Le périple sgardien (Elia)

Le soleil commençait à décliner derrière les sommets des Monts d'Or. Bientôt le jour cèderait sa place à la nuit, poursuivant leur ronde inexorable, et le grondement des sabots massifs des destriers odélians qui martélaient la terre se fit entendre. À la tête de sa garde, flanqué de Roland, Gaubert enrageait en tapant du poing sur sa selle.

Par les seins pendants de Tyra ! Foutu pays de merde avec ses saloperies de montagnes !!

Après s'être entretenu avec le régent d'Alonna, après avoir partagé des batailles et des battues avec les serramirois, après avoir reçu des pontes d'Estrevent et d'ailleurs en Isgaard, le comte d'Odélian était résolu à rencontrer les sgardiens. Les travaux visant à agrandir le port était maintenant lancé et sa présence là-bas n'était plus nécessaire, pour un temps du moins. Il lui fallait rencontrer les seigneurs de la Marche septentrionale avant le début de leur Grande Foire. Il y avait bien des choses qui devaient être discutées et convenues entre les deux territoires, et ce, sans les distractions d'un grand rassemblement festif où joutes et concours se diputeraient la vedette.

Seulement, le comte, têtu, avait voulu emprunter la voie marchande terrestre et au détour de Nibelheim, sans panneaux indiquant la direction à suivre, ils avaient pris à gauche au lieu de prendre à droite, tourné en rond entre des conifères gigantesques, montés et descendus des pentes, aperçus d'étranges bouquetins massifs et traversés dans un sens puis dans l'autre une rivière. En un mot comme en cent, le groupe s'était perdu, même si le vieux comte ne l'admettrait pas aussi facilement.

Des pins ! Des cailloux et des pins ! Comment voulez-vous qu'on s'y retrouve dans cette contrée pourrie ?

Brisant enfin la monotonie de leur errance, la forme rassurante d'une ville leur apparut dans la vallée, adossée à la rivière qui serpentait paisiblement depuis les hauteurs de la baronnie. Roland pointa le bourg, soulagé.

Là, votre Grandeur. Nous pourrons faire halte pour manger, faire récupérer les chevaux, passer la nuit et récupérer la route d'Oësgard.

Et dire que leur voyage aurait du s'achever sur les coups de midi, entrant dans la cité capitale de la baronnie. Au lieu de ça, ils avaient perdus des heures dans la campagne oësgardienne à chercher la bonne route.

Comment ça passer la nuit ? Nous sommes en début d'après-midi !
Les bêtes sont fatigués, Monseigneur. Elles renâclent de plus en plus, et même les hommes commençent à s'épuiser, nous sommes en route depuis le lever du soleil, sans manger.

Gaubert souffla, légèrement exaspéré, avant d'ajouter.

Soit. J'ai faim et soif également.

Et une furieuse envie de se poser devant un feu pour se réchauffer. C'est qu'on se pelait le cul dans ce pays de sigols. D'un petit coup de talons, le comte et ses hommes firent avancer leurs montures plus rapidement jusqu'à atteindre les premières habitations du bourg. Là, dans la rue, un groupe de femmes avaient étendues des tapisseries sur des tréteaux. Gaubert se tourna vers son sergent, un sourcil levé.

Qu'est-ce que c'est que ces rombières qui étendent leur linge le long de la route ?
On dirait des religieuses, votre Grandeur.
Ha !

Piqué par la curiosité, il dirigea Targon vers le groupe de nonnes pour voir ce qu'elles faisaient ici. Arborant un large sourire, il leva la main.

Holà, mes soeurs !

Assise sur un tabouret, son regard se porta sur les passants qui traverser la route qui mener vers le centre du bourg. Elia se demandait la raison de ne pas vendre la tapisserie dans le petit marchée du petit bourg. Astrid la prêtresse jugeait que c’était préférable de vendre aux abords de la route principale dont de nombreux marchands traversait la route, susceptible d’augmenter les ventes. Un autre avantage, elles étaient légèrement plus proche du couvent pour rentrer.  Le dernier point, la gens du coin savaient que les sœurs vendaient sur cette route et n’avaient pas besoin de les chercher dans un autre endroit pour acheter les tapisseries. Puis…Aujourd’hui, ce n’était pas le jour du marché.

Elia croisait le regard des voyageurs et les locaux, elle adressa un sourire poli à l’intention des passants. Sa fine main passa sur sa nuque sentant le manque de cheveux. Ça fait combien de temps qu’elle avait coupé les cheveux ? Une ennéade ? Oui, c’était bien une ennéade… Elle n’était pas habituée d’avoir des cheveux si courts. Pourtant, elle se sentait indirectement libérée de quelque chose de plus profond. Ses maux indésirables étaient toujours là, parfois, elles hantèrent ses rêves. La douleur sera toujours là…Ca va se cicatriser. Je ne suis plus la même maintenant. pensa-t-elle. Puis, son intention se porta sur Solveig en train de discuter avec un client. Solveig était toujours souriante et accueillante. La belle blonde représentait vraiment un petit rayon de soleil pour la petite Oesgardienne. A cette instant, Elia l’observa avec une admiration et une étrange douceur. Au fond, elle était contente de l’avoir rencontrée. Solveig la soutenait dans ses moments les plus incertaines de sa vie et c’était sa confidente.

De nouveau, un souvenir agréable survint dans son esprit. Dans la chambre, Solveig se figea en apercevant toute sa longue chevelure tombait qui étaler sur le sol. Les yeux de solveig trahissaient sa surprise, une incompréhension jusqu’à sa voix raisonne dans toute la pièce et dans le couloir. A cette instant, Elia avait rit.

« Qu’est qu’il y a, Elia ? » demanda Solveig sortant Elia de sa rêverie « Tu as l’air de rêver »
« Ah… » secoua légèrement la tête « non, je te regardais. J’aimais juste te voir rayonner. Puis, je me souviens de cette soirée ou tu m’as hurlée dessus pour avoir coupé mes cheveux. »

« Normal ! On ne coupe pas une belle chevelure comme la tienne. C’est un blasphème ! » fit-elle la moue
 
« Oui, tu as raison. » hocha la tête, lentement sans répondre davantage hormis un sourire.

Puis, son attention se porta de nouveau sur les passants. Comme toujours, elle ne pouvait s’empêcher d’observer les gens, leurs postures et leurs démarches. Tout ses renseignements révélaient les caractères des individues. Puis, son attention se porta sur un nouveau groupe d’individu avec une tenue plus noble. Des nobles ? Était-ce des nobles du coins ? Elia avait des doutes…La tenue était très peu Oesgardien. Oh, ils s’approchaient de leurs étalages. Solveig regarda Elia. Cette dernière renvoya le regard à Solveig opinant de la tête.

Avec toute sa grâce qui trahissait une éducation de haute noblesse, Elia se leva de son tabouret. Elle arrangeait sa robe bleue que le culte lui avait offert. Un jolie manteau simple blanc recouvrait son corps. Elia posa son regard sur le vieil homme qui héla les jeunes femmes.

Holà, mes soeurs !

« Mon seigneur » s’inclina Elia devant le noble. Solveig et la vieille prêtresse fit la même chose. Puis, quelques marchands arrivèrent pour accaparer l’attention de la belle solveig et de la prêtresse. Elia en profita pour s’approche du seigneur pour faire comprendre aux autres éventuel client qu’elle était occupée.

« Je suis certaine que vous venez de loin, je me trompe, mon seigneur ? » elle joignit ses mains devant elle, adressant un sourire poli et doux. Cependant, à travers ses yeux bleus, elle analysait le vieux noble  et son acolyte sur leurs chevaux respectifs.« Que puis-je faire pour vous ? »

Spoiler:

Le comte approchait du groupe de dévotes au petit trot, lorsqu'une jeune femme aux cheveux courts fit un pas en avant et se fendit d'une élégante révérence, bientôt immitée par deux autres nonnes.

Mon seigneur

Les soeurs furent accaparées par les quelques gueux qui s'attroupaient autour de leur étale et c'est celle qui avait initié le salut qui s'approcha de quelques pas vers l'impressionante monture de Gaubert.

Je suis certaine que vous venez de loin, je me trompe, mon seigneur ? Que puis-je faire pour vous ?

La jeunette était mignonne, bien que sa coupe lui donnait un air de garçonnet qui diminuait grandement la grâce de ses traits. Tirant sur la bride, le comte fit s'arrêter Targon à quelques pas de la jeune nonne.

En effet, ma soeur, nous venons d'Odélian, en route pour rencontrer le seigneur de ces terres. Je crains que nous nous soyons égarés en route.

Il démonta, aussitôt imité par sa garde. Il caressa l'encôlure de Targon en approchant de la jeune femme, suivi de près par Roland et ses hommes. Un sourire chaleureux, contrastant avec la colère qu'il avait exprimé quelques instants plus tôt, étirait ses lèvres.

Peut-être sauriez-vous nous indiquer le bon chemin ?

Il tourna les yeux vers les quelques marchandises que les religieuses avaient exposées. Il remarqua les couleurs vives des tapisseries qui dépeignaient diverses scènes, tantôt légendaires et saintes, tantôt quotidiennes. À première vue, c'était du bel ouvrage.

Qu'avez-vous là, ma soeur ? Est-ce vous qui créer ces magnifiques tentures ?

Il leva un sourcil en jetant un oeil aux marchands qui discutaient du prix auprès de celle qu'il jugea être la Mère de part son âge plus avancé. Des marchands qui marchandaient, rien de bien étonnant, même auprès de représentantes d'un saint culte.

Voici mes créations. J’ai dessiné les images que vous voyez là. Puis, mes sœurs et moi avions crée de nos mains la tapisserie que j’ai faites à partir de mes dessins. Je ne dirais pas mes créations mais la création de nous tous.

La jeune nonne aux cheveux courts était passé derrière l'étale pour attirer l'attention du comte sur des tapisseries particulières. Elle se tenait correctement et Gaubert avait remarqué la remarquable révérence qu'avait fait la gamine. Elle était probablement de noble naissance, aussi noble qu'on pouvait l'espérer chez les baiseurs de boucs sgardiens. Tandis qu'il admirait la finesse du tissage sur les oeuvres pieuses étendues face à lui, une autre jeune nonne, une petite blonde aux traits gracieux, y alla de sa remarque.

Mon seigneur. Sans vouloir jeter les fleurs à ma tendre sœur qui préfère rester humble. Vous avez affaire à une artiste bien prodigieuse. Offrez-lui juste une plume, de l’encre et un petit papier, elle vous fera un portrait de vous aussi réaliste que captivante. Elle a l’art de manier la plume. Et c’est une jeune artiste des contrées lointaine.
Ah oui ?

Le comte leva un sourcil avant de tourner son regard vers la jeune femme aux cheveux courts. Elle semblait quelque peu gêné par l'affirmation de sa camarade mais ne la démentit pas pour autant. C'était donc elle l'artiste et les autres étaient les tisserandes, à en croire la petite blonde. Cette dernière se tourna vers un autre des badauds qui s'étaient avancés vers leurs produits et celle aux cheveux courts reprit la parole en invitant d'un geste, à tâter l'étoffe.

Ma chère sœur dit cela car je lui fais un joli dessin d’elle sur son carnet. Elle est amoureuse de mes créations. Mais, j’aime dessiné car j’ai la sensation de mieux comprendre le monde qui m’entoure. On apprend beaucoup de chose en regardant.

Faisant glisser le tissu entre son pouce et son index, le comte écoutait d'une oreille distraite ce que disait la jeune femme, qui poursuivait.

Pour Oesgard, si vous avez une carte. Je pourrais vous indiquer le meilleur chemin que vous puissiez prendre pour arriver plus rapidement à Oesgard. J’ai pas mal étudié sur Odélian. Vous avez une culture intéressante.

Son regard étudiait la scène qui représentait la Damedieu posant un regard bienveillant sur des chevaliers agenouillés.

Par ailleurs, j’ai bientôt ma pause. Je serais bien curieuse de connaitre vous us et coutumes autour d’un repas adéquat. Qu’est que vous en pensez ? Je serais bien heureuse de ne pas manger seule.

Il redressa le regard vers la jeune femme qui souriait avec douceur. Elle venait carrément de l'inviter à déjeuner avec elle. Ah la chaudasse ! La gourgandine ! Une nonne en plus ! Lui qui pensait qu'elle faisait voeu de chasteté ces femmes. Il savait que les femmes du nord du Nord étaient réputés pour être direct, mais là, la jeunette le surprit. Quelques ricanements retentirent dans sa garde, alors que le comte tournait vers ses hommes, un regard amusé.

Eh bien ma Dame. J'accepte l'invitation. Mais j'aimerai d'abord connaître votre nom avant de partager un repas. Et je pourrais bien prendre aux mots votre consoeur et vous demander un portrait. Laissez-moi me présenter. Gaubert de Prademont, Comte d'Odélian.

Il fit une révérence, presque flatté d'avoir l'attention d'une douce et jeune demoiselle, même si ce n'était qu'une nonne un peu nymphomane, plaire est toujours un plaisir. Il tendit sa main vers la dite-taverne et laissa passer la jeune femme. Une fois qu'elle fut à sa hauteur, il lui emboîta le pas en lui présentant son bras et tous deux se dirigèrent vers le repas.

Alors comme ça, vous êtes artiste, belle enfant ?

Eh bien ma Dame. J'accepte l'invitation. Mais j'aimerai d'abord connaître votre nom avant de partager un repas. Et je pourrais bien prendre aux mots votre consoeur et vous demander un portrait. Laissez-moi me présenter. Gaubert de Prademont, Comte d'Odélian.

Llors de la présentation du fameux Gaubert, Elia était bien surprise de s’adresser à un comte. Si, elle ne laissait rien paraître dans ses réactions hormis un regard surpris de s’adresser à un comte. La jeune femme était néanmoins mal à l’aise. L’intervention de Solveig ne l’aidait pas du tout dans la tache et d’avoir un peu trop parler. Elle n’aimait pas qu’on parle de son passé. Heureusement, elle donnait peu d’infos. Elia s’inclina devant Gaubert lorsqu’elle entendit le titre de son rang et répondit. Le souci

« C’est un honneur de vous connaitre. Je m’appelle Elia. » conservant personnellement son nom de famille « Je serais bien heureuse de vous faire un portrait si vous avez une plume et une feuille. »

Puis, son regard se porta sur Astrid. La prêtresse était surprise de voir un comte et d’accepter l’invitation d’une sœur qui c'était montrer bien entreprenante. La prêtresse regarda Elia avec une certaine surprise comme si elle ne s'attendait pas d'avoir affaire à une fille qui n'avait pas froid aux yeux. Après tout, Astrid était habituée de voir une fille investis dans son travail mais bien morose. La prêtresse Néérite avait sentit le changement de sa pensionnaire.

« Elia, tu es bien entreprenante. Mais, tu ne peux pas t'éloigner de nous. Mais, c'est une bonne heure pour manger, oui. Accompagnes, notre Grandeur. Nous te rejoindrons.»

« D'accord, mère » disait-elle avec un sourire

Solveig regarda Elia un moment avec la même surprise. Elle ne s’attendait surement pas de voir un comte acceptait facilement l’invitation d’une jeune femme qui était si franche. Qu'est qu'il y avait changer chez Elia se demanda Solveig. La belle blonde se rappelait d'avoir eu affaire à une fille très peu sûr d'elle pour devenir une fille entreprenante.

Quant à Elia, son attention se posa sur le comte et les chevaliers. Ils étaient surpris. Elia jugea qu’elle était un peu trop direct, il serait bon d’être moins direct. C’est quelque chose à rectifier. Ainsi, ça lui empêchera peut-être quelques soucis ou des imprévues. Néanmoins, c’était une occasion d’oublier un temps à sa vie de couvent et de nourrir sa curiosité.

Elle s’approcha de Gaubert, se laissant entrainer dans la taverne. Assise atour d’une table, Elle regardait la taverne autour d’elle qui avait un aspect rustique mais très chaleureux. La taverne était bien accueillante.  Assise sur un banc, Elia se permit de lui demander une feuille et une plume pour dessiner. Aussitôt demander, aussitôt reçut. Elia remercia d’un sourire le chevalier qui lui a apporter les outils nécessaire.  

Alors comme ça, vous êtes artiste, belle enfant ?

La fameuse question.... Solveig avait trop parlé. Elia haussa les épaules en guise de réponse. Techniquement, elle n’était pas pleinement artiste mais officiellement apprentie. Avant le départ, Elia commençait peu à peu de se lancer dans sa carrière. Mais, aujourd’hui, elle était ici. Puis, son attention se porta sur le visage de l’homme. Ses yeux bleus observaient tout le trait du visage du vieil homme pour schématiser le visage de se dernier. Elle n’avait aucun graphite pour faire un croquis. Elle devait lui faire un dessin sur le vif. Elia étirait un sourire amusé avant de rire un peu.


« Je suis la fille d’une artiste et érudite. Je ne suis pas encore une artiste mais une apprentie. Mais, j’aspire à devenir une et me nourrir de la connaissance. Mais, comme je vous ai dit, mon amie est amoureuse de mes dessins. Mais, mon amie est une artiste aussi. Elle est très bonne en couture. La robe que je porte est faite par elle.  Cependant, le destin m’a emmené à être ici. » hochant la tête

Plongeant la plume dans l’encrier. Elle laissait Gaubert prendre son propre repas. Elia profitait pour dessiner les premiers traits du monsieur et figeait en un instant une posture qui le mettait bien en valeur. Pour un homme de ce rang, Elia savait qu’elle devrait le mettre en valeur. Puis, elle imaginait très bien le comte d’être heureux d’être si bien représenté et avoir une posture qui le valoriser. C’était la le secret du dessin. Le dessin était l’art de raconter une histoire ou de mettre du merveilleux. Elle s’arrêta un moment, observant le trait du monsieur pour mieux le cerner. Elle se souvint de l’ancien comte de l’Odélian. De ce fait, elle comprit vite que l’homme avait réussie à se hisser au pouvoir par la force. Donc, il était d’une certaine façon un homme combattif ou conquérant ? Ainsi, Elia accentua quelque trait sur l’homme pour mettre en valeur ses traits qui représenter la force du bonhomme.

« Vous savez, c’est un honneur de vous rencontrer. De plus, vous n’imaginez même pas l’honneur que vous me faites de vous faire un portrait. » elle leva la plume «  Odélian a beaucoup d’artiste que j’admire beaucoup. Attendez… » réfléchissez un moment « Oui, vous avez le célèbre Poquelère. Un jour, j’aimerais voir votre grand Théâtre.  C’est bien un comté que je voudrais connaitre. Et j’aime vos chevaux. Ils sont robustes. Vous devez être fier de vos fameux chevaux. N’est-ce pas ?» disait-elle sous un ton agréable

Elia continuait à dessiner en attendant son repas. Puis, son attention se porta de nouveau sur le comte.

« Qu’est qu’il vous amène dans une contré peu amicale ? » sourit-elle

Derrière Gaubert, Elia revit Solveig et la prêtresse Astrid. Les deux femmes s'installèrent à coté d'Elia. Bien entendue, Solveig ne pouvait s'empêcher de regarder le dessin de son amie avec passion. Quant à Astrid sous la douceur d'une vieille dame, elle jouait son rôle de petite gardienne. Après tout, il était bon d'éviter que les bonhommes fassent un peu trop la cours à ses deux demoiselles. De plus, son attention se focalisa sur la petite brune comme une mère protectrice qui surveiller son enfant et de cerner sa pensionnaire. Après son acte, les prêtresses laissait un peu plus du champs libre à la petite brune tout en l'observant pour assurer de la protéger et éviter une rechute....Elle était là, souriante.

La jeune femme se présenta sous le prénom d'Elia et, malgré quelques douces remarques de la part de la mère supérieure, se dirigea vers la taverne en prenant le bras du comte. Les gardes de Gaubert les suivirent, entraînant leurs massifs destriers par la bride jusqu'à l'auberge. Faisant le discussion, la nonne répondit à Gaubert en haussant les épaules.

Je suis la fille d’une artiste et érudite. Je ne suis pas encore une artiste mais une apprentie. Mais, j’aspire à devenir une et me nourrir de la connaissance. Mais, comme je vous ai dit, mon amie est amoureuse de mes dessins. Mais, mon amie est une artiste aussi. Elle est très bonne en couture. La robe que je porte est faite par elle. Cependant, le destin m’a emmené à être ici.

Tiens donc, une famille d'artiste et d'érudit venant d'un pays lointain. Quel bel et étrange mélange ! Ils s'installèrent autour d'une table, les gardes restant au-dehors, hormis Roland et un autre planton qui assuraient la garde rapprochée dans l'établissement. Lorsque la jeune femme demanda un peu de vélin et une plume, c'est Roland qui les sortit d'une des sacoches qui pendaient sur les flancs de sa monture avant de les tendre à Elia. Gaubert commanda des chopes de bière. On vantait les mérites du breuvage sgardien, il était temps de constater si la réputation était justifiée. Il fit également préparer deux assiettes du râgout qui embaumait l'intérieur de la taverne de ses effluves poivrées.

La plume grattait le papier lorsqu'Elia relança la conversation.

Vous savez, c’est un honneur de vous rencontrer. De plus, vous n’imaginez même pas l’honneur que vous me faites de vous faire un portrait. Odélian a beaucoup d’artiste que j’admire beaucoup. Attendez… Oui, vous avez le célèbre Poquelère. Un jour, j’aimerais voir votre grand Théâtre. C’est bien un comté que je voudrais connaitre. Et j’aime vos chevaux. Ils sont robustes. Vous devez être fier de vos fameux chevaux. N’est-ce pas ?

Gaubert leva un sourcil, ravi d'avoir face à lui quelqu'un d'aussi cultivé. Connaître Poquelère était une preuve de plus de la haute naissance de la demoiselle. Il lui fallait définitivement creuser cette ascendance bien mystérieuse.

Les plus grands et les plus forts du monde, Dame Elia ! Même le roi d'Anaëh en a un couple dans ses écuries !

Du moins il l'espérait. Le gros Colomban devait encore être en chamin au moment où il parlait, mais qu'importe le résultat de cette entrevue à venir avec les elfes, la jeune femme n'irait pas jusqu'à verifier la véracité de cette affirmation. Il baissa un oeil vers la feuille qui se noircissait sous les traits de l'artiste et il dut admettre que la soeur blonde n'avait pas menti, elle possédait un sacré coup de crayon. Elle renchérit.

Qu’est qui vous amène dans une contré peu amicale ?

Il haussa les épaules et leva les sourcils, annonçant avec évidence.

Les affaires, ma Dame. Je dois rencontrer le baron afin de nouer quelques accords commerciaux. Je sais que bientôt la Grande Foire aura lieu et j'ai préféré régler tout ceci avant que l'Oësgard n'est la tête qu'à la fête et à la danse.

Et pour ne pas avoir à se frayer un chemin au milieu de la marmaille braillante du peuple de ce pays de sauvages. Une nouvelle fois, ses yeux se tournèrent vers le dessin alors que les consoeurs d'Elia les rejoignaient. Le comte les salua d'un hochement de tête avant de s'exclamait.

Quel talent ! Et vous dites n'être qu'apprentie ? Incroyable ! Votre mère doit être une artiste exceptionnelle pour vous avoir transmis cette dextérité dans le dessin. Peut-être ai-je la chance de la connaître ? Des personnes aussi expertes dans les arts sont sûrement mondialement connus !

Il sourit avec bienveillance, réellement impressionné par le portrait qui était en cours.

Elle était, votre Grandeur. Elle était. Elle s’appelait Emilie Corneval. Elle n’était pas mondialement connue…C’est surtout à Naelis, Thaar et Missède. Elle était Missédoise. Maintenant, elle est chez Tyra…Je vous avouerais qu’elle me manque. Je vous avouerais que je veux bien reprendre le flambeau pour l’honorer.
Elle serait fière de toi, ma petite. Il n’y a plus beau de vouloir reprendre le flambeau. Notre Grandeur doit partager la même opinion que moi.
Oui, mère. Elle doit être bien contente, oui.

Le mensonge est malgré toute cette belle histoire, un vilain défaut. La demoiselle pue la noblesse à des lieues la ronde, sa consoeur affirme qu'elle vient d'un pays lointain et voilà qu'elle lui sort que sa mère est une obscure paysanne missédoise avec un peu de talent pour la peinture. Et mon cul, c'est du poulet, comme disait le vieil adage odélian. Et ce n'était pas l'intervention de tragédienne de la mère supérieure qui allait changer quoique ce soit. La nonne était peut-être bernée par le mensonge mais pas le comte. Il envoya Roland commander deux assiettes de plus pour les soeurs qui les avaient rejoints, avant de leur adresser un sourire. Il réfléchissait à comment il arborderait la question, alors que la jeune femme poursuivait son discours autant que son dessin.

J’ai beaucoup de dextérité, oui. Je serais hypocrite de dire que je suis mauvaise. Mais, il faut voir autre chose, votre grandeur. Un artiste est connu pas pour sa dextérité mais l’émotion qu’il donne ou une vision qu’il veut montrer dans son art. Par exemple…Un forgeron, il créait une armure. Oui, il est expert car son armure est de qualité. Mais, un véritable maitre est celui qui transmet une émotion ou qu’il donne un aspect qui terrifie l’ennemie. Pour le guerrier, il est expert dans le maniement de l’arme. Mais, le guerrier le plus effroyable et terrifiant est celui qui porte une armure qui incarne quelque chose, un symbole. De ce fait, le guerrier est un symbole. Et, les gens se souviennent des symboles. Pardonnez-moi, je vous ai peu un perdue non ?

La question sortit le comte de sa réflexion. Il n'avait rien écouté de la démonstration, probablement complexe et brillante d'Elia. Il restait bloqué sur les incohérences entre le discours et les informations qu'il avait reçu auparavant. Ce genre de détail qui vous chiffonne au point de ne penser qu'à ça. Un détail qui pourrait vous faire enfiler un pardessus et fumer le cigare ... Il balaya la divagation de son esprit aussi vite qu'elle était arrivé et se reconcentra sur la douce de voix de la jeune artiste.

Non, non, je vous suis. Très belle allégorie, ma soeur.

Il tourna son regard vers les autres nonnes, ce serait là un angle d'attaque bien plus subtil. Surtout en y allant au bluff.

Et vous aussi, ma soeur, ma mère, vous êtes originaire d'Estrevent ?

La petite blonde sourit d'un air mutin, presque infantile, avant de répondre au comte.

Je suis Oesgardienne. Je suis née là-bas et ça fait un très long moment que je vis dans le couvent de Sainte Peyrane. Je ne suis pas du tout née en Estrévent mais j’aimerais connaitre cet endroit.

Tu parles, un râmassis de catin et de vendeurs de boucs, pour ceux qui ne les baisaient pas. Quoique la pratique ne devait pas être trop dépaysante pour un natif du trou qu'était Oësgard. Sainte Peyrane donc, aucune idée de ce qu'était ce cloître et ce que pouvait bien y faire ces jeunes pucelles. C'est la mère qui répondit à cette question pensée, en même temps qu'à celle qu'il avait verbalisé plus tôt.

Votre Grandeur, je suis née à Langehack. J’étais issu d’une famille noble avant d’être prêtresse. Ça fait un moment que je suis à Oësgard, mon rôle est de permettre à ces deux demoiselles de se reconstruire et renaitre. C’est triste de voir tant de jeune fille subir les affres de la vie et Oësgard n’a pas été épargné par la sauvagerie.
Voilà, votre grandeur. C’est un plaisir de dessiner avec ce papier.

La voix de la jeune femme aux cheveux courts fit tourner la tête du comte vers le dessin. Il sourit gentimment à la jouvencelle et tira la feuille vers lui pour admirer le travail. Le regard déterminé et les traits légèrement durs, la barbe fleurie et le cheveu court, Gaubert se reconnut bien là. Si l'image n'était pas faite de noir et de blanc, il aurait pu croire qu'il regardait son reflet.

Très impressionant, ma soeur ! Vraiment très impressionant ! Quelle qualité de trait ! Quel oeil !

Il montra le portrait aux gardes qui attendaient derrière lui, qui acquiescèrent en admirant le dessin. Il tourna le regard vers Elia de nouveau.

Merci, Soeur Elia. Je le garde précieusement.

Il plia la feuille, précautionneusement, en quatre, puis la mis dans une sacoche qui pendait à sa ceinture. Il se tourna vers la mère supérieure, reprenant la conversation, là où l'artiste l'avait interrompu.

Vous avez là, une jeune pensionnaire incroyable, ma mère. Mais qu'entendiez-vous par aider ces jeunes filles à se reconstruire et renaître ? Elles me semblent bien jeune pour avoir subi les affres du siège d'Amblère. Je sais qu'Oësgard peut resceller bien des dangers pour les membres du beau sexe. Mais je peine à croire qu'on ait pu faire du mal à ces deux charmantes enfants.

Le ragoût arriva, fumant, et le comte arracha un quignon de pain pour le tremper dans le jus, laissant les nonnes lui en dire un peu plus.

Les affres de la vie n’a pas d’âge, votre grandeur. Si, ce n’était qu’Amblère…. Oesgard a bien traversé des troubles. Hélas. La jeunesse a été sacrifié et tourmenté. Beaucoup de jeune fille ou femme sont traumatisé. Notre Couvent a pour but de récupérer les femmes meurtries. Pour être plus claire, votre grandeur. Beaucoup de femme du couvent ont été des victimes de la guerre ou de la cruauté. CA peut aller de la blessure physique à une blessure beaucoup plus profonde tel que le souffle. Ma charmante Solveig est une orpheline… Par la grâce de notre Déesse et un long travail, elle a réussi à surmonter sa douleur. C’est une des plus vieux pensionnaires. Elle reste ici pour nous aider. Elia est une jeune pensionnaire. Tout comme Solveig, elle est une orpheline de là où elle vient. Elle est recueillie par une amie de sa mère. Mais, son souci est tout autre que la perte de sa famille. C’est sa tendre et pieuse protectrice qui a permis à la jeune artiste de nous trouver.

Avalant sa bouchée de ragoût, Gaubert hochait la tête en écoutant la mère supérieure expliquait sa mission et sa sainte entreprise auprès de ces jeunes femmes blessés par la vie.

Une noble entreprise, ma Mère ! Trop peu de gens s'occupent du malheur des plus malchanceux.

Il se saisit de son gobelet et but le vin qui en colorait l'intérieur. Un nouveau sourire étira les lèvres du comte, qui tourna son regard vers Elia et sa camarade blonde.

Votre protectrice ? Une oësgardienne elle-même ?

Il prit une nouvelle bouchée, savourant avec plaisir ce plat simple mais bien cuisiné. Les arômes étaient un peu relevés et marqués, loin de la délicatesse des plats de château, mais pour de la cuisine paysanne, c'était tout à fait correct. Il revint vers la mère, souriant de plus belle.

Et toutes vos pensionnaires sont des artistes de talent ? Les tapisseries que vous exposez sont aussi bien dessiné que tissé ! Un travail remarquable qui fait honneur à la Damedieu !

Il leva la cruche de vin et la pencha légèrement vers les nonnes, leur proposant de se joindre à lui en voyant leurs gobelets désespérément vides.

C'est la petite blonde qui prit la parole en premier, même si la question s'adressait plus à Elia en réalité.

He bien…les protectrices, votre grandeur. J’ai perdue mes parents quand mon village a été pillé. C’était la prêtresse Bénédicte qui m’a permis de me sauver et aujourd’hui. Mère astrid avec mère Hortense et Mère Kreudhi m’ont permit de me relever. C’est mon foyer ce couvent.

Puis la jeune femme aux cheveux courts conta son histoire.

La grande prêtresse Lucrétia de Thaar. Je ne sais pas d’où elle vient exactement mais elle doit être du Sud. Mais, elle m’a sauvé la vie. Réellement, elle m’a vraiment sauvé la vie.

Gaubert servit du vin aux femmes, non sans un échange cocasse entre elles.

He bien… Mère Astrid…Je ne pensais pas que…
Que j’aime gouter l’eau de la vie. Ha ma petite, je suis peut-être une vieille prêtresse mais j’aime la vie ! Je suis vieille, il faut bien que je profite ces petits moments. Je ne suis pas toujours la vieille dame sévère hormis pour nos travaux !
Je vois. Je vais appliquer votre philosophie.

On aurait dit une mère maquerelle enseignant à la nouvelle venue les joies du métier. À cette pensée, un petit sourire naquit sur le visage du comte qui remplit les gobelets des nonnes avant de complimenter le travail de tissage des tapisseries du couvent. Et Elia de répondre, toisant de ses grands yeux innocents le comte.

En tout cas, merci pour ce compliment. Mais tout ce mérite revient à Mère Astrid. Elle a les doigts de fée et une bonne tutrice dans cet art. Elle est très douée. Je l’admire.

Et elle continuait dans l'allégorie ribaudière sans s'en rendre compte et le sourire du comte ne faisait que s'élargir. Etait-elle d'ailleurs si innocente que ça ? À lui lancer des oeillades insistantes et à parler en double sens vicié. Avec les clercs le sens vicié s'éclairait de double sens éclair, alors avec les nonnes ... Et la voilà qui relançait la machine à histoire.

Pardonnez-moi de nourrir ma curiosité. Pourquoi cette emblème ? Pourquoi un Cygne ? Que cela signifie pour vous. Je la trouve jolie et très différent des nombreux emblèmes de Loup, lion etc… Quand j’étais petite, j’aimais les histoires et notamment les hauts-fait historique. Racontez-moi votre Geste, vous avez surement plein d’histoire grandiose à me raconter.

Bientôt elle voudrait s'asseoir sur ses genoux et faire "à dada sur Gaubert". Coquine la gamine, sous ses airs de biche effarouchée à la toison courte. À se demander si elle se taillait de la même façon le bas que le haut. Un petit rire s'échappa de la gorge du comte et il se lança dans le conte que la jeunette réclamait.

Pourquoi le Cygne ? Il y a bien des raisons à cela, ma Dame. Le Cygne possède un plumage blanc et pourtant, une peau noire. Tout homme cherche à enfouir sa part d'ombre sous un beau plumage, n'est-il pas ? Et puis, le Cygne, lorsqu'il nage sur la surface d'un lac, le fait la tête haute, fier et majestueux et enfin, parce qu' à l'article de la mort, le Cygne chante son chant le plus beau et le plus doux, car même dans la mort il demeure le plus noble des animaux qui ont dominés les cieux. Bien plus poétique et complet que ces loups, lions et dragons, terriblement communs. Mes ancêtres étaient peut-être un brin plus romantique que ceux des autres seigneurs.

Il passa une main sur sa barbe, la lissant machinalement avant de boire une gorgée de vin et de poursuivre.

Et ma Geste, comme vous l'appelez est finalement peu intéressante. Marié deux fois, peut-être bientôt trois, trois enfants et comte depuis peu de temps après la tragique catastrophe qui coûta la vie au jeune Christian Berdevin. J'ai combattu les drows à Alonna il y a presque vingt ans et les rebelles etherniens, puis bien trop d'adversaires pour tous les énumérés. Il n'y a que peu de gloire à se vanter des vies que l'on a prise. J'espère pouvoir me concentrer sur le commerce et l'accroissement des richesses de mes terres dorénavant. Une histoire assez banale, comparé à vous finalement.

Il but une nouvelle gorgée de vin avant d'ajouter.

Missède, Thaar, Oësgard, vous avez vu bien des contrées pour votre si jeune âge. D'ailleurs, comment est-ce l'Estrevent ? J'avoue ne jamais avoir visité cette exotique contrée. J'imagine que votre protectrice vaanie a du vous y emmener.

J'espère que l'heureuse élue sera heureuse d'être avec vous. Et que votre mariage se concrétise. He bien, j'aime bien la signification du cygne. C'est bien poétique et différent. Pour ma part, c'est l'hirondelle. Mais mon animal préféré est bien le phénix. Car il représente beaucoup ce que je subis en ce moment même. La fin d'un cycle pour un nouveau cycle.

Hirondelle ? Phénix ? Le vin devait commencer à monter à la tête de la jeune femme et son discours commençait à devenir vague. Puis lorsque Gaubert eut achevé de raconter son histoire rapidement et qu'il fit remarquer que la jeune femme était une bien plus grande voyageuse que lui, pensant pointer les incohérences de son récit, elle s'emballa.

Oui, j'ai beaucoup voyagée. Quant à L'Estrévent, elle est aussi variée que la Péninsule. Eofel, Ys, Geresh, etc...ont tous une culture différente. C'est agréable à visiter car vous découvrez chaque fois des petites choses intéressante. Les thaaries ont une vision du monde bien différente de vous les péninsulaires. Au niveau de l'amour, L'amour est très libre. Ce n'est pas rare qu'un riche marchand épouse une femme d'un milieu inférieur. Exemple, Ascanio Vossula, prince marchand d'Eofel est l'époux d'une simple Péninsulaire de Diantra d'un milieu modeste. il n'y a pas de droit de sang mais sur la capacité de l'individu de réussir ce qu'il fait. Il n'est pas rare qu'un pauvre jeune homme devenir vers la fin de sa vie un homme qui a réussie et qu'il est riche. Ou qu'un enfant de riche finir pauvre car il a tout détruit. C'est un monde en éternel mouvement. Il faut s'y accrocher. Thaar est une femme capricieuse, belle et dangereuse et remplie de possibilité. Mais, il faut être malin. Tout est centré sur une réelle méritocratie aussi sélective et impitoyable. Hormis la dure loi de la vie rythmé sur le commerce. Thaar est une ville très grande qui s'étale et s'étale. Les gens sont chaleureux et ils viennent de tous les horizons. Un véritable carrefour des cultures. Là je vous parle, surtout de là ou je suis née. A Naelis, il est un mélange de Péninsulaire et de l'Estréventin. Un bel endroit que vous devriez visiter pour commencer à vous familiariser et après faire les principautés.

La nonne blonde se montra des plus intéresées par le récit, là où le comte avait décroché en plein milieu, las de cette mise en avant de l'Estrevent, terre de pouilleux devenu prince et de prince devenu paysan. Aucune noblesse de sang, aucun droit de naissance, une hérarchie indistincte, prête à être balayé au premier péquenot capable d'aligner deux minutes de bon sens et de fortune. Quel pays d'arriérés !

Ha oui?C'est très différent.
Oui. Vous parlez d'une contré exotique, le Nord est pour moi un territoire exotique et Odélian par la même occasion. Le Nord a bien des vertus que je puise pour moi-même. Vos cultures sont intéressantes.

Elle avait au moins raison sur un point. Le Nord prévalait sur le reste, Odélian sur le Nord. Un fait incontestable, inattaquable et inaltérable. Gaubert en finissait avec son assiette, souriant avec politesse à ses commensales. De toute la dernière intervention de la jeune Elia, la seule chose qu'il retenait, c'est qu'elle parlait plus comme une estreventine que comme une péninsulaire, lui indiquant encore une fois que toute cette fable missédoise était un beau mensonge. Au final, peu importait, si elle souhaitait garder un voile d'ombre sur ses réelles origines et que, comme elle l'avait dit, elle se sentait plus proche du phénix renaissant de ses cendres. Le repas s'achevait et bientôt, il serait temps pour le comte et sa garde de prendre le bon chemin pour Oësgard. Il se passa une serviette sur les lèvres, avalant sa dernière bouchée, avant de déclarer.

Eh bien, mes soeurs, ce repas en votre compagnie fut des plus agréables. Pourrais-je passer une commande d'une tapisserie à votre couvent ? Votre mission, ma mère, est des plus nobles et je souhaite vous aider à y parvenir. Et la virtuosité de vos protégés me fait me rappler qu'il me faudrait de nouvelles tapisseries en mon château. Sauriez-vous m'en faire deux relatant l'histoire d'Othar ?

Il avait vu des représentations de scènes de la vie quotidienne et de la Damedieu, mais point pour le Dieu-Guerrier. Il vida son gobelet avant de tendre sa bourse à Roland pour qu'il aille payer l'aubergiste.

Je le regardais droit dans les yeux. Sa demande était vraiment incongrue. Le comte était-il un brin sot ? Après tout, il demanda au couvent de raconter l’histoire d’un Dieu-guerrier à une prêtresse néérite qui prône la paix et la vie. C’était comme si, je disais ouvertement que j’aime Arcam de tout mon cœur aux néérite avec le risque de me faire couper la tête. Je ne disais rien…Je n’avais pas mon mot à dire sur la commande. Cependant, Solveig ne pouvait échappait un hioquait de surprise à cette demande étrange. Quant à la prêtresse, la vieille femme était calme. Mais, je me doutais très bien que la vieille dame n’appréciait pas du tout au fond d’elle cette demande. Bien entendue, elle dira non à cette demande.  Après tout, raconter l’histoire du culte d’Othar était comme trahir la Damedieu pour ces fidèles religieuses.

Il ne fallut pas longtemps pour que ma déduction prouva que j’avais raison sur la réaction de la mère.

« Votre grandeur, » disait-elle dans un ton calme « J’accepte votre demande. Dans combien de temps comptiez-vous rester dans la région ?  LE travail durera environ deux ennéades. Je vous suggérerais de venir vers la fin. Cela vous conviendra-t-il ? »

Tout d’un coup, Solveig et moi regardions la prêtresse en question. Je ne m’attendais pas que la prêtresse de la Damedieu allât accepter la commande pour mettre en honneur un Dieu Guerrier.  Je m’étais trompée dans ma déduction… La vieille dame nous regarda et fit un geste de la main.


« Allons, c’est une commande. Tous les dieux ont une importance. Jeunes Filles. Même, Othar. » puis, elle claqua les mains « Je vous remercie pour l’agréable compagnie que vous nous aviez offert à nous trois. Mais, notre travail nous appelle.  Je prie la Damedieu que la suite de votre chemin sera agréable et sans encombre. Au plaisir de vous rencontrer de nouveau pour vous donner les deux tapisseries. »

Puis, elle se leva et nous levions. Astrid fit une belle révérence. Puis, nous suivions la même révérence pour saluer le comte. Mon regard bleuté se posa sur celle du comte, je le regardais droit dans les yeux. J’avais réussi à cacher une partie de la vérité et le berner dans un tissu de mensonge. Je me doutais bien qu’il se doutait de quelque chose. Mais, il avait tellement peu d’information compromettante. Il devait surement connaitre la haute prêtresse de Thaar. Après tout, Lucrétia était une figure importante du culte. Quoi de mieux qu’une puissante prêtresse pour être votre protectrice. L’idée était très bonne et il pouvait vérifier.  Après tout, de la vérité avec du mensonge pouvait être aussi vrai que ma véritable histoire. Puis…Ma vie n’était-il pas une vie chaotique en soi ? Me croirait-il que je fusse la fille d’un père violeur qui a baisé ma mère à son adolescence et qu’il est mort par cette dernière. Que cette même mère fût une guerrière mercenaire qui avait voulu au départ me tuer et qu’elle m’aimait sept ans plus tard. Me croirait-il que j’eusse du sang batard ? Que j’étais en Iv par un pur hasard et par une chance incongrue, j’étais devenue la protégée de la plus grande princesse marchande. Ma vie est chaotique, farfelue et à tiré debout. Je conclue que mon mensonge était plus simple que ma vrai vie…Et moins dramatique.

Je lui adressais un sourire poli et doux. Solveig et moi prononcions

« Votre Grandeur»