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 Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle

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Ellaïn
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MessageSujet: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 9 Nov 2019 - 23:14


7ème jour de la 4ème ennéade de Favriüs de l'an 17:XI
Sur la côte au nord de Thaar, à quelques kilomètres de la ville.
Tôt dans la nuit.
Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle Sans_t13

Libre.

Ce mot résonnait encore et encore dans la tête de la cavalière qui ne pouvait s'empêcher d'être pensive en observant l'horizon. Seule, seul le vent qui soufflait sur sa capuche, les sabots de sa monture qui se posaient tour à tour au sol et le frémissement lointain des vagues lui tenaient compagnie. Un trajet depuis la cabane de Lolri qui n'était pas une très grande distance, mais, perdue sans ses pensées, il sembla durer une éternité. L'elfe était libre, plus aucune chaîne ni aux poignets ni aux chevilles, plus de collier de métal froid, plus de drow sur son dos... c'était comme être un phénix mais sans avoir de masque, pensa-t-elle dans un premier temps. Mais elle savais qu'en réalité, c'était l'inverse, elle allait être elle-même et porter un masque. Les rares fois où elle est passé à Thaar pendant son esclavage lui permettent de savoir qu'il y a des drows là bas, des drows fidèles au Puy, des marchands et des esclavagistes entre autres. Si la différence était ténue pour eux, elle avait son importance pour Cirincë, et qu'ils croupissent tous dans les P'leik, il était hors de question de se faire attraper de si-tôt. Changer de nom et de visage, autant que possible, c'était la moindre des choses, combien de temps allait-elle devoir rester à Thaar ? Impossible à dire, si la ville n'était pas sans risque, voyager seule sur une longue distance l'était encore plus, et connaissant les effectifs posté à Sol'Dorn, il vaudrait mieux faire profil bas dans les ennéades à venir.

Et puis, partir, pour aller où ? Tout s'est passé si vite, l'elfe s'était résignée à passer sa vie entière en tant qu'esclave, ses perspectives d'avenir étaient très limité, et aujourd'hui, elles devenaient infinies... et Thaar avait beaucoup de choses à offrir...

*******   *******   *******


Une fois en ville, l'elfe évita au maximum de croiser d'autres personnes. Même en pleine nuit, la ville était vivante et ne manquait pas de regards, discrets pour certains qui semblait tout comme elle éviter les ennuis, plus indiscrets pour d'autres, mais l'elfe se méfiait principalement des drows. Elle passa ensuite chacune de ses premières nuits dans une auberge différente, lui permettant par la même occasion d'un peu mieux connaître la ville. Après ces quelques jours, c'est une toute nouvelle personne qui arpentait les rues de Thaar.

Un style vestimentaire changé, des cheveux légèrement raccourcis et devenus noirs comme les plumes d'une corneille. Tout devait être remplacé... y compris ses lames drows... mais alors que sa main se portait dessus, un sourire en coin s'installait sur son visage. Il est vrai qu'elle pourrait en tirer un très bon prix, de quoi acheter d'autres épées plus neutres. Mais était-ce vraiment discret de vendre ces armes ? Pas tant que ça en réalité, en voilà une raison de les garder ! Mais soyons honnête deux minutes, l'elfe n'avait aucunement l'envie de s'en séparer de toute façon. Après tout, ces lames sont ses ailes, celles qui lui permettaient de s'envoler, d'échapper un peu à sa condition d'esclave l'espace d'un moment, alors en ce jour de liberté, elles siégeront à ses flancs, couvertes d'un fin tissu noir opaque, prête à être tirées de leur fourreau en cas de besoin... ne souhaitant pas voir ce moment arriver trop vite. Il va de soit qu'il vaudrait mieux éviter de se battre, et dissimuler sa magie également. Pratiquer à l'abri de tout regard, ne pas être une gladiatrice sans maître aux yeux des habitants de la ville, devenir tout autre chose.

Elle se regardait dans une glace, les pensées se bousculaient dans son crâne sans relâche. "...Qui êtes-vous, mademoiselle ?" se dit-elle avec un sourire amer, autant amusée que mélancolique. Une question si simple qui pourtant la laissait sans voix, incapable d'y répondre. Qui était-elle ? Un masque tombait pour en laisser apparaître un autre, l'histoire semblait se répéter. Cirincë ? Non...

Cirincë est morte.

Elle est morte le jour où elle fut récompensée par un séjour dans les fosses après avoir protéger les petites affaires d'une triumvir. La méritocratie tant vantée des sombres, un charnier sans espoir, même selon des critères d'esclaves. "Lorsque l'Eda vengeur se présentera, il aura déjà un sacré travail de fond à accomplir au Puy d'Elda". Cette même triumvir qui avait évincé la seule drow que l'elfe était arrivée à apprécier... Viconia... puis les phénix... Hjaldr... malgré sa liberté, elle tiendrai ses engagements envers eux, envers ses amis. Oui, elle n'avait plus peur de se l'avouer, c'était ce qu'ils étaient devenus pour elle, et c'était grâce à eux qu'elle pouvait découvrir les joies de la liberté. Ou plutôt... "re"-découvrir ? Toujours impossible de se rappeler... de savoir ce qu'il y avait eu "avant". Des brides indescriptibles, guère plus. Elle n'était pas dupe, elle savait bien que Viconia lui avait fait des choses... et en avait défait d'autres... l'elfe prenait conscience de plus en plus de choses sur son passé trouble. Pire encore, celui-ci semblait vouloir resurgir par moment. Tout cela pour en revenir à la question initiale : qui était la personne que l'elfe fixait dans le miroir ? La seule réponse qu'elle pouvait bien se trouver était "celle que tu as envie qu'elle soit"

N'était-ce point ça, être libre ?

*******   *******   *******


Capuche sur la tête, c'est une grande silhouette obscure parmi tant d'autres qui quitte l'auberge en cette fin d'après-midi. Vivre sur ses réserves serait un très mauvaise idée, si l'elfe voulait rester un certain temps à Thaar, ça ne ferait qu'attirer les curiosités et les convoitises, en plus de ne pas être une stratégie viable sur le long terme. Elle allait devoir trouver de quoi se faire une rentrer d'argent, vivre comme une personne "normale" au moins pour un moment. Plus facile à dire qu'à faire. Dans le hall de l'auberge où elle crèche, elle parcours en long un tableau garni de primes et d'annonces en tout genre. A vrai dire, elle s'attardait surtout sur les annonces qui ne concernait pas la chasse à l'homme.

Quelques coups d’œils aux alentours, de temps en temps. D'habitude elle se contente d'une observation rapide et sommaire, une analyse de la carrure, des armes portées, et le regard qui trahis bien souvent les intentions. Mais cette fois-ci elle s'attarde un peu... Un humain, plutôt grand et bien bâti, les cheveux grisonnant et des yeux gris clairs qui contrastent fortement avec une peu légèrement tannée. Il y avait quelque chose de particulier chez lui, mais il fallut un moment à l'elfe pour comprendre quoi. C'est vrai qu'elle le trouvait plutôt séduisant, mais ça n'était pas la raison en l'occurrence...

... Son visage, elle resta un petit moment sur son visage, elle l'avait déjà vu quelque part, les doutes se dissipèrent progressivement, jusqu'à ce qu'une image lui revienne clairement en tête... une arène, ici même à Thaar... du sable... cet homme devant lui et ... une faux.

Un esclave, ou plutôt un ancien esclave ? Pour quelle raison un esclave se retrouvait-il dans une taverne, seul, et avec des vêtements qui n'avaient clairement pas l'allure d'être une façon d'habiller un esclave. Affranchi ou échappé ? Peu importait au fond. Le cocasse de la situation lui arracha un de ses rare sourires. Lorsque c'est yeux revinrent sur les annonces, elle vit un appel pour la récupération d'esclaves enfuit.

L'elfe arrache la feuille du tableau et l'écrase dans sa main, jusqu'à ce qu'il n'en reste qu'une boule de papier, la plus compacte possible.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeLun 18 Nov 2019 - 23:52

Tranquille.

Le jeune homme regardait sa chope avec curiosité. Il la soupesait, l'air songeur, comme s'il hésitait à confronter ses lèvres à son contenu.

C'était étrange.

Depuis quelques jours, de drôles d'épisodes lui arrivait. Comme s'il... sortait de son corps. D'un seul coup, le monde devenait lent. Plus vif. Plus bruyant. Les odeurs plus fortes. Il sentait sa respiration, son coeur battre, chacun de ses muscles bouger. Pendant de brefs moments, son esprit devenait incroyablement vaste. Il sentait la connaissance -mais de quoi- à portée de main.

Comme si, pendant un bref instant, le rideau cachant une partie invisible de l'existence se retirait.

Ces moments, aussi brefs qu'exaltants, lui arrivaient de plus en plus souvent. Auparavant, une fois par semaine. Désormais, c'était presque une fois par jour. Comme si son corps, son âme essayaient de lui montrer quelque chose qu'il ne voyait pas.

Le jeune homme continue de contempler son reflet trouble dans la bière de sa choppe, comme insensible au monde autour de lui. Ses yeux gris aussi pâles qu'un ciel marin se perdent dans le liquide.

La première fois qu'il avait eu cette... comment disait-on déjà ?

Epiphanie.

Il sourit. Ses leçons au monastère avaient portées leurs fruits. Il se souvenait encore de ce mot. Epiphanie. Il sonnait bien. E-pi-pha-nie.

La première fois, c'était en pleine torture. Une nouvelle douleur. La peau qu'on retire de son corps, les muscles à vifs. L'aiguile s’enfonçant dans ses abdominaux, fine au point d'être invisible, avec une précision suffisante pour qu'aucun organe ne soit touché.

Une douleur, horrible, permanente, partout, tout le temps. Presque délicieuse. Le passé, le futur, envolés. Le présent, abandonné. Et soudainement, au milieu des cris, les siens, le vide.

Plus rien.

Dans ce néant seul subsistait une force qu'il sentait infinie.

L'oeil grand ouvert, il avait vu des milliers de petites formes de vie nager dans l'air. Ramper sur lui, goûtant à son sang et sa sueur. La mort était proche. Immédiate. Il allait périr. Il mourut. Un bref instant qui sembla être une éternité. Et puis, alors qu'il revenait à la vie, un goût doux-amer lui emplissait la bouche. Celui de sa peur. Il décida alors, tout simplement, comme si c'était une évidence qu'il n'allait plus jamais mourir. Ou du moins, pas tout de suite.

Pas encore.

De cette énième séance de torture où il avait frôlé la mort de près, il était ressorti les cheveux gris. Et sans aucune peur dans le regard.

Ils ne revinrent jamais le torturer.

Disperser les cendres de sa famille lui avait permis de tirer un trait sur son passé et de l'accepter, avec toutes les joies et les peines qu'il avait pu y vivre. De pardonner à son père, et à lui-même. D'enfin, regarder de l'avant, et vers l'avenir. Mettre un pied dans la mort lui avait permis de regarder vers ce futur sans peur, ni tourment. Peu importe ce qui lui réservait la vie.

Ces moments de clarté soudaine revenaient régulièrement le saisir.

Il se sentait conscient de tout. Il sentait tout. Voyait tout.

Y compris les regards pointés sur lui.

Les yeux rêveurs devinrent soudainement acérés, et se fixèrent dans ceux de l'elfe. C'est la première fois qu'il posait son regard sur elle. Quatre yeux gris plongèrent l'un dans l'autre.

Il leva sa chope, et en but tout le contenu, continuant de fixer l'elfe sans aucune peur. Reposant lentement la choppe sur le comptoir, il tendit son bras vers elle, et d'un geste des doigts, lui fit signe de s'approcher, comme il l'avait fait dans l'arène. Sans la quitter du regard, il prit la parole.

- Tavernier ?

- Ouais Grayle ?

- Deux autres choppes s'il te plaît.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 23 Nov 2019 - 21:35



La grande elfe se mis à marche en direction de la tablé. Une démarche naturelle et élégante contrastait sa silhouette sombre et menaçante. Elle se déplaçait sans montrer aucun signe de stress ou d'incertitude. Si elle venait de se faire reconnaître, il valait mieux mille fois que ce soit par ce jeune homme que par n'importe qui d'autre.

Retirant sa capuche, exposant ses longs cheveux noirs davantage, l'elfe se tenait debout, juste à côté de la table.

- Grayle... dit-elle d'une voix claire.

Après une très courte réflexion, elle pencha légèrement la tête sur le côté et repris, avec un volume de voix beaucoup plus ténu cette fois, aisément couvert par le bruit ambiant de la taverne qui empêcherait ses prochains mots de porter plus loin que l'oreille de l'homme assis devant elle.

-... Esclave Grayle...

Sa main vient se poser sur le dossier en osier de la chaise situé sur sa droite, et tire celle-ce sur une trentaine de centimètre en arrière afin de s'y asseoir. Poussant les fourreaux de ses lames afin de prendre ses aises, elle pris soin de les garder couvertes le plus possible. Puis balaya rapidement du regard la salle avant de continuer.

- Ex-esclave Grayle...

Ses yeux revinrent dans le gris nuage des siens, une esquisse de sourire se dessinait sur son visage. Un rictus sincère derrière lequel ne semblait pas se cacher quelconque mauvaise intention. Elle s'affale un peu, appuyant son dos sur sa chaise, étendant ses jambes devant, croisées au niveau des chevilles.

- On profite de s'accorder quelques libertés à ce que je vois...

Il y avait un sensible fond de moquerie dans son intonation.

-...Hmph... ce n'est pas comme si j'allait t'en blâmer, on y prend goût assez vite, il faut bien le reconnaître.

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMer 27 Nov 2019 - 20:31

Une des jambes de Grayle, sous la table, s'était légèrement tendue et levée. Dès qu'elle avait prononcé le mot esclave, le risque que ce soit une autre chasseuse de prime était apparu dans son esprit. L'homme libre s'était préparé à frapper.

Alors qu'elle s'installait et prenait ses aises, il la déchiffrait du regard. Elle le connaissait, mais lui ne la reconnaissait pas. Il avait croisé beaucoup de gens au Puy, en 6 ans, et se souvenir de chacun d'eux était autant difficile qu'inutile à ses yeux.

Que ces foutus elfes ne vieillissent pas n'aidaient en rien. Des dizaines de visages apparurent devant ses yeux, alors qu'il essayait de faire correspondre la brune à chacun d'entre eux.

Bah. Etait-ce vraiment important ? Pour ce qu'il savait, cette femme lui faisait simplement la conversation, alors autant rester civilisé. Il se colla un peu contre son dossier et leva les bras au ciel, se détendant comme un chat.

- N'est-ce-pas ? C'est une nouveauté pour moi. Un toit au dessus de la tête, un emploi honnête et bien payé, de l'alcool et une femme. Que demander de mieux ? demanda t-il en souriant. Il n'était pas que plus grand et épais que lorsqu'il était au Puy, mais aussi bien plus assuré dans ses mouvements, le visage apaisé.

On leur apporta les choppes sur un plateau. Il se saisit d'une et d'un ample geste du bras, la fit glisser vers la femme, avec suffisamment de précision pour qu'elle s'arrête juste au bord de la table.

- La bière est bonne en plus. dit-il en se saisissant de sa choppe, l'examinant machinalement comme il le faisait avant que la brune n'arrive. Pas aussi bonne que chez moi, évidemment. Ca fait longtemps que je n'ai plus brassé de bière, ça me manque un peu.

Il leva sa choppe vers la femme.

- Alors, après avoir trinqué à la liberté, dites-moi ce qui vous amène, madame.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeJeu 28 Nov 2019 - 23:11



Il était tendu, malgré son attitude des plus décomplexée, l'elfe pouvait le sentir.

Une tension qui toutefois n'était pas synonyme de peur. Non. C'était une tension plus matérielle, physique, il s'apprêtait. L'homme à la faux peu assuré qu'elle avait affronté jadis semblait avoir beaucoup mûri. S'imaginait-il que l'elfe avait pour ambition de le ramener ? Une pensée qui lui paru forte amusante compte tenu de sa situation.

À l'aise sur sa position, elle écoutait avec une curiosité non dissimulée les morceaux de vie que l'homme révélait l'un après l'autre, avant de voir une choppe glisser sur la table et s'arrêter devant elle. Celle-ci prise en main et levée brièvement pour marquer le coup, elle s'essaya au liquide si populaire auprès des humains. Un goût amère lui empli la bouche, une sensation âpre immédiate qui laisse rapidement place à une saveur plus fruitée... cette boisson paraissait étrange aux papilles de l'elfe. Elle en pris une gorgé modeste avant de reposer doucement la choppe.

-...est-ce que tu comptes y retourner ?... chez toi je veux dire.

L'elfe semblait avoir éluder la demande de Grayle dans un premier temps. Elle semblait bien pensive tout à coup, elle avait besoin d'exprimer certaines choses, de se libérer la conscience.

-...je ne suis que de passage... elle regarde Grayle d'un air faussement amusé, la voix partant sensiblement dans l'aiguë. ...Enfin, je crois.... à vrai dire je n'ai pas la moindre idée d'où je vais. Il n'y a plus personne pour me dire ni où aller, ni quoi faire... Je ne vais pas m'en plaindre, c'est certain, mais j'ai bien peur d'en avoir oublié de vivre normalement.

Regardant tour à tour les clients de la taverne, par un balayage simple et rapide des yeux, l'elfe s'interrogea. Était-il prudent de s'ouvrir si vite à quelqu'un qu'elle connaissait que peu. C'est vrai qu'il avait plus ou moins traversé un destin similaire après tout, et elle, elle s'était rendue compte en ces quelques jours qu'elle n'était qu'un bébé dans cette nouvelle vie, pleine d'opportunités, mais aussi de dangers qu'elle ne connaissait pas encore.

L'humain semblait s'être bâti un petit quelque chose de solide, l'expression de l'envie se dessinait sur la rouquine aux cheveux de jais. Une envie, pas une jalousie. En réalité l'elfe avait l'air plutôt heureuse d'apprendre que la vie pouvait malgré tout sourire aux anciens esclaves qu'ils étaient.

De sa main, elle souleva quelques mèches de ses cheveux qu'elle laissa retomber sur son épaule, la mine grave et mélancolique.

"Libre... l'étais-je vraiment...? Alors que l'idée de montrer mon vrai visage me fasse peur aujourd'hui encore... Un masque, une fois de plus... je n'étais que la prisonnière d'un nouveau rôle, un personnage sans nom qui n'était plus l'esclave de quiconque...

...si ce n'était de lui-même."

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 7 Déc 2019 - 0:23

Elle réfléchissait.

Alors, il la laissa réfléchir. Silencieux, le jeune homme suivait le regard de l'elfe, dont les yeux observaient tour à tour les clients de la taverne. Il savait ce qui passait dans l'esprit de cette créature. Les même soucis qu'il avait eu, il y a une semaine, il y a un an, il y a une éternité.

Un sourire mince, aimable avant de virer carnassier, vint déformer son visage.

- Alors n'allez nulle part.

Son sourire s'agrandit encore devant l'expression de la femme.

- Ne faites rien.

Il repris un peu de sa bière.

- Vous avez le temps. Plus que ce que vous pensez. Plus que moi en tout cas. dit-il en souriant, conscient de sa mortalité. Ca change quoi de trouver un sens à votre vie à 301 ans au lieu de 300 ans ?

Une autre gorgée, encore. Il inspira, satisfait de la boisson.

- Quand on est esclave, on vis au jour le jour. Quand on est libre, on a l'occasion d'en profiter pareil. Alors arrêtez de vous inquiéter. Posez vous sur l'herbe, sur la plage, sur votre lit. Détendez-vous un peu. Profitez du présent.

Il lui fit un clin d’œil à la fois complice et charmeur.

- A ne penser qu'à demain, vous ne ferez que survoler aujourd'hui lanca t-il, s'essayant à la poésie. Modeste commençait à influer sur lui.

Et c'était bien. Il humma un air, comme il le faisait depuis un certain temps maintenant, avec douceur, sa voix chaude audible seulement de la jeune femme.

- Il n’y a point de repos, pour l’éternel insatisfait, ceux qu'en veulent toujours trop, n'récoltent souvent que des regrets...

Il sourit un peu. Se remémorra la salope de Crysto. Viconia. Shyn. Elles avaient tout. Beauté, puissance, sagesse. Et au final, toutes à vouloir le pouvoir, la réputation et l'importance... elles ne récoltaient que stress, déchéance, mort, inquiétude et trahison.

*Quelle bande de connes...*

Elles auraient été bien plus heureuses à se contenter de faire pousser un potager au milieu de nulle part.
Il reprit un peu son sérieux.

- Il y a six ans, je fauchais les blés auprès de ma famille en Péninsule. Comment aurais-je pu prévoir que je finirais au Puy après avoir traversé le désert ? Il y a 1 ans, on m'écorchait vivant. Comment aurais-je pu prévoir que je me retrouverais ici à prendre une bière ? Au final, s'inquiéter sur l'avenir... quel interêt lorsqu'il est imprévisible ?

Il poussa un petit rire.

- Mais je m'écoute parler... pardon. Non, je ne retournerais pas chez moi. J'aurais aimé, mais ce n'est plus possible. Même dans les moments difficiles, c'est le plus bel endroit sur terre. Mais ma place, celle de ma famille, n'est plus là bas. Toutes les bonnes histoires ont une fin. Je compte en commencer une autre ici. D'un hochement de tête, il désigna du regard les lames de la jeune femme. Elles lui rappelaient quelque chose...

- Si vous comptez tracer votre avenir avec ce genre de choses, tout ce que vous gagnerez, c'est une mort de merde, seule, dans un endroit que vous n'aimez pas. Si vous accordez une quelconque valeur à l'avis d'un moins que rien contre moi... trouvez une manière d'aider les autres. Que ce soit en portant des caisses, en pêchant du poisson, en gardant des enfants, ou je ne sais quoi d'autre.

Il plissa les yeux. Il redéposa sa choppe, vide, sur la table.

- Que comptiez-vous faire de votre vie avant d'entrer ici, Scie-rine-cay ?
dit-il en massacrant la prononciation du nom dont il venait de se remémorer.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 7 Déc 2019 - 20:28



Plusieurs fois, l'elfe soufflait de l'air par le nez tout en esquissant des sourires amusés alors que les phrases de Grayle se succédaient. A peine était-elle en train de réfléchir sur les derniers mots de ce dernier qu'une nouvelle phrase venait supplanter ou étayer la précédente.

Rester ici, ne rien faire... Thaar était bien trop cosmopolite et dangereuse pour une elfe marquée au fer rouge. Rester trop longtemps se révélerait bien vite comme étant bien imprudent, pas en restant seule du moins... mais à qui pouvait-elle avoir confiance dans un pays où l'argent et le profit achètent même la loyauté ? Elle savait qu'elle ne pourrait jamais profiter totalement de sa liberté tant qu'elle serait ici, entourée. Le tissu fin et large qui était enroulé sur son avant-bras était là pour le lui rappeler. Drapant de noir son membre du coude jusqu'au poignet, l'elfe le gardait en permanence, et prenait bien garde à ce qu'il tienne.

- Pour être franche... je m'étais résignée à vivre mon entière et longue vie en Elda... ce n'est pas comme si j'avais beaucoup d'espérance pour les lendemains... juste... faire en sorte qu'il y ait un lendemains, et que celui-ci ne soit pas trop pourri.

Jouer le jeu, jouer leur jeu, faire en sorte d'être suffisamment appréciée et serrer très fort les fesses pour que ça se passe bien. L'esclave qui jadis répondait au nom de Cirincë y avait plutôt bien réussi, perdue pour perdue, il valait mieux se faire détester des autres esclaves, impuissants, que des maîtres qui faisaient le jour et la nuit.

Continuant son écoute du discours de Grayle, l'elfe dû néanmoins contenir de rire. Six ans, elle avait bien entendu, six ans de captivité. Cela lui paraissait d'une telle trivialité. En empêcha sa bouche de s'ouvrir afin d'étouffer son rire nerveux, par respect de son interlocuteur.

Mais son expression joviale redevint sérieuse d'un coup. Le oreilles redressées et les sourcils froncés. Visiblement, elle venait d'entendre quelque chose qui la dérangeait fortement.

- Ne prononce. Plus. Jamais. Ce nom.

Personne ne semblait les écouter, ou en tout cas son regard chercheur ne vit aucune tête se tourner vers eux à ce moment là, donc la situation n'était pas si grave que ça.

- En plus tu le prononces atrocement mal. reprit-elle en gloussant, détendant l'atmosphère.

- Je me sentirais bien nue sans mes lames... et puis, j'ai encore quelques têtes à décoller de leurs épaules. Elle se saisie de sa choppe et termine d'un coup sec le fond de bière qu'il y reste. Il serait dommage de gâcher le seul talent que j'ai...

... je ne me rappelle pas de ma vie avant... Je sais juste que... je ne suis pas née au Puy, mais le plus vieux souvenir qu'il me reste c'est... enfin j'y étais déjà...

Ce jour... Il ne se passe pas une seule ennéade sans qu'il ne revienne hanter mes nuits.


Ce jour... la première fois que l'elfe pris une vie... un elfe dont elle ne se souvient ni du nom ni du visage, seulement de son cri alors qu'un bout de métal acéré plongeait dans son buste sur toute sa longueur, non sans couvrir de sang ses mains tremblantes aux doigts rachitiques de l'époque. Après s'être infligé une fois de plus cette vision, elle repris.

- Je ne tiens pas à ce que ce cauchemar reste beaucoup plus longtemps mon point de départ. Je veux pouvoir mettre un nom à celle que je vois dans un miroir... connaître son véritable nom, même s'il ne définie pas qui je suis maintenant... Je voudrais... que tout ceci ait un sens...

Elle se plongea un moment dans le silence à nouveau, puis repris bien vite avec une mine navrée, mais en même temps souriante.

- Tu dois vraiment te dire que je suis stupide.

Elle rit brièvement.

- Voilà qu'enfin je retrouve la liberté après un siècle de tortures, de viols et de combats, et au lieu de me tourner vers l'avenir, je pars à la recherche du passée. Elle hausse les épaules et soupire.

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMar 17 Déc 2019 - 23:16

- Je me sentirais bien nue sans mes lames... et puis, j'ai encore quelques têtes à décoller de leurs épaules. Il serait dommage de gâcher le seul talent que j'ai...

Grayle se retint de faire un commentaire, l'air grave. Tuer des gens n'était pas un talent qui valait la peine de s'en vanter. On ne pouvait rien construire avec ca. Détruire des vies, détruire des corps. Mais rien construire.
Les fondations du monde reposaient sur ceux travaillant la terre et la nature. Pêcheurs. Paysans. Bergers. Bâtisseurs. Artisans. Ca, c'étaient des métiers nobles. Qui avaient un but. Une vocation. Qui rendaient le monde meilleur.

Les hommes et femmes d'armes... ne servent qu'à protéger contre leurs congénères.

Enlevez n'importe quelle profession, et le monde perdra quelque chose.
Enlevez tous les guerriers, soldats, tueurs... et le monde ira mieux.

Pourquoi se vantait-elle de "talent" ? Lui aussi savait tuer. Pas aussi bien qu'elle. Et heureusement. Il n'en était pas fier.

C'est pour ca qu'il était en train de...

- Je ne tiens pas à ce que ce cauchemar reste beaucoup plus longtemps mon point de départ. Je veux pouvoir mettre un nom à celle que je vois dans un miroir... connaître son véritable nom, même s'il ne définie pas qui je suis maintenant... Je voudrais... que tout ceci ait un sens...

Il sortit de sa rêverie. Ses yeux gris détaillaient l'elfe avec une sorte de fascination.

- Tu dois vraiment te dire que je suis stupide.

Pas de réponse. Il n'aimait pas son rire. Il était triste, et Grayle n'aimait pas les gens tristes.

- Voilà qu'enfin je retrouve la liberté après un siècle de tortures, de viols et de combats, et au lieu de me tourner vers l'avenir, je pars à la recherche du passée.

- Tu n'es pas stupide.

Pour la première fois, il la tutoyait. Il pencha légèrement la tête sur le côté, sourire aux lèvres. Comme ces chiens de campagne qu'il avait côtoyé au point d'en adopter les mimiques.

- On ne peut pas construire un futur si l'on regarde toujours derrière soi. Un des meilleurs moyen de ne plus à avoir le faire, c'est de régler ses problèmes. Il fronça ses sourcils, comme pour la gronder. Sans en créer de nouveaux en réglant les anciens. Le sourire revint.

- Le meilleur, c'est de faire la paix avec son passé et d'aller de l'avant. Ce qui est fait, est fait. Tant pis pour les pots cassés. Au diable la vengeance et les représailles. Ce n'est pas facile, je le sais. Ca prendra du temps. Mais tu en a du temps. Alors prend le temps nécessaire. Mais n'oublie pas de vivre aujourd'hui.

Il leva la main pour héler une serveuse.

- Le passé est un lieu de référence. Pas de résidence. C'est mon père qui me le disait. Il faut laisser les choses avant qu'elles nous laissent.

Il savait de quoi il parlait. C'est pour ça qu'il s'était retrouvé au Puy...

La serveuse arriva, et Grayle sortit avec fluidité quelques pièces, qu'il lui donna. Il fit signa à Ciri de le suivre.

- Allons dehors.

Il y avait quelque chose de rassurant dans sa voix mielleuse. Elle ne sonnait pas comme un ordre. Une évidence plutôt.

Alors, ils sortirent, après que Grayle ait salué quelques habitués et échangé quelques mots en olivan avec l'un d'eux, qui rigola et lui fit une grande tape dans le dos.

Le corps de Grayle ne vacilla pas ne serait-ce que d'un millimètre.

La fraîcheur relative de la nuit faisait du bien. Il continuait de sourire.

- Tu me suis ? C'est bien de se dégourdir les jambes.

Debout, il était plus facile d'apprécier le physique de Grayle. Il était plus petit que l'elfe, mais bien plus épais. Son visage jeune contrastait avec ses cheveux d'homme mûr et avec un corps solide et puissant. Sans arme, ni armure, vêtu comme le plus simple des citoyens, il dégageait une sérénité et une assurance palpable. Il regardait le ciel étoilé pour réfléchir. Son oeil gris détallait l'elfe, dont il pouvait percevoir le tourbillon de pensées et de tourments.

- Hey. dit-il après une minute de silence confortable, où l'elfe le suivait au milieu des ruelles. Tu pensera à tout ca demain. Regarde autour de toi dit-il en faisant un geste de l'index.

Le ciel étoilé, constellé de points brillants et des deux lunes, dont les rayons baignaient la ville et eux-deux. Les cheveux gris de Grayle semblaient argentés, alors que ses cheveux brillaient dans la nuit.

Le vent frais sur leur visage. Le brouhara calme et discret, en arrière-fond, des autres ruelles. Les murs, décorés de peintures vives dont on pouvait quand même deviner les couleurs.

Le reflux de la mer en contrebas.

- Le monde n'est pas si mal, tu sais ? Il y a quelques connards avec qui le partager mais... il y a de la place pour tout le monde.

Il se gratta la tête d'un air embêté.

- Alala, qu'est ce que je vais faire de toi...

Il s'approcha d'elle.

Lentement.

Doucement même...

Le temps semblait suspendu...

Il était hypnotisant.

Allait t-il l'embr...

Le temps semblait suspendu.

avant de reprendre son cours lorsqu’un HAHA ! triomphal se mit à retentir alors qu'avec la vitesse d'un serpent, les bras puissants de Grayle venaient d'entourer le corps fin de l'elfe.

Elle se retrouva dans ses bras et contre lui, prise dans un puissant câlin fraternel, plein d'affection réelle, sans aucune agressivité, ni pression. Tout l'amour désintéressé du jeune homme, qui avait enlacé ainsi ses frères et soeurs d'innombrables fois, pour les consoler, les rassurer, les amuser, chasser leurs peurs et leurs doutes. Parfois, il ne suffisait que de ca.

- Compte sur moi. chuchota t-il.

Pour quoi ? Elle seule pouvait le savoir.

Il la soulevait au dessus du sol dans un rire puissant et ravageur, avant de la redéposer au sol, après une durée indéfinie, un grand sourire aux lèvres qui aurait attendri les pires misanthropes.

Parfois, il fallait forcer un peu les choses.

Mais Grayle savait reconnaître quand quelqu'un a besoin d'un câlin.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeLun 23 Déc 2019 - 0:45



Définitivement, le garçon avait mûrit.

Les humains grandissent si vite, ils semblaient pouvoir s'adapter à tout en si peu de temps. L'inconnu d'hier deviendrait un acquis de demain. Aussi surprenant cela puisse-t-il paraître, l'elfe les enviait parfois. Cette faculté de se relever à peine eut-ils trébuché, était-ce l'éphémérité de leur vie qui leur donnait cette force, ce dynamisme si surprenant ? À quoi bon traverser les siècles si c'était pour restée prisonnière du passé ?

L'Anaëh.

En écoutant avec intérêt les paroles de Grayle, quelque chose s'était éclaircit dans son esprit. Les ombres du Puy étaient derrières elle, et elle ferait mieux de les y laisser. Ce que l'elfe devait faire lui paru évident tout à coup. Une destination, un objectif, l'Anaëh. Un lieu où elle obtiendrait les réponses qu'elle cherche sur son passé, mais pas seulement. C'est aussi pour son futur qu'elle se rendrait dans sa forêt natale.

Acceptant l'invitation à sortir d'un aimable signe de tête, l'elfe se remis sur pieds et accompagna le jeune homme dehors, sans trop prêter attention à ses camarades de boisson qui lui adressait quelques mots dans une langue qu'elle ne maîtrisait que trop peu.

Le ciel nocturne était magnifique.

- La dernière fois que j'ai regardé les étoiles, j'étais aux côtés de Viconia... Je n'aurais jamais imaginé pouvoir observer le ciel nocturne de si tôt.

Le vent lui soufflait les cheveux sur le côté, rabattant parfois quelques mèche sur son visage qu'elle déplaçait ensuite derrière son oreille dans un soupir.

Découvrir le monde, pouvoir plonger son regard dans les étoiles quand elle le souhaite, l'elfe ne demandait que ça, seulement, il n'était plus vraiment question de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit. Ils ont voulu faire d'elle une machine à tuer... qu'il en soit ainsi, elle ne laisserai plus rien ni personne l'entraver désormais.

Il y avait de la place pour tout le monde... et la place de ceux qui se dresseront encore sur son chemin sera au cimetière. Un afflux d'émotion négatives lui enserra la poitrine, comme un serpent enroulé sur son corps, le comprimant un peu plus à chaque expiration, sifflant d'horribles choses de sa langue fourchue. Elle n'a jamais choisit d'être comme ça, mais c'était à elle de choisir maintenant ce qu'elle en ferait. Lassée de se battre pour une vaine gloire ou pour le plaisir d'un maître, l'argent non plus ne ferait pas son bonheur. Lassée et pourtant, un grondement en elle n'en appelait qu'à ça, le combat, la fureur, le sang, comme s'il étaient une partie intégrante d'elle et que sans eux, elle se sentait effacée.

Ses yeux avaient quittées les hauteurs célestes pour s'abaisser au niveau de la mer. Le conflit dans ses pensées. Le temps semblait suspendu...

Grayle s'approchait, et les iris de celui-ci se rivaient dans les siennes, qui le lui rendait. Et soudain... une étreinte. L'elfe ouvrit grand les yeux de surprise.

Dans l'immédiat, elle s'en voulait terriblement quand elle constata qu'une de ses mains s'étaient par réflexe saisit d'une de ses lames noires. Les doigts crispés sur le pommeau, elle dû réunir ses efforts pour enfin les faire lâcher prise. Puis elle s'essayait à reproduire l'enlacement de ses propres bras, avec une hésitation manifeste. Qu'avait-elle fait pour mériter un tel geste d'affection ? Elle se le demandait bien mais là, maintenant, elle se sentait apaisée. C'était comme une façon de lui dire que son cauchemar avait pris fin.

Un souffle court par le nez, deux yeux qui se ferment quelques secondes, et une étrange sensation sur le visage. Une petite perle d'eau, juste une, venait de quitter le bord de sa paupière pour dévaler toute la longueur de sa joue droite pour se stopper à la commissure de ses lèvres. Un mot, à peine audible.

- Merci...

Impossible de dire combien de temps sont-ils resté comme ça... Puis au bout d'un moment, ils se séparent. Confuse, mais pas la même confusion que tout à l'heure. Confuse car l'elfe ne savait plus où se mettre ni quoi faire, mais une expression heureuse s'était invitée sans qu'elle y prenne garde.

Elle resta un moment silencieuse à regarder Grayle avant de chercher à brutalement changer de sujet. Avec toute la maladresse du monde.

- Hem... Bon... heum... t'aurais pas de la place chez toi ? Un tapis de sol, un truc, peu importe... ?

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMar 24 Déc 2019 - 14:39

Tenir quelqu'un dans ses bras... il n'y avait pas à dire, peu importe le contexte ou la personne, c'était sans doute une des sensations les plus délicieuses au monde. Et voir l'elfe, si grande, si puissante, si sûre d'elle, aussi embarrassée qu'une jeune fille, valait le détour.

La question de la jeune femme (enfin... jeune d'apparence) le surprit. Dormait-elle dehors ? Ou écumait-elle les auberges ? Est-ce que cette étreinte lui avait donné des idées ? Tant de questions qu'il ne posa pas. Elle était gênée, et Grayle, bien que joueur, n'était pas du genre à titiller quelqu'un là dessus. Surtout quand ce quelqu'un est armé. Les poings sur les hanches, il la regarda fièrement.

- Pour les amis, il y a toujours de la place chez moi !

Ses amis étant tout le monde par défaut, tant qu'ils n'essaient pas de le tuer. Il réfléchit un instant. Cirincë était une ancienne esclave, une guerrière, une assassine. Elle l'avait reconnu. Plusieurs chasseurs de primes étaient déjà venus le voir...

... et si tout ceci était un cinéma pour se rapprocher de lui, endormir sa méfiance, et le tuer.

Surtout qu'elle avait mentionné Viconia.Il avait été l'esclave de Viconia. Un esclave personnel. Mais il n'avait jamais croisé Ciri. Peut-être que l'elfe avait été son esclave avait qu'il ne rejoigne le service de la triumvir ?

Quoi qu'il en soit, il aurait des questions à lui poser sur ce sujet. Mais pas ce soir. Ceci dit...

Il réfléchit et resta silencieux un instant, soucieux. Si elle le tuait...

... il se rendit compte qu'au final, ce n'était pas si grave. Il ne voulait pas mourir. Il refusait de mourir. Mais cette éventualité ne le terrifiait pas tant que ça. Grayle n'avait plus peur de la mort. Il avait déjà été tué.

Et puis... il la regarda mystérieusement et se mit à sourire.

Si elle essayait, elle ne serait pas au bout de ses surprises.

- Pardon, je réfléchissais vis à vis de Miriel. Allez, suis-moi !

Il se rendit compte qu'il ne lui avait pas parlé d'elle.

- Miriel est ma comp... mon amoureuse
. Le mot avait un aspect naïf, mais Grayle le disait d'un air très sérieux. Il était amoureux d'elle. C'était donc son amoureuse. Ils n'étaient pas mariés, ce n'était donc pas sa femme. Elle était esclave au Puy, comme toi et moi, mais s'est échappée avant moi. Nous nous sommes rencontrés là bas, et retrouvés à Thaar grâce au destin !

Il l'emmenait à sa suite dans les rues. Quelques badauds lançaient des regards intéressés à la femme, mais sans oser de commentaires.

- Elle est un peu comme toi. Elle a encore du mal à se détacher de ses armes, et officie comme mercenaire. J'essaie de la convaincre de faire quelque chose de moins dangereux mais... elle est difficile à convaincre.

Et leurs arguments et disputes finissaient toujours sur le lit. Et au final, il finissait toujours convaincu.

- Vous devriez vous entendre. Vous avez un peu le même parcours
. dit-il d'un ton léger. Elle est en mission. Je ne sais pas quand elle reviendra. Ni même si elle reviendra... reprit-il d'un ton cette fois plus triste.

Les hommes et femmes de guerres ne se rendent jamais compte du mal qu'ils font à ceux qu'ils aiment.

- Ni dans quel état elle reviendra.

Ils arrivèrent devant chez Grayle. C'était une petite maison, pas très loin de la mer, sur le côte extérieure de Thaar. Il ouvrit la porte. La maison n'était guère grande, mais suffisante pour deux personnes. On arrivait dans la pièce principale, avec un établi sur le côté, près de la fenêtre donnant sur la mère, un grand lit contre le mur en face de la porte, et une table au centre. Une seule pièce. Un peu spartiate, mais on était pas trop à l'étroit. En face de l'entrée, une porte sur le côté donnait sur une autre pièce, hors de vue de Ciri, qui était la "salle de bain".

- Bienvenue dans mon palais ! dit-il en rigolant. La maison était propre. Par terre se trouvaient des coussins oranges et bleus, aux couleurs vives. Une fenêtre sur le toit de la maison faisait baigner la lumière des lunes en plein milieu de la pièce. Tout était soigneusement rangé.

Accroché à un mur, se trouvait une peinture. Un champs de blé sous un ciel bleu. La première oeuvre d'art de Grayle. Ce n'était pas magnifique. Mais il en était fier. Ca ajoutait un peu de couleur.

Il ferma la porte à clé, avant de refaire disparaître la clé dans son pantalon.

- Je n'ai qu'un lit, mais je ne vais pas te faire dormir par terre. Du coup, le lit est pour toi ! Je dormirais sur le sol. Il vit le regard qu'il lui lançait. Chut chut chut ! Ca me va ! J'ai dormi par terre et même dehors des années, je peux bien le faire au moins une nuit ! Ca ne va pas me tuer.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeVen 27 Déc 2019 - 1:00



Il avait accepter avec enthousiasme... mais semblait beaucoup réfléchir ensuite.

- Tu... Je voudrais pas te mettre dans l'embarras, tu sais, je peux bien passer une nuit de plus dans une auberge s'il faut.

Miriel... Non, ce nom ne lui disait rien. Ainsi Grayle s'essayait à reconvertir les mercenaires, les détourner de leurs belliqueuses missions. Malheureusement, il était difficile de convaincre quelqu'un qui devait sa survie à des armes de les déposer aussi simplement et de s'en séparer.

Il était inquiète pour elle, ça crevait les yeux. Aussi l'elfe s'essaya un quelques mots pour le rassurer.

- Se battre, c'est avant tout éviter de se faire blesser. Il n'y a pas d'intérêt à se lancer dans des batailles romancées où on essaie de tuer tout le monde et tant pis si on y reste. Si, comme tu dis, Miriel a un parcours similaire au mien, elle le sait aussi. D'autant qu'elle a beaucoup à perdre.

L'elfe jette un regard semi-souriant vers Grayle.

- Seul les fous se battent pour la mort, les braves se battent pour la vie.

Sur ces paroles, le duo termine son cheminement à travers les rues de Thaar. Une bâtisse quelque peu excentrée s'érigeait non loin de la mer. Une fois la porte ouverte, ils pénètrent dans la maisonnette. Le palais était des plus modeste mais possédait toutefois un charme qui lui était propre. Pas si différent des chambres d'auberges bon marché, et toujours beaucoup mieux que n'importe quelle couche du Puy qu'elle ait pu connaître...mais de là à lui dérober le lit...

-...Non Grayle je peux pa-...

Toute forme de protestation fut immédiatement interrompu. Grayle semblait décider à lui céder le lit de bon cœur malgré tout.

-..Tu es sûr de toi ? J'espère que tu as au moins une paillasse ou quelque chose.

Elle soupirait, visiblement gênée. Puis elle se perdit dans quelques pensées. Être chez soit, avoir son foyer, allait-elle pouvoir connaître ce sentiment une fois arrivée au bout de son voyage ?

- Eh bien... Je vais prendre le risque de me répéter mais... Merci.

En toute sincérité, elle avait pris goût à dire merci. Un mot qui se fait rare au Puy, surtout quand on y est esclave. Excepté quelques pervers qui exigent un merci alors qu'ils punissent, l'elfe n'avait pas eu l'occasion d'en faire usage très souvent, encore moins avec sincérité... alors que pourtant, ça ne coûtait pas cher et ça faisait du bien, à tout le monde.

Peut-être baisserait-elle un peu sa garde pour une fois. L'endroit était relativement éloigné des grands lieux de passage. Puis, Grayle n'avait à ses yeux vraiment pas le profile à lui faire des coups bas. Cependant, les habitudes sont tenaces et en ce qui concerne la cohabitation avec des voisins de cellules potentiellement hostiles, elle n'en était pas à son coup d'essai... Au pire, une revanche ne l'effrayait pas.

Commençant à prendre quelques aises, l'elfe retirait la couche supérieure et ample de ses vêtements qui la drapaient de noir, révélant ainsi une nouvelle silhouette plus fine cette fois-ci. Porté sur des cuirs fins et serré, tous ne répondaient qu'aux couleurs de la nuit. Ses lames étaient elles aussi des plus visibles maintenant, les gardes cruelles et acérées dépassant de ses hanches plongeaient dans des fourreaux d'ébène légèrement ornés. Les ceintures croisées qui les tenaient se desserraient et bien assez vite, les deux épées se retrouvaient sur le lit, côte à côte. Son avant-bras droit portait une chaînette discrète, strictement attachée.

- Tu croix qu'on pourra se baigner dans la mer demain ?

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 28 Déc 2019 - 17:37

Grayle se mit à réfléchir, fronçant les sourcils. Son buste pivotait de gauche à droite, alors qu'il s'étirait.

- Je ne travaille pas demain, alors si le temps correspond, pourquoi pas ? Je ne suis pas un très bon nageur ceci dit. La mer est traîtresse
continuait-il de dire dans un drow proche de la perfection. Il sortit de la pièce, et y amena une paillasse épaisse mais guère large, suffisante pour une personne. Il la déposa au centre de la pièce, à deux mètres du lit.

- Je ne l'ai jamais utilisée. C'est la première fois que j'invite quelqu'un à dormir chez moi !
dit-il d'un air excité.

Rien que prononcer "chez moi" avait une excellente saveur. Il ne semblait pas plus préoccupé par le fait qu'une très belle elfe était plus ou moins en train de se déshabiller près de lui. Il faut dire qu'à l'exception de ses chaussures, le jeune homme -désormais pieds nus-, était toujours habillé.

Il leva les bras au ciel, et un doux craquement se fit entendre.

- Ouch ! Porter des trucs toute la journée n'est pas facile !

Il se pencha en avant, jusqu'à ce que ses doigts touchent le sol. Il continua, encore et encore, ses bras coulant autour de ses propres jambes, jusqu'à ce que sa tête cogne contre ses genoux.

Il continua ainsi, pendant une bonne quinzaine de minutes, s'étirant avec la régularité de celui faisant cet exercice quotidiennement. Malgré son gabarit plutôt épais, le jeune homme faisait preuve d'une souplesse époustouflante. Alors qu'il faisait un grand écart, s'allongeant contre une de ses jambes, puis l'autre, il continuait la conversation.

- Au passage, si tu ronfle, ne t'inquiète pas. Je dors comme une pierre. Mais j'ai tendance à me réveiller très tôt. Si tu a besoin que je te secoue à une heure particulière, n'hésite pas.

Une fois ses exercices fait, il sortit de la pièce, laissant l'elfe seule avec ses pensées. A côté, le bruit de l'eau laissait entendre que le jeune homme faisait ses ablutions. Il revint ensuite, toujours habillé. Etait-ce par habitude, ou souhaitait-il ne pas exposer un simple centimètre carré de son corps à la jeune femme ? Il s'allongea sur la paillasse avant de remettre la couverture sur lui.

- Oof... après tant de temps à regoûter à un vrai lit, je regrette presque d'avoir proposé d'être au sol... il entendit l'elfe commencer à répondre. Tatata ! Tu reste dans le lit, et profite-en ! Au pire, je le prendrais la prochaine fois.

Le lit en question, bien que propre, n'était pas sans odeurs. Ciri pouvait y sentir celle, puissante de Grayle, sur les draps, les oreillers, la couverture, et une autre, différente, plus ténue, plus agréable, mêlée à la première.

Il bailla lourdement, avant de remuer un peu. Il se rendit compte qu'il ne savait pas comme l'appeller. Elle n'aimait pas qu'il prononce son nom et le faisait mal, mais ne lui avait pas donné d'alternatives. Alors, il décida de passer par un diminutif.

- Allez, dors bien Ciri. Grosse journée dem...

Il s'endormit.

Un silence de plomb mais apaisant, simplement troublé par le bruit des vagues, envahit la pièce. Après quelques minutes, Grayle se mit à bouger, se ratatinant contre lui même, dormant en position foetale. Comme pour se protéger.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMar 31 Déc 2019 - 20:25


Les derniers jours avaient été difficiles, mais fort payants. Un autre marchand qui avait eu besoin de service pour un transport de marchandises. C’était rarement les tâches les plus palpitantes, mais au moins cela laissait l’opportunité à la demie-elfe de prendre l’air loin de Thaar. La route avait été longue, et le soleil commençait doucement sa levée dans le ciel. Enrobant ainsi Thaar d’une légère lueur orangée. C’était une vision idyllique, presque parfaite.


« Oh Miriel »


La mercenaire se retourna doucement, observant son voisin alors que la douce lueur matinale éclairait le ciel de Thaar. Son visage était inquiet, ses yeux tirés, Miriel s’approcha d’un pas inquiet vers son voisin, elle avait toujours apprécié ce vieillard et sa femme. Cela lui avait toujours semblé un couple idéal. Deux êtres qui s’aimaient d’un amour sincère et qui tentaient de finir tranquillement leurs vies ensemble. Peut-être était-ce son rêve de finir comme cela avec Grayle? Qui sait? «Que se passe-t-il », murmura-t-elle alors qu’elle fut tout près de lui au cas où un danger était dans les environs.


«Bah, c’est-à-dire… Grayle. eum »



La mercenaire eut un regard inquiet avant de plisser un œil, légèrement interrogatif.  «Disons qu’il a de la compagnie. Moi et ma femme on l’a vu entrer hier soir avec une rouquine… Je crois que vous devriez être au courant… Un brin de jeune fille comme vous ne devrait pas vous faire avoir comme ça… » Le visage de l’hybride se referma tandis que ses yeux se plissèrent. Que venait-il de dire? Le vieil homme hocha rapidement la tête «Surtout quand on sait que vous vous tuez au travail… » Le vieillard mit doucement sa main sur son épaule en la serrant doucement, tentant de se faire rassurant, mais devant l’air de la demie-drow il se doutait bien qu’il ne pouvait rien dire pour la rassurer. Il tourna rapidement les talons, retournant  dans sa maison en fermant derrière lui, sans jeter un quelconque regard à l’hybride derrière lui. Inconscient de la flamme qu’il venait d’allumer chez la demie-sombreelfe.  Miriel sentit sa respiration s’accélérer, pendant que ses poings se resserraient rapidement.  Son cœur s’était soudainement arrêté de battre, et elle avait un goût de cendres dans la bouche, comme si tout son bonheur venait soudainement de s’envoler.


Et cette colère sourde…


Le visage impassible la mercenaire tourna rapidement les talons, faisant face à la maison. À leur maison.  Elle resta là, impassible devant la maison. Se demandant si cela était vrai, si son avenir venait soudainement de se détruire… On lui avait souvent dit qu’être mercenaire était une mauvaise idée. Les voyages, les longues absentes n’aidaient en rien un couple. Surtout un couple aussi jeune qui apprenait encore à se connaître l’un et l’autre. Qui plus est, est-ce que la


La porte d’ouvrit avec un grand fracas, se retrouvant contre le mur en faisant trembler les assiettes sur une des étagères. L’hybride n’était pas stupide, elle s’était volontairement enlevée du cadre, si la femme à l’intérieur était le moindrement habile, elle aurait pu aisément lui lancer une dague à la gorge. Après une minuscule seconde – et aucune lame fichée contre le mur – la mercenaire prit son courage à deux mains et entra rapidement dans la maison. Le spectacle qui se déploya devant elle fut des plus décourageants. Grayle, dans un coin, les vêtements froissés et une rouquine avec peu de vêtements… un peu trop déshabiller dans son lit. Les prunelles grisâtres se portèrent sur les vêtements qui jonchaient le sol. Oh elle allait la tuer. Comment osait-elle? Ses prunelles cendrées se retournèrent sur la rouquine, ses poings bien serrés. Elle était mieux d’avoir une foutue bonne explication avant que sa gueule ne soit détruite par l’hybride. Sans jeter un regard à Grayle, ses mots résonnèrent dans la pièce; «C’est quoi ce bordel?  C’est qui elle? » Sa main se déplia soudainement, prête à réagir au besoin. Elle n’avait jamais juré devant l’humain, jamais exprimé une once de colère devant lui. Mais cette fois il avait été beaucoup trop loin…


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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeVen 3 Jan 2020 - 0:31



Le calme, le silence, l'obscurité, après avoir défait le noir artificiel qui couvrait ses cheveux, l'elfe resta un moment allongée sans dormir. Était-elle méfiante ou juste pensive ? LE temps s'écoulait doucement jusqu'à ce que le sommeil ne vienne la chercher à son tour, après celui de Grayle qui semblait avoir déjà partit depuis un moment. Il venait de l'appeler "Ciri" ? Elle lui avait pourtant dit de ne plus l'appeler comme ... ça ressemblait à un nom de personnage de roman fantaisiste mais ... vrai que ça ne sonnait pas si mal.

Sans même y prêter attention, l'elfe se retrouva à arpenter ses rêves devenus inhabituels. Tandis qu'elle se voyait marcher dans la brume, elle semblait se trouver au beau milieu d'une immense forêt. Des arbres sombres pendaient des chaînes, enroulées autours des branches et des troncs. Des murmures venaient de toutes les directions les uns après les autres. Un sol jonché d'ossements que la terre engloutissait peu à peu, puis l'elfe vit des brins d'herbe et quelques fleurs pousser, passant entre les côtes d'une cage thoracique qui traînait là. Enfin, le soleil, chassant la brume, et pas seulement. Ses rayons agréables libérait les arbres de leurs fer, qui tombaient avec fracas.

Un fracas qui la fit se réveiller en sursaut. La porte venait de subitement s'ouvrir dans un secousse. Se pouvait-il qu'ils aient été suivit par des chasseurs de prime ? Personne n'entra dans l'immédiat, ce qui permis à l'elfe de se lever en toute hâte et d'empoigner l'une des deux armes qui dormait à ses côtés. Une seule épée, plus pratique et plus rapide pour les endroit clos. Un léger frisson lui parcouru le bras et le dos alors qu'elle tirait la lame noire de son fourreau. Pour être franc, elle espérait vraiment de pas avoir à se battre de si bon matin, et encore moins ici. Une épéiste peu vêtue et décoiffée, mais loin d'être toute nue. Une gladiatrice avec une épée l'est d'autant plus.

Puis, rapidement, "l'intruse" pénétra dans la demeure, une jeune femme très pale de peau, aux cheveux blancs, un peu plus petite que l'elfe. Elle avait presque un air fantomatique. Un genre de fantôme très énervé qui plus est. La rouquine évalua pendant un moment la situation, ainsi que la nouvelle venue. De toute évidence, à en croire ses mots et ses gestes, elle était passablement énervée, et sur ses gardes. Pour une fois, et parce qu'elle le doit bien à Grayle, l'elfe allait tenter de résoudre l'affaire avec diplomatie... mais sans y faire attention, c'est en drow qu'elle se mit à parler.

- Tu dois être... Miriel ?

La sombre lame rentra dans son fourreau de nouveau, un acte qui se voulait assez flagrant comme pour signaler qu'elle n'avait pas l'intention d'attaquer. Sa main en revanche restait sur la poignée du sabre, comme pour signaler qu'elle se défendrait si le besoin venait à arriver.

- Grayle m'a hébergé pour une nuit... Et. C'est. Tout.

Elle se montrait peut-être un peu sèche dans ses mots, mais elle accordait l'importance de ceux-ci dans leur sens et dans leur clarté. Sans avoir répondu aux deux questions de la dame blanche, l'elfe estimait avoir fournit l'essentiel. Elle aurait souhaiter jeter un regard à Grayle mais pour le moment, quitter des yeux un assaillant potentiel était hors de question.

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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeDim 5 Jan 2020 - 22:08

Comme à son habitude, Grayle dormait comme une pierre. Un sommeil paisible et réparateur, où sa respiration régulière troublait à peine le calme ambiant.

Au moment où la porte fut ouverte, il se réveilla instantanément, bondissant presque de sa couche en poussant un " hein ?! ".

Il ouvrit les yeux, cherchant l'origine du vacarme, et vit Miriel débarquer dans la maison, telle une valkyrie de la vengeance. Il la regarda avec des étoiles dans les yeux. Enfin ! Elle était revenue ! Et en un seul morceau ! Il se leva d'un air joyeux.

- Miriel !

Avant de se rendre compte qu'elle était aussi furieuse qu'une louve.

«C’est quoi ce bordel?  C’est qui elle? »

Hum ?

Il regarda Miriel d'un air étonné, avant de regarder Cirincë d'un air paniqué lorsqu'elle saisit son arme.

- Tu dois être... Miriel ?

Hochement de tête frénétique de Grayle.

- Grayle m'a hébergé pour une nuit... Et. C'est. Tout.

La tension était telle que la lame de Cirincë aurait pu la trancher en deux. Grayle regarda Miriel avec stupeur, panique et interêt.

Etait-elle...

... jalouse ?

- Exactement ! dit-il pour confirmer les dires de Cirincë. Il s'approcha de Miriel et, avec une soudaineté, embrassa furtivement sa joue. Ses mains épaisses se posèrent sur les avants bras de Miriel, comme pour l'empêcher de frapper l'elfe -ou l'humain-, s'interposant entre les deux guerrières.

Pourquoi elle est entrée comme ça ? Est-ce qu'elle savait déjà que Cirincë était là ? Qui lui a dit ?

Autant de questions qu'il ne fallait pas poser maintenant.

Il entraîna Miriel à sa suite, montrant plus de force que la dernière fois qu'elle était partie, et il échangea leurs places, comme s'il commençait une danse. Il fit pivoter doucement Miriel, la mettant face à Cirincë, ses mains épaisses sur ses épaules.

- Miriel ma douce, je te présence Ciri ! C'était une esclave du Puy que j'ai rencontré il y a quelques années. Elle s'est échappée, comme nous, et cherchait un refuge pour la nuit !

Grayle était content de n'avoir qu'à dire la vérité. Et pas, comme souvent à l'époque du Puy, fabriquer une toile de mensonges pour rester en vie.

- Je n'allais pas la faire dormir par terre non ? Du coup, je lui ai laissé le lit. Il échangea un regard avec Cirincë.

- Ciri, je te présente Miriel, ma compagne !

Il aurait appuyé ces mots d'un calin, mais il avait peur qu'elle le repousse. Elle avait déjà été assez coopérative comme ca... et il la sentait tendu. Ses pouces appuyèrent doucement le long de la colonne vertébrale de la demi-drow, remontant doucement, comme elle l'aimait tant...

- Vous avez un peu en commun... mais je pense que faire connaissance autour d'un lait chaud serait plus approprié qu'à couteaux tirés... vous ne pensez pas, mesdames ?
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMar 7 Jan 2020 - 21:07





«Grayle m'a hébergé pour une nuit... Et. C'est. Tout.»


L’hybride ne lâcha pas son regard cendré de l’elfe qui était devant elle. Son ton sec, cassant… Vraiment? Elle voulait jouer à ça? Elle ne savait pas à qui elle avait affaire! Elle lui casserait le moindre de ses os à cette rouquine! Dans son lit en plus! À croire que personne n’avait du respect pour qui que ce soit! Ex-esclave ou pas… quelle importance? C’était probablement le genre qui ne respectait personne d’autre que sa pathétique petite personne.  


«Telanth ulu uns'aa sohna pholor nindol i'dol lueth usstan shlu'ta dos  tlu ulu telanth natha xan'ss sohna.»
« Parle-moi encore sur ce ton et je peux t’assurer que t’auras plus de dents pour articuler.»



Son regard avait beau être fixé dans celui de l’intruse, mais la mercenaire ne manqua pas la main sur son sabre. Pour qui la prenait-elle? Elle aurait pu la tuer dans son sommeil! Qu’elle l’attaque juste pour voir!


«Exactement !»


Grayle se mit alors devant elle avant de lui embrasser la joue.  Essayant de la calmer, ou de s’interposer entre elle et l’elfe, il connaissait assez bien ces capacités pour savoir que cela n’empêcherait pas réellement l’hybride si elle voulait attaquer l’elfe. Mais soyons honnête, ce n’était pas seulement elle le problème… Miriel resta droite comme une barre de fer, refusant de se laisser attendrir par celui qu’elle aimait. Elle sentit ses grandes mains sur ses épaules menues avant que cette dernière ne se place devant elle  pour la faire pivoter. Il n’y avait maintenant plus rien entre les deux femmes.


«Miriel ma douce, je te présence Ciri ! C'était une esclave du Puy que j'ai rencontré il y a quelques années. Elle s'est échappée, comme nous, et cherchait un refuge pour la nuit !»


Ses poings se crispèrent un peu plus sur la manche de son poignard, prête à l’envoyer en pleine gueule de la rouquine, mais elle se retint… Son regard glacial ne bougea pas de l’intruse, elle pencha légèrement la tête, défiant toujours celle qui était dans son propre lit. Miriel pouvait sentir l’envahir, telle une passion incontrôlable, elle sentait sa colère s'embraser, comme un torrent qui grandissait toujours un peu plus en elle... Puis Grayle vint planter le dernier coup…


«Vous avez un peu en commun... mais je pense que faire connaissance autour d'un lait chaud serait plus approprié qu'à couteaux tirés... vous ne pensez pas, mesdames ?»


Miriel se dégagea doucement de l’étreinte de Grayle avant de faire quelques pas de reculons, comme pour s’en vers la porte. Vraiment? C’était tout ce qu’il avait à dire?  Non, elle n’avait pas envie de faire connaissance avec la rouquine qui dormait avec Grayle.  Elle ne s’était jamais sentie aussi trahie par quelqu’un qu’elle aimait autant. Son regard furieux se retourna vers l’homme qu’elle aimait, «Vraiment? Je ne crois pas que l’on est une seule chose en commun moi et elle. » Elle rengaina soudainement sa dague avant de secouer la tête. «Moi je ne détruis pas les couples. » Elle avait été idiote de croire qu’il l’attendait ainsi. Idiote de pensée que cela pouvait marcher. Combien de fois avait-il invité des femmes ainsi alors qu’elle luttait pour sa vie, pour revenir à ses côtés?  Son regard se retourna rapidement vers la dénommée Ciri. Elle plissa des yeux un moment, avant de retourner son regard glacial sur Grayle.  « Partage-le avec elle ton lait chaud. Je n’ai plus rien à faire ici.  » Sans attendre, l’hybride tourna les talons, faisant virevolter ses longs cheveux blancs en sortant de sa maison. Elle attrapa d’une main rapide le sac qu’elle avait laissé à la porte avant de s’engager dans la rue, elle n’avait plus rien à faire ici.



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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeMer 22 Jan 2020 - 14:14



- Ton homme, je n'y ai pas touché.

De nouvelles paroles sincères qui essayaient de rattraper le coup. Une manœuvre complexe que l'elfe n'était pas forcément habituée à gérer. L’honnêteté ne semblait guère atteindre la nouvelle arrivante, il allait falloir la mettre face à ses contradictions.

- C'est toi qui décide ce que tu fais de ton couple, ne viens pas me mettre là dedans.

Elle répondait avec un détachement complet. Ni colère ni moquerie, un air légèrement désolé dans ses mots mais aucune autre émotion réellement perceptible. La situation paraissait mal engagée, la dame blanche semblait déjà résolue à partir sans autre forme de procès.

- Il t'aime... sans aucun doute, mais pour partir ainsi, ce n'était peut-être pas réciproque après tout.

La piquer au vif était la seule solution qui paraissait encore possible pour la faire revenir, et qu'importe si elle allait lui sauter à la gorge pour cette phrase, l'elfe était prête à se défendre... et n'appréciait guère d'être méprise. Comme si elle n'avait que ça à faire de briser des couples... Sa destination était déjà décidée, et rester à Thaar pour s'établir avec quelqu'un n'était pas son projet.

La mine attristée, elle se tourne brièvement vers Grayle.

- Désolée pour ça... ce n'était pas une bonne idée que je vienne... je ferais mieux de partir, tu mérites mieux.

Etait-il donc impossible d'avoir quelque chose d'agréable dans cette vie sans que le monde ne s'effondre autour d'elle ? Un puissant sentiment de lassitude l'envahissant. Être jugée ainsi, sans pour autant être coupable de quoi que ce soit, l'injustice omniprésente de son existence ne lui avait jamais pesé aussi lourd sur les épaules.

Eh bien qu'elle se casse ! Ceux qui ne cherchent même pas à savoir ne méritent rien ! Un élan de rage lui passa dans l'esprit et finalement, consuma le peu de culpabilité qu'elle commençait à avoir, retournant même l'accusation sur Miriel. Elle voulait partir, eh bien soit. La rouquine était navrée pour Grayle qui n'avait commis nulle autre faute que de se montrer généreux. A croire que c'était devenu un crime dans ce monde devenu fou.



Dernière édition par Cirincë le Dim 23 Fév 2020 - 0:49, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeDim 26 Jan 2020 - 0:06

Le visage de Grayle se déforma peu à peu en une expresssion mortifiée alors que les deux femmes s'en donnaient à coeur joie pour jeter de l'huile sur le feu qu'elles avaient elles-même allumées, aucune ne faisant aucun effort pour apaiser la situation.

La pugnacité de Miriel n'était pas vraiment une qualité dans ce genre de situation, et Cirince, en attaquant directement l'amour de Miriel pour lui (et Grayle savait à quel point Miriel était fière de ses sentiments). Grayle, derrière Miriel, ouvrit grand la bouche en froncant les sourcils envers Cirincë.

Miriel s'échappa de ses bras et sortit de la maison, laissant un Grayle complètement défait. Ses yeux gris croisèrent ceux de la rousse.

- Désolée pour ça... ce n'était pas une bonne idée que je vienne... je ferais mieux de partir, tu mérites mieux.

- Pas de ca. dit-il d'une voix grave, autoritaire, mâle, qui n'avait rien à voir avec celle qu'il avait eu hier soir, lorsqu'il était détendu et de bonne humeur. La panique et la tristesse s'évanouirent de son visage, remplacées par une brûlante détermination et une assurance sans fond. Tu reste ici et tu m'attend. Je t'ai acceuillie chez moi et mon accueil continue.

Il lui tourna le dos et sortit de la maison en marmonnant.

- Je vais vous faire aimer les uns les autres, bordel de merde.

Avec précipitation, Grayle franchit à son tour la porte. Miriel continuait de marcher, de s'éloigner, lui tournant le dos.

Il détestait cette vision. La voir partir ainsi, à chaque fois vers le danger, vers l'inconnu. Et lui, jamais avec l'espérance certaine qu'elle reviendrait entière, ou reviendrait toujours.

- Miriel !

Il pouvait voir d'ici qu'elle l'avait entendu. Qu'elle hésitait. Mais qu'elle ne se retourna pas.

- MIRIEL !

Cette voix de stentor, encore, qui semblait appartenir à un autre homme que Grayle. Ou plutôt, un autre Grayle. Grave, qui roulait dans sa gorge tel le brouhaha du tonnerre avant que l'éclair ne déchire le ciel. Le genre d'exclamation à stopper net la charge d'un cheval au galop.

Les ombres s'agrandirent soudainement sous les pieds du couple, alors que le lever du soleil était désormais complet, baignant la rue de la lueur dorée de ses rayons.

Il voulait lui dire qu'il l'aimait, mais ce genre de déclaration, dans ce contexte, sonnerait si... vide de sens.

Elle se retourna. Devant elle, le jeune homme...

Non.

L'homme.

L'homme tendait la main vers elle, son visage se détachant du soleil derrière lui.

- Ecoute moi s'il te plaît. Il y a eu méprise. Toi et moi avec le monde entier, Miriel, tu te souviens ?

Il s'approcha d'elle, doucement, ses pieds nus ne faisant aucun bruit sur le sol de la ville.

- Tu m'a pris sous ton aile alors que rien ne t'y obligeait. Tu aurais pu me laisser crever au Puy. Mais tu a été bonne, et nous nous sommes retrouvés ensemble. Libres. Avec notre chez nous. dit-il en désignant leur petite maison. Le mur ocre était orné d'un trait bleu, début de peinture que Grayle n'avait pas terminé.

- Cette femme, Ciri... elle était comme toi et moi. Une esclave des drows, pendant des décennies. Elle est libre désormais. Elle a besoin d'aide. Elle est poursuivie. Elle a soif de vengeance et de justice.

- Je me suis souvenu de toi et de nos valeurs. Et je l'ai aidée comme toi tu m'a aidé. Je lui ai laissé le lit, et j'ai dormi par terre. Elle est de notre monde §

Eux, avec le monde entier.

- Mais si tu ne veux pas d'elle, je la ferais partir. Mais... pourquoi rejeter une amie potentielle ?

Il resta silencieux, avant de lui sourire. Ses pupilles étaient grandes, immenses, alors qu'il fixait celle qu'il aimait.

- Je ne regarde que toi, Miriel. Reviens s'il te plaît. Je t'ai tant attendue.

Silence.

- Si tu veux être seule... je ne retiens pas. Mais je t'attendrais. Tous les jours.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeDim 9 Fév 2020 - 13:01


Elle n’entendit pas les commentaires de la rouquine, et à vrai dire si elle les aurait écoutés, la rouquine n’aurait probablement plus de dents à ce moment-là. C’est dans cet esprit que l’hybride sortit rapidement de sa maison, agrippant son sac de voyage en passant. D’un pas assuré, elle s’éloigna de son chez-soi, tentant tant bien que mal de retenir les larmes qui embuaient ses prunelles cendrées.


«Miriel !»


Il fallait partir, le plus loin possible… Comment avait-elle pu être aussi aveugle… Non il fallait qu’elle s’éloigne, elle ferait le point plus tard…


«MIRIEL !»


Elle s’arrêta net,  l’hybride ravala rapidement ses larmes. Avant de retourner, interdite, vers son amoureux.


«Écoute-moi s'il te plaît. Il y a eu méprise. Toi et moi avec le monde entier, Miriel, tu te souviens ?»


Elle ne bougea pas d’un centimètre. Un exploit en soit alors qu’elle aurait voulu lui hurler dessus. Comment aurait-elle pu oublier cette promesse? Il avait été son monde pendant toutes ses années, elle l’avait cherché sans arrêt, rêvant de ce jour. Interdite, elle le regarda s’approcher.


«Tu m'as pris sous ton aile alors que rien ne t'y obligeait. Tu aurais pu me laisser crever au Puy. Mais tu as été bonne, et nous nous sommes retrouvés ensemble. Libres. Avec notre chez nous. Cette femme, Ciri... elle était comme toi et moi. Une esclave des drows, pendant des décennies. Elle est libre désormais. Elle a besoin d'aide. Elle est poursuivie. Elle a soif de vengeance et de justice.  Je me suis souvenu de toi et de nos valeurs. Et je l'ai aidée comme toi tu m'as aidé. Je lui ai laissé le lit, et j'ai dormi par terre. Elle est de notre monde. Mais si tu ne veux pas d'elle, je la ferais partir. Mais... pourquoi rejeter une amie potentielle ? »


Et puis? Elle n’en avait rien à faire de l’histoire de cette femme. Une femme qui avait eu l’audace de coucher avec SON Grayle. Elles n’étaient définitivement pas du même monde…


«Je ne regarde que toi, Miriel. Reviens s'il te plaît. Je t'ai tant attendue.»


Difficile à croire alors que tu dormais avec elle…


«Si tu veux être seule... je ne retiens pas. Mais je t'attendrais. Tous les jours.»


Est-ce que cela valait réellement la peine? De partir encore une fois alors qu’elle l’avait cherché si longtemps? Avait-elle mis toutes ses années à la poubelle pour ça? Elle sentit son cœur s’accélérer alors que son regard se durcit; « Tu invites une autre femme chez nous alors que je suis partie. Alors que je risque ma vie pour rapporter de l’argent pour notre futur. Et c’est comme cela que tu me remercies? » Miriel secoua la tête en regardant le sol. « Dès que je reviens, je me fais dire par un voisin que tu es avec une autre femme et quand j’ouvre la porte, tout est confirmé... »  Son regard se retourna vers Grayle avant de continuer; « Alors, pourquoi me dire que le monde est à nous alors que tu souhaites quelqu’un d’autre. »  Les larmes lui montèrent aux yeux, elle se sentait trahie encore une fois. Avait l’impression que son monde s’écoulait à nouveau. Peut-être aurait-elle dû mourir au Puy… cela lui aurait épargné bien des supplices…« Quand tout le monde te torturait j’ai été là pour toi. À te supporter, à te guider… Est-ce que c’est comme cela que tu repaies tout mon amour? »  Miriel soupira, baissant son regard; « Je me sens trahie. J’ai besoin de temps. » Pour le moment il ne lui avait rien dit pour la réconforter, rien dit pour la rassurer. Elle avait toujours ce sentiment, cette colère dans son cœur. Elle regrettait de ne pas être restée à ces côtés. Regrettait d’être partie de leur maison. Peut-être que cette situation ne serait jamais arrivée si c’était le cas… Elle reviendrait, au fond d'elle même elle le savait... mais pour le moment elle devait réfléchir...



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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeLun 17 Fév 2020 - 23:19

Cette fois, ce fut à son tour de rester silencieux, alors qu'elle s'exprimait librement à son tour, devant le mutisme respectueux du jeune homme.

« Tu invites une autre femme chez nous alors que je suis partie. Alors que je risque ma vie pour rapporter de l’argent pour notre futur. Et c’est comme cela que tu me remercies? »

Il eu une folle envie de lui dire qu'elle était la seule à avoir insistée à risquer sa vie au lieu de gagner de l'argent honnêtement comme lui le faisait. Mais même Grayle avait assez de bon sens pour savoir que ce n'était pas le bon moment d'aborder ce sujet difficile.

Alors qu'elle parlait, un sentiment nouveau, refoulé depuis longtemps...

Des années...

Remonta au sein de Grayle.

La colère.

Il venait enfin de comprendre la méprise de Miriel et la raison de sa colère.

Elle pensait qu'il avait couché avec Ciri.

Mais. Mais.

Mais...

*Mais...*

- MAIS JE N'AI PAS COUCHE AVEC ELLE !! rugit-il d'un seul coup en tapant du pied contre le sol. Il était de toute évidence scandalisé. Son visage s'était fait dur. Sa machoire d'acier était tendue et ses yeux gris s'animaient d'une fureur que Miriel n'avait jamais vue dans les pupilles paisibles de son compagnon. Son corps était contracté, soudainement plus épais alors que ses muscles ressortaient. Sans pour autant que la pression des mains de Grayle sur celles de Miriel ne s'accentue. Car cette rage n'était pas dirigée vers elle, mais...

Il regarda autour d'eux et son regard darda la maison de leurs voisins. Il croisa celui du voisin qui les observaient derrière son rideau.

Un frisson d'horreur parcourut le dos du vieil homme. Il eut chaud et se mit à trembler. Son corps tout entier lui hurlait de partir, de s'enfuir. Son instinct de survie criait à l'aide et il s'enfuit en courant dans sa maison, des sueurs froides agitant son vieux corps.

Grayle revint sur Miriel, répétant d'une voix calme et grave.

- Je. ne. l'ai. pas. touchée. Elle dormait sur le lit. Moi, par terre, près de l'établi. Tu ne l'a pas vu ? Je n'ai pas trahie ! Je n'y ai même pas pensé un instant ! Mais il suffit que ce vieux croulant te dise m'avoir vu avec une autre pour que t'imagine le pire ? Tu crois que je ne peux pas parler avec une femme sans avoir envie de la...

Il eut une grimace de dégoût.

Il était furieux contre le vieil homme. Contre le destin de les tester, tous les deux ainsi alors qu'elle venait de rentrer.

Contre elle aussi, pour ne pas lui accorder une once de confiance. Elle passait des journées, parfois une semaine à la suite, entourée d'autres mercenaires et d'autres homme, et elle pensait que lui, il, il...

Il avait toujours cru, quand il était paysan, que les elfes, les nains, les drows, étant plus vieux que les hommes, étaient généralement plus intelligent. Mais encore une fois, il fut ramené à la réalité.

Même des êtres âgé de plus 120 ans peuvent se comporter de manière parfaitement idiote.

- Tu pense que je suis un petit chiot qui saute sur tout ce qui bouge et qui ne peut pas se contrôler ?

Ne l'avait-elle pas vu grandir ? Physiquement comme mentalement ? Il était un homme maintenant. Un homme assez âgé et mûr pour être père.

Il inspira et ferma les yeux, grondant. Il expira. Inspira. Puis, la haine, la colère, s'évanouirent de son visage et de son être.

Refoulés.

Sa voix repris son ton de miel, et ses yeux refixèrent l'elfe avec tendresse.

- Ca ne sert à rien de nous disputer l'esprit échaudé.

Il lui lâcha doucement les mains, caressant la peau de ces dernières alors que les doigts glissaient dessus.

- Je rentre chez nous. Reviens vite. Je t'attend.

Chuchotement. Il la prit dans ses bras et l'embrassa doucement sur les lèvres, avant de la redéposer au sol.

- Je t'aime.

Elle savait qu'elle ne le disait jamais à la légère.

- Ton cadeau aussi t'attend. Je t'en ai fait un pour... fêter ton retour.

Il désigna leur maison du pouce.

- Et je ne vais pas la virer. Elle reste jusqu'à ce que tu revienne et que vous discutiez de manière civilisée, à tête reposée.

Sur le pas de la porte, on pouvait apercevoir la longue chevelure rousse de l'elfe. Grayle se tenait droit et fier dans la rue. Son regard alla de l'une à l'autre, et il se rappela l'échange des deux femmes.

- C'est deux fois plus âgées que le plus vieux de hommes et ca se comporte comme des vierges à fleur de peau... dit-il avec un mélange d'humour, de sarcasme, de tendresse et de regret.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeDim 23 Fév 2020 - 1:00



L'elfe avait fini de s'habiller, ayant revêtu à nouveau son assemblage de cuir et de tissu qui la drapait des sombres couleurs de la nuit. Seule sa longue chevelure rousse et son visage blanchâtre offrait un contraste à sa silhouette sinistre. Ses deux lames s'accrochaient bien évidement à ses hanches, fidèles au poste. Un fin sac de voyage sur le dos, ça y était, elle était prête à partir.

Elle lança un regard vers le couple en train de s'engueuler, à la fois désolée et exaspérée. Une frustration manifeste vis-à-vis de la dame blanche qui faisait la sourde oreille depuis tout à l'heure. Qu'est-ce que Grayle pouvait bien lui trouver, à cette Blanche Neige pourtant si bouillante. Elle ne lui faisait visiblement pas confiance, ne voulait rien entendre, et ne s'était pas gênée de proférer de vaines menaces à son égard. L'elfe n'avait que faire de ces basses provocations, elle n'était guère venue d'aussi loin pour se battre contre une mégère en pleine crise de jalousie.

Pauvre Grayle, l'elfe navrée lui souhaitait bien du courage d'apprivoiser cette furie de marbre. Celle-ci avait raison sur un point néanmoins, elles n'appartenaient pas au même monde. L'oiseau rouge était un être sanguinaire qui a traversé les pires horreurs que les drows avaient à offrir, mais il a su mettre sa rage de côté et a ainsi pu grandir. Cette Blanche Neige quant à elle était aveuglée par sa colère, au point d'haïr son conjoint. Il n'y avait rien à en tirer, la rouquine se doutait qu'une nouvelle tentative de lui parler ne pouvait que dégénérer dans la violence, ce qu'elle ne souhaitait pas.

Il était temps de partir, simplement, c'était mieux ainsi, pour tout le monde.

De la peine au cœur, elle en avait, bien plus qu'elle ne pouvait le montrer. Une tristesse qui ne se muait pas en colère, pas même contre la maudite blanche. Elle ne le méritait pas, Grayle non plus ne le méritait pas.

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Grayle Gardair
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeDim 8 Mar 2020 - 23:30

Ainsi, Miriel partit, le coeur lourd mais les pas légers, comme toujours. Elle disparu hors de la vue de Grayle.Il agita la main dans un au revoir enfantin mais un peu triste, avant de soupirer.

Il revint chez lui, et vit que la rousse s'était rhabillée, et semblait... prête à partir ?

Il croisa les bras, se retrouvant devant elle, sur le pas de sa porte. Nullement impressionné par le fait qu'elle soit plus grande que lui.

- Et bien, Ciri, où est-ce que tu crois aller ? dit-il d'un ton de défi.

Elle ne lui avait toujours pas dit comme elle souhaitait qu'il l'appelle. Alors, il restait sur Ciri.

Il désigna la table du regard.

- Je t'ai invitée chez moi, tu reste au moins pour le petit déjeuner. J'ai pas passé ces dernières années chez les drows à me plier aux moindres de leurs caprices pour faire de même avec Miriel.

Il re-entra chez lui, fermant la porte à sa suite.

- Quand l'appétit va, tout va ! Il se baissa devant un de ses mystérieux placard et en sorti une petit boîte dans laquelle se trouvait...

... des dattes. S'en saisissant d'une du bout des doigt, il l'avala d'un coup, mâchant avec un plaisir évident sur son visage.

- Hum... mama-mia ! Vas-y, sers toi. J'ai de quoi manger pour deux. J'avais fait les courses en prévision de sa venue.


Sifflotant, il sortit de l'eau, deux petites choppes, avant d'ouvrir un panier de fruits et de commencer à jouer du couteau. Il ne suffit que de quelques minutes pour que la rousse se retrouve devant un petit bol rempli de morceaux de fruits aux couleurs aussi vives les unes que les autres. Un ballet d'odeurs sucrées caressant le nez et les papilles.

- J'espère que ca te convient. Tu manges quoi d'ordinaire ? C'est quoi ton plat préféré ?

Le menton sur la paume de sa main, il la regarda manger un instant.

- Tu m'avais demandé d'aller à la mer hier. Ca te tente toujours ? Il y a de grosses vagues en ce moment, mais le spectacle vaut le coup d'oeil.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeLun 30 Mar 2020 - 13:26


Tant de candeur en un seul homme, c’était à se demander comment avait-il pu survivre aussi longtemps. L’observant pendant un moment, les sourcils levés, elle admirait sa bienveillance bien plus qu’elle haïssait son insouciance.

Dans une situation comme celle-ci, le commun des hommes se serait laissé emporter par une colère sourde et aveugle, envoyant valdinguer tout ce qu’il trouve sous la main, mais Grayle, lui, semblait… bien le prendre ? Cet individu était manifestement une énigme pour l’elfe.

- Tu es certain que ça va, Grayle ? ’’Je rêve… il est en train de me rendre compatissante…’’

Peut-être était-il bon de rester, accepter son invitation, certes un peu insistante, à manger un petit quelque chose. Il est possible, au contraire, qu’il ne souhaitait précisément pas être seul suite à ce coup dur. Elle ne poursuivit pas sur ce sujet.

Il sortit ensuite des dattes, pas ce qu’il y a de plus nourrissant mais toujours agréable à manger.

- Oh je ne suis pas difficile tu sais… Même un rat pioché dans les caniveaux de cette ville aura meilleurs goût que ce qu’on avait là bas. Elle se saisit d’un trio de dattes du bout de ses doigts fins, et l’une d’elles fut élue pour se retrouver dans sa mâchoire la première. Hmm.. elles sont très bonnes. ’’ J’imagine… ’’ Elle n’en avait jamais mangé auparavant et elle aimait bien. Après un moment de silence et de dégustation, le sujet changea subitement.

La mer… L’elfe avait songé à s’y aventurer, les récits de la vie de pirate de son ami Hjaldr l’ayant inspiré quelque peu. Il faut dire que ce vieux loup de mer, d’origine wandraise de surcroît, avait le don de broder de long récits saisissants, avec son lot de bravoure et d’actes épiques. Au moins on ne s’ennuyait pas à l’écouter parler, et puis démêler le vrai du faux était une activité à temps plein avec ce vantard qui avait la fâcheuse tendance à embellir ses histoires. C’était sa manière à lui de faire rêver ses camarades. Parler de la mer, au Puy, c’était comme créer une rivière dans le désert.
- Grayle… marcher nous deux le long de la mer… ce serait vraiment de la provocation. Dit-elle, amusée, le charriant. Tu ne souhaites pas me tenir la main aussi ?... Mais si tu y tiens… on peut… pour la mer je veux dire… pas pour les mains.

Un sourire navré trahissait quelques inquiétudes, ce n’est plus vraiment pour elle-même qu’elle voulait y aller, mais plus parce qu’elle se sentait mal d’abandonner ainsi son ami… Un ami, oui, elle ressentait comme un écho en elle, le même écho qu’avec Hjaldr ou les autres Phénix. Mais cela ne semblait pas pour autant être un vestige de la magie de Viconia. Plus personne ne contrôlait ses émotions, pas même elle. Libres, elles aussi.
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeVen 3 Avr 2020 - 0:18

- Tu es certain que ça va, Grayle ?

- Une dispute de couple, qu'est-ce que c'est par rapport aux tortures du Puy ? Rien du tout !
dit-il d'un air enjoué et résolument convaincu. J'ai foi en elle. Je sais qu'elle reviendra. Au pire, je prendrais un sermon et quelques baffes. dit-il en haussant les épaules. Il n'y a pas mort d'homme. On ne s'est jamais disputés. Il faut bien que ca arrive un jour.

Son visage s'illumina lorsqu'il vit que la jeune femme acceptait sa proposition d'aller voir la mer. C'était l'occasion pour tous les deux de se changer un peu les idées.

- Grayle… marcher nous deux le long de la mer… ce serait vraiment de la provocation. Tu ne souhaites pas me tenir la main aussi ?... Mais si tu y tiens… on peut… pour la mer je veux dire… pas pour les mains.

Lui tenir la main ? Il haussa un sourcil tandis qu'il froncait l'autre. Pourquoi pensait-elle directement à ce genre de chose ? Il proposait juste d'aller quelque part. Quelle différence entre aller à la plage ou aller au marché ? C'était un lieu comme un autre !

Etait-elle intéressé par lui ? Il trouvait celà surprenant mais aussi peu probable, bien que très drôle.

Il se dit qu'il avait bien envie de l'ennuyer un peu.

- Tu sais, tu n'a pas à avoir honte hein. Si tu a envie que je te prenne la main, pas de problème
dit-il dans un grand sourire malin.

Ils continuèrent de manger, et il désigna du doigt l'autre pièce de sa maison.

- Il y a une grand bassine si tu souhaite te laver avant de partir. Mais l'eau y est froide. Laisse moi préparer mes affaires.

Il s'habilla chaudement, avec d'épaisses chausses, un pantalon ocre, une large chemise blanche, et un surcot bordeau. Un sac en bandoulière, il portait également une longue et belle écharpe orangée comme les dunes du désert.

Peu de temps après, rapide mais sans être pressés, ils sortirent de la maison, Grayle fermant fermement la porte derrière eux. Juste avant qu'ils ne quittent la rue, il s'immobilisa un instant.

- Attend, j'ai oublié quelque chose.

Il revint sur ses pas, et s'immobilisa devant la porte d'un de ses voisins.

Ce voisin qui l'observait durant sa dispute avec Miriel.
Ce vieux qui ne l'avait jamais aimé et l'avait " dénoncé " à Miriel.

Il frappa soudainement la porte. Ciri put voir le bois de la porte s'enfoncer légèrement dans un immense fracas, alors que le poing de Grayle était enfoncé dans le bois. De toute évidence, le jeune homme était largement en mesure d'enfoncer la porte à mains nues, si on lui laissait le temps.

- VOUS ETES PITOYABLE, VOISIN ! dit-il dans un rugissement.

Il revint ensuite vers Ciri, reprenant d'une voix plus claire.

- Fiou, ca fait du bien.

*Je crois qu'il ne m'a jamais pardonné mes retrouvailles avec Miriel.*
pensa t-il.

Il poussa un rire clair, avant de reprendre un visage un peu plus soucieux, repensant à sa belle, qui devait sans doute fulminer quelque part dans la ville.

****

Rejoindre la plage fut plus long que prévu. Il fallait sortir de Thaar pour se rendre en contrebas, ce qui rendait le trajet relativement long, même si la plage était très proche à vol d'oiseaux.

Le ciel était d'un bleu pâle, sans nuage. Le vent se faisait fort, près de la mer. La chevelure de l'elfe volait dans l'air, masquant parfois son visage. L'écharpe de Grayle faisait de même, s'agitant comme un serpent aérien essayant d'échapper à son propriétaire.

La plage était large et belle. Il n'y avait pas grand monde. La mer était agitée, le vent présent. Ca n'attirait peu de gens, et les locaux préféraient en profiter pendant le beau temps.

Les vagues s'écrasaient sur la plage, semblant vouloir remonter toujours plus long, se retirant dans un long souffle, avant de revenir. La mer grise semblait vivante, agitée, colérique, remuant à perte de vue. Ils marchèrent un peu, jusqu'à trouver un petit rehaut, où la vue était meilleure.

Il laissa la femme contempler le spectacle. Il ne voulait pas briser la beauté du moment par des paroles idiotes. Comme elle, il regarda la mer.

Mais ce fut quand même lui qui brisa le silence.

- Je n'aime pas trop ca.

Il sentit le regard surpris et interrogateur de Miriel.

- Je suis un enfant de la terre.
Dit-il en tapant du pied sur le sol. Les champs, les forêts, c'est là où est ma place. Mais cette mer... dit-il en désignant la spectacle en contrebas. C'est vivant. C'est hostile. On est pas fait pour rester dessus. C'est beau, et utile. Mais ce n'est pas pour nous.

Comme le feu.

Il laissait les pensées et les paroles de l'elfe s'égrener, puis, sans prévenir, lui prit la main.

- Viens, je vais te montrer quelque chose d'impressionnant.

Elle le regarda comme si il avait marché sur une merde de chien et essaya de dégager sa main, comme par réflexe. Il la re-rattrapa, dans un "haha !" triomphal.

Elle essaya encore de se dégager, et pendant une bonne demi-minute, ils se livrèrent une bataille, les deux bras s'agitant comme des épées. Mais Grayle, bien plus habitué qu'elle à ce genre de jeu, parvint à chaque fois à retrouver sa prise sur elle, jusqu'à enserrer son poignet. Il poussa un grand rire, et pivota sur tout son corps. De la plante des pieds, puis les mollets, les cuisses, le bassin et les bras, il semblait, pendant un bref instant, qu'il essayait de faire valse Ciri.

Mais il la retint au dernier moment, la suivant dans son élan, et ils se retrouvèrent côte à côté, plus en face de la mer, mais d'un énorme rocher en pointe taillé en pointe, une vraie falaise miniature, qui semblait sortir du sol pour venir défier la mer, qui s'écrasait inlassablement contre lui, dans une éternelle lutte entre terre et mer.

- Je tenais toujours la main de ma soeur jumelle et de mes petites soeurs lorsqu'on se baladait ensemble, ou qu'on allait à la pêche.
dit-il de but en blanc, son regard gris perdu dans l'horizon. Sa main était chaude et puissante.

- On a pas toujours la possibilité d'avoir quelqu'un à qui prendre la main
dit-il avec une voix teintée d'émotion et de nostalgie. Alors ne te prive pas de le faire lorsque tu en a l'occasion dit-il en reportant ses yeux sur elle, lui faisant un clin d'oeil.

Il lui lâcha le poignet pour désigner du main le promontoire de pierre. Régulièrement, les vagues s'éclataient contre lui, comme essayant de le dévorer, l'aspergeant entièrement d'eau.

- Pas mal d'enfants de Thaar se rendent ici les soirs de tempête. C'est extrêmement dangereux. Debout à l’extrémité du rocher. Droits sur leurs jambes, à défier la mer et les vagues, à rester debout sans se faire emporter.

Comme pour confirmer les dires du jeune homme, une vague plus grosse que les autres s'écrasa sur le rocher, qui fut soudainement aplati par plusieurs mètres d'eau.

- Ils n'y vont pas pour impressionner les filles. Mais... quoi de mieux pour se rassurer sur ses capacités, non ?

Ici, l'eau et la roche éclataient l'un contre l'autre, viciant l'air de sable, de poussière et de cristal.

Ici, on y trouvait le courage.

Grayle ouvrit son sac, et en sortit un pot, vide. Transparent, au couvercle dévissable. Il tenait aisément dans sa main épaisse.

- Je sais qui je suis. Ce que je veux. Ou je vais. Ce que je vaut. Je n'ai pas besoin de m'essayer à ce genre de jeu.

Il tendit la main vers l'elfe, comme lui offrant le pot. La mettant au défi, un défi qu'elle n'était même pas obligée de relever.

- Mais toi ?
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MessageSujet: Re: Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle   Mieux vaut Thaar que jamais | Grayle I_icon_minitimeSam 18 Avr 2020 - 1:15



Difficile de ne pas se sentir petit face à l'immensité bleue. Peu importe qu'on soit un enfant de la terre ou de la forêt. L'océan qui s'étendait à perte de vue avait quelque chose de majestueux, d'indomptable. Un royaume inaccessible, duquel on ne pouvait qu'en explorer la juste surface. Pour les marins, un synonyme de liberté.

Oui... si l'appelle de ses origines n'était pas parvenu à ses oreilles pointues, l'elfe aurait certainement souhaité embrasser cette voie-ci. Voguer sur les flots et vivre au rythme des marées, cette projection lui était plaisante.

Qu'est-ce qu'il lui prenait à vouloir lui tenir la main tout à coup. Il ne l'avait tout de même pas pris au mot, si ? L'elfe roula des yeux lors de ce petit jeu. Pas moyen de prendre le dessus, mais elle n'allait quand même pas s'ouvrir les veines une énième fois pour inverser la balance.

- Cesse dont de jouer avec mes mains... répondit-elle avec un calme surprenant, un amusement pouvant être deviné, mêlé d'une pointe d'agacement.

- Une soeur... de la famille... est-ce que tu crois que c'est ce qui m'attend là bas ?... je l'espère... j'aimerais y croire. Elle soupire profondément. Je ne cesse de me demander comment cela va-t-il se passer. La question semblait stupide aux premiers abords, mais elle-même savait en son fort intérieur qu'elle n'avait plus grand chose d'elfique au fond... et pourtant... pourtant, elle devait rallier l'Anaëh à tout prix, c'était sa conviction.

- J'ai peur.

Un bref sourire s'installe sur son visage tandis qu'elle souffle par le nez.

- Oui, tu as bien entendu, l'Hirondelle Pourpre en personne ! elle mime parodiquement une gracieuse révérence. Tant de fois ventées pour ses innombrables exploits, que dis-je, admirée pour ses talents de mises à mort spectaculaires ! Championne de plusieurs arènes du Puy que personne ne semble pouvoir détrôner... et qui maintenant à peur d'aller faire une promenade en forêt... La vie est parfois bien ironique...

... Je sais ce que je vaut, et où je dois aller, car c'est ce que je veux. Je sais ce que je suis, à défaut de savoir qui, et ce n'est pas un cailloux en proie aux vagues qui m'apportera ce que je souhaite.


Elle observa brièvement ce pot vide d'un regard tout aussi vide, ne représentant visiblement aucun intérêt pour elle. Si la jeunesse de Thaar s'amusait dans des jeux suicidaires, c'était leur problème, pas le sien. Si le but était de récolter un peu d'eau de mer, il y avait une méthode bien plus simple et moins risquée d'y parvenir.
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