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 Affaire de famille (Alanya)

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Gaubert de Prademont
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MessageSujet: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 18:01

Favrius
Deuxième ennéade
An XVII

Lettre à Fulcran d'Entiane, Régent d'Alonna, au nom de Dame Pénélope de Broissieux

Seigneur Fulcran,

Suite à diverses études concernant les échanges commerciaux en fief isgardois, appartenant au comté d'Odélian, il est apparu que les commerçants batant pavillon alonnais sont, aujourd'hui, ceux qui profitent le plus de la situation géographique du port. Aux regards de ses études, et selon une volonté de préserver de manière pérenne et équitable, la bonne tenue du commerce en bonnes terres odéliannes, il a été décidé ce qui suit :

- Les marchands alonnais devront s'acquitter d'un droit de passage équivalent à une pièce d'or par Livre, ou  laisser à quais, 1/10 de chaque denrée transportée.
- Le fret de minerai orifère est soumis à une taxe de trois pièces d'or par livre, ou à la même quantité de saisie douanière sus-mentionnée.

En cas de refus, les navires alonnais seront interdits de passage au-delà de la forteresse de l'Etau, par tous moyens jugés nécessaires par le commandant de la garnison en place.

Le comte d'Odélian, le Sieur Gaubert de Prademont, pourrait envisager un assouplissement de cette nouvelle réglementation, si vous étiez prêt à vous engager dans un accord visant à rapprocher nos deux territoires et maisons, à travers une union bénie par Néera et Arcam. Les liens de la famille étant les plus sacrés qui soit, le comte y voit une excellente porte de sortie à cette situation inconfortable pour tous.

Dans l'attente de votre réponse, je vous adresse mes plus sincères salutations
Paulin Caron,
Au nom du comte Gaubert de Prademont


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:33, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 19:08


« Adonc, voilà comment nous traite la vieille chèvre ! Le vilain oisel que voilà. Ah, si tôt Arnaud promu que les vassaux s’en frottent les griffes ; non, je vous le dis ma Nièce, nous n’oserons rentrer dans la perfidie. Que cela caractérise les Odéliannais si ça leur chante, mais tant que vous serez sous ma tutelle, Alonna ne souffrira plus de l’avidité et de la couardise ».

La brave Fulcran faisait les cent pas sous les yeux interloqués de la petite Pénélope. A l’aube de sa décennie, arrachée à une mère qui lui écrivait chaque semaine un courrier, elle ne parvenait toujours pas à comprendre ce que pouvait bien penser les grandes personnes. A en voir les joues rosies par la colère, et le vélin tout froissé, la nouvelle que son oncle lui avait lu plus tôt n’était pas de bonne augure. Si fait, à grand renfort de petits doigts et de sourcils froncés, elle entreprit quelques savants calculs. Peut-être s’était-elle trompé d’une dizaine ou deux, mais à vue de nez la taxe viendrait mettre une corde au cou d’une économie qui se redynamisait enfin. Du moins, c’était là les choses que lui chantait le conseil : « Que nos récoltes sont bonnes, Madame » et puis « que nos bœufs sont gras » ! Si d’aventure le marché se portait au mieux, pourquoi fallait-il craindre une inflation ? N’était-ce point-là le sens de toute chose ; quand les affaires sont bonnes – de tout temps -, les prix grimpent. Alors, comme pour s’en assurer, elle sauta de son siège pour récupérer la missive fripée et parcourir d’un œil malavisé les quelques lignes. Certaines calligraphies lui causèrent un peu de soucis, mais elle ne fût pas peu fière de tout déchiffrer en une fois ! Là, que sa mère serait fière quand elle apprendrait cela !

« Mais mon oncle, n’est-ce pas là une chance que de rencontrer nos voisins ? Voilà des années que nous n’avons reçu personne ici ».
« Bien ma Nièce, que cela continue ! Les poules ne sont jamais mieux gardées que chez soi ! »

Il lui fallut un grand renfort de cris et, pour Fulcran, une patience d’or pour qu’enfin s’en aille aux matines un coursier. Il traversa les Trois-Murs à vive allure et jamais ne décèlerait jusqu’à parvenir auprès du seigneur Prademont : tel était la consigne qu’il avait reçue. Sa petite sacoche de cuir ne contenait qu’un seul pli bien scellé qui bringuebalait aux faveurs du galop de son canasson.

Affaire de famille (Alanya) 1441077909-blason-alonna

Alonna les Trois-Mur

Fulcran d’Entiane, Régent d’Alonna au nom de Pénélope de Broissieux, Baronne d’Alonna et protectrice de l’Alonnan

Panahos de la 3èmeennéade de Favrius de la 17ème année du 11ème cycle,

Cher Comte,

Puissiez-vous recevoir ces quelques mots sous de bonnes augures. Voilà bien des années que nous n’avions eu le moindre écho de l’Odélian, et il nous plaît à savoir notre voisine bien administré. Je déplore peut-être la venue un peu tardive de ces nouvelles, mais qu’importe ! L’Alonna, sa baronne, ses conseillers et moi-même nous nous réjouissons à l’idée de vous avoir à notre château, dès que cela vous sera possible.

Puisque vous semblez mettre les liens du sang au-dessus de tout, comme nous l’enseigne chaque jour la Damedieu, j’espère que vous trouverez assez d’estime pour nous considérer des vôtres le temps de votre visite ; nous pourrons dès lors discuter de vos propositions autour d’un bon repas qui nous mettra certainement dans les meilleurs auspices.

En espérant que les plumes du Cygne soient plus douces que les cornes du Bélier.
Fulcran.
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeMer 30 Oct 2019 - 21:42

Le soleil commençait à décliner vers l'ouest. Gaubert engloutit un morceau de pomme tandis que les épées de bois s'entrechoquaient. De sa chaise, il observait la leçon de son jeune fils avec Vaast, le maître d'arme. Le garçon se montrait de plus en plus habile avec son épée, bien qu'il avait encore du mal à placer correctement ses jambes. Il se lança dans une attaque de taille, visant l'épaule droite de Vaast, qui recula d'un pas pour esquiver le coup avant d'effectuer une volte pour se retrouver sur le côté de Sulpice. Le jeune homme remarqua la manoeuvre, trop tard, et Vaast balaya nonchalament sa jambe d'appui, le faisant tomber sur le dos, avant de toucher le torse du fils de Prademont du bout de son arme factice.

Vous êtes mort, Seigneur Sulpice.

Le ton de Vaast était sévère, mais il ne s'égarait jamais vers la moquerie ou l'agacement, si bien que le jeune homme n'en prenait jamais ombrage. Et les Cinq peuvent être témoins qu'à cet âge, les enfants devenaient soupe au lait à la moindre remarque. Sulpice fronçait les sourcils, tandis que le maître d'armes lui tendait la main et le relevait.

Vos pieds, jeune seigneur. Faites attention au placement de vos pieds ! En garde !

Sulpice grommelait tout bas mais se remit en place en levant son arme pour reprendre son attaque. Gaubert fit glisser son petit couteau dans la chair de la pomme, avant d'amener un nouveau morceau à ses lèvres. Paulin arriva à ce moment-là, le pas pressé, et s'approcha du comte, qui arqua un sourcil en signe d'interrogation. Le clerc se raidit en tendant un parchemin cacheté.

Un messager d'Alonna, messire !

Gaubert tendit sa pomme au clerc qui s'en saisit avec hésitation, ne sachant qu'en faire. Le comte fit glisser son couteau sous la cire et ouvrit le vélin qu'il parcourut rapidement. Un petit sourire naquit sous sa barbe grisonnante. Le Fauconnier l'invitait pour une entrevue mais ne faisait aucune mention d'accord concernant les nouveaux droits de passages et de douanes qu'il avait évoqué dans la missive qui était parti d'Odélian quelques jours plus tôt. Sulpice se retrouva une nouvelle fois fois les quatre fers en l'air, alors que Vaast faisait de nouveau une remarque sur la posture d'attaque du garçon. N'y prêtant plus d'attention, Gaubert rendit la lettre au clerc.

Où est le messager ?
Dans le hall, Seigneur.
Bien. Proposez-lui gîte et couvert pour ce soir. Et du fourrage pour sa monture ! Remerciez le de sa célérité et dites-lui que nous lui donneront notre réponse dès demain matin. Je vous laisse la charge de l'écrire. Nous répondons favorablement à votre invitation blablabla, nous nous réjouissons de cette entrevue qui j'en suis sûr apportera paix et prospérité à chacun et caetera, formule de politesse et tout le tintouin.
Bien, messire.
Et faites venir les Jumeaux dans mon bureau
A vos ordres !

Le clerc se retourna, prêt à partir à toute vitesse.

Paulin !
Seigneur ?
Ma pomme !

Paulin se fendit d'un sourire nerveux et tendit le fruit à Gaubert, tandis que Sulpice goutait le goût de la poussière de la cour pour la troisième fois.

Vos jambes, jeune seigneur ! Vos ... Jambes !

Gaubert se leva alors qu'il découpait un dernier morceau de pomme qu'il engloutit aussitôt, puis se dirigea vers son bureau après avoir jeter le trognon.

*******

Il gagna son bureau et ajouta une bougie sur le chandelier près de l'entrée. Quelques instants plus tard, on cogna légèrement à la porte. Deux fois, un silence, deux fois, un silence et une fois. Le code des Atouts.

Entrez !

Les deux gaillards, qu'on appelait les Jumeaux, se présentèrent en s'inclinant. Le comte ne perdit pas de temps.

Vous partez sur le champ en Alonna. Je dois m'y rendre sous peu, en compagnie de mon fils. Je compte sur vous pour préparer le terrain et vous assurer que tout se passe bien là-bas. Les alonnais sont peut-être des consanguins mais ils sont sournois et il est hors de question que je mette un pied dans leur territoire si il y a un risque pour moi ou pour Sulpice. Allez ! Plus vite vous y serez, plus vite vous pourrez vous honorer de votre devoir.

Sans un mot, les deux frères identiques opinèrent du chef sèchement, s'inclinèrent et disparurent derrière la porte.

********

Une ennéade plus tard, Gaubert, Sulpice, Paulin et une vingtaine de gardes dirigés par ce brave Roland passait sous la Porte de la Vérité. Le comte du admettre que même si la baronnie était un agglomérat de paysage laid, la ville était une remarquable pièce d'architecture tant civile que militaire. Une perle dans un écrin de bouse. Mais pouvait-on blâmer chaque seigneurie de ne pas avoir la superbe d'Odélian ou même le charme bucolique des faubourgs de Prademont ? La troupe odélianne fit résonner les pavés de la cour du château, tandis qu'une silhouette attendait sur le perron.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 0:20


« Vous faut-il vraiment vous en aller si tôt ? »
La petite Camille regardait la silhouette du bellâtre d’un œil triste. La rouquine, à peine voilée par quelques fourrures laissait traîner la vision aguichante d’une guibole pas encore refroidit de l’effort. Mais plutôt, Fulcran s’en détourna à finissant de remonter ses braies tout à fait. « Oui-da, et tu devrais bien en faire autant. On doit bien avoir besoin de toi en cuisine ». Et comme tout bon mufle, il se saisit de ses guenilles jetées à terre pour lui balancer à sa frimousse déconfite. Cela faisait quelques temps déjà qu’il la fréquentait, non pas par amour car cela, il le réservait plutôt à Thiphaine, la sœur de son bon ami Arnaud. A tout dire, il s’agissait là plutôt de s’assurer une bonne hygiène qu’autre chose, mais la pauvre petite ne semblait pas l’avoir compris ; et non contente de sucer le chibre du régent d’Alonna – l’oncle de la baronne en personne ! – qu’elle s’imaginait sûrement un jour l’épousailler. Foutre Othar que les femmes étaient chiantes avec leurs histoires de cœur ! Là, un homme avait les humeurs bien plus simples, et ne se résumaient en général qu’à leur seul cul.
« Je vous ai connu moins prompt »
« Et je te préfère moins bavarde ».

A ces mots, il finit sa toilette et décampa de la piaule, laissant la petite pantoise. Ses foulées étaient lestes, et le cœur vaillant. Il allait, ordonnait et s’assurait que le moindre détail était parfait. Il était vrai qu’ils n’avaient reçu personne depuis le déluge – Louis peut-être ? – alors tout le castel des Trois-Murs s’en donnait à cœur joie. Il n’y avait un meuble qui n’avait été épousseté, un tapis qui n’avait été battu et l’on avait même nettoyer l’âtre pour que la suie n’incommode personne ; en cet automne, le temps était assez changeant et si d’aventure ces messieurs d’Odélian devait rester en intérieur, autant qu’ils ne s’abiment pas les bronches de trop. Outre les choses du ménage, on avait fait venir les meilleurs marmitons et commis, ainsi que les meilleures cuvées de l’Alonnan. Voilà qui ravirait bien un sourire à leur voisin que l’on disait volontiers bien plus suderon que les suderon eux-mêmes. S’il avait prêté quelconque attention aux bêtises de ses gens, le fringuant jeune-homme aurait tôt fait de les croire fardés comme des cocottes. Plutôt, il se laissait la chance de découvrir ça de lui-même.

La matinée était déjà bien commencée lorsqu’il vint trouver sa nièce. La charmante petite ressemblait de plus en plus à sa mère, quoique ses cheveux étaient d’avantage châtain et les yeux bleus. A la mode Alonnaise, on avait préféré aux tenues excentriques quelques habits plus sobres, mais qui saillait tout autant ; en vérité la coquetterie était un prétexte pour les laids pour l’être plus encore. La regardant de pieds en cap lorsqu’elle tournoya, il lui accorda finalement un chaleureux sourire approbateur. Il n’avait guère vu les années défiler, et bientôt la petite serait en âge de gouverner ses terres seules. Il s’en retournerait alors dans ses pénates – ou peut être retournerait-il s’installer en Serramire ? Il n’en savait rien encore et avait encore au moins cinq années pleines avant de se décider. Lorsqu’on annonça l’arrivée à la première enceinte de la délégation, la petite Pénélope se précipita en toute hâte à travers les couloirs ; c’est qu’elle était excitée comme une puce elle aussi. Coupée du monde par son devoir, bloquée dans un château devenu sa tour d’ivoire, elle n’avait que peu d’occasion de s’amuser. Et qu’importait le prétexte : fusse-t-il un vilain chantage ou une demande de mariage !

« Mon oncle quand s’en arrivent-ils ? »
« Bientôt ma Nièce ».
La baronne, peu connue pour sa patience fronça méchamment les sourcils et bouda en grommelant. Voilà un sale caractère qui n’était pas sans rappeler celui de sa sœur ! A pour sûr, les chiens ne faisaient pas des chats !
« Et où sont Odias et Hermance ? »
L’évocation des conseillers fit sourire une nouvelle fois le régent. « Et c’est maintenant que tu t’en rends compte ? Voilà une leçon qu’il ne te faudra point oublier à l’avenir ; on ne se rend pas dans un nid de guêpes sans ses plus proches amis »
« Un nid de guêpes ? »
Le cor retentit et la herse laissa entrer la belle procession au blason frappé du Cygne. A n’en point douter, c’était là leurs invités. « Peste déjà ! N’y pense plus, et sourit plutôt ».  
La petite se balança d’un pied sur l’autre ; il aurait tout aussi bien pu se passer de ses recommandations, vu la mine ensoleillée qu’elle tenait. Et à tout dire, son empressement d’enfant l’effrayait quelque peu. Il avait hâte de traiter en privée avant qu’elle ne fasse une bêtise qu’il ne saurait réparer. En hôte polie, elle attendit que ces messieurs mettent pieds à terre pour, dans une révérence courtoise, les saluer. « Messieurs d’Odélian, votre Grandeur, bienvenue aux Trois-Murs. Puissiez-vous vous y sentir à votre aise et y demeurer aussi longtemps que vous le souhaitez ».
Pas peu fière d’avoir réussi sa brève récitation, elle ne tarda guère à se redresser pour jouer une nouvelle fois des pieds. Le moment était opportun dès lors pour le jeune Fulcran de s’avancer à son tour et de saluer les arrivants. « Je ne peux que me joindre aux paroles de son Honneur. Vous êtes ici nos invités ». Et d’un œil succinct, tenta de repérer une jouvencelle.
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 11:02

Gaubert mit pied à terre, bientôt imité par ses gardes. Un petit chariot, transportant valets et nourrices de Sulpice, entra dans la cour en cahotant et se dirigea sur le côté de celle-ci vers ce qui semblait être l'entrée arrière pour les personnes de leur rang. D'un geste, Roland envoya deux gardes aidaient Sulpice à descendre de son hongre. Même si le jeune homme grandissait de plus en plus, l'imposante stature des chevaux du comté rendait la chose encore difficile pour ses jambes fines. Une petite voix enthousiaste s'éleva dans l'air matinal.

Messieurs d’Odélian, votre Grandeur, bienvenue aux Trois-Murs. Puissiez-vous vous y sentir à votre aise et y demeurer aussi longtemps que vous le souhaitez.

Charmant spectacle que cette gamine qui exécutait une révérence avec application avant d'effectuer une petite danse nerveuse, passant d'un pied à l'autre, avec toute la candeur de ses onze années. L'espace d'un instant, il vit en elle, Alaïs, son ainée, au même âge, et ne put retenir un sourire satisfait, charmé. La voix de Fulcran interrompit ce bref moment de nostalgie, paraphrasant la petite.

Je ne peux que me joindre aux paroles de son Honneur. Vous êtes ici nos invités.

Gaubert s'inclina respectueusement en direction de l'enfant, aussitôt imité par Sulpice.

Ma Dame, c'est un honneur de répondre à votre invitation. C'est avec délectation que nous avons pu découvrir la beauté de vos terres et de votre magnifique cité ! Nous vous remercions de votre accueil chaleureux ! Laissez-moi vous présenter mon fils, Sulpice de Prademont.

Le jeune homme n'était pas laid, mais ses oreilles en feuilles de choux, héritées de feu sa mère, et l'acnée qui rongeait son visage, ne faisaient pas de lui le plus gracieux des jouvenceaux. Sa tignasse brune pendait sur les côtés de sa tête et tombait jusqu'aux épaules, cachant tant bien que mal ses esgourdes disgrâcieuses. Le comte posa une main sur l'épaule de son fils, un signe convenu à l'avance qui fit partir le jeune homme vers l'arrière de la troupaille, accompagné de Roland. Il poursuivit.

Seigneur Fulcran, je vous remercie à votre tour. Votre missive a emplit mon coeur de joie et j'espère que nous saurons nous entendre dans le respect familial dont vous fîtes mention.

Un petit sourire ourla les lèvres de Gaubert qui croisait le regard du régent. Oh, il n'avait pas l'air dupe. Le discours était bien trop mielleux pour qui connaissait les rouages de la noblesse, mais face à la petite baronne, Gaubert donnait le change. Sulpice réapparut, tenant par la bride une pouliche odélianne à la robe isabelle, une tâche blanche en forme de losange marquant son front. Le sourire du comte se fit plus franc tandis qu'il reposait son regard sur Pénélope.

Laissez-moi Ma Dame, au nom d'Odélian, vous offrir ce présent. Né au début du printemps, nous n'avons pas encore choisi de nom pour cette petite et vous laissons le loisir de la nommer comme il vous siera.

Sulpice approcha du régent et de sa nièce  avec la docile créature qui faisait râcler ses sabots sur le pavé. Le garçon, selon les directives de son père, avançait en observant la jeune Dame, souriant avec douceur. Gaubert suivit et s'approcha de Fulcran pour lui souffler discrètement.

N'ayez crainte cher hôte, j'ai pensé à vous également, mais nous pourrons en reparler lorsque de moins chastes oreilles nous écouterons.

Il frappa dans ses mains gantés de cuir, puis les frotta l'une contre l'autre en adressant un nouveau regard attendri vers la môme et son fils, projetant déjà ses desseins sur ce petit couple. Voyons ce que leur réservaient les alonnais.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 12:36

« Regardez mon oncle comme elle est jolie ! ». La petite Pénélope rayonnait, chassant même la grisaille du ciel du Nord par son simple sourire. Les rênes en mains, elle caressa un peu la belle bête sans trop se soucier du jeune héritier qui s’était flanqué à ses côtés. Les enfants avaient bien ceci d’innocent, car la baronne ne se montra pas un seul instant intéressé par le garçonnet à la face purulente. Pour peu, il l’espéra, il s’améliorerait en grandissant : les jeunes hommes avaient cette période ingrate qui faisait fuir même le dernier des laiderons. Fulcran ne pouvait souhaiter qu’à Sulpice une meilleure réussite dans son entreprise que céans ; obnubilée par la pouliche, elle en oublia même se remercier ses invités. Sûrement que les gros yeux du régent eurent l’effet escompté car presque aussitôt, la petite écarquilla les mires avant de balbutier quelques mots de politesse à l’égard du Comte et de son fils.

« Allons ma Nièce, donnez la bride à Paul qu’il aille la conduire à l’écurie. Nos visiteurs doivent être affamés par la route, et cela laissera le temps à nos gens de s’occuper de leurs bagages ». Il adressa un sourire courtois au palefrenier qui s’avança presque aussitôt ses paroles prononcées. L’homme avait cet air bourru des gens de la campagne, mais il était gentil et par-dessus tout, s’occupait parfaitement de ses bêtes. Nul doute que la jument trouverait une stalle douillette et du foin, tout comme les autres canassons de la procession. Pourtant l’idée n’enchanta guère la petite Broissieux qui pris ombrage, perdant le sourire. Quel mauvais caractère que celui-là ! Il se serait bien passer d’un de ses caprices, mais elle ne semblait vouloir lui épargner la moindre peine. Alors, sentant venir la tempête, il la coupa avant même qu’un mot ne franchisse ses lèvres. « Et sitôt le repas finit, si sa Grandeur l’accorde, vous pourriez tous deux rendre visite à la pouliche. Ne serait-ce pas là l’occasion pour vous ma Nièce de faire visiter votre domaine ? ».

Pas peu fier d’avoir désamorcé la catastrophe, il offrir un sourire franc aux gamins. Là ! En donnant aux petits du temps ensemble, c’était également l’occasion de s’entretenir avec le père seul à seul. Et puis pourquoi donc le Prademont refuserait-il ? C’était bien là la seule raison de sa venue ; répondant aux aspirations de son noble invité était sa seule préoccupation. « Oui-da mon oncle ! »
« Qu’en dîtes-vous votre Grandeur ? ». Les choses s’annonçaient bien en Alonna.
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 18:02

La jeune baronne semblait conquise par la petite pouliche. Sulpice, empoté comme un garçon de son âge, se contenta de la regarder sans intervenir, jetant de temps à autre des regards incrédules vers son père. Complimente-la, idiot ! Dis-lui que c'est toi qui l'a choisi ... Fais quelque chose. Les pensées du comte ne franchirent pas la barrière de ses lèvres, mais il faudrait qu'il ait une conversation avec son fils sur les façons d'attirer l'attention sur lui. Le petiote, après un échange de regard avec son régent d'oncle, s'évertua à remercier ses invités pour ce présent. Le Fauconnier suggéra alors de faire mener la bête aux écuries avant d'aller se sustenter, effaçant le sourire qui illuminait le visage fin de sa nièce. Gaubert leva un sourcil, la gamine avait des airs de petite capricieuse visiblement, cependant le régent réussi une pirouette que seuls les parents pouvaient comprendre.

Et sitôt le repas finit, si sa Grandeur l’accorde, vous pourriez tous deux rendre visite à la pouliche. Ne serait-ce pas là l’occasion pour vous ma Nièce de faire visiter votre domaine ?

Habile ! La petite retrouva un éclat jovial sur le visage instantanément, alors que le prénommé Paul, un rude gaillard, emmenait la pouliche.

Qu’en dîtes-vous votre Grandeur ?
Mais bien entendu, Seigneur Fulcran. Je suis sûr que Sulpice saura goûter la charmante compagnie de la baronne pendant cette petite visite informelle. Si vous pouviez également montré à mes gens où ils peuvent poser leurs affaires et se restaurer. Le voyage nous a tous, je crois, ouvert l'appétit.

Foutons les marmots dehors et asseyons-nous pour parler enfin entre adultes, auraient été des mots plus proches de ses pensées, mais encore une fois, Gaubert prenait bien la peine de flatter l'oreille de la jeune Dame d'Alonna. Sulpice rejoint son père et tous deux suivirent Fulcran à l'intérieur. Le petit groupe passa par un couloir impeccablement décoré et entretenu puis entra dans une salle au plafond haut, où les attendait une table soigneusement dressé, où la vaiselle resplendissait. Le régent avait mis les petits plats dans les grands ... sans vilains jeux de mots.

Des odeurs de viandes rôties vinrent chatouiller les narines de Gaubert, tandis qu'il s'installait devant une chaise à haut dossier. Sulpice voulu s'asseoir, mais d'une petite tape sur l'épaule, son père le retint en indiquant du regard Dame Pénélope. Une fois cette dernière assise, il hocha la tête en direction de son fils et les deux Prademont s'asseyèrent de concert.

J'ai ouï dire, Dame Pénélope, que votre baronnie n'a jamais été aussi prospère ! Vous, ainsi que Dame votre mère, devaient être enchantées par cette bonne fortune.

Il tourna le regard vers Fulcran, pendant une seconde et revint aussitôt à la jeune fille.

On nous a vanté la virtuosité de votre maître-coqs et la délicatesse des mets alonnais.

Le ventre de Sulpice gronda et Gaubert reconnut que lui aussi, avait faim. Faire des courbettes à la gamine creusait l'estomac


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 31 Oct 2019 - 21:41

Les bonnes gens du château s’afféraient déjà autour de l’attroupement. On guida les bagages jusqu’aux appartements de l’ailes Ouest – qui avait été préparé pour toute la ménagerie -, tandis qu’on menait les bonnes gens à leur ripaille. De leur côté, le quatuor irait à la grande salle pour déjeuner paisiblement, mais également car c’était là la règle : tout invité de marque devait être reçu dans le faste qui lui était dû, dussent-on pour cela dresser une bien trop grande table. Pour autant, l’idée avait enchanté la gamine ; elle aimait à souper dans la pièce de réception, et voilà qui lui donnait un bien joli prétexte pour le faire sans que cela n’irrite ses conseillers. Plutôt, elle avait elle-même ordonné à ce que l’on sorte la plus jolie vaisselle ; comme jouant à la dinette, la maîtresse des lieux c’était assuré non seulement du prestige mais de la beauté de son assortiment. Nul doute qu’il ferait effet. Le petit groupe avait à peine passer le perron que déjà le comte se perdait en compliments. Il ne fallait guère être dupe pour y voir quelques flatteries malhabiles : il n’avait s’agit que de cela depuis son arrivée. Et si le jeune régent se serait volontiers interdit quelques ronds de jambes, il était bien obligé à présent de se plier à l’exercice, et la petite avec lui.

« Il est vrai votre Grandeur qu’Alonna a retrouvé sa paix grâce à ma mère ». Bien qu’elle était jeunette, elle n’en perdait pas la langue pour autant. Avec l’aplomb dû sûrement à l’innocence, elle s’était exprimée sans sourciller le moins du monde, comme si ces choses-là avaient été apprises – et bien apprises. Tendu, Fulcran lui préféra rester à l’arrière de la petite qui marchait d’un bon pas. Là, il appréhendait chacune de ses réponses autant qu’il redouta les questions de son visiteur ; car s’il s’adonnait avec plaisir aux répliques pernicieuses avec le régent, il pouvait en faire de même avec la frêle baronne. L’enfant ignorait encore tant de choses. « Mais j’entends Messieurs la maintenir, et avec elle notre économie ! ». Son cœur eut un raté. La petite sotte ne voyait-elle pas le loup dissimulé sous le blanc mantel ? Là ! Sa nièce préférait donc attaquer de front, et avec les yeux mutins en plus !

« Ce que ma Nièce souhaite vous dire ici Monsieur le Comte… »

« Ce que je souhaite dire mon Oncle, c’est que vous traiterez de ces choses-là avec notre invité plus tard. Et que vous avez toute ma pleine confiance pour ce faire ». Et peut-être qu’à l’instant, dans l’œillade qu’elle lui lança, il reconnut un peu de son aînée. Elle avait le même charisme qu’Alanya, et plus encore, son caractère flamboyant ne dissimulait qu’à peine la vive intelligence derrière ses prunelles. Les précepteurs ne lui avaient donc pas tous été inutiles et il se rassura en pensant que la jeune ferait dans cinq année une dirigeante accomplie. Ô certes, elle ferait bien des erreurs ! Mais qui donc pouvait se targuer de ne jamais en faire ?

Le repas quant à lui se passa sobrement. Chacun échangea ses banalités, et l’on eut dit bien huit fois combien la pintade était goûtue. Même le dessert ne résista pas longtemps aux bouches gourmandes qui l’engouffrèrent ni une ni deux. Le jeune Prademont était un peu plus calme et taiseux que ne l’était sa suzeraine, mais il mit ça sur le compte de la timidité ; il fallait bien avouer que Pénélope laissait peu de place aux hésitants, et parlait d’un ton badin tantôt de la grande Foire de Jersada, tantôt des monts d’Or. Chaque recoin de l’Alonnan avait été conté avec fougue et romance anecdotique, comme aime à raconter les enfants. Pour sûr, peut-être qu’il n’y avait pas plus de la moitié de vrai, mais cela avait meublé le repas et permis quelques franches marrades. On ne loupa guère non plus de rappeler la belle campagne contre les Noirelfes, où elle était née sur le campement ; là, sitôt proclamée fille de la providence – sous le regard bienveillant des Cinq -, elle passa du coq à l’âne en parlant d’illustres ancêtres que lui-même n’avait connu. Foutre Néera que cette petite avait de l’imagination !

« Peut-on disposer à présent ? ». Elle s’essuya la bouche promptement un fois sa dernière becquée engloutie. « Bon sang Sulpice, terminez je vous prie ! Je me meurs de vous faire visiter le château et de revoir la pouliche ! ». Fulcran ne sut retenir un petit rire attendrit alors que le brave Cygne avala difficilement le reste de son gâteau. Elle menait déjà son monde à la baguette, et le pauvre petit n’y coupa guère. Vraiment, quel fichu caractère ! Le tirant par la manche, elle finit par obtenir gain de cause quand il se leva de son assise. Adressant une dernière politesse au Comte, elle s’éclipsa comme une furie, traînant bien malgré lui l’adolescent.

« Eh bien ! Puissiez-vous pardonner l’impétuosité de ma Nièce votre Grandeur. Ces années sans recevoir que sa famille n’a pas aidé à son éducation ». Un sourire guilleret collé aux lippes, il laissa une lampée de vin glisser dans sa gorge. « Le repas a sûrement dû vous paraître long ».
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Gaubert de Prademont
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 10:33

J’entends Messieurs la maintenir, et avec elle notre économie !

La brave petite. Tout était tellement plus simple à cet âge. Deux phrases de plus et l'affaire aurait pu être réglée, les bagages pliées et la délégation odélianne en route vers ses pénates. Mais parce qu'elle était sous tutelle, la petite baronne n'était pour ainsi dire qu'une marionnette douée de paroles dont seul Fulcran le marionnettiste pouvait valider la portée de ses mots, du moins jusqu'au quinze ans de la gamine. Toujours est-il que le régent semblait transpirer face aux paroles de Dame Pénélope, comprenant la portée involontaire que pouvait avoir l'intervention de sa nièce, de quoi amuser le comte pendant un instant.

Le repas qui s'en suivit fut des plus savoureux. Les cuisiniers s'étaient donné du mal pour satisfaire les papilles odéliannes, le vin était légèrement corsé mais se marier à merveille avec la volaille à la peau dorée. La baronne monopolisa la parole tout au long du repas, exposant avec une verve enflammée la beauté de son fief. Les conseillers alonnais avaient visiblement embelli les choses ou son imagination de petite fille mêlait vérités et légendes à leur sujet. Gaubert se montra attentif, souriant et hochant la tête aux assertions de sa jeune interlocutrice. Non pas qu'il soit captivé par les propos de la baronne, mais il savait très bien avoir cet air concerné du père qui gère les banalités de son enfant sans lui montrer qu'il s'en tamponne le cul par terre. Le dessert apporta une touche douce et sucrée en fin de repas tout à fait bienvenue. La dernière bouchée avalée, la petite Dame sauta de sa chaise et tira sur la manche de Sulpice, qui n'avait ouvert la bouche que pour manger. Le jeune homme lança un regard à son père tandis qu'il se faisait secouer et Gaubert hocha la tête avec un sourire bienveillant. Va, fils. Et montre-toi un peu plus bavard et moins timide que tu l'as été jusque là, sinon le reste de la journée risque de sembler très, trèèèèèès longue. Pénélope ouvrit la marche, entraînant dans son sillage Sulpice qui lançant un dernier regard (un appel à l'aide ?) vers son père avant que la porte ne se referme derrière eux.

Eh bien ! Puissiez-vous pardonner l’impétuosité de ma Nièce votre Grandeur. Ces années sans recevoir que sa famille n’a pas aidé à son éducation. Le repas a sûrement dû vous paraître long.
J'ai eu quatre frères et soeurs, et autant d'enfants, mon cher. Ce repas était surtout délicieux. Vous ferez transmettre mes félicitations au chef !

Gaubert essuya ses lèvres soigneusement et reposa la serviette à côté de son assiette.

Maintenant que les enfants sont partis explorer la propriété, peut-être pourrions-nous commencer à parler plus précisément de ce qui m'amène ici ?


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 18:35

« Oui-da Monsieur, mais sûrement préférez-vous un endroit plus intime pour parler de ces choses ». A ces mots, Fulcran leva le cul de son siège en jetant sur la tablée le mouchoir qui avait essuyé les dernières traces du repas. Dans un sourire aimable, il invita le comte à s’enjoindre à lui et bientôt tous deux s’en allèrent d’un bon pas vers un petit cabinet privé. S’ils avaient encore échangé des amabilités en route, ce n’était certes que pour meubler le silence et le sérieux des discussions qui risquaient de s’engager là. Il n’y avait guère rien à montrer dans les couloirs du château ; sa sœur avait toujours aimé l’austérité, et seules quelques tapisseries ornaient encore maigrement les pierres froides. Du reste, l’architecture en elle-même pouvait ravir les amateurs : les Trois-Murs au-delà de la prouesse militaire, était d’une technique impeccable, et même les plus fins connaisseurs pouvaient bien leur reconnaitre ceci.

La petite pièce qu’il pénétrèrent étaient plus douillette. Elle disposait de deux chauffeuses l’une en face de l’autre, d’un bureau en fond et de quelques mobiliers de bois çà et là ; une guérite, des étagères garnies, un tapis sur le sol. Oui il y avait là une atmosphère bien plus propice aux choses de la politique que le grand hall. Comme si ici, les oreilles curieuses ne pouvaient percer à travers la porte de chêne. Le salon était inondé de lumière naturelle, ajoutant un peu de charme à l’endroit. Prévenant comme il l’était, le régent avait fait porter un pichet de bon vin qui attendait sagement dans son récipient. « Là nous serons plus tranquilles. Souhaitez-vous un verre ? ». Toujours d’un ton badin, il tentait de camoufler par quelques ronds de jambe la gravité des négociations qui s’en suivraient. Il avait toujours en tête les mots déposés sur le papier, et la colère à leur lecture. Le Gaubert ne s’en sortirait pas à si bon compte.

« Avec plaisir. Qu’avez-vous à proposer ? »
« Du vin de mon cépage Monsieur. Le millésime de l’an dernier ».

« Soit ». Et sans un mot, lui versa sa coupe et lui apporta avant de s’installer à son tour. L’air était moins guilleret que plus tôt, pour autant il apprécia encore un peu le silence. De ces échanges dépendaient beaucoup de choses, et sans l’appui du brave Odias ou d’Hermance – tous deux occupés en campagne – il ne pouvait compter que sur lui. Il regrettait peut-être d’avoir un jour envié l’Arachnide, car toutes ces responsabilités l’accablaient bien trop.
« J’avoue, Monsieur, avoir été surpris de recevoir une lettre après des années de silence. Voyez, je crois que tout le Nord avait oublié l’existence même de votre terre tant elle s’était fait discrète ». Les dés étaient jetés.
__________________________________________________________________________________

De son côté, la petite Pénélope courrait à travers le dédalle, embarquant dans son sillon le pauvre garçonnet qu’elle traîna toujours par la manche. « Allons, hâtez-vous ! », puis s’en allait dans un éclat de rire enfantin. En vérité, bien qu’elle avait très envie de se soustraire de ses obligations, la petite n’était pas dupe ; sa fugue donnait l’occasion à son oncle de s’occuper des affaires qui attirés le comte en son château. Et plus tôt ils arriveraient à s’entendre, plus tôt sa vie reprendrait son cours. Dès lors elle n’aurait plus à traîne ce garçon, pas plus qu’à lui faire la conversation. Tous les garçons de son âge, au Trois-Murs, ne pensaient qu’à se battre. Bien là ! La guerre n’avait-elle pas fait assez souffrir et les héros n’étaient-ils pas tous morts ? Vraiment c’était à n’y rien comprendre !

Bientôt le fumet des écuries chatouilla leurs narines. Le purin après le repas n’était guère une bonne idée, mais si ce Sulpice était trop fragile pour le supporter, il pouvait bien rentrer. Elle, elle s’en irait brosser la pouliche. D’ailleurs elle n’avait même pas pris le temps de lui montrer les choses, et avait mené grand train jusqu’à la stalle où fourrageait le palefrenier. « Paul ! Paul ! Dites, où avez-vous mis la petite jument ? »
Le brave gaillard s’arrêta net dans son entreprise, leva son nez. Sa moustache mal taillée dissimulait à peine le sourire qui étirait sa frimousse. « L’est là-bas Mam’zelle Pénélope, mais vot’ oncle voudra p’t’êt’ pas qu’vous y alliez seule ! ».
« Mais je ne suis point seule Paul, regardez, Monsieur Prademont m’accompagne ».
« C’est qu’il est qu’à peine plus vieux qu’vous Mam’zelle ».
« Eh bien, vous n’avez qu’à rien dire à mon oncle ! ». Sans attendre son reste, la petiote s’enfonça davantage dans la bâtisse, passant devant les beaux bestiaux. La plupart broutait leur foin tranquillement, ne prêtant pas attention à l’agitation nouvelle qui régnait là. « Vous n’êtes pas bien bavard, à croire que vous avez peur Sulpice !». Un petit rire mutin conclut sa phrase.
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 20:42


Un endroit plus intime ? Tant que le jeunot n'envisageait pas de l'emmener dans sa chambre, la proposition semblait convenable à Gaubert. Il se gratta légèrement la barbe en suivant son hôte dans le couloir. D'un oeil distrait, il observa les quelques tapisseries qui pendaient le long du corridor tandis que les deux hommes continuèrent d'échanger d'aimables banalités. Gaubert ne doutait pas que tout ceci prendrait fin une fois que le régent aurait atteint cet endroit "intime" dont il parlait.

L'endroit en question était un cabinet plutôt cosy, meublé sobrement. De ce qu'il avait vu du château alonnais, on aimait peu l'ostentatoire chez ces gens. Cela faisait au moins un point commun avec lui. Deux fauteuils sans accoudoirs se faisaient face, avec au centre un pichet sur une table habillaient le centre de la pièce. Ce serait donc la lice où se livrerait le combat du jour.

Le comte s'installa alors que Fulcran lui proposait à boire. L'espace d'un instant, Prademont observa le pichet et l'interrogea sur son contenu. Un millésime du coin apparemment. Cela n'était pas un Hautval 73, mais pouvait-on reprocher au jeune homme de servir sa piquette plutôt qu'un vin à deux cents pièces d'or la bouteille d'un demi-litre ? Soit, goûtons ce picrate. A peine Gaubert eut-il tremper ses lèvres dans le liquide sombre, que le Fauconnier asséner sa première attaque, le combat était lancé.

J’avoue, Monsieur, avoir été surpris de recevoir une lettre après des années de silence. Voyez, je crois que tout le Nord avait oublié l’existence même de votre terre tant elle s’était fait discrète

Ah oui, carrément. Pas d'échauffement, pas de préliminaire. Oublier l'existence de sa terre, on en était là. La provocation dès le premier tour de lice. Impétueux le Fulcran. Gaubert but une gorgée (le vin était honnête), puis adressa un petit sourire au régent tandis qu'il reposait son verre calmement.

Vraiment ? Vous devez sûrement parler de mes prédécesseurs, Monsieur. Et il est bien regrettable qu'il ne vous ai pas considéré. Mais moi, Monsieur, j'en ai pris des nouvelles de vos terres. Par deux fois même. Lorsque j'ai versé le sang noirelfe par deux fois en moins de vingt ans, pour empêcher cette sombre engeance de réduire en esclavage votre bon peuple. Pour les empêcher de se repaître du sang de vos aïeux. Et pour les empêcher de réduire en poussière votre magnifique forteresse. Vous êtes probablement trop jeune pour vous en souvenir. Après tout, vous deviez encore têter la mamelle de Dame votre mère lorsque, sous la Bannière commune de la Lumière, les braves soldats d'Odélian dont je faisais parti ont guerroyés devant vos murs, vous deviez sûrement vous cacher derrière ses jupons, lorsque nous vînmes donner notre sang une seconde fois.

Voilà, déjà ça c'est fait, gamin. Le ton n'était pas monté, la voix n'avait pas explosé en un reproche paternaliste et autoritaire. Gaubert lui parlait avec une neutralité factuelle qui ne laissait place à aucune émotion. Et puisque le jeune homme avait entemée les hostilités sans prendre de gants, le comte allait lui rendre la pareille.

Et donc, pour en revenir à ce qui m'amène ici. Il m'a semblé, et détrompez-moi si je fais erreur, que vous sembliez ouvert à une discussion concernant les nouvelles obligations commerciales que j'ai fait émettre. Je suis convaincu que vous avez compris en quoi consistait l'alternative à la hausse des taxes, n'est-ce pas ?

Il avala une nouvelle gorgée de la piquette du régent en lui adressant un sourire tranquille.

*******

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Sulpice
Sulpice levait les yeux au plafond, alors que la gamine continuait de l'entraîner par la manche vers la cour arrière de son domaine. Qu'est-ce qu'elle pouvait piailler cette petite ! Sulpice avait deux soeurs et il avait appris malgré lui à supporter les cancaneries de ses aînées, plus particulièrement de Blandine. Ah par les Cinq, Blandine et ses interminables gloussements ! Et dire qu'il aurait pu rester en Odélian à répéter ses exercices avec Vaast, au lieu de se coltiner la visite avec ce petit lutin surexcité. Être obligé de venir en visite protocolaire pendant que son père faisait Néera sait quoi avec le Sieur Fulcran, franchement, c'était trop nul.

Ils arrivèrent devant les écuries. La bonne odeur du foin redonna le sourire à un Sulpice pensif. Il était assez peu bavard d'ordinaire et de toutes façons, Pénélope ne lui laissait jamais le temps d'en placer une, alors il se contentait de regarder autour de lui. Le bâtiment avait l'air des plus correct, bien entretenu, au toit élevé, avec de larges stalles. Ils aperçurent le palefrenier qui avait menait la pouliche offert en cadeau par son père, Paul comme le lui rappela la jeune baronne qui le hélait à la recherche de l'animal.

L’est là-bas Mam’zelle Pénélope, mais vot’ oncle voudra p’t’êt’ pas qu’vous y alliez seule !
Mais je ne suis point seule Paul, regardez, Monsieur Prademont m’accompagne.
C’est qu’il est qu’à peine plus vieux qu’vous Mam’zelle.
Eh bien, vous n’avez qu’à rien dire à mon oncle !

Elle passa son chemin pour se diriger vers le fond de l'écurie, laissant un Paul incrédule, qui croisa le regard de Sulpice.

Ne vous en faites pas mon brave, je veille sur elle. Monsieur son oncle est au courant de notre venue.

Est-ce qu'il avait envie de dire ça ? Non. Est-ce qu'il avait envie d'être là ? Non plus. Mais tel était son destin pour aujourd'hui. Et son père avait insisté pour qu'il fasse bonne figure face à la gamine. Il suivait, mollement mais sûrement, les foulées rapides de sa jeune hôte.

Vous n’êtes pas bien bavard, à croire que vous avez peur Sulpice !

Peur ?! Pfeu ! Alors déjà Sulpice ne connaissait pas la peur, c'était un Prademont, un noble odélian. Et puis, d'abord pour qui elle se prenait cette petite ... Il fallait se ressaisir, faire preuve de douceur, de maturité, montrer bonne figure et dire quelque chose ... d'intelligent.

Je ... J'avoue que je reste muet devant la beauté de votre domaine, Dame Pénélope. Magnifique, vraiment.

Bon, ça n'était pas encore parfait, mais cela valait toujours mieux qu'un haussement d'épaules ou un soupir sonore. Sulpice se gratta le bout du nez de l'index, tandis qu'il arrivèrent devant la jeune pouliche. La suite lui vint plus naturellement.

Lui avez-vous trouver un nom ?


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:36, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 22:00


Il respirait du ventre tant il avait envie de rire à la gueule du charmant vieillard. A peine installé que déjà il radotait ; cela n’avait ni queue ni tête de reprocher à ses pairs de ne point être né ! Là, c’était un argument aussi fallacieux que de reprocher à une femme de ne pas porter d’armes et d’armure. Fulcran, bien que jeune, avait très brillamment participé aux guerres – d’Amblère comme du Médian. Dès lors il n’avait pas à rougir devant ceux qui avait pu briller un jour. Plutôt, il se souvenait avec amertume de l’odeur du sang et des chouineries des agonisants. Car c’était cela, la guerre – pas un concours de héros. Alors très bien, qu’il récite ses souvenirs la vieille chèvre, ça lui faisait une belle jambe. Le museau dans sa coupe, il tira deux belles lampées du breuvage. Ce n’était pas un coteau du sud, mais la seigneurie alonnaise pouvait se targuer d’être au moins buvable. D’ailleurs, l’on disait de cette année-là que le pinot était fort fameux.

« Deux fois en vingt ans, vous admettrez que cela fait bien maigre. Mais là votre Grandeur, je ne vous en veux point ; je ne peux vous blâmer vous pour les déboires de vos prédécesseurs. D’ailleurs, vos gens doivent être heureux de jouir d’une personne de tant d’expérience ». Il empruntait le même ton détâché, et pourtant l’insulte était somme toute piquante. Qu’il le prenne donc pour un jeunot stupide, et en retour il ne serait rien d’autre qu’un vieux sénile. Il avait été logé à bonne enseigne ces dernières années ; retenu à la cour de Serramire, Aymeric avait toujours su se montrer aimable envers lui. Il avait pu s’épanouir non seulement avec son fils aîné, le bel Arnaud, que le jeune baron d’Oësgardie. Si fait, les choses de la politique, ils les avaient subis à trois, les jouvenceaux.

« Et vous avez bien raison. J’ai bien su lire vos mots et je me dois d’être tout à fait honnête avec vous ; si ma nièce n’avait pas incité pour vous recevoir, et bien vous seriez dans vos pénates ! ». Il eut un petit rire gaillard, qui sonnait absolument faux. « J’apprécie bien peu le chantage Monsieur, et cela m’interroge d’autant plus quand cette vilainie provient d’un homme sage ». Il laissa un bref instant s’envoler avant de reprendre avec calme : « J’aime à croire qu’il ne s’agissait là que d’un prétexte pour nous rencontrer votre Grandeur ».

________________________________________________________________________________

« Amblère ! ». La voix fluette s’éleva avec bien moins d’exubérance qu’elle l’avait fait jusqu’alors. Lassée de jouer la comédie sûrement, elle laissa tomber son masque. Du haut de sa décennie, elle n’était pas sotte pour autant. Les adultes s’entretenaient au sujet des taxes, et si ce n’est de son mariage. Un mariage, rien que ça ! Une œillade, même brève vers le jeune héritier, que le repas lui aurait bien monté aux lèvres. Il était laid comme un pou, et ennuyeux… Non, elle n’épouserait pas un semi-cageot impotent. Elle porterait l’alliance d’un homme brave et beau, comme l’avait fait sa maman. Ah ça ! Tout le Nord en parlait. La plus belle union du siècle, qu’ils disaient ! C’est que ces nigauds n’avaient encore vu les noces qu’elle aima à imaginer le soir, dans la pénombre de son lit.

« Elle s’appellera Amblère ». La jument renâcla, faisant rire la petite qui prit ça pour une approbation. Le nom ne manquerait pas d’exaspérer ses parents, mais peu importait ! Cette bataille avait marqué l’Histoire – son histoire. « Votre père vous a-t-il expliqué ce que vous faisiez ici Sulpice ? ». Les yeux brillants d’intelligence, elle n’avait de cesse le lisser les poils du chanfrein de la ponette.
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeVen 1 Nov 2019 - 23:48

Deux fois en vingt ans, vous admettrez que cela fait bien maigre. Mais là votre Grandeur, je ne vous en veux point ; je ne peux vous blâmer vous pour les déboires de vos prédécesseurs. D’ailleurs, vos gens doivent être heureux de jouir d’une personne de tant d’expérience

Si il savait ce que lui disait la personne d'expérience ce jeune paltoquet. Derrière l'apparente amabilité, Gaubert sut reconnaître la pique sur son âge, mais Fulcran jouait le même jeu que lui. Une joute politique qui opposerait leurs esprits et éprouveraient leurs nerfs, la partie pouvait durer des heures, ponctuées de sourires faux et de coups rhétoriques pour déstabiliser son adversaire. Le jeune homme avait grandi dans l'ombre du Brochant de Serramire et on pouvait voir qu'il avait été attentif pendant les leçons. Tant mieux, la lutte n'en serait que plus belle et les lauriers de la victoire n'en serait que plus glorieux.

J’ai bien su lire vos mots et je me dois d’être tout à fait honnête avec vous ; si ma nièce n’avait pas insisté pour vous recevoir, et bien vous seriez dans vos pénates !

Il rit, aussitôt suivi par un sourire faussement amusé de Gaubert puis renchérit.

J’apprécie bien peu le chantage Monsieur, et cela m’interroge d’autant plus quand cette vilainie provient d’un homme sage. J’aime à croire qu’il ne s’agissait là que d’un prétexte pour nous rencontrer votre Grandeur

Tout de suite, les grands mots. Vilainie. Comme il y allait celui-ci. Le chantage soit, il y avait, mais tout de même. Le comte émit un petit rire à travers sa barbe grise puis vida son verre. Le vin, légèrement corsé, commençait à faire son chemin sous son palais et il le montra à son hôte avant de lui répondre.

Ma foi, votre réaction m'étonne Monsieur. Ne voulant pas imposer des conditions strictes et unilatérales à vos marchands, j'ai proposé une alternative afin que chacun puisse y trouver son compte. Mais libre à vous, si cette alternative ne vous semble pas souhaitable, ni envisageable de la rejeter.

Son verre  remplit, il sirota une nouvelle gorgée puis reprit son discours en regardant Fulcran dans les yeux, avec une sincérité feinte mais bien interprétée.

Pendant trop d'années le Royaume s'est embrasé, le Nord s'est perdu dans une constellation de guerre, inutile et ruineuse. Plutôt que de saigner les finances de votre noble terre et de lui imposer une inflation, que beaucoup trouverait légitime depuis que la mise au jour de vos fillons d'or ont fait grand bruit partout  dans la Péninsule, je préfère une solution plus pacifique ... Je dirai même familiale au désaccord qui nous oppose aujourd'hui. J'ai un fils qui, un jour, héritera de mon titre et de mes terres, et vous êtes le régent au nom de votre nièce qui est à peine plus jeune. Si nos deux maisons s'unissaient en une seule et glorieuse afin de permettre de garantir une paix solide et durable dans le Nord, ne serait-ce pas une bonne chose ? Ne serait-ce pas une décision qui respecterait les souhaits du Roy ? Ne serait-ce pas, également, l'occasion de marquer une alliance militaire et commerciale solide le long de la frontière du Royaume ?

Il fit glisser une gorgée supplémentaire dans son gosier.

J'ai eu de terribles échos de la part de marchands estreventins, lors d'un récent séjour en Isgard. On dit que les drows sont repartis en conquête.

*******

Ainsi donc, la petite pouliche porterait le nom d'une bataille oesgardienne. Sulpice leva un sourcil, peu assuré de la pertinence du choix, mais cela avait le mérite d'être original. La gamine caressait l'animal qui broutait quelques fêtus de paille pour passer le temps. La voix de la jeune baronne le surprit quelque peu.

Votre père vous a-t-il expliqué ce que vous faisiez ici Sulpice ?

Le regard de Pénélope avait cahngé, elle paraissait moins niaise que quelques minutes auparavant. Etait-ce lui qui se faisait des idées ? Le jeune homme se gratta le haut du crâne, s'interrogeant un instant sur la réponse qu'il allait donné. Devait-il feindre l'ignorance ou se montrer franc avec l'enfant ? Son père lui avait toujours parler comme à un adulte, du moins, aimit-il à le penser, il ferait donc de même.

Il n'a pas exprimé clairement les raisons de notre visite, non. Mais vu son attitude à votre égard, la promptitude de nos parents à nous envoyer nous promener ensemble et le fait que notre seul chaperon est un palefrenier qui m'a l'air bien occupé, je dirais qu'il est venu parler épousailles. Votre oncle et lui doivent être en train de fixer les conditions et le montant de la dot ... Ce genre de choses. Si il avait s'agit d'autres affaires, mon père aurait fait envoyer quelque intermédiaire pour parler en son nom et j'imagine que votre oncle aurait fait de même.

Il observa la petite, qui devait elle aussi avoir compris. Il se détourna pour poser ses bras sur les bords de l'enclos de la pouliche, regardant la jument voisine qui s'approchait de la main qu'il tendait vers elle pour lui caresser le mufle. La baronne semblait contrariée, il rompit le silence une fois encore.

Pour être tout à fait franc avec vous, je n'ai pas envie de me marier. Ce n'est pas contre vous, Pénélope. Juste que ... j'ai encore à faire mon apprentissage de chevalier, je dois apprendre beaucoup de choses en terme de politique, de commerce et toutes ces choses, alors vous imaginez bien que le mariage ... Mais comme me l'a déjà dit Père, les gens de pouvoir n'ont jamais vraiment le choix.

Il adressa un petit sourire à la baronne. Il avait été honnête avec elle, sans être totalement convaincu qu'elle le comprendrait. Il remonta le chanfrein de la jument qui lui faisait face en grattant doucement l'animal qui remua la tête en guise d'appréciation.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeSam 2 Nov 2019 - 12:20

Il cacha son sourire dans une dernière rasade. La diatribe aurait pu paraître larmoyante, tant elle joua avec le pathos ; mais loin s’en faut, il ne s’agissait que d’une vieille ruse du bouc. Le pensait-il assez sot pour tirer quelconque approbation avec des palabres abracadabrantesques ? Non pas Monsieur ! Le jeunot avait assez à faire comme ça ; il viendrait à entendre son invité quand ce dernier aurait de vrais arguments à avancer. D’ici là, il ne s’agirait que d’une belle joute ennuyeuse et longuette alors que déjà il se réservait un verre. Le cruchon ne ferait pas long feu à cette vitesse, mais au moins le vin avait pour lui d’adoucir les cœurs. Avec un peu de chance le vieux ne saurait bientôt plus parler et, agissant de quelques façons compromettantes, donnerait au brave Fulcran les bonnes ficelles à tirer. Mais là ! Ils n’y étaient pas du tout, et plutôt on attendait de lui qu’il réponde à son ami de circonstance. Et plutôt que de faire taire sa vilaine goule, le brave comte tira une nouvelle fois. Les sombres, rien que ça ! A croire que le jeune homme avait plus de jugeote que son aîné ; car si la menace devenait plus pressante, ce n’était pas d’économie qu’ils devraient causer. Il était par ailleurs étonné que la couronne n’ait point réagit si ces informations étaient vraies. L’emplumé n’avait peut-être pas fait campagne en Oësgardie, mais le souvenir demeurait douloureux pour tout le Nord ; dès lors nul doute que leur suzerain ne laisserait pas pareille infamie se répéter.

« Là Monsieur je vous entends ! Ô oui, je vous entends parfaitement. Mais sachez mon bon Monsieur qu’il n’y aura de bonne politique si l’on y mêle économie ; car voilà où le bas-blesse. Si l’union de nos maisons apporterait sans doute du prestige à nos lignées, quid de notre vasselage ? Croyez-vous que le Brochant laisserait à ses ouailles l’opportunité de lui tenir tête ? ». Et plutôt, s’enfila deux bonnes gorgées. C’est qu’il était bon à force ce pinard ! « Soyons sérieux, votre Grandeur. Votre bonne terre a montré quelques ambitions malavisées par le passé. Croyez-vous seulement que Serramire ne verra point en ce mariage l’annexion de l’Alonnan si durement conquise ? ». A cela il ajouta un sourire aimable. « Et puis, croyez-moi bien que je préfère causer des deux choses de manière distinctes : d’une part le commerce, et de l’autre une alliance. Car voyez, si l’un va, l’autre pourrait bien suivre à terme ».

__________________________________________________________________________________
La petite cessa alors de gratouiller les naseaux des braves bêtes pour tourner une tête souriante mais attentive vers le garçonnet. La jeune Pénélope l’écouta parler. Bien sûr que c’était de cela dont il s’agissait. Et pour sûr, elle ne lui en voulait pas de penser comme un garçon ! C’était là leur seule faiblesse. D’ailleurs, à y réfléchir, c’était peut-être pour cela qu’ils mourraient bien plus jeunes que les dames ; à vouloir guerroyer, ils en finissaient les tripailles à l’air ! Il ne lui fallut guère plus de quelques secondes pour imaginer l’adolescent le cul dans la boue et chouinant pour retourner auprès de sa maman. Oui, elle avait eu bien raison : Sulpice n’avait rien d’un garçon sans peur, rien du tout. Il sentait bon le parfum et était précieux comme pas deux. Le petit Jean – le fils de sa lavandière -, lui il avait la tête de voyou, lui.

« Oui-da Sulpice. Je n’ai pas envie de vous épouser non plus ». Et ses mirettes se mirent à luire de malice. Nul doute que si elle disait ça d’un ton égal, elle le pensait vraiment la bougresse. Toute bien élevée qu’elle était, son sale caractère finirait tôt ou tard par lui faire défaut. « Mais à vrai dire, la seule raison de votre venue ici demeure mon invitation ». Elle natta le toupet de la petite Amblère qui demeurait bien sage dans sa stalle. « Voyez, les adultes font ces choses d’adultes ; au mieux ils trouveront un accord, au pire vous serez partis avant le soir. Et même si c’est mon oncle qui s’occupe de moi, je reste la baronne ». Elle rit un peu en adressant le plus charmant des rictus à son compagnon de balade. « Et c’est moi qui décide ». Et elle n’épousera pas ce laidron, non ! En plus, il lui paraissait plus gauche qu’un manchot ! « Monsieur votre père a fait une proposition à mon encontre : soit je vous épousais, soit il saignait mon commerce ». Dramatiquement, elle se renfrogna dans une petite mine tristounette. Là, la voilà la belle comédienne. « J’espère Sulpice que vous n’aurez pas à connaître pareil dilemme ».
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeSam 2 Nov 2019 - 14:26

Là Monsieur je vous entends ! Ô oui, je vous entends parfaitement. Mais sachez mon bon Monsieur qu’il n’y aura de bonne politique si l’on y mêle économie ; car voilà où le bas-blesse. Si l’union de nos maisons apporterait sans doute du prestige à nos lignées, quid de notre vasselage ? Croyez-vous que le Brochant laisserait à ses ouailles l’opportunité de lui tenir tête ?  Soyons sérieux, votre Grandeur. Votre bonne terre a montré quelques ambitions malavisées par le passé. Croyez-vous seulement que Serramire ne verra point en ce mariage l’annexion de l’Alonnan si durement conquise ?

Et voilà que le jeunot s'en remettait au vasselage. Quel lâche petit merdeux ! Gaubert s'envoya une nouvelle rasade de vin. Goulayante vinasse à vrai dire. Le comte saisit le pichet et entama un troisième round, reservant par la même Fulcran, dont le verre se vidait également.

Et puis, croyez-moi bien que je préfère causer des deux choses de manière distinctes : d’une part le commerce, et de l’autre une alliance. Car voyez, si l’un va, l’autre pourrait bien suivre à terme.

La dernière goutte quitta la cruche pour atterrir dans la coupe du Fauconnier. Et d'une ! Il ne restait plus qu'à espérer qu'il avait prévu de quoi désaltérer le comte un peu plus. Négocier assèchait les gorges, surtout quand il fallait convaincre l'interlocuteur de son raisonnement. Gaubert leva sa coupe vers le régent en guise de toast poli, avant de poursuivre calmement.

Encore une fois, Monsieur, vous me parlez des ambitions de mes prédescesseurs. Nous ne sommes là ni pour parler de Serramire, ni pour parler d'une quelconque annexion. Et encore moins, pour séparer les deux faces d'une même pièce. Armée et économie sont unies en politique, l'un ne va jamais sans l'autre, pour reprendre vos termes.

Une nouvelle gorgée inonda sa bouche, ravissant de plus en plus les papilles de Gaubert.

Mais je peux comprendre votre défiance et je ne suis pas ici pour vous forcer la main. Si l'alternative d'un mariage est exclue, je n'ai qu'à valider les dispositions ennoncées dans ma missive auprès de L'Etau et d'Isgard. Je sais qu'on attend ma confirmation là-bas.

Le ton restait cordial tandis qu'il faisait tournoyer le liquide sombre dans son verre.

*******

Eh bien elle non plus n'avait pas envie de l'épouser. Rien d'étonnant à cela, des enfants de leur âge n'avait pas ce genre de projets en tête. Pas encore du moins. Cependant la gamine se prit à croire qu'elle avait le choix et aima à rappeler qu'elle était la baronne. Sulpice leva les sourcils tandis qu'elle évoquait son commerce, ses terres, son, sa, ses ... La gamine avait grandi dans l'illusion que du haut de son jeune âge, elle dirigeait quoique ce soit. Une erreur qu'on faisait souvent à son âge, confondre le pouvoir et l'ersatz du pouvoir que les adultes vous donnaient. Elle s'amusait avec la crinière de la pouliche, tandis qu'elle s'épenchait sur son sort et le dilemne qu'avait imposé le comte son père. Il sourit, flattant l'encôlure de la voisine de la petite Amblère, en ignorant la démonstration de dramaturge de Pénélope.

Je n'aurai jamais à faire face à ce genre de choix, ma Dame. Du moins pas avant un long moment, pour cela il faudrait que je sois en charge de mes terres. En attendant, c'est mon père qui les dirige et qui fait ses choixs. Vous dites qu'il souhaite saigner votre commerce, je crois qu'il essaye surtout d'en tirer profit au nom des terres qu'il gouverne. Il me semble que c'est le jeu de la politique, chacun prêche pour sa propre paroisse.

Il adressa un nouveau sourire à la petite, grattant l'animal qui lui faisait face derrière les oreilles.

D'ici là, nous ne pouvons qu'attendre leurs décisions. Et quoiqu'on vous en dise, si les décisions étaient uniquement de votre fait, c'est vous qui seriez en tête à tête avec mon père, et pas ici avec moi, à débattre entre "enfants". Je ne doute pas que vous serez une baronne tout à fait capable, vous me semblez être tout à fait intelligente, mais pour le moment, votre seul vrai choix aujourd'hui, a été de nommer cette petite bête.

Sulpice se fendit d'un sourire franc et attendri, comme celui que sa grande soeur Alaïs lui adressait lorsqu'elle le regardait.

D'ailleurs, et si vous essayiez de la monter ? Elle a été débourrée avant que nous prenions le chemin de votre château.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeSam 2 Nov 2019 - 16:25

« N’étiez-vous pas auprès de ces prédécesseurs que vous conspuez depuis l’heure ? ». Le jeunot adressa un sourire charmant, aussi aimable que pouvait être ces ratiches droites, à peine jaunies par la boisson épaisse qu’ils suçotaient tous deux. Pour sûr qu’il était bon ce millésime d’Entiane ; d’une rondeur en bouche incroyable même. Dommage qu’il n’y en ai plus dans la vasque. Mais là, il se reconcentra aussitôt sur son invité. Le seigneur Odélian avait donc oublié qu’il était plus vieux que le Déluge ? Allons, bien sûr qu’il avait été auprès de ceux qui avaient un jour lorgné sur ses voisines ; et plutôt que de s’y opposer, plutôt que de faire monter l’ire d’un peuple, il s’était plutôt bien planqué à l’ombre du siège, attendant que les têtes tombent comme les feuilles de l’automne. C’était une technique comme une autre, mais elle avait pour défaut de faire attendre parfois une vie entière. Et maintenant qu’il était moitié mort, le vieux bouc comptait bien faire ce qu’il avait déjà vu à l’époque. De la grandeur, de la richesse ! Et bien qu’il se mouche dedans ; l’Alonnan ne mangeait plus de ce pain-là.

« Bien sûr que vous n’en parlerez pas dans ces termes. Je suis plus jeune mais point plus sot ; appelez cela comme vous le voudrez, mais sitôt votre héritier bel et bien lié à ma nièce, à qui donc reviendra la baronnie ? Là, là ». Il s’envoya un tiers du verre, juste pour goûter, levant tranquillement sa main. « Ne vous inquiétez pas Monsieur, je vous comprends tout à fait. Il doit être détestable d’avoir été rattaché à Serramire comme l’on rattacherait son chien à une laisse ». Il soupira, finissant le reste du godet plus par gourmandise qu’autre chose. C’est qu’il était fort bon, ce clairet ! « Et si aujourd’hui vous cherchez quelques alliances forcées, c’est bien pour rendre à votre terre son prestige, me trompe-je ? ». Fulcran se leva, se dirigeant d’un pas doux mais assuré vers le petit bureau. Ouvrant un tiroir, il en sortir une bouteille à l’étiquetage douteux ; on ne reconnaissait même plus la calligraphie tant l’encre avait bavé, pourtant, la bouteille semblait bien scellée. L’eau quelque peu jaunâtre aurait tôt fait de réveiller le pépé.

« Il me serait fort regrettable de songer à charger mes commissions pour les ports Etherniens. Et puis, si d’aventure les Noirelfes s’en aller regarder vers l’Etau, cela me peinerait davantage encore ». Et toc, dans le dentier.

________________________________________________________________________________
« En vérité Sulpice, c’est parce qu’ainsi ce ne sera pas de ma faute si l’accord mettait l’Alonna dans l’embarras ». Elle haussa les épaules. Le garçon ne comprenait décidemment rien à rien et avec ses faux airs de sermonneurs, elle lui aurait bien envoyé le pied dans le genou. Mais la dernière fois qu’elle avait fait cela, le petit Jean était tombé et avait tant pleuré qu’elle avait reçu une bonne correction. C’est qu’en plus d’être stupides, les hommes étaient douillés. Ils ne savaient que geindre et se plaindre aux adultes ; la petite Pénélope ne pouvait pas jouer un jour sans que l’on vienne la rouspéter. Bien sûr, ça n’avait rien à voir avec son maudit caractère, loin de là. Puis, quand il lui proposa de grimper la petite pouliche, sa mine s’égaya à nouveau. Elle ne montait pas encore convenablement, et tous lui avait formellement interdit de le faire seule ; mais cette fois-ci, ça ne comptait pas, il y avait le jeune Prademont avec elle !

Puis, une balade valait bien une rouste non ? Alors sautillant d’impatience, elle ne saisit ni une ni deux la bride qui trainait là. Elle n’en avait jamais mise elle-même. Paul avait toujours préparé ses montures lors de ses cours ou de ses balades, et d’ailleurs c’était toujours lui qui tenait les lanières. Mais pour aujourd’hui elle devrait bien se débrouiller sans le palefrenier ! Plutôt elle colla l’engin dans les mains du garçon et lança une œillade au corridor. L’adulte avait quitté l’écurie, c’était le moment de se hâter. « Tenez, mettez-lui ! Je m’en vais prévenir Paul ! ». Bien sûr, ses mots n’auraient pu souffrir d’aucune réplique puisqu’elle décampa presque aussitôt. Elle n’alla pas voir le bougre, mais resta plantée dans un coin, à observer. Il ne valait mieux pas qu’on les prenne en plein délit de bêtise ! Elle aurait tout aussi bien pu demander au jeune homme de lui montrer, mais elle n’osait s’avouer faible – et surtout pas devant un garçon !
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeSam 2 Nov 2019 - 18:09

N’étiez-vous pas auprès de ces prédécesseurs que vous conspuez depuis l’heure ?
Figurez-vous que non, honorer le serment-lige que me liait à eux ne signifie pas que j'étais en accord avec chacune de leurs décisions.

Gaubert était si loin dans l'ordre de succession qu'il n'avait jamais été un candidat envisageable pour beaucoup d'odélians, lui y comprit. Les Berdevin qui se succédèrent, s'acharnèrent à visiter le domaine de Tyra avec empressement et sans consulter leurs seigneurs au préalable. Outre le Gras qui semblait avoir planifier ses batailles avec soin (ou avoir bénéficié d'une chance insolente ?), les comtes et régents suivant ne firent que dénouer le fil qu'il avait tiré.

Bien sûr que vous n’en parlerez pas dans ces termes. Je suis plus jeune mais point plus sot ; appelez cela comme vous le voudrez, mais sitôt votre héritier bel et bien lié à ma nièce, à qui donc reviendra la baronnie ? Là, là. Ne vous inquiétez pas Monsieur, je vous comprends tout à fait. Il doit être détestable d’avoir été rattaché à Serramire comme l’on rattacherait son chien à une laisse. Et si aujourd’hui vous cherchez quelques alliances forcées, c’est bien pour rendre à votre terre son prestige, me trompe-je ?

Le jeunot se leva, semblant déplorer lui aussi que les verres étaient aussi vides que le cruchon. Les négociations auraient pu se poursuivre à sec, mais Fulcran sortit une vieille bouteille d'un tiroir. Diantre, la gnôle semblait ancienne, enfin de la vraie bibine à se coller dans le gosier. L'apéritif était terminé, on allait enfin pouvoir passer à l'alcool, le vrai ! Il tendit son gobelet, avide de tremper ses lèvres dans ce qui était distillé pour vous revigorer un homme.

Je le redis, mon cher, je n'ai aucune ambition d'intégration envers vos bonnes terres. Dame de Broissieux est, et restera, la baronne d'Alonna. Même en cas d'union entre elle et mon fils. Lui sera Comte, elle sera Baronne, point. Et si la Damedieu vient à bénir leur union d'une descendance, libre à eux de choisir quel enfant héritera de quelle terre.

Il porta le breuvage à ses lèvres. L'odeur de l'eau de vie lui piqua les narines, annonçant que la descente jusqu'à l'estomac serait brûlante. Une seule méthode pour boire ce genre de potion, l'avaler sans autre forme de procès.

Vous parlez beaucoup de Serramire, Fulcran. Craignez-vous à ce point l'intervention de notre seigneur-lige ? Le père Brochant est mort, j'ose croire que le fils sera un peu différent. Et d'ailleurs, ne croyez pas que j'ai ignoré la possibilité pour vous de passer par les voies terrestres. Après quelques calculs, vous avez deux options, peu avantageuses pour vous. Soit vous passez par Serramire avant de redescendre via Etherna et les droits de passages de pont et de douanes vous reviendront aussi cher que les miens, avec un trajet quatre fois plus long. Soit vous coupez par Odélian ... ou je ferai évidemment appliquer le même droit de douane que par voie maritime. Oh vous maudissez surement le vieil hibou que je suis, du haut de votre belle jeunesse, mais n'allez pas croire que j'avance des chiffres au hasard d'une sénilité qui ne m'a pas encore atteinte.

Son visage ridé s'illumina d'un grand sourire, puis leva son verre en direction du Fauconnier. A la tienne, morveux, si les négociations échouaient, la joute ne serait pas moins belle ! Il posa le bord du gobelet sur les dents et le leva d'un coup, envoyant le liquide directement au fond de la gorge. Il déglutit et aussitôt, il sentit la chaleur couler dans ces entrailles. Costaude cette gnôle, mais le goût n'était pas trop marqué. Voilà qui allait se boire tout seul.

Les drows n'en sont encore qu'à faire la guerre en Estrevent, il y aura des ennéades avant qu'ils viennent menacer l'Etau. Et notre si puissant seigneur-lige saura faire preuve du même courage que son père pour réunir une coalition et défaire le noirelfe. Comme à Amblère ! Et puis, entre nous ... vos mines d'or intéresseront toujours plus ces fifrelins que mes champs !

Et il tendit à nouveau sa coupe. Fais péter le deuxième, gamin. C'est qu'on savait boire en Odélian !

J'espère avoir dissipé vos craintes autour d'une quelconque absoption, Monsieur. Je vous le répète, je cherche des alliés, pas des sujets.

Allez, trinque et tope-là gamin, qu'on fasse venir les ribaudes pour sceller notre accord ! Vraiment pas mal cette gnôle ...

*******

Sulpice se retrouva les bras encombrés en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Pénélope s'enfuit dans l'allée qui coupait l'écurie en deux et disparut de sa vue. Ce serait visiblement à lui de préparer le petit cheval. Soit, Sulpice avait toujours aimé les chevaux. Il observa autour de lui, cherchant le fatras nécessaire à la bonne préparation de l'animal.

Il lui fallu quelques minutes pour mettre la main sur une selle à une taille enfantine et un tapis. Il posa délicatement le tapis sur le dos de la petite Amblère et mis ensuite la selle, qu'il attacha sous le ventre de l'animal. Il garda toujours une main sur l'encolure ou les épaules, rassurant à voix basse l'animal à chaque étape par une petite caresse. Avant de passer la bride autour du cou, il se retourna, cherchant de quoi récompenser l'animal. Il fit quelques pas et tomba sur un sceau où se battait quelques morceaux de carottes.

Du coin de l'oeil, il aperçut une petite silhouette qui l'espionnait. La baronne était supposé prévenir le plaefrenier, mais elle semblait plutôt attentive à ses faits et gestes. Etait-ce un test qu'elle lui faisait passer ? N'avait-elle jamais appris à préparer sa monture ? Ses soeurs aussi n'avait jamais appris à le faire correctement, alors qu'il lui semblait avoir appris à le faire avant ses huit ans, les filles n'avaient vraiment pas le sens des priorités. Il saisit quelques morceaux de carottes et retourna face à Amblère sans un mot. Il glissa sa main devant son mufle et la pouliche croqua la friandise avec gourmandise. Il caressa le chanfrein de la bête tandis qu'il passait la bride en quelques mouvements assurés, puis émit un petit claquement de langue pour inviter la pouliche à le suivre, ce qu'elle fit docilement. Les petits sabots claquèrent sur le sol de l'écurie tandis qu'il rejoignait la baronne, qui semblait impatiente. Sulpice s'assura une dernière fois que la selle tenait bien en place et sourit à la petite.

Avez-vous besoin d'aide pour monter ma Dame ?


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeDim 3 Nov 2019 - 15:55

« Je ne crains pas notre seigneur-lige Monsieur, je le respecte ». Les sourcils du jeune homme se froncèrent un peu ; c’est que le jeune Arnaud était pas moins que son meilleur ami, et que jamais il n’oserait tordre cette amitié pure et sincère pour quelques arguments politiques. Et puis, dans l’équation venait se faufiler la délicieuse silhouette de Thiphaine dont il avait toujours le cœur épris. Il s’était promis – comme se le promette les damoiseau – d’aller quérir sa main si tôt ses obligations rompues. Mais d’ici là il ne pourrait qu’imaginer le rire délicat de la belle, et son sourire à faire pâlir les plus belles fleurs du printemps. D’ailleurs il n’avait pas même pris la peine d’envoyer un pli à Serramire pour compatir à la peine de ses proches. Il le ferait bientôt, en espérant que son frère ne lui en tienne point trop rigueur. C’est que le garçon n’avait jamais vraiment été très prompt pour ce genre d’affaires de famille. Mis sur la touche, élevé loin de son aînée, il avait passé des années à haïr les siens pour finalement auprès du Corbeau, apprendre à les aimer un peu. N’était-ce pas là une drôle de chose quand on connaissait l’inimitié entre la Broissieux et le Brochant ?

« Et si fait, mon bon Monsieur, croyez bien que je payerai certes le même prix mais qu’en cela mon honneur sera sauf. Je ne doute point de vos talents de gestionnaire, bien au contraire mais comprenez aussi mes réticences ; l’Alonna ne peut se permettre de verser autant sans amoindrir les conditions de ses gens. Et en répondant à votre maudit chantage, il me faut soit brader ma terre en vous offrant une nièce qui aurait le mérite de choisir elle-même son époux, ou bien la saigner sous des taxes qui n’ont ni queue ni tête ». Et à son discours de principe, il s’envoya dans la gueule les quelques gouttes d’alcool. L’eau de vie lui brûla la gorge et endormi assez ses papilles, pour autant il se refusa à faire la grimace. C’était là une boisson d’homme, de vrai ! « Il était un temps où votre terre et la mienne avait quelques accords qui nous ravissaient tous deux. Ne peut-il en être ainsi maintenant encore ? ».

« Et là, et là… ». Il se mit à sourire de toute ses dents une nouvelle fois. « Il faudra peut-être… trois énnéade à l’ost pour parvenir jusqu’à l’Etau. Vous aussi vous connaissez ces bêtes : ils n’ont que peu d’attrait pour les richesses. Ce sont des animaux qui n’ont d’amour que pour la misère et la désolation. Si d’aventure nous nous entendions, vos gens pourraient se réfugier en Alonnan en une énnéade à peine, et nos troupes servir d’avant-garde ». D’un air faussement détaché, il poursuivit : « Mais au risque de payer une taxe, peut-être bien que mes soldats attendront les trois énnéades ». Mouché le vieux bouc ! Il allait faire comment le vieux croulant ? L’armée Odélianne n’était pas connue pour sa qualité, mais les moyens militaires de sa voisine, eux, ne faisait aucun doute.

_________________________________________________________________________________

La pouliche toute bridée s’avançait d’un pas lent, au côté de son meneur. Le brave garçon avait harnaché la bête dont les poils d’or offraient un joli spectacle au soleil. Elle était vraiment ravissante cette petite Amblère ! Le Paul était occupé plus loin et ne sembla guère intéressé par les enfants – et puis sa semi surdité avait sûrement joué pour beaucoup lorsque les sabots cliquetèrent sur le sol. Pénélope caressa les naseaux de la jument, l’air plus guilleret encore que précédemment. Oui, cette bêtise valait bien la peine d’être faite, et tant pis si l’on venait à les gronder ! Au pire, n’était-ce pas l’idée du pauvre Sulpice ? Ricanant à son mauvais tour, la petite baronne s’approcha de l’étrivière. Bien qu’elle s’adonna à ses leçons de selle trois fois dans l’énnéade, il y avait de nombreuses choses qu’on lui interdisait encore. Il n’y avait que Louis – son beau-père – qui avait été si bon avec elle : quelques fois, lorsqu’elle vivait encore à Cantharel avec sa mère et ses frères, il l’emmenait galoper dans les champs. Quel plaisir s’était !

Elle se souvenait avec plaisir de l’air dans sa tignasse, de la douleur du cuir dur dans ses petites mains et du rire de ce père qu’elle avait trouvé. Oui, le Saint-Aimé était son père, qu’importait ce que pouvait bien raconter les mégères ! Et puis les enfants avaient toujours été méchant avec elle, et lui racontait des tas de mensonges. C’était Louis qui venait la consoler, et même qu’il rouspétait fort les gamins du Berthildois ! Ah ça, ils riaient moins les couards ! Ramenée à la réalité par la proposition du jeune seigneur, elle rougit. L’étrier était bien trop haut, et rien à proximité ne pouvait l’aider à l’attendre. Elle devait bien se rendre à l’évidence : elle avait besoin d’aide. « Je veux bien s’il vous plaît Sulpice ». Rouge comme une tomate bien mûre, elle baissa la tête pour regarder ses pieds. Bon dieux que ces choses-là étaient gênantes !
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeDim 3 Nov 2019 - 20:36

Le jeune homme était têtu, opiniâtre même. Il continuait d'argumenter sans céder le moindre pouce de terrain à Gaubert. L'alcool continuait de descendre le long de l'oesophage du combe, échauffant ses entrailles et son esprit. Tout aurait pu, tout aurait du être plus simple.

Et si fait, mon bon Monsieur, croyez bien que je payerai certes le même prix mais qu’en cela mon honneur sera sauf. Je ne doute point de vos talents de gestionnaire, bien au contraire mais comprenez aussi mes réticences ; l’Alonna ne peut se permettre de verser autant sans amoindrir les conditions de ses gens. Et en répondant à votre maudit chantage, il me faut soit brader ma terre en vous offrant une nièce qui aurait le mérite de choisir elle-même son époux, ou bien la saigner sous des taxes qui n’ont ni queue ni tête.  Il était un temps où votre terre et la mienne avait quelques accords qui nous ravissaient tous deux. Ne peut-il en être ainsi maintenant encore ?

Les mots choisis firent froncer les sourcils épais du comte, qui reprit un godet de cette eau-de-vie jaunâtre qui lui faisait de l'oeil depuis sa bouteille moisie.

Brader votre terre ?

Puis vint l'évocation du péril drow. Bien qu'encore lointain, le Nord ne pouvait se permettre d'ignorer les sombres qui s'ébranler pour porter la guerre loin de leur volcan, fusse dans les terres lointaines et sabloneuses de l'Estrevent. Sans perdre son aplomb, le Fauconnier répondait, effronté.

Il faudra peut-être… trois énnéade à l’ost pour parvenir jusqu’à l’Etau. Vous aussi vous connaissez ces bêtes : ils n’ont que peu d’attrait pour les richesses. Ce sont des animaux qui n’ont d’amour que pour la misère et la désolation. Si d’aventure nous nous entendions, vos gens pourraient se réfugier en Alonnan en une énnéade à peine, et nos troupes servir d’avant-garde. Mais au risque de payer une taxe, peut-être bien que mes soldats attendront les trois énnéades

Prademont marqua un petit temps, prenant le temps de digérer le flot de mots que venait de lui adresser le régent alonnais. Fulcran prit-il ce moment pour une faiblesse ? Il n'en savait rien et en avait cure, il prenait le temps de peser les mots qu'il allait utiliser à son tour. Le gaillard allait être reçu.

Bien. Je note donc qu'unir votre maison à celle du comté voisin, lorsqu'on est baron est une façon de brader ses terres. Je note que plutôt que de payer les taxes demandées, afin de faire profiter à l'ensemble des vassaux du lige que vous "respectez" tant, vous préférez faire un détour afin que la marquise de Sainte-Berthilde, votre soeur, et son cerf de mari prélèvent un tribut qui visera à gonfler leurs coffres. Notre seigneur-lige, je n'en doute pas sera enchanté d'apprendre que vous préférez engraisser son rival que son vassal.

Il avala d'une traite le contenu de son verre, sentant une nouvelle fois le feu couler dans son estomac.

C'est à se demander où irait votre si belle allégeance si Sainte-Berthilde et Serramire prenaient les armes l'une contre l'autre. Probablement auprès de votre tendre soeur, bafouant votre discours si flatteur à l'encontre du Brochant.

Il bascula son verre dans sa bouche. Diantre de saloperie de gnôle, elle avait disparue. Il saisit la bouteille d'un geste vif pour se resservir et en profita pour en faire de même pour le verre du régent. Boire seul était trop triste.

Et ne vous méprenez pas sur les sombres, mon ami. Même eux, aiment l'or, ils s'en servent pour battre la monnaie. Et croyez-moi lorsque je vous dis qu'ils auront toujours plus d'intérêts à venir s'emparer de vos mines. Et le jour où ils pourront franchir les terres assaroises n'est pas encore venus. Loin s'en faut ! Oui, nos terres eurent des accords, jadis, mais entre les incompétences de la Madelon et du Gaston, Odélian n'a montré qu'un pâle visage, se cachant derrière les etherniens. Je ne suis pas de cette trempe, Monsieur. Je vous ai proposé un marché équitable, plutôt que de vous imposer directement une décision qui, je vous cite, vous saignerai. Je me suis montré patient, ouvert à la discussion et tout ce que vous osez me répondre est que vous ne voulez pas BRADER vos terres ! Allons en arriver au moment, où les Broissieux ne veulent pas S'ABAISSER à cotoyer les odélians ?!!

Oui, il l'avait pas très bien pris ... Sur ces mots, il avala le contenu de son verre cul-sec.

*******

Sulpice plia les jambes et joint ses mains, prêt à faire la courte échelle à la jeune fille qui rosissait. Il se plaça dos contre le flanc de la pouliche, qui attendait patiemment sa cavalière. Un sourire illuminait le visage du jeune homme.

Posez le pied ici Ma Dame.


La petite s'exécuta, tandis qu'il se redressait doucement, levant Pénélope sans difficulté. La Baronne était légère comme une plume et bien que sa musculature ne soit pas tout à fait celle d'un homme, la tâche ne lui donnait aucune difficulté. Il garda un oeil sur le petit cheval, et arrivé à mi-chemin, il donna une nouvelle indication à la petite.

Tenez-vous à l'avant de la selle maintenant. Voilà parfait. Passez la jambe par-dessus maintenant.

Il pivota et installa le pied qu'il levait dans l'étrier. Sulpice saisit la bride d'Amblère et prit quelques secondes pour réajuster le tapis de selle qui s'était légèrement plié pendant l'acrobatie de la gamine.

Et voilà ! Tout va bien ?

Le jeune homme souriait en caressant les naseaux de la pouliche après lui avoir donner un nouveau morceau de carottes qu'il avait glissé dans sa poche de manteau.

Eh bien en route !

Il émit un nouveau petit claquement avec la langue et la pouliche se mit en marche à ses côtés. La petite cour pavé qui séparait les écuries du château donnait sur un manège, où, Sulpice devina, Dame Pénélope devait avoir ses habitudes de monte, du coup il y conduisit la bête.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeMer 6 Nov 2019 - 21:23


Bien sot était l’agneau qui avait par mégarde oublié que le loup pouvait gronder quand les oreilles lui chauffaient de trop ; et là, bien mal lui en prit à ce pauvre Fulcran qui, se rinçant le gosier dans une dernière rasade, brûla non point de l’alcool de sa flasque mais plutôt de ne pas pouvoir rire du drôle qui se fâcha comme un enfant. Voilà que le mesuré Comte n’était pas tout aussi mesuré qu’il laissa à penser alors, et que derrière le vernis parfait d’une vieille bique goitreuse se cachait un bonhomme bien sanguin – la vinasse aidant. Alors, plutôt que de s’en sentir mal, le fringuant jeune homme étira un large sourire amusé qui, de loin, devait plus ressembler à la figure d’un poivrot : moitié torve, moitié luisante. Il écouta bien sagement le Cygne se débattre à coup de bec sans pouvoir cacher sa gaieté. N’est-ce pas lui qui avait su tenir plus longtemps ? Là, c’était tout un art de jouer à qui avait la plus grosse, et ce soir le pauvre Prademont avait tiré à blanc. Pas peu fier, il se serait volontiers esclaffé de joie si la retenue ne le clouait pas à son siège, offrant à son invité le plus poli des accueils. Puis, un peu par pitié, il pensa au pauvre cœur du vieillard ; après une longue course comme la sienne, il n’était sûrement pas bon de s’énerver de la sorte. Alors, aussitôt qu’il put en placer une, il reprit d’un air calme :

« Là non Monsieur ! Vous m’êtes de bien bonne compagnie, je l’avoue volontiers. Mais vous n’obtiendrez pas de moi que je paye vos taxes indécentes, pas plus que je n’offre à ma nièce des fiançailles qui, nous le savons bien, pourront être défaite par la petite sitôt sa majorité. Voyez, c’est qu’elle tient de sa mère ; elle n’aime guère les laisses ». Et à cela, il rit bien franchement. Sa sœur, la marquise, était une intrigante femme que beaucoup évoquait sans trop la connaître. Mais lui… Oui lui qui était son frère ne la connaissait que trop bien. Irascible, têtue et opiniâtre, la Broissieux n’avait pour elle que son habilité et une chance de cocue – bien qu’elle avait tant cadenassé les couilles du brave Louis qu’il se douta bien que cela ne venait pas de là. Et Foutre Othar ! Les chiens ne faisaient pas des chats !

« Alors voyez, si nous discutions d’un prix disons… Plus abordable ? Il me plairait de maintenir la belle amitié de nos terres, et puis vous avez bien raison ! Mes pièces seront toujours mieux dans vos caisses pour que vous rénoviez vos ports, plutôt que dans les mains de nos coquins de voisins ! ». Et toujours aussi guilleret, l’Alonnais se leva de son siège. La mauvaise idée que voilà ! Car tout gaillard qu’il était, c’était pas moins de deux bouteilles en quelques minutes – certes longues et âpres – qui étaient parties. Clignant trois fois des mirettes, il se dirigea d’un pas franc vers la porte qu’il ouvrit bien grand, se penchant dans le couloir.

« OHLA ! QUE QUELQU’UN RAPPORTE DEUX BOUTEILLES ! ». Il alla pour rentrer quand il secoua le museau : « NON EN FAIT METTEZ EN TROIS ! ».

__________________________________________________________________________________

Là, haut perchée sur sa pouliche, la petite baronne se saisit des rênes avec fierté. C’est qu’elle dominait tout le monde de son siège ! Les pieds bien calés dans les étriers, le dos droit comme on lui avait enseigné, elle exerça une légère pression des mollets pour inciter à bête à suivre les claquements de langue de Sulpice. Le petit manège n’était pas bien loin des écuries ; son sol de sable était le terrain de jeu de ses leçons. Par la Damedieu, ça, elle en avait fait des tours de piste ! Tentant de rendre le cuir plus confortable sous ses fesses, elle se tortilla un peu. Les selles étaient bien inconfortables – à se demander comment faisait les chevaliers. Non seulement ces hommes étaient stupides d’aller à la mort, mais en plus, ils s’en faisaient sûrement de vilains escarres.

Amblère tiqua du nez, faisant quelque peu sursauté la damoiselle. Et si la bestiole devenait folle ? Elle avait pour habitude de faire confiance à Paul, qui s’occupait bien de ses montures ; lorsqu’elles débordaient d’énergie, il n’hésitait jamais à les faire courir un peu avant ses leçons. De fait ses poneys étaient calmes et concentrés – plus qu’elle ne l’était elle-même. Le cœur battant dans sa poitrine, un peu stressée et mal à l’aise, elle attendit d’être bien dans la carrière pour se tourner vers son compagnon.

« Tu peux me lâcher Sulpice ».
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeJeu 7 Nov 2019 - 20:09

Là non Monsieur ! Vous m’êtes de bien bonne compagnie, je l’avoue volontiers. Mais vous n’obtiendrez pas de moi que je paye vos taxes indécentes, pas plus que je n’offre à ma nièce des fiançailles qui, nous le savons bien, pourront être défaite par la petite sitôt sa majorité. Voyez, c’est qu’elle tient de sa mère ; elle n’aime guère les laisses.

Fulcran rit. Le manant riait à son propre trait d'esprit qui en appelait un de la part de Gaubert. Ne voulant pas paraître ordurier, il retint de traiter la soeur du régent de chienne, même si les mots faillirent franchir ses lèvres. C'est qu'il était guilleret ce coquin lorsqu'il se leva.

Alors voyez, si nous discutions d’un prix disons… Plus abordable ? Il me plairait de maintenir la belle amitié de nos terres, et puis vous avez bien raison ! Mes pièces seront toujours mieux dans vos caisses pour que vous rénoviez vos ports, plutôt que dans les mains de nos coquins de voisins !


Au moins acceptait-il de céder quelques monnaies le bougre. Tandis que son interlocuteur tanguait jusqu'à la porte, Gaubert réfléchissait à ce que pouvait trouver le Fauconnier de déraisonnable dans les prixs qu'il avait fixé. Il admit, certes, dans un hoquet aussi songeur qu'alcoolisé que la saisie de la marchandise pouvait paraître, un peu excessive. Un peu. Mais alors un tout petit peu ... Le Hurlement à la cantonade de Fulcran le sortit de ses pensées.

OHLA ! QUE QUELQU’UN RAPPORTE DEUX BOUTEILLES ! NON EN FAIT METTEZ EN TROIS !

Ha mais en voilà une riche idée. C'est qu'on se déséchait dans ce foutu boudoir. À son tour, il se leva de son fauteuil. Ce foutu sol avait donc décidé de se mettre en pente douce jusqu'à la porte mais c'était sans compter l'agilité du comte, qui fermant un oeil, pu se diriger entre les deux tables qui onduler devant la porte. Passant d'un pied à l'autre avec une dextérité d'ivrogne de premier ordre, il dépassa Fulcran et ouvrit la porte à son tour, choisissant la bonne poignée du premier coup.

Et ... euh ... HEEEEEY ! POUR MOI AUSSI ! TROIS !!

Il claqua la porte en explosant de rire. Trois bouteilles chacun ... ça faisait beaucoup quand même ... Mais ça donnerait le carburant nécessaire pour les négociations. Il se redressa d'un coup, interrompit son rire et regardant Fulcran, l'air horrifié.

Han ! J'ai oublié vot'cadeau ...

Il rouvrit la porte avec fracas, toussota légèrement pour beugler comme un sourd.

PAULIN ! ... PAULIIIIIIIIIN ! ... euh comment ... PAULIIIIIIIIIIIIN ... AMENEZ LE PRESENT POUR LE REGENT EN MÊME TEMPS QU'LA GNÔLE ! ... ET DU VIN AUSSI !!

Il retourna à son siège avec une démarche presque rebondissante, joyeux et saoûl. Il s'affala sans délicatesse, les joues rosies par l'alcool.

J'espère que mon cadeau vous plaira mon ami. Je l'ai fait venir exprès d'Odélian. Et peut-être serez-vous plus enclin à revoir mes propositions. Vous l'avez bien compris, je vise un agrandissement du port d'Isgard. Depuis qu'on nous a amputé de Seram, le comté est limité dans la capacité de tonnage accueilli ... Et ça !!

Il leva l'index vers le plafond.

C'est inacceptable ! Vous vous rendez compte ? Seram ! Sans l'argent d'Odélian, ces bouseux auraient encore trois barques pour pêcher la limandre et on nous le confisque ...

On frappa à la porte. Un gaillard dégarni avança avec trois bouteilles dans les mains et les amena à Fulcran avant de ressortir sans un mot, bien qu'il observait les deux seigneurs avec un air interloqué. À peine le temps de déboucher la première, qu'on frappa une seconde fois.

Une silhouette féminine se dessina dans l'embrasure. Les cheveux bruns détachés cascadaient sur ses épaules et venaient se boucler légèrement aux pointes. Des yeux en amandes verts et une bouche pulpeuse attirait le regard du plus pudibond. La poitrine généreuse qu'on devinait derrière le corset à peine noué, la taille fine et les hanches bien dessinés avait fait tourner plus d'un regard d'homme. Aguicheuse, sans être totalement vulgaire, seul un benêt n'aurait pas compris le métier qu'elle exercait. La demoiselle portait également trois bouteilles entre ses doigts fins. Elle sourit, fit une révérence élégante et s'avança en refermant la porte d'un petit coup de pied.

Aaaah ! Mon cher ami, veuillez accepter votre cadeau ! Je vous présente, Mélodie. Experte dans son domaine, on m'a dit qu'elle connaissait des pratiques que même ces dépravés de suderons ne connaissaient pas. J'espère que votre "pouliche" vous plaît autant que votre baronne a aimé la sienne.

Le sourire aux lèvres, le verre à nouveau remplit, Gaubert s'envoya une nouvelle gorgée derrière la cravate.

*******

Le premier tour de piste se fit à la marche, Sulpice tenant la bride fermement. Le deuxième, Amblère répondit à un nouveau claquement de langue du jeune homme et passa au petit trot. Pénélope sembla sursauter une seconde tandis que la pouliche hochait de la tête, prête à augmenter l'allure. D'un petit soufflement vers l'avant, Sulpice continuait de surveiller la bête qui obéissait docilement. Il était dans une activité qu'il aimait, qu'il ne maîtrisait peut-être pas encore tout à fait, mais dans lequel il s'appliquait et obtenait régulièrement les félicitations des palefreniers du château.

Tu peux me lâcher Sulpice

La petite baronne semblait avoir prit confiance dans sa monture et Sulpice s'écarta pour lâcher la longe et se plaça au centre du manège, pivotant pour rester face à la jeune cavalière et sa monture à la robe dorée. Bien que la posture soit bonne, Sulpice sentit que la gamine était encore un peu tendue.

Redressez un peu le dos, Pénélope ... Ne serez-pas trop vos jambes ... Parfait !

Il souriait, observant l'enfant ajuster sa position et le petit cheval se détendre à son tour, tandis que les tours s'enchaînaient.

Si vous le souhaitez vous pouvez augmenter la vitesse ma Dame. Juste un petit coup de talons et tenez la bride courte.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 14:23

Ah c’est que le sire Gaubert était tout aussi finement aviné qu’il ne l’était ! Là, le voyant titubé avec dextérité, Fulcran ne se retint pas de rire ; ils beuglaient comme des enfants, passant de la colère à la franche marrade en moins de temps qu’il ne fallait pour dire Alonna. C’était une bien drôle d’entrevue, et malgré le brouillard qui s’épaississait dans leurs esprits, les bougres s’en donnaient encore à cœur joie dans leurs négociations. Quand l’un voulait marier son laidron, l’autre espéra juste s’en tenir à bon compte, les poches aussi pleines et la petite aussi seule qu’à leur arrivée. Ce n’était pas une mince affaire car le comte semblait de ceux bien décidé ; et au-delà de ça, on racontait qu’il aimait tant l’argent qu’il s’en faisait couler des bains de pièces dans son château. Quelle extravagance ! Il ne lui paraissait pourtant pas si précieux que cela, le bon Prademont. Plutôt il y retrouvait des traits somme toute Nordien : la vinasse facile, un franc parlé et un mauvais caractère. Pas sûr pour autant que son expérience soit tout à fait vraie pour les humeurs de monsieur, il n’en était pas moins conquis. Le Nord allait bien retrouver sa prestance avec des curieux comme lui, pour sûr !

Et plutôt, chacun se rassit à sa place. Il n’en fût pas mécontent : là, la pièce lui paraissait moins chancelante et bien plus claire que du haut de ses six pieds. Et puis, bien plus stable dans son fauteuil, le verre risquait bien moins de se verser sur le sol – ou ses habits. Moitié saoul, il regarda son invité avec impatience ; il aimait les cadeaux et c’est que le comte avait déjà fait forte impression en affirmant qu’il l’aimerait sans doute. Odélian se plaçait comme point névralgique de Serramire, et il n’aurait guère été étonné de quelques douceurs Estréventaises, ou encore quelques animaux exotiques. Mais plutôt, ce fût une belle paire de gambettes qui franchirent la porte du petit boudoir. Peste, par Arcam ! La vieille bique avait fait fort là ! La donzelle dont il ne se souvenait même plus le nom s’approchait en roulant des hanches, et presque aussitôt, le jeune régent en oublia son ami. Les yeux vitreux perdu dans les plis de cette robe, il ne pensa même plus à la belle Tiphaine. Plutôt, une fois qu’elle eut servi son suzerain et posé ses bouteilles, il tâta sa croupe sans délicatesse et la fit s’asseoir sur ses genoux. La petite ricana faussement et noua ses doigts graciles autour de son cou. Fulcran aurait bien volontiers levé la séance dans la minute, mais la décence l’en empêcha. Ils auraient tout le temps de convoler plus tard.

« Là oui Monsieur ! ». Il parla fort, le sourire d’un enfant accroché à ses lèvres, comblé. « Vous n’auriez su tomber plus juste ! C’est que vous les faites fort bonnes par chez vous aussi ». Et aussi, il remercia la Damedieu de ne lui avoir encore fournit d’enfants et d’épouses – du moins aucuns qu’il ne se souvienne – pour pouvoir profiter des bienfaits de ses propres créatures. La Mère était bien gentille avec certaines bêtes, et la Marianne ? Mélusine ? Méline ? n’en faisait pas exception. Serrant sa taille fine de la dextre, il s’envoya une franche rasade de sa main libre. Puis d’un œil circonspect et peut-être un peu accusateur, reporta son attention vers le Cygne : « Dites… Ce n’est pas pour m’égarer ce présent ? Non parce qu’il n’en est rien ! Je suis pleinemeeeeEEEEEEEeeeent… ». Et le pauvre petit n’eut même pas le courage de finir, sa belle mordillant la peau de son cou.

_________________________________________________________________________________


Là, elle ne put démentir prendre plaisir à cette petite sortie. Le jeune garçon était d’une compagnie pas encore désagréable, et il ne s’était nullement moquée d’elle depuis leur rencontre. Cela relevait de l’exploit pourtant ! Les vilains garnements avaient pour triste habitude de l’embêter dans chacune de ses tâches. Lorsqu’elle l’avait raconté dans un de ses courriers, sa mère lui avait répondu qu’il s’agissait là sûrement de la façon dont les garçonnets exprimaient leur intérêt. Mais il fallait être stupide pour croire que cela donnerait quelconque envie à la petite baronne de s’intéresser à eux ! Alors ils continuaient leurs chamailleries et même une fois s’était-elle battue avec Jean ; elle avait gagné bien sûr, mais ses affaires furent recouvertes de bouillasse et sa figure toute rougie. Adonc elle avait été punie, contrainte de finir l’énnéade sans sortir à apprendre la géographie avec la vieille Bertille, celle qui puait du bec !

Là, forte des conseils avisés de son professeur, elle serra doucement ses petits doigts, baissant les talons et serrant les mollets pour inviter Amblère à presser le pas. Elle eut un peu de mal à allonger ses foulées mais au bout du deuxième tour, à force d’exaspération de sa cavalière, daigna entamer quelques foulées de galop. Quelle sensation unique ! Le vent balayait ses cheveux en arrière, tandis qu’elle veillait à suivre le balancier de la créature aussi bien qu’elle le pouvait. Elle s’appliquait pour impressionner Sulpice qui se tenait au centre de la carrière.
C’est alors qu’apparut en courant la silhouette familière du Jean, qui grimpa et s’assit en haut de la palissade de bois qui entourait l’arène. Le fils de serviteur regarda un bref instant Pénélope avait de jeter un regard circonspect à l’Odélian. Cela ne présageait rien de bon !

« Si tu continues de te tortiller comme un p’tit vers, tu vas finir le cul par terre ». Et il se mit à rire en jetant son trognon de pomme derrière lui.
« Va-t-en Jean, tu me déconcentres ! ».
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 16:23

L'esprit s'embrumait de chaque côté de la discussion, mais au moins les gosiers étaient largement abreuvés. Même si chacun campait sur ses positions, la gnole faisait son effet en détendant l'atmosphère. Le jeune gaillard était têtu, au moins autant que Gaubert, malgré son jeune âge, il gagnait petit à petit le respect du vieux barbu.

Là oui Monsieur ! Vous n’auriez su tomber plus juste ! C’est que vous les faites fort bonnes par chez vous aussi.

Il braillait comme un enfant, visiblement aussi enchanté que sa nièce devant le cadeau qu'il avait prévu pour lui. Le comte voulut sourire, il rit franchement. Le vin faisait sauter sa retenue et l'excès de joie de Fulcran était des plus amusants. Il fallait dire que la Mélodie avait de quoi fouetter la sève du plus enracinné des arbres. C'était pour cela qu'il l'avait choisi. La réputation de la ribaude n'était plus à faire par chez lui, ne la surnommait-on pas la Goulue ? Un surnom qui saurait faire pencher la balance des arguments dans le camp odélian. Le régent empoigna la gueuse pour l'asseoir sur sa cuisse, tandis qu'elle émettait un petit cri mutin. Le regard du Fauconnier était devenu lubrique tandis que Mélodie caressait sa nuque en se penchant lassivement sur lui, offrant à son regard une vue plongeante dans son décolleté vertigineux.

Arcam en personne devait jouer un vilain tour à Gaubert qui constata, fort mari, que sa coupe était une fois de plus vide. Y avait-il un maraud caché quelque part dans la pièce, qui lui sifflait son pinard ? Il se resservi, s'appliquant à ne pas déborder, un effort de concentration supplémentaire dont il se félicita intérieurement. Puis, en une seconde, le regard de Fulcran changea, toisant Gaubert, comme saisi par un éclair de lucidité.

Dites… Ce n’est pas pour m’égarer ce présent ? Non parce qu’il n’en est rien ! Je suis pleinemeeeeEEEEEEEeeeent…

La gourgandine lui mordillait le cou pour le faire taire. La brave petiote qui savait monopoliser l'attention de sa proie.

Pfffrt !!

Les lèvres de Gaubert ondulaient bruyamment, envoyant voleter autour de lui quelques postillons aux relans de vinasse.

Alors là, cher ami ... Pas du tout !!

Tout à fait ! Même à demi-saoul, il se rendait bien compte qu'il ne pouvait avouer le stratagème. Il secouait la tête avec ferveur, presque trop vite, peinant à retrouver l'équilibre en arrêtant. Il du s'aider de sa coupe, posée sur sa bouche pour que la pièce cesse de tanguer. Il nota, sûrement pour la première fois, que le vin était fameux. Peut-être la deuxième ... Cette pensée lui déclencha un rire qui lui fit monter les larmes aux yeux. De quoi était-il question déjà ? Ah oui !!

Je v... Je veux seulement vous montrez que ... qu'on sait faire des cadeaux en Odélian !!

Il se toucha le poitrail du pouce, avec une fierté non dissimulée.

La pitite baronne est pas la seule à avoir droit de monter en croupe ... ARHARHARHARH

Et soudain, Gaubert réalisa l'urgence de sa condition. Il se redressa tandis que la pièce se comportait comme un bâteau en pleine marée. Foutu château qui avait décidé de se ballader en mer.

Faut qu'je pisse ! ... C'est où ?

Le comte n'était pas certain que le régent soit à même de répondre, alors que Mélodie lui titillait le lob de l'oreille du bout de la langue et que sa main glissait sur le torse du jeune homme en direction du haut-de-chausse. La ribaude n'avait décidément pas froid aux yeux.

*******

La baronne s'élança enfin, quittant le trot rassurant pour une vitesse plus grande. Au centre de la piste circulaire, Sulpice restait attentif à l'attitude de la pouliche et à la tenue de la cavalière. Pendant les différents tours de manège, l'adolescent avait réalisé qu'il devait être plus vigilant qu'il ne l'avait pensé au début. Si la jeune Dame tombait et se rompait le cou, il aurait à craindre bien plus que le plat de la main de son père qui s'écraserait sur ses joues boutonneuses. Fort heureusement, l'animal semblait serein et suivant les directives qu'il lui adressait, Pénélope prenait confiance sur sa selle.

Du coin de l'oeil, il vit un jeune garçon s'installer sur la palissade, une pomme à la main. Au vu de son accoutrement, Sulpice comprit qu'il était un serviteur, mais le regard rieur qu'il leur lançait, interloqua quelques peu le fils du comte.

Si tu continues de te tortiller comme un p’tit vers, tu vas finir le cul par terre.

Il s'esclaffa. Le gueux se moquait d'une noble, ouvertement, oubliant visiblement sa place dans le monde.

Va-t-en Jean, tu me déconcentres !
Tenez bien la bride, Pénélope et tout se passera bien.

Sulpice tourna le regard vers le Jean qui, effronté, continuait de toiser d'un air moqueur, le cours d'équitation improvisé.

Il me semble que la baronne vous a demandé de vous en aller, mon garçon !

Le ton était ferme sans être autoritaire, il ne pouvait pas se permettre d'enguilander le serviteur comme si c'était le sien, mais de par sa naissance, il était en droit de lui rappeler la sienne.

Et si vous manquez d'élan, je pourrais vous aider à retrouver le chemin de l'écurie à grands coup de pied dans le céans !

Il reporta son attention sur la baronne qui continuait de tourner, Amblère martelant le sol avec entrain.


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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 17:06


Si la grognasse cessait son petit manège, nul doute que le bon Fulcran aurait remarqué la subtile évidence qui pointait là ; nul homme ne savait résister aux plaisirs sains de la chairs – et la bonne ! – et ça, le vieux bouc en avait eu son comptant. Dès lors le malin renard s’était pourvu de la plus belle paire de miche de sa maudite terre pour s’assurer de la docilité de son voisin durant les âpres négociations. Il fallait bien avouer que le commerce valait bien un cul ! Mais là, incapable d’aligner plus d’une pensée à la fois – et toute tournée vers la putain – il se retrouva bien con, à ne plus savoir quoi dire. Il tenta bien de repousser ses avances gaillardes mais la petite n’écouta point son prince ; car c’était sûrement là ce qu’on lui avait ordonné en venant. Il était fin le Cygne, ah ça oui ! Se rinçant la gorge pour ne pas penser au sang qui affluait tranquillement, il se resservit un autre verre céans. Au moins s’il s’agissait d’une tromperie de l’Odélian, et s’il buvait assez, il tomberait raide avant d’avoir fait son affaire et fait affaire. Là quelle grande idée ! Alors il bu plus goulument encore sous le rire acoquiné du Prademont et de sa charmante copine.

Il faillit même recracher tout son verre lorsqu’elle s’aventura à la lisière de ses chausses. Le ventre contracté, il attrapa son poignet à la volée en manquant de s’étouffer. Là, c’était bien trop ! C’est qu’on ne respirait presque plus dans cette satané piaule. La gourgandine affamée réclamait son dû et lui, jeune éphèbe, se trouvait bien penaud ; hors de question de céder face à la vieille chose. Inspirant un grand coup, il plaça la belle sur son vît afin de la cacher à la bourrique. Ils n’avaient pas fini ! Il obtiendrait son mariage et ses taxes ! Quoi ? Confus, le régent se frotta les mires en remettant de l’ordre dans cette caboche qui s’embrumait encore un peu plus chaque seconde. Il fût bien heureux quand le comte le tira de quelques images peu pieuses, et plus encore quand il lui donna l’excuse parfaite pour mettre sa poule de côté se levant vaillamment, l’air grave et compréhensif.

« Messire, j’crois bien que moi aussi ! ». En fait non, pas du tout. Et au vu de la gaule qu’il se tapait là, il aurait au choix le loisir d’attendre une éternité ou de s’arroser abondamment le pif. La faute à la bougresse après tout ! Prenant la route du couloir, il s’abaissa tout de même pour se saisir de la vinasse – sait-on jamais. Là, le château sembla désert. En vérité il ne s’était pas écoulé plus d’une seconde, mais n’ayant croisé personne c’est ce qu’il conclut. Il marcha quelques pas en longeant le mur, s’assurant dès lors de ne point trop tituber, avant de faire volte-face devant le comte. « J’sais plus où on est Messieur le comte ». Il eut un hoquet puis un petit rire avant de s’envoyer une franche rasade. « Z’avez qu’à pisser… Là-bas ? ». Il pointa du doigt l’angle d’un mur sans être persuadé de le viser convenablement alors que la gueuse s’approchait à nouveau de sa proie qui lança un regard paniqué à la cantonade. C’est qu’elle allait assurément lui aspirer son âme la gourmande !

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Pénélope s’assura de suivre au mieux les instructions, mais bien trop inquiète que Jean ne se mêle une fois de plus de ses affaires. S’il était son ami de toujours, le gamin avait bien du mal à comprendre qu’ils n’étaient pas du même rang, et que derrière l’amabilité de la baronne se cachait en réalité un tabou qui les dépassait tous deux. Aussi lorsque le ton monta de la part de Sulpice, elle fronça les sourcils. Le Prademont avait certes raison mais elle n’aima guère à ce que l’on s’adresse à lui ainsi ; après tout quand il serait parti, Jean serait peut-être le seul à lui tenir encore compagnie pour des lustres. Puis même, il lui avait juré un jour. Alors qu’ils se chamaillaient, le petit avait promis à la belle d’un jour devenir capitaine, et que dès lors, il ne la quitterait plus. Ah ça, qu’est-ce qu’elle avait pu en rire ! Qui voudrait donc d’un pouilleux pour écuyer ? Et puis même, il n’était pas taillé pour : ce n’était qu’un enfant, du même âge que Sulpice à peu près.

Descendant de son perchoir, le Jean s’approcha du futur comte. Là voilà qui était bien mal engagé oui ! Tirant sur la bride, la jeune dame arrêta la pouliche à l’instant et héla son ami :

« Là arrête Jean et retourne au château ! »

Mais têtu comme il l’était, il ne lui lança même pas un regard. A croire qu’il ne l’avait même pas entendu. Plutôt il se planta devant le laid garçon, en le toisant du regard. Ah par Othar ce que les garçons pouvaient être bêtes et pénibles ! Jeannot s’inclina pompeusement et toujours d’un œil méchant lui rétorqua :

« J’aim’rai pas que vÔtre Altesse s’abime les pieds ! C’est qu’les princesses ont les orteils délicats ». Et à cela, il ajouta un sourire amer.
« Cesse donc Jean ! Tu vas avoir des ennuis ! »
« Ne t’en mêle pas Penny ! »
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Gaubert de Prademont
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MessageSujet: Re: Affaire de famille (Alanya)   Affaire de famille (Alanya) I_icon_minitimeLun 11 Nov 2019 - 20:18

[Au vu de la tournure de ce rp, il est fort possible que ce post ne convienne pas à un public mineur, bien entendu tout ceci est la faute d'Alanya et ne saurait m'être imputé]

Par la Damedieu, ce bâteau devait arriver dans une tempête, tant le plancher s'acharnait à pencher à droite et à gauche. Les bras écartés, Gaubert parvint à garder sa stabilité et à se diriger vers l'un des deux portes qui fermait la pièce. Encore une fois, le comte choisi la bonne du premier coup, un exploit dont il n'était pas peu fier à vrai dire. Sa vessie gonflée faisait se pencher légèrement Prademont vers l'avant, et sans réponse à sa question, il aurait pu partir en quête de latrines tout seul. Tel ne fut pas la décision du Fulcran.

Messire, j’crois bien que moi aussi !

Le regard du comte fut attiré par le haut-de-chausse tendu du régent, qui lui faisait bien comprendre qu'il était mécaniquement impossible pour lui de se vider la vessie. La tente était plantée, le clocher perçait la brume, l'étendard était levé. La gueuse était douée et le Fauconnier semblait prêt à faire bondir l'oisillon hors de son nid. L'image arracha un nouveau rire gras au comte, rire qui fut accentué par la démarche voûtée de son comparse, imposée par l'incendie qui s'était déclaré dans son giron.

Et les voici tous deux, marchant en canard, l'un à la vessie trop pleine, l'autre à la lubricité trop évidente, arpentant les couloirs de ce bat ... château. C'est que c'était foutrement grand quand même.

J’sais plus où on est Messieur le comte

Un nouvel éclat de rire retentit dans le couloir, les deux hommes se tenant les côtes. Il n'est pas impossible qu'une première goutte de pisse s'échappa pendant cette tranche de marrade, mais la postérité ne le retiendrait pas. Le régent, prévoyant jeune homme, s'était armé d'une bouteille de vin. La riche idée, c'est qu'il commençait à faire soif à arpenter les quelques mètres qui les séparait du boudoir qu'il venait à peine de quitter.

Z’avez qu’à pisser… Là-bas ?

Fulcran pointait un coin de mur orné d'un large vase en bronze, juste au bord d'une haute tapisserie montrant une scène de chasse.

HAN ! C'est très joli !

Le sol avait reprit sa danse chaloupé et Gaubert dut faire glisser sa main le long de la pierre pour aller droit. Il retira deux boutons et sortit son appendice pour se soulager dans le pot. Le mur eut la délicate attention de s'incliner jusqu'à son front pour le maintenir sans qu'il bascule en avant. Le son du liquide doré qui teintait sur le bronze déclencha un petit rire étouffé chez Gaubert, qui reconnut les premières notes de la célèbre chanson à boire "Sers nous la gueuse".

Dans son dos, Fulcran éméttait des petits piaillements, visiblement tout aussi soulagé que le comte qui ne put retenir un petit cri de bien-être quand son affaire fut entendue. Il renoua ses chausses et se redressa en écrasant sa joue contre la pierre froide jusqu'à se redresser sur ses pieds. Il se retourna vers le régent qui avait, agenouillé devant lui la Mélodie s'acharnant à la besogne avec une dextérité que les légendaires avaleurs d'épée de Naelis n'aurait pas dénigré. Chibre en bouche, la vampiresse semblait l'avoir paralysé tandis qu'elle justifiait son surnom de goulue. Et il avait l'air d'aimer ça le bougre, cul nu, la tête basculée en arrière. Gaubert s'approcha du duo, même pas gêné par la scène et prit la bouteille des mains tremblantes du régent.

Eh bah dites donc, en plein milieu du couloir !

Son rire résonna entre les pierres froides avant qu'il ne reprenne une goulée de vinasse.

*******

L'effronté ne daignait pas partir et la baronne tira sur les rênes d'Amblère pour la mettre à l'arrêt.

Là arrête Jean et retourne au château !

Visiblement vexé par l'ordre que lui avait donné Sulpice, il vint se placer devant lui, le défiant d'un air narquois, totalement inconscient de son rang.

J’aim’rai pas que vÔtre Altesse s’abime les pieds ! C’est qu’les princesses ont les orteils délicats

La phrase était directement adressé à Sulpice, nul doute, le manant n'avait pas levé un oeil vers la baronne et le ton était bien trop acerbe pour laisser une place au doute. Et pourtant la petite le mit en garde.

Cesse donc Jean ! Tu vas avoir des ennuis !
Ne t’en mêle pas Penny !

Il aurait du écouter "Penny". Sulpice envoya son pied droit en plein dans l'entrejambe du maraud, qui hurla sa douleur tandis qu'il se penchait en avant, les mains crispées sur ses testicules. Leçon numéro un du combat au corps-à-corps que lui avait donné Vaast, des années plus tôt, toujours attaqué les points faibles et notamment le point le plus faible des hommes était à ce niveau-là. Il se rappela la leçon numéro deux, une fois l'avantage prit, achever son adversaire. Il posa ses mains sur les côtés de la tête de Jean et lui envoya un coup de genou retentissant dans la mâchoire. Le gueux s'étala sur le dos.

À ton attitude envers ta baronne, manant, j'ajoute l'insulte envers moi. Si nous étions en Odélian, tu pendrais à une potence jusqu'à ce que les corbeaux se soient repêtrés de ta chair.

Sulpice posa son pied sur le visage de Jean, l'enfonçant un peu plus dans la boue.

Que penses-tu de mes orteils délicats maintenant ? Présente tes excuses à Dame Pénélope et fiche le camp, où je jure que je ferai savoir aux autorités comment un serviteur ose s'adresser aux nobles !

La rage avait durçi les traits de Sulpice, contrastant avec le garçon souriant qu'il avait été depuis le début de leur escapade.


Dernière édition par Gaubert de Prademont le Jeu 5 Déc 2019 - 17:40, édité 1 fois
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