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 Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll

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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeSam 7 Déc 2019 - 21:12

<< Changement de décors
Je suis venu te dire... >>


6e jour de Barkios ~ Automne
17e année du XIe Cycle
Principauté des Sept-Monts


L'automne n'était rien qu'un mot dans ces terres exotiques. Un mot particulièrement abstrait d'ailleurs. Le matin était toujours chaud, la journée collante et la soirée tiède. Ce jour ne faisait pas exception et c'est en pensant aux terres glacées de Lourmel que je buvais un bol de thé à l'ombre de la façade accompagnée de ma camarade de réveil difficile. Le moment aurait sûrement été plus agréable si j'étais du matin... Hélas, mon oreiller était toujours aussi difficile à quitter, aussi aplatit qu'il soit... Et bien que mes plaisirs ne le soient pas, mon lit solitaire me laissait bien trop de place pour que le sommeil ne me vienne facilement.

Une fois le bol terminé, quelques bons mots échangés et ma toilette faite, j’enfilais une tunique de coton blanc et une jupe longue aux couleurs vives dont les imprimés locaux me battaient les jambes jusqu'aux pieds. Le noir avait disparu de mes mains depuis bien des ennéades mais j'avais soigneusement entretenu mes cheveux de jais, toujours aussi profonds qu'au premier jour. Les pieds bien à l'abri dans mes soulier de fleur de cuir, je m'étirais de tout mon long avant de pousser la porte de la chambre de notre invité.

Ce jour-là, comme les trois jours précédents, il me revenait à moi d'apporter au drow son repas du matin. Une rareté en soit puisque Shyn'tae s'en était chargé la plupart du temps. Mais depuis trois jours, le drow refusait de s'alimenter et la dynamiste avait fini par accepter que j'aille plus loin que les inspections magique que je menais depuis quelques ennéades maintenant, toujours plus proche de la Flamme de notre hôte. Une habitude qui avait le mérite de m’entrainer à l'approcher sans y faire de dommage, un art bien plus ardu qu'il n'y paraissait.

La petite fenêtre qui laissait entrer à grand flot la lumière du soleil éclairait un large lit. Quelques étagères entièrement vidées et un nécessaire de toilette sur une petite table dans le coin le plus obscure. Abattu et léthargique, je ne m'attendais pas à la moindre réaction de la part du grand drow au moment de déposer le plateau sur son matelas de laine. Aucune non plus en le saluant et en l'appelant par ce nom rugueux que m'avait donné Shyn'tae.

- Bonjour Urgoll'Ven. Vous vous êtes décidé à manger ou je vais encore devoir rester à votre chevet aujourd'hui ? " lançais-je tout de même par habitude plus que par acquis de conscience.

Puis, sans vraiment attendre, je tirais la chaise laissée là la veille et m'asseyais pour observer le grand homme. Son expression absente. Son immobilisme imparfait. Le dot droit et la tête relevée, je ne décelais pas le moindre changement... Et si la veille j'avais surtout attendu pendant des heures, il était tant d'agir. De toute façon s'il continuait ainsi, nos expériences auraient échouées avant même d'avoir débutées. Shyn'tae voulait que je vérifie si la faiblesse de son corps n'avait pas atrophiée son esprit. J'avais tenté de remonter le lien magique vers son dragon, de le comprendre, de déceler les fissures de son essence durant dans ennéades, mais cela n'avait rien donné. Alors il ne restait pas grand chose à faire...

- Vous vous souvenez sans doute que je vous ai prévenu il y a plus d'un mois maintenant : J'ai besoin de vous pour faire des expériences sur la guérison d'une essence dissociée et la façon dont elle peu perduré à un corps par trop abimé. Certes, je voudrais les pratiquer sur un sujet en bonne santé, mais si vous persistez à ne pas vous sustenter je risque de tout perdre, car pour l'instant je ne suis pas encore en mesure de passer à la pratique sur un cas aussi complexe que le votre. Je n'aurais donc d'autre choix que d'employer tous les moyens à ma disposition pour vous pousser à réagir, quitte à risquer votre vie. " Je lui avais déjà répété presque mot pour mot cet état de fait la veille... Mais cette fois, je pouvais ajouter quelques mots qu'il n'avait encore jamais entendu. " Vous avez une heure pour finir ce plateau. "

Une heure bien longue durant laquelle je profitais du silence pour méditer et me concerter sur ce qui allait suivre. Leurs murmures étaient toujours de bon conseil. Elles étaient convaincu qu'il ne bougerait pas, d'ailleurs. Elles avaient raison.

Une heure plus tard, je sortais le plateau de la pièce pour y revenir, l'air affairé. Au bout de trois jours à n'avoir rien mangé et à peine bu, l'homme commençait de nouveau à s'émacier. Avec l'aide de Shyn'tae, je liais ses poignets à la tête du lit à l'aide d'une épaisse corde. Puis je me retrouvait seule une nouvelle fois avec cet imposant invité.

Un soupire et ma peau se hérissait sur le passage que formait l'apparition des marques d'encre aux couleurs confuses. Une longue inspiration. Celle d'un limier.

- Pourquoi souhaites-tu mourir ? " soufflais-je, mes yeux noirs bordés de bleu vrillés dans ses iris rouges. Je m'asseyais sur le rebord du matelas, frôlant la hanche du drow.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeDim 8 Déc 2019 - 15:13


Lentement, elles se déploient, avec délicatesse et mesure. Se déposant sur le mince fil pâle, si léger et pourtant résistant, les pattes de l'araignée l'y portent avec aisance. La maîtresse parcourt son oeuvre avec régularité, en réparant les délicats traits de soie, attentive à la moindre vibration indiquant l'arrivée d'un repas. Son domaine s'est étendu dans un coin de la petite piège, lui donnant une bonne vue de ce qui s'y passe. Mais quel intérêt pour elle ? Seuls comptent les insectes s'en venant mourir dans ses filets.

Un jour, elle s'était risquée à étendre son royaume. Un jour, elle était descendu vers une grande surface grise, irrégulière, donnant une bonne accroche à son fil. Elle y avait cru, le temps d'en tirer un, puis deux, trois... Et patatra. La grande chose avait bougé. Infiniment, après un long temps à œuvrer, mais cela avait suffit à faire fuir, finalement, Dame Arachnée.

Jours, ennéades, mois. Le temps avait filé, sans que le sombre ne semble y prêter attention. Le temps, rythmé par la luminosité, la nourriture, les présences, les mots... Tant de choses dédaignées. Les blessures s'étaient refermées, les plus récalcitrantes mêmes. Des soins, de la nourriture, ce qu'il fallait pour remettre un corps d'aplomb. Insuffisant. Malgré les ennéades, la chair avait à peine revêtu la charpente délaissée. Le géant n'avait plus bougé, si ce n'est, et encore, pour aller à la selle. Tout au long des jours, demeurant vouté, les bras ballants, le regard ailleurs. Tout au long des nuits, faisant de même. Faisait-il la sourde oreille ? Se jouait-il de ses geôliers ?... Qui serait demeuré ainsi immobile, avec une telle persévérance, sans devenir fou ?

Lui parler n'attirait plus guère son attention. Que sa tête tourne, et cela ressemblait davantage au hasard des muscles, d'un contrepoids qui aurait mené sa gueule à pencher d'un côté ou de l'autre. Son souffle, la pulsation de son sang, des signes physiques d'une vie entêtée... Là où l'esprit n'en donnait plus.

De mots, il n'en prononçait plus. De regard, il n'en avait plus qu'un, vacant. De gestes, il n'en avait que de rares, distraits, réflexes tenaces et pourtant de plus en plus espacés.

La magie de l'autre avait rampé, épié, à son aise, en prenant son temps. Ce qu'il restait du sombre ne s'était que davantage renfermé.

Que la femelle éphémère vienne ne le fit pas réagir. Ni la nourriture, ni les mots, ni même l'approche. Les yeux de sangs étaient entrouverts, sans vraiment voir.

La gueule carnassière demeura close.
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Cécilie de Missède
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MessageSujet: Re: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeDim 8 Déc 2019 - 17:18


Puisqu'il n'y a d'autre choix, alors risquons de jeter à l'eau tous ces efforts, c'est tellement plus drôle ! ... Quel cynisme pour un si morne matin. Je m'en sentais presque aussi lasse que lorsque le fermier venait livré ses cageots de victuailles. Dans un mois aussi riche en rire et en recherches attrayantes, c'était un comble de se sentir à ce point agacé.

Assise sur le bord du matelas, je me redresse et pose la main sur l'épaule nue du drow, juste au bord de son dos ravagé. Les yeux dans le vague, les sons changent légèrement. Le froid se répand autour de moi. Les lumières et les ombres se mêlent et s'étendent à la périphérie de la vision. Les parfums se mêlent aux couleurs, restent lointains, retissant à approcher d'un gouffre aussi ancien que celui qui s'ouvre entre les crocs des Lamentations. Elles sont là. Elles glissent et s'échappent en une présence éthérée et carnassière. La bave aux lèvre, le poison perle au bout de leurs crocs.

Parchemin sous une plume de volonté, ma peau perd sa couleur. Mes lèvres ternes forment des mots. Des murmures graves dans lesquels l’écho laisse entendre la multitude qui m'habite. Dix ? Cent ? Lest timbres se mêlent en une chorale abyssale. Le rythme des anciens chants se fait dissonant, dur à l'oreille des auditeurs. Doux aux miennes.

Comme je l'avais fait tant de fois, je me penche sur le Rythme de ce tambour fêlé. Cette caisse de résonance crevée. Cette essence fissurée. Cachée derrière les barrières du mental et l'instinct de conservation, je me fraie un chemin. Doucement. La magie que je manipule est bien plus forte que d'ordinaire. Le contrôle est bien plus instable et bien plus facile en même temps. Les Lamentations sont à mes côtés et je ne les cache en aucune façon.

Les murs et les labyrinthes de la psyché restent intactes. La volonté qui me repousse, j'y applique une poussée contraire, constante, sans la déchiqueter de mes crocs. La Faim est là. Comme toujours. J'en ai l'eau à la bouche et le ventre qui gargouille, mais j'ai mangé cette nuit, justement pour ne pas être tentée. Justement pour qu'elles soient facile à tenir.

Sentir une autre conscience se frayer un chemin jusqu'à la sienne peut-être douloureux, et même traumatisant, même lorsque c'est fait avec attention. Accueillir quelqu'un dans sa chair contre sa volonté est une épreuve. Accueillir quelqu'un dans son âme est plus intime encore. Plus difficile. Plus révulsant. Car si le corps se souvient, l'âme ne peut rien cacher. Ce que l'autre voit est mis à jour. Mis à nu de la façon la plus froide et la plus abjecte possible. Ce qu'on ne veut pas voir. Ce qu'on ne veut pas comprendre et laisser dans l'obscurité de son être le plus profond... Voilà les secrets de l'âme qui vacillent sous les yeux de l'hydre que nous formons.

ça y est, je la sens, cette essence intime. A travers ce lien insidieux, nous sentons sa pulsation irrégulière et la lointaine présence de son autre lui. Cette âme fatiguée. Volontairement affaibli et brimée. Pourquoi ? Comment ? Est-ce pour cela qu'il n'a plus goût à rien ?

Nous voulons comprendre. Je veux comprendre. Nous nous y enfonçons. Comme un pieu dans le cœur.

Une chaine.

Des fers.

Nous sentons cette essence, lourde et dur. Immobile. L'idée d'une prison surgit à ma conscience. Des liens et Des verrous si nombreux qui contraignent cette âme claquemurée. Pourquoi ? Qu'y-a-t-il derrière les barreaux ? Qui les a fermer ? Pourquoi l'a-t-il supporter ?

Ce qu'il y a à l'intérieur est-il la cause de son absence de guérison ?

Je gratte, je pousse. Et de toute mes forces, je tente de déformer les barreaux, de briser les verrous, de tirer sur les maillons des épaisses chaines.
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Naukhel
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MessageSujet: Re: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeDim 8 Déc 2019 - 18:57


Ne pas voir. Ne pas entendre. Ne pas sentir. Ne plus être lui. Tendre seulement vers ce qui est l'autre. Silence. Oubli. Déni. Encore. Encore. ENCORE. Se détourner de tout, plonger tout ce qui n'est pas l'autre dans l'obscurité. Soi. Les autres. Ne ressentir que l'autre. Faible, diffus, lointain... Ressentir cela, du moins. Les échos, ce qu'il imagine, ce qui est autre que lui. S'effacer, petit à petit.

La voix. La présence. Le contact. La magie. Avertissements. Détails futiles.
Les nier.

Magie. Magie obscure. Magie faite de crocs. Froid. Par delà la peau, . Un regard autre.
Nier. Nier ce qui n'est pas l'autre auquel il est lié.

Ce que l'esprit dénie, le corps ressent encore. Danger. Une inspiration plus empressée.

Se tendre vers l’inatteignable. Nier ce qui est. Rejeter ce qui ne peut l'être. S'éloigner, en dedans, en dehors, qu'importe. Ne pas être. Fermer les paupières invisibles pour ne plus que ressentir. Noyau aveugle rapetissant. Esprit voulant sa propre disparition. Nier, nier, nier, nier, une litanie sans mot, imposant le silence et la non-existence, quand bien même demeure la chair, quand bien même demeure le monde. Le souvenir d'une Flamme étouffant ses braises par le vide.

Douleur, au coeur de l'obscurité.
Nier. Nier ce qui n'est pas l'autre.

Danger.
Nier. Nier ce qui est autre.

Là. Là où rien ne devrait être.
... Quoi ?

Se tendre davantage, oublié davantage, fermer les paupières qui ne peuvent l'être, insister en sentant quelque chose, respirer l'ailleurs, s'imprégner de l'ailleurs, ne pas être, ne pas regarder en arrière, ne pas-

ÊTRE.
Non.

Rappel impérieux. Urgence primale. Le déni l'a élevé au dessus de l'eau; le rappel l'attrape, se cramponne à son être, l'entraîne brutalement, à toute allure, en arrière, vers le bas, là, où il ne veut pas être, où il n'y a rien, où il fait sombre et froid, plaie, brûlure, où il ne doit rien y avoir...

Résister, c'est être.
Ne rien faire, laisser faire, fermer les paupières éthérées, oublier, nier, s'effacer... Comment effacer ce dont la forme est forcée ? Comme cacher ce qui est montré du doigt ? Comment ignorer la sensation d'un regard se posant sur l'invisible ?

ll ne le peut. Nul temps, nul entre-deux, nul adaptation. Soudain, la brutalité d'un écorchage, le souvenir de mille aiguilles, la brûlure du sang bouillant dans la chair mise à nu par le feu. Être vivant, quelque chose proche de sa Flamme, forçant les pourtours de son être psychique, ces choses qui ne devraient pouvoir être touchées et perçues, telle une étreinte forcée sur un corps à la chair à vif, nue, larmoyante et sensible.

Une brusque respiration, avant l'idée d'un cri.
Car quelque chose a cédé... Et le vide s'emplie en un instant.

Un hurlement qui ne peut être poussé. Une plainte qui ne sera entendue. Un corps qui sera broyé dans l'indifférence. Un froid qui étouffe la moindre flamme. Le temps qui s'écoulera sans délivrance. Il n'y a pas d'avenir. Le passé n'est que cendres. Ce qui manque ne pourra être retrouvé. Ce qui a été ne sera plus jamais, et ne devrait plus jamais être. Pourquoi être ? Pourquoi ce nouveau pas ? Pourquoi une énième blessure ?

Plutôt descendre dans l'abysses, et se repaître de ses ombres jusqu'à la lie. Cela ne coûte rien, cela est facile, cela est reposant. Livrer l'être à cette mort silencieuse, du corps se rabougrissant au gré des derniers flamboiements. En souffler chacun, précautionneusement, pour ne plus sentir l'étreinte du suaire qui se resserre, telle la peau sur les os que déserte la chair, jusqu'à ce que - Ha ! Il ne soit plus vivant.

Un linceul doux et froid, se nourrissant de ce qui fut, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien.
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MessageSujet: Re: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeMer 11 Déc 2019 - 14:11


Un tressaillement. La volonté se dresse, se cabre et m'agrippe. Elle ne veut pas voir ce qu'il y a dedans.

Collé contre lui-même, l'esprit lutte pour ne pas revenir. Il lutte pour ne pas ressentir ce qu'il ressent déjà. Il lutte pour ne pas être là où il se trouve à ce moment précis. Alors le combat commence. Il commence contre lui... Et contre nous qui l'obligeons à voir.

A-t-il seulement conscience qu'il nous attaque en se rejetant ? Je n'en sais rien. Ça importe peu. Il serre, il pousse et il frappe. Je résiste aux coups, je relâche de temps à autre pour esquiver. Pour reprendre mon souffle. Nous joutons un long moment, mais avec la fatigue vient le manque de retenue. Le contrôle vacille. Les coups sont plus difficile à encaisser.

La sueur coule sur mes tempes. Plusieurs fois, les mots ripent sur ma langue. L'écho se désynchronise. Mes paupières se serrent. Mes sourcils se froncent sous l'effort.

Pour enfin, reculée. Pas à pas.

Je prends une longue bouffée d'air en me retirant totalement de l'être du sombre. Une inspiration de noyée crevant la surface. La tête me tournait légèrement, mais c'est sans un mot que je ramassais le plateau pour sortir.

Avec étonnement, je m'apercevais que la séance avait durée plus d'une heure... Et que j'avais sacrément faim. Après avoir engloutit un rayon de miel entier tout en discutant des difficultés que j'avais rencontrées avec Shyn'tae, je sortais pour me promener alentours. Un peu d'air frais m'aiderait à réfléchir.

A l'ombre des bois, mes pieds reprennent d'eux-même la direction du hêtre habité par l'esprit errant. Le combat... Oui. Il était bien de retour, mais il tentait encore de s'éclipser. Il essayait de partir. De se détourner de lui-même... Mes idées remontent la piste des faits, des sensations. Les coups. Je porte ma main à mes côtes, là où se trouverait sans doute le plus impressionnant des bleus si les coups du drow avaient été physiques et non mentaux. Là ou je l'avais sentit malgré tout. Maintenant que j'y pensais, il avait une large brûlure à ce niveau là... Il s'attaquait lui-même... Mais il ne supportait pas la mort.

Assise au pied de l'arbre, la tête posée contre l'écorce, je regarde le ciel clair à travers les branchages. Le vert se mélange peu à peu au bleu et la lumière me parvient en quelques rayons disparates. Un peu de silence. Un peu de solitude. Un bonheur simple.

Le drow dissocier occupe mes pensées. Des idées. Des hypothèses émergent. Si le drow dissocier est dans le rejet total de sa propre conscience cela pourrait être à cause de la douleur. La perte du petit dragon pourrait être un véritable problème au point de dégrader son état... Et si j'avais pu envisager de demander à Dante de retrouver la créature, c'était hors de question à présent. Alors quoi ? l'attirer ? Lui faire sentir une proximité fictive ?

... Ou... ?

__________________

La nuit est tombée depuis de longues heures déjà lorsque je me réveille d'une sieste bien trop longue. Qu'importe. J'entre dans la chambre obscure. Avant de fermer la porte, j'allume la lanterne qui pend au plafond et retourne auprès du drow que nous n'avions pas détachée depuis la mi-journée.

Je sens Shyn'tae fureté au dehors, mais cette fois, c'est uniquement entre moi et lui. Une expérience dont je prends seule la responsabilité. Dont nous prenons la responsabilité.

Une nouvelle fois, mes iris se dilatent. D'un pas lent, je me glisse près du drows étendu. Les marques révélées et le froid qui nous nimbe floutent le décor auquel je ne prête plus vraiment attention. Mes doigts se posent sur la nuque du drow, légère comme s'il s'agissait de la peau hypersensible de mon Chasseur. Ils descendent jusqu'au milieu de son dos détruit. Jusqu'à ce que, d'instinct, j'y appui la main, doigts écartés, en un lourd encrage.

Cette fois, ma conscience s'élance au contact de la sienne, utilisant des ennéades d'habitudes pour arriver au niveau de son essence. Je regarde les barreaux. Je regarde les verrou. Mais surtout, je perçois le lien lointain qui le maintien en contact avec cette autre part de lui. J'observe une nouvelle fois, m'appuyant sur mes analyses précédentes pour repérer les quelques points qui m'importent ce soir.

Et s'étendant en une étreinte meurtrière, nous nous glissons entre lui et lui. Au lieu de le pousser vers le dragonnet pour lui faire croire à un retour, nous sommes comme un nuage d'orage entre la plante et le soleil. Couper le lien est hors de ma portée. Mais l'occulter, c'est autre chose.

Puisque tu laisses si peu passer, prisonnier de toi-même, tu ne recevra plus rien. A toi de te battre pour ce qui compte peut-être encore. A toi de laisser ton instinct se déchainer.

Je murmure, penchée à son oreille.

- Viens chercher ton cher dragon. "
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MessageSujet: Re: Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll   Parce que je n'ai qu'une âme | Urgoll I_icon_minitimeDim 15 Déc 2019 - 17:43


A cause d'elle, voilà qu'il ouvrait les yeux. A cause d'elle, il reprenait conscience. Conscient de la chair affaiblie, conscient des liens suffisants, conscient de tout. De trop. Un retour brutal, où s'entremêlèrent furieusement rejet et attaque. La volonté de laisser faire pour en finir; le refus catégorique de permettre davantage. Lutter, contre soi, contre elle. Lutter pour ne plus être, mais résister presque par réflexe.

Finalement, elle s'était retirée, avant de quitter la pièce.
Le sombre n'en avait été en rien apaisé.

Tremblant frénétiquement de tout son corps, serrant les dents, le souffle paniqué, s'agitant confusément. Les battoirs se verrouillaient sans s'accrocher à rien, les muscles se bandaient dans un but indistinct. Pas un mot, pas un rugissement, rien. Rien que le chaos d'un être agité, laissé enfermé, en proie à ce qui ne pouvait être éternellement réprimé.

Le gémissement des cordages, le frottement de la peau parsemée de cicatrices, le chuintement indistincts des crocs... Longue litanie, égayée de petits chocs, de grondements erratiques.

L'épuisement, enfin, qui le noie un petit peu. Les paupières qui se ferment, l'oubli de l'inconscience...

Mais que la main le touche, après un temps ignoré, et le grand corps inspire brutalement, tel un noyé revenant à la surface. Yeux ouverts, muscles tendus...

Sentir, qu'elle est . S'égosiller sans un son. Se débattre dans ce néant ignoré jusqu'alors. Le vide s'est empli de confusion, tour à tour rugissant, puis prostrée. Son aisance le glace. La possibilité le révulse.

Le refus sera ignoré, la sentence appliquée.
Une certitude viscérale ancrée au cœur du chaos.

Le souvenir marque la mémoire, comme tant d'autres.

Elle n'a pas à être là-
Elle ne peut pas-
Elle -

Ce qui manque. Réaliser qu'il manque quelque chose. Sentir au creux de son être la distance devenir disparition. Quelque chose qui ne semblait pas possible. Ne plus le percevoir. Pour un instant ? A jamais ?

Un brutal silence. Celui d'une conscience qui vacille face à l'inconcevable. Un frémissement lui parcourant le corps, lui crispant les mains et la figure. Une respiration interrompue, alors que les mires s'ouvrent grand, que la gueule est béante et silencieuse.

Sentir la chair qui n'est que faiblesse. Sentir l'ennemi en son sein, à son aise. Sentir ce qui lui est de plus cher lui être retiré, sans difficulté.

Où est la Flamme ? Où est la lutte ? Que reste-t-il de résistance ?
Les mains larges s'ouvrent, tendues vers quelque chose d'invisible. Le sombre ne regarde pas devant lui, ses yeux ne voient rien, alors que tout ses sens se taisent pour tenter de percevoir encore... Et ne ressentir que ce vide sans délivrance.

"...Nau... Un chuintement, plus qu'un mot. ...Belbau ol rath... Ulu... Uns'aa..."
...Non... Rends-le... Moi...

Un timbre rauque et usé, grave comme un grondement de pierre, brisé comme la voix d'un étranglé. La force d'un murmure, la puissance d'un froissement de tissu... Et dans ses replis éraillés, un aveu innommable : celui d'une lamentation.

_________________________

S'opposer comme lutter, il ne le voulait plus. La spirite n'eut qu'à exiger, et il jura, sur les dieux et son lié : puisqu'elle le désirait, il resterait en vie. Chaque année, le premier jour de Verimios, il déposerait un billet à l'attention 'd'Aliénor' à l'auberge des Deux Soleils, à Ys. Un jour, l'éphémère serait prête à poursuivre. Un jour, il la suivrait dans ses recherches immondes.

Sans volonté, il capitula, et subit les marques de la spirite... Et la menace que la moindre trahison de son serment romprait son lien. Comment ? La question ne fut pas posée. Qu'elle cesse et qu'il ressente* à nouveau, voilà tout ce qu'il désirait.

Qu'elle s'en aille et il dut à nouveau respirer. Respirer, être conscient, ressentir... Assermenté contre son grès, pour poursuivre cette mascarade d'existence.
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