Uthred Karhusen
Humain
Nombre de messages : 111 Âge : 123 Date d'inscription : 16/11/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 25 ans Taille : 1m85 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le Serment de l'Ours (solo) Jeu 5 Déc 2019 - 14:20 | |
| Première ennéade de Barkios An 17 Cycle XI
Uthred tendit la main vers une femme aux cheveux rasés qui peinait à remonter la rive. Les eaux de l'Oliya étaient impétueuses et la pauvre femme n'avait plus la force de combattre le courant. Le wandrais la saisit par le poignet avant qu'elle ne disparaisse sous la surface sombre du fleuve. Il tira de toutes ses forces pour extirper la malheureuse de l'étreinte vicieuse des flots et bascula en arrière pour lui faire regagner la terre ferme. Autour de lui, ses camarades gladiateurs reprennaient leur souffle et crachaient les goulées d'eau qu'ils avaient bu malgré eux pendant leur fuite de Sol Dorn. Les moins affectés par la nage forcée aidaient les plus faibles à rejoindre la rive comme le faisait Uthred.
Le wandrais se releva et s'enquit de la bonne santé de la femme qu'il venait de sauver. Elle le regarda d'un air reconnaissant et toussa en se redressant. Elle était si maigre qu'on voyait ses côtes prêtes à transpercer sa peau. Uthred vit alors un corps passer, le visage dans l'eau. L'homme ne se débattait plus contre les flots, l'Oliya avait remporté son combat contre lui et le malheureux n'avait pas eu la force de résister à la malie des esprits de l'eau qui attiraient leurs victimes vers le fond et s'infiltraient dans leurs poumons pour les punir de les avoir déranger. L'Ours serra les mâchoires en toisant le corps sans vie qui dérivait.
Maintenant tu es libre, mon frère.
Ses mains se crispèrent au point de blanchir les plis de sa peau. Il avait promis à ceux qui le suivraient une vie libre et lui n'avait trouvé qu'une autre forme de liberté. Il tourna un regard amer vers le groupe qui avait sauté avec lui dans le fleuve pour échapper à leur vie de servitude. Une soixantaine d'hommes et femmes, dont un bon quart était totalement sous-alimenté et en guenilles miteuses. Ses frères gladiateurs avaient un bien plus fière allure. Zerk avait continué à les nourrir chaque jour, même si les portions étaient moins copieuses que dans les premières années. Leur entraînement avait également permit aux anciens Loups de Givre de garder une musculature bien dessinée et suffisament de force pour pouvoir entreprendre le voyage qui les attendait.
Autour d'eux s'étendait du sable à perte de vue. Des dunes succédaient aux dunes et on ne trouvait qu'une peu de verdure autour des eaux vives du fleuve qui serpentaient entre les montagnes de sable. Deux palmiers offraient une petite zone d'ombre où Caspian et Eiki amenaient les plus faibles de leurs compagnons pour qu'ils retrouvent leurs esprits. Une pierre plate et allongée servait de banc de fortune pour que chacun puisse reposer un peu ses jambes après les avoir remuer frénétiquement pour lutter contre le courant impétueux. Uthred ferma les yeux pour susurrer une prière à tous les esprits qu'ils connaissaient, afin de les remercier d'avoir garder en vie autant de ces pauvres gens et pour les guider vers la liberté dont on les avait privé.
Des regards fatigués et hagards se tournaient vers lui, cherchant dans ses yeux azurés une réponse à leurs questions. Beaucoup l'avaient suivis lorsqu'il avait sauté dans le fleuve et semblait le considérer comme leur guide à présent. Il posa une main sur les épaules de quelques uns, les réconfortant d'un regard ou d'un mot encourageant. Dans ces gens, il y avait des humains et des sang-mêlés, même un elfe, preuve que l'ignominie n'avait pas de visage. Tous les peuples réduisaient les leurs en esclavage. Cette pensée fit fronçer les sourcils blonds du wandrais qui observait Moamar sortir un jeune garçon des flots. L'enfant avait le teint blafard et sa cage thoracique ne bougeait plus. Le Zurthaan tenta de le secouer et d'appuyer sur son ventre pour en faire sortir l'eau, en vain. Il jura dans son étrange dialecte du désert avant de se tourner vers Uthred, une larme coulant le long de sa joue. Pour son peuple, la mort d'un enfant était la plus grande des malédictions. Qui pouvait oser réduire en esclavage de si jeunes personnes ?
Lui revint alors en mémoire sa jeunesse dans le Sigolsheim. Son peuple aussi avait privé de liberté d'autres humains. Ils les avaient réduits en esclavage et même sacrifiés aux esprits pour obtenir leur bénédiction. Pourtant, son père lui avait affirmé que les esprits, même s'ils aimaient les pactes de sang, pouvaient se contenter de sacrifices d'animaux, tant qu'ils étaient fait en suivant les traditions et en respect des esprits-animaux dont on tuait un de leurs avatars, comme lors d'une chasse. Il n'avait jamais questionner cette tradition à l'époque, mais maintenant qu'il avait goûter à l'esclavage et qu'il reprenait sa liberté, il comprenait. Il comprenait que tout ceci n'avait aucun sens. Si c'était de sang humain que les esprits vopulaient s'abreuver, ils voulaient celui des mauvais hommes, de ceux qui cherchaient à dominer et humilier leurs semblables. Uthred baissa une nouvelle fois les yeux et croisa les regards usés de ses compagnons qui se forçaient à le regarder avec une lueur d'espoir dans les yeux. Il monta alors sur la pierre allongée, dominant le groupe assis sur le sol qui reprenait ses esprits.
Mes frères ! Mes soeurs ! Aujourd'hui, je suis heureux. Heureux d'être libre. heureux d'avoir pu vous rendre cette liberté. Heureux que vous m'ayez fait suffisament confiance pour me suivre dans les flots noirs pour que vous regagniez votre droit à vivre libre. Si je me tiens devant vous aujourd'hui, c'est pour vous dire que plus jamais je n'accepterai de baisser les yeux lorsque je croiserai un être vivant réduit en esclavage. Si je me tiens devant vous aujourd'hui c'est pour renoncer à l'acceptation de cette condition humaine honteuse. Je vous fait cette promesse, mes frères et soeurs, à tous, quelque soit votre patrie ou la couleur de votre peau, plus jamais je ne laisserai un Homme s'opposer aux droits de la vie, de la liberté et du bonheur. Je refuse de croire qu'il est normal ou acceptable de priver quiconque de ces droits, jamais, où que ce soit. Il est l'heure que nous fassions résonner la voix de la liberté ! Il est l'heure de sortir des vallées obscures et désolées des champs et des bordels où d'autres ont décidés de nous faire mourir ! Il est l'heure de d'arracher nos semblables à leurs conditions et de reconstruire nos sociétés sur sur le socle de la fraternité. Aujourd'hui, frères et soeurs, je vous fait le serment de partir à la conquête de la liberté et si je dois étancher cette soif en m'abreuvant du sang et de la haine de ceux que nous appelions nos maîtres, je le ferai. Si les esprits jugent bon de m'appeler dans le Pays-sans-Retour car ils ne m'accordent plus leur protection, je partirai la tête haute, car j'en fais le serment devant vous, plus jamais je ne laisserai les Hommes asservirent les Hommes. Je rêve qu'un jour ce combat n'existe plus, mais pour l'heure, je me dois d'être celui qui mènera ce combat. Je ne vous oblige en rien à me suivre. Vous êtes libres ! Libre de votre choix, libre de votre vie ! Personne ne critiquera ceux qui feront le choix de rentrer chez eux. Moi aussi, je rentrerai chez moi, sur les pentes du Sigolsheim, revoir les neiges éternelles qui blanchissent les sommets, mais pas avant d'avoir honorer mon serment. Je le jure ! Sur le vol du Grand Aigle et sur les crocs du Grand Ours ! J'en fais le serment !
Uthred descendit de son perchoir sous les cris approbateurs de ses camarades wandrais, bientôt imiter par les anciens esclaves qui s'étaient relevaient face à la verve de celui qu'ils appelleraient dorénavant leur Capitaine.
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