Indiscrétion maison | Courtois

S'rait une si mauvaise chose ? Pensa le géant alors que Mleshka avait décidé de l'arrêter dans son élan. Il fallait avouer que les gémissements de la brune l'encourageaient plutôt à continuer à faire aller et venir ses doigts en elle tout en caressant son clitoris qu'à faire une pause. Et puis, il était bien placé pour savoir qu'elle était capable d'enchaîner les orgasmes alors ce n'était pas un loupé qui allait lui couper l'envie de faire résonner sa voix de plus en plus fort jusqu'à emmerder les voisins.

Assis sur la chaise, son amante toujours debout devant lui et penchée pour pouvoir l'embrasser, ses mains avaient perdu la plupart de ses accès à son corps. Tout ce qu'il pouvait encore faire, c'était échancrer sa chemise pour mieux voir et accéder à ses seins... Chose qu'il fit, bien entendu. Et le vêtement ne devint bientôt plus qu'un accessoire ajoutant une touche d'indécence à leurs envies lubriques, laissant apparaître épaules et poitrine à son regard. Mais alors qu'il ne pouvait admirer son oeuvre, il se demanda ce qu'elle avait l'intention de faire pour calmer ses ardeurs, d'autant qu'elle venait d'extirper son vît de sa prison de cuir...

Et la réponse vint bien vite.

Mleshka se fraya une place entre ses jambes et s'installa à même le sol. Bientôt, les caresses sur son membre changèrent de forme et la respiration du géant ne s'en fit que plus profonde tandis qu'il se demandait jusqu'où elle comptait aller dans cette initiative. Mais alors qu'elle lui lançait un regard qu'il ne lui connaissait que trop bien durant leurs ébats, il comprit et n'eut pas le temps de réaliser pleinement qu'elle le prenait en bouche. La voix de Courtois gronda de surprise, de satisfaction et de plaisir à ce premier contact. Même lorsqu'il payait pour une partie de jambes en l'air, il ne demandait jamais une telle chose à ses partenaires car il savait que très peu aimait faire ça. Aussi, entre ça et la taille de son membre qui en impressionnait plus d'une, le nombre de fois où on l'en avait gratifié se comptait sur les doigts d'une main. Autant dire qu'il ne se montra pas insensible au geste de la demie-sombre. Alors que sa voix grondait de plus en plus souvent, il fit disparaître une de ses mains dans la chevelure de son amante, l'invitant à continuer mais sans l'y contraindre pour autant. Elle pouvait très facilement se défaire de cette étreinte. Sous l'effet du plaisir, ses doigts se refermèrent sur la masse noire mais sans les tirer. Au fil des minutes qui s'écoulèrent ainsi, il lâcha un juron ou deux tellement il appréciait la démarche et le savoir-faire de la jeune femme. Il la regardait s'appliquer, à demi dévêtue, son sexe à la merci de ces douces lèvres qui exerçaient un lent va-et-vient sur lui. Ce que c'était bon...

Si elle voulait se venger de ce qu'il lui avait fait subir, c'était réussi.

-Et s'tu... *hmpf* S'tu ram'nais ton... p'tit cul par ici ?... Lâcha-t-il d'une voix très rauque.

Avait-il dit quelque chose ? La Grise fit comme si de rien était, encore un petit peu, alors qu'elle ressentait une intense satisfaction à entendre son amant réagir à ses attentions. Ne s'en montrant pas avare, bien qu'à genoux, la demi-drow appréciait le moment : le goût comme un certain inconfort restaient tolérables en eux-mêmes, puis étaient aisément oubliés quand le langage du tatoué lui échappait, sous l'emprise des lèvres grises. Douce revanche que celle-ci, sur le gaillard qui ne se gênait pas pour se jouer d'elle, s'attaquant à ses charmes si fichtrement sensibles, usant et abusant de sa langue comme de ses dents. La demi-drow n'irait pas jusque-là, non, à la place elle faisait durer ce plaisir, ce moment de vulnérabilité où pourrait poindre l'extase, sans que son amant n'ait de réelle emprise sur le sujet. C'était l'affaire de ses lèvres à elle, sur sa peau à lui, en un lent va-et-vient, si languissant, si patient.

Mais voilà, son corps finit par réclamer son dû. Une douce chaleur s'était lovée dans ses entrailles, à se jouer ainsi du grand gladiateur, et la tentation devenait plus forte que de porter la main sur sa propre intimité. Mais son amant l'avait invitée à se mettre de nouveau à sa portée, à un moment, il lui semblait. Finalement, le vît fut soulagé de cette attention prolongée, et la Grise repoussa la main de Courtois... Avant de se retrouver bête, un instant, faible de plaisir anticipé, cherchant la force de se relever. Autant pour elle, pour ce qui était de se ménager. Elle aurait dû garder le cul sur cette fichue table... Quoiqu'à jeter un œil du côté de la figure de Courtois, ce fut un regret qui ne dura point. M'faut gagner du temps...

Tout en ayant conscience qu'un sourire coquin ne voulait pas quitter son visage, la demi-drow s'occupa de déboutonner sa chemise. Cela lui éviterait de se retrouver les bras entravés par celle-ci, et d'avoir la furieuse envie de la faire craquer. Ainsi, les pans de tissus retombèrent sur ses flancs, encadrant sa poitrine maigre aux auréoles sombres. Animant ce tableau sensuel, au même titre que la respiration profonde de la Grise, balançait tranquillement une pierre noire, enlacée par une petite corde en cuir. Son focalisateur, auquel la mage occasionnelle prenait garde quelques fois, parfois non. Pas cette fois-ci.

Avec une lenteur précautionneuse, la demi-sang s'aida des genoux de son amant pour se relever, offrant à la vue de l'homme ses petits monts tendus par le désir, à l'ombre de son vêtement ouvert. Devançant un impératif, elle s'occupa ensuite de faire glisser son bas le long de ses jambes de mercenaire sans le sous, finement musclées, manquant peut-être un peu de rondeurs de femme. Qu'elle se redresse une dernière fois, et ce fut furent des boucles noires qui se révélèrent, ombrageant l'extrémité de son con, autre preuve de son sang-mêlé, bien éloigné de la 'perfection' plantureuse et imberbe des femmes drows.

N'étant plus vêtue que de sa chemise grande ouverte, de son collier et de son désir, la Grise retrouva enfin les genoux de son amant, l'enfourchant sans précipitation. La retenue n'était pas dans ses habitudes, peut-être en faisait-elle un peu trop, elle ne savait plus guère. Le désir la tenait au ventre, lui serrait la gorge. Aucun mot, même taquin, n'avait franchi ses lèvres depuis bien des minutes, et ses yeux clamaient des intentions qui en aurait fait rougir plus d'une, et qu'elle ne manqua pas d'affirmer. Le vît se retrouva coincé sous son con, qui l'aguicha aussitôt, on ne peut plus prêt tout en lui échappant encore. Son regard fiévreux, mi-clos, impudiquement rivé dans celui de Courtois, la Grise effleura ses lèvres des siennes, tout en l'enlaçant. Ni tissu ni main pour retenir le tatoué, ne restait qu'un corps de femme grise lui titillant la béquille.

"Et donc... Une fois qu'tu l'as... Le p'tit cul... souffla une voix suave, brûlante de désir. ... Que... Fais... Tu...?"

Peut-être aurait-elle dû se rappeler sa demande, le fait d'y aller en douceur. La provocation n'était pas le meilleur moyen pour qu'elle soit respectée, d'autant plus en ayant largement échauffé son amant au préalable. A croire que la demi-drow n'était vraiment pas douée pour demeurer raisonnable... Ce jeu de la provocation et du désir, lui était si plaisant qu'elle y retombait sitôt qu'elle n'y prenait plus garde.

Les visions que lui offrait Mleshka étaient toutes plus excitantes les unes que les autres. Après l'avoir longuement observer lui procurer du plaisir bien plus longuement qu'il n'était d'accord pour le supporter (ses prolongations lui avaient demandé un certain effort de retenue), elle se tenait à présent debout devant lui, fesses à l'air, chemise ouverte, seins offerts. S'il avait pu en durcir davantage, nul doute que son membre aurait réagi. Mais sa respiration était déjà forte et chaque expiration provoquait un grondement dans sa cage thoracique. Ses mains étaient sévèrement ancrées à l'assise de sa chaise, comme s'il s'empêchait de se lever. Jamais encore elle n'était parvenu à l'exciter à ce point et il lui était difficile de réfreiner l'envie de lui sauter dessus et de la prendre là, tout de suite. Seulement, si elle y allait en douceur depuis le début, c'était certainement pour une bonne raison car il n'y avait rien d'habituel dans son attitude depuis le début de cet échange. Elle ne serait peut-être pas en état de subir ses traitements habituels, surtout dans la position qu'ils s'apprêtaient à employer.

Finalement, après un temps qui sembla durer une éternité à Courtois, Mleshka vint s'asseoir sur ses genoux dans la même position que pendant qu'elle le soignait. Elle pressa son intimité sur son vît sans pour autant le faire entrer en elle. La garce... Elle venait de l'allumer au point que son corps tout entier s'était embrasé et elle jouait encore avec lui.

-Tu f'rais mieux d'arrêter ton p'tit jeu s'tu veux pas que j'me lâche dès l'début. Dit-il d'un air sombre.

Elle savait pertinemment de quoi il parlait. La première fois qu'elle lui avait demandé de se laissé aller, il l'avait retournée sur le canapé et s'était affairé à lui donner du plaisir à un rythme qui lui en avait fait perdre la tête. Ils se connaissaient si mal à l'époque et, si depuis elle avait appris à apprécier ce qu'il lui faisait endurer parce qu'ils avaient mis les points sur les i, elle en avait alors été très surprise et cela avait fini en coup de boule. Cependant, puisqu'elle pouvait aujourd'hui perdre l'équilibre dans un simple rire, il y avait fort à parier qu'elle ne tiendrait pas sous ses coups de butoir violents et répétés. Mieux valait pour eux y aller plus calmement, comme à la fin d'une nuit complète de coucheries.
Mais, sans attendre beaucoup plus longtemps, il la saisit par les hanches et la fit se relever un peu brusquement. Il ne l'emmena pas bien haut, juste assez pour que son membre se redresse. Puis, comme s'il s'efforçait soudainement de se contrôler, il la fit s'asseoir de nouveau, plus lentement, se laissant entrer doucement dans son antre. Lorsqu'il totalement en elle, il marqua une pause, profitant de la sensation de se retrouver à l'intérieur d'une femme. A l'intérieur de son amante favorite. A l'intérieur de Mleshka. Enfin, il exerça une pression sur son bassin -toujours sous le joug de ses mains-, l'invitant à avancer et reculer sur ses cuisses afin d'entamer de sensibles allées et venues en elle sans la fatiguer. Encore une fois, sa voix grondait de plaisir mais ses doigts se crispaient alors qu'il faisait en sorte de rester mesuré dans ses gestes.

-V'la c'que j'en fais d'ton p'tit cul. Mais j'te jure qu'le jour où tu pourras d'nouveau supporter mes assauts, j'te f'rai regretter ton p'tit manège, ma garce.

Une menace qui n'en était pas tellement une finalement... Car il savait que cela ne ferait que lui inspirer d'autres subterfuges pour mieux l'enflammer de nouveau et obtenir ses vigoureuses représailles.

L'air peu avenant de son amant, alors même qu'elle se trouvait sur ses genoux, mit le doute à la demi-drow, la ramenant quelque peu sur terre. J'suis allée... Trop loin...? Lui revinrent brusquement au visage sa prévenance pendant ces quelques jours - de quoi faire médire sa mère, parfait ! -, et la pensée que l'aguicher à ce point sans être capable d'aller jusqu'au bout de leurs envies, avait un peu quelque chose de... Pas correct. Envers un coup d'un soir, elle aurait simplement songé "Bast !" avant de passer à autre chose, ou de lui payer une bière, mais le gaillard l'hébergeait, en plus de lui chauffer la couche et l'entrejambe, sans qu'elle ne lui ait vraiment rendu la pareille jusqu'alors. Ou plutôt, sans qu'elle n'ait pu s'empêcher de le faire au point de le frustrer. C'était... Peut-être un peu trop ?

Une brusque vague de plaisir la prit, la sortant de son état de stupeur par un profond gémissement, alors que son intimité enveloppait avec volupté celle de Courtois. Cela se fit sans heurt, avec une lenteur enivrante, mais la nature était ainsi faite que la Grise était étroite, et l'Hadjaoui large, bien que les deux soient de même taille - c'était déjà cela, sinon bonjour les dégâts -, la première se cambrant d'autant plus, après tant d'attente et de préparatifs. Ce fut à son tour de jurer, entre deux plaintes fébriles. Bon, bon, si bon, oh bordel... On ne peut plus volontaire, son bassin ne se fit pas prier pour bouger, quoi que les premiers mouvements furent hésitants, alors que la demi-drow reprenait ses esprits. A peu près, car ainsi installée, l'emprise de son amant était profonde, et chaque allez-et-venus, bien que n'étant pas aussi ample que d'autres fois, lui faisait un certain effet.

A la réponse à sa petite pique, et la demi-drow réagit de manière surprenante par une plainte frustrée. D'un coup, la Grise embrassa à pleine bouche Courtois, avec une violence bien différence de la langueur qui avait précédé. Son mouvement de bassin en fut d'autant accentué, alors qu'elle se collait contre lui, le trouble et le plaisir lui emplissant la tête. Reculant la tête, front contre front avec son amant, elle le fusilla du regard.

"J'te dirais bien d'aller t'faire foutre... souffla-t-elle d'une voix rauque. ... L'problème, c'est qu'j'rais bien volontaire pour t'y aider." termina-t-elle, susurrant la fin comme s'il s'agissait de la plus délicieuse des suggestions.

Et son corps de s'éloigner, puis de revenir, alors qu'elle faisait en sorte de le garder en elle, tout en se mouvant d'une manière toujours plus ample. Cela lui demandait plus d'effort, mais sa frustrations ne lui permettait pas de rester à ce point amorphe... Tout contre les lèvres de son amant, alors que le plaisir lui troublait le regard et le souffle, elle ajouta encore :

"On dira... Qu'ce n'est.. Qu'partie remise... Cela se voulait taquin et se finit pourtant, une fois encore, sur une note de frustration. Bordel..."

Sans autre développement que cette insulte venant du fond de son cœur, chagrin de ne pouvoir s'en donner à cœur joie dans ces ébats, la demi-drow fourra la tête dans la nuque de son amant, goûtant le sel de sa peau, lui mordillant l'oreille. Là, elle exhala un souffle chaud, de plus en plus emporté, où s’entremêlèrent bientôt gémissement, injures et suppliques. Au rythme de ses mouvements de bassin généreux, son esprit se perdit petit à petit, de plus en plus, si vite, déjà.

Des nuits à y songer, allongée tout contre le salaud; des jours sans fin, à attendre un divertissement; une occasion manquée de mourir, qui lui rendait ses plaisirs d'autant plus jouissifs. A nouveau, la Grise pouvait trembler sous ces vagues de jouissance, en demander plus, gémir, à l'agonie d'être si bien. Un corps chaud contre le sien, à la rencontre duquel elle revenait sans cesse, éhontément enthousiaste de s'offrir, d'être prise, et de perdre la tête d'une manière qu'elle adorait. Perdre la tête... Au milieu de ses 'Oui...!' - le consentement, c'est important -, de ses 'Haaa...' - respirer, aussi -, de ses 'Hmmm...!' - apprécier l'instant, c'est toujours bien -, il y eu un minuscule, très discret et quelconque 'Prend-moi...' qui fut murmuré. Puis soufflé avec de plus en plus de conviction, jusqu'à un :

"...Prend-moi... Prend-moi... Courtois !"

Mi-gémis mi-grogné, d'une voix rauque, emportée et défaillant de plaisir, à l'oreille du concerné.

Ils n'en étaient qu'au début de leur soirée. Ni l'un ni l'autre n'avait couché avec quelqu'un depuis des jours. En temps normal, ils se seraient sautés dessus et en seraient à un ou deux orgasmes déjà... Mais pas cette fois-ci. Ce jour-là, leurs ébats ne ressemblaient pas à ce qu'ils pratiquaient d'ordinaire. La vitesse avait cédé la place à la lenteur. La force à l'amplitude. La violence à la mesure. Mais l'excitation était telle que l'un comme l'autre donnait de la voix comme jamais auparavant. Mleshka criait et jurait des choses qui étaient douces et enivrantes à l'oreille du colosse. De son côté, il l'accompagnait avec ses grognements de plaisir entrecoupé de vagues plus fortes et contrôlées. Quoi qu'elle fasse, il fallait croire que la garce savait y faire avec lui. Elle venait de le baiser avec sa bouche et maintenant avec son con. Et c'était de plus en plus bon pour le géant qui devait se maîtriser pour ne pas se laisser aller dans tous les sens du terme... Il aurait été dommage que ça se termine comme ça, même s'il se serait bien vite rattrapé.

Alors Courtois fit son possible pour la rendre folle à son tour afin de détourner son esprit de son extase si proche et d'accélérer un peu les choses du côté de la demie-drow. Il saisit ses cheveux pour la pousser à se pencher légèrement en arrière. Ainsi, il accéda à ses seins qu'il salua de ses lèvres, de sa langue et de ses dents. Pas beaucoup, juste assez pour l'exciter, développer son plaisir et la frustrer un peu à la fois. Et, au vu des cris qu'elle poussait de plus en plus fort, il ne doutait pas que son stratagème fonctionnait. Cela fonctionna même si bien qu'elle finit par lui demander quelque chose qu'elle n'avait encore jamais formulé en ces termes.

-Prends-moi... Prends-moi... Courtois !

Il était rare qu'elle l'appelle par son prénom. Et plus encore dans ces moments-là. Où était passé le salaud ?! Il n'en comprenait pas le sens, peut-être parce qu'il n'avait pas la tête à cogiter à ça pour le moment... Ce qui semblait logique. Cependant, une requête demeurait formulée et il n'allait pas se faire prier pour y répondre. Lâchant la crinière de la jeune femme, il passa sa main valide sous ses fesses et, comme tantôt, l'assit sur la table. Toujours en elle, il planta son regard dans le sien.

-Allonge-toi.

Son air était rendu plus fermé et son ton plus sec que d'habitude du fait de la concentration qu'il déployait depuis bien trop longtemps maintenant pour ne pas jouir sous les attentions de son amante. Cependant, Mleshka lui obéit et s'étendit sur le bois, toujours vêtu de sa chemise ouverte sr ses seins gorgé de plaisir. Avait-elle compris pour quelles raisons il lui demandait ça ? Se souvenait-elle de la façon dont la tête lui avait tournée au tout début de cet ébat ? Lui oui et il préférait autant que cela ne se reproduise pas et qu'elle profite pleinement de ce qui serait peut-être son seul orgasme de la soirée. Lorsque le dos de la belle eut trouvé le bois, Courtois passa ses bras sous ses jambes pour tenir fermement ses cuisses en les attirant à lui.
Et le bassin du colosse se mit en mouvement. Des mouvements lents et de faible amplitude... jusqu'à ce qu'il lui assène un grand coup de reins. Puis il reprit, doucement, et recommença. Encore. Et encore. De manière perfidement irrégulière. Rapprochant de plus en plus ses assauts devenus brutaux mais moins que d'ordinaire. Elle était encore fragile et il ne voulait pas lui faire mal. Pas pour une reprise. Il voulait qu'elle goutte à chaque once de plaisir qui parcourrait son corps et qu'elle ne se préoccupe plus que de ça tandis qu'il gérait le reste. Et tandis qu'il prenait possession d'elle avec une force de plus en plus présente, il l'observait approcher lentement de l'extase sans un mot, toujours concentré pour ne pas libérer la tension qui gonflait son membre. Qu'elle peine à jouir et il saurait mettre à profit cette poitrine qui s'agitait faiblement sous ses yeux à chacun de ses assauts et qui ne semblait attendre que son intervention...

Confuse, la demi-drow obéit. Pourquoi arrêter, pourquoi... ? Le dos sur la table, se redressant sur un coude, la Grise jeta à son amant un regard explicite, l'enjoignant à... Mais cela était tout à fait son intention, bien qu'elle ne l'ait pas saisi. Les coups de reins la rejetèrent en un rien de temps sur le dos, frémissante, gémissante sur le meuble. Son bassin tentait de trouver le rythme, sans succès. Étourdie de désir, elle finit par laisser faire, et se retrouva à la merci de coups de buttoirs erratiques de Courtois. Tantôt cela était doux et la faisait se cambrer avec extase, tantôt cela la surprenait, lui arrachant un gémissement de stupeur et de jouissance, la laissant fébrile, vulnérable au prochain assaut. Ces derniers se firent plus rapprochés, lui laissant de moins en moins le temps de souffler, de plus en plus égarée dans cette débauche asymétrique, où l'un se retenait alors que l'autre ne tenait plus rien.

"Oh-OH... Hmmm... Si... Bon, si... Ah-HA ! Salaud ! Sal... Je... Hmmm... Aaaah... T'en prie... Tu... Haaa... Sal-salaud..."

La délivrance ne venait pas, la laissant toujours plus aux aboies, ses cris alternant tantôt avec des hoquets, des filets de voix enfiévrés, tantôt avec des insultes vidées de leur sens commun, pour n'être plus que l'expression d'une jouissance éperdue. Elle ne sentait plus guère que la surface dur sous elle, les pognes qui lui tenaient les cuisses, le membre qui allait et venait à sa guise en elle, et le plaisir, le plaisir qui lui était imposé, et lui rendait chaque sensation presque insoutenable. Et soudain, il y eut quelque chose pour voiler son regard, et il lui fallut un instant pour réaliser que c'était quelqu'un, le salaud, et que- Trop tard, elle vit le danger, et son corps fut au supplice de le sentir embrasser, lécher et même mordre, ses monts pointus de désir, qui ne turent rien de tout ce qui leur était fait.

Elle ne sut si elle parvint à le supplier d'arrêter, ne serait-ce qu'à l'insulter encore, entre deux gémissements, entre deux coups de reins, entre deux caresses électrisantes, mais tout à coup, de la pointe de ses oreilles jusqu'à ses orteils, son corps ne fut plus que tension et cri, alors qu'elle se retrouvait enfin foudroyée par ce qui l'oppressait sans la prendre depuis de longues - délicieuses - insupportables - jouissives minutes, la prenant et la terrassant à la fois, dans une délivrance vocale à n'en plus finir. Sans y penser, elle avait refermé ses bras sur la tête de Courtois, qui se trouvait toujours au niveau de ses charmes t-.

Aussi soudainement que la Grise s'était tendue comme la corde d'un arc, son corps entier se relâcha, ses jambes retombant entre les mains du tatoué, ses bras chutant de part et d'autre de la figure de l'homme, alors que sa voix se taisait et que sa tête roulait, avec un retard, sur le côté, ses yeux fixant le vide. Sans prévenir, l'inconscience était venu couper court à l'emballement de son cœur, forcé à la lenteur après une ascension bien trop brutale pour lui.

Trop longtemps. Cela faisait trop longtemps que les choses sérieuses avaient commencées. Depuis combien de temps était-il entré en elle ? Une heure ? Vingt minutes ? Cinq ? Il aurait été incapable de le dire. Si Mleshka appréciait le flot de sensations qu'il lui prodiguait, cela devenait à la limite du supportable pour lui. Et c'était de pire en pire à mesure qu'il accélérait la cadence de ses à-coups. Son amante prenait son pied, c'était à la fois visible et audible, mais pas encore assez. Après de longues minutes à la fin desquelles ses assauts occasionnels étaient devenus des ébats frénétiques, Courtois n'y tint plus. Il se pencha sur elle et s'occupa de ses seins à l'aide de sa bouche, de sa langue et de ses dents. Elle protesta, le suppliant d'arrêter, mais il fit la sourde d'oreille. Il n'en pouvait plus et il était grand temps que cela cesse.
Alors que, de la pointe de sa langue, il titillait l'extrémité de son sein au même rythme effréné que son bassin s'agitait sous elle, il sentit le corps de la belle se tendre et son intimité se resserrer sur son membre dans un spasme d'extase. La délivrance arrivait enfin. Il s'efforça de tenir encore quelques vas-et-viens pour qu'elle ait le temps de bien jouir de son orgasme avant de se laisser aller à son tour dans un râle des plus sonores. Quelques coups supplémentaires, presque violents, et il ralentit la cadence avant de s'arrêter tout à fait. Toujours en elle, il libéra les jambes inanimées de Mleshka et se redressa pour l'observer. Aux cris qu'elle avait poussé, il n'avait aucun mal à comprendre qu'elle était comblée.

Tant mieux. Au moins ses efforts n'avaient pas été vains.

Le géant ne dit rien. Il savait que c'était inutile. Elle n'était pas avec lui, comme toujours après leurs ébats. Et son état n'avait pas dû aider. Il acheva donc de se relever et de retira enfin. Il la regarda, encore contrarié par son petit manège. En temps normal, il aurait adoré ça et se serait fait une joie de répondre à ses avances avec force. Mais pas cette fois. Sa santé ne lui permettait pas de supporter leurs ébats tels qu'ils les pratiquaient d'habitude. Elle ne pouvait donc assumer les conséquences de ses actes. Il était plutôt curieux qu'il ait fait l'effort de se contenir pour elle. Surtout en sachant qu'elle aimait son côté brusque. Mais il faisait preuve de bien plus de prévenance avec elle et il en prenait conscience à cet instant.
Finalement, la demie-sombre s'anima de nouveau et leurs regards se croisèrent. Son vît toujours à l'extérieur de son pantalon, il se pencha au-dessus d'elle, s'appuyant sur ses mains, ne réalisant même pas que son pansement était tâché de sang. Il planta ses iris dans les siennes, l'air plus sérieux que jamais, presque sévère.

-Après ton p'tit manège, j'aurais dû t'baiser plus sauvagement que jamais. Seul'ment j'suis pas con, j'sais t'étais pas en état. La prochaine fois, fais pas c'que t'es pas capable d'assumer.

L'esprit, lentement, qui remonte... Les yeux qui papillonnent, redeviennent vifs, essayent de comprendre ce qui les entourent - Où je... Quoi... -, alors que la poitrine poisseuse et nue se soulève doucement, que les mains frémissement. Soudain, un regard acier accroche le sien, et la Grise inspira brusquement alors que la masse se penchait sur elle, la confusion sur le visage gris se transformant en stupeur effrayée. Ses pensées, faiblardes, eurent un vif sursaut, s'emballant, s'entrechoquant. Où était-elle ? Qui ? Quoi ? Pourquoi ? Pourquoi se sentait-elle faible ? Pourquoi était-elle nue, et qui ? Lui ?... Se rappeler en fut presque brutal, tant les souvenirs étaient intenses, alors que le mouvement vers l'avant du colosse s'arrêtait et qu'il lui reprochait... Quelque chose ?

"Putain... Courtois..." souffla la demi-drow d'une voix étranglée, reprenant son souffle et ses esprits, vaille que vaille.

La brusque envie de fuir n'avait repoussé qu'en partie la sensation de bien-être, la Grise se retrouvant en proie à un désagréable mélange, flottant un peu, le con irradiant encore un peu de plaisir, tout en se sentant extrêmement nue, seule et faible sur le meuble dur, face à l'ancien gladiateur, sévère et froid. Une sorte de gueule-de-bois du sexe ? J'allais mieux... Pourquoi alors, j'suis encore claquée ? On... On a baisé. Mais pourquoi, pourquoi il est comme ça ? Un frisson tout sauf agréable lui remonta le corps, et la demi-drow eut conscience qu'elle se tenait coi sous lui, le regardant d'un air ahuri, se sentant aussi énergique qu'un nouveau-né et l'esprit aussi vif que si elle s'était enfilée une bouteille d'alcool fort. Et encore. Quand l'alcool lui engourdissait la tête, elle n'en avait pas conscience, elle ne se sentait pas aussi... Pitoyable. Sale ?

Après tant de plaisir, la chute s’avérait extrêmement brutale. C'devrait pas être comme ça... Qu'est-ce qui... Qu'est-ce qui a merdé ? En d'autres occasions elle s'était endormie dans ses bras. En d'autres encore, ils avaient bu un - des - verres, avant de remettre le couvert. En d'autres encore - ou une seule ? -, elle l'avait aguiché tranquillement avant de discuter. Mais présentement, elle était trop faible pour faire quoique ce soit d'agréable, et elle avait l'envie presque larmoyante qu'il arrête de la regarder comme ça. Le gifler, est-ce qu'elle ne pourrait pas le gifler ?... L'envie ni était pas. A vrai dire, ce dont elle avait envie, elle le refoula. C'eut été vraiment pitoyable.

Quand les putes pleurent, les clients sont contents ou s'emmerdent. Combien de fois l'avait-elle entendu, celle-la ?

...Calme-toi. Ce n'était pas une mauvaise idée non plus.

"J'pige pas. dit-elle, parvenant - enfin ! - à afficher une expression autre qu'une stupeur stupide. De la contrariété, voilà qui était mieux. C'était quoi qui était d'trop ? La pipe, qu'j'me foute à poils ? Tu préfères qu'j'fasse la planche et qu'j'te laisse tout faire ? Non, attend... S'arrêter au fait que ça avait été bon, et laisser le sommeil finir le travail eut été tellement plus agréable... Mais petit à petit, l'agacement prenait le pas. Ca n'a pas été bon pour toi ?"

Les mots s'avérèrent plus rudes qu'escompté, et étaient d'une dureté qu'elle était loin de ressentir... Sauf en un point, dans la poitrine, qui la tiraillait surtout, mais qui semblait prêt à se faire poids. Et dire que le stock de bouteilles de l'Hadjaoui n'était qu'à quelques mètres... Tout passait mieux avec de l'alcool. Elle aurait dû profiter d'être debout plus tôt pour aller chopper une bouteille.

Mleshka émergeait à peine et n'avait pas l'air de comprendre en quoi cette partie de jambes en l'air lui avait déplu. Il s'était déjà montré plus doux qu'il ne l'avait été ce jour-là mais c'était après des heures de coïts tout juste entrecoupées de quelques pauses histoire de se redonner de l'entrain. Là, ça faisait des jours qu'il n'avait rien fait. Pire encore, la lécher lui avait déjà demandé un effort pour ne pas aller plus loin. Alors non, elle ne se rendait pas compte de l'effet qu'avaient produit en lui toutes ses attentions qui pourtant avaient été très appréciée. Mais un peu trop justement...
Rester en appui sur ses mains rendait son épaule douloureuse alors, tant pour l'effet que cela produirait que pour se soulager, il se repositionna sur ses coudes, rapprochant sa masse de celle de la belle. De là où il était, il sentait la chaleur de son amante encore sous l'effet de la fièvre qu'il venait de lui donner irradier jusqu'à lui. On aurait pu croire que leurs peaux auraient pu se toucher mais ce n'était qu'une illusion.

-T'commences à m'connaître maint'nant j'crois. T'sais qu'plus j'suis excité, plus j'y vais fort. Même si j'r'grette pas, t'faire jouir ces derniers jours, c'tait pas bon pour mes nerfs. Sans compter qu'c'pas souvent qu'on m'taille une pipe et ça m'a mis une sacrée trique. Là-d'ssus, tu m'provoques encore... Si j'avais pu bander plus, j'l'aurais fait.

Sa préavis, il sacrifia un de ses appuis pour venir saisir un mamelon et le malaxer avec envie. Rien que d'évoquer tout ça, il sentait son membre reprendre un peu de vigueur. Il la revoyait, totalement nue devant lui et prête à s'offrir, il se souvenait la façon don elle se tordait de plaisir sous ses coups de langues, il voulait la regarder encore s'appliquer sur son vît avec doigté... Il avait l'impression d'avoir encore son goût en bouche, les lèvres sur lui... C'était si bon, rien que d'y penser...

-Avec tout ça, j'te prie d'croire qu'tout c'que j'voulais c'tait t'baiser plus sauvagement qu'jamais pour t'le faire payer... Il acheva à demi-voix. ...et t'aurais adoré ça.

Oui, il aurait cédé à ses pulsions, c'était vrai, mais, comme il le lui avait assuré le premier jour, il n'aimait pas être le seul à prendre son pied. Plus leurs ébats lui plaisaient, plus c'était agréable pour lui. Cette fois, il était partagé entre la satisfaction de l'avoir comblée mais la frustration de n'avoir pas pu laisser ses envies s'exprimer pleinement. Et il y avait une bonne raison à ça.

-Seul'ment j'ai compris qu'c'tait pas c'que tu voulais pour t'remet' en selle et t'a p'tet par r'marqué mais j'en ai chié pour m'cont'nir. Si j'y t'avais pas bouffé les nibars, on y s'rait encore mais j'en pouvais plus. T'as pas idée.

Achevant son propos, il serra un peu plus fort son sein l'espace de quelques secondes puis il reprit sur un ton plus provoquant.

-Bref... Tu r'commences ton manège quand tu veux mais, c'jour-là, qu'tu sois prête à supporter c'que j'te f'rai en r'tour.

Sur ses mots, il libéra son mamelon, non sans en pincer la pointe au passage.

Mais qu'il est con... Qu'il se baisse encore, et elle s'était tendue davantage, sur la défensive, sans savoir ce qu'il avait derrière la tête. Cependant, plus il avait parlé, et c'est une toute autre raison qui l'avait maintenue figée. Plein d'autres raisons en réalité. Entre autre, la main qui s'était emparée de l'un de ses seins, jouant avec la pointe, encore on ne peut plus sensible - Mais arrête, arr...! -. Et puis, sa voix, et sa manière de dire, de dire... Puis qu'il était bien trop proche, qu'elle le sentait contre sa jambe, et ce qu'il parlait, et elle avait chaud, et elle était crevée, et... Plus il ouvrait sa gueule, et plus cela valsait, se renversait et valdinguait, en tout sens sous son crâne, la fatigue n'aidait pas, faisant un croche-patte à ce bazar quand il essayait d'aller droit, le tout la crevant, l'étourdissant, lui donnant fichtrement chaud. Mais qu'est-ce qu'il essayait de faire ? Et qu'est-ce qu'il disait comme conneries ? J'ai pas idée, j'ai pas idée, mais va te faire...!

"Mais qu'est-ce tu fous-la... dit-elle d'une voix étranglée Qu'est-ce qu'tu m'chantes avec tes simagrées ? Mais que-qu'est-ce que t'attends ? On s'donne du plaisir et on s'casse pas l'cul, c'pourtant simple ! Façon de parler. Sa voix avait des faux, s'essoufflant, s'énervant d'autant plus, alors que les mots se bousculaient dans sa bouche. Pendant qu'je jouis, ça t'porte sur les nerfs ?! Tu m'dis qu't'en peux plus ?! Elle s'étrangla sur cette phrase, anormalement révoltée à cette idée. Mais lâches-toi, bordel, fais c'qui faut ! Va lever d'la ribaude, va r'voir Lal'Ya tient ! J'suis pas une putain d'épouse et t'es pas qu'un putain chauffe-lit ! Va baiser à cœur-joie, les r'tourner toutes, et t'mettre bien jusqu'au bout d'la nuit ! Mais t'fais pas chier à l'faire à moitié ici, je t'ai pas d'mandé ça !"

Elle eut voulut tempêter, le gifler, et lui claquer une porte à la gueule pour lui remettre les pieds sur terre et la queue dans le bon sens. Au lieu de cela, elle était toujours faiblarde sur la table, avec lui qui la touchait presque, alors qu'elle ne voulait pas, bon sang, il ne pouvait pas s'éloigner au moins quand elle s'énervait, avoir un peu de décence ? V'la qu'tu divagues. La décence, c'la porte à côté ! Mais qu'il s'éloigne, bordel ! Au détail près qu'elle n'était pas d'humeur à demander gentiment. Emportée, la Grise se mit à repousser Courtois, se reculant sur la table pour mieux remonter les jambes, et pouvoir le pousser des pieds. De l'air, de l'air, par le con d'la Damedieu ! Alors qu'il reculait, elle n'en démordait pas.

"Tu sors, tu vas à la putain d'Place, tu t'trouves un putain con à trousser toute la putain nuit et t'iras putain mieux, j'parie. Bordel, et c'est à moi d'lui rappeler les basiques ?! Y a pas de j'veux-ci si, comme ça, parce qu'c'est pas c'que j'veux, c'est c'que j'peux. Et le dire ainsi lui fit l'effet d'une douche froide, alors qu'elle se redressait sur ses coudes, respirant enfin. Et elle déballa à tout va. La frustration était palpable. Je peux pas t'sauter d'sus, j'peux pas m'faire troncher comme on l'f'sait, j'dois d'mander d'être doux alors qu'on a encore rien fait... Et les nuits passées à y penser sans rien faire, la bonne affaire ! Bordel, Courtois, c'est... C'est ridicule. J'me barre... Demain... Et on... On s'revoit dans... Une ennéade... Ou deux..."

Après la furieuse envolée, voilà que la demi-drow retombait lourdement sur la table, soufflant les derniers mots, la tête lui tournant de s'être emballée. A vrai dire, elle se sentait presque mal, comme un lendemain de cuite où elle n'aurait rien avalé : brutal et assommant. Ouai... Fait donc ça... T'lui piailles après puis tu l'laisses s'démerder en r'tombant dans les pommes... Chier. Du moins elle n'en arriva pas à une telle extrémité, se posant seulement une main sur le visage, fermant les yeux... Le temps que le plafond arrête de tourner.

Courtois l'écoutait, sans rien dire. Et pourtant, il aurait pu en avoir des choses à répliquer. Elle avait l'air de prendre sa frustration pour un reproche. Pourtant, il avait bien dit qu'il ne regrettait pas de l'avoir fait jouir à ses dépends ces derniers jours et qu'il avait apprécié tout ce qu'elle avait fait aujourd'hui. C'était juste que ce n'était pas le bon moment. Et il savait bien que c'était qu'une question de capacité et pas de volonté pour cette douceur à laquelle il avait dû se contraindre, il n'était pas aveugle. Il l'avait bien empêchée de se casser la gueule déjà deux fois ce soir, non ? Et pourquoi il l'avait allongée sur la table pour la faire jouir au lieu de continuer sur la chaise, hein ? Quant à aller en trouver une autre pour assouvir ses pulsions, bien sûr qu'il y avait pensé, qu'est-ce qu'elle croyait ?! Mais il aurait fait ça quand aurait-il pu faire ça ?! Il allait bosser à l'aube, il rentrait le soir, allait chercher plusieurs seaux d'eau au puits qui se trouvait à deux pâtés de maisons de là, remontait du bois pour que la baraque soit correctement chauffée pour elle, jouait à ses jeux débiles pour l'aider à se distraire vu qu'elle pouvait rien faire d'autre de ses journées, lui prêtait ses doigts et sa langue quand sa libido se faisait trop oppressante... Elle n'avait l'air de penser qu'à son état, à sa frustration de ces derniers jours... Et lui ? Elle n'avait pas l'air de penser à lui ! A ce qu'il avait fait pour elle pendant tout ce temps. Aux efforts qu'il venait encore de fournir, pour elle ! Et sa réponse quand il le lui faisait remarquer, c'était d'aller voir une pute ?!

Plus Mleshka lui balançait ce qu'elle avait sur le cœur, plus il sentait son ventre se mettre à bouillir. Son air se renfrogna, ses sourcils se froncèrent et ses yeux s'assombrirent. Lorsqu'elle le repoussa, il lui obéit, évidemment. Et puis, il n'avait aucune raison de rester auprès d'une femme qui lui gueulait dessus et allait jusqu'à utiliser ses pieds pour le chasser. Elle déclara qu'il valait mieux qu'elle parte. Il était clair qu'après ce qu'elle venait de lui faire, il n'avait plus tellement envie de l'héberger... Alors il n'allait certainement pas la contredire.
Après un long silence, il lui répondit enfin tout en rangeant son membre dans son pantalon.

-Comme tu veux. Au moins, j'aurais l'temps d'sortir trouver un aut'con à trousser comme tu dis.

Sur ces mots et achevant de lacer son froc, il sortit de la pièce, monta l'escalier quatre à quatre et redescendit après quelques instants, le buste vêtu d'une tunique. Il adressa une dernière fois la parole à la demie-drow sans même prendre la peine de la regarder.

-T'peux rester jusqu'à la fin d'l'ennéade comme prévu. Il ouvrit la porte d'entrée. J'vais crécher ailleurs.

La porte claqua violemment derrière lui et il descendit à toute vitesse les quelques marches qui permettaient d'accéder à sa maison. Dans la rue, il marcha d'un pas rapide, reprenant le chemin des Soieries. Hors de question pour lui d'aller tirer un coup ou de boire un verre, ce n'était pas ce dont il avait besoin pour l'instant. Là, tout de suite, il fallait qu'il se défoule. Et quoi de mieux que les sacs de frappe de la salle d'entraînement ? Il allait y passer plusieurs heures à évacuer sa colère sur une masse de toile remplie de sable, tant et si bien qu'il en ouvrirait un peu plus sa blessure et que son bandage se retrouverait gorgé de sang. Quelques uns de ses collègues résidant sur place tenteraient bien de l'arrêter mais, n'y parvenant pas, ils finiraient par aller chercher Sauveur. Le reste de la nuit, il la passerait chez son frère qui lui changerait son bandage et qui boirait un verre ou deux avec lui en parlant d'autre chose que ce qui préoccupait son aîné vu qu'il ne voulait pas en parler. Malgré ça, le géant resterait bien silencieux et sombre. Enfin... plus que d'habitude.
Quant aux jours qui suivirent, il ne retournerait pas chez lui. Pas même pour voir si Mleshka y était encore. L'endroit était trop lié aux jours précédents. C'était l'abri et le lieu de repos qu'il avait offert à cette femme et en même temps l'endroit où tout avait commencé puis fini entre eux. En fait, même s'il y retournait après son départ, il n'était pas sûr de vouloir continuer à y vivre...

Aucun mot ne retint l'ancien gladiateur. La demi-drow avait fini par se laisser glisser au sol, vidée, faute de trouver la force pour se hisser sur le meuble. Qu'y s'trouve un con... Et qu'y s'fasse du bien, bordel... Elle ne pouvait pas, et cela l'avait plus qu'agacée. Qu'ils puissent enfin se donner du plaisir... Pour entendre qu'il se retenait à s'en mettre mal. Quel con... C'pas comme ça qu'ça marche... Agacée contre lui, énervée contre elle-même, crevée de tout, même à l'idée de se traîner jusqu'au canapé, ou au stock de bouteilles. Le plus simple restait de fermer les yeux, puis une fois qu'elle pourrait se tenir debout, elle...

Ce furent les appels de Célimé qui la réveillèrent... Et de petites giflettes. Le corps douloureux d'avoir mal dormi - entre autre -, la Grise ouvrit des yeux brumeux vers la jeune fille de joie. Un babillage inquiet, beaucoup de galère, et quelques mètres parcourus laborieusement plus tard, et la demi-sombre finit sur le canapé du salon, sous le regard inquiet de la frêle demoiselle, essoufflée de l'avoir en parti portée. C'est qu'elle n'était pas légère, la demi-drow ! Et qu'est-ce qu'elle se sentait bien à présent...

"Mleshka ?... Mleshka ! La Grise grommela. Mleshka, qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi je t'ai retrouvé par terre ? Nulle réponse, si ce n'est un vague gigotant. La main sur son épaule, Célimé la secoua doucement. Mleshka, où es Courtois ?
- Parti... S'faire du bien... marmonna l'ensommeillée.
- Je... Quoi ? La demoiselle s'assit, se penchant doucement. Mleshka, je ne crois pas qu'il t'aurais laissée comme je t'ai trouvée... Tu m'avais dit... Enfin, tu comprends que je sois surprise, non ?" Sur le ventre, la demi-sombre bloquait l'accès aux boutons de sa chemise, malgré l'envie de la reboutonner - au moins ça... - de son amie.

Un vague haussement d'épaules, et la Grise se pelotonna d'autant plus, sans rien dire davantage. Non sans un soupir, Célimé attendit, puis prit la direction de la cuisine. Faire usage de force n'était pas dans ses habitudes, loin de là, mais elle connaissait d'autres manières que d'obtenir l'attention d'une personne récalcitrante.

Bientôt, une bonne odeur se répandit dans la maison. Maladroitement, la demi-sang se retourna... Et son visage s'illumina enfin, à la vue de la demoiselle. Son nez lui indiquait que le contenu des assiettes était des plus prometteurs. Et c'est qu'elle avait de amener de quoi boire ! S'extirpant d'une somnolence pourtant salvatrice, la Grise se redressa enfin, la mine affreuse mais ravivée par une salivation excessive, avant de connaître une grande déception : ce n'était que de l'eau.

"S'ton Jule savait la chance qu'il a..." soupira-t-elle d'une voix enrouée, tout en admirant ce qui lui calerait bientôt la panse.

Affamée, elle ne se fit pas prier pour attaquer, ramener à la vie par cette douce attention. Alors qu'elles mangeaient toutes deux, le-dit Jule fut évoqué, son départ quotidien sur les flots, sa bonne forme, Célimé souriant et rosissant plus qu'à son tour, au fur et à mesure que la demi-drow s'éveillait un peu plus, taquinant avec bienveillance la fille de joie, au sujet de son affaire de coeur. Qu'sont mignons c'deux-la ! Souriait la Grise entre deux bouchées, amusée par les quelques hésitations, les détours rieurs de son amie quand son impudence de fille de joie reculait face à la timidité de ses sentiments.

"Mleshka ?..."

Le ton avait changé. Soupirant, mais repue, la Grise déposa son assiette, précautionneusement nettoyée. C'est que la mère avait été généreuse pour leur payer la nourriture.

"T'vas pas lâcher, pas vrai ? marmonna la Grise.
- Que ferais-tu, si tu m'avais retrouvée à demi-nue, épuisée, seule, dans une maison vide ?
- Mais ce s'rait pas pareil...
- Raconte-moi, s'il te plait."

Agacée, la demi-sombre se renfonça dans le confort du meuble. 'Vec un peu d'patience, elle va lâcher la grappe... A sa mine boudeuse, Célimé répondit par un sourire annonçant toute la patience du monde. Merde. Alors... La Grise raconta. La blessure, la tentation, le plaisir... A vrai dire, Célimé fut forcée de l'inviter à passer à la suite quand elle eut l'impression que la demi-drow s'étalait en détail érotique bien plus que nécessaire. Arrivée à la fin, la demi-sang perdit son air chaffouin.

"Il est con j'te dis ! A s'ret'nir, à m'faire des gâteries... Il a proposé d'm'héberger, pas d'faire l'pénitent ! Et lui alors ? J'lui ai pas d'mandé d'se priver...! s'agaçait la demi-sang.
- Mleshka... Qu'est-ce qu'il a dit, exactement ?
- Je n'sais plus trop... J'v'nais d'm'évanouir, tu t'rappelles ? En se concentrant quelques secondes, la demi-drow balbutia. C't'ait... Pas bon... Pour ses nerfs j'crois. Oui, quelque chose comme ça. Puis... Qu'il s'est contenu aussi.
- ... Je crois qu'il a voulu te faire du bien.
- Se prendre la tête, tu veux dire ?
- Les clients qui se défoulent sans une attention pour les filles, ceux-la ne se 'prennent pas la tête', comme tu dis. Il a fait attention à toi. De la même manière que je ménage Julius...
- Toi, molester quelqu'un ? s'amusa la Grise.
- Quand la pêche a été longue, l'envie ne lui manque pas, mais c'est tout juste s'il peut se relever une fois dans le lit. Alors, je le chevauche doucement, et je ne demande pas plus... Célimé rosit encore une fois.
- Le petit veinard...
- C'est la moindre des choses dans un couple, que de prendre soin de l'autre...
- Il n'y a rien de tel, Célimé. Nous, on baise, on boit, et c'est tout. Et c'est très bien. Pas besoin de chercher plus loin.
- ... Si tu veux. Cela ne change rien au fait qu'il t'a hébergée, ménagée, qu'il s'est occupée de toi, et que...
- Arrête ! glapit la demi-sang. C'est bon, j'ai entendu..."

Un silence, où la Grise jeta un regard morne à Célimé, qui semblait quelque peu embarrassée. Il a fait beaucoup, je n'ai... Pas très bien réagi, et il s'est barré sans un mot... Mais quel con. Bon, quand est-ce qu'il revient ?

Mais l'Hadjaoui ne revint pas. Ni ce jour-la, ni le suivant. Ne sachant si sa famille risquait de débarquer, et ne souhaitant pas vraiment avoir à leur expliquer quoique ce soit, et s'ennuyant d'autant plus du fait de l'absence du Hadjoui, la Grise, suivie de Célimé s'en retourna au Tourne-Gambette, afin de finir de se remettre de cette fichue histoire, et de boire une saleté de décoction. Qu'est-ce qu'il est allé fiche ?