Indiscrétion maison | Courtois

3ème jour de la 3e ennéade de Favrius
Place des Lanternes
Au bordel le "Tourne-Gambette"

La soirée s'annonçait belle, au 'Tourne-Gambette'. L'atmosphère y était chargée d'effluves et de rires, alors que les clients se présentaient au rez-de-chaussée à des catins souriantes, aux âges, morphologies et couleurs de peau variés. Canapés et coussins accueillaient dans un premier temps ces rencontres, alors que d'autres filles aguichaient de l'étage du dessus, charmes en avant, allié à des sourires provocants comme des attitudes de prudes en mal de découverte. Certains couples se formaient déjà, prenant l'escalier pour rejoindre le confort et l'intimité des chambres du bordel. Quoique 'intimité' était un bien grand mot pour cette établissement de peu, aux murs fins. Du moins une couche de peinture fraîche avait été passé il n'y a pas si longtemps, et certains meubles avaient été changés. Les aléas des rentrées d'argent.

A pareille heure, le grand et massif portier laissait rentrer sans grands questionnements les hommes et femmes, connaisseurs comme nouveau venus, qu'avaient attirés les filles aux balcons et l'enseigne des plus subtiles. Une parmi tant d'autre, mais il n'y avait jamais assez de bordels pour la population descendant à cette heure à la place des Lanternes. Ainsi, parmi tous ces badauds, il y eu un gaillard, grand, musculeux et tatoué, pour attirer l’œil du videur, sans qu'il ne fasse un geste à son encontre, si ce n'est pour lui signifier que les armes n'étaient pas bienvenues - il les lui garderait, parmi bien d'autres -, si la moindre était visible sur l'individu.

Un peu plus loin, le couloir s'ouvrait sur le rez-de-chaussée aux multiples canapés et couples affairés. Aux bras, sur les genoux, enlacés par les clients, il y avait des filles peu vêtues un petit peu partout, ainsi qu'une vieille femme, bien plus couverte, qui allait de client en client pour échanger quelques mots, tout sourire. Certaines figures esseulées se tournèrent avec envie vers le gaillard tatoué. Comme bien d'autres, il fut reconnu, mais contrairement à bien d'autres, cela n'amena pas les demoiselles à venir l'entourer tels des papillons de nuit attirés par le feu. En revanche, sitôt qu'il se fut un peu avancé dans la pièce, une voix se fit entendre, près de lui.

"Bienv'nu au Tourne-Gambette. annonça la vieille femme avec une bonne humeur accueillante. Je n'crois pas vous avoir déjà rencontré, mais vous m'évoquez quelqu'un. Mes filles m'auraient-elles parlé d'vous ? En bien, j'suis sûre... R'cherchez-vous quelque chose en particulier ?"

Si l'âge avait indubitablement tiré sur ses traits, l'humaine, dont les gestes trahissaient l'appartenance de longue date à ce genre de lieu, avait un maintien vigoureux sublimé par sa chevelure grise déroulée en boucle sur une épaule, et les vêtements amples mais suggestifs, aux motifs recherchés, bien que les couleurs aient perdu de leur éclat il y a longtemps et que le tissu ait été repris en maint endroit, pour qui avait l’œil pour ces détails. Cependant, il y avait quelque chose de familier chez la vieille femme, pour le colosse. Dans la figure, le phrasé peut-être... ?

Le géant n’ayant pas besoin d’armes pour se défendre contre le brigand suicidaire qui oserait s’en prendre à lui, il passa sans encombre la porte de l’établissement qu’il connaissait pourtant si peu. La seule fois qu’il était venu, il avait croisé le chemin de Mleshka et ils avaient bien vite filés dans une des chambres à l’étage. Cependant, cette anecdote l’avait vite catalogué et personne n’osa s’approcher de lui à son arrivée. Tant mieux dans le fond car il n’y avait qu’une personne qui l’intéressait. Il avait particulièrement apprécié leurs ébats au milieu des gémissements et des cris des voisins et était particulièrement chaud pour recommencer ce soir. Si la demie-drow n’était pas là ou qu’elle n’était pas d’humeur, il se contenterait d’une autre même s’il savait d’avance que ça ne serait sans doute pas pareil. Avec d’autres, il se retenait un tant soit peu. Avec la noiraude, il n’en avait pas besoin…

A moins qu’il prenne une drow, peut-être ?

Avant qu’il ne décide que ce serait son option B en cas d’absence de celle qui faisait gonfler son pantalon en quelques mots, une voix attira son attention. Courtois baissa le regard vers la vieille dame qui l’abordait telle la tenancière des lieux. Même s’il n’avait pas su que la mère de Mleshka possédait l’établissement, il aurait vite reconnu la marâtre. Un air de famille prononcé qui lui mettait la puce à l’oreille.

-”Quelque chose” ? Répéta-t-il en haussa un sourcil, comme si le terme le choquait malgré son stoïcisme apparent. Mais elle parlait peut-être de goût et de pratiques et non de femme. Cette réflexion se lit sur son visage et il continua. Mouais… Hm… Les cheveux longs et noirs, la peau grise, un décolleté vertigineux et un penchant pour le langage châtié. Décrit-il en soutenant le regard de la vieille. Allait-elle comprendre de qui il parlait ? Peu importait, il ne lui laissa pas un long temps de réflexion. J’suis un ami d’vôt’ fille.

Quand bien même sa fille n'était pas avare en amant, la mère de la Grise se débrouillait toujours pour être aux courants des derniers, ceux que la Grise côtoyait encore, s'informant par tous les moyens possibles, en bonne mère veillant sur sa fille désœuvrée, malgré les décennies de petits boulots sans lendemain.

De même, en bonne maîtresse de maison, elle n'ignorait jamais bien longtemps ce qui se passait en son absence. Et puis, l'attitude de ses filles l'avait aiguillée : c'était un morceau plutôt intéressant qui s'était présenté là, pourquoi les plus audacieuses ne s'étaient-elles pas avancées ? Et à présent, certaines observant le rez-de-chaussée depuis le balcon du 1er étage semblaient plus encline à se faire des messes basses en regardant le gus, qu'à jouer du décolleté et de l’œillade encourageante. D'sa taille, qu'est à peine moins massif qu'Rodor et qui m'regarde dans l'fond des yeux. Où qu'elle va m'les chercher, ces brutes ? Un 'ami', allons donc ! J'les connais bien, c'genre d'amis qu'elle s'fait.

"Ah, mais t's'rez-ty pas l'Courtois des fois ? C'ui d'chez qui elle r'vient en marchant comme un canard ? sourit la vieille, tout en prenant le bras à l'intéressé pour l'attirer tranquillement - non pas qu'elle ait cru un seul instant pouvoir le forcer - un peu à l'écart des canapés et des filles affairées. Oui oui, j'connais bien c'te fille là, j'l'ai même mise au monde, c'te fichue enfant !"

Cela dit avec la joyeuse bonhomie d'une mère qui en avait vu d'autre, alors que le regard de la vieille était on ne peut plus vif, veillant sur son petit royaume alentours... Y compris les filles qui se retrouvaient juste au dessus d'eux. Le plus important était d'obtenir un peu de discrétion, sans distraire les clients, elle fit donc fi des langues agiles et curieuses. La vieille tapota un instant le bras du gaillard, avant de le lui laisser.

"Halala, si j'étais encore dans mes jeunes années... Mais c'plus d'mon âge, ton genre, mon grand. Par contre, y a bien des filles qui diraient pas non, j'crois bien. dit-elle avec un grand naturel, suggestive. J'comprend bien qu'tu veux la voir, mais elle est pas très bien là, ma fille. Lui faut du r'pos, tu vois ?"

Au dessus de leur tête, cela murmurait vivement entre deux filles, l'une bien plus mature que l'autre, et bien plus dotée. Cette dernière commentait à voix basse avec un air chafouin du plus bel effet, tandis que la seconde, délicate, à la chevelure bouclée, souriait tout en ayant l'air quelque peu mal à l'aise.

"Crois-tu... lui qui... ? disait l'aînée.
- Pourquoi... ce genre... question ? souffla la plus jeune.
- Quoi... ? ... savoir ? Tiens, tu... taille... compte ?"

Et la femme de joie de se taire quand elle réalisa que la matrone avait levé la tête vers elle. Un froncement de sourcils d'un côté, auquel répondit une mimique désolée de l'autre, et l'affaire fut entendue, la vieille femme se concentrant à nouveau sur le colosse.

"Ah, ces d'moiselles, si frivoles... commenta avec amusement la maîtresse de maison. J'disais donc : qui pourrait t'plaire sinon ? 'Vec ma fille, c'plutôt grande, charmes subtiles, mais p'tète que tu voudrais aut' chose...? Ou non... ?"

Fidèle à son rôle de tenancière, la vieille femme ne comptait pas non plus faire fuir un client potentiel, seulement le détourner de son but premier. Les queutards d'mandent rien qu'un con avec l'quel s'faire plaisir. L'tout c'est : l'est du genre facile ou difficile ? Au dessus, la femme mature se concentrait de nouveau sur le fait d'attirer les regards, à l'inverse de sa cadette qui, après un dernier regard vers le bas, s'était détournée, prenant la direction d'une chambre.

La référence à la démarche de Mleshka lorsqu'elle sortait de chez lui après avoir passé la nuit en sa compagnie amusa le géant. En même temps, entre la circonférence de son membre, la délicatesse dont ils faisaient preuve l'un comme l'autre pendant leurs ébats et le nombre de fois qu'ils remettaient le couvert en une nuit, ce n'était pas étonnant qu'elle ait du mal à mettre un pied devant l'autre en repartant.

-Si elle en r'demande et qu'elle r'vient, c'qu'ça doit pas lui déplaire. Fit-il remarquer avec son tact légendaire.

Etant donné le métier de la dame et le fait qu'elle savait ce qu'ils trafiquaient ensemble, il ne voyait pas de raisons de prendre des gants. Il n'en avait jamais trouvé à sa taille d'ailleurs et s'était pris plus d'une gifle pour ça. Elle pouvait y aller, il avait la peau dure...

La vielle lui prit le bras pour l'emmener à l'écart et il la regarda faire en se demandant ce qu'elle fichait. On ne pouvait pas dire qu'il était timide, loin de là, mais il trouvait cette attitude assez étrange. Elle n'était d'ailleurs pas pour prude que lui, reconnaissant qu'elle lui aurait bien fait son affaire si elle avait quelques années de moins. Là où certains auraient été dégoûtés par cette vision qui s'imposait à eux, lui esquissa un sourire railleur.

-Ou avec un gars d'vôtre âge , grand-mère.

Ben quoi ? Elle en a l'âge, non ?

Courtois perdit assez vite son air enjoué devant la réponse de la marâtre au sujet de sa fille. Souffrante ? Sérieux ? Elle le prenait pour un con ? Il avait plutôt du mal à avaler cette couleuvre et il croisa les bras, sceptique et offensé par le fait qu'elle le croit aussi idiot. Il assista sans un mot à la scène de la tenancière rappelant ses filles à l'ordre avant de commencer à évaluer ce qui pourrait plaire au colosse en guise de compagnie pour la soirée. Il était temps que Courtois se montre un peu plus clair.

-On couche p'tet ensemble parc' qu'ça nous plaît mais j'suis sérieux. On est vraiment amis. Si elle est malade, j'voudrais lui souhaiter bon rétablissement. Et voir pour combien d'temps elle aura à s'en r'mettre, qu'on l'attende pas pour l'entraîn'ment. J'verrais pour une d'vos filles après s'vous voulez bien.

Il ne fermait pas la porte à l'idée de payer les services d'une professionnelle mais il voulait avant tout s'assurer que la vieille n'était pas en train de lui raconter des cracs, chose qui ne le surprendrait pas. Toute bonne mère protégeait nécessairement sa fille et il pourrait faire preuve de toute la bonne foi du monde au sujet de Mleshka, le fait qu'ils consomment ensemble lui collait forcément une étiquette rouge sur le front aux yeux de sa mère. Il s'attendait à ce qu'elle l'envoie encore bouler et se tenait prêt à outrepasser son autorité dans son propre établissement pour aller vérifier sans son autorisation. Cela le grillerait sans doute pour revenir ici ultérieurement mais ce n'était pas les bordels qui manquaient à Thaar... Son seul regret serait sans doute de ne jamais pouvoir se refaire une partie de jambes en l'air comme la dernière fois.

La vieille femme n'était pas du genre à prendre peur face à un gaillard croisant les bras, surtout pas chez elle. Sans reculer d'un pas, elle écouta ce qu'il avait à dire... Sa figure gentillette se crispant d'agacement. Tiens ? L'aurais des manières, lui ? A son grand déplaisir, il insistait, mais d'une manière qui rendait la requête presque... Acceptable. La connaissant, elle va pas êt'e fichue d'se tenir. Ainsi, la vieille femme fit non de la tête, alors que des bruits de pas précipités se faisaient entendre.

"C'est aimable d'ta part mon garçon, mais j'insiste. Faut qu'elle s'repose, cette fille. J'la connais, et j'compte pas la récupérer par terre parce qu'elle a encore forcé...
- M'man !" Se fit entendre une voix bien connue, ainsi qu'un bruit un peu lourd.

Levant la tête, la tenancière découvrit la demoiselle en question, on ne peut plus penchée au dessus de la rambarde, sous les regards un peu surpris des filles alentours, ou de quiconque levant les yeux vers elle. C'est que la demi-sang détonnait quelque peu, avec ses cheveux lâchement attachés, sa longue chmise de nuit informe, et sa mine tout sauf pimpante. Presque aussitôt, les pognes de la tenancière se retrouvèrent sur ses hanches, alors qu'elle dévisageait sa fille avec un franc déplaisir, son attitude perdant toute élégance.

"Mleshka, r'tourne t'coucher ! pesta la vieille aussitôt.
- Fous lui la paix m'man, s' y veut monter, y a pas d'mal... souffla fortement la Grise.
- Mayla, ma douce, pourrais-tu la ram'ner dans sa chambre ? fit la vieille à la fille de joie près de laquelle la demi-drow était allée s'échouer.
- Laisse les potes m'dire l'bonjour, j'aurais pas à m'lever comme ça." fut-il répondu avec un sourire.

Marmonnant entre ses dents, la vieille fustigea Courtois du regard, sous le regard tenace de sa demi-drow de fille. La fille de joie n'avait pas levé le petit doigt... Pas encore. Certains des clients alentours lorgnaient dans la direction du trio, curieux. Les filles s'occupant de leur cas les distrayaient alors... Ou se permettaient quelques commentaires amusés. La maîtresse de maison roula des yeux.

"Pas raisonnable c'te fille, pas raisonnable que j'dis... ! marmonna la vieille en secouant une main d'agacement. Bien, bien ! Qu'y monte donc ! Mais pas d'folie, t'entends ?
- Tu m'connais...!"

Puis la figure grise disparut, et la vieille femme désigna l'escalier au gaillard.

"Traîne-pas ! Quand ce s'ra bon, t'revient m'voir, on t'trouv'ra d'quoi faire plaisir. Si la proposition eut pu être agréable, elle ne témoignait présentement que de l'agacement de la vieille d'avoir cédé. Elle adressa un dernier regard, vif et franc, à Courtois. Tu m'la secoues pas ma fille, vu ?"

En réalité, elle ne le quitta des yeux qu'une fois qu'il eut disparu à sa vue. Là, la vieille alla pester des détails en cuisine, sous le regard des filles affairées à préparer de quoi satisfaire le plaisir gustatif des clients du bordel. Une nouvelle-venue fut quelque peu prise aux dépourvus, mais les habituées la rassurèrent vite : ce n'était pas la première fois qu'elle verrait la maîtresse de maison s'énerver après les déboires de sa fille.

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En haut de l'escalier, Courtois vit de loin la jeune fille délicate de tantôt lui adresser un sourire complice tout en indiquant une porte entrebâillé, avant de s'éloigner. Puis, dans la chambre, au grand lit usé, illuminée par une bougie posée négligemment sur une commode, Courtois fut accueilli par une porte que l'on fermait vivement derrière lui. Contre celle-ci, la Grise pesait de tout son poids, l'air aussi fatiguée qu'amusée. Sa peau, d'ordinaire d'un gris de poussière, était étrangement crayeux. Se laissant glissée au pied de la porte, elle adressa au mercenaire un sourire goguenard.

"Elle a pas pu... S'en empêcher, pas vrai ? gloussa-t-elle vivement, avant de se passer la main sur le visage, le souffle un peu court. Ah, bordel. Pour l'nombre de fois... Où elle m'a ramassée dans tous mes états, j'peux pas... Lui en vouloir d'faire l'chien d'garde. M'enfin... Un soupir conclu la tirade, alors que son coude se calait sur son genou, et son menton dans sa pogne. Alors... Que m'vaut l'plaisir ?"

D'en bas, le gaillard en imposait toujours, si ce n'est plus, mais la demi-drow se sentait presque vide à le regarder. Elle ne s'attendait guère à le voir surgir... Ni à grand chose ces jours-ci, à vrai dire. Du moins la situation l'amusait-elle un peu... J'peux jamais m'empêcher d'l'asticoter, ma très chère M'man.

Alors que des pas s'approchaient au dessus d'eux dans un bruit grandissant, le colosse finit par détourner son regard de la vieille femme avant même qu'elle n'ait fini de parler. C'était dire s'il prêtait vraiment attention à ses paroles... Il découvrit alors Mleshka qui se précipitait au balcon pour venir interrompre sa mère. Elle avait bien triste mine avec sa chemise de nuit informe et son teint pâlot. Ainsi, sa mère n'avait pas menti... Il aurait presque été prêt à parier qu'elle lui racontait des bobards pourtant. M'enfin...
Il eut l'intelligence de les laisser se chamailler entre elles. Il n'allait certainement pas prendre le risque de se retrouver au milieu d'une dispute familiale. Il avait bien assez avec ses propres problèmes en la matière entre sa fratrie et la gamine qui lui collait aux basques depuis quelques ennéades. Sans compter que la demie-drow s'en sortait très bien toute seule, obtenant finalement l'accord de sa mère de laisser la gaillard monter la saluer. Ce ne fut cependant pas sans un dernier avertissement de la marâtre... Dont Courtois ne sembla pas faire grand cas, s'avançant vers l'escalier d'un air aussi neutre que d'habitude.

-On lui dira ! Répondit-il à la dernière réplique de la vieille, un peu provoquant sur les bords, avant de continuer sans même se retourner. Et pour t'à l'heur', le physique, j'm'en fous. C'qui m'intéresse, c'qu'elle soit pas farouche et, surtout, pas fragile. J'aime y aller franco et j'préfère qu'elle aussi.

Achevant à peine sa phrase, il disparut dans l'escalier dont il monta les marches quatre à quatre. Une fois en haut, il croisa une femme qu'il reconnut pour avoir joué des miches au balcon avant de disparaître en le voyant en peine avec la patronne. Devant son air complice, il lui adressa un hochement de tête agrémenté d'un simple "merci", se doutant qu'il lui devait l'apparition salutaire de la Grise. Suivant la direction indiquée du regard, il aperçut la porte entrouverte et s'y engouffra sans la moindre hésitation. A peine fut-il à l'intérieur que la porte se referma derrière lui dans un grand bruit. Il se retourna vivement pour apercevoir son amie chancelante se laisser glisser jusqu'au sol. Il l'écouta d'abord sans bouger, le manque de luminosité et la bougie dans son dos empêchant probablement Mleshka de deviner ses traits. Il la laissa finir son baratin (c'est qu'elle était bien plus bavarde que lui, même au lit !) avant de se remettre enfin en mouvement, se dirigeant vers elle.

-C'ta mère, elle fait son boulot. Il s'accroupit près d'elle, une jambe de long de son corps et l'autre devant les genoux repliés de la belle. Il en faut plus qu'ça pour m'faire peur. J's'rais monté même sans son avis.

Détaillant le visage de la demi-sang, il porta une main à son menton, la soustrayant à celle sur laquelle elle l'avait posé, pour mieux l'observer. Son teint était livide. Pas besoin d'être médecin pour constater qu'elle était vraiment malade. Finalement, son verdict tomba sans détour, comme à chaque fois.

-T'as une sale gueule. Déclara-t-il en la libérant de son emprise. Pourtant, j'tais sûre que ta mère m'racontait des conneries pour que j'm'approche pas d'toi. Puis, il baissa les yeux sur ses vêtements. Même dans ma ch'mise t'avais plus fière allure. Si j'avais su, j't'en aurais am'né une. Il esquissa un sourire espiègle. Qu'est-ce t'a ?

Par les dieux, s'il l'avait fait, quel bazar ça aurait été ! La demi-drow se laissa attrapée, puis relâchée, par la main du gus. Alors, bonne vue sur mon teint d'cadavre ? Une pointe d'agacement confus, qui se dissipa vite. Elle n'avait pas d'énergie pour cela.

"J't'imagine bien faire ça... Mais du coup, elle t'frait raccompagner par Rodor, t'as du l'voir à l'entrée. Il encaisse bien, l'genre qui s'prend coup sur coup mais qui t'embarque quand même sur son épaule pour t'foutre dehors, l'cul l'premier. Mais c't'un bon gars. C'eut été con qu'vous vous mettiez d'sus. Ayant retrouvé son souffle, elle en profita pour s'marrer un peu. ...Même si ça aurait eu d'la gueule, c'est sûr."

Pas prévu qu'y s'pointe, et ouai, j'paye pas d'mine, j'paye d'rien du tout. Envie d'me pieuter, bast... Se lever précipitamment lui avait valu son lot de vertige, et elle était on ne peut plus ravie d'avoir retrouvé le plancher des vaches. Le lit eut été bienvenu, mais la demi-sang avait comme qui dirait perdu son élan entre-temps. Hors de question de laisser la porte ouverte, avec le brouhaha dehors et certaines qui ne manqueraient pas de faire leur curieuse. Pour l'bruit y a pas d'recette miracle c'la dit. Mais ça tringle pas encore à tour d'bras autour.

Ses pensées s'égayaient gaiement de droite et de gauche, la fatigue l'encourageant simplement à se laisser tomber et à... Un gars, c'quand même plus confortable qu'un lit... Fait chier, pas l'moment. Clignant des yeux, la Grise tâcha de se concentrer sur ce qu'avait dit Courtois.

"Elle a jamais pu m'empêcher d'fréquenter qui j'voulais alors... Tant qu'tu pètes pas les meubles et qu'j'reviens en f'sant risette, elle peut râler mais c'tout. J'crois pas qu'l'envie lui manque, mais on a assez bataillé sur l'sujet pour s'mettre d'accord qu'on s'laisse tranquille. La demi-drow eut un sourire narquois. Pis elle peut dire c'qu'elle veut, j'lui en connais, des histoires aussi. Les mires noires se baissèrent vers la robe de chambre, et la demi-drow tira brièvement sur le tissu. Crois le, crois pas... C'qu'est bien c'est qu'ça s'met tout seul. Faut juste l'ver les bras... Se r'trouver à avoir du mal à l'ver les bras, j'te jure... Pis la tienne, faudra qu'j'te la rende. J'verrai où j'l'ai fichu."

J'cause beaucoup dis-donc... J'veux m'pieuter bordel, j'ai froid. Elle n'avait qu'à le faire, à d'mander peut-être, mais la Grise restait clouée au sol, épinglée par la dernière question du colosse tatoué. Des choses qu'arrivent, et alors ?... C'plus simple quand y débarquent pas alors qu'ça a été galère. La demi-sang reprit la même position, sa tête soutenue par son bras, lui-même posé sur un genoux, dévisageant Courtois, tout juste éclairé par la bougie dans son dos. J'lui d'mande de m'laisser m’asseoir sur l'lit et... Fait pas chier. Après un silence, l'amusement avait laissé place à la fatigue. Agacée de se sentir faible, de tergiverser, la demi-sang mit les pieds dans le plat comme elle savait si bien le faire. Et tant pis qu'elle en ait le bide tordu.

"C'que j'avais. Un môme dans l'tiroir. J'fais c'qui faut pour qu'mes galipettes m'fassent pas en pondre toutes les deux saisons, mais c'coup-la ça a foiré. Du coup, j'ai fait c'qui faut pour qu'il parte, sauf qu'j'ai trop saigné et qu'ça a manqué m'crever. L'a p'tète essayé d'm'emm'ner, j'sais pas. Son ton s'était fait plus froid, distant, son regard fixant celui de Courtois alors qu'elle persistait à poursuivre. Au cas où tu d'mandes : j'sais pas d'qui l'était."

Voilà qui était dit. Tendue, avachie au pied de la porte, face à son amant, la demi-drow pâle attendait, sans trop savoir quoi.

-Y'a d'aut' façons d'arrêter un type que d'lui cogner sur la gueule. Rétorqua Courtois qui ne suggérait absolument pas par là de le tuer, même s'il savait comment faire ça sans arme. Et puis j'aurais atteint ta chambre avant qu'y m'tombe dessus d'toute façon.

Il l'écouta ensuite déblatérer bien plus que d'habitude sur ses histoires avec sa mère et sur ce vêtement immonde qu'elle portait. Même malade, il avait du mal à comprendre pourquoi elle s'affublait d'un truc pareil. Il attendit l'explication de tout ceci, non sans montrer un peu d'impatience au passage. Et elle finit par tomber.
Bien des hommes se trouvaient désappointés dans une telle situation. La possibilité d'avoir mis une femme enceinte effrayait facilement. Cela les ramenait à leurs responsabilités, pendant les ébats mais aussi après. Une grossesse, même avortée, leur rappelait que les accidents pouvaient arriver et qu'ils pouvaient devenir père sans même l'avoir cherché. Ces gars-là, soit ils fuyaient, soit ils devenaient collants. Mais, fort heureusement pour Mleshka, Courtois n'étaient pas de ceux-là.

-D'moi ou pas, t'as bien fait. J'sais c'que c'est qu'd'avoir une gamine dont t'veux pas et qui t'colles comme un fil à la patte.

Si elle ne voulait pas d'enfants -surtout avec des coups d'un soir ou juste des coups pour le plaisir-, alors elle avait fait ce qu'il fallait selon lui. Il ne servait à rien de porter, mettre au monde et élever un marmot qui n'était pas désiré, voire pire. Pour le coup, l'histoire d'Aube était un véritable enseignement en la matière. Même s'il ne la reconnaissait toujours pas comme étant sa fille et qu'il refusait de la prendre en charge, il désapprouvait l'attitude que sa mère avait eu envers elle. A ses yeux, elle aurait mieux fait de se faire avorter que de lui faire subir ça.

Maintenant qu'il savait ce qu'elle avait, il pouvait comprendre son état mieux que quiconque. En tant qu'ancien gladiateur, il avait déjà vu pas mal de ses collègues ainsi et savait ce qu'elle était en train d'endurer. Sans même prévenir, il acheva de s'approcher d'elle, passant un bras derrière elle et l'autre sous ses jambes avant de se relever, la soulevant du plancher comme si elle n'était qu'une plume. De l'avoir dans ses bras, il réalisa à quel point elle était fraîche. Elle devait être gelée et se mettre debout était une folie... Il pivota donc et s'avança vers sa couche pour l'y déposer.

-C't'un lit ça ? T'es sérieuse ? Dit-il en découvrant l'absence de confort de ce matelas usé par des années de loyaux services dans un bordel. Tu s'rais mieux installé sur une paillasse !

Tandis qu'il tirait sur les couvertures pour les placer sur elle, un rire cristallin et aguicheur résonna devant la porte de la chambre tandis que des pas s'éloignaient. Il se souvenait à quel point les murs pouvaient être fins et les voisins bruyants ici toutes les nuits... Comment pouvait-elle bien dormir dans ces conditions ?
Courtois montra alors l'entrée de la pièce d'un signe de la tête.

-T'arrive vraiment à t'reposer dans tout c'boucan ? Moi, j'pass'rai mon temps en mi-molle et j'trouv'rai pas l'sommeil, hémorragie ou pas.

Il marqua une pause. Mleshka avait passé sa vie ici, elle y était peut-être habituée, même s'il doutait que qui que ce soit arrive à trouver le sommeil dans un flot continu de gémissements de plaisir et de cris d'extase A moins d'être sourd ou complètement bourré bien sûr. Il ne laissa flotter que quelques secondes avant de reprendre, coupant peut-être même la parole à la demie-sang en train de lui répondre.

-T'sais qu'mon frère et ma sœur sont partis ? J'ai une chambre de dispo, au calme et avec un mat'las digne de c'nom.

L'offre était sincère, sérieuse et désintéressée mais la jeune femme était libre de refuser. Ce n'était certainement pas lui qui s'en offusquerait. Il se souciait simplement de son bien-être qui pouvait s'avérer important dans son état. Il était prêt à lui offrir un cadre plus propice à son rétablissement si elle estimait que cela pouvait lui être bénéfique. C'était à elle de voir. Si elle refusait, il se contenterait de la laisser se reposer et de retourner près de la vieille pour voir ce qu'elle lui avait déniché.

L'a plutôt bien pris... Point de jugement ni de prise de tête, une simple acceptation et l'histoire était pliée. Se détendant, la Grise n'eut même pas le temps de songer que, oui, en terme de môme indésiré, Courtois était plutôt au courant actuellement, de ce que cela donnait en terme de désagrément, avant que l'intéressé ne se penche vers elle. Qu'est-ce qui... Ni une, ni deux, elle se retrouva soulevée comme une marmot, en ayant le réflexe de s'accrocher au gus. Mais qu'est-ce qui lui prend ? Même qu'il la porta jusqu’à son lit, et la borda comme... Mais, quoi ? La demi-sang se redressa, repoussant la couverture, en regardant Courtois avec confusion.

"Qu... Qu'est-ce qui t'prend ? fit-elle avec un rire un peu surpris. J'pieute ici d'puis assez longtemps pour..."

Et le gaillard de lui couper la parole pour lui balancer sa proposition. La demi-drow souffla fortement, excédée et prise au dépourvue, avant de - Attend. Quoi ? - L'air tout à fait perdue au milieu des draps et de sa chemise de nuit bien ample, avec sa mine pâle, la demi-drow se retrouva sans voix un instant. Y débarque, s'fait mettre l'grappin d'ssus par la mère, puis m'dit... Je... Clignant plusieurs fois des yeux, la demi-drow se passa la main sur le visage, la gardant là le temps de prendre quelques inspirations pour se calmer.

"J'te... F'rais quand même r'marqué qu'ça t'a pas dérangé m'semble, la dernière fois. fit-elle avec un sourire hésitant. Je... j'sais pour l'lit et l'bruit. T'pouvais m'dire ça sans souligner l'évidence, t'sais ? C'est chez moi, je sais tout ça. Pis j'fais avec, bien contente d'avoir un toit quand j'ai p'us un rond..."

Y m'fait l'chevalier servant ou quoi ? Entre le fait qu'il eut gravi l'escalier malgré la sorcière et son sbire pour ensuite la prendre dans ses bras et décrier le vil château où elle se trouvait recluse, avant de lui proposer de l'embarquer chez lui... Quel est l'con d'ménestrel qui m'a contée c'genre d'histoire déjà ? Cela lui semblait bien tarabiscoté, d'autant que Courtois n'avait pas la gueule du rôle, et elle encore moins. Et sa voix qui prenait des accents geignards... Venue d'elle ne savait où, une brusque envie de chialer. La demi-drow lâcha un profond soupir en se pinçant le nez. Ce merdier... J'veux juste dormir, qu'ça passe et qu'j'sois plus coincée dans c'lit... Pour dormir, c'vrai qu'j'étais bien... Chez lui, c'tait calme, c'vrai...

"... Pourquoi pas. finit-elle par souffler en relevant la tête. Une ennéade au calme, ca m'f'rait pas d'mal j'pense. Les mires sombres parcoururent la chambre peu éclairée. J'embarque des affaires... J'en cause avec ma mère, histoire qu'elle s'inquiète pas. M'arranger quoi, oui... Pis j'suppose qu'la panthère est partie aussi ?" ajouta-t-elle plus légèrement.

-La dernière fois, ça m'donnait surtout plus d'entrain pour t'baiser bien comm'y faut et ç'ta pas déplu non plus d'mémoire. J't'ai v'nu voir si ça t'tentait d'le r'faire mais j'suis pas encore salaud à c'point.

Même si Mleshka n'éprouvait aucune tristesse au sujet de l'enfant qu'elle s'était empêché d'avoir et de ce qui en avait découlé, elle n'en restait pas moins faible et mal en point. Il n'avait désormais pas plus la tête à ça qu'elle. Enfin... Pas avec elle en tout cas. Tandis qu'elle achevait de réfléchir à sa proposition, lui attendait simplement. Il n'y avait dans son regard aucune lueur particulière. Seulement la sincérité de son offre qui était sur la table. Qu'elle refuse ou accepte, cela lui ferait a priori ni chaud ni froid.
Finalement, la réponse vint. Enfin, une demie-réponse finalement appuyée par l'argumentaire qu'il lui avait lui-même servi et qu'elle s'appropriait.

-La v'la raisonnable ! Qui l'aurait cru ? Lâcha-t-il sur un ton sarcastique. Et ouais, y'a pu qu'moi dans la baraque. Puis il observa la pièce autour de lui. B'soin d'un coup d'main ?

Mais la seule chose que Mleshka lui demanda, c'était d'aller chercher sa mère. Il hocha simplement la tête et se dirigea vers la porte sans plus de cérémonie. Lorsqu'il l'ouvrit, une femme appuyée sur la rambarde se redressa aussitôt et lui adressa un sourire racoleur.

-Ah... Le voilà mon étalon. Dit-elle avec envie en s'approchant, féline, avant d'apposer des mains caressantes sur son large torse.

Il s'agissait d'une drow aux formes généreuses soigneusement mise en valeur malgré la modestie de sa robe. Ses cheveux flamboyants lui courraient dans le dos avec soin. Sans être une gravure de mode, elle n'était pas vilaine et visiblement pas timide pour deux sous. S'appuyant sur son épaule, elle se colla sensiblement à lui pour venir lui glisser quelques mots à l'oreille d'une voix sensuelle.

-T'as envie de t'amuser un peu ? Avec moi, tu peux faire tout c'que tu veux...

La voix du géant gronda, appréciateur. Elle savait y faire, c'était certain, et on pouvait dire qu'il avait bien envie de se laisser tenter... La vieille connaissait son métier à première vue mais seules quelques galipettes lui permettraient de le vérifier. Il glissa une main dans son cou puis, soudain, la fit pivoter pour qu'elle se retrouve acculée au mur, son corps pressant le sien. Puis il lui répondit sur un ton rauque de désir.

-Attends-moi là.

Courtois se décolla alors d'elle puis s'éloigna, s'avançant le long du balcon. Il passa près d'autres filles de la maison dont plus d'une lui faisait des œillades. Il ne posa que peu les yeux sur elles, aucune ne lui semblant assez solide pour supporter des ébats avec lui. Une fois arrivé à hauteur de la salle principale, il posa les bras sur la rambarde afin de s'y appuyer, observant les visages en-dessous de lui. Et il repéra bien vite celui qu'il cherchait.

-Eh, Patronne ! Le géant attendit que la vieille dame se tourne vers lui. Elle veut vous causer. Fit-il simplement.

Lorsque la matriarche se mit en mouvement, il la suivit du regard sans bouger. Pourtant, quand elle arriva près de la chambre de sa fille, il était là. Alors qu'il ne lui prêtait aucun regard, la drow attendait toujours, dos au mur, le souffle court et les cuisses serrées d'envie. Courtois se tenait debout devant elle, les bras croisés, bloquant l'allée mais pas l'entrée à la piaule de Mleshka. Quand la mère passa près de lui, il ne manqua pas de l'aborder encore une fois.

-Promis, j'lai pas touchée. Il marqua une pause avant de se corriger. A part pour la r'met' dans son pieu.

Son ton était presque cynique. Il n'en avait rien à faire de respecter ou non les recommandations de la mère de son amie. Cette dernière était assez grande pour savoir ce qu'elle faisait et lui pour décider de ce qu'il ferait ou non. Il avait la gueule et la franchise d'un connard, la marâtre le prenait sûrement comme tel et il s'en fichait comme de sa première paire de babouche orpheline...
A peine eut-il achevé sa phrase qu'il se tourna vers la femme qui l'avait abordé en sortant sans plus se soucier de la vieille. Il vint de nouveau se coller à elle et lui parler à demie-voix.

-J'ai p'tet pas beaucoup d'temps mais si ça t'tente quand même...

La drow lui adressa un sourire d'abord dérouté puis charmeur. Pourquoi dirait-elle non à une passe rapide ? Ça restait une passe et elle aurait plus de temps pour en avoir une autre ensuite et se faire un peu plus d'argent. D'un mouvement du buste, elle l'invita à la libérer de son emprise -ce qu'il fit- et prit la direction d'une chambre libre dans laquelle Courtois la suivit avant de fermer la porte derrière lui.
Des gémissements et des cris s'en échapperaient bien assez tôt...

De la part d'une fille du bordel ou de l'un des videurs, se faire ainsi appelé aurait simplement attirer l'attention de la matrone. Mais, de la part du gaillard sans manière... Ce fut avec un sourire plus crispé qu'elle prit congé d'un client, le laissant aux bons soins de l'une des filles, afin de monter l'escalier tranquillement, pour ensuite rejoindre la chambre de sa fille de sang. C'est qu'Lal'Ya semble à son goût, c'ui-la. La noirelfe l'occuperait sans mal, elle en avait vu d'autre et avait le goût pour la chose. Tant que l'affaire lui agréait et qu'elle s'en sortait sans 'réelle' blessure, cela convenait à la matrone. Acquiesçant seulement avec un "Bien, bien." au gus, la maîtresse de maison s'engouffra dans la chambre.

"Voilà qui est fait. Que voulais-tu m'd... Mais, qu'fais-tu d'bout ? s'étonna la vieille femme en entrant.
- J'embarque des vêtements. J'vais crécher chez Courtois que'ques jours. C'plus calme..." commença à répondre sa fille, debout devant la commode, les mains dans les tiroirs.

Prise au dépourvue, la matrone fronça les sourcils, jeta un coup d'oeil vers la porte, puis s'avança vers sa fille si pâle, lui prenant les mains.

"Je... Qu'est-ce tu m'chantes là ma fille ? fit-elle d'une voix se voulant sans hostilité, simplement interrogatrice, rassurante. Ton gars, va bientôt s'occuper d'trousser Lal'Ya, et tu voudrais aller chez c'gars-la ? Dis-donc pas d'bêtises..."

La Grise cligna des yeux, agacée de se voir retenir, avant de saisir ce qui venait de lui être dit.

"C'pas mon gars, m'man... Un ami... Bon au pieu et pas prise d'tête..." souffla-t-elle, se défaisant des mains de sa mère.

Fait chier. Peine bonne pour m'tenir d'bout, pas moyen d's'envoyer en l'air... Chier, chier, chier... Un clignement de paupière plus tard, et elle réalisait qu'elle avait le cul sur le bord du lit. Ce qui n'était absolument pas voulu. Putain d'marmot, putain d'herbes... Et cette envie de larmoyer qui lui traînait derrière les yeux, qui était pénible, mais pénible... ! Quand t'as la fatigue qu'y t'tient au corps... Sa mère s'était approchée encore, lui palpant le front.

"Tu es glacée ma fille. Rallonge-toi, je vais te chercher quelque chose...
- M'man... J'm'allong'rai quand j's'rai chez lui. Bon pieu, pas d'bruit, au calme. J'dormirai mieux... argumenta la demi-drow, en tâchant de se relever.
- Ma fille, vaut mieux pas qu'tu bouges, ici on s'occupe d'toi. C'pas toi qu'va m'dire qu'c'est un tendre, t'crois qu'il aurait l'temps d'faire c'qui faut pour t...
- M'MAN. La voix de la Grise claqua... Avant de s’essouffler aussitôt. J'en sais rien d'tout ça, j'sais qu'y m'a proposé du r'pos, au calme, sans entendre gémir et beugler chaque nuit. Alors j'vais pas cracher d'sus. Si y un problème j'reviendrai, et tu pourras t'payer ma tête tant qu'tu veux mais en attendant, arrête d'me la prendre et laisse-moi m'préparer."

Les mots s'étaient enchaînés avec de plus en plus de précipitation et, avec eux était revenu l'agacement, qui allait et venait, dès que la demi-drow avait l'énergie nécessaire pour en avoir assez d'être plus faible qu'un môme. Parmi les voix se faisant entendre alentours, elle crut reconnaître celle d'une certaine drow. Sans trop savoir comment, la Grise se releva pour continuer de fourrer son sac de quelques affaires.

"...Célimé viendra t'aider. finit par dire la vieille, après un soupir excédé.
- Ah ? La bonne idée... dit la demi-drow sans se retourner.
- Et si y a quoi qu'ce soit, tu lui dis et on t'ramène, vu ?
- ... J'ai pu vingt ans m'man. souffla la demi-drow, ralentissant ses gestes, s'essoufflant toute seule.
- T'es t'jours ma gamine qu'j'ramasse quand y faut, puis qu'j'regarde r'tourner vers ses emmerdes. Enfin... ! M'reproche pas d'tenir à toi, fillette."

V'la qu'j'peux plus causer... Traîtresses, des larmes s'étaient glissées dans les yeux de la demi-sang. Quand j'dors, ça gueule, et quand j'suis éveillée, on m'prend la tête. Rah, bordel... Avec un geste rageur, la demi-sang s'essuya la figure avec la manche de sa chemise de nuit informe. La vieille femme en avait profité pour venir vérifier ce qu'elle faisait, organisant un peu le bazar, rentrant les vêtements dans le sac. Alentours, cela bavassait, gloussait ou gémissait de plus en plus, alors que la nuit, dehors, s'affirmait.

"Dis... T'peux m'aider à m'habiller comme y faut ? demanda la Grise après quelques instants.
- Bien sûr, j'vais pas t'laisser partir comme ça. répondit l'humaine, avant d'ajouter avec un sourire. Par contre, me d'mandes pas d'te torcher, ça j'le f'rais pu', merci bien !"

Mleshka éclata de rire.

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L'affaire fut donc entendue auprès de la vieille femme, et sitôt prête, la demi-drow alla chercher la jeune fille de joie. La dérobant avec subtilité au client qui trouvait cette dernière à son goût, la demi-drow, enfin vêtue mais toujours aussi faiblarde, portée par un certain enthousiasme à l'idée de faire autre chose que d'attendre dans sa chambre et compter les jours - et surtout les nuits, qui se faisaient longues -, expliqua la situation à la jeune fille. Celle-ci, bien que surprise, accepta. C'est que la vieille avait précisé qu'elle serait payée à hauteur des nuits qu'elle ne pourrait pas assurer. En un sens, Célimé se retrouvait ainsi avec une ennéade de tranquillité.

Vint ensuite la question du trajet... Et la Grise ne put que constater que son amant et hôte était toujours occupée. Guère enthousiaste à l'idée d'attendre - Combien d'temps ? Sait être endurante Lal'Ya. -, la demi-sang se fit la réflexion que prendre un peu d'avance ne serait pas de trop. Ainsi que profiter de l'air frais du soir, en dehors du bordel on ne peut plus actif. Évitant la foule de la Place des Lanternes - et tout commentaire de Rodor, à l'entrée -, la Grise prit tranquillement la porte de derrière avec Célimé - non sans avoir convaincu cette dernière... En insistant un peu -, pour s'enfoncer dans les ruelles de Thaar, par une douce soirée d'automne. Bien fait d'bien m'couvrir...

Autant dire que les deux femmes n'avançaient pas à vive allure, la demi-drow ralentissant souvent le pas, voire s’arrêtant pour se poser contre un mur, afin de souffler. Son épée courte à la hanche, elle prenait alors une posture on ne peut plus assurée, comme si la situation était on ne peut plus sous contrôle. Sortir lui faisait en effet du bien, sans pour autant faire des miracles.

-Attends-moi, tête de lard !

La voix forte et grave de Courtois portait loin. En apprenant que Mleshka s'était déjà tirée, il avait foncé hors de l'établissement, prenant tout juste le temps de saluer à Lal'Ya avant de passer la porte, lui ayant déjà fait savoir qu'il reviendrait lui faire sa fête une autre fois et en prenant plus son temps ce coup-ci. Il fallait avouer que ces quinze à vingt minutes passées avec elle avaient été aussi bonnes qu'efficaces. Et, effectivement, elle était capable d'endurer et d'apprécier autant la largeur de son membre que la vigueur de ses imprévisibles assauts. Etant donné les cris que la drow avait poussé et les spasmes qui avaient saisi son antre, il ne doutait pas qu'elle ait bien pris son pied elle aussi. Une fois fini leurs affaires, il ne s'était pas affolé jusqu'à ce qu'il découvre la chambre vide de son amie. En quelques instants, il était dans la rue a tenter de rattraper la demie-sang.
Cela n'avait pas été très compliqué d'ailleurs. Dans son état, elle ne pouvait pas avancer très vite, et ce malgré l'aide de son amie. D'ailleurs, il ignorait que son invitation avait été étendue à une deuxième personne. Il aurait pu penser qu'elle ne faisait que l'accompagner mais ç'aurait été ignorer le second baluchon qu'elle trimbalait...

-Tiens. T'es trouvé un aut' gard'fou ? Lui faut quoi à ta mère pour comprendre que j'mords pas ? 'Fin... On s'comprend. Courtois se remémora sans mal cette réflexion qu'elle avait eu alors qu'il avait gardé la pointe d'un de ses seins entre ses dents alors qu'ils étaient en train de jouir tous les deux et qu'il lui avait laissé quelques marques douloureuses mais temporaires. Il n'attendit pas vraiment de réponse avant de prendre le sac de Mleshka pour le tendre à Célimé. T'portes les sacs, j'la porte elle.

Joignant le geste à la parole, il prit l'un des poignets de la semi-drow et le passa derrière sa tête. Puis, il appliqua sa seconde main sur la taille de la jeune femme pour la soutenir, pressant son flanc contre le sien, et l'aida à marcher ainsi. Si elle s'avérait trop fatiguée, il n'hésiterait pas à la porter de nouveau comme il l'avait fait pour la remettre au lit, quitte à la faire râler. Pas question de traîner dans les rues à cette heure avec une fille toute frêle et une autre mal en point. Même si sa masse suffisait à dissuader en général, il préférait ne pas prendre de risques.

Se connaissant de longue dague, la frêle fille de joie  à la chevelure bouclée, et la fille de la tenancière, à la crinière obscure, avaient bavardé tranquillement, tournant sans hésitation dans les différentes ruelles, la demi-sang se repérant sans mal, jusqu'à ce qu'une voix facilement reconnaissable se fasse entendre. Tournant la tête, la Grise eut un sourire en voyant Courtois rappliquer. Amusée, elle, de l'avoir fait courir ? Un petit peu, juste un peu. Toute à sa joie d'être sortie du bordel, en d'autres circonstances, il est même possible qu'elle se soit mise à courir à son tour. Ou le saluer à la manière des seigneurs, avec une révérence ? Ou encore d'autres pieds de nez, qui lui vaudraient sans doute présentement de ne pas tenir longtemps sur ses pieds. Au lieu de cela, elle répondit avec bonhomie.

"Eh bien ? Vu qu'tu prenais ton temps, on a commencé à avancer. Fait bon, non ?"

Très magnanime, la Grise le laissa les rattraper - comme si elle pouvait aller loin -, sa remarque sur la présence de Célimé l'amusant grandement, alors que la concernée affichait un air surpris... Avant de rosir un petit peu, non sans jeter un coup d’œil la Grise, tout en souriant toujours.

"Ce n'est pas l'intention de la patronne. Je vais simplement aider Mleshka, si elle a besoin de quoique ce soit, et... dit-elle un peu précipitamment, alors que l'intéressée se marrait, laissant Courtois faire.
- Te bile pas Célimé ! Si t'y as pas pensé, c'pas l'cas d'ma chère mère, t'penses bien ! sourit la Grise, se calant volontiers contre le tatoué, avant de commencer à marcher. 'Tout cas tu l'regret'ras pas, Courtois, elle prépare d'très bonnes choses Célimé.
- Madame m'a donnée de quoi aller au marché. ajouta doucement la jeune fille.
- Et aller chercher un peu d'poisson, j'imagine ? sourit la Grise.
- ... Pourquoi pas." Cette fois, la jeune fille détourna le regard, rosissant encore, alors que sa comparse gloussait tranquillement sur l'épaule de son amant.

Au vue de l'heure tardive, sauf intervention de Courtois, les deux jeunes femmes continuèrent de parler, à voix basse, de tout et de rien, sur le trajet. Peut-être à tord, la demi-drow n'avait pas la tête à s'inquiéter, comptant aussi bien sur sa connaissance des gars du coin que sur l'allure de l'ancien gladiateur.

-Eh ben ça m'évit'ra d'cuisiner pendant qu'qu'jours ! Lâcha Courtois, visiblement pas inquiété du tout par le fait que la matrone ait envoyé son petit espion chez lui. Elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, il en fallait beaucoup plus pour le perturber réellement. Mleshka s'en était certainement rendue compte d'ailleurs.

Tandis qu'ils marchaient, le géant écoutait la conversation, s'interrogeant bien évidemment à voix haute sur cette question de poisson. Il aurait pu penser qu'il y avait une histoire là-dessous qui concernait son amante mais, aux joues rosies de Célimé, il comprit que ça n'avait visiblement rien à voir avec la demie-drow. Cependant, la conversation ne dura pas longtemps, malgré le trajet qu'ils avaient à faire. Au fur et à mesure, on entendit de moins en moins la voix de la noiraude et Courtois la sentit peser de plus en plus lourdement sur lui. Finalement, lorsque la situation devint trop contraignante et qu'il comprit que Mleshka ne tiendrait plus longtemps, le colosse s'arrêta et souleva la belle comme il l'avait fait dans sa chambre. Elle râla, bien sûr, mais il n'en avait que faire, reprenant sa progression à travers les rues de la cité. Il avait bien fait d'ailleurs car elle n'eut pas l'occasion de grogner longtemps...

Ce fut avec une semi-sombre inconsciente dans les bras et une toute jeune femme portant deux baluchons à ses côtés que Courtois arriva devant la porte de chez lui. Ne pouvant poser son amie, il se tourna vers Célimé et lui indiqua que la clef se trouvait dans sa poche de gauche. Elle y fouilla donc, en sortit l'objet, déverrouilla la serrure et leur ouvrit. Une fois à l'intérieur, Courtois prit aussitôt les escaliers pour monter à l'étage.

-Vu qu'j'ai deux invitées au lieu d'une, j'vais la met' dans mon pieu. C'toi qui prendra l'aut' piaule. Déclara-t-il sans même se soucier des arrières pensées qu'elle pourrait avoir en entendant ces mots.

Mais bien loin de lui l'idée de faire quoi que ce soit avec Mleshka avant qu'elle ne se soit rétablie. Aussi, lorsqu'il fut dans sa chambre, il la déposa sur le lit, lui retira ses bottes et la recouvrit du drap et de la couverture déjà en place. Une voix à l'entrée de la pièce lui suggéra alors de la changer pour la nuit. Courtois haussa les épaules, agrémentant son geste d'un "s'tu veux". Comprenant qu'elle voulait s'en charger, il commença à s'éloigner. Avant de descendre, il se retourna vers la chambre une dernière fois et aperçut la chemise informe que l'on extirpait du baluchon de la noiraude. Il renifla en reconnaissant le vêtement qu'il trouvait horrible puis disparut dans l'escalier.
En bas, il fit un feu dans la cheminée ouverte dans le salon et la cuisine. Le conduit passant entre les deux chambres de l'étage, cet unique âtre était donc capable de chauffer toute la maison. Si lui n'avait pas froid, Mleshka, elle, avait besoin de chaleur. Il alla ensuite remplir une petite marmite et un seau d'eau au puits du quartier. Il installa la première au-dessus du feu pour préparer une soupe de légumes : Un repas chaud et facile à avaler pour une malade. Quant au seau, il s'en servit pour remplir une carafe qu'il alla poser sur la table de nuit de sa chambre avec un verre. Dans l'état où se trouvait son amie, elle avait besoin de boire énormément.

Lorsque le colosse et la jeune femme avaient fini de manger, ils montèrent pour constater que leur amie dormait toujours. Ils décidèrent donc changer la cheminée pour la nuit puis de faire de même. Courtois donna des draps à Célimé qui alla ensuite s'enfermer dans sa chambre. Le géant demeura ensuite un moment sur le pallier, observant la demi-sombre et réfléchissant à aller dormir sur le canapé ou pas. Finalement, il entra dans la pièce et ferma la porte à son tour. Il retira ses bottes, sa tunique et son pantalon qu'il posa sur une chaise. Nu comme un ver, il se glissa sous les draps avec Mleshka. Elle ne réagit pas et il porta le revers de ses doigts sur sa joue. Elle était encore fraîche malgré la chaleur qui régnait dans la pièce. Il n'y avait plus qu'un seul moyen de la réchauffer un peu plus. Il s'approcha, passant un bras sous sa tête, puis l'attira à lui.
La joue de la belle posée sur son biceps, son souffle caressant son torse, il s'endormit ainsi avec son amie dans ses bras, l'enveloppant de la chaleur de son propre corps.

Dormait-elle ? Se croyant consciente, sans en être tout à fait sûre, la demi-sang attendit. Elle se sentait à son aise, mais n'était-ce pas le cas, lorsque-l-on dort d'un bon sommeil ? Elle avait chaud, presque un peu trop, mais n'était-ce pas normal, dans le cocon de son lit ? Non, j'dois rêver... La couverture qu'trop fine, j'devrais avoir froid. S'agitant un peu, elle ferma les yeux - ouverts ou fermés, elle ne voyait pas de différence - et... Attendit. Avant d'être attirée par des détails qui ne correspondaient pas. Tout d'abord, elle entendait une respiration autre que la sienne. Un écho ? Les murs trop fins ? En ce cas, elle devrait entendre plus de monde.

J'dors ou bien... ? Non, réveillée. Mais... Ensuite, il y avait une chaleur toute particulière, à laquelle elle s'accrochait. L'une des filles ? Plutôt massive... Une palpation lui apprit bien vite que c'était un homme. Un des gars du bordel alors ? Non, ce n'était pas dans leurs habitudes. Au bout d'une longue réflexion et d'un réveil brouillon, la demi-sombre finit par comprendre. Ses yeux s'ouvrirent grands dans l'obscurité. Ah. Et y porte rien. Et son esprit ne trouva rien de mieux que de se fixer sur ce détail... Ce à quoi son corps rappela bientôt que ce n'était pas une bonne idée. Du. Tout.

Non sans un soupir, la demi-sang se détendit, se calant mieux tout contre le tatoué. Point de d'éclats dus à des ébats, point de parquet grinçant, point de voix, rien de tout cela. Le silence d'une cité endormie au dehors, vaguement agitée par quelques nocturnes, et le souffle de l'humain... Autant dire que la Grise se trouvait plutôt à son aise. T'l'ais dit m'man...

Malheureusement, le sommeil se refusa à elle, quand bien même il faisait encore nuit. Se trémoussant un peu, sans que la sensation ne s'en aille, la Grise finit par se lever. La discrétion passait entre autre par une certaine lenteur, une maîtrise du corps... Si la seconde lui faisait plus ou moins défaut, la première ne lui posait aucun problème, et elle parvint à se glisser hors de la chambre. Laquelle... ? Célimé ? Heureusement pour la demi-sang, la jeune fille de joie fut disposée à se réveiller, puis à l'aider à atteindre ce lieu où elle pourrait se soulager, avant de s'en retourner... Par ces fichus escaliers. Sur le trajet - si court, mais où elles prirent leur temps -, la jeune fille questionna tranquillement son aînée, qui la rassura. Cependant, elle nota le ton plutôt détendu de Célimé.

"Qu'dirais la Mère... En sachant qu'tu m'as laissée dormir 'vec lui dès l'arrivée ? souffla la demi-drow.
- Je lui répondrais qu'il était plutôt... Prévenant. Et que j'ai tendu l'oreille un certain temps. répondit Célimé, avec un léger sourire dans la voix. Cela dit, je ne l'ai pas laissé te changer.
- Oh... C'dommage. J'me s'rais bien réveillée à c'moment-la sinon...
- Mleshka... ! s'agaça gentiment la jeune fille à voix basse. En ce cas, j'aurais dû intervenir, tu penses bien !
- J'demande à voir."

Qu'est-ce qu'ça donnerait, une Célimé en pétard qui m'défend l'con ? Elles étouffèrent leur rire de leur mieux, et chacune réintégra bien assez vite la chambre lui étant assignée, Célimé laissant la demi-sang près de la porte de celle de Courtois. On ne peut plus habituée, bien qu’essoufflée par la montée, la Grise se retrouva sans mal, longeant les murs, tâtonnant jusqu'à trouver le bord du lit. Lit dans laquelle elle s'était jusqu'à ce jour couchée pour bien plus qu'une simple nuit de sommeil. Mais, après quelques efforts, l'appel du sommeil se faisait à nouveau on ne peut plus pressant...

Néanmoins, la Grise se permit une petite chose. Se contorsionnant dans le noir, elle passa la chemise de nuit informe par dessus sa tête. Le vêtement avait rempli son juste devoir, la tenant plus ou moins au chaud ces derniers jours, ne lui prenant (pas trop) la tête pour être enfilé ou retiré. Cela dit, il demeurait le reproche qu'il ne lui manquait qu'un peu de cette fichue dentelle que la mère de la Grise gardait précieusement dans un placard - C'précieux, l'tissu 'vec des trous ! -, pour que la demi-sang se sente comme une pucelle toute penaude attendant son gueux tout pataud. Désagréable pensée.

Libérée du tissu, la Grise sentit aussitôt la chair de poule lui parcourir le corps. Maladroitement, elle retrouva le - bon - bord de la couverture, et se glissa en dessous, jusqu'à l'homme s'y trouvant déjà. Là, un soupir de bien-être échappa à la demi-drow, alors qu'elle s'installait à nouveau contre cette autre corps nu, dont la peau lui parut merveilleusement chaude en cette instant. Ses pieds glacés trouvèrent ceux de l'humain. Pas à dire... Un lit, c'bien... Un lit 'vec un gars... C'mieux. Sa respiration se calquant bientôt sur celle de l'ancien gladiateur, la demi-drow ne tarda pas à sombrer à nouveau.

Lorsque Courtois s'était éveillé, il avait été surpris de sentir la peau nue de Mleshka contre la sienne. Quand s'était-elle déshabillée au juste ? Il aurait menti en disant que ça ne lui donnait pas quelques idées, surtout après toutes les nuits de débauches qu'ils avaient passé ensemble, mais il se retint de les mettre en oeuvre. Tout juste lui mit-il une main aux fesses et fourra-t-il son tête dans son cou pour lui glisser quelques mots à voix basse, exprimant son regret de ne pouvoir lui faire sa fête dans son état avant de finalement la laisser finir sa nuit. Il enfila son pantalon, ses bottes et sa cuirasse avant de descendre, avaler quelque chose et partir pour le palais de sa patronne alors que le jour se levait à peine.

A partir de là, les jours s'écoulèrent à un rythme nouveau pour le géant. Chaque soir, il rentrait chez lui et, plutôt que de ressortir pour se pinter avec des potes ou se lever une gourgandine, il restait là et prenait soin de son foyer plus que de coutume. Il rentrait du bois, allait chercher de l'eau en quantité, préparait un bain de temps en temps, jouait à quelques jeux avec ses invitées. Lorsqu'elle décidait de passer la nuit avec lui, il se réveillait avec la demi-drow dans ses bras sans même l'avoir trousser la veille. C'était une sensation étrange pour lui que de partager le lit d'une femme avec laquelle il n'avait pas couché juste avant... Même si, pour tromper l'ennui de Mleshka, il était quelques fois descendu d'un étage pour égayer un peu sa journée en la faisant gémir un peu.

M'enfin, ça ne valait pas leurs parties de jambes en l'air endiablées quand même...

Finalement, après cinq jours d'invitation forcée chez lui, Célimé accepta une suggestion de son amie et décida de passer ses nuits chez son Jules. Courtois aurait bien fêté cela. Malheureusement, la sang-mêlé n'était toujours pas en état de picoler ou de forniquer dans les règles de l'art. Ils profitèrent donc de leur première nuit tranquille ensemble bien plus sagement qu'ils n'en auraient eu envie.

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9ème jour de la 3ème ennéade
Favrius, automne de l'An 17:XI

Domicile de Courtois

La porte d'entrée claqua violemment tandis qu'une voix grommelait. Des bas lourds s'enfoncèrent directement dans la cuisine, juste en face, les murs étouffant un gémissement qui n'était pas vraiment de bon augure.

La nuit était déjà là. Le géant rentrait bien plus tard que d'habitude. Cela n'avait rien de surprenant lorsqu'on savait pour qui il travaillait. Plus les gens sont importants, plus ils peuvent s'avérer capricieux et imprévisibles. Même si son retard n'avait rien à voir avec le boulot. Enfin, pas complètement.

Courtois ouvrit un placard, prit un linge propre et l'appliqua sur son trapèze gauche. Il se força à exercer une pression malgré la douleur. Il n'avait pas besoin d'être soigneur pour savoir qu'il n'avait rien de grave mais, bordel... Ce que ça pouvait être douloureux. C'était à la fois énervant et chiant une connerie pareille.

Sans attendre beaucoup plus longtemps, il attrapa une bouteille de sa main libre parmi celles qui coûtaient le moins cher et qui étaient tout juste bonnes à se mettre la tronche à l'envers. Il la déboucha avec les dents, souleva un peu du tissu et laissa une rasade s'écouler sur sa plaie. Il lâcha alors un nouveau gémissement ainsi qu'un juron derrière ses dents serrées. Si une entaille superficielle pouvait s'avérer douloureuse, les soins étaient souvent bien pire ! Mais ce n'était qu'un mauvais moment à passer.

Quelques jours, qui semblèrent pourtant bien long pour la demi-drow. Aux premiers jours où le sommeil lui prit bien des heures, en succédèrent d'autres où elle demeurait de plus en plus éveillée. Célimé était là pour tenir compagnie - sans être très bonne aux jeux de cartes, malheureusement -, et Courtois n'était présent qu'en soirée. A côté de cela, ils mangeaient fort bien grâce au savoir culinaire de la jeune femme, mais, et pas n'importe quel MAIS, le tatoué ne permit pas à la demi-drow d'accéder à son stock de bouteilles, et se sentir capable de s'évanouir au moindre effort gachait la moindre envie d'activité corporelle, diurne comme nocturne. Et tout cela, en aillant sous la main, littéralement dans le pieu, un bon partenaire pour ces deux activités si chéries...

Il y a avait de quoi devenir doucement fou, pour la demi-drow.

Malgré les attentions de l'humain, partager sa couche avec raison se révéla, au fil du temps, aussi appréciable que frustrant. Ainsi, parfois la Grise s'endormait le sourire aux lèvres. D'autres, elle préférait aller dormir avec Célimé, le manque lui donnant des idées quelques peu douteuses, tintées d'agressivité frustrée. Qu'est-ce c'est d'vivre sans picoler ? Sans sortir ? Sans baiser ? J'm'emmeeeeeeerde !

L'humaine prêtait l'oreille à ses marmonnements agacés, jusqu'à l'endormir par sa présence résolument détendue. Disons que s'entendre répondre des "Hmmm hmmmm." souriant et amusés à ses "J'me fais chier, l'aut' con qui dort à poil, tu t'rends compte, dormir sans rien sur l'corps et rien faire ? C'comme s'mettre à table pour r'garder l'plat sans y toucher, une bouteille bordel, j'd'mande qu'une bouteille, pis les gars, j'avais dis qu'j'irais boire avec eux, t'crois qu'si j'me faufile il y verra quelque chose ? Compte pas les bouteilles quand même..." parvenait, à la longue, à émousser son humeur agitée, qui reprenait du poil de la bête au jour suivant.

Dans un sursaut d'espoir, la demi-sang trouva une bonne raison de faire s'éclipser la jeune femme, afin de leur donner à toutes deux un peu d'espace. "Ton gars, t'pourrais aller l'voir ? C'pas tous les jours qu't'as l'temps... T'a bien vu comme on est sage." Et la jeune femme d'émettre des doutes... Et la demi-drow de s'agacer, arguant que c'était là une occasion à ne pas manquer... Et que oui, certes, elle espérait parvenir à faire autre chose que pioncer comme une gentille pucelle. Le roulement d'yeux fut on ne peut plus expressif, mais la Grise trouva des trésors de raison. Elle demanda poliment, en assurant qu'elle ferait attention. N'avait-elle pas été des plus raisonnables, jusqu'alors ?

Et Célimé de dire oui.
Et la nuit d'être d'autant plus affreusement tranquille. La Grise en eut bien crever les yeux à celui dont l'affaire avait résister aux herbes, même s'il s'était avéré que ça avait été Courtois. Peut-être se serait-elle sentie bien. Un peu. Avant de se dire "Mais meeerdeuh..."

La journée passa, le jeu, le repas, les siestes, encore le jeu... Si elle n'était toujours pas capable de courir à travers tout Thaar - J'veux aller à la taverne bordel... Plein de tavernes, toutes les tavernes j'vais en faire le tour dès qu'j'vais mieux... ! -, tourner en rond dans la maison lui était possible. En faisant des pauses. De lassitude, elle parvint à s'assoupir en fin de journée, après le départ de Célimé. Vautrée en travers du canapé dans le salon, elle fut réveillée par le claquement de porte, puis les grommellements achevèrent de lui faire ouvrir ses paupières engourdies. Je, quoi... ? Céli- non, j'crois... Ah ! Courtois ? Qu'est-ce que... Euh...

Pataude, habillée convenablement - quoique la chemise fut de guingois, la tignasse dans un état de stupeur prononcée, et le pantalon retroussé seulement pour une jambe -, la Grise s'étira, puis prit la direction de la cuisine, d'où venait le tintamarre. Ah, c'grognement, j'dirais bien Courtois... Qu'est-ce qu'il a donc... ? A l'entrée de la pièce, les mires noires fixèrent l'humain un temps, un peu ailleurs.

"B'jour CourtoooaaaaAAAAh. bailla la Grise, avant de plisser les yeux. Elle marmonna alors que l'odeur de l'alcool la prenait au nez. Qu'est-ce tu fous... Oh. Enfin, son regard accrocha le détail. T'saignes, t'sais ?" dit-elle gauchement.

Ah, putain d'réveil... Se secouant la tête, baillant derechef, la demi-sang s'avança à pas nonchalant jusqu'à son amant.

"Fait-y voir... Un instant où elle regarda. Oooooh... C'qu'tu t'es pas raté. Enfin, le regard brumeux semblait connaître une éclaircie. Comment t'as fait ton affaire ? Ou qui qu't'as fait la tienne, plutôt ? dit-elle avec une pointe d'amusement, tout en cherchant alentours. T'as du fil et une aiguille quelque part ?"

Les dents serrées, Courtois n'eut pas l'occasion de répondre à l'accueil d'une Mleshka embuée par sa petite sieste. Depuis son arrivée, elle ne faisait que dormir la majeure partie du temps mais il ne lui en voulait pas, contrairement à ce qu'il disait. Il connaissait l'origine de sa fatigue et c'était bien pour qu'elle se retape qu'il l'avait invitée chez lui. Alors les railleries et les piques qu'il lui envoyait à ce sujet n'étaient que de l'humour pur et simple pour la faire enrager.
Par contre, sa remarque sur le fait qu'il saigne...

-Non, sans blague ? Lâcha-t-il sur un ton qui semblait plus sec que d'habitude.

Ben quoi ? C'était vraiment une question à la con, non ?

Quelques neurones semblèrent parvenir à se connecter tandis qu'elle s'approchait pour observer la plaie. Etant donné sa masse, l'entaille avait beau être vilaine, elle était loin d'être grave. Seul le muscle était touché et pas assez encore pour l'empêcher de bouger. La demie-drow crut bon de lancer un trait d'humour mais, en l'état actuel des choses, le colosse n'était pas aussi réceptif que d'habitude.

-Si j'pouvais t'la faire la tienne de fête... Pesta-t-il à moitié. Oui, seulement à moitié car, d'un certain côté, il était sincère. Pour lui (peut-être plus encore que pour elle), il était étrange d'avoir une femme dans son lit sans coucher avec. Surtout qu'il s'agissait de son propre lit... Il n'avait pas compris pourquoi elle était parfois allé occuper la chambre voisine mais il n'avait pas cherché non plus, elle était libre de faire ce qu'elle voulait. Et puis, il se doutait qu'elle devait être frustrée par la situation. A sa place, il ragerait sans doute bien plus qu'elle.
Alors que les secondes s'écoulaient, la brûlure de l'alcool se faisait de moins en moins ressentir au sein même de sa plaie. Et le pli entre les sourcils du géant de s'amenuiser lentement.

-T'emmerde pas, un bandage ça suffira. J'me f'rais rafistoler d'main à l'infirmerie. Mais ça m'dispensait pas d'me désinfester pour autant...

Tout en parlant, il se tourna vers un autre placard, l'ouvrit, récupéra une boîte en ferraille sur l'une des étagères du haut et la lâcha sur la table dans grande précaution. La boîte s'ouvrit sous ce manque de délicatesse et laissa apparaître tout ce qu'il fallait pour panser une blessure ouverte. D'autres contenants d'une même genre étaient disposés sur cette même étagère, laissant deviner qu'ils avaient d'autres usages en matière de soins. Délaissant le placard ouvert derrière lui, Courtois prit une chaise et commença à s'asseoir, maintenant toujours de linge sur son trapèze.

-C'tait des p'tits cons. Y'en a un qu'a fini la tête en bas dans un tonneau vide. Un qu'a pris un bain dans un abreuvoir. Deux qu'ont embrassé un mur... Et l'cinquième qu'était planqué et qui m'a attaqué d'dos, j'lui ai rendu la monnaie d'sa pièce... Dit-il sans une once de compassion ou de remord. Il savait pertinemment qu'il ne l'avait pas tué mais qu'il aurait foutrement plus mal que lui... J'souhaite bien du courage à ses p'tits copains pour r'tirer l'couteau d'son omoplate.

L'air navrée de se faire rappeler son état et l'ennui de ces derniers jours, la demi-drow accepta avec un haussement d'épaule le refus du tatoué. Le regardant se débrouiller - avec fracas -, elle s'approcha ensuite pour trouver dans le bazar répandu de quoi le bander : un nouveau linge propre et un bandage. Sur l'muscle entre le cou et l'épaule, rien qu'ça, l'meilleur endroit à bander.

"Comme tu veux, tant qu't'es sage et qu't'l'ouvres pas davantage. C'tes draps après tout. sourit-elle raisonnablement. Le récit fort succinct du gaillard la fit pouffer. D'un air exagérément concentré, elle l'examina des pieds à la tête. T'tes pas changé en marchand cousu d'or d'puis c'matin pourtant. Faudrais qu'j'les r'trouve pour leur d'mander à quel moment y ont pensé qu'c'était une bonne idée d'te viser toi... En tout cas, pour t'la bander correctement la p'tite coupure, va falloir r'tirer l'barda."

Et la dem-sang de désigner du menton l'humble cuirasse enveloppant le torse de l'ancien gladiateur. Ou y compte la garder jusqu'à l'infirmerie d'main ? Sourit-elle en penser. Présentement, il lui fallait donc se contorsionner pour s'en défaire, et tirer sur le machin peu agréable - autant que la Grise pouvait en juger par ses vocalises précédentes -.

Laissant le gaillard détacher son affaire avec savoir-faire, la demi-sang se rapprocha ensuite pour s'en saisir et le retirer, lui épargnant une partie des mouvements nécessaires pour s'en libérer. S'pèse son poids. En réalité, pas tant que ça mais la Grise sentit bien la nuance : elle n'allait pas s'évanouir de simplement la soulever, mais elle ne la porterait pas à bout de bras pour faire la maligne. Pas très longtemps, en tout cas. Et ce ne serait même pas particulièrement glorieux.

Une fois la cuirasse et ce qu'il pouvait y avoir en dessous de retirer, la Grise s'empara des bandages et du linge propre, et demanda à Courtois de virer le souillé... Jusqu'à ce que ses yeux sombres tombent sur ce qui était ainsi révélé. Un torse. Musculeux, bien dessiné. Qu'elle avait moult fois parcouru de ses mains comme de ses lèv- On se calme. Tout de suite. Papillonnant des yeux, la Grise s'était figée devant le gaillard assis, le regardant avec un certain air... Ahuri. Reprenant ses esprits, la donzelle respira un bon coup tout en détournant les yeux un instant, avec un mordillement de lèvre coupable, de l'objet de son envie. Elle se sentait fatiguée d'avance.

"La prochaine fois, d'mande leur d'viser l'pied. Ou l'mollet. C's'ra moins perturbant." maugréa-t-elle, tâchant de réprimer un sourire tout sauf chaste.

L'gars qu'a l'couteau dans l'omoplate. C'doit faire bien mal. Pis les gars dans l'mur. J'me suis déjà mangée des murs. Roulant des yeux, la demi-sang se tourna à nouveau vers Courtois. Appliquer le linge ici. Maintenir le bandage comme ça, avant de tirer pour lui faire faire le tour de l'épaule, puis du torse. Se rappeler la sensation de son visage écrasé contre de la pierre. Faire un tour, puis un autre, tirer pour garder de la tension... Tenter de se rappeler pourquoi l'autre couillon s'était énervé. Perdu aux cartes, j'crois bien.

"Bien... J'crois qu't'panser dans mon état... C't'encore pire qu'une gueule d'bois... Parce qu'j'ai l'souvenir d'la bouteille, sans l'avoir encore sous la main, en général. marmonna-t-elle tout en se marrant à moitié, évitant de regarder le visage de Courtois, se concentrant sur ses gestes. Ah, j'd'vras l'faire en ayant des verres dans l'nez, j'pens'rais moins à aut' chose alors !"

Choisir ent' la bouteille et d'l'cul d'un gaillard... L'second c'est sûr, ça t'tient vraiment chaud après, et pas juste un soir ! Distraite, réprimant un éclat de rire, elle s'appuya sur Courtois... Et réalisa avec un temps de retard qu'elle avait la main posée sur le bandage protégeant la plaie. Oh merde !

-Content d'voir qu'j'te fais toujours d'l'effet.

Le visage de Courtois s'était barré d'un sourire explicite en voyant l'expression de Mleshka qui fixait son torse musculeux. Il appréciait de voir cette étincelle dans son regard, surtout après plusieurs jours sans pouvoir laisser libre cours à ses envies. Le nombre de fois où il avait été saisi par le désir de la prendre sur place depuis qu'elle était là... Mais entre son état et la présence de sa copine dans la pièce où ils se trouvaient, il avait dû réfreiner ses ardeurs comme un cavalier sur une monture partie au triple galop et qui refusait de s'arrêter. Tout ce qu'il avait pu faire, c'était se contenter de faire couiner son amante avec sa langue. Elle n'avait pas boudé son plaisir et ça l'avait rassasié un peu lui aussi mais c'était loin d'être suffisant pour le calmer vraiment.

Tandis que le demie-sombre le pansait, elle blablatait autant qu'elle avait coutume de le faire. Et lui de l'écouter sans rien dire... Cependant, la phrase concernant son état de tomba pas dans l'oreille d'un sourd mais, avant qu'il ait eu le temps de dire ou de faire quoi que ce soit, elle perdit l'équilibre et prit appui au seul endroit où il ne fallait pas... Courtois serra les dents et les lèvres et réprima un cri qui se transforma en un gémissement de douleur. Aussitôt, il mit les mains sur les hanches de la jeune femme et, d'un geste, la fit s'asseoir sur ses genoux, cuisses écartées et face à lui.

-T's'ras mieux comme ça s'tu tiens tellement pas d'bout qu'tu tombes en t'marrant. Dit-il sur un ton entre l'humour et le sérieux, sa voix devenue un peu rauque avec le mal qui le rongeait un peu plus au niveau de l'épaule.

Puis il la regarda continuer, ses yeux la fixant avec une intensité nouvelle, le coude gauche posé sur la table pour la laisser œuvrer en paix. Il fallait dire que la position dans laquelle il l'avait mise l'inspirait fortement...

-J'crois qu'on l'a jamais fait comme ça ? Sur une chaise j'veux dire.

Ils avaient déjà adopté des positions similaires sur la table, le lit ou par terre mais ils n'avaient encore jamais pratiqué l'acte sur quelque chose d'aussi banal qu'une chaise... Et sa main libre toujours posée sur sa hanche de venir saisir l'une de ses fesses avec avidité. Elle n'était sans doute pas encore état de reprendre, c'était à elle d'en juger, mais ça ne faisait pas de mal de lui rappeler qu'il avait toujours autant envie d'elle.

A peine le temps de songer un 'Merde !' particulièrement vif en entendant Courtois grogner de douleur, que la demi-drow se retrouva sur ses genoux. Certes, la position était bien plus stable, plus confortable, bien que nécessitant qu'elle se contorsionne un peu plus pour finir de le bander. Cela n'en restait pas moins les genoux d'un gars, après plusieurs jours d'abstinence. Et le-dit gus de ne pas l'aider à se concentrer. Les oreilles de la demi-drow frémissaient en écoutant la voix rauque, et son bassin suggérait des choses n'étant absolument pas pertinentes dans le cadre d'un bandage. La Grise poursuivit son oeuvre en tirant une drôle de figure, semblant se retenir de rire, de respirer, et ce avec un regard extrêmement concentré. Célimé, on a été sage... Mais c'dur, si duuuur... Un nouveau tour du bandage autour de l'épaule, sa main qui se pose sur le bras, son regard qui perçoit malgré elle l'angle d'une mâchoire, un peu d'un sourire.

Que la pogne lui saisisse une rondeur, et la demi-drow inspira brusquement, tirant plus que nécessaire sur le tissu, l'attachant enfin. Devrait tenir. Selon toute vraisemblance, elle avait aussi fait quelques tours superflus, mais cela devrait faire l'affaire jusqu'au lendemain, où il se ferait correctement recoudre. J'aurais dû insister, y s'rait bien tenu comme ça. Et la Grise de baisser la tête, roulant des yeux, agacée par les pensées qui s’enchaînaient, motivées par une certaine chaleur, certains mots... Qui s'rait bien t'nu, juste lui, ou bien... ? Non, sur une chaise, jamais fait 'vec lui, mais y a plein d'choses qu'on a pas encore fait. Par exemple... Un avant-bras gris vint se poser contre le torse de l'ancien gladiateur, et la Grise y posa son front.

"J'crois bien qu'dire qu'j'vais être sage... En pieutant chez un gars dont j'aime bien l'cul... C't'un bien gros bobard." Souffla-t-elle.

Et la demi-drow de pouffer toute seule. Mais j'l'ai pas pas promis ça. Dit j'f'rais gaffe oui, qu's'y y avait un problème j'me barrerai. Mais d'puis quand c't'un problème d'vouloir s'faire du bien ? Et plus j'me r'tiens, plus j'y pense, sinon c'rait pas drôle ! Relevant un peu la tête, juste ce qu'il faut pour pouvoir regarder la gueule de Courtois par en dessous, la demi-drow se trouva bien stupide. S'tenir sage 'vec lui dans les parages... C'te bonne blague !

"C'fait tout juste une ennéade... Et pourtant j'trouve l'moyen d'avoir envie. A peine quelques jours après, d'plus en plus d'puis. Normalement quand on s'crame, on a pas envie d'se r'mettre la main au feu tout d'suite." chuchota-t-elle avec un sourire.

Ce n'était pas l'envie qui lui manquait, pourtant la demi-drow se tint tranquille. Pour l'instant, elle était seulement assise sur ses genoux, avec un bras posé sur son torse, et une fesse dans l'une de ses mains.En prenant le temps de respirer, elle pouvait presque envisager de s'en tenir à cela. Presque. J'demand'rai à Célimé d'aller m'chercher les herbes d'main. Rien que cette pensée, et son autre bras s'était glissé autour du cou de Courtois. L'un enlaçait, l'autre gardait une distance.

"... Ça a fait mal, mal comme j'me rappelle pas avoir eu mal d'puis longtemps. Longtemps en plus, à plus savoir si l'jour allait s'lever ou si ça f'sait qu'ques minutes qu'ça avait commencé. En parler lui fit détourner les yeux un instant, ses traits semblant se tirer dans l'ombre. Et pourtant j'ai qu'une envie, c'est d'pas en rester là, et d'me r'faire des nuits d'plaisir. Penser qu'ça m'mènera encore à m'tordre d'douleur dans les draps, d'une manière ou d'une autre, y change rien. C'bien loin, par rapport au reste, j'me dis... J'dois être un peu con, comme tu dis."

Courtois écouta et resta silencieux, ce qui n'avait rien d'inhabituel. Mleshka avait compris depuis longtemps qu'il n'était pas des plus bavards et ne parlait jamais pour ne rien dire. Et, lorsqu'il s'exprimait, il n'avait pas besoin de beaucoup de mots pour donner le fond de sa pensée. Il se contenta d'attendre qu'elle ait fini de parler pour voir combien de temps elle pouvait continuer comme ça. Finalement, il décida de s'immiscer entre deux phrases.

-C'que tu peux causer... Tout ça juste pour dire qu't'as envie.

D'habitude, elle ne faisait pas autant de simagrées pour le lui faire savoir. Un baiser avide, un déhanché sur son entre-jambe, quelques mots à l'oreille ou même un regard lubrique et il avait compris le message. Il ne s'était d'ailleurs jamais fait prier, quitte à presque lui sauter dessus. Comme s'il pouvait lui dire non ? Mais là, elle semblait avoir quelques états d'âmes malgré tout. La faute à ce qu'elle avait vécu une dizaine de jours auparavant.

-Tu t'imaginais vraiment qu'y s'pass'rai rien d'tout ton séjour ? Perso, j'en doutais pas une seconde... Même si c'pas dans c't'idée qu'j't'ai invitée.

Il enfonçait un peu une porte ouverte en disant ça. Après tout, même s'il avait envie d'elle -c'était pas comme s'il pouvait le cacher, hein ?-, il ne s'était jamais montré oppressant pour qu'ils passent à l'acte. Il s'était contenté de la soulager elle, sans même qu'elle le demande à chaque fois et sans rien attendre d'elle en retour. Il était un salaud, mais seulement quand c'était ce qu'elle attendait de lui finalement.

-T'aimes pas qu'mon cul, t'aimes LE cul. Et t'es prête à en assumer les conséquences. Sur c'point-là, t'pas con. D'ailleurs ça s'appell'rai pas êt' con mais hypocrite dans c'contexte-là. C'pas moi qui vais t'reprocher d'vouloir t'éclater.

Si Courtois n'était pas du genre à sourire beaucoup, il était rare de le voir aussi sérieux et... aussi doux quelque part. Il était franc, même lorsque ce qu'il avait à dire ne plaisait pas à la personne qui devait l'entendre. Et même s'il devait remonter le moral -chose qu'il ne faisait pas souvent non plus, on se demande pourquoi...-, il n'y mettait pas vraiment les formes et restait brute de pomme dans ses paroles et son attitude. Mais ce n'était pas comme si son amante s'en était déjà formalisée...

-D'ailleurs, en parlant d's'éclater... Il passa sa main libre sous les fesses de la demie-sombre et, de son bras valide, la souleva pour l'asseoir sur la table, repoussant au passage la boîte de métal et son contenu. Son entre-jambe collé à celui de Mleshka, il planta son regard sombre dans le sien. T'as qu'à m'dire d'quoi t'a envie, j'me f'rais un plaisir d'te soulager.

Elle pouvait lui demander ce qu'elle voulait, même une nouvelle séance de plaisir à sens unique il s'en fichait. Il l'avait fait venir pour prendre soin d'elle après tout... Même s'il n'avait eu à s'occuper que de son cul au final vu que Célimé était là pour le reste.

Bien sûr, qu'elle avait envie. Bien sûr, qu'elle avait eu cette possibilité - certaine - en tête. Bien sûr, qu'elle aimait baiser. Bien sûr, qu'elle n'avait qu'une envie, c'était de s'éclater, après plusieurs jours de calme affreusement reposant. Des portes ouvertes, encore et encore, et la Grise eut envie de s'exclamer "T'as rien écouté d'c'que j'viens d'dire ?!" quand elle se retrouva le derrière calée sur la table, l'air plus contrarié que tentée.

Ils allaient le faire à nouveau, et ce serait bon, et d'autres fois encore, beaucoup d'autres fois, avec lui, avec d'autres, elle ne songerait pas à la suite, seulement au plaisir, au sien, au leur, et un jour peut-être, un jour... ! Mourrait-elle avant ? Trouverait-elle d'autres solutions d'ici-la ? Mais qu'est-ce qu'elle en avait à cirer, des montagnes de problème qui lui tomberait dessus demain ? Elles l’occuperaient alors, et elle s'en occuperait en temps voulu. Fuir les problèmes n'était pas la dernière de ces astuces, mais dans ce cas-ci, maintenant, quel en serait le prix ?

Celui du corps devant elle, et de ce qu'annonçait le regard noir de son amant. Rien d'tel cont' les idées noires, qu'un bon coup d'un soir... Et cet adage aux bienfaits ô combien prouvés par les années, elle ne comptait pas renoncer à l'appliquer. Cela dit, avec le tatoué, n'en étaient plus au premier soir - cas de le dire, ils avaient attaqué le plat de résistance bien vite -, mais la lassitude n'était pas au rendez-vous. Les jours écoulés dans la frustration en étaient la preuve. Si elle était capable de tergiverser ainsi, c'est qu'elle devait avoir l'énergie pour autre chose, non ?

Renfermée dans ses réflexions, la Grise se jeta soudainement au cou de Courtois, l'enlaçant, l'embrassant, se plaquant tout contre lui, cambrée, échauffée. A la manière d'une eau de vie qui lui serait montée à la tête, ce contact lui embrasa les sens. La chaleur de sa peau, le goût de sa bouche, l'odeur de cuir, de sang et de sueur, un battement de coeur vif, le sien, à lui, à elle... Envie, si envie, pourquoi se retenir déjà ? Était-ce important ? Non. Mais cette élan furieux annonça rapidement son coût, et un vertige lui fit perdre pied, relâchant les lèvres de son amant, se retrouvant soudain faible contre lui. Pas encore, merde...!

Ses bras ne s'étaient pas tout à fait délacés, et la Grise s'accrocha, alors que la sensation passait. Serrant de plus en plus - bien qu'elle n'eut guère la force de serrer fort -, calant sa tête dans la nuque de Courtois, résolument accrochée, le souffle un peu trop rapide après cette mauvaise surprise. Du moins s'appuyait-elle cette fois sur l'épaule valide.

"J'voudrais pas... M'évanouir en plein milieu... C'rait trop con. souffla la demi-sang. Qu't'y ailles doucement... Mais moi aussi d'ailleurs." ajouta-t-elle, avec un sourire embêtée.

Puis... T'rendre la pareille, mon salaud. Cela, cependant, elle le garda pour elle, attendant le moment propice. Avant... Avant, elle devait tâter le terrain. Ainsi, la Grise se mit à parsemer la peau d'une épaule tatouée de baisers. Des jours... A toucher... Sans goûter... L'un de ses bras libéra la nuque de Courtois, permettant à sa main de redescendre, le caressant comme elle ne se l'était pas permis malgré les nuits passées dans le même lit.

Après une éternité durant laquelle Courtois ne cilla pas une seconde devant la mine peu amène de la semie-drow, cette dernière se jeta finalement à son cou avec avidité. Et le géant de se dire que ce n'était pas trop tôt. Tout ce blabla alors qu'il aurait suffit qu'elle fasse ça dès le départ...
L'Hadjaoui aida bien volontiers Mleshka à presser son corps contre le sien, ménageant son bras blessé en le cantonnant à quelques caresses et palpations impudiques. Dire que cela faisait des jours qu'il n'avait pas éprouvé de plaisir, trop occupé qu'il était à veiller sur elle, à faire en sorte que la maison soit toujours chauffée et pourvue d'eau en suffisance et à apaiser ses frustrations comme il le pouvait. Il ne cachait pas sa satisfaction de la voir apte à se laisser aller à ses enviers.
Et puis, il sentit le corps contre le sien défaillir lentement... Leur baiser s'interrompit de lui-même et son membre valide la retint de perdre l'équilibre alors qu'elle était assise sur le bord de la table. Et il attendit, aidant son amante à se maintenir tout contre lui, que son malaise passe. Elle s'était peut-être un peu trop laissée emportée en oubliant son état...

Alors qu'il aurait pu craindre que cela ne calme les ardeurs de la belle, cette dernière lui fit rapidement savoir qu'il n'en était rien. Et, déjà, ses lèvres et ses mains partaient à la redécouverte de son buste préalablement dénudé par les soins qu'elle venait de lui administrer.

-Perso, c'pas un coup d'couteau qui va m'arrêter. Glissa-t-il d'une voix grave alors que sa main tirait sur le tissu de la chemise de Mleshka afin de la sortir de son pantalon. Ceci fait, ses doigts s'immiscèrent en dessous pour venir trouver la peau grisâtre de ses flancs et de son dos. Tu t'allong'ras si b'soin... Susurra-t-il à son oreille alors que sa main venait trouver l'un de ses seins. J'm'occup'rai du reste.

De son pouce et son index, il saisit la pointe de son mamelon et le pinça légèrement pour le faire durcir. Puis ses lèvres vinrent trouver les siennes avec passion pour empêcher toute protestation de sa part. Il savait que sa poitrine était son point faible et n'avait pas l'intention de s'y attarder plus longtemps que nécessaire mais il aimait jouer avec son désir. La pousser à en vouloir toujours plus pour ensuite lui donner ce qu'elle voulait, non sans l'avoir parfois frustrée un peu au préalable. Il fallait bien qu'il mérite son titre de salaud après tout. Mais, pour l'instant, sa seule intention était de finir de la motiver pour qu'ils aillent jusqu'au bout de leurs envies.
Pendant qu'il s'occupait de son sein, son autre main se posa sur l'une de ses cuisses, s'attardant plutôt sur la face intérieure et s'approchant dangereusement de son entre-jambe. Il n'avança pas beaucoup plus dans un premier temps, savourant les caresses que sa partenaire administrait afin de faire gonfler la bosse de son pantalon. Mais il se ranima bien assez vite et rendit la pareille à Mleshka, ses doigts venant exercer une pression sur son bouton des plaisirs et faisant mine de vouloir entrer en elle malgré la présence de son vêtement. Il se lassa rapidement de ne pouvoir explorer davantage son corps et entreprit alors d'en défaire l'attache puis d'élargir l'ouverture pour pouvoir glisser une main à l'intérieur et trouver l'une de ses fesses. Il s'en saisit avec une force mesurée tandis que sa dextre descendait de sa poitrine pour plonger à l'avant de son pantalon. Il répéta les gestes de tantôt mais, cette fois, sans plus qu'aucun obstacle vienne s'immiscer entre ses doigts et l'intimité de la semie-drow.

Un hochement de tête, l'ombre d'un sourire, et ce fut tout. Après avoir hésité, la demi-drow était d'autant plus encline à aller de l'avant, à se laisser emporter totalement, avec empressement et fébrilité. Cela, elle en eut rapidement conscience alors qu'une première caresse particulièrement vicieuse lui tirait une gémissement particulièrement intense, qu'un baiser engloutit aussitôt. L'salaud, il... ! Il sait, il SAIT... Aaah... Rien que cela suffit à l'enivrer, lui donnant l'envie de s’agripper, de le dévêtir, de le jeter au sol ou de se retrouver plaquer contre un mur. Tant d'ambitions qu'elle ne pouvait guère supporter pour l'heure, qui la laissèrent gémissant dans les bras de son amant.

Il n'y avait que sa bouche pour s'offrir et s'emparer de celles de Courtois, son bras pour s'accrocher à sa nuque, et sa main pour éveiller l'entrejambe du gars. L'y sentir sensible l'émoustilla encore, car elle en voulait plus, passer la dernière barrière qu'était le tissu et faire sienne, intimement, ce qu'elle sentait là. Prise entre ses précautions et ses envies, la Grise se fit devancer par son amant, et là encore, sa réaction fut sans appel, tant vocale que physique, son bassin bougeant même pour offrir son intimité à ce contact. Dirait une pucelle... Qu'va perdre la tête au premier coup d'rein... Elle en eut rit si elle n'était pas étourdie de désir.

C'en était ridicule tant c'était bon, alors qu'il ne s'agissait encore que d'une main sur une fesse, d'une autre sur son con. Pas m'évanouir, pas... S'évanouir d'plaisir... S'rait si mauvais ? Quelque chose lui dit que c'était idiot, que, bien sûr, laisser en plan son amant ne serrait guère jouissif, surtout pour lui, et pourtant la possibilité ne lui semblait pas si problématique. Ralentir, on doit, aaahhh... Au moins cette idée-la lui parut pertinente à tous les points : S'il garde... La main mise... Sur mon cul... J'tiendrais p- Telle une bulle de savon, la pensée éclata, laissant son esprit balbutiant dans les affres du plaisir, sous le doigté de son amant.

Confuse, elle parvint à le repousser sur la chaise. Non, elle voulait le jeter à terre, pour mieux le- Mais c'est qu'elle n'avait pas la force d'aller aussi loin, et elle profita que l'objet encombra vite les jambes du tatoué pour l'amener à s'asseoir. La Grise s'accrocha à ce plan-là, y mettant des mots pour mieux garder le cap, sans tout-à-fait rompre leur baiser, marmonnant tout contre ses lèvres :

"La chaise, non... Essaye...?"

D'autres mots auraient dû suivre, mais ils furent perdus en chemin, la demi-drow finissant les mains sur les cuisses de Courtois, penchée sur lui. Ainsi, son entrejambe échappait à l'amant taquin, ainsi elle pouvait reprendre son souffle et ses esprits... Quoique, pour la respiration ce n'était pas aisé, alors qu'elle n'avait pas délaisser les lèvres du tatoué. Rien qu'un baiser, c'était encore à sa portée... Et sa poitrine, à celle des mimines connaisseuses. Étrangement, elle se doutait que son temps était compté, le vil s'était déjà joué d'elle sur ce tableau-la.

"Si j'te laisse... Faire... J'vais pas t'nir... Longtemps." souffla-t-elle avec amusement, avant de l'embrasser à nouveau, avec une douce faiblesse.

Profitant de cette distance, la demi-drow délassa à son tour le pantalon de son amant. Embrasser tout en se concentrant sur ce défi, cela lui permit de se stabiliser encore un peu plus, jusqu'à poser la main sur la virilité de l'ancien gladiateur. L'envie ne lui manquait pas de s'asseoir dessus - pour leur plus grand plaisir - mais cela eut encore hâter sa perdition. Mais qu'en était-il de celle de Courtois... ? Là où la Grise se jetait d'ordinaire à corps perdu dans leurs ébats, s'attendant à présent à ne pas pouvoir tenir la cadence, voilà qu'elle prenait un chemin détourné... Seules ses mains furent ainsi mises à contribution, le caressant, l'enveloppant, échauffant ainsi son amant avec une vigueur presque raisonnable. Qu'il avoue son plaisir par un geste, un son, lui serait une petite victoire, vu son état... Non, si elle ne pouvait agir comme à l'ordinaire, il y avait d'autres moyens que de donner du plaisir.

Partant à la dérive, ses lèvres quittèrent celles de l'Hadjoui et effleurèrent son cou, son torse, descendant bien bas, de même que son corps, qui se retrouva à genoux entre les jambes de l'homme, son cul définitivement hors d'atteinte, jusqu'à atteindre ce membre de chair si sensible. Là, aux caresses de ses paumes et de ses doigts succédèrent celles de ses lèvres, de sa langue. Pendant ces quelques jours, la situation avait été inversée, et à présent que l'amante sans pudeur se sentait un peu de force, l'occasion lui semblait opportune pour cette 'petite' gâterie bien méritée. Tant de manières pour si peu... Mais la moindre envolée de ses sens semblait capable de la faire partir, et Courtois pouvait reprendre la main sans la moindre difficulté, faible comme l'était.

Alors, après une dernière bise, un regard - on ne peut plus fiévreux et lubrique - vers la figure du tatoué, auquel elle adressa un sourire taquin, les lèvres grises se posèrent sur la chair, puis descendirent avec lenteur, précautionneuses dans cette avancée risquée, allant aussi loin qu'elle l'osait... Jusqu'à repartir en sens inverse, pour redescendre encore, un peu plus loin peut-être, tant qu'elle se sentait à l'aise, tant qu'elle sentait que cela lui plaisait. Pas une mince affaire, avec un amant comme ça... La prudence était donc de mise, et avec elle, une certaine douceur, bien loin de leur ordinaire d'ébats effrénés.

Parmi les putains, cela avait un charmant surnom : 'Le baiser de la pute'. Un baiser profond, un plaisir à sens unique, quelques pièces, et les filles se retrouvaient la bouche sale, la main crispée sur leur dû, et le cœur vidé d'avoir été utilisées une fois encore. Tant qu'elles avaient de quoi manger...

Une sensation bien loin de ce que ressentait la demi-drow, attentive aux réactions de son amant, car ici, ce n'était pas un dû, mais bien un cadeau, tant qu'elle avait l'esprit encore assez clair pour prêter attention à autre chose que son propre plaisir.