blancs. Tout commença par des soupirs, échappés, qui arrivèrent aux oreilles des gardes. Mais ceux-ci ne firent réellement attention à ces bruits à l’évocation d’un vêtement difficile à ôter. Dès lors, les discussions entre les hommes devinrent sans intérêt, là seulement pour meubler, pour évoquer autre chose tandis qu’à quelques mètres d’eux, leur seigneur et leur dame s’amusaient en toute simplicité. Le devoir conjugal dirait l’un, un moyen de faire passer le chemin selon l’autre. Quoi qu’il en soit, le calme semblait être revenu désormais. Quelques rires résonnaient de la caisse en bois montée sur des roues et, finalement, ta tête jaillie par la fenêtre jusqu’ici obstruée par ce qui ressemblait à des dessous féminins.

_ Et alors ! Sommes-nous encore loin Romuald ?
_ Une demi-journée à cette allure, trois heures tout au plus si vous prenez votre cheval…


On pouvait presque entendre le début d’un mot, comme s’il n’avait point fini sa phrase et qu’il souhaitait rajouter quelque chose. Mais il ne dit rien et se contenta de baisser la tête et de poursuivre sa marche dans l’herbe humide, escortant la berline sur la route rocailleuse. Tu retournes à l’intérieur pour poser ton regard sur ta bien aimée, un poil débraillé, les cheveux rebelles et le regard moqueur.

_ Ainsi donc vous songez à me laisser Ô mon Seigneur ?

Elle sourit, lève les yeux au ciel et se saisit d’un ruban rouge, tombé au sol quelques minutes plus tôt. De ses doigts agiles, elle se recoiffe. Les mèches sont alors domptées avec une rare efficacité et nulle n’osa se rebeller. Aucune ? En réalité il y en avait une qui, se dressant tel un épi sur la tête de la Dame de Beaurivages, s’éleva si haut qu’elle formait un croissant pointant vers le ciel. Tu souris devant ce tableau et passe ta main pour mettre à bas la révolution capillaire. Le combat est féroce et la mèche si orgueilleuse en vient à abandonner. C’est à la suite de cette victoire Ô combien mémorable que Linaëlle pu attacher son ruban dans ses cheveux en toute grâce. Vos lèvres s’échangent alors un baiser d’une dizaine de secondes. Dehors le paysage invitait à la douceur et à la contemplation. Vos regards se détournent vers celui-ci, glissent sur l’herbe verte pour ensuite longer le tronc des arbres sur lesquels coulent encore quelques gouttes de la veille. Elle se blottit entre tes bras, serrant tes doigts entre les siens.

_ Je crois que je n’ai jamais été aussi heureuse…

Cela faisait si longtemps que tu attendais cette phrase. Chaque jour fût dicté par deux intérêts parfois contradictoires, rendre heureuse la femme que tu aimes et faire prospérer la baronnie. Mais jusqu’à présent tu es persuadé d’avoir réussi à mener les deux de front et la révélation de Linaëlle te conforte dans cette idée.

_ Je t’aime si fort…

Elle se contenta de prononcer ton prénom en murmurant puis déposa ses lèvres sur le dos de ta main. Les yeux clos, elle écouta le son de la nature rythmée au rythme des grincements du bois, de ta respiration et de la marche des hommes et des bêtes. Mais bientôt ce rythme fut brisé par l’arrêt de ces derniers. Quelques mots furent échangés et finalement le brave Romuald vînt frapper à la porte.

_ Mon Seigneur, nous sommes arrivés dans un village. Nous devrions donner à boire aux chevaux.
_ Faîtes, faîtes !


Puis tu approches ta bouche de l’oreille de Linaëlle pour lui proposer, dans un murmure sensuel, de sortir se dégourdir les jambes. Dans un rictus instinctif, la dame demanda depuis quand il était nécessaire de se promener pour se dégourdir les jambes avant de libérer un rire cristallin et de se redresser pour ouvrir la porte et poser le pied dehors. Tu la suis de prêt mais celle-ci, son sourire toujours présent, te tend sa main pour t’aider à descendre. Les rôles furent inversés en cet instant et son sourire devînt le tiens. Tu attrapes sa main et descend la tête haute. Tes pieds touchent le sol pour la première fois depuis cinq heures, tu t’étires et balaie l’horizon de ton regard. Finalement un paysan approche de toi et sans lui laisser l’occasion de placer un mot, tu te lances.

_ Mes salutations cher Monsieur, je viens de loin pour rejoindre Diantra, puis-je abreuver mes bêtes et mes hommes dans ce village ? Je vous paierai ce qu’il faut, n’ayez crainte.
_ Mes hommages messire, vous pouvez, vous pouvez ! Inutile de me payer, j’aurai b’soin d’votre grâcieuse personne pour tout’autre chose…
_ Hum… Dîtes et j’aviserai.
_ Une bête féroce s’attaque à nos bêtes. Immense à ça oui ! Le chevalier là-bas a accepté d’nous aider… Mais on s’rai pas contre quelqu’bras d’plus.


Tu te tournes vers Linaëlle. Elle te sourit et fait mine d’acquiescer. Comment aurait-elle pu refuser d’aider de pauvres gens après tout ?

_ Très bien, amenez-moi à ce chevalier.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeSam 14 Sep 2019 - 17:10

Andran était soulagé de savoir que Clémence le comprenait. En soi, bien qu'il avait toujours cette peur que le contraire n'arrive un jour ou l'autre, il ne doutait pas d'elle. Il lui avait fait des promesses, à elle aussi, et elles avaient beaucoup d'importance à ses yeux, même si elles n'étaient pas officielles. Peut-être n'aurait-il pas dû agir ainsi, mais il ne regrettait pas ses choix. Clémence n'était pas comme les autres. C'est ce qu'il aimait, d'ailleurs. C'est ce qu'il avait toujours désiré. Son sourire remplaça les mots qui auraient servi à exprimer le remerciement face à sa réaction.

« J'ai mon épée… ce qui est utile face à n'importe quel ennemi. Ce n'est pas toujours le cas de l'armure. » répondit-il d'une sérénité étonnante. Il avait l'habitude de risquer sa vie, et il n'avait pas toujours son armure complète pour cela. Celle-ci ne protégeait pas de tous les dangers. « J'aviserai au besoin. »

Certains paysans lancèrent des acclamations de joie à l'idée de savoir que quelqu'un allait (enfin) les aider. Rapidement, les témoins des attaques, ou du moins ceux qui pensaient en savoir quelque chose se manifestèrent pour raconter ce qu'ils avaient vu. Le berger, l'éleveur de poule et celui de vaches étaient les premiers concernés par toute cette histoire, donc il était probable qu'ils aient vu la bête en action lorsqu'elle s'en est pris à leur bétail. Ils auront sûrement du mal à en parler, parce qu'ils devaient encore être sous le choc de voir un gros monstre s'en prendre à ce qui représentait toute leur vie. Andran les écouta du mieux qu'il pouvait, déchiffrant tous ces mots amputés de certaines lettres, le tout prononcé dans un accent paysan qu'il avait parfois du mal à comprendre, surtout lorsqu'il est combiné avec l'accent du Médian. Ces pauvres bougres venaient de lui rappeler à quel point il ne voyageait jamais.
Les descriptions données par les trois fermiers concordaient. Elles faisaient état d'un animal immense et solitaire venant des petites falaises forestières au nord du village, avec de grandes griffes pointant de ses larges pattes, une grosse gueule, il se tenait sur ses jambes arrière et il “hurlait à en faire trembler les dragons”. Le chevalier ne voyait pas ces bougres extrapoler leur récit pour espérer quelque chose de plus que l'aide d'un chevalier. Néanmoins, avec le choc et la peur qu'ils ont ressenti en étant attaqués, il est possible que leur histoire ne colle pas tout à fait avec la réalité. Si la description qu'en faisait les paysans collait avec ce qu'imaginait Andran, pourquoi ne pas tout simplement dire qu'un ours ou un grizzli faisait régner la terreur sur le bétail ?

« Si c'est bien ce que je pense, il nous faudra plus que mon épée pour l'affronter… » soupira le chevalier légèrement désabusé. Le moins qu'on puisse dire est que la sortie qu'il avait “prévu” pour Clémence se déroulait étrangement. « Vous auriez des arcs, des pièges ou des lances pour affronter un ours ? »
« Un ours ?! » s'écria l'un des paysans, les cheveux hérissés tant il était catastrophé. « Mais, m'sire ! On a qu'des pièges à loups, et y z'ont servi à rien d'puis l'jour où on les a mis. On a j'mais prévu d's'battre 'vec un ours ! »
« Pourtant, ce que vous me dites ressemble plutôt à un ours. Ou un grizzli, éventuellement. Dans tous les cas, nous ne pouvons pas partir à la chasse sans réfléchir. Il faut réunir du matériel et bien se préparer à affronter la bête. »
« V'pourriez demander à Léon ou à Phil', y z'ont p't'êt des trucs à vous donner. Y z'ont leur maison au plus au sud du village. »

Andran hocha la tête avant de laisser les fermiers retourner à leurs occupations. Il était seul avec Clémence près de la bergerie, et demeurait silencieux et pensif, son esprit déjà tourné sur la stratégie du combat qui semblait se profiler. Le chevalier avait déjà affronté un ours… mais avec ses frères d'armes armés et parés d'un équipement sophistiqué, et non pas avec des paysans et sa compagne, aussi douée et utile pouvait-elle être. Toutefois, s'il n'était pas rassuré, il préférait éviter de le faire savoir à sa chérie.

« J'e vais aller voir les paysans qui auraient du matériel. Nous devrions nous séparer pour aller plus vite. Peut-être qu'ils ont des blessés qui peuvent être sauvés, ou des dégâts à réparer ou que sais-je encore. Rassurez-vous, vous avez beau être une femme et être métisse, ils ne rejetteront pas bien longtemps une paire de bras et un esprit doué. D'autant plus qu'il est probable qu'ils côtoient plus souvent des personnes de couleur. » lui dit-il avec un doux sourire. Il lui baisa le front, et s'éloigna d'elle après lui avoir caressé les bras et les mains.

Andran trouva facilement les maisons en question. Le village se situait sur le croisement de deux routes, qui guidaient donc les voyageurs sur les quatre points cardinaux. Pourtant, la grande majorité des maisons s'alignaient autour de la route qui allait d'Est en Ouest, et une petite partie faisait de même sur la route Nord-Sud. En se trimballant dans le village, il put constater qu'il n'était pas aussi grand qu'il en avait l'air. Les maisons étaient assez grandes et donnaient cet impression d'urbanisme qu'Andran avait ressenti en arrivant à proximité. Les routes étaient en pierre irrégulières bordés par de l'herbe mal entretenue. Certaines maisons étaient étonnamment propres et comme neuves mais la plupart restait miteuse. Une ambiance de calme presque sinistre régnait depuis quelques minutes.

Trouvant la porte d'une de celle qui était assez propre mais plus petite également, le chevalier toqua doucement, avant d'entendre le grincement des gonds de la porte en bois légèrement délavé. Un homme avec les cheveux en bataille et mâchant des feuilles de menthes apparut devant le noble. Il resta silencieux mais son regard interrogatif était suffisant pour comprendre ce qu'il avait en tête. Visiblement, il était plus à l'écart du reste des fermiers. Il avait une barbe broussailleuse et le visage maculé de terre sur lequel on pouvait apercevoir quelques traits de peinture rouge.

« Salutations. Vous êtes Léon ou… Philippe ? » demanda poliment le chevalier.
« Léon, oui. Le chasseur du village, comme on m'appelle. Et vous, vous êtes pas du coin. Vous devez sûrement être le héros de ces messieurs. » répondit le villageois qui avait une voix étonnamment douce par rapport à sa carrure.
« Pas le vôtre ? » s'étonna Andran en fronçant les sourcils. Il n'aimait guère le ton de ce garçon, et encore moins ses sous-entendus. Le chasseur se prit à glousser avant de lui répondre, toujours avec son ironie agaçante.
« J'ai une cabane dans les bois… »
« Là où l'ours rôde ? » l'interrompit le chevalier d'un ton un peu plus provocateur, rentrant dans le jeu de Léon.
« Exa. Mais j'y étais déjà avant qu'il ne se manifeste. Malheureusement, je n'avais pas assez de matériel pour le tuer, alors je me suis contenté de l'esquiver. »
« Mais, pourquoi ne l'avez-vous pas dit aux autres ? »

Le chasseur resta silencieux, et regarda à droite puis à gauche avant de convier le noble à entrer à l'intérieur. C'était un logis sombre, où quelques petites fenêtres là et là offraient la lumière du soleil. Le mobilier était poussiéreux et vieilli, et le parquet grinçait à chaque pas qui le foulait. Léon s'approcha de deux chaises, soufflant longuement dessus pour faire évacuer la poussière, avant de s'y asseoir et de convier Andran à faire de même. Ce dernier refusa et s'appuya sur le dossier de l'autre chaise en se penchant légèrement. Son air suspicieux suffit à faire comprendre qu'il n'avait pas tout son temps pour obtenir des réponses. Il avait envie d'en finir vite pour pouvoir passer un bon moment avec Clémence, ce pourquoi il était sorti de la capitale.

« Je suis rentré hier soir et, ce matin, je leur ai dis qu'un ours traînait dans les bois et qu'ils devaient faire gaffe s'ils s'éloignaient. Mais rien ne prouvait que c'était lui, la cause des précédents tumultes. D'autant plus qu'ils n'ont pas été foutus de reconnaître un ours. Et puis, hier et aujourd'hui ont été épargnés notre ami la bête. » finit par dire le chasseur en perdant son ton espiègle.
« Rassurez-moi, il est bel et bien tout seul, cet ours ? »
« Hé bah… qui vous dit que c'est le même qui a attaqué à chaque fois ? En plus, je ne sais pas où est la tanière ni même ses caractéristiques précises. J'ai tout fait pour ne pas tomber nez-à-nez avec celui que j'ai entendu, et cela reste rare qu'un ours s'attaque au bétail. Mais bon, je n'imagine pas autant de ces bêtes là proches de la capitale. »
« La concurrence avec un chasseur l'a amené à sortir de sa zone de confort, visiblement. Concrètement, quel matériel avez-vous à disposition pour affronter un ours ? »
« Je chasse à l'arc, même si j'ai une ou deux lances qui doivent traîner dans le logis. Je n'utilise jamais de piège à ours. Je ne chasse pas ce genre de bestial, d'ordinaire. »
« Et je suppose que vous êtes le seul chasseur ici ? »
« Hé oui. Vous remarquerez que ce n'est pas la garde royale qui siège ici. »
« Très drôle. »
« Enfin bref. Je vous aiderai dans la mesure du possible. Vous demandez, je réponds. »
« Pour l'instant, nous tâtons simplement le terrain. Nous ne pouvons nous lancer en chasse de manière irréfléchie. Nous devrons rapidement faire un tour dans les bois pour trouver sa tanière et planifier une attaque. »
« Sensé, j'en conviens. Je suis ravi de savoir qu'il existe encore des nobles qui n'agissent pas que par appât de la gloire pour finir dans l'estomac d'une bête puissante. » répondit le chasseur en se levant. « Suivez-moi, je vais vous montrer ce que j'ai en réserve. Vous me direz ce que vous en pensez et ce dont vous voudrez vous servir. »

Léon se leva de sa chaise qui grinça avant d'emmener le nordien dans sa réserve aussi poussiéreuse que le reste de la maison. Pour sûr, il ne passait pas beaucoup de temps ici, et il ne le passait pas à nettoyer son taudis. Le chasseur sortit deux lances du cagibi qui empestait le renfermé. Les lances étaient d'une qualité effroyablement médiocre, car le bois des manches n'était ni taillé, ni poncé, et que la pointe était rouillé sur certaines parties. Si l'ours ne meurt pas de ses blessures, il mourra au moins du tétanos. Il sortit aussi un arc et un carquois rempli de flèches qui, eux, étaient d'une assez bonne facture, comme si les lances ne lui servaient qu'à se donner un genre.

Alors qu'il était en train d'en discuter avec Léon, avec qui il arrivait à sympathiser notamment parce qu'il avait un vocabulaire plus audible d'une oreille noble, quelqu'un vint taper à la porte de la maisonnette du chasseur. Les deux hommes partirent en direction de l'entrée pour savoir qui venait à eux, même si Andran supposait qu'il s'agissait de Clémence. Mais non. C'était le paysan qui l'avait supplié de les aider lors de son arrivée qui était venu lui dire que quelqu'un était arrivé et qu'il souhaitait le rencontrer. Ce quelqu'un était un noble qui n'était pas seul. Andran resta coi pendant un court instant, se demandant qui cela pouvait bien être.

Il suiva alors le paysan jusqu'à la place centrale où les fermiers s'étaient rassemblés au moment où le chevalier était arrivé avec Clémence. Mais cette fois-ci, il y avait un chariot avec plusieurs gardes protégeant un jeune homme et une femme qui devaient avoir le même âge à quelques années près. Ils étaient tout à fait élégants et beaux, et probablement trop bien habillés et parés pour être de vulgaires agents du Roi venus réclamer l'impôt. Andran s'approcha lentement d'eux, le regard scrutateur comme s'il essayait de savoir à qui il avait affaire. Cela ne servait pas à grand chose, il n'avait jamais vu ce garçon ni cette fille qui l'accompagnait. Puis, en balayant rapidement les alentours du regard, il ne voyait pas Clémence. Son cœur ressentit une légère anxiété alors qu'il se fraya un chemin pour aller à la rencontre de son confrère de sang bleu.

« Je vous salue, Monseigneur. » déclara Andran d'une voix forte et solennelle en portant la main au cœur et inclinant légèrement la tête. « Je suis Andran Straggen, Chevalier de Sainte-Berthilde et de l'Ordre des Marcheurs Austères. J'aide ces pauvres gens à tuer un ours qui s'en prend à leur bétail. Êtes-vous ici pour nous aider ? Je vous avouerai que je ne suis pas sûr d'y arriver seul avec ma compagne et ces gens qui sont terrassés par la crainte… »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 19 Sep 2019 - 18:44

Tandis qu’Andran était parti de son côté interroger les victimes des attaques, Clémence avait suivi un tout autre chemin. Apprenant que quelques animaux avait été blessés, elle avait proposé ses services en matière de soins. Les paysans avaient été un peu offusqués qu’elle pense savoir mieux qu’eux comment soigner leurs bêtes mais ils n’allaient pas chercher à contrarier celle qui était visiblement la compagne d’un chevalier. L’épouse du vacher fut désignée par son mari pour l’accompagner auprès des deux vaches rescapées de la dernière attaque. La jeune métisse fut donc conduite jusqu’à l’étable où elles se reposaient. Enfin, reposer était un bien grand mot… L’une d’elles bougeait à peine, allongée sur la paille, tandis que l’autre était prostrée dans un coin de la stabu.

-Elles sont ainsi depuis longtemps ?
-Non. Z’étaient plus agitées en rentrant. On a même eu du mal à leur faire passer la porte.

Clémence posa une main sur le loquet mais la paysane l’arrêta.

-Vous d’vriez pas faire ça.
-Et comment puis-je les soigner si je n’entre pas ?
-Dans leur état, ‘sont imprévisibles.

L’estrevine sourit pour la rassurer avant d’entrer dans le box des deux animaux la seconde suivante. A peine avait-elle mis un pied à l’intérieur qu’elle leur parla d’une fois douce dans une langue que la paysane ne comprenait ni de près ni de loin. Elle se présenta aux bâtes dans son dialecte natal et leur assura qu’elles n’avaient rien à craindre d’elle. Elle s’approcha prudemment de la première, allongée. Elle remarqua bien vite qu’elle respirait tout juste. Du sang s’écoulait lentement de la plaie qu’elle avait au cou. La coagulation avait ralenti le saignement mais pas suffisamment au vu de la large tâche rougeâtre sur le sol.

-Elle se vide lentement de son sang. Il faut bander la plaie.
-J’sais bien mais on n’a pas d’bandages assez larges et longues pour une bête comme ça !
-Et des draps propres, vous en avez ?
-Euh ! Bah… Oui. C’te question.
-Allez en chercher. Ainsi que de la lavande, un mortier et un seau d’eau claire.

La fermière resta interdite quelques instants mais finit par sortir. Clémence fixa un petit moment encore la porte par laquelle elle avait disparu en se disant qu’il faudrait qu’elle s’habitue… Elle avait toujours été une étrangère dans ce pays mais n’avait que rarement eut la possibilité de se confronter à la population locale avant sa rencontre avec Andran. Et, plus encore que la crainte et la haine qu’elle pouvait inspirer chez les plus superstitieux et les plus traditionalistes, elle se voyait également octroyer un certain respect du fait de sa relation avec l’Inquisiteur. Et cela la surprenait plus encore…
Finalement, elle se leva et alla examiner la deuxième vache, s’approchant calmement tout en s’adressant à elle dans cette langue chantante venue de loin. Elle présentait des blessures bien moins graves et se retrouvait plus choquée qu’autre chose. Elle lui parla et lui parla encore calmement pour l’apaiser, associant quelques caresses à ses paroles. Lorsque la paysane revint, Clémence sortit enfin du boxe et observa ce qu’elle avait rapporté.

-Vous pouvez détacher les fleurs de lavande pour les mettre dans le bol du mortier pendant que je la bande ?

La jeune femme hésita une seconde avant de hocher la tête et de se mettre au travail. De son côté, la métisse prit un drap et retourna dans la stabu. L’animal fut bien vite pansé de manière à arrêter l’hémorragie de sa gorge. Puis Clémence retourna auprès de la paysane pour commencer à piller les fleurs, ajoutant parfois un peu d’eau pour donner la texture souhaitée à sa préparation. Lorsqu’elle eut terminé de former une pâte facile à étaler, elle alla retirer le bandage pour l’appliquer sur la vache. Malheureusement, une seule fournée ne suffit pas à recouvrir l’ensemble de la plaie.

-Je pense qu’il en faudra deux autres comme cela. Dit-elle avant de remettre le drap en place et de se remettre au travail.

Alors qu’elle achevait sa deuxième fournée, Clémence perçut un peu d’agitation au dehors et reconnut la voix lointaine d’Andran. Elle confia alors le bol à la fermière en lui demandant d’aller l’appliquer sur la bête de somme tandis qu’elle s’approchait de la porte de l’étable. Voyant à qui il s’adressait, elle resta là, à moitié dans l’ombre du bâtiment. Sa crainte des hommes et des nobles ne s’était atténuée que dans quelques rares cas. Globalement, elle restait la même que le mois passé, ce qui était normal après les années qu’elle avait traversé. Alors, trouver des inconnus de haute naissance au-dehors la mettait plus mal à l’aise qu’elle ne l’était déjà. Sans même s’en rendre compte, elle remit en place son foulard sur ses cheveux. Elle observa l’échange quelques instants avant de retourner à l’intérieur pour commencer à préparer le troisième bol d’onguent à la lavande.
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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeMer 25 Sep 2019 - 9:07

Le sol était boueux par endroit, l’automne entraînant la pluie, celle-ci n’a pas attendu pour faire son office. L’herbe verte aux alentours cachait de petits marécages faits de boue et de déjections des animaux du village. La campagne dans son plus simple appareil en somme. Tu attendais patiemment ce fameux chevalier en discutant avec les paysans sur leur problème du moment. Et quel problème ! Tu ne savais pas réellement quoi penser de leur discours, à les entendre il y aurait une meute de dragons chimériques montés par des Drows qui prendraient un malin plaisir à voler leur bétail. Peut être que tu exagères un peu. Finalement le fameux chevalier se montra et son accent ne faisait que confirmer ses origines lointaines. Linaëlle était au fait de ton aversion aux Nordiens et -en bonne religieuse- n’a de cesse depuis six ans de te rappeler que tous les Hommes sont frères dans ce Royaume. C’est donc après quelques secondes de latence que tu réponds à ton interlocuteur.

_ Messire… Ainsi donc la meute de dragons décrite par ces messieurs ne serait, finalement, qu’un ours ?

Enfin un peu de logique. Tes yeux se baladent sur l’assemblée, un peu gênée, pour revenir au chevalier. Tu souris en levant théâtralement une main au ciel, tes yeux se ferment, tu inclines la tête sur le côté et d’une voix assurée tu te lances.

_ Eh bien soit, allons nous occuper de cette bête ! Cela tombe bien, j’ai avec moi des hommes qui trouvaient le voyage monotone. Un peu d’exercice ne leur ferait pas de mal, n’est-ce pas messieurs ?


Les soldats ne répondirent pas, se contentant de frapper le sol de leur lance. Puis c’est au tour de Linaëlle de prendre la parole. Elle s’avance pour se rapprocher du chevalier de Sainte-Berthilde et lui offre un sourire bienveillant avant d’incliner la tête.

_ C’est un honneur de rencontrer un chevalier au service d’un ordre sacré. Mais avant de nous lancer à la recherche de cette bête, nous devrions nous préparer. Nous venons de Missède dans le Langecin et ce voyage vers Diantra fut… fatiguant.
_ Ramollis est le mot. Nous avons besoin de nous réveiller avant de nous lancer à la poursuite de cette bête.


Et puis il fallait également préparer un plan, mettre en évidence une zone de recherche et se séparer en groupes afin de couvrir un large espace. Les soldats devaient s’étirer, s’échauffer, préparer leurs muscles et faire l’inventaire des armes à prendre. Bref, il allait falloir une petite heure de préparation avant de pouvoir s’enfoncer dans la forêt pour éviter les blessés, voire pire, les morts. Finalement, tu te présentas. Tu lui présentes ton bras pour l’inviter à le saisir avant de poursuivre.

_ Il n’existe meilleure rencontre que deux hommes tirant l’épée ensemble. Je suis Gaël de Laval, régent de Missède et c’est un honneur de me battre à vos côtés.
Ton regard se déporte vers ta femme, tu poursuis. Voici Linaëlle de Laval, née de Lancrais, prêtresse de Néera… Et avant tout, mon épouse. Nous avons donc deux fois plus de chances d’être aidés des Dieux en ce jour. Tu lui fais un clin d’œil, puis tu poursuis. Ne perdons pas de temps, quel est votre plan ?
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 29 Sep 2019 - 10:10

« Ceux qui ont perdu leurs bêtes m’ont décrit ce qui ressemble tout bonnement à un ours. Ils étaient les plus proches des scènes, même si le choc est encore présent dans leurs esprits. » répondit Andran avec un air qui se voulait détendu et soulagé. « Et le chasseur du village, Léon de son prénom, fraîchement revenu des bois, m’a clairement affirmé qu’il avait entendu un ours pendant qu’il chassait. Il m'a dit qu'il avait cherché à l'esquiver. »

L 'enthousiasme du noble qui venait d’arriver ravit le chevalier nordien. Rapidement, il posa les yeux sur la femme qui l’accompagnait. C'était une belle femme qui avait tout d’une noble dans son attitude, son élocution et même son vocabulaire. Dans tous les cas, Andran recevait une aide précieuse car, tout ours qu’est leur probable cible, un animal d’un tel acabit n’en est pas moins dangereux, même pour les plus valeureux combattants.

Néanmoins, le berthildois ne s’était pas rendu compte, sur le moment, qu’il avait un baron en face de lui, tout régent qu'il puisse être. Il lui était évident qu’il n’était pas un nordien, vu d’où il venait et son physique. Au-delà de Sainte-Berthilde, il ne connaissait plus les visages des princes du Royaume, hormis quelques rares cas. D’un autre côté, Gaël de Laval se montrait courtois et intrépide, ce qu’Andran appréciait, bien que le calme et la sagesse apparents de Linaëlle ne lui déplaisent pas le moins du monde. Nombreux sont les seigneurs qui auraient dédaigneusement passé leur chemin devant les bougres qui les appelaient à l’aide. Ou alors il n’était pas aussi optimiste que cela, finalement.

« Je suis ravi que vous acceptiez de nous porter assistance, et je suis tout autant ravi de faire votre connaissance, Votre Altesse. » dit humblement le nordien en inclinant de nouveau du chef et en serrant la poigne présentée par le missédois. Ce jeune homme se montrait fort sympathique et cela détendit le chevalier venant du Nord. « Pour l’instant, nous ne savons même pas s’il n’y a qu’un ou plusieurs ours, et nous ne savons pas où est sa tanière. Je suis arrivé il y a peu de temps et, pour tout vous avouer, je n’avais pas prévu d’aider ces paysans. »

Andran hésitait profondément à lui admettre qu’il avait emmené sa compagne pour une petite et paisible promenade et qu’ils étaient tombés sur ce village par pur hasard. Et la chance ou le destin souhaita que ce soit sur un village dans le besoin de quelques hommes d'armes pour les protéger. S'il avait été seul, le chevalier n'aurait pas hésité. Mais, accompagné de sa bien-aimée, l'hésitation avait pris le dessus sur toute forme de lucidité. Il était incapable de forcer Clémence à quoi que ce soit, y compris à remplir son devoir. Quel genre de chevalier forçait leur épouse à faire des choses contre son gré ?

« En tout cas, où que soit l’animal, il faudra sûrement l’appâter hors de sa tanière pour mieux l’appréhender et pouvoir l’affronter avec toutes nos forces. L’avantage du nombre nous sera capital face à la puissance du bestial. Mais, avant cela, il faudra trouver sa tanière et déterminer leur nombre. À chaque attaque, les paysans m'ont parlé d'un seul “monstre”, mais, comme le disait si bien le chasseur, rien ne prouve que c'était le même à chaque fois. »

Andran n’était pas le meilleur chasseur qui soit. Bien au contraire, il était pitoyable avec un arc, et presque aussi médiocre en connaissance des animaux. Il était plus à l’aise avec la flore, que ce soit les fleurs ou même les herbes médicinales. Quand il chassait, il était toujours avec ses frères d’armes qui, eux, s’y connaissaient très bien pour la plupart d’entre eux. Alors il se contentait d’examiner les champignons que certains ramassaient et il leur disait s’il était bon ou nocif. Ça ne manquait pas d'une certaine utilité, en vérité. Néanmoins, il avait un brin de jugeote et il savait certaines choses sur la chasse à force d'accompagner ses frères d'armes.

« J'avais pensé demander à Léon de la trouver, mais, s'il y va seul, cela prendra du temps. D'un autre côté, il serait stupide d'envoyer des hommes qui n'y connaissent rien et qui pourraient disparaître rapidement. Et il faudra bien protéger nos compagnes. » reprit Andran qui étira un léger sourire à sa dernière remarque, même s'il y avait un fond de sérieux. « Je ne sais même pas où elle est passée, d'ailleurs… Je lui avais conseillé d'aider ceux qui avaient subis des pertes, pendant que j'interrogeais le chasseur. Bon, cela importe peu, je vous la présenterai dès que je le pourrai. Nous devrions nous concentrer sur notre bête. Peut-être que vous avez d'autres idées sur la manière de l'affronter, de le pister, de l'appâter ou que sais-je encore ? »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeLun 30 Sep 2019 - 9:11

_En tout cas, où que soit l’animal, il faudra sûrement l’appâter hors de sa tanière pour mieux l’appréhender et pouvoir l’affronter avec toutes nos forces. L’avantage du nombre nous sera capital face à la puissance du bestial. Mais, avant cela, il faudra trouver sa tanière et déterminer leur nombre. À chaque attaque, les paysans m'ont parlé d'un seul “monstre”, mais, comme le disait si bien le chasseur, rien ne prouve que c'était le même à chaque fois.

Tu hoches la tête, l’homme parlait comme un officier préparant une bataille, une embuscade, une escarmouche. Tu apprécies ce pragmatisme, cette méthode. Après tout la guerre et la chasse ont ça de semblable qu’elles confrontent deux natures, deux adversaires. L’animal n’est pas forcément moins dangereux que l’homme armé. Il n’a pas le sens de la stratégie il est vrai, mais l’animal n’a pas la même vision de la menace. Il ne doutera pas face à une lance, un arc ou une lame. Seul le feu peut provoquer la peur dans le coeur d’un prédateur et c’est par là que vous devriez commencer.

_ J'avais pensé demander à Léon de la trouver, mais, s'il y va seul, cela prendra du temps. D'un autre côté, il serait stupide d'envoyer des hommes qui n'y connaissent rien et qui pourraient disparaître rapidement. Et il faudra bien protéger nos compagnes. Je ne sais même pas où elle est passée, d'ailleurs… Je lui avais conseillé d'aider ceux qui avaient subis des pertes, pendant que j'interrogeais le chasseur. Bon, cela importe peu, je vous la présenterai dès que je le pourrai. Nous devrions nous concentrer sur notre bête. Peut-être que vous avez d'autres idées sur la manière de l'affronter, de le pister, de l'appâter ou que sais-je encore ?



Ainsi donc, nous sommes nus sans la moindre information à propos de cette bête sauvage. Andran se lance dans une réflexion à voix haute. Il argumente, se questionne, propose, reviens sur ces pas. En bref, il réfléchit et il réfléchit bien. Oui, décidément ce chevalier te plaît, tu souris et lui pose la main sur l’épaule.

_ Marchons un peu, le mouvement m’aide à réfléchir, Linaëlle me reproche souvent de lui donner le tournis lors de mes prises de décision.


Vous avancez ensemble, le pas lent, en direction du centre du village. Les habitants ne disent plus rien, ils vous suivent des yeux, parfois il leur arrive de murmurer quelques mots à leur voisin mais trop peu audibles pour nos deux chevaliers. Tu croises tes mains dans le dos et lèves tes yeux vers le ciel.

_ Nous sommes donc face à un ours, ou plutôt des ours dont nous ne savons rien. Ni leur tanière, ni leur taille, ni leur nombre. Nous avons avec nous dix soldats entraînés et nous sommes deux intrépides chevaliers.

Tu laisses quelques secondes de silence, laissant tes derniers mots en suspend. A cela s’ajoute un léger sourire en direction du Nordien. Mais reprenons, quelle stratégie adopter ? La moins dangereuse possible évidemment.

_ Dans mon pays, nous avons l’habitude de chasser avec un faucon, il ne nous sera d’aucune aide contre un ours et même si nous étions à la recherche d’un lapin ou d’un renard, je ne l’ai pas prit avec moi. Toutefois si la chasse m’a apprit quelque chose c’est que les bêtes ont peur du feu et du bruit. J’ai peut être une idée pour qu’aucun de nous n’ait à prendre des risques. Nous devrions ratisser les bois en faisant beaucoup de bruit, de cette façon l’animal devrait rentrer dans sa tanière et nous n’aurions plus qu’à l’enfumer. Pour éviter toute sortie fortuite, nous n’aurons qu’à planter des piques de bois à l’entrée de la grotte et à faire brûler quelque chose devant l’entrée de la grotte. Bien évidemment il faudra veiller à ce qu’il n’y ait aucune autre sortie ou tout cela ne servira à rien.
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 3 Oct 2019 - 8:16

Les deux hommes se mirent à marcher lentement. Gaël avait sûrement besoin de se dégourdir les jambes, et cela ne dérangeait pas le nordien qui était à ses côtés, même s’il était debout depuis un bon moment déjà. Ils ignorèrent les paysans qui les défiguraient comme si la guerre se profilait à l'horizon. Andran avait la main gauche posé sur le pommeau de son épée attachée à sa ceinture et l'autre dans le dos, cachée par sa cape foncée qui s'agitait quand le vent soufflait. Le chevalier avait tendance à se tenir ainsi quand il était en présence de seigneurs ou autres princes du Royaume ayant un certain rang.

Le missédois exposa une idée qui laissa son interlocuteur sans voix. Jamais ses frères n'avaient recouru à une telle manœuvre, ou alors il n'était pas avec eux ce jour-là. Mais, au delà de cela, il valait mieux ne pas imaginer la souffrance qu'endurait l'animal, et encore moins se précipiter à faire un feu grossier, au risque de faire brûler la forêt. C'était ce dernier détail qui chiffonnait Andran, qui se mit à regarder le ciel. Aucune pluie à l'horizon pour une durée qu'il ne saurait déterminer, mais assez de vent pour attiser les flammes sur le reste de la forêt sans pouvoir l’éteindre.

« La bête finirait par réagir en se sentant menacée, ne pensez-vous pas ? Je ne sais pas si nous aurions le temps et de faire le feu et de placer les piques sans faire face à l'animal à un moment ou un autre, surtout s'ils sont plusieurs et après le brouhaha que nous causerions. La peur ne les laissera pas sans réaction très longtemps, et il faudra du temps avant que l’étouffement n’ait raison d’eux. »

Andran se rendit rapidement compte qu’il désapprouvait plus ou moins l’idée de Gaël. Ceci dit, il n’avait pas envie d’acquiescer pour son bon plaisir et se retrouver, par la suite, dans une situation incontrôlable. Et puis, mentir n’était pas quelque chose qu’il appréciait faire, même quand cela n’était pas encore contraire à ses serments. Au moins, il ne critiquait pas simplement pour critiquer et embêter tout son petit monde. Il essayait au mieux de se justifier et d’apporter des idées.

Il ne faut jamais considérer les bêtes comme radicalement différentes des hommes, et l'agression poussait souvent l’un ou l’autre à la contre-attaque qu’elle soit désespérée ou préméditée. Au risque de réagir trop violemment d'ailleurs, notamment quand elle est désespérée, ce qui est souvent le cas pour la plupart des animaux. Et, la puissance d'un ours en colère et prêt à tout pour se défendre pouvait se révéler redoutable. Suffisamment pour tout renverser sur son passage en ignorant la douleur et le nombre d’hommes qui pouvaient être présents.

« Je pense qu’il nous faudrait mieux l’affaiblir avant de porter l’estocade, quelle qu’en soit la manière. » ajouta-t-il en regardant Gaël d’un air songeur. « Peut-être que quelques arcs et quelques lances pourrait s’avérer utiles pour cela ? »

Andran savait qu’ils devaient se mettre d’accord, et plus encore prévoir voir un plan de secours, mais il ne voulait prendre aucun risque. Que ce soit celui du missédois ou celui du nordien, rien ne prouvait qu’ils étaient parfaits, et encore moins qu’ils allaient fonctionner. Et, contre un ours, la moindre erreur se paie cher, et Andran n’avait pas envie que Gaël n’annonce à Clémence la mort de son chevalier si dévoué. Cela dit, il n’avait pas plus envie d’annoncer à Diantra le décès du régent de Missède, surtout après celui du régent du Royaume. Alors il fallait agir intelligemment.

« Dans tous les cas, m’est avis que nous devrions prévoir un plan de secours, au cas où le premier que nous appliquerons ne soit un échec et que cela ne nous laisse pas dans le flou à un moment où nous devrons être réactif. »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 10 Oct 2019 - 9:53

Le chevalier semblait désapprouver ton idée. Face à cette opposition bien amenée, tu fais la moue tout en faisant glisser ton regard sur le village. L’idée, pourtant, ne semblait pas si mauvaise que ça. Peut être que cette vision très subjective est dû au fait que cette fameuse idée était tout simplement la tienne et qu’à nos yeux, nos idées sont toujours relativement bonnes. C’est donc un « non » diplomatiquement amené de la part du chevalier nordien.

_ Je pense qu’il nous faudrait mieux l’affaiblir avant de porter l’estocade, quelle qu’en soit la manière. Peut-être que quelques arcs et quelques lances pourrait s’avérer utiles pour cela ?

La question a le mérite d’être posée. Tu autorises quelques secondes au silence, celui-ci se fait discret et offre un instant de réflexion. Que l’on tire une flèche ou que l’on enfume l’animal, finalement celui-ci ne sera pas des plus heureux. Et une charge de la bête ne sera pas si différente. Tes yeux bleus se posent sur Andran. Ton visage est crispé et ta mine, pensive.

_ Êtes vous doué avec un arc ? Car je dois vous avouer que mes performances sont assez… irrégulières.


Médiocre ne serait pas approprié, certes tu n’es pas un as mais de là à dire que tu ne vaux rien… Disons plutôt que tu te défends sans faire de miracles. Pour gagner une efficacité, la lance serait un meilleur allié. Tu grimaces, vous oubliez l’idée du feu, tant pis. Mais survient un autre problème, comment trouver la bête ?

_ Il sera difficile de trouver le ou les ours, ceux-ci s’enfuiront à l’instant où les bruits de nos pas et de nos voix atteindront leurs oreilles. Nous pouvons tenter de ratisser la forêt mais si ceux-ci se retrouvent dans leur tanière, ne comptez pas sur moi pour y entrer.

Un espace restreint dans lequel il est impossible de manier une arme correctement, couplé au manque de lumière et vous obtenez un tombeau parfait. Peut être que vous vous compliquez la tâche, peut être qu'à la simple chevauchée à cheval, vous tomberez sur l'animal. A ce moment il suffirait de le perforer d'une lance et de quelques flèches et d'attendre son agonie. Décidément cette chasse s’annonce compliquée…
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 13 Oct 2019 - 15:26

Andran resta de marbre face au désarroi du jeune missédois. Non pas que l'idée serait mauvaise contre certaines bêtes comme les loups, elle ne paraissait pas, en revanche, aussi bonne contre un ours. Certes ils étaient là pour assister un village paysan, mais ce n'était pas une raison pour sacrifier bêtement les soldats de Missède et encore moins les forêts de terres qui ne leur appartenaient pas. La question de Gaël suscita sa gêne, mais il était incapable de mentir pour si peu.

« Je dois être le plus mauvais archer du Nord. Néanmoins, je suis beaucoup plus à l'aise une lance à la main, que ce soit pour la tenir ou pour la lancer. »

Cela pouvait compenser si les soldats de Gaël savaient se servir des arcs. Andran détestait le tir à l'arc, et ce depuis toujours. Cela expliquait sa médiocrité dans ce domaine, dont il avait clairement abandonné l'apprentissage pour se consacrer à ce qu'il appréciait et sur quoi il était doué. Épée, équitation, stratégie, ou encore même les plantes. Ils aimaient tout cela, et il était doué dans chacun de ces domaines.

« Non. Comme je l'ai dis, nous ne pouvons nous élancer à l'assaut sans réfléchir. Je pense que le chasseur du village devrait s'occuper de pister la tanière, et éventuellement placer des repères. Il peut être accompagné d'un ou deux garçons si jamais ils s'y connaissent mais pas plus. »

Gaël avait raison sur un point : ils ne pouvaient combattre dans la tanière. Il faisait trop sombre, et ce serait sûrement trop étroit. Une charge et tous les soldats seraient renversés. La situation deviendrait alors hors de contrôle. Il fallait trouver une zone où tous les soldats pourraient être assez éparpillés pour éviter un trop grand nombre de victimes. Les plaines environnant le village pouvaient être cette zone, par exemple. Les soldats pourraient y bouger plus facilement lorsque leur position devient inconfortable.

« C'est la nourriture qui l'a amené à venir jusqu'ici… » pensa Andran, tout haut en fixant le sol. « Tant qu'il y'en a, il reviendra, n'est-ce pas ? Si nous laissons une bête trainer quelque part sur la plaine, l'ours viendra, et alors nous pourrions l'attaquer ? » proposa-t-il alors, comme s'il sentait qu'il avait trouvé la bonne idée. Sa voix trahissait un regain léger d'enthousiasme et il en oublia presque que la bête qu'ils affrontaient était un ours et que cela n'enlevait rien au danger qu'ils courraient. « Vous n'avez pas d'archers parmi vos hommes ? Ou de javelinistes éventuellement ? Plus nous pouvons l'affaiblir à distance, mieux les guerriers pourront s'approcher pour l'achever. »

Dans tous les cas, les soldats de Gaël seraient sûrement plus à l'aise sur une grande plaine. Et, quand on est plus grand en nombre, il est préférable de jouer sur des grandes zones pour espérer étouffer l'adversaire. Comme lors d'une escarmouche, on encercle l'adversaire pour terrasser chacun des soldats ennemis. Sauf que l'ours ne réfléchirait pas à ce détail et ne pensa pas nécessairement à se replier. Du moins, tant qu'il se sent encore apte à se battre, il se battra.

« Nous avons aussi nos chevaux pour ce qui nous concerne. Cela pourrait nous aider à le déconcentrer. De plus, si nous arrivons à l'attirer jusqu'ici, certains paysans voudront peut-être nous aider. Une fourche ou un hachoir sont parfois aussi tranchant que des épées et des lances. Qu'en pensez-vous, votre Altesse ? »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeSam 19 Oct 2019 - 8:41

La réponse du chevalier du Nord entraina une moue de ta part. Aucun de vous ne sait correctement manier un arc. Il y avait donc seulement deux hommes d’armes dans ta suite qui pouvaient se targuer de viser correctement. Néanmoins, si l’arc n’est pas votre fort, Andran se revendique redoutable avec une lance. Voici un beau point commun entre vous.

_ Eh bien nous nous équiperons de lances que nous lancerons sur la bête.


Finalement un plan semblait se dessiner dans l’esprit du Nordien. Encercler l’animal dans une plaine dégagée pour user pleinement de votre avantage équestre et de votre supériorité numérique et, osons le dire, technologique. Tu hoches la tête. La vision du chevalier était plus simple mais également, et peut être paradoxalement, plus réalisable. En somme… ça se tente.

_ J’ai deux archers de formation avec moi et tous les hommes savent manier la lance. Qui plus est notre fiacre était tiré par quatre chevaux. Quatre hommes peuvent donc monter. Peut être que nous pourrions utiliser les équidés pour encercler l’animal et l’empêcher de fuir. Il s’épuisera flèche après flèche, lance après lance.


L’idée pouvait fonctionner. Et celle-ci semblait faire consensus. Après quelques secondes de réflexion tu poses ton regard sur ton interlocuteur et lui offre un sourire confiant.

_ Aller, je vous suis ! Partons sur votre idée. Je vais préparer mes hommes, vous, retrouvez le chasseur pour préparer la viande puis nous verrons quel villageois souhaitera nous aider.

Pendant ce temps, Linaëlle était restée au près des villageois. L’un d’eux lui a même proposé de lui préparer une tisane pour la réchauffer, ce qu’elle accepta. Accompagnée par un soldat et trois villageois, elle était entrée dans une maisonnée sans grande prétention. Une femme âgée et probablement aveugle était assise sur un tabouret de bois, accoudée à une table. Tandis que le villageois se mit à confectionner le breuvage, l’ex marquise prit place en face de la vieille femme pour échanger quelques commodités avec elle.  Elles parlèrent du temps humide qui s’approchait, du vent qui s’était d’ores et déjà installé mais surtout, la villageoise évoquait le climat de doute qui s’était emparé du village depuis l’arrivée de cet ours. Les éleveurs s’inquiétaient non seulement pour leurs bêtes mais également pour l’impôt. Comment le paieront-ils ?
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeSam 26 Oct 2019 - 11:45

Finalement, il n’était pas nécessaire d’aller chercher si loin. Le plan qu’avait proposé Andran était simple, et, aussi maigres étaient ses compétences de chasseur, il savait que les animaux n’avaient pas l’âme des tacticiens qui s’interrogeait des heures à chaque mouvement de l’adversaire. Du moins, c’était le cas des ours, qui profitaient de leur carrure pour s’élancer à l’assaut. En soi, c’est une forme de tactique que de procéder ainsi. N’importe quel général possédant une armée composée de soldats lourds et très résistants voudra mettre à profit cette caractéristique.

Le plan de Gaël n’avait rien de stupide, mais il était probablement inadapté au lieu, à l’ennemi et au temps. Enfumer l’ennemi est plus efficace quand celui-ci est bloqué dans un abri en bois ou en paille, si jamais un animal établit un tel abri en plein milieu d’une plaine. Gaël semblait mi-figue mi-raisin devant le nordien qui n’imaginait pas de meilleurs plans. Et, malgré l’humilité dont il faisait si souvent preuve, ce dernier se sentirait fier d’avoir bravement battu un tel animal, et serait même ravi d’en garder un quelconque trophée. Ses griffes, ses dents, sa fourrure, sa tête … qu’importe. Andran est et demeurera toujours un chevalier fier de ses serments, et surtout fier de ce qu’il accomplit pour les autres. Après tout, c’est grâce à cela qu’il avait rencontré celle qui, aujourd’hui, avait les clés de son cœur. Et ça n’avait pas de prix.

Néanmoins, Gaël se laissa convaincre. En vérité, Andran était légèrement inquiet. Si ce plan échouait, il devra endurer les conséquences de son échec entre les morts, les blessés et un seigneur étranger, dont il avait réprouvé son idée, qui n’hésiteront pas à s’en prendre à lui à juste titre. Et, entre sa réputation, celle de son Ordre, et celle du Nord, ce ne sera pas facile à encaisser. Et il avait toujours en tête sa blessure contre les bandits le mois dernier. En clair, l’échec n’est pas envisageable à tous les égards, d’autant plus qu’il n’avait même pas pensé aux pauvres villageois.

« Très bien. » répondit-il simplement en inclinant la tête, alors qu’il regarda le missédois s’éloigner. Il resta immobile quelques instants, chassant ces doutes qui tentèrent d’obscurcir son esprit. Ils allaient réussir. Tous ensembles. Andran avait connu son lot de guerre et de combats sanglants pour ne pas avoir peur d’un ours. Sauf qu’aujourd’hui, aucun Marcheur Austère ne sera à ses côtés pour qu’ils triomphent ensemble et pour le célébrer. D’un autre côté, être avec quelqu’un qu’il connait moins est une expérience intéressante. Après tout, il était venu à Diantra avec Clémence pour cette raison.

Après quelques instants d’immobilisme, le chevalier suivit les directives du missédois et repartit vers la maison du chasseur. Celui-ci était assis sur le pas de sa porte en train de tailler un bout de bois, qui, pourtant, n’avait pas l’air de pouvoir être utile à quoi que ce soit. Mais ce détail n’importait que peu le noble qui avait déjà l’esprit tourné vers la bataille. Léon leva la tête lorsqu’Andran le priva de la lumière du soleil sur son affaire. Il haussa les sourcils d’un air de défi ; il était prêt à agir.

« Nous avons besoin de vous pour deux raisons. Trouver la tanière de l’ours, et monter un appât pour qu’il la quitte. »
« Qui ça, “nous” ? »
« Coup du destin ou coup de chance, Gaël de Laval s’est arrêté ici avec sa femme et sa délégation. Il a accepté de nous aider. »
« Et donc, quel est le plan ? »
« Attirer l’ours sur une plaine, et le terrasser par la force du nombre et la polyvalence de nos armes. Vos arcs, les lances des soldats de Missède et plusieurs chevaux. »
« Intéressant. Je regrette de ne pas avoir les pièges adéquats… »
« Peu importe. Il faut d’abord trouver la tanière, afin de savoir d’où il viendra précisément. »
« Je ne suis pas sûr de comprendre pourquoi. »
« Le positionnement de nos hommes doit être parfait pour que nos attaques le soient également. »
« Ah oui… désolé, je ne suis pas tacticien. Je suis souvent seul quand je chasse. Enfin bref, si je comprends bien… je vais pister l’ours… tout seul ? »
« Vous avez réussi à l’éviter jusque là, n’est-ce pas ? Pourquoi pas cette fois-ci ? »
« Vous avez raison. Et puis, je ne vais pas tous nous laisser dans la galère. »
« Oui, d’autant plus que si votre village n’arrive pas à payer ses prochains impôts, vous n’échapperez pas aux hommes du Roi. »
« Merci, Messire. Vous savez trouver les mots pour nous rassurer. »

Léon se fendit d’un sourire narquois avant de se lever. Il dépoussiéra ses fesses et les épaules, et abandonna le chevalier sans piper mot. Il marchait d’un air assuré, d’une démarche similaire aux héros dans les contes et légendes pour enfant. Torse bombé, grandes enjambées, et le menton légèrement levé, mais pas trop pour ne pas paraître arrogant ou pédant. L’excès dont il faisait preuve suffit même à arracher un sourire sur le visage crispé d’Andran. Il adressa silencieusement une prière à Othar en fermant les yeux et en joignant les mains devant sa poitrine pendant quelques secondes avant de retourner vers le centre du village.

En voyant de loin Gaël avec son épouse, Andran finit par penser à la sienne. Enfin, elle n'était pas son épouse à proprement parler, mais nul doute que personne ne ferait la distinction. D'ailleurs, cet éloignement plus ou moins long lui procurait une sensation étrange. La plupart du temps, s'il n'était pas à côté d'elle pour discuter ou la prendre dans ses bras, elle était au moins proche pour s'assurer qu'elle ne manquait de rien. Pourtant, depuis qu'ils étaient arrivés ici, ils s'étaient séparés et Andran n'avait eu aucune nouvelle d'elle. Il aurait pu lui arriver n'importe quoi depuis lors. Mais, le chevalier ne s'était pas inquiété car il savait qu'il aurait été prévenu le cas échéant. Il demanda à plusieurs paysans s'ils avaient vu la jeune femme, puis se dirigea vers la ferme où devait être Clémence.

Devant la porte, il toqua doucement à trois reprises, avant qu'une fermière ne vienne lui ouvrir. Elle n'était pas toute jeune, pour sûr, mais il était parfois difficile d'établir l'âge d'un paysan quand on était un homme qui avait accès à certains artifices permettant de paraître plus jeune. La femme avait les joues et le front luisant de transpiration, mais elle resta courtoise et polie devant le chevalier, qui espérait que Clémence n'avait pas connu de difficulté. Il savait ô combien cela pouvait être rude pour elle, qui n'avait connu que des violences toute sa vie. Mais, Andran s'était convaincu qu'il n'y avait que comme cela qu'elle pouvait s'intégrer plus facilement dans la société péninsulaire. Il ne sera pas toujours là pour l'y aider.

« Z'êtes là pour la d'moiselle ? » »
« Ja. Tout s'est bien passé ? »
« M'ouais. C't'une bonne fille qu'vous avez là. »

Andran élargit son sourire face à ses mots. La fermière l'invita à entrer et lui indiqua où était Clémence, après lui avoir raconté ce qu'elle avait fait. Ce récit lui rappela le jour de leur rencontre où elle avait soigné sa blessure subie face aux bandits dont elle était l'otage. Il se rappela même de leur gêne respective, tous les deux incapables de se parler sans cacher leur timidité. Elle était encore profondément choquée par ce qu'elle venait de subir, et lui était intimidé par son charme et bloqué par crainte de la maladresse. Qui aurait cru que ces deux-là auraient fini par tomber amoureux ?
Il trouva la jeune femme en train de nettoyer certains objets maculés de sang des bêtes qu'elle avait sûrement soigné. Il s'approcha doucement d'elle, et, visiblement, elle n'avait pas chômé. Lui non plus, en soi, même si le plus dur restait à venir le concernant. Elle avait besoin de repos, et probablement aussi de savoir qu'il ne partirait pas sans lui adresser quelques mots doux. Nul doute que Clémence et Linnaëlle pourraient rester au village afin de rassurer la population. Le statut de prêtresse de Néera qu'avait l'épouse de Gaël ne sera sûrement pas de trop. La puissance morale que procurait la DameDieu était implacable.

« Clémence. » prononça-t-il d'une voix douce et mélodieuse pour attirer son attention. Quand elle se tourna vers lui, il lui adressa son plus beau sourire. « J'ai un peu de répit devant moi, alors j'en ai profité pour savoir ce que vous avez fait jusque là et comment vous allez. La fermière dit que vous vous êtes bien débrouillée et que votre aide s'est révélée précieuse. » Il s'approcha un peu plus de sa compagne et lui prit les mains légèrement flétrie par l'eau et durcie par le labeur. Il avait hâte que cette histoire se termine. « Et les Dieux sont avec nous, car le régent de Missède accompagné de sa délégation a accepté de nous aider. Nous serons près d'une dizaine pour tuer l'ours qui sème la terreur ici. »

Andran regarda sa chérie dans les yeux sans rien lui dire pendant plusieurs secondes. On lui avait déjà dit qu'un regard suffisait à faire comprendre ce qu'on avait sur le cœur, et cela évitait les mots maladroits. Cela arrangeait forcément le chevalier qui n'avait pas toujours eu les bons mots devant Clémence. Et il fera sûrement d'autres erreurs à l'avenir, mais il avait appris à passer outre et à faire en sorte d'assainir leur relation en cas de difficulté. Désormais, il savait prendre les choses en main quand cela ne se passait pas bien, et elle savait passer outre ses peurs pour lui montrer tout son amour.

« J'avais pensé vous présenter à Gaël de Laval, qui est venu avec son épouse, Linaëlle de Lancrais. Ils m'ont l'air d'être des gens respectables et bienveillants. Peut-être pourrions nous échanger quelques mots avant que nous nous mettions en chasse ? Cela nous permettra d'évacuer toute forme de doute ou d'anxiété, vous ne pensez pas ? »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 27 Oct 2019 - 20:14

Ce que Clémence nettoyait n'était autre que les couverts qu'elle avait utilisé pour appliquer le baume sur les plaies. La fermière et elle s'étaient rendues compte que'ils étaient bien plus efficaces que leurs doigts et plus hygiéniques aussi... Personne n'aimait être couvert de sang, même celui d'un animal. En entendant quelqu'un entrer, elle avait naturellement pensé à son assistante de cette dernière heure mais il n'en était rien. L'estrevine se tourna à l'écoute de son prénom et accueillit Andran d'un sourire tendre et sincère, détournant un peu le regard. Saisissant un linge propre, elle se sécha les mains tout en l'écoutant la complimenter jusqu'à ce qu'il s'approche d'elle pour mêler ses doigts aux siens.

-Oui... Les plaies ne saignent plus et elles ont déjà l'air d'aller mieux. Dit-elle en l'attirant deux pas plus avant dans la pièce, à la fois hésitante et douce. Elle tourna son regard en direction de la stabue où se reposaient les deux vaches. L'une était debout et ruminait en agitant sa queue tandis que l'autre, toujours allongée, respirait plus fort qu'à son arrivée et semblait à présent plus somnolente que mourante. Puis elle revint sur le chevalier qui lui parla alors du Seigneur fraîchement débarqué et elle ne chercha pas à lui cacher qu'elle savait qu'il était là.

-C'était donc avec lui que vous parliez... Dit-elle en découvrant son nom, baissant les yeux d'appréhension.

Elle garda ensuite le silence tandis qu'il lui proposait de faire les présentations. L'idée était forcément bonne... Après tout, mieux valait qu'ils la rencontrent aux côté d'Andran qu'en la croisant par hasard dans le village. Ses vêtements n'étaient pas ceux d'une noble et on ne pouvait deviner sa condition de "compagne de chevalier" d'un simple regard. Pire, on pourrait se demander ce qu'une étrangère faisait ici... Alors, même si elle appréhendait, elle ne pouvait nier que c'était ce qu'il fallait faire et elle faisait confiance au jugement de l'Inquisiteur. Elle lui adressa donc un demi-sourire qui traduisait son état d'esprit.

-D'accord... Je vous suis. Mais alors qu'il s'apprêtait à l'emmener dehors, la jeune femme l'arrêta dans son élan. Euh... Andran ?

Lorsqu'il se retourna vers elle, elle se rapprocha de lui, posa une main sur sa joue suivi d'un doux baiser sur ses lèvres. C'était le genre de gestes qu'elle n'aimait pas avoir en public, se montrant plutôt pudique dans l'expression physique de ses sentiments. Alors, sachant que ce serait sans doute leur seul moment privé avant de longues heures...
Le baiser ne dura qu'une seconde ou deux mais elle en avait ressenti le besoin... Tant pour anticiper son absence, que pour se donner du courage pour sortir ou que pour lui en donner alors qu'il s'apprêtait à partir en chasse d'une bête féroce.
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeLun 28 Oct 2019 - 19:06

Si Clémence appréhendait sa rencontre avec Gaël et son épouse, Andran n'était pas tout à fait serein non plus. Ce n'est pas tous les jours qu'un nordien présente à ses congénères une compagne aussi… différente. Rares étaient les hommes du Nord qui fréquentaient ceux qui venaient d'Estrevent ou d'ailleurs. Andran profitait de son statut de chevalier qui le protégeait de la plupart des dissidents qui voudraient s'en prendre à la jeune femme. Cela a toujours fonctionné, jusqu'à maintenant. D'un autre côté, Linnaëlle est une prêtresse de Néera, il serait étrange que le couple soit en désaccord sur des questions somme toute importantes. Le chevalier ne s'attendait sincèrement pas à un quelconque jugement de valeur de leur part.

Menant la marche vers l'extérieur, il se retourna vers elle lorsqu'il entendit sa voix. Il fut surpris, au départ, de son geste, mais elle s'évanouit rapidement pour laisser place à la tendre chaleur que procurait son initiative. Il la regarda longuement, souriant de bonheur après la fin de ce doux baiser. Légèrement moins pudique qu'elle, c'était souvent lui qui allait chercher ces gestes là. Il était content de savoir que, de temps à autre, elle pouvait faire de même. Ils sortirent alors ensemble de l'étable pour que le chevalier puisse présenter sa compagne aux deux nobles missédois. Ils pourraient alors penser à autre chose avant la bataille, et ne pas partir le cœur alourdi par l'anxiété.

Le ciel demeurait gris, mais ils pourraient rester dehors. Il ne faisait pas trop froid, et Léon en aurait sûrement pour longtemps à trouver sa tanière et à baliser le secteur pour que les soldats puissent le repérer à leur tour. Et, de toute manière, ils avaient besoin de lui pour fabriquer un appât efficace pour attirer un ours, en évitant d'utiliser le bétail restant des fermiers. Cela laissait le temps aux deux couples pour faire plus ample connaissance.
Andran mena Clémence jusqu'à Gaël, non sans crainte. Non seulement il avait omis de préciser que cette femme venait de loin, mais il avait également omis de lui dire qu'il valait mieux éviter certaines questions. Cela ne ferait que rajouter de l'huile sur le feu, alors quel le but était justement de se détendre. Le missédois était en compagnie de son épouse, desquels quelques paysans s'éloignèrent.

« Votre Altesse. » appela-t-il à destination du régent de Missède pour attirer son attention et celle de son épouse. « Le chasseur du village est parti chercher la tanière de l'ours. Il reviendra probablement après l'avoir repéré et marqué discrètement pour que nous puissions savoir d'où la bête viendra… à peu près. Tout s'est bien passé de votre côté ? »

Certes il était venu lui présenter Clémence, il n'en oubliait pas sa mission. Et Gaël non plus, sans doute. Il mettait des hommes à disposition d'un village qui ne lui appartenait même pas, alors il vaudrait sans doute mieux éviter les erreurs. Néanmoins, d'ici le retour du chasseur, ils avaient sans doute un peu de répit pour penser à autre chose, ou tout du moins pour passer un moment moins désagréable.

« Je suis venu vous présenter ma compagne, Clémence Hadjaoui. J'ai préféré profiter de ce court moment d'attente pour la trouver et vous la présenter. »

Il avait prononcé son nom de famille, "Hadjaoui", alors même qu'elle n'était pas une noble et que ce nom s'affiliait à ses origines perdues. Mais Andran s'en était souvenu, comme de nombreux détails sur elle et sur sa personnalité. Cela lui montrait que chacun de ses mots avait de l'intérêt pour lui. Il ne s'était même pas attardé sur sa couleur de peau, comme si cela ne changeait rien à son égard.

« Et Clémence, voici Gaël de Laval, régent de Missède et son épouse, Linnaëlle. Nous pourrions faire plus ample connaissance avant de s'élancer dans la bataille ? »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 7 Nov 2019 - 20:51

Ce “très bien” semblait sincère et c’est donc sur ce plan que les deux sangs bleus se quittèrent quelques minutes. Tu te dirigeais tout d’abord vers le fiacre couvert. Ce dernier comportait une grande malle à l’arrière dans laquelle étaient disposés épées, arcs et arbalètes. Les vêtements des deux tourtereaux étaient quant à eux à l’intérieur même de la berline. En plus de ces armes, chaque cheval transporte, accrochée à ses flancs, une lance faite de bois et de bronze. Le nombre d’armes ne devrait donc pas être un problème.
 
Tu refermes le coffre et te détourne vers tes hommes qui s’étaient rassemblés autour de toi. Il y avait de tout dans cette garde ; chaque homme a tenu une lame durant au moins cinq batailles et chacun dispose d’une expérience de plus de dix ans dans l’armée seigneuriale. Ce sont donc des hommes d’une quarantaine d’années qui se tiennent autour de leur régent. Seuls deux sont plus jeunes, trente-cinq et trente-trois ans.
 
_ Messieurs, nous allons partir à la chasse à l’ours. Un de vous a-t-il déjà chassé avec son seigneur ?
_ Moi, messire.
_ Quel animal ?
_ Le cerf, le renard… et il m’est arrivé de chasser l’ours avec messire d’Heucville.
_ Quelle est votre analyse ?
_ Nous devrions user de nos arcs et arbalètes…
_ Puis des lances ?
_ Tout à faire mon seigneur.
_ C’est également ce que nous pensions. Je te charge donc de préparer les hommes. Echauffez vous au tir jusqu’à notre départ. Tir à pied tout d’abord, puis à cheval… Oh ! Et évitez d’abattre un poulet je vous prie.
 
Quelques rires s’élevèrent du groupe mais très vite, les hommes se saisirent de leur arme à distance et s’en allèrent se préparer. Les deux jeunes trièrent les lances et vérifièrent que les cordes étaient toujours tendues. Quant à toi, tu te changeas. La décision peut faire sourire mais, sans aller jusqu’à revêtir ton armure, qui de toute façon était restée à Missède, tu optais pour des tissus plus sobres, résistants aux intempéries et bien plus chauds. Ainsi vêtu de vert et de brun, tu paraissais prêt à rejoindre la noblesse diantraise pour une chasse à courre.
 
Tu ressors du fiacre les tissus sur les épaules et tu te diriges vers un villageois afin d’obtenir des indications sur la position de Linaëlle. Le villageois indiqua une maisonnée du bout du doigt. Celle-ci semblait plus petite que les autres. La porte faite de bois était entrouverte et une faible lueur brillait à travers la fenêtre embuée. Tu t’approches de la porte pour l’ouvrir lentement tout en la tapotant. En glissant ta tête à l’intérieur, tu vis ton épouse assise à une table en pleine discussion avec une vieille femme. Sentant une présence, l’hôtesse des lieux leva le nez pour poser ses yeux vides sur toi.
 
_ Dame Léandra m’a faite savoir que notre venue était pour elle un soulagement. Elle espère sincèrement que vous réussirez à les libérer de l’étau de la bête qui chasse leurs troupeaux.
_ N’ayez crainte Madame, vos tourments s’évanouiront à la tombée du jour.
 
La matriarche remercia longuement le couple et laissa finalement Linaëlle lui échapper pour te retrouver et te renouveler sa joie d’aider ses prochains. Tu lui souris. Après tout, il est du devoir du chevalier de protéger son prochain et de venir en aide à quiconque lui demande. Ces journées passées à ses côtés ont été bénéfiques.  Vous ressortez finalement ensemble de la maisonnée, main dans la main et toi, discourant avec passion sur le plan établit plus tôt avec Andran. L’ex duchesse osa une blague sur ton accoutrement, provoquant chez toi un faux sentiment d’énervement traduit par une réponse théâtrale et surjouée.
 
_ Votre Altesse.
 
A peine avais-tu le temps de hurler au complot Drow sur la couleur brune que la forte voix du Nordien arriva à tes oreilles et te fis te retourner avec surprise. Déjà ? En réalité tu avais passé pas mal de temps à enfiler cette tenue et tu n’avais pas vu le temps passer.
 
_ Le chasseur du village est parti chercher la tanière de l'ours. Il reviendra probablement après l'avoir repéré et marqué discrètement pour que nous puissions savoir d'où la bête viendra… à peu près. Tout s'est bien passé de votre côté ?
_ Parfait, cela laissera du temps à mes hommes pour se préparer. Je les ai envoyés tirer à l’arc et à l’arbalète histoire qu’ils s’échauffent. Les chevaux seront scellés au dernier moment.
_ Je suis venu vous présenter ma compagne, Clémence Hadjaoui. J'ai préféré profiter de ce court moment d'attente pour la trouver et vous la présenter.
_ Ma Dame, tout l’honneur est pour nous.
_ Et Clémence, voici Gaël de Laval, régent de Missède et son épouse, Linaëlle. Nous pourrions faire plus ample connaissance avant de s'élancer dans la bataille ?
_ Mais bien sûr, allons faire quelques pas et profiter du paysage.
 
Vous ne dîtes rien quant au nom des plus évocateurs de la compagne du chevalier. Ce n'est pas Linaëlle qui crierait au scandale et pour ta part, une part très importante des recettes du Rivage se font grâce à l'Estrévent. En revanche il est curieux de voir un Nordien s'amouracher d'une étrangère. Comme quoi, ce ne sont finalement pas tous des sauvages sans coeur ni conscience. Tu avais incliné ta tête lors des présentations tandis que Linaëlle avait fait une gracieuse révérence. De ses yeux aux reflets violacés, il était facile de sentir toute sa bonté et son sourire timide ajoutait de l'éclat à son visage. Elle n'osait pas parler mais ses yeux se baladèrent d'Andran à Clémence sans jamais perdre de leur éclat.

_ Alors dîtes nous tout messire et ma Dame… Comment vous êtes-vous rencontré ? Nous sommes curieux !
_ Oh Gaël, allons... C'est une question fort indiscrète !
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 21:26


A mesure qu'ils avançaient vers le couple seigneurial, Andran pouvait sentir la main de Clémence se crisper et serrer son bras de plus en plus fort. Elle était bien loin de lui faire mal, bien sûr, mais son inquiétude était telle qu'elle ne contrôlait qu'en partie sa réaction. Les puissants étaient ceux qui lui avaient fait le plus de mal... Le chevalier le savait. Mais ce n'était qu'en se confrontant à sa peur dans un cadre différent qu'elle finirait par l'atténuer. Il avait raison de la conduire à eux, malgré ce que son inconscient lui hurlait au plus profond d'elle-même.
Arrivés à proximité d'eux, l'Inquisiteur commença par échanger avec le régent à propos de l'animal qu'ils devaient chasser. Cela offrit à la métisse l'occasion d'oublier durant quelques instants la raison de sa présence face à eux. Ses cheveux ondulés en grande partie recouverts par l'un des foulards achetés à Erac, l'estrevine peinait à garder les yeux levés, craignant de croiser ceux du couple. Lorsqu'elle entendit son nom, son ventre se noua soudain. Son regard toisa celui de son compagnon puis, se rappelant soudain les quelques leçons qu'il lui avait donné, elle réalisa une révérence digne d'une noble dame. Elle n'en avait pourtant pas l'allure avec sa robe, certes belle mais, qui n'aurait même pas convenu à une bourgeoise.

Alors que la discussion s'engageait autour d'elle, Clémence n'osait pas ouvrir la bouche. Rapidement, une question fut posée qui les concernait tous les deux. Une fois encore, elle se tourna vers Andran mais celui-ci ne semblait pas vouloir répondre. Le sujet était délicat, elle avait déjà pu le constater. Son ancienne vie provoquait moult réactions, elle en avait été témoin. Ce qu'elle avait vécu était un sujet des plus personnels, voire intimes, et ne regardait personne d'autre qu'elle... Et tout l'Ordre des Marcheurs Austères qui l'avait découvert depuis. Elle devinait dans les yeux du chevalier qu'il ne répondrait pas à sa place car c'était à elle de décider ce dont elle acceptait d'évoquer ou non. Elle devait donc... leur parler ?
Un voile de stupeur passa sur le visage de l'estrevine puis, hésitante, elle se tourna vers Gaël et son épouse. Au premier "Hm...", elle réalisa qu'elle n'avait pas encore prononcé un seul mot, pas même les salutations d'usage. Mais ce qu'elle craignait le plus, ce fut de leur faire entendre son accent très chantant et aux r roulés... Ridicule quand ses origines étaient marquées sur son visage et soulignées par son nom qui avait été énoncé plus tôt.

-Eh bien... Andran m'a portée secours... lorsqu'il a su que j'étais captive de brigands. Et... il m'a offert de devenir mon protecteur. Il m'a appris à lire et à écrire dans votre langue. Il a pris soin de moi. Le... reste n'était pas prémédité.

Au regard qu'elle posa sur son compagnon, il était aisé de comprendre qu'elle voulait parler de leurs sentiments. Elle détourna les yeux dans un sourire timide et tendre. Malgré son malaise persistant du fait de se retrouver devant des personnes de l'importance des de Laval, elle ne pouvait cacher son amour pour le chevalier.

-C'était même difficile à croire au début... Pour l'un comme pour l'autre.
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 17 Nov 2019 - 12:45

L’histoire contée par l’étrangère était pour le moins incongrue. Un chevalier berthildois, part intégrante d’un ordre pieux tombant sous le charme d’une fleur d’Orient. Ton visage paraissait surpris tandis que celui de Linaëlle gardait un sourire accueillant. Un de ceux que l’on apprenait aux enfants afin qu’ils en usent lors de réceptions pour faire honneur à leur géniteur. D’ailleurs, c’est elle qui répondit la première.

_ Une histoire digne des contes mettant en scène princesses et chevaliers ! J’ose espérer que désormais vous vivrez dans la paix et la sérénité.
_ Que Néera vous entende très chère.


Vous avancez lentement contre le sens du vent. Celui-ci vient soulever quelques mèches et entraîne avec lui les odeurs des sous-bois. Tu proposes ton bras à Linaëlle afin qu’elle s’en saisisse. Ensemble vous partagez un regard complice.

_ Les histoires difficiles à croire sont les plus belles… Jamais je n’aurai pu prétendre demander la main de Linaëlle, mon rang ne me le permettait aucunement…
_ Aujourd’hui c’est moi qui ne peux aucunement le prétendre… Mais ces mariages arrangés sont une plaie.
_ Certes… mais une nécessité je le crains.
_ C’est là que nos opinions divergent. Gaël m’est resté fidèle après mon abdication mais il espère que son neveu, le fils de la baronne de Missède, épouse une dame de haut lignage.
_ La politique par le mariage est très importante mais je ne l’obligerais point à épouser une femme qu’il n’apprécie guère.


Toujours penser influence et politique est épuisant mais nécessaire. Et toute ces machinations sont insupportables à l’ex duchesse qui les a subies toute son enfance. Aujourd’hui elle ne le souhaite à personne et n’hésite pas à élever la voix pour te le rappeler. D’où le juste milieu. D’un côté tu concèdes qu’une affection doit exister entre ton neveu et sa promise mais en même temps, celle-ci doit être de sang bleu et apporter quelque chose à la famille et à tes terres. Le mariage reste la plus puissante des alliances et celui-ci ne doit pas être gâché.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 17 Nov 2019 - 17:51

Dans l'hésitation et le doute, Clémence raconta sa rencontre avec son compagnon. Andran tenait à cette promesse qu'il lui avait faite de ne jamais conter cette histoire sans son consentement. Elle était rude, et c'était à la jeune femme de réussir cette douloureuse épreuve quand elle se présentait à elle. La fin du récit de Clémence fit sourire le chevalier. Il avait été le premier à ne pas croire en ses sentiments, et heureusement que ses amis avaient été présents pour lui faire comprendre qu'il était tout bonnement amoureux.
Cette histoire semblait étonner Gaël, à juste titre. Andran savait quel image des nordiens avaient les hommes du méridien, et il pouvait difficilement la contester tant elle n'était pas si éloignée de la réalité. Andran était simplement différent, et bienveillant. Les origines de Clémence n'avaient pas eu raison de son devoir et de ce qui faisait toute sa fierté. Linaëlle ne montrait aucun signe de surprise, bien au contraire, elle semblait ravie de savoir que le septentrion était composée d'hommes d'honneur.

« La DameDieu a écouté mes prières en me donnant la chance de rencontrer une femme telle que Clémence. Je suis très heureux de partager ma vie à ses côtés. »

Et il croyait sincèrement qu'elle garderait sauf leur bonheur. Il le priait nuit et jour, car Elle seule sait à quel point Andran l'adore. Tout autant attaché à Othar, celui-ci était le veilleur de ses faits d'armes, de son courage et de ses batailles. Le chevalier était un homme pieux, et il était convaincu qu'il devait son bonheur et sa fierté aux Dieux, et qu'ils le récompensaient pour les servir si dignement.

« Je suis d'accord avec vous, Dame Linaëlle. J'ai toujours exécré de tels mariages, espérant chaque jour trouver la femme qui ferait chavirer mon cœur. »

Gaël ne semblait pas aussi catégorique que son épouse, même s'ils semblaient d'accords sur leur aversion pour de telles pratiques. Certes, elles donnaient parfois lieu à des sentiments, mais il était difficile d'épouser une fille que l'on ne connaissais pas ou peu, surtout si elle était contrainte par les familles.
Mais les deux couples avaient ce point commun qu'il était dicté par l'amour que se vouaient les deux amants, et non pas un quelconque intérêt politique. Cela rassurait le nordien, d'une certaine manière. Si un homme aussi influent que Gaël y était parvenu, qu'est-ce qui empêcherait le plus humble chevalier de vivre une telle idylle ?

« Cela doit être difficile de devoir composer avec les sentiments de votre neveu, et votre volonté qu'il épouse une femme de haut lignage. Néanmoins, je me permets de féliciter votre bonté. Tous nos semblables ne sont pas aussi soucieux du bien-être de leurs héritiers. »

Andran chercha sa jeune compagne du regard, et lui tendit la main pour qu'elle s'en saisisse. Il avait toujours cherché le bien-être d'autrui, parfois au détriment du sien. Il était vierge et n'avait côtoyé aucune femme jusqu'à sa rencontre avec Clémence. Pourtant, ce n'était pas l'apparence, ni la bienveillance, ni l'attention qui lui manquaient.

« Et vous, votre Honneur. Si je puis me permettre… comment avez-vous rencontré votre épouse ? Fut-ce une rencontre héroïque comme pour Clémence et moi ? Ou fut-elle différente sans pour autant être anodine ? »
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Sauveur Hadjaoui
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 24 Nov 2019 - 21:03

Gaël et Linaëlle n'émirent aucun jugement concernant la relation d'Andran avec une étrangère ou la façon dont elle était née. Bien au contraire, ils la trouvaient belle. Clémence aurait pu s'en trouver rassurer mais elle avait conscience de ne pas avoir tout dit. Ils ne savaient rien d'elle, de sa condition, de son histoire... Que penseraient-ils alors ? En seraient-ils horrifiés comme l'était l'Inquisiteur en découvrant tout cela ? Trouveraient-ils cela normal ? Condamneraient-ils leur amour ? Tellement d'inconnus... Et l'estrevine garda le silence, préférant se raccrocher à son compagnon plutôt que de réagir à ce qu'elle entendait. Il n'était pas question qu'elle parle de cela à d'illustres inconnus, et plus encore aussi puissants qu'eux.

La jeune métisse était bien loin de comprendre le fond-même de la conversation qui se tenait près d'elle. Les mariages arrangés lui étaient totalement étrangers. Elle n'en comprenait pas entièrement le principe et n'avait que quelques idées sur le sujet. Elle savait que cela permettait aux familles, nobles ou non, de former des alliances pour obtenir des terres, de l'argent, du pouvoir... Mais elle ne visualisait pas ce que cela donnait dans la pratique et était loin d'imaginer la complexité qui entouraient de tels accords. Elle comprenait simplement que le couple près d'elle n'avait pas eu à en passer par là et s'était uni par amour. Elle savait que c'était une chance pour eux car cela ne survenait que rarement dans leur monde.
Elle porta alors son regard sur Andran et réalisa que lui non plus n'avait jamais connu cela. Sans doute parce qu'il était le deuxième né et que son père l'avait écarté de sa famille sans plus s'en préoccuper. Il était devenu libre d'aimer qui bon lui semblait. Il était entouré de noble... et c'était elle que son cœur avait choisi...

Ce fut à cet instant que le chevalier exprima tout haut ce qu'elle pensait tout bas et elle détourna les yeux, les joues légèrement plus colorées que d'ordinaire. Leur amour était encore tout récent et sa pudeur encore très marquée, la présence du régent et de sa femme n'aidant en rien.
Mais la discussion bifurqua rapidement sur sur Gaël et son épouse et Clémence prêta une oreille attentive à leurs paroles.
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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 28 Nov 2019 - 15:35

Ton éducation n’avait rien de bien différente de celle de ton seigneur du Médian ou du Sud. L’économie, la guerre et les affaires navales en plus de la diplomatie et de l’Histoire étaient ton quotidien. Bien évidemment ton père évoquait souvent un mariage avec une baronne, une future baronne ou une cousine d’un baron qui pourrait hériter dans le cas assez hypothétique où les cinq personnes avant elle venait à trépasser. Et puis il y eut Cécilie, tous ses tracas et la dure vie de Dame qu’elle assumait avec une force dont tu étais certains de n’en avoir qu’une once. C’est grâce à elle que tu tombas sous le charme de Lin’ comme tu t’amusais à l’appeler quand tu pensais encore qu’elle n’était que ta cousine aux énièmes degrés. Mais même quand elle délaissa son titre de duchesse, ou du moins de marquise, tu ne laissas point tomber. C’est cela l’amour.

_ C’est ce que sa mère, ma sœur, aurait voulu. Et c’est ce que mon épouse souhaite également. Toute bonté que je cherche à atteindre, je n’en reste pas moins seigneur de mes terres et guidé par la mission de les rendre plus belles, plus grandes et plus riches. Un seigneur, quel qu’il soit, doit considérer ses terres comme une part de lui-même. Ce ne sont pas seulement des possessions au même titre qu’un cheval. Les habitants sont ses enfants, ses champs lui offrent de quoi se nourrir et ses villes, un toit pour vivre. Maël devra être heureux avec une femme, mais il ne devra point oublier ses responsabilités vis-à-vis des milliers d’âmes que Néera lui a confié la garde.


Tes mots furent prononcés lentement, de la plus audibles des manières tandis que tes yeux se baladaient sur le paysage qui s’offrait devant toi. Ton sourire s’était peu à peu effacé. Ces valeurs qui venaient d’être énoncées étaient d’une importance capitale à tes yeux et cela, Linaëlle le savait. Elle l’a accepté comme tu as accepté qu’elle se débarrasse de son fardeau. Au début, ce profond attachement pour ta fonction pouvait l’effrayer, mais peu à peu, devant la sincérité de tes mots, elle déposa les armes.

Forcément, après avoir demandé de plus amples informations sur la rencontre entre Clémence et Andran, ceux-ci renvoyèrent la politesse. A peine la question posée, Linaëlle baissa les yeux et après un silence de quelques secondes, qui pourtant dura plus que de raison, elle se lança.

_ Je… n’ai pas eu une enfance facile…

Elle posa sa main lire sur ses lèvres, cherchant ses mots. Tous ces souvenirs étaient douloureux. Elle n’aimait point les évoquer et il était simple de comprendre pourquoi. Qui serait fier d’expliquer la mort de ses parents, d’avoir été la convoitise de bien des nobles et d’avoir tout simplement souhaité la mort ? Pourtant, elle tenta.

_ Des événements tragiques m’ont conduite à rencontrer Cécilie, la sœur de Gaël à Beaurivages.

Ce fût à ton tour de poser ta main libre sur celle de Linaëlle qui reposait sur ton bras. Tu lui offres un sourire avant de poser ton regard sur le couple et de poursuivre.

_ Je lui ai même appris à manier la lame rendez-vous compte !


Elle sourit. C’est une première victoire. Linaëlle se laissa même tenter à poursuivre l’histoire ou tout du moins une version simplifiée de l’histoire.

_ Une femme, l’épée à la main, quelle idée… Et pourtant il n’a pas hésité à m’apprendre quelques passes.
_ A l’époque, Linaëlle était marquise de Langehack et une femme à succès qui plus est !
_ Davantage une enfant que l’on veut marier à tout prix à son héritier pour récupérer des terres. Et entre deux propositions de la part des ducs, est arrivée celle du très brave Seigneur de Beaurivages.
_ Vous m’honorez milaidie.
_ J’ai abdiquée, lasse des jeux de pouvoirs et de la politique péninsulaire. J’ai imploré Gaël de faire de même mais il se soucie trop de ce qu’il lèguera à ses successeurs et du peuple qu’il doit protéger. Aujourd’hui je sers Néera, j’assiste mon époux et j’élève notre neveu comme s’il était notre enfant, une vie cent fois préférable à celle que je menais à Langehack.


Elle s’était arrêtée pour regarder le ciel et soupirer. Pourtant, elle garde un sourire mélancolique, fragile mais sincère. Tu déposes un baiser sur son front sous le bruissement des feuilles. Tes doigts vinrent ramener une mèche rebelles derrière son oreilles, précédent une légère teinte écarlate sur les joues de ton épouse.
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Andran Straggen
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeLun 2 Déc 2019 - 19:49

Linaëlle semblait aussi gênée que Clémence lorsqu'Andran leur renvoya la question que Gaël leur avait posé. Le nordien et sa protégée avaient caché certains détails qui n'avaient pas nécessité à être développés. Il supposait que Linaëlle fasse de même si nécessaire, de peur que l'ambiance ne devienne pesante alors que le but était l’exact opposé. Néanmoins, à en voir l'amour que se portait le couple missédois, Andran se soulagea de savoir que les épreuves qu'elle avait vécu ne l'empêchait pas d'être heureuse, mariée avec l'homme qu'elle aimait.

Le récit de la jeune prêtresse de Néera n'avait rien d'épique, comme la rencontre entre Clémence et Andran, mais ne manquait pas de chevalerie. Gaël semblait donner de l'importance à l'amour, tout comme le berthildois, finalement. Même s'il avait été seigneur terrien, ce dernier aurait sûrement refusé un mariage politique. À quoi bon épouser une femme que l'on n'aime pas ? Peut-on faire confiance à une telle personne ? Une femme qui aime son mari n'est-elle pas plus digne de confiance ?

« C'est une histoire différente de la nôtre, mais ô je comprends votre lassitude de tous ces jeux de pouvoirs. En tant que chevalier, j'ai moi-même décidé de porter assistance à ceux qui en ressentent le besoin, loin de tous ces incessants jeux de pouvoirs. » répondit Andran, une fois que Linaëlle eût terminé de conter son histoire. Il ne comprenait pas pourquoi cela lui faisait tant de mal. Elle était heureuse, et aimait son mari. Que voulait-elle de plus ? « Je préfère de loin une femme comme Clémence, modeste, douce et sincère, plutôt qu'une femme d'une famille riche, mais pleine de serpents. Il en va de même pour plusieurs de mes frères d'armes, qui ont choisi des femmes plus modestes, mais dont l'amabilité et la sincérité sont indéniables. »

Et il ne regrettait à aucun moment un tel choix. Clémence semblait combler le vide que la chevalerie n'avait jamais réussi à combler. Il servait les plus nécessiteux, parfois gratuitement, il aimait discuter avec des prêtres et il avait pour seuls proches amis ses propres frères d'armes. Cela ne faisait pas beaucoup mais, au moins, il gardait tous ses serpents politiques loin de lui. Il était heureux ainsi. Une telle vie lui avait permis de rencontrer celle qui l'accompagnait dans cette discussion avec Gaël et Linaëlle, même si elle était craintive.
Andran connaissait son passé, y compris avec les nobles. Néanmoins, Gaël semblait trop bienveillant pour faire du mal à une pauvre femme. Il avait tout de même une prêtresse de Néera, ce qui n’était pas anodin pour qui que ce soit. Une prêtresse de Néera n’était pas femme à épouser un homme cruel et mesquin… selon toute logique, du moins.

« Je sens que le sujet n’est pas facile, donc je ne vais pas insister. Je vous avoue que je n’ai pas eu une enfance facile également. J’ai mal supporté la séparation de ma famille, lorsque mon père a décidé de m’envoyer à la cour d’Eyroles. Malgré tout cela, j’ai réussi à devenir l’homme que je suis et, sans arrogance mal placée, je suis fier de ce que j’ai pu accomplir. Comme je le dis si souvent, cela m’a permis de rencontrer ma chérie. » ajouta-t-il en se saisissant de la main de Clémence avec un sourire. « Dans tous les cas, l’amour qui vous anime est remarquable, et vous m’avez l’air heureux ensemble. Je crois que c’est ce qui compte le plus, ne pensez-vous pas ? »
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeJeu 5 Déc 2019 - 22:17


Il n’était pas utile de parler du décès des parents de ton épouse, ni de sa captivité à la cour de Missède sous le règne de feu l’époux de ta sœur. Ni même des tentatives de suicides ou d’assassinats. C’était votre vie, vos secrets et votre passé qui ne vous a plus hanté depuis longtemps. Aujourd’hui Linaëlle n’aspire qu’à la paix et à vivre une vie simple. Hélas, mariée à un homme de pouvoir, elle ne peut que se satisfaire d’une vie riche mais libre. Et c’est librement qu’elle choisit de se restreindre lors de ses repas et de donner de son temps au peuple que tu gouvernes. Quoi que l’on puisse dire, vous faites une paire parfaite. L’un tenant la noblesse et la classe marchande, l’autre exaltant le clergé et le petit peuple. Une union parfaite pour une stabilité exemplaire.

_ Vous avez bien raison d’être fier de vos actes passés. Nous devrions tous être fiers des hommes et des femmes que nous sommes devenus. Et j’irai même plus loin en disant que je suis heureux de vous avoir rencontré aujourd’hui. Tous les deux.

Puis le chevalier complimenta votre amour et instinctivement, un sourire se dessina sur vos lèvres. Un amour qui a bien failli ne pas se concrétiser ce jour-ci lors duquel tu lui avais fait ta demande. Quand tu avais gagné le couvent de ta moitié pour la supplier de revenir sur le trône langecin et qu’elle tînt tête jusqu’à te mettre dos au mur et t’inviter à fuir tes responsabilités. Mais finalement, après des larmes et des concessions, vous vous êtes retrouvé. Et c’est bien ça le plus important.

_ Il y a beaucoup de choses qui comptent pour un seigneur car ses terres et la vie de ses sujets sont une part intégrante de lui-même. Mais parfois, il faut savoir reconnaître qu’après tout nous ne sommes que des hommes, simples, mortels et imparfaits. Et quand le monde entier vous fait défaut, vous êtes bien heureux de trouver le réconfort dans les bras de votre moitié.
_ Au-delà de l’affection, c’est un soutien de tous les instants que nous offre notre partenaire. Un soutien qui n’est ni partisan, ni intéressé. Quand il me regarde, je vois dans ses yeux qu’il ne voit pas la duchesse ou la marquise que je fus, mais la femme que je suis aujourd’hui.


Vous continuez à marcher. L’atmosphère légère et innocente qui vous entourait, il y a quelques minutes est de retour, coupée par les sujets de l’enfance de chacun. Chacun, ou presque puisque tu ne souhaitais pas aborder la tienne pour deux raisons. Déjà parce qu’elle ne te semblait en aucune façon décevante, triste ou anormale et ensuite parce que ce n’est qu’à la fin de l’adolescence que le drame de la tentative de meurtre sur ta sœur te révéla la réalité de la vie. Et ce genre d’histoire ne se racontait pas au premier venu… Tu mis cela de côté pour porter ton attention sur l’Estréventine.

_ N’avez-vous jamais souhaité revoir l’Estrévent Dame Clémence ? Je puis comprendre qu’après un passif compliqué, vous soyez un peu troublée par ces terres mais si un jour l’idée vous traverse l’esprit, nous avions une route commerciale reliant Chiard à Ys avant que les dragons ne prennent Nelen et ne fassent fuir mes marchands. Une fois la route réouverte, ce serait un plaisir de vous y préparer un navire. D’autant que de nombreux missédois y ont ouvert des échoppes !
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeDim 29 Déc 2019 - 21:41


Plus elle écoutait les deux hommes parler, plus Clémence se sentait mal à l'aise. Ce n'était plus le statut de ses interlocuteurs qui la perturbait cependant... Ou, plus pour les mêmes raisons en tous cas. Elle les entendait parler de leurs vies si difficiles et ne pouvait s'empêcher de penser à quel point les préoccupations des nobles étaient différentes de celles des gens de basses extractions... Voire de misérables, comme elle. Ce ne faisait pas de leurs difficultés des évènements de moindre importance c'était juste... un autre monde. Un monde dont elle ne connaissait que la pire des facettes jusqu'à ce qu'elle rencontre Andran. Un monde dont elle ne savait que bien peu de choses mais qui ne l'attirait nullement en écoutant ses interlocuteurs.

Lorsque Gaël leur dit qu'ils pouvaient être fiers de ce qu'ils étaient devenus, l'estrevine détourna les yeux. De quoi devait-elle être fière, elle ? Elle n'avait rien fait dont elle puisse se vanter... à part survivre. Endurer les pires atrocités, encore et encore, et serrer les dents en priant pour que cela s'arrête un jour. Et, si tout avait pris fin, ce n'était pas grâce à elle. Elle n'avait fait que donner un petit coup de pouce au destin en aidant l'Inquisiteur dans son combat pour la sauver. Mais sa santé, son statut, sa liberté... Elle les devait à l'homme dont elle tenait le bras.
Cependant, la suite du discours seigneurial la sortit de ses pensées moroses et son regard vint se relever vers le visage de son compagnon. Même si les responsabilités d'Andran était moindre que les leurs, ils avaient déjà pu partager des instants tels que ceux décris par Gaël et Linaëlle. Lorsque le chevalier lui avait fait part de son passé avec son père, du décès de sa mère et de sa colère envers son frère, elle était restée et avait tenté de le soulager. Elle ignorait même qu'elle avait semé une petite graine dans son esprit qui faisait que, peut-être, il pourrait accepter de revoir son aîné un jour. Quant à lui, il lui avait déjà montré maintes fois qu'elle pouvait compter sur lui, quoi qu'il advienne. Un sourire timide se dessina sur les lèvres de la belle et elle détourna timidement les yeux en croisant le regard de son compagnon.

Une fois de plus, ce fut la voix du Seigneur qui attira l'attention de Clémence et elle ne put cacher que sa question la troublait quelque peu. Peut-être parce qu'elle ne se l'était jamais posée, tant cela lui semblait impossible. Elle fut stupéfaite par la proposition qu'on lui fit alors et ses iris alternèrent entre les nobles en présence, comme si elle cherchait à vérifier si c'était réel ou non. Elle demeura ébahie quelques instants avant de reprendre ses esprits.

-Je... Merci, j'apprécie votre offre généreuse. Je... Je pense souvent à mon pays, bien sûr. Mais... Toute ma famille... a subi le même sort que moi, nous avons été dispersé. Je n'ai nulle part où aller...

Elle avait perdu les siens mais aussi son foyer. Elle ignorait où se rendre, n'ayant plus le moindre repère dans ce pays auquel elle ressemblait tant mais dont elle ne connaissait plus que l'essentiel aujourd'hui. C'était à peine si elle se sentait capable de reconnaître son ancienne maison. Et même si elle s'y rendait pour y chercher sa famille, par où commencer ? Elle ignorait qui l'avait vendue, ce qui aurait constitué le meilleur des points de départ pour une telle quête. Finalement, si la suggestion de Gaël la touchait, elle la plongeait surtout dans une grande confusion. Elle se força cependant à esquisser un sourire afin que la discussion passe à autre chose. Si la démarche était correcte, son exécution n'était guère habile. Elle manquait cruellement de pratique et de malhonnêteté pour parvenir à ne serait-ce que faire croire que tout allait bien, même dans une conversation badine.
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Gaël de Laval
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MessageSujet: Re: Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence   Il faut sauver le bétail du village ! | Gaël, Andran et Clémence I_icon_minitimeMar 7 Jan 2020 - 14:49

Si tout le monde semblait mettre de la bonne volonté dans cette discussion, personne si ce n’est Andran ne sembla assumer pleinement son passé. Tandis que Linaëlle choisi de taire les trois quarts des événements marquants son histoire, tu choisis pour ta part de ne rien dire, éludant les regards. Oh ton passé n’avait rien d’horrible ou de triste comparé à celui de ton épouse mais il y eut également des moments douloureux et une perte tragique. Tu ne préfères pas t’étendre, posant une question à Clémence pour fuit le retour du bâton.

_ Je... Merci, j'apprécie votre offre généreuse. Je... Je pense souvent à mon pays, bien sûr. Mais... Toute ma famille... a subi le même sort que moi, nous avons été dispersés. Je n'ai nulle part où aller...

Serait-ce un couac ? Il semblerait que oui. Ton enthousiasme s’envola au fur et à mesure du défilement de la réponse de la compagne du chevalier berthildois. Ton sourire l’imita et très vite, tes yeux se posèrent sur le sol et le silence revînt à la charge. Tu abandonnes. Il semblerait que l’heure soit peu propice pour aborder le passé. Linaëlle était tout aussi déconfite que toi, alors que ton idée lui paraissait de bon augure pour poser un climat de confiance, il semblerait qu’elle fasse davantage l’effet d’un lourd pavé dans une mare.

_ Il semblerait qu’il soit un peu tôt pour évoquer nos passés respectifs ainsi que tout ce qui en découle… Aimez vous la lecture chers habitants du Nord ? La peinture peut-être ? Je me doute qu’avec vos obligations, vous manquez peut-être de temps pour ces choses-là mais qui sait… peut être qu’un grand poète sommeille en vous !

Habile, comme toujours. Aborder la culture et les arts est toujours un bon moyen de changer de sujet. Les passions sont souvent plus faciles à exprimer. Tu souris, un rictus seulement. Aucun doute, tu as fait le bon choix en allant avec elle.

_ Les hommes du Nord lisent deux ou trois ouvrages entre deux batailles dans les Wandres, c'est bien connu !

Tu lâches la phrase dans un rire et offres un clin d'oeil au chevalier ainsi qu'une petite tape dans le dos. Une bonne blagounette pour redescendre sur des tons plus légers, moins graves et surtout... optimistes.
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