Changement de décors [Cécilie]

<< Un mois de recherche

Parce que je n'ai qu'une âme >>

premier jour de la deuxième de Barkios.

Les deux magiciennes observaient l'ouvrage, pensives. Toutes deux à genoux sur le sol, les doigts recouverts de couleur, elles observaient une page de l'épais grimoire drow. Une main sombre tourna la page, une main pâle fit de même peu après. L'une à coté de l'autre, cela faisait peut-être des heures qu'elles étaient là. Régulièrement, la voix de l'une des deux s'élevait, interrogative, dubitative souvent. Alors l'autre répondait, sur un ton semblable. Elles connaissaient maintenant tous ces passages par cœur. Pourtant, relire était toujours utile.

Elles avaient poussé la table et les meubles dehors, pour faire de la place. Car il leur fallait de la place. Des symboles mystiques couvraient entièrement le sol, et la plus grande partie des murs. On en avait ajouté quelques uns au plafond. La cabane, trop petite, montrait ses limites.

Un observateur aurait trouvé l'ensemble dérangeant, comme si tous ces motifs de couleur cachaient un sens inéffable à la frontière de la perception qui se dérobait à tout espoir de comprehension.

C'était un effet prévu, lequel indiquait qu'elles avaient plutôt bien fait leur travail. Malheureusement, parfois le bien n'était pas assez. Au cours de ce mois, la mémoire de Shyn'tae avait remonté des abysses des montagnes d'information. Malheureusement, la plupart concernaient sa propre spécialité. Elle n'avait pas une connaissance suffisante de la magie des âmes. Ces differences, ajoutées à la nature si particulière de la magie de Cécilie les avaient forcé à improviser.

Elles avaient expérimenté. Beaucoup. Des humains avaient donné leur vie pour nourrir leur soif de savoir.

Il devenait évident qu'il leur faudrait des années pour percer.

La sombre posa la main au sol et s'étira comme un chat, cambrée. Ses yeux se perdirent malgré elle dans les dessins sans fin. Sa robe blanche diaphane laissait juste ce qu'il fallait à l'imagination et, avec les bracelets qui ornaient ses membres, donnait à la demoiselle une beauté toute Ithri'vanni.

- J'aurais du t'envoyer un ouvrage plus avancé. On réinvente ce qui existe déjà. En soit c'est intéressant… Mais on va finir par se faire remarquer avant d'avoir percé.

<< L'apparition

Parce que je n'ai qu'une âme >>

Au milieu des couleurs et des formes, les doigts enduits de rouge et de bleu, j'écarte une mèche noire de mes yeux récalcitrants. A plat ventre - mes jambes ayant toujours la souplesse d'un barreau de chaise - il me faut être bien plus près de l'ouvrage que ma consœur pour le lire de façon confortable. Mon propre grimoires est ouvert à ma droite, une mine de plomb posé en travers de la page que j'ai sacrifiée à toute sorte de gribouillages... Mais rien de nouveau à y noter.

Le corps du dernier malchanceux sur lequel je me suis fait la main a été perdu dans les bois il y a une ennéade à présent mais avec la trentaine de ses frères et sœurs morts pour la connaissance - ou pour me sustenter - les choses devenaient de moins en moins confortables.

Dans l'une des robe de soie d'araignée que j'affectionne tant - l'une de celles volée au temple de Teiweon que nous avions incendiées - la grâce et la douceur des mouvements sauve le peu de pudeur que le vêtement m'autorise. Les eldéennes ne sont pas connues pour leur puritanisme et cette robe noire faussement sage de face dévoile un dos nue particulièrement échancré et une fente particulièrement haut sur la jupe. Mon médaillon doré cliquette de temps à autre sur le sol. Cela fait quelques ennéades à présent que je porte à nouveau ce petit bijou d'orfèvrerie fait d'or. Les motifs d'oiseaux et de plantes qui le recouvrent sont magnifiques en eux-même et dissimulent habilement le mécanisme d'ouverture.

- Déjà si je pouvais réussir à lever une goule correcte, ce serait une avancée fort encourageante. "

Je soupire en laissant laissant retomber la page que je m'apprêtais à tourner. Roulant sur le côté, j'appuie la tête que les genoux de ma chère collègue. A vrai dire, les deux dernières étaient plus que satisfaisante d'après Shyn'tae... Mais je ne suis toujours pas convaincue. La médiocrité banale de la satisfaction ne me suffit pas, surtout alors que chacune de mes tentatives pour tirer une essence hors de son corps et l'y remettre tout de suite en préservant ses facultés mentales ont échouées.

Réinventer les bases me convient. Shyn'tae le sait. Comprendre exactement ce que signifient chaque geste, chaque trait et chaque mot dans un rituel m'est nécessaire. De plus, des arrangements sont souvent nécessaires étant donné notre nature. Toutes ces bases me sont salutaires... Mais les livres que j'aurais pu consultés à la bibliothèque de Thaar ne peuvent être empruntés et la copie reste bien trop chère pour une si grande quantité. Et même là dedans, il ne doit pas y avoir la moitié de ce que les drows ont été capable de fournir comme théories et pratiques magiques sur la question.

- Mais tu as raison. Le temps n'est pas tant un problème que le manque de matière première... Et pas la peine d'ajouter quoi que ce soit, je sais ce que tu vas dire. " Je soupire en laissant courir mes doigts de la hanche à la taille qui apparaissent en transparence sous la robe diaphane. " J'ai repoussé cette discussion trop de fois... Je ne peux pas rester éternellement au même endroit. J'ai eu les yeux plus gros que le ventre en m'attelant dès maintenant à étudier un cas aussi particulier qu'Urgoll'Ven. Il me faut du temps pour me perfectionner et acquérir plus de connaissances rituels en plus de leurs enseignements... Et il faut que je quitte cette maudite prison et son garde chiourme. " Une expression de colère colora un instant mon expression, tendant mon corps déjà raide par nature. Mais peu importe. Il sera bientôt loin de moi, comme ça aurait du être le cas depuis longtemps déjà.

A cette idée, je me redresse sur un coude et embrasse le nombril de la sombre avant de lui servir un regard fier ou l'orgueil et le contrôle disputent leur place aux éclats de la concupiscence la plus impie.

- Je me souviens de la proposition d'une étrange eldéenne... La possibilité d'emmener une esclave humaine jusqu'au cœur d'Elda pour consulter quelques ouvrages et de l'en faire ressortir après coup... " Certes, je me doute de sa réponse... Et même si elle disait oui, je ne pourrais la suivre pour le moment. Mais quand elle se sera assuré de son retour en bonne grâce et de sa position auprès des siens, voilà une aventure qui me semble de plus en plus alléchante tant ce mois de recherche n'a fait qu'aiguiser mes appétits.

Ce visage, ce regard. Orgueilleux, fier, en contrôle. Cette attitude, ces gestes tendres, sensuels. Le cœur de Shyn'tae bat plus fort, plus vite à chaque fois que son négatif lui offre ces charmants présents. Elle a frissonné au baiser, s'est cambrée un peu plus. Une chainette de cuivre glisse de quelques centimètres le long de son ventre pour appuyer sur sa hanche, la soie noire caresse sa peau sombre.

Elle aurait pu se demander où Cécilie avait pu dénicher cette robe régalienne à sa place sur une prêtresse de Teiweon. Elle aurait pu, mais elle connaissait la réponse. Et elle avait découvert, à peine choquée, que cela la laissait indifférente. Non, mieux, cette transgression était excitante. Cécilie lui plaisait définitivement, ainsi, en prêtresse du Puy d'Elda.

Alors, par jeu, par amour de la séduction et des contrastes, elle avait choisi les étoffes fines, sensuelles et volantes, les bracelets et les chainettes d'une danseuse de l'Ithri'vaan. Leurs moyens n'avaient guère permis mieux, mais les regards qu'elle parvenait maintenant à susciter de la belle humaine étaient ceux qu'elle désiraient admirer.
La drow, dans un mouvement fluide et maitrisé, se glisse silencieusement le long de son amante.

- Oui" murmure-t-elle. "Tu as de la puissance… les soies se mêlent, blancheur contre obscurité. "Ta magie est bien mieux maitrisée, mais…" Les peaux chaudes se frôlent, nuit contre pâleur… Il y a trop d'hypothèses à tester, trop peu de moyens pour le faire. Il va falloir partir..." Quelques mèches noires se mêlent à d'autres de neige.

Un sourire malicieux et taquin aux lèvres son regard est chargé d'un désir brulant. Qu'est ce que Shyn'tae aime la voir ainsi régalienne. L'humaine le sait. Un doigt caresse la blanche mâchoire, leurs lèvres se frôlent. Ce mois-ci, Cécilie a appris à quel point la sombre aime jouer avec le désir, à quel point pour elle le chemin peut-être aussi grand que l'aboutissement.

- Je me souviens de la proposition d'une étrange eldéenne... La possibilité d'emmener une esclave humaine jusqu'au cœur d'Elda pour consulter quelques ouvrages et de l'en faire ressortir après coup... "
L'humaine poursuit alors. Le regard de la drow se perd, comme parfois. Elle s'immobilise, sa main glissée dans le large décolleté de la robe de soie. Cécilie voit ses oreilles effilées et sensibles se tendre donnant à son expression une allure de chat surpris. Elle a réveillé des souvenirs.

Des souvenirs de cette discussion à Thaar, juste avant cette finale. Une étrange Eldéenne… qui l'a gagnée, c'est improbable… mais… La voix forte qui annonce sa victoire, Na'ri qui se jette à son secours. Des souvenirs si différents qui se connectent, prennent une logique. Une esclave… Elle y pense, imagine. Personne ne croirait qu'elle puisse avoir une esclave, elle n'est rien…

Non... elle a gagné ?
Oui… elle n'est presque rien.
Mais non… Elle se souvient. Viconia qui lui annonce qu'elle est riche.

Ses lèvres entrouvertes s'ouvrent, se referment, la concupiscence emplit son regard. Elle l'embrasse, sauvage.
- Je… Je ne peux pas t'emmener au Puy… Ce ne serait pas raisonnable. Ses lèvres, fougueuses, couvrent sa mâchoire, puis son cou de leurs attentions entre chaque mots, ses dents les suivent, tous ses mouvements, ceux de sa main, de son corps, de ses jambes, tournés vers sa compagne.

- Je dois avant m'assurer d'y regagner ma place. Mais… cette étrange Eldéenne avait eu une bien belle idée.

Haletante, le visage de la sombre remonte jusqu'à ce que son nez frôle celui de la belle reine.

- Tu vas rire… Elle a les moyens de financer nos recherches.

Sur le dos, la tête posée sur la douceur des pages du grimoire de nécromancie, ma chère eldéenne me prend de court. Lorsque la surprise l'avait détournée de moi, quelques dents blanches avaient trouvées le chemin du lobe de son oreille... Ce à quoi elle avait répondu par un mouvement pour me déloger et un baiser passionné.

Un frisson me remonte le long du dos, suivit pesamment par l'envie, ce gros chat qui s'étend et se réveil aux lueurs d'un jeu qui peu durer longtemps... Et le doit même pour être intéressant. Je lève le menton, libérant ma gorge tout en glissant la main sous la fine étoffe blanche. Nos jambes mêlées et nos doigts tâchés d'encre se glisse avec l'habitude joueuse de ces récréations que nous nous offrons de temps à autres.

- Comment ça les moyens ? " Je souffle avec un sourire. Mais finalement, est-ce que c'est si important que cela ? Non. et la réponse est simple à trouvée.

Sans la laisser répondre, je l'embrasse fougueusement, l'attirant à moi sans chercher à inverser nos positions. Je me fout de ses moyens.

- Ce n'est pas l'argent qui nous manque pour le moment. Mais le savoir. " Quelques mots contre ses lèvres, ondoyant contre elle. Mes mains passent dans ses cheveux blancs. Ils ont bien repoussés à présent. Je les tire un peu en arrière pour me faufiler dans son cou. " Les tomes avancés des compilations thanatosophiques de Seldszar Veladorn. Les expériences Nisetiennes d'Elkantar. Les essais sur la géométrie sacrée d'Isilmëon... " De murmure en murmure, elle bascule sur le côté et je descend le long de sa gorge ver le col de la fine robe. " De quoi relancer la passion des recherches... Et prendre le temps de se mesurer à l'inconnu. "

Je lui lance un regard de défi. Non, je ne pense pas quitter ces lieux à ses côtés. J'ai bien une idée ou deux de pistes à suivre, et si l'envie m'en dit, je compte bien me laisser guider par le vent et les occasions.

La daedhelle soupire, leurs langues se mêlent, dansent, en un ballet de passion luxurieuse
hmm… Les tomes d'abstraction profanes de Shaz'itha… " Le bras de la belle avait enlacé la fine daedhelle.

Au cœur du réseau de dessins dont les courbes indicibles semblaient s'animer, obscènes, à la limite de leur champ de vision, la main de cette dernière glissa d'un sein au ventre, puis plus bas, effleurant, jouant, dansant inlassablement pour rendre irrésistible un acte interdit. "Il faut commencer par celui-là…" Elle soupire, se laisse guider, penche la tête pour offrir son cou en offrande à la reine. ... Seldszar Veladorn n'était plus tout à fait… Sain d'esprit, lorsqu'il a écrit ses compilations. Elle sont parfois… difficiles à comprendre.

Les yeux clos, les lèvres entrouvertes en un sourire alangui, elle s'offre, et récompense l'audace et la prise de contrôle de sa partenaire par la corruption d'un plaisir qu'elle maitrise si bien.

A un moment, elles sont tombés de cotés, leurs corps mêlés se tendent, ondoient, se découvrent.

"Il faut que je rentre au Vatna… Trouver des réponses à nos… hmmm… questions. Trouver de quoi nourrir cette… passion. " Les mots sont sensuels, La sombre miaule telle la panthère qu'elle aime jouer pour le bénéfice de sa camarade. Son bras gauche enlace la pâle princesse. Sous elles, le sol est froid, leurs mouvements brisent les lignes de leur ouvrage. Quelle importance? Il faudrait de toute manière le refaire, car il était imparfait.

- Je t'emmènerai au Puy… Quand nous serons prêtes."Ajoute-t-elle finalement. l'excitation perceptible dans des mots interrompus par la passion.

- Et toi? Que vas-tu faire?

- Ce n'est pas très gentil à dire au sujet de l'un de vos roi. "

Je ris entre deux soupire en repensant à Seldszar Veladorn, Prime sorcier devenu roi. Les eldéens ont d'étranges coutumes concernant leurs souverain mais l'aboutissement est visiblement le même. Mais déjà la tête me tourne. Mes mains s'aventurent plus loin. L'une remonte la robe blanche petit à petit. L'autre glisse mille et une fois sur les fines courbes qu'elle connait déjà, laissant la panthère reprendre le dessus en se contentant d'explorer ce qui lui est déjà acquis.

- Oui, nos questions... " J'enlace les doigts de son bras presque inerte, m'amusant avec cette peau si particulière. Elle continue. Le Vatna. C'est l'autre nom de sa ville natale il me semble. " Prête... Je ferai en sorte d'être présentable. "

Je remonte le long de ses traits, jusqu'à ses iris de sang iridescentes. Avec le jeu qu'elle m'a appris à mettre dans tout cela par amusement et non nécessité, je remonte jusqu'à ses lèvres, suivant le chemin du bout de la langue.

- Tu souhaites m'entendre le dire ? " Aguicheuse, je le sais bien. Mais la véritable réponse me brûle les lèvres, aussi la proposition pleine de sous-entendus tourne court. " J'irai... à Thaar. Vérifier les contrats qui m'attendent à la volière pour... voir du pays... Interroger mes contacts... Et si mes pas m'en donnent l'occasion... J'ir... J'irai interroger des dragons... Sur mes capacités... et qui sait pour le suite... "

- C'est… oh… parce que tu ne l'as pas… pas lu que tu dis ca… Tu te souviendras de mes mots le moment venu…" Le sourire taquin de la drow accompagne les rires de sa compagne. Pour dire vrai, Shyn'tae n'aurait pas souhaité à son pire ennemi d'être roi du Puy d'Elda. Déjà parce que le seul intérêt de la fonction aurait été d'en profiter pour lui rendre la vie impossible, ensuite parce que la nature même de la société drow avait tendance à attaquer la santé mentale de ses dirigeants. Il fallait probablement déjà être un peu fou pour oser s'atteler au casse tête de la fonction. Et de toute manière, ceux qui ne l'étaient pas encore avaient toutes les raisons de le devenir.

La sombre appréciait la nouvelle reine. Au moins cette nomination n'était à ses yeux que l'officialisation d'une réalité… Krish Al'serat était bien plus maline qu'elle. Shyn'tae la supposait capable de survivre à la fonction. Cela en disait long sur le respect qu'elle avait pour elle.

La gaze blanche s'écarte, dévoile plus de chair couleur de nuit. La panthère frissonne, s'offre volontiers à ces caresses. Elle s'étire, met en avant ses atouts, fait oublier ses faiblesses dans le jeu de la montée du désir.

- Prête… Je ferai en sorte d'être présentable. " Le regard carmin de la sombre est plongé dans le ciel enchanteur de son amante. Il s'illumine, amusé. son poignet a un mouvement, et son index joue à la récompenser avec tout le savoir qu'elle a acquis durant ce mois.

- Je te fais confiance pour ca… Ma parfaite princesse esclave en public… En secret je serai ta panthère… alanguie… joueuse… Les mots coulaient comme du miel, au rythme de luxurieuses caresses. La drow imaginait volontiers, et l'idée lui plaisait. Le risque, la récompense… Un miaulement d'excitation naquit de ses lèvres.

"... Et en réalité... Toutes deux libres... À expérimenter... À apprendre... Il y a tant à savoir.. Cecilie....

La pâle amante laissait derriere elle une peau aux sens éveillés. Puis sa langue trouve finalement les lèvres noires. Une caresse légère, suivie du froid émoustillant. La langue revient, alors celle de la sombre vient à sa rencontre et danse avec elle.

- Interroger les dragons… L'idée était si audacieuse qu'elle enchanta la sombre. " Oh… oui.. regrette… de pas pouvoir en être… Tu me raconteras…" Un baiser, plus pressent alors que le désir grandit pour prendre le pas sur le reste. Shyn'tae chérit toujours ce moment comme un trésor.

Elle abandonne ce beau visage avec regret, écarte la soie comme elle a écarté la gaze. Ses lévres cheminent à leur tour, de la mâchoire au cou, du cou à un sein, d'un sein à l'autre, puis jusqu'au ventre, autour du fruit défendu… Puis le long de ses cuisses jusqu'à ses mollets...

- Je réalise... Tu m'as jamais dit... comment tu t'appelais. L'amusement est perceptible dans sa voix. elle chemina à nouveau, de retour, n'oubliant aucune parcelle de chair, féline pour caresser autant de son son corps chaud que des bijoux de métal froid, que de la gaze légère.

- oh... j'ai eu une idée... A creuser... La daedhelle attrape une mine de plomb pour griffonner quelques mots dans une marge sans regarder, murmurant les concepts à son amante entre deux baisers  avant de reprendre sa route vers le cœur interdit de son plaisir.  

Raconter... Oui. Un jour. Cela signifie que nous nous reverrons. Il faudrait un lieu de rendez-vous. Une date. Quelque chose...

Ma respiration fait un écart. Ma main se crispe sur la reliure du grimoire. A quoi j'étais en train de penser ? Un rendez-vous... Oui. Non en fait. Pas de contrainte. Pas encore. Le rendez-vous qui m'attend en Verimios me tiens suffisamment en halène. Je ne veux pas réitérer l'expérience. Nous verrons quand le temps, l'envie et l'occasion nous pousseront à nouveau à entreprendre des recherches communes ou une dangereuse aventure au Puy.

Ma respiration m'échappe. Entre soupire plaintifs et gémissements de plaisir, quelques idées rebondissent sur les concepts qu'elle vient de me livrer. Sa savante bouche m'arrache un hoquet, m'empêchant de poursuivre, même en ânonnant. Oublieuse de ceux de l'esprit, je me laisse aller aux délices du corps. Je me cambre sur le plancher de bois dur. Les cercles et symboles sur les poutres du plafond se fondent en un caléidoscope de couleurs inintéressantes.

- Même avec... mon prénom... Tu n'as pas deviné ?

Dans un mouvement instinctif, ma main agrippe les cheveux blancs qui flattent ma peau. Une longue inspiration. Une vague intense.

Lente… Elle a parcouru les cuisses, elle a couvert de baisers leur intérieur, en une délicieuse torture qui ne veut pas cesser.

Lente… Vicieusement joueuse, un, puis deux doigts d'ébènes a consenti à effleurer le secret niché au creux de ses jambes, avant que son visage ne s'y plonge soudainement, aussi éperdument que si la drow avait été assoiffée.

Elle sourit, pétillante en sentant la main dans ses cheveux. Sa tête se redresse, elle penche d'un coté de l'autre comme le ferait un chat avide de caresses, ses oreilles tendues, frémissantes, à l'affut des mots perdus dans un océan de passion qu'articule difficilement sa belle.

Comme toute première réponse, obéissant de bonne grâce à la légère pression de la main mêlée aux cheveux de neige, la sombre se replonge sur le sujet de son affection. Sa main libre glisse sur la peau d'un ventre nu, écarte la soie, elle sent plus qu'elle ne voit ce corps danser comme elle joue du plaisir comme d'un instrument qu'elle a si grande joie à maitriser.

Cela approche… Les lèvres rebrousse chemin légèrement, pour ne laisser derriere elle qu'un souffle chaud synonyme de milles promesses de luxures. La voix ronronnante de la créature corruptrice s'élève dans la pièce vide, portant dans son ton tous les signes d'une débauche sans limite.

- Si belle quand tu es fière… quand tu gouvernes… L'amante, satisfaite de son temps d'attente, revient la faire chanter… Mais s'arrête à nouveau."Insatiable curieuse… Si vive d'esprit… Délicieusement déterminée… fragile. Magnifique..."

Encore elle recommence… Et n'achève pas. -  Tu étais quelqu'un d'important… là bas… Par delà la mer… J'ai pas cherché… je pourrais...

La drow se redresse, serpente le long de son corps, lui offre milles caresses, ses yeux pur désir, sa voix un murmure "Mais quelle importance… Sans contrainte… éperdument libre... Merci de m'avoir… appris cela."

La danseuse , le cœur battant, la chevauche. Leurs corps en négatif l'un de l'autre s'unissent en une offrande à la passion. La drow retourne à ses baisers et s'offre à ceux de son amante, égales dans le plaisir.

***

Les deux femmes reposaient toujours sur le sol. L'une sur le dos, l'autre la tête posée sur le torse de la premiere, à l'écoute de ses battements de cœurs réguliers et incessants. La chevelure de jai gisait, étalée sur le planché recouvert de symbole. la chevelure de neige s'étalait sur la peau pâle. Leurs jambes mêlées, une main serrée dans l'autre, elles profitaient toutes deux des derniers doux échos du plaisir.

Finalement, ce fut Shyn'tae qui rompit le silence.

- On a décidé de tout. Sauf de ce qu'on va faire de notre invité.
- Il peut partir, je n'ai pas encore les compétences pour en tirer ce que je veux.
- En effet.

C'était un fait, il n'y avait pas à débattre de cela. Le vieux drow n'était plus utile à grand chose pour l'instant, et il ne pourrait accompagner aucune des deux magiciennes.

- Je m'en occuperai. La sombre haussa les épaules, son oreille frémissante chatouilla la peau de son amie.

Au fond, le sort d'Urgoll'ven l'indifférait presque totalement: Ni l'une ni l'autre n'en tirerait rien de plus pour le moment. Seule restait cette question à laquelle le futur seulement pourrait répondre: Serait-il capable de survivre durablement?

Si c'était le cas, elle avait peu de doute de parvenir à le retrouver lorsque le moment serait venu.