Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco]
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Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Mar 5 Nov 2019 - 11:38
17ème année du 11ème cycle, 3ème ennéade de Favrius - automne, Le cinquième jour...
« Que c'est laid », maugréa le lieutenant Heinrich tandis que la troupe franchissait les portes de la ville. Arnaud de Brochant, qui chevauchait à ses côtés un grand destrier blanc, ne pouvait lui donner tort ; que de gris, que de gris dans la grand-rue populeuse ! La saison, il est vrai, avait sa part de responsabilité ; d'épais nuages couvraient le ciel, si bien que nul rayon ne venait égayer les tristes façades des maisons à colombages. Pour autant, la ville ne manquait pas d'animation. Que de monde ! Et ce bruit ! Devant les échoppes, des poissonnières aux larges poitrines donnaient tout le timbre de leur épais coffre pour haranguer le chaland ; à l'autre bord, des catins, tout aussi bien pourvues, s'étaient mises à leur faire concurrence. La rue était encombrée de charrettes pleines de cages à poules, lesquelles ajoutaient leurs caquètements stridents au concert. Et ne parlons pas de l'odeur, pensa Arnaud tout en tirant sur les rênes de son cheval, afin de contourner le crottin fumant que venait de déverser une bête de somme.
Parti de Serramire au début du mois, il était heureux d'atteindre le terme de son voyage. N'empêche ! La quiétude de Castel-Tobioc lui manquait cruellement. Et plus que cela, il éprouvait la sensation que désormais, rien ne serait plus comme avant. C'est donc l'esprit chagrin que le jeune duc de Serramire cheminait avec son escorte dans la capitale du royaume des Hommes. D'ordinaire si jovial, en cet instant même, sa mine grave et austère lui faisait plus que jamais ressembler à son père. Cela n'échappait pas aux bourgeois, qui regardaient avec curiosité le singulier cortège et qui avaient reconnu la bannière d'or au corbeau de sable.
« Est-ce là le Brochant ? Je le tenais pour mort, chuchota un apprenti cordonnier au passage du jeune duc. - Nenni, le Corbac est plus vieux que celui-là, rétorqua le maître de l'apprenti. Ce n'est qu'un gamin... mais m'est avis que sa venue n'annonce rien de bon. - En quoi cela devrait-il nous inquiéter ? - Nos existences indiffèrent les seigneurs, mais leurs petits jeux ont de grandes conséquences sur nos vies, fiston. Et trop rarement à notre avantage. »
Ignorant tout des murmures du petit peuple, les Serramirois gravirent les pentes de la ville haute jusqu'au Palais des Dômes. Là, le duc de Serramire, demeura en selle, attendant d'être annoncé à ceux qui, pour l'heure, palliaient l'absence de son père pour la conduite des affaires du royaume. Sa venue n'était pas une surprise ; Arnaud avait dépêché un coursier chargé d'une missive quelques jours plus tôt, afin d'informer le Conseil Royal de l'imminence de son arrivée.
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Mar 5 Nov 2019 - 13:45
Le palais des Dômes jouissait d'une étonnante tranquillité ce jour-là. Assez d'ailleurs pour le mentionner et sûrement même pour l'inscrire dans le recueil recensant les rares accalmies. La raison n'en était que trop évidente pour quiconque aurait été un familier de la cour du Roi. Car icelui n'y était tout simplement pas. Et lorsque le Roi s'en allait quelque part, une ribambelle de toutous bien dressés le suivaient dans ses moindres déplacements. Pour ce voyage entrepris en Apreplaine seulement quelques jours, le petit Roi s'était même mis dans ses larges malles la plupart des membres de son propre conseil. Adoncques, Dame Constance, Hubert le Scylléen, Athanase de Cley et Thomas d'Avron, son capitaine des Baudriers d'Argent, l'avaient accompagné pour la visite de cette ancienne terre félonne. Il ne subsistait alors dans le Palais que le maître de l'Arcanum et lui-même.    Assis sur une chaise, Francesco profitait de cette relative accalmie non loin des cuisines où on lui avait servi secrètement un verre de vin hautvalois. Nul ne le vit faire ni même se resservir un petit godet furtivement. Il fallait avouer qu'il était assurément le seul à être assis de la sorte dans le vaste espace qui permettait aux écuyers tranchants d'apporter habituellement leurs plats dans la Grand'salle du Palais lorsque des réceptions étaient organisées. L'Amiral n'était pourtant pas là pour seulement s'enfiler des godets, loin de là. On comprit d'ailleurs qu'il se tramait quelque chose lorsque des notables royaux vinrent s'aligner en rang d'oignons derrière lui, l'obligeant ainsi à abandonner le confort de sa chaise. Il y avait à cela une autre bonne raison puisque plus tôt dans la journée, un émissaire était venu les informer de l'arrivée imminente du nouveau duc de Serramire.    Un branle-bas relatif avait gagné les quelques personnels du Palais pour l'occasion, faisant en sorte que la réception du Brochant soit à la hauteur de son rang. L'humeur générale était joviale contrairement à la sienne qui était empreinte de scepticisme. Car l'absence - même temporaire du Roi - était un faux pas commis pour le fils de celui qui avait si bien servi le Royaume durant maintes années. Même sa présence à lui n'aurait su valoir celle de la parente du jeune Arnaud. Alors que devrait-il dire ou ne pas dire afin de ne pas blesser ou même contrarier ce dernier ? Il n'avait cessé de ressasser les mots écrits sur le vélin reçu des jours auparavant. Il y avait décelé de la tristesse, de l'amertume, ainsi qu'une colère dissimulée sous un linceul de modestie. Et une colère à juste titre pour sûr ! Surtout lorsqu'on se décida finalement à le mettre au courant du peu d'égards transmis à la suite de la terrible tragédie...    – Allons-y, prononça-t-il à l'intention de tous ceux qui lui collaient au train.    Toute la petite troupe prit la direction des grandes portes du Palais et vint prendre place en haut des marches surplombant le parvis royal. Il y aperçut dès lors le serramirois et son escorte en pleine ascension. Francesco reconnut très vite l'héritier du Brochant dont la ressemblance était frappante. Il ne l'avait rencontré qu'en de très rares occasions, ne se souvenant même pas de la dernière pour être sincère. Il savait néanmoins que le Régent avait voulu tenir son aîné éloigné des intrigues de la cour, tout en prenant à ses côtés le second de la fratrie. Autant dire que cet Arnaud de Brochant lui était parfaitement étranger.    – Votre altesse de Brochant, lui adressa-t-il en s'inclinant respectueusement. J'espère que vous avez fait bon voyage.    En arrivant en face de lui, Francesco eut la très étonnante impression d'être de nouveau face au défunt régent du Royaume qu'il avait servi pendant plus de cinq années ; certaines rides en moins bien sûr.    – Nous sommes honorés par votre présence, messire, poursuivit-il. La route ayant sûrement dû être longue et fastidieuse, vous pourrez vous rafraîchir, vous et vos hommes, à votre bon plaisir. Je suis également tout disposé à pouvoir m'entretenir avec vous si tel est votre souhait. Et ne soyez point non plus surpris de voir le Palais bien calme, car le Roi s'en est allé il y a quelques jours afin de visiter ses terres d'Apreplaine aux côtés de votre grande cousine Constance. Leur arrivée est prévue pour demain et devrait vous laisser la possibilité de vous remettre pleinement de votre chevauchée.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Jeu 7 Nov 2019 - 13:46
Sur le parvis du Palais des Dômes se tenait un homme d'âge respectable, dont la riche vêture ne dissimulait pas une panse bien dodue. C'est lui qui, tout naturellement, accueillit le jeune duc de Serramire ; lequel marqua un temps d'hésitation. Si son interlocuteur semblait ici connu comme le loup blanc, Arnaud, pour sa part, ignorait à qui il avait affaire. Or, non content de ne pas se présenter, l'homme lui apprit que le roi Bohémond avait quitté Diantra ! Arnaud ne put réprimer une moue agacée. Outre les raisons tragiques qui l'amenaient ici, il était au beau milieu d'une grande cité mystérieuse, à des centaines de lieues de chez lui, entouré de visages inconnus ; où étaient ses frères et sœurs ? De la fratrie des Brochant, l'homme grisonnant ne pipait mot. Tout cela laissait un goût amer dans la gorge d'Arnaud, qui croyait déceler dans l'air un désagréable parfum d'intrigue. La mort du Régent, le Roi parti pour l'Apreplaine, sa cousine Constance absente, ses frères et sœurs invisibles, et le Palais des Dômes sous la coupe de parfaits inconnus... il y avait largement de quoi être désorienté. Et méfiant. Dans quel coupe-gorge était-il en train de se fourrer ?
N'eussent été ses craintes, Arnaud eut paré au plus pressé, et il aurait déclaré qu'il ne se reposerait qu'une fois obtenues les réponses à toutes ses questions. Dans le cas présent, il préféra temporiser ; une discussion avec cet homme serait plus constructive une fois qu'il se serait un peu familiarisé avec les lieux - et qu'il aurait levé quelques doutes.
« Il est vrai que le voyage fut long et épuisant, Messire. Dans l'attente que Sa Majesté nous rejoigne, je serais heureux de m'entretenir avec vous ; mais j'aimerais d'abord profiter d'un peu de temps en compagnie de mes frères et sœurs, si vous le permettez. »
S'ils n'ont pas mis les voiles avec la cousine Constance, songea-t-il, un brin inquiet.
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Ven 8 Nov 2019 - 9:20
Un léger picotement lui gagna soudainement la nuque lorsque vint la demande du Brochant concernant sa fratrie. Ce dernier ayant été somme toute bien énigmatique dans sa missive annonçant le jour de sa venue, sa gent n’avait point eu le courage de faire le piquet dans les coursives du Palais comme lui l’avait fait depuis deux jours. La jeunesse ! Jamais le derche vissé sur une chaise pour profiter de la quiétude. D’autant que les orphelins du corbeau n’étaient guère réputés pour apprécier l’oisiveté ; la mort de leur patriarche les ayant particulièrement bousculé au point que l’immobilité était devenue leur pire alliée. A cela, Francesco n’était dupe et savait que la psychose avait su s’immiscer dans les esprits juvéniles de ces âmes esseulées. Quid de leur aîné ? Il était à envisager que ce dernier ait été victime du même mal et cela n'en aurait été que bien légitime.    – Vos sœurs sont à Sainte-Deina, auprès de votre père, et votre frère… dit-il en plissant les yeux pour observer celui qui s’était mis à gravir les marches à grandes enjambées. Votre frère arrive ; nous l’avons prévenu dès que nous avons su pour votre arrivée.    En attendant que le bellâtre termine son escalade, Francesco en profita pour venir se mettre aux côtés de ces nordiens fraîchement débarqués de leur lointaine province. Ils sentaient fort et dénoteraient certainement des hobereaux et autres valets circulants dans les salles et couloirs du Palais. Cela lui rappela les longues traversées effectuées sur des rafiots remplis à ras-bord de marins. Quelques jours seulement suffisaient alors à préférer l’odeur de l’ail dans les narines plutôt que celle s’émanant de l’équipage. La bonne époque !    – Veuillez m’excuser, je déroge à toutes les lois de l’hospitalité, réalisa-t-il subitement. Nous nous sommes peut-être vus une fois, même si ma mémoire peut me trahir, mais je ne saurai tolérer plus encore que je sache votre nom si vous même ne reconnaissez point le mien. Il en était bien embarrassé pour sûr. L’attitude craintive du jeune homme aurait néanmoins du lui mettre la puce à l’oreille plus tôt. La vieillesse pardi... la vieillesse !    – Je m’appelle Francesco Cortès di Castigliani, messire ; l’Amiral nommé par votre défunt père pour refaire régner la Loi du Roy sur l’Eris et l’Olienne. Il m’incombe céans de régler les affaires courantes du royaume aux côtés de votre grande cousine Constance en l’attente d’une nouvelle nomination à la régence.    De l’autre côté, à seulement quelques marches de son aîné, le jeune Aristide manqua de trébucher in-extremis sur une dalle laissée glissante à cause de la pluie matinale. Sa chute eut pu être fatale à cette hauteur-ci, ce pourquoi Francesco reprit une bonne gorgée d’air pour balayer sa soudaine frayeur. A n’en point douter, un tel incident eut tôt fait d’alimenter un peu plus ce que les bonimenteurs se seraient empressés par la suite d’appeler « la poisse des corbacs ».    – Il va être grand temps de refaire ces marches... hum hum, lâcha-t-il pour évacuer la pression. Je vous laisse avec les vôtres, messire Arnaud. Nous pourrons nous retrouver pour le dîner de ce soir si vous le désirez. C'est un plaisir d'avoir pu enfin faire votre connaissance, votre père m'a beaucoup parlé de vous.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Jeu 14 Nov 2019 - 15:42
De vous, il ne m'a rien dit, faillit rétorquer Arnaud. Il s'en garda, mais son regard taciturne en disait long sur son humeur. Ainsi, c'était à cet homme, ce matelot suderon, qu'était échu le commandement du royaume depuis la mort du Régent ? Après tant d'années de tutelle nordienne, c'était étonnant. Peut-être avait-il su gagner la confiance d'Aymeric, au point que ce dernier en fasse un de ses familiers, voire même le recommande comme successeur ; mais Arnaud en doutait. La preuve en était que le Conseil, en lui associant Dame Constance, avait probablement cherché à ménager les familiers d'Aymeric. De là, il était aisé d'en déduire que ce Francesco n'en faisait pas partie. Et tandis que l'Amiral parlait, Arnaud tentait, en vain, de discerner à quel genre de courtisan il avait affaire. Ce pouvait aussi bien être un intrigant qu'un honnête serviteur du Trône ; dans les deux cas, il lui était étranger, si bien qu'Arnaud ne pouvait se fier à lui.
Gardant pour lui ses réflexions, le jeune duc salua sobrement l'Amiral. « Ce sera un plaisir », conclut-il avant qu'il prenne congé. L'Amiral disparut dans les coursives du Palais des Dômes, emportant avec lui ses secrets, tandis que la suite du duc se mettait en branle. Les gens de sa maisonnée s'en allaient prendre possession des quartiers qu'occupait déjà la fratrie, et alors que tout ce petit monde s'activait autour d'eux, Arnaud embrassait son frère. Qu'il semblait avoir grandi ! Aristide n'était que de deux ans son cadet, mais il y avait déjà quelques années qu'ils ne s'étaient vus. De bien trop longues années, hélas ; car, alors qu'il serrait contre lui ce bon Aristide, le Corbin ne pouvait s'empêcher d'éprouver un curieux malaise, là où la chose, autrefois, leur était si naturelle. Le regard d'Aristide ne brillait pas de la joie des retrouvailles, et il faisait même montre d'une certaine raideur. Dans ces yeux endeuillés, Arnaud crut lire du reproche. Il avait délaissé ses frères et sœurs en refusant toutes ces années de rejoindre la Cour. Il les avait offensés, même, comme il avait offensé leur père, qu'il n'avait cessé d'accabler de tant de reproches dans la solitude de son castel serramirois. La sécheresse de la missive d'Aristide, quand il lui avait annoncé la mort de Père, venait peut-être de là.
Il aurait pu essayer de crever l'abcès maintenant, tenter de dénouer l'affaire, comme ils l'avaient si souvent fait au temps de leurs chamailleries d'adolescents. Las, il ne se sentait pas le cœur de l'affronter maintenant ; aussi feignit-il de ne pas voir le problème. L'algarade attendrait. Ils gagnèrent ensemble leurs quartiers en échangeant de mornes paroles ; drôle de tableau que ces deux frères qui peinaient tant à afficher la moindre complicité. Et dire qu'Arnaud avait espéré trouver du soutien auprès des siens ! De la mort de leur géniteur, il réussit néanmoins à arracher quelques réponses : d'après Aristide, leur père avait contracté une maladie bénigne au début du printemps. Las, alors qu'il continuait de gérer les affaires sans ressentir la nécessité de se ménager, le mal avait subitement empiré, le clouant au lit. Aristide, Tiphaine, Margot et Aimon l'avaient veillé jusqu'au bout. Le Régent était mort en compagnie de ses enfants. Presque tous. Cette révélation éprouva Arnaud plus durement encore qu'il ne l'aurait cru, et pour le reste de la journée, le jeune duc se mura dans un profond silence.
Son autre frère, Aimon, et ses deux sœurs, Tiphaine et Margot, s'en revinrent de Sainte-Deina en fin d'après-midi. Plus encore qu'Aristide, Arnaud fut frappé de voir son cadet devenu un jeune homme fait, et ses sœurs, d'adolescentes, devenues d'avenantes jeunes femmes qui devaient attiser bien des convoitises à la cour. Que les robes sont courtes à Diantra ! songea-t-il, quelque peu choqué, alors qu'il embrassait Tiphaine. En bon chef de famille qu'il était, Arnaud se promit de châtrer tout importun qui viendrait reluquer d'un peu trop près ses jeunes sœurs. Cela étant, il faudrait un jour les marier, et puisque Père n'était plus, ce serait à lui qu'incomberait cette lourde responsabilité. Cette pensée n'aida certes pas à améliorer son humeur.
Si morose et taiseux qu'il fut tout au long de cette journée, la présence de ses frères et sœurs lui fit du bien. En dépit du malaise qui s'était instauré au sein de la fratrie, avoir les siens auprès de lui rassurait le jeune Arnaud ; il lui semblait prendre conscience, enfin, qu'il s'était senti bien seul sans eux, pendant toutes ces années où il était demeuré dans le Nord à bouder. Bien que conscient du poids qui pesait sur ses épaules, il se savait entouré, désormais. Cela le regaillardit, si bien que, le soir venu, il se sentait d'attaque pour affronter l'Amiral au dîner. Il s'y présenta, revêtu d'une tunique de soie vossulienne pourpre sur-laquelle était brodé l'emblème du Corbeau, et la bonne odeur de nourriture qui flottait dans la salle lui ouvrit même l'appétit. A nous deux, Cortès, songea-t-il en avançant vers son hôte.
« Serait-ce du rôti ? » demanda le Corbin tandis que s'agitaient ses narines.
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Ven 15 Nov 2019 - 15:29
Il n’était pas rare en ces temps culinairement troublés de voir sévir querelles et autres conflits en rapport avec les mets venant des quatre coins du Royaume ou même d’estrevent. A défaut de pouvoir s’affronter dans des arènes, Pas d’armes ou champs de bataille, les cités étaient vite devenues les centres dans lesquels convergeaient céans toutes les passions, mais aussi toutes les ardeurs. Diantra n’était en outre guère exempté de cet affrontement réunissant les plus grands gourmets venus présenter au Roy leurs recettes favorites afin de glaner son amour. Inutile alors de s’attarder bien plus encore sur la foire d’empoigne sévissant dans les cuisines, ainsi que le ballet incessant de ces cuisiniers souhaitant tous tirer leur épingle du jeu. L’on eut presque dit, en toute objectivité, les reliquats de guerres inachevées entre terroirs suderons, médians ou même nordiens.    Qu’on se le dise pourtant, tous étaient liés par l’amour de la bouffe.    Cet amour transparaissait dans les assiettes allant et venant chaque jour sur la table du suzerain et de ses invités, quand bien même l’on entendait toujours des cuisines quelques hurlements ou aboiements. Mais c’était bien cette symphonie tonitruante qui faisait le charme des lieux et contribuait à l’image que l’on pouvait bien avoir d’un Palais de cet acabit. Les cuisines devaient d’ailleurs être les plus grandes de toute la péninsule en étant ainsi pourvues de plus dix cheminées dans lesquelles il était possible de faire entrer à chaque fois un bœuf ou un cheval sans même être passé au couperet. En leur intérieurs, des potagers permettaient de faire réchauffer les potages et marmites ; des broches, longues de plusieurs mètres, servaient également à faire tourner les carcasses afin d’obtenir une cuisson régulière et bellement répartie. Une petite armée de jeunes pages se dédiaient corps et âmes à faire tourner les beaux morceaux. Dès lors que l’on obtenait une peau dorée et croustillante au toucher, l’on assistait au démantèlement de l’animal – gigots, jarrets, filets, poitrines, pieds, travers, épaules, échines, côtes – Tout y passaient et finissaient entre les mains de ces fameux virtuoses triés sur le volet.     L’un d’eux, le dernier en date, s’en venait du Berthildois et avait bonne réputation. De son prénom, Roger, l’homme faisait des merveilles à chaque repas et avait réduit la concurrence au silence. Tout son art prenait sens au moment où les écuyers tranchants apportaient assiettes et plats devant les convives. Lui-même était devenu un fervent adepte de cet homme aux divins talents, qui s’il l’eut pu, l’aurait imposé auprès du culte pentien pour être fait dieu des dieux.    Ce soir-là, en l’honneur du nouvel invité, le-dit Roger s’en était allé préparer son fameux Rôti cuit à la mode berthildoise. Il avait appris, suite à de longues investigations, que le divin Roger s’aidait d’herbes et de foins pour aromatiser la chaire de sa viande afin de lui donner ce goût si spécial et fumé. La cuisson était à chaque fois parfaite, pour ne pas dire qu’elle frôlait l’éblouissement et la firmament même de la gastronomie péninsulaire. Francesco ne put d’ailleurs s’empêcher de saliver en voyant arriver le joyau de sa Majesté.    -Ce n’est pas un rôti comme les autres que vous vous apprêtez à manger, c’est « le » Rôti.    Une odeur follement alléchante s’empara des lieux et de tous les invités lorsque les plats furent enfin mis devant les convives. Il avait cherché à briser la glace avec le jeune Brochant en tâchant de faire un trait d’humour. Il dut néanmoins avouer qu’il n’était point fait pour ce genre de facétie et que son manque de tact envers la jeunesse ne l’aiderait pas. Le sire Arnaud n’était point venu pour enfiler des perles, ni pour se délecter de précieux mets – si bons soient-ils.    -Pardonnez mon entrain, messire Arnaud, s’excusa-t-il. Les moments de réconforts sont rares depuis que votre père s’en est allé...
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Lun 18 Nov 2019 - 1:31
L'amiral - et co-régent temporaire du royaume, si Arnaud avait bien suivi - était un homme des plus singuliers. Au regard de la responsabilité qu'était la sienne, de sa grande expérience et de leur différence d'âge, le Corbin, tout duc qu'il était, s'attendait à être regardé de haut. Après tout, certains des vassaux de son père - les siens désormais - ne s'en étaient pas privés. Or, Francesco di Castigliani affichait au contraire une affabilité prudente et respectueuse. S'il savait apprécier l'attitude de son commensal, Arnaud réservait toutefois son jugement ; d'après Aristide, l'homme était lié à la maison ducale des Cortès de Soltariel. Et quand bien même sa loyauté serait toute acquise au roi et au roi seul, ses intérêts n'étaient point ceux des Brochant. La mainmise de la famille d'Arnaud sur Diantra ne semblait pas avoir survécu à la mort du Régent. Pour l'instant, se dit le jeune homme en son for intérieur, quoi que ces pensées puissent engager.
« Je ne saurais vous reprocher votre entrain, Messire di Castigliani. Toutefois, vous me surprenez, je l'avoue, car j'ai peine à imaginer que vos dîners aient été plus gais du temps de mon père. Je crois pouvoir compter les fois où je l'ai vu rire sur les doigts d'une seule main. A dire vrai, cette atmosphère de deuil et de silence qui règne au Palais m'évoque davantage son vivant que son absence. »
La confidence, sans doute, prendrait l'Amiral de court. Puisqu'il avait connu le Régent, il devait avoir perçu le caractère austère de l'homme ; mais il n'imaginait peut-être pas entendre son fils émettre à haute voix ce qui s'apparentait à une critique du père défunt.
« Peut-être Diantra sut-elle l'adoucir, conjectura le jeune duc. Oui, peut-être est-ce Diantra qui sut l'adoucir, là où nous avons toujours échoué. »
A moins que ce ne soit ce rôti. Le fumet l'avait déjà fait saliver quand il était entré dans la pièce, et à présent qu'elle était servie, la viande ravissait autant ses papilles que ses pupilles. L'Amiral n'avait pas parlé à la légère ; on savait, au regard et à l'odeur, que le cuisinier savait son affaire et que la viande était cuite à la perfection. On la devinait savoureuse rien qu'à contempler sa couleur dorée, et le jus qui dégoulinait sur ses flancs pour baigner dans la sauce avait quelque chose d'étrangement hypnotique, d'aussi aguicheur et indécent que l'entrecuisse humide d'une pucelle. Par bonheur, ça n'en avait pas le goût. Le goût sublimait toutes ces promesses. Le goût, il fallait le dire, était incroyable.
« C'est excellent, ça, dit-il en désignant le rôti tout en mâchonnant sa viande. Il avala sa bouchée avant de reprendre la parole : je veux vous remercier, pour les grandes funérailles que la couronne fit donner pour son Régent. Je regrette de les avoir manquées, mais, ma foi ! Mon castel est fort loin. Mon frère Aristide m'a raconté, cependant, et il m'a dit que c'était très beau à voir. » Son tranchoir se planta net dans le rôti, et, tandis qu'il se mettait à en découper une nouvelle tranche, Arnaud lança d'un ton détaché la plus brûlante des questions : « j'espérais que vous pourriez me parler des circonstances de sa mort. »
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Jeu 21 Nov 2019 - 14:33
La dernière demande du Brochant le fit plonger dans de douloureux souvenirs. Comment ne pas oublier les derniers jours du Régent lorsque les souffrances dudit malheureux avaient fait frissonner tout le royal chastel ? Il se souvenait avoir prié à Sainte Deina de longues heures aux côtés d’autres pieux. Les guérisseurs et autres sorciers n’avaient su réellement affirmer quel était le mal qui l'avait rongé, laissant ainsi la cour dans le doute et l’expectative. Et puis, en quelques jours seulement, l’homme s’était éteint entouré de quasiment toute sa progéniture hormis l’aîné qu’il devait céans renseigner.    – Je vais être honnête avec vous, messire Arnaud. Car vous n’êtes sûrement point venu jusqu’ici pour seulement goûter au rôti et entendre d’énervantes banalités sur votre père. L'agonie de votre géniteur fut l’une des plus affreuses qu’il m’ait été donné d’assister. Le mal qui l’affligea fut aussi sournois que brutal ; assez du moins pour ne point le faire défaillir d’un seul coup, mais de manière bien plus lente et douloureuse…    Il est vrai que si la fin du corbeau avait été rapide, une ennéade tout au plus, ce dernier avait néanmoins souffert de maux quelque temps auparavant. Mais comme le fier nordien n’était point du genre à se plaindre, nul n’avait réussi à lui faire accepter de s'en inquiéter.    – J’ignore néanmoins quel est le nom de cette ignoble maladie qui l’a emporté, car nul le sait… Mais je peux vous assurer qu’il s’est battu jusqu’au bout ; à l’image de l’homme qu’il fut de son vivant.    Enfin daigna-t-il avaler un bout de rôti pour se donner une once de réconfort. Cela lui rappela un autre épisode - bien moins sombre celui-ci – durant lequel le régent et lui-même s’étaient englouti un rôti chacun.    – Votre père n’était en effet guère un boute-en-train et d’aucuns se seraient risqués à attendre de lui la moindre cajolerie. Ils nous arrivaient d’ailleurs, lui et moi, de nous invectiver longuement durant les séances du conseil. Surtout lorsqu’il y eut l’épineuse question des dragons à laquelle je répondis de manière défavorable lorsqu’il fut question d’aller les affronter sans préparation et sans même véritablement les connaître.    Il sourit en se souvenant des surnoms qu’ils s’étaient donnés ce jour-ci.    – Il m’avait insulté de vieux gréement, tandis que je l’avais traité de corbeau mal-plumé. Et puis le soir venu, lorsque les tensions s’étaient apaisées, nous nous étions finalement réconciliés comme deux enfants trop têtus et fiers; mais surtout comme deux hommes conscients de détenir le sort du Royaume entre nos mains, affirma-t-il un brin nostalgique. Alors il est vrai que votre père n’était point le plus charmant des hommes, ni même le plus apprécié pour ne pas affirmer qu’on le craignait plus qu’on ne l’aimait. Mais c’est à lui que nous devons ces sept dernières années d’accalmie qu’aucun autre homme ne sut donner à ce Royaume depuis…    Il leva la main au-dessus de son épaule pour imager ses dires.    – C’est bien cela qui me cause le plus grand mal et me fait craindre pour l’avenir.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Mer 27 Nov 2019 - 23:17
Le duc de Serramire écouta avec gravité son commensal évoquer l'agonie de son père. Ces propos, si pénibles qu'ils soient à entendre, corroboraient le récit que lui avait livré Aristide plus tôt dans la journée. Une mort lente et douloureuse. Las, le mystère restait entier ; les guérisseurs s'étaient trouvés impuissants à soigner le Régent d'un mal dont ils ignoraient tout. Dès lors, qui saurait dire ce qui avait tué Aymeric de Brochant ? Ce pouvait aussi bien être l'œuvre de la malchance que la main des dieux. Ou une malveillance bien humaine, songea Arnaud, qui flairait, par-delà le fumet exquis du rôti, les effluves d'un parfum de complot.
Arnaud préféra garder par devers-lui cette dernière hypothèse. Si celle-ci s'avérait exacte, elle provoquerait certainement un séisme dans une cour déjà bien chamboulée. Surtout, cela signifierait que, dans l'ombre, les commanditaires se préparaient à récolter les fruits de leurs forfaits. A cet égard, les dernières paroles de l'Amiral n'étaient pas de nature à altérer son pessimisme. Francesco l'avait bien dit : sous la régence d'Aymeric de Brochant, le royaume avait connu sept années de paix. Sept ans ! Arnaud n'avait pas souvenir d'avoir déjà vécu pareille période au cours de sa jeune existence. Bien sûr, tout n'avait pas été rose : il y avait eu ces dragons, et la folle initiative des Benjamins qui avaient payé le prix de leur bêtise ; et il y avait eu la mise au pas des mervalois, et la réminiscence de leurs absurdes croyances païennes. Rien toutefois qui mette la péninsule à feu et à sang, rien qui menaça l'équilibre des Grands ni le règne du roi. Car en dépit des secousses qu'il avait eu à affronter, le Régent était resté là, comme un phare guidant les navires dans le noir. Heureusement qu'il nous reste un amiral, ironisa Arnaud en son for intérieur.
Sept ans de paix. Et maintenant ?
« Il faudra que je rencontre chacun des guérisseurs qui ont veillé mon père, dit-il. Quand bien même ils n'ont pu le sauver, je suis certain qu'ils ont fait tout leur possible ; je veux les en remercier. »
S'il ne pouvait prétendre bien connaître l'Amiral, Arnaud avait néanmoins compris que l'homme n'était pas idiot ; Francesco ne serait pas dupe et saurait deviner ses intentions réelles. Mais ce n'était pas bien grave.
« J'ignorais que c'était vous qui l'aviez dissuadé d'aller chercher des noises aux dragons, poursuivit Arnaud. Il semble que vous ayez bien su le convaincre : lorsqu'il m'écrivit pour m'interdire d'agir en ce sens, le ton était sans appel. Après la désastreuse croisade des Benjamins, il s'est montré très dur avec ceux qui lui avaient désobéi - enfin, ceux qui étaient encore vivants. C'est l'une des rares fois où il revint à Serramire ; certains s'en souviennent encore. Nul n'a plus désobéi après ça. La Bête continue à hanter les Wandres, et pour l'instant elle ne semble pas décidée à installer son nid sur mes terres. Plaise aux dieux que cela dure. N'empêche ; c'est un problème qu'un jour, il faudra résoudre. »
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Sam 30 Nov 2019 - 12:44
Un problème à résoudre… Pour sûr que ces reptiles volants étaient encore ce jour d’hui une fâcheuse épine dans le pied du Royaume. Nord et sud avaient été confrontés à ces vilaines bêtes, qui bien mieux qu’ailleurs, s’étaient faites un malin plaisir à les dépourvoir de possessions pourtant bien durement acquises. L’archipel nelenite en avait été le parfait exemple dont la perte hantait encore ses rêves alors qu’il s’était employé pendant des mois entiers à y guerroyer au nom de sa Majesté. Leur vulnérabilité avait été exposé au grand jour suite à la perte de ces îles. Les autres races composant le vaste monde y avaient sûrement vu de la faiblesse dont il leur faudrait, un jour ou l’autre, en payer le prix. Pour toutes ces raisons, des débats houleux avaient alimenté le Palais des Dômes et ses occupants. La question avait été de savoir comment l’on pourrait lutter contre ces forces dévastatrices, impitoyables et ne répondant à aucunes logiques connues ?    – Lorsque la nouvelle de la perte de Nelen nous fut rapportée, commença-t-il, votre père fut pris d’une de ces colères silencieuses dont quelques-uns des conseillers gravitant autour de lui ne tardèrent point à s’en saisir pour agir et s’attirer de bonnes grâces en jurant de débarrasser le Royaume de ces créatures. Il fallut, pour empêcher cela, la venue d’une délégation thaarie afin d’en savoir plus sur ces reptiles et comprendre que toute action précipitée aurait menée au désastre. Je fus donc parmi ceux à m’opposer ouvertement aux partisans royaux réclamant la riposte, ce sur quoi votre père me fit le reproche de ma position plus que de mes opinions que nous partagions finalement. La suite, vous l’avez déjà mentionné.    Il était sans doute important que le jeune Arnaud connaisse toute la vérité au sujet de cette affaire. Entre deux bouchées de rôti, Francesco but une gorgée d’eau bien fade. C’eut été la seule chose qu’il pouvait se permettre de boire lorsque tous les autres, à côté, descendaient leurs godets remplis de bières ou de vins.    – Dites m’en plus, messire Arnaud, concernant les Wandres ? s’enquit-il. Nous avons appris l’existence d’une organisation nommée l’Egide, ayant pour but d’étudier ces bêtes afin de les affronter. Votre père en avait reçu l’écho sans jamais s’être prononcé sur la légitimité d’une telle chose. Je crois qu’il ne voyait en elle qu’une compagnie de mercenaires parmi tant d’autres, mais il est arrivé jusqu’à mes oreilles assez récemment que l’instigateur de cette Egide s’était également fait le débiteur de plusieurs comtés et duchés afin de prendre des mesures dans l’intérêt du Royaume sans même disposer de l’accord de son Roy… Sauriez-vous m’éclairer sur le sujet ? Je vous avoue que la chose me rend perplexe.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Mar 3 Déc 2019 - 23:04
L'évocation de l’Égide prit Arnaud de cours ; ce n'était pas tant le sujet en lui-même qui le surprit, mais plutôt la défiance qu'on lisait dans le regard de l'Amiral lors qu'il prononçait ces mots. Arnaud avala de travers une bouchée de rôti, étouffa dans son poing une quinte de toux, puis, essuyant ses yeux larmoyants, répondit :
« Une initiative oësgardienne... *kof! kof!* Excusez-moi. Une initiative, disais-je, d'un seigneur oësgardien que m'a présenté le baron, Geoffroy de Falkenberg. Je dois vous avouer être un peu surpris, Messire di Castigliani ; pour autant que je m'en rappelle, j'étais persuadé que cette entreprise avait reçu l'aval de mon père. » Arnaud esquissa une moue, un brin emmerdé. « Malheureusement, il est vrai que, ces dernières années... mon père et moi échangions très peu », finit-il par avouer.
Il passa sous silence les raisons de ce dialogue rompu ; Francesco devinerait sans peine, vu son expression, qu'il y avait eu bisbille entre le père et le fils. Pour autant, Arnaud se rappelait bien sa propre conversation avec le baron Geoffroy. Ce dernier l'avait assuré que son homme avait bel et bien rencontré Aymeric de Brochant, lequel l'avait assuré que la couronne soutiendrait l'initiative. Arnaud doutait fort que Geoffroy ait pu lui mentir de sang-froid. Mais pourquoi, dès lors, oui, pourquoi Francesco di Castigliani n'était-il pas au courant ?
Las, Arnaud commençait à entrapercevoir un début d'hypothèse à tout ce micmac, et ça n'augurait rien de bon. Il est vrai que son père avait parfois l'art de faire de semi-promesses qui ne l'engageaient à rien. C'était une approche bien à lui chaque fois qu'il avait à juger une entreprise dont la finalité lui semblait hasardeuse : il ne disait pas non, si bien qu'on pensait avoir entendu oui. Au bout du compte, il en récoltait les fruits en cas de succès, tout comme il s'en lavait les mains en cas d'échec. J'aurais dû le voir venir, pensa Arnaud, amer.
« L'homme à la tête du projet s'appelle Brohan Woulfequine, poursuivit le Corbin. Un sénéchal aux grandes capacités, à en croire le baron Geoffroy. Même si la première fois que je l'ai rencontré, ce Brohan jouait les montreurs d'ours avec des créatures exotiques. Il appelait ça le Syrk. » Le duc haussa les épaules. « Un amoureux des animaux, j'imagine. Finalement, c'est raccord avec son intérêt pour les dragons. Pour autant que je sache, l’Égide recrute des hommes de science dans le but de découvrir comment lutter contre ce fléau. Serramire lui a baillé des fonds, histoire qu'ils ne couchent pas dehors et que ça ressemble quand même à quelque chose. Pour être honnête, c'est de l'argent que j'aurais pu employer à meilleur escient ; à ce jour, leurs recherches n'ont rien apporté de concret. »
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Jeu 5 Déc 2019 - 10:15
Les explications du corbeau lui parurent significativement sincères et dépourvues de toute dissimulation. Il n’en resta pas moins dubitatif et suffisamment sur ses gardes pour ne point oublier les paroles bien plus alarmantes de sa belle nièce rencontré quelques jours plus tôt. Deux récits; deux versions des choses laissant entrevoir d’un côté une nébuleuse coalition s’établissant sous le nez et la barbe du Roy ; de l’autre, une entreprise née par l’entremise d’un sympathique montreur d’ours sgardien. La confrontation de ces deux récits ne faisait naître aucune corroboration. Pis encore, elle lui fit finalement douter de la sincérité du jeune homme avec qui il partageait le Rôti de Roger.    Etait-ce alors dû à la méconnaissance du problème ? Un désintérêt ou la simple volonté de lui cacher les choses ? Ils ne se connaissaient pas et le jeune homme se méfiait sans-doute de lui comme de la peste en personne suite aux circonstances tragiques de la mort de son géniteur. Mais ce qui l’intriguait bien plus encore était d’entrevoir la possibilité que le feu Régent de Brochant ait pu autoriser pareille chose sans l’officialiser et sans même lui en avoir parlé, alors même qu’il l’avait su préoccupé par le sort de Nelen. Si tout cela venait à s’avérer exact, il n’y aurait point de temps à perdre afin de rectifier les erreurs commises.    – Je suis embêté, messire Arnaud… vraiment, avoua-t-il comme une âme en peine avant de se servir un verre de vin qui lui avait été formellement déconseillé. Cette Egide ne fait l’office d’aucune reconnaissance officielle de notre Roy, mais je commence à deviner les raisons de son existence.    Il but une grande gorgée de vin.    – Il se peut que votre père ait donné son aval de son vivant, attendant des résultats concrets pour l’officialiser. Votre père disparu et ceux-ci n’étant, selon vos dires et d’autres, jamais arrivés, nous nous retrouvons ce jour d’hui avec une organisation prêchant, de bonne grâce, la défense du Royaume, sans même qu’elle ne rende de comptes où qu’elle ne soit rattachée concrètement à celle qu'elle prétend protéger.    Et cela n’était que quelques-uns des problèmes soulevés par l’existence finalement semi-officielle de cette organisation. Pour sûr que des questions de financements et d’éthiques se posaient. A qui profiterait les découvertes ? Seraient-elles vendues comme l’on vendait du bétail ? Pourraient-elles un jour être retournées contre un voisin trop gênant ? Rien, ce jour d’hui, ne répondait encore à ces questions puisque rien avait été couché sur un vélin, consigné et approuvé par un sceau royal.    – Il serait sans nul doute bien judicieux de tirer tout cela au clair afin de nous épargner l’incertitude et l’inquiétude, car nous ne saurions poursuivre assurément sur cette voie-là, qu'en pensez-vous ?    Par cette dernière question entendait-il bien faire comprendre au jeune sire que son récent titre de Duc de Serramire l'obligerait très certainement à s'affairer également à la résolution de ce problème.
Arnaud de Brochant
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Ven 6 Déc 2019 - 16:25
Le malaise de l'Amiral était palpable. Il y avait dans son regard quelque chose de franchement réprobateur, qu'il n'osait totalement exprimer, comme si les convenances le retenaient de signifier au duc qu'il avait fait une belle connerie. En son for intérieur, Arnaud s'agaçait : quoi, était-ce réellement un sujet d'importance ? Le Corbin reconnaissait là le zèle bureaucratique des suderons, ce goût immodéré pour la paperasserie ; leur pingrerie aussi, certainement. Qu'une bande de chercheurs s'engraisse de l'or de ducs et de marquis pour mener d'obscures recherches, c'était une chose ; aux yeux d'Arnaud, cette affaire restait infiniment moins préoccupante que la disparition de son paternel et les conséquences qu'elle allait engendrer. Aussi balaya-t-il les craintes de son commensal d'un revers de main.
« Il n'y a sans doute pas là de quoi se faire de mouron, Messire. Si vous faites mander Brohan Woulfcouine, il viendra, j'en suis certain. D'ailleurs, à mon retour dans le nord, j'irai inspecter leurs travaux. Je ne financerai pas éternellement une organisation sans obtenir de résultats concrets. »
Non, décidément, ce n'était point la priorité à ses yeux ; Arnaud commençait d'ailleurs à soupçonner son vis-à-vis d'avoir sciemment amené la conversation sur ce sujet, afin d'éviter des terrains plus glissants. Habile. Mais pas assez subtil, pensa le jeune duc, tout en mangeant son rôti alors que planait désormais un silence pesant.
Le duc se retira peu après, non sans avoir remercié l'Amiral pour ce dîner - un remerciement plus protocolaire que sincère. Lors qu'il se retirait dans ses quartiers, Arnaud ruminait l'impression que l'homme lui avait laissée. Celle-ci, au vrai, n'était pas si mauvaise. Francesco ne correspondait pas à l'image qu'Arnaud se faisait volontiers des suderons ; loin du courtisan dissimulateur, il dégageait au contraire une certaine honnêteté que le duc avait su apprécier. De là à dire qu'il lui faisait confiance, il y avait tout un monde.
Si la journée s'était révélée des plus pénibles, une belle surprise attendait le Corbin ce soir-là : gagnant l'aile du palais où la famille serramiroise était établie, il trouva sur ses pas le bon Jaljen, le factotum de son père. Depuis combien de temps n'avait-il pas vu ce vieux grigou ! Il serra dans ses bras le brave valet qu'il aimait comme un frère, et partagea avec lui une bouteille de vin tout en évoquant la soirée qu'il venait de passer.
« Le Cortès n'est pas un mauvais bougre pour un suderon, confia Jaljen. Ton père l'aimait bien, même s'ils se chamaillaient sans arrêt. - C'est l'impression que j'ai eu, oui. - J'aimerais en dire autant de la Dame Constance. Elle n'a jamais occupé le moindre poste du vivant de ton père ; aujourd'hui, on dirait qu'elle se venge. Un vrai dragon ; et elle a des griffes, crois m'en. - Comment cette sorcière s'est retrouvée à co-régenter le royaume ? - Les cinq le savent, pas moi. Elle aura su user à son profit du nom de ton père ; tes frères et soeurs étaient trop jeunes. Méfie-toi d'elle, Arnaud ; le pouvoir lui plaît, d'autant plus maintenant qu'elle y a pris goût. »
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Mer 11 Déc 2019 - 14:28
La réponse apportée par le sire de Brochant à ses nombreuses inquiétudes n’eut aucun effet curatif. Pis encore, elle lui fit comprendre qu’il prenait la chose avec une légèreté somme toute bien naïve pour le titre qu’il arborait céans. La faute à son jeune âge, pour sûr. L’Amiral ne chercha aucunement à creuser l’histoire ; d’autres occasions se présenteraient un jour où l’autre. Il se contenta plutôt d’aborder d’autres banalités et d’autres récits concernant le patriarche et ses dernières actions pour la régence du Royaume. Ils s’en retournèrent chacun dans leurs pénates après s’être échangés les formules d’usage. Mais le vieux marin n’en resta pas moins fort trop sceptique et pensif à l’égard de cette nébuleuse égide.    Diantre ! La question attendrait. N’y avait-il point d’autres affaires bien plus urgentes à préparer comme la future élection du régent où la guerre en dehors des frontières ? Devait-il réellement continuer à s’intéresser à cette chimère née d’une méprise ? Il y repensa brièvement avant de poser sa pêche aux latrines et de gagner son lit pour une nuit qu'il espéra salvatrice.    Ce fut aux premières lueurs matinale que la main de sa fidèle servante le tira subitement de ses rêveries pour annoncer l’entrée prochaine du Roy et de sa cour. Il eut peu de temps pour arborer une tenue et une allure correcte et s’en alla, sitôt fait, rejoindre le reste des notables comme la chose s’était déroulée la veille. En arrivant devant le troupeau d’hobereaux beuglant comme des veaux, il chercha du regard la silhouette maintenant connue du jeune corbeau. L’absence l’intrigua fortement, à moins que ledit sire ait été savamment bien caché.    – Où est messire de Brochant ?    Un godelureau au minois impeccable et la mèche parfaite s’avança vers lui pour le gratifier d’un faux sourire.    – Son Altesse de Brochant s’en vient le plus prestement, messire Cortès di Castigliani. Nous sommes allés l’avertir.    Les clairons et tambours annoncèrent subitement la montée des marches de sa Majesté et de sa suite. Une main vint alors tapoter son épaule pour l’obliger à se retourner ; elle appartenait au jeune homme à qui il avait parlé.    – Là, regardez !    Il vit le Brochant dévaler les monumentaux escaliers du Palais avec ses familiers pour venir s’installer à ses côtés in-extremis. L’absence du Serramirois lors de l’entrée du Roy eut été bien mal vu, pour sûr. L’incident diplomatique évité de justesse, Francesco adressa un regard courtois à son nouveau voisin avant de mettre un genou à terre lorsque Bohémond fit son apparition sur la grande terrasse surplombant la basse ville de Diantra.    – Votre Majesté, dit-il poliment. J’espère que votre voyage s’est déroulé à votre convenance.    Le petit homme le regarda sans mot-dire et sans même lui prêter attention ; celle-ci étant littéralement réservée à son voisin.    – Laissez-moi vous présenter…    – Arnaud de Brochant, le coupa Bohémond. C’est un honneur de rencontrer enfin le fils de celui qui fut un père pour moi. Soyez le bienvenu à Diantra, messire ; ce château est le vôtre comme il le fut pour notre regretté régent et votre défunt pater familias.    Il était toujours perturbant de voir le jeune Roy converser comme s’il avait eu dix années de plus. A n'en point douter, Les nombreuses heures à étudier les bonnes manières portaient enfin leurs fruits !
Dernière édition par Francesco di Castigliani le Ven 13 Déc 2019 - 14:16, édité 1 fois
Arnaud de Brochant
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco] Jeu 12 Déc 2019 - 11:07
C'est peu dire que le roi Bohémond était un petit homme bien singulier. Arnaud s'était figuré un orphelin chétif et timide, froid et solitaire. Devenu roi à l'âge d'un an à peine, celui-là était à peine venu dans ce monde qu'on le privait déjà de son enfance. Les événements qui avaient secoué le début de son règne n'avaient fait qu'enfoncer le clou : la prise de Diantra par les Liguards l'avait vu bringuebalé de place en place entre les mains d'une demi-douzaine de protecteurs successifs, à Soltariel, Merval et Laréor. Difficile de nouer des liens dans de telles conditions.
Mais le jeune roi qui lui faisait face aujourd'hui était bien différent de ce qu'Arnaud s'était imaginé. A dix ans, Bohémond s'exprimait déjà dans un vocabulaire impeccable, d'une diction nette, nullement entrecoupée des hésitations si communes aux enfants de son âge. Et s'il n'y avait que l'élocution ! L'aplomb avec-lequel le jeune roi avait coupé ce pauvre amiral pour s'adresser directement au duc révélait d'ores et déjà un tempérament autoritaire. La preuve était faite que le père d'Arnaud n'avait pas cherché à confisquer le pouvoir à travers la Régence : s'il avait entouré l'enfant des meilleurs précepteurs, c'était bien dans le but qu'il régnât un jour. On l'avait élevé en roi, non en marionnette. Plaise à Néera que nous ne le regrettions pas un jour, pensa Arnaud.
« Merci, Votre Majesté », dit le jeune duc de Serramire qui avait mis un genou en terre - si bien qu'il faisait ainsi la même taille que son suzerain. « Serramire est avec vous dans le deuil de celui qui fut un père pour nous deux. Je suis venu renouveler ma loyauté en tant que votre vassal, sire, et vous dire que vous pourrez toujours trouver en moi le soutien d'un frère. »
La formule se voulait belle ; elle était surtout bien loin d'être innocente. Savait-il, le petit porte-couronne, les vues de son vassal sur sa demi-sœur Alcyne ? Arnaud se garda bien d'évoquer le sujet. Au vrai, il se montra prudent tout au long de la journée, jaugeant le caractère de ce royal enfançon, trouvant une étrange fascination à relever tout ce qui, dans sa façon d'être, pouvait lui rappeler "leur" père.
Ils se rendirent à Sainte-Deina et se recueillirent ensemble dans la crypte où reposait Aymeric de Brochant aux côtés des rois et des princes. Arnaud remarqua à l'occasion l'effigie de pierre censée représenter le père de Bohémond, son véritable père cette fois, l'énigmatique Aetius d'Ivrey. Les circonstances de sa mort n'avaient laissé aucune dépouille à enterrer, puisque ce prince de sang s'était littéralement volatilisé dans l'explosion de l'Arcanum. Cet homme-là, Arnaud ne l'avait jamais vu, mais les trouvères le décrivaient volontiers comme un bellâtre aux multiples amours, insistant sur le magnétisme de ses yeux bleus. Or, son double de pierre était particulièrement laid. Le visage était grossier, le front et les joues larges. Il y avait de quoi être déçu ; mais c'était après tout le propre des bardes que d'enjoliver les choses, surtout quand il était question d'un des plus puissants hommes de ce temps. Il ne vint pas à l'esprit du duc que c'était peut-être les sculpteurs qui s'étaient plantés.
L'hommage du duc de Serramire fut donné ce jour-là, devant un parterre de témoins de bon aloi.
« Moi, Arnaud, fils d'Aymeric de la maison de Brochant, Duc de Serramire, en présence de Francesco Cortès di Castigiani, de Dame Constance du Valois, d'Athanase de Cley, d'Hubert le Scylléen, de Thomas d'Avron, d'Aristide, Aimon, Tiphaine et Margot de la maison de Brochant, et de nombre de vertueux prud'hommes, je me tiens devant vous en la cathédrale Sainte-Deina afin de reconnaître fidélité à Bohémond Ier, de la maison d'Ivrey, Roy des Hommes et de Diantra, comte de Scylla, baron d'Olyssea, vicomte de Marcalm et de Calozi, seigneur de Velmonè et sénéchal d'Ydril, seigneur de Nelen.
A compter de ce jour, sur mon honneur, je te jure aide et conseil et témoignerais d'une fidélité parfaite, à toi comme à ta descendance. Je jure de défendre ta vie et tes intérêts dans le royaume. Je jure de respecter les statuts du royaume des Hommes et d'effectuer loyalement les fonctions qui me seront assignées à cette fin. Ainsi aidez-moi, dieux ! Ceci que je déclare et affirme, je le tiendrais sans jamais m'en défiler, envers toi et tes successeurs, pour tous les biens que je tiens et dois tenir en fief dans le Duché de Serramire. Ces engagements, je les tiendrais à compter de cette heure et jusqu'au jour de mon trépas, sauf à en être relevé de ta propre initiative, sans contrainte aucune. »
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Sujet: Re: Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco]
Mieux vaut tirer les rois que de se faire tirer par le roi [Francesco]