[Mare Noire]... Et dans les ténèbre les lier

8e jour de la 1ere ennéade de Favrius ~ Automne
17e année du XIe Cycle
Quartier des Temples de Sol'Dorn
15h00

Pleine de sang et de fureur, la journée vous a menée sur des sentiers biens différents. Après les premiers écarts au cimetière, à la halle et du bordel des docks, de nombreux autres imprévus ont été gérés. D'autres monstres noirs ont été repérés, ainsi que d'autres anomalies. Au cours de vos rencontre avec les locaux, vous avez appris que les deux nuits précédentes, ils se sont répandus dans la ville, semblant surgir de nulle part pour semer la mort et la destruction avant de disparaitre aux premières lueurs du jours. Le vent de panique qui en a découlé a dressé les habitants les uns contre les autres. Cependant, lorsque vous avez parlé de ce qu'étaient devenue la population non-drow, vous n'avez obtenus que des regards dédaigneux ou des visages blêmes et fermés.

En milieu d'après-midi on apprenait que près de deux centaines de mercenaires de Frontière avaient donnés l'assaut au camp sud, renforcés par les traitres des seigneuries qui avaient échappés à la purge. Les choses se déroulant bien, une grande partie des chevaucheurs de morgal et de félins à pointe furent envoyés pour défendre le camps comptant avant tout des blessés, des prisonniers et l'intendance.

Il vous a fallut attendre deux pierres angulaires de votre stabilisation de Sol'Dorn pour en apprendre un peu plus : la prise du Bae'd et celle de la Forteresse du IVe Ost. Si vous souhaitez les jouer, vous pouvez organiser vos RPs comme vous l'entendez du moment qu'ils respectent la la cohérence du reste de l'évènement et ne bloquent pas le présent RP ou la suite du mois. Vous pouvez également résumer votre participation en un poste dans le sujet actuel.

Lors de la prise du Bae'd, symbole de la cité, les équipes sur place ont découvert les quartiers des gladiateurs vidés tout comme les cages des bêtes sauvages utilisées pour les spectacles. Si les secondes se sont retrouvées dans les rues ou l'arène et ont données du fil à retordre à la progression eldéenne, les quartiers de vie, eux, ont changés de visage depuis bien plus longtemps. Une bonne moitié du dédale d'entrainement, de soins et d'emprisonnement a été transformé en un élevage macabre. Au vu de ce qu'il y a sur les crocs de boucher de la réserve, il est facile de deviner où est passée la population humaine à présent. Les restrictions alimentaires ne semblent pas avoir convaincues les plus eldéens et dorniens...

La Forteresse, au contraire, avait été sournoisement réhabilité et constitua une étape de taille. En passant par des chemins secrets, les clergés avaient réussis à trouver des conditions de coopération tolérables par tous. Des pièges magiques et mécaniques avaient été posés et des combattants postés de manière à laisser les envahisseurs entrer et se perdre à l'intérieur, mais pas ressortir.

Après la première vague et de très lourdes pertes, des estafettes ont fait remonté la nouvelle à l'état major tandis que d'autres prévenaient de mouvements suspects dans le quartier des temples et spécifiquement d'un rassemblement armé sur l'esplanade devant le Haut-Temple de Teiweon, siège de leur Némésis dornienne : Ssasha. Au vu de l'emplacement de l'état major, du temple et de la forteresse, les communications risquaient d'être coupées ou les renforts envoyés à la Forteresse pris en embuscades. Des choix difficiles furent donc pris.

La Prime Flamme Krish Al'Serat rallia la forteresse avec des renforts supplémentaires comprenant les meilleurs spécialistes du C'nros en terme de contre-offensive magique tandis que le Karlik Glenn Kerath Elghinn prenait la tête des forces chargées de prendre le contrôle du temple de Teiweon. Étant données les opinions que ce dernier avait affichées durant les mois précédents, le Karlik Glenn reçu comme ordre complémentaire de limiter au maximum le saccage du lieu sacré et les représentants du clergé de Teiweon et d'Uriz furent massivement envoyés avec lui pour s'assurer qu'aucune relique ne serait perdue et qu'aucun sacrilège inutile n'aurait lieu.

Avec la superficie de la grande ville à ratissée et les renforts détournés pour repousser l'attaque sur le camp, le nombre de soldats frais était tombé aux voisinages de zéro mais il fallait bien faire avec...

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La masse de combattants - vétérans ou simples fanatiques - rassemblée sur l'esplanade du temple a été défaite par vos soins dans les rues du quartier des temples. Quelques équipes avaient été envoyées pour les prendre à revers par les égouts, mais une nouvelle créature noire y a été repérée et à pousser les soldats a faire demi-tour. Le contact a été totalement perdu avec une équipe au complet avant que l'ordre soit donner d'arrêter de tenter de faire une percée par le sous-sol. Aucune entrée souterraine du Haut-Temple n'a pu être découverte sans risque à cause des créatures rodant dans les profondeurs.

Quelles qu'aient été vos occupations de la journée, quel que soit votre grade, vous voilà devant les portes du Haut-Temple. Fatigués, peut-être blessés et tâchés de sang, mais victorieux... Pour le moment.

Vous ne savez pas où en sont les combats à la Forteresse. L'état Major a été installé au Bae'd mais les informations prennent du temps à vous parvenir et vous n'en avez pas à gaspiller. Devant vous, l'immense façade noire de basalte vous jauge de toute sa hauteur. Il est aussi grand que le Haut-Temple eldéen, comme s'il avait mis un point d'honneur à y faire concurrence par sa majesté et la délicatesse des gravures perceptibles dans cette falaise abrupte. Seule chose véritablement différente du style d'Elda : la présence d'immenses fenêtre couverte de verre fumé.

La grande porte de métal est barricadée de l'intérieur et il vous faudra trouver un moyen de la passer ou entrer par l'un des fenêtres situés à bien 2m50 au-dessus du sol. Vous pouvez jouer l'entrée comme vous l'entendez.

Une fois à l'intérieur, la conformation du Haut-Temple de Sol'Dorn ressemble à l'agencement classique des temples de Teiweon. La grande nef est parcourue de mosaïques d'eau s'écoulant perpétuellement et de très nombreux voiles de soie allant du cendre au jais qui la transforme en un labyrinthe mouvant constitué de nombreuses alcôves. Au centre, un autel est surplombé d'une statue de Teiweon de près de six mètres de haut tout en marbre noir. Sur les côtés des couloirs s’enfonçant dans la terre desservent des salons funéraires, des salles de prières privés, des salons et des pièces sacrés dans lesquelles les dépouilles sont entreposées ou préparées.

A cet étage, de nombreuses goules semblent s'être échappées d'une salle spécialement prévue pour elle, mais à part ça, vous n'avez sans doute jamais vu un temple de la mort aussi désert.

En tendant l'oreille cependant, certains d'entre vous peuvent discerner des bruissements dans les étages inférieurs.

Au fond de la nef, derrière la statue colossale, une grande porte conduit à l'immense crypte sur laquelle veille le temple. Saint des saints, le premier étage est un ossuaire dans lequel sont conservées les urnes des croyants. Véritable dédale de pierre et d'os, vous ne pouvez circuler qu'à un ou deux de front. En descendant encore d'un étage, vous arrivez à des cercueils entiers dont les couvercles sont sculptés d'un gisant représentant le bien heureux ou la bien heureuse porte-flamme. Plus vous descendez, plus vous entendez distinctement des psaumes scandés d'une voix grave. Les mots vous échappent encore à cause de l'écho multiple des voix, mais la Trame magique chatouille la peau de tous ceux qui ont un minimum de perception magique. Il ne s'agit pas du genre de perturbation que les créatures déclenchent, mais d'un champ magique extrêmement puissant, concentré en ce lieu avec une telle volonté et une telle précision, qu'il n'y a presque aucune déperdition. Seul un rituel de grande ampleur peut donner un tel ressentit... qui n'est pas très agréable d'ailleurs.

Une porte ornée descend de la salle des gisants à un étage plus petit avec d'autres cercueils, d'autres sculptures, cette fois particulièrement riches et prenantes. Des héros. Des grands noms de la conquête d'Ithri'Vaan et de la chute de Nisetis.

Et là, derrière le repos éternel de Tal'Shaak le tueur de dragon, une fosse.

Dans la terre et la pierre, un trou de deux mètres de diamètres a été aménagé et une échelle descend à pic. Les voix viennent de là. L'aura magique également. près de quatre ou cinq mètres plus bas, vous ne pouvez voir qu'un sol de pierre parfaitement plat et taillé avec une grande finesse, éclairé par la lueur vacillante d'un flambeau que vous pensez être à un mètre hors de notre vue.

Vous pouvez jouer l'exploration du temple, la descente ou partir de ce point pour vous concerter sur ce qu'il convient de faire pour la suite. La seule contrainte est de décrire précisément l'état de votre personnage et de son équipement dans votre premier poste.

Les blessures du général en chef des armées daedhelles l’obligèrent à rester couché, la position qu’il détestait le plus. Il avait bien tenté de se relever lorsqu’il avait appris que le camp sud était attaqué mais un prêtre l’avait plaqué à nouveau contre son lit en appuyant sur son épaule, lui demandant où il comptait aller. Ainsi le Karliik Glenn se retrouva forcé de déléguer pour rester allongé ce qui l’énervait tout particulièrement. Ainsi lorsqu’il fut question de s’attaquer au haut temple de Teiweon, il se releva et d’un regard il dissuada le même prêtre de l’en empêcher.

Kerath partit donc revêtir son armure et s’armer, Murrpau l’attendait, sellé, et ce fut donc sur le dos de son compagnon qu’il alla demander à la haute-prêtresse d’Uriz de lui adjoindre plusieurs prêtres et plus spécifiquement plusieurs prêtres capables d’user de la magie. Il fut surpris de voir que non seulement Krish accéda à sa requête mais qu’en plus elle lui en donna bien plus qu’il n’en avait demandé. La reine lui en donna d’ailleurs presque trop. Elle rajouta également des prêtres de Teiweon pour une raison qui lui échappa mais après tout aller ils allaient dans le haut-temple de leur déesse tutélaire alors il ne posa pas de question.

Les soldats et fanatiques rassemblés pour protéger leur temple servirent d’exutoire à Kerath qui put alors passer sa frustration et sa colère alors lorsque sur l’esplanade il ne restait plus un seul dornien, et ça le général s’en était assuré en ordonnant de vérifier qu’ils étaient tous morts, il fit appeler des élémentalistes. Le clergé de Zhak’Bar et le C’nros répondirent à son appel et il leur ordonna d’ouvrir le temple que ce soit par les portes ou par la pierre du mur adjacent. A l’intérieur, le Karliik Glenn comptait laisser le même spectacle qu’à l’extérieur alors une fois les goules vaincues, il ordonna qu’on fouille l’endroit ; en mettant un point d’honneur à ce que rien ne soit renversé pour trouver qui que ce soit, le clergé dornien avait beau le répugner ce n’était pas la faute du temple. Il se doutait que les vivants qui défendaient le temple gisaient sur son esplanade mais on était jamais trop sûr.

Dans les cryptes, Kerath demanda à ce que les prêtres de Teiweon qui l’accompagnaient prient pour honorer les morts reposants ici, il fit de même en arrivant devant les porte-flammes et dans le troisième sous-sol il s’arrêta pour prier devant chaque cercueil, s’arrêtant plus longuement devant ceux qu’il a pu apercevoir ou, dans le meilleur des cas, rencontrer. A la fin de sa dernière prière il releva la tête pour passer derrière Tal’Shaak puis il se mit de l’autre côté de la fosse et s’adossa au mur pour laisser toute la place nécessaire aux autres de le suivre et une fois que tous se trouvaient enfin rassemblé autour de la fosse il croisa les bras et les regarda pendant une seconde avant de prendre la parole.

« Bon, qu’est-ce qu’ils sont en train de faire et comment on les arrête ? »

Le Temple de Teiweon… tout convergeait vers le Temple de Teiweon. L’altérité, les apparitions, les déformations dans les trames physiques et arcaniques… tu en étais persuadé, il se joue quelque chose là-bas qui n’est pas à la portée du Karliik Glenn et de ses suivants. Quelque chose qu’ils ne pourront pas comprendre, et que ne comprenant pas, ils risquent invariablement de détruire.

S’ils ne sont pas détruits.

Le champs de bataille n’est habituellement pas ton terrain, mais tu ne pouvais pas faire autrement. Les déplacements de l’Etat-Major t’auraient mené bien trop loin de ton objectif pour que ta magie ne te permette d’y apposer le moindre regard. Surtout après les longues heures d’efforts déjà fournies au cours de cette journée de fin de siège. Il te faudrait à nouveau prendre un risque, donner une raison d’être au plastron dissimuler sous tes capes, et marcher avec le C’nros. À croire que tu aurais peut-être dû accepter leur proposition d’il y a trois siècles et faire quelques pas loin du chemin de l’érudition.

- Elementalistes !

Deux mages, un à ta gauche, un à ta droite s’avancent sans plus poser de question. Deux mages, ni plus ni moins, le dos de ta main s’étant levé en opposition au reste des volontaires qui auraient normalement participé à une manœuvre de ce genre. Al’Serat voulait que le temple reste debout. Qu’à cela ne tienne. Vous feriez les choses proprement. À ta manière.

- Mysticiste !

Un mage approche, sans aucun autre cette fois pour marcher sur ses talons. Celui-ci est unique en son genre, et unique en ses talents. Au sein de votre escadron au moins. Et tu espères les autres comprendre ce que cela veut dire ; surtout lorsque vous faisiez face à une menace qu’il était le plus à même d’identifier.

- Il me faut une catalyse.

Le voleur de sorts hoche la tête, et immédiatement sous son action la trame s’excite. Tu empoignes ton focaliseur, et profitant tes torrents d’arcanes en mouvement, tu commences la construction de ton espace parfait. Pour des habitués de la démolition tels que les prêtres de Zhak’Bar, la minute qu’il t’aura fallu paraît extrêmement longue, mais s’ils sont des mages qui se respectent, s’ils sont un minimum capables de voir ce qui s’écrit devant eux, alors ils savent que ce n’est que partie remise.

- Donnez-moi un choc sismique.

Les deux élémentalistes dans un effort conjoint, soufflent une puissante onde de choc à travers le sol. La poussière tremble, en suivant le tracé, jusqu’à ce que la secousse ne finisse par s’écraser sur le mur soutenant les battants des grandes portes. Refusant de traverser l’édifice en entier, la vibration se contenta de cisailler le basalte et le métal entourant lesdites portes.

Elles ne résistèrent pas bien longtemps.

Instantanément fracturée, la structure se sépare en un immense puzzle fait d’un nombre incalculable d’éclats refusant de se disperser. Tu t’appliques à te souvenir de leur place à chacun, de leur rôle à chacun, de leur position à chacun, et des forces qui les maintenaient ensemble, avant – d’un coup de baguette – de dissiper le nuage pour dégager l’entrée. Vous seriez les derniers à pénétrer le Temple, les trois autres jeteurs de sort et toi, et vous seriez surtout ceux qui le refermeriez après vous.

- Jonction !

De la baguette et d’une main tu rassembles les pièces du puzzle, et avec l’aide des élémentalistes reconstitue ce que vous veniez de briser de la manière la plus fidèle possible. La construction ne serait jamais aussi solide qu’avant, détruire et rebâtir laisse toujours des imperfections. Mais l’on ne viendra pas vous dire avoir commis le premier sacrilège.

- Bien. tu soupires et t’approches du mysticiste Tu sais ce qu’on a à faire.

Ta Flamme caresse le physique. La sienne glisse contre les arcanes. À vous deux vous agissez en une paire quasi parfaite, à la recherche de la moindre perturbation susceptible d’expliquer les plus étranges des événements ayant eu lieu durant ce siège. Seulement il n’y a rien. Le Temple est désert. Absolument désert. À cet étage du moins. Alors vous suivez, avancez avec les autres, jusqu’à ce que vos talents ne soient même plus nécessaires à comprendre qu’il se passe quelque chose d’étrange. D’étrange et d’intense, au point de t’effrayer même toi, héraut de Valas. Surtout toi.

- Tu veux notre mort ? On ne les arrête pas. tu interviens sèchement Pas comme ça. Mysticiste !

- Il y en a d’autres. il marque une pause Des créatures, non loin.

- Le rituel ? Je n’arrive pas à déchiffrer de signature arcanique. De votre côté vous comprenez au moins de quel genre de magie il s’agit ? Quelque chose à voir avec les créatures ?

- Ce n’est pas la même signature. C’est plus… contrôlé.

- Un catalyseur ?

- Un puissant catalyseur. Mais impossible de savoir pour quel genre de sortilège.

Tes sourcils se froncent sur ton regard de verre. Comment faire maintenant ? Tu ne sais que trop bien ce qu’il arrive lorsqu’un rituel de cette ampleur est violemment brisé, et tu ne tiens pas à terminer comme le précédent Haut-Prêtre de la Chimère. Avec finesse, il vous faudrait agir avec finesse.

Et c'état reparti pour un nouveau tour dans la ville. Mais cette fois, l'acier et le fer était de sorti. Cet automne, le rouge était à l'honneur. Le podium ? La place qu'elle avait arpenté quelques heures plus tôt. Le clou du spectacle ? Le temple de Teiweon.

Il y avait là une ironie douce amer. Pour tous Eldéens, le temple de Teiweon était leur dernière demeure. Combien de flammes la Dame aux Ombres recueillera-t'elle encore aujourd'hui ? La servante de Kiran espéra le moins possible. En tout cas, elle ferait tout pour l'éviter.

Alors qu'elle suivait les soldats dans le temple, à la vue de la statue, elle ne pu s'empêcher de murmurer une prière à la Déesse. Parce que, finalement, ils pouvait y avoir des combats… Que la Déesse nous pardonne.

"Quand nos corps se vident
Quand nos braises vacillent
Quand nos douleurs s'apaisent
C'est vers toi que l'on vient
A toi qui nous tend les mains
Teiweon, Gardienne voilée de nos flammes,
Accompagne nous à l'Elginyrr
Reconnait nos mérites
Accorde nous le Nahali
Nous, soldats de Sa Glorieuse Armée."

Tout autour d'elle, les autres s'agitèrent, les autres surveillèrent. Même dans ce lieu saint, il y avait la guerre.

La guerre.
La guerre, là bas, dans le lointain. Elle s'en était allée dans les allées sacrées. Ils avaient fait des carnages, ils avaient fait des pillages. Ils avaient saccagé, désacralisé. Cela avait été hideux. Ils avaient été odieux. Ce n'était pas leurs Dieux, mais quand même. Quand bien même, c'était des Dieux aussi. Cela ne se faisait pas. Pas comme ça. Surtout pas comme ça.

Bien qu'ici, la prêtresse était ailleurs, dans cet endroit de sa mémoire qui empiétait dans le présent, qu'elle revivait en boucle les nuits de mauvaises lunes. Autant agitée que l'armée qui se préparait, la soie cendrée d'une cloison lui caressait la joue comme une mère cajole son petit.

Alors que le silence de mort reprenait ses droits dans le sanctuaire, un prêtre de Kiran alla tapoter l'épaule de Na'ri. Enfin revenue au temps présent, elle rejoignit l'ombre de son Obock Senger.

" Et si les rumeurs étaient vraies ? Et si les créatures d'ombre venaient bel et bien d'ici ? " murmura t'elle. Elle l'avait dit plus tôt qu'elle refusait d'y croire. Mais si cela était vrai ?

La peur n'avait jamais été une bonne conseillère. Elle obstruait l'esprit. Et de tout façon, la retraite leur était impossible. Il y avait le regard d'Uriz et les battants fermés.  

Kerath croisa les bras durant l’analyse des deux mages, les regardant plus parce qu’il ne savait pas trop quoi faire d’autre que parce qu’ils étaient passionnant jusqu’à ce que Na’ri se glisse à ses côtés, alors ses yeux la suivirent lors de son court trajet. N’écoutant le prime sorcier et son compagnon plus que d’une oreille, il tourna la tête vers la prêtresse. La question était légitime et plus il en avait appris sur les créatures et plus ça paraissait probable. C’en était même convainquant. Après tout peut-être que les dorniens n’avaient pas tort. Si c’était bien le cas, si c’était bien la Gardienne qui en envoyait ces créatures, d’autres questions vinrent se bousculer dans sa tête, des questions auxquelles Krish pourraient peut-être répondre ; dommage qu’elle ne soit pas là. Son regard descendit vers l’échelle et la fosse.

« Alors on va les empêcher de sortir. » La solution à leurs problèmes aurait d’ailleurs était singulièrement simple si seulement ils ne se trouvaient pas dans un temple. Le Karliik releva les yeux pour plonger son regard dans ceux aveugles de Valsrik. « Alors? Qu’est-ce que tu recommandes? On attends qu’ils aient finis ? »

Les créatures… et si les créatures venaient d’ici ? La supposition était valide. Peut-être qu’elle était là l’utilité du catalyseur. Créer un locus de pouvoir assez dense pour transformer un sortilège en ce qu’il n’est pas. Transcender l’immatériel. Faire un monstre, une arme d’une simple… d’une simple… ombre. Voilà qui expliquerait la physique étrange entourant les créatures. Voilà qui expliquerait le froid, voilà qui expliquerait tes réminiscences de l’entre-deux, et le viscéral souvenir des marchombres chaque fois que l’une de ces choses était rentré dans ta zone d’influence.

- Donne-moi le temps de vous préparer une couverture. tu réponds du tac au tac au Karliik Les troupes pourront intervenir dès qu’elle sera prête. ton attention glisse déjà sur les deux élémentalistes avec qui tu as ouvert la porte La prêtresse a probablement raison.

Tu respires lentement, évoluant autour de la fosse avec une précaution toute nouvelle. Là d’où tu viens, tu laisses ton grimoire ouvert sur une page précise, et sur ton chemin tes doigts tracent des glyphes, approximativement rendus par la poussière accumulée sur le sol du Temple. Mais ce ne sont pas les formes visibles qui comptent, c’est la marque que tu as laissée dans le Voile de l’espace, et dans la trame. Celle que tes deux camarades devront suivre.

- Pose ton doigt ici. tu t’approches de l’un des mage, et le guide de tes bras Et imprègne la trame, comme si tu allais invoquer des flammes. tu attrapes son poignet avant qu’il ne se lance Et prends ton temps ! C’est comme à l’école, pas encore de transmutation.

Tu glisses en direction du second élémentaliste, lui accordant un peu moins d’attention.

- Pareil de ton côté. Et essayez de rendre les signes les plus symétriques possibles. Et toi… tu termines de tracer ton dernier symbole en te retournant vers le mysticiste j’aurai besoin que tu stabilises le rituel.

Le mage de l’immatériel acquiesce, tandis que les deux élémentalistes continuent soigneusement leur tâche. Le rituel serait probablement particulièrement difficile à maîtriser. Tu doutes fort que tes deux collègues soient habitués à ce genre de manipulations de la trame. Mais s’ils étaient un temps soit peu compétent, ton contrôle sur le physique, et le contrôle de l’autre sur les arcanes permettraient de focaliser les forces au bon endroit, et de ne pas opposer une catastrophe à une autre.

- Si vous constatez le moindre phénomène étrange, reculez derrière le mur de flammes.

Tu inspires, sors ta baguette, tend le menton en direction de tes collègues un à un, et tous les trois vous déclenchez ensemble les signatures de vos sortilèges. Quatre flammes s’allument derrière vous, et soudainement, l’air paraît comme plus léger.

- Kerath. tu déglutis Pas plus d’un mage à la fois. Tant qu’ils semblent tenir, forcez-les à s’accrocher à leur rituel.

Tu baisses la tête, donne un large coup de baguette dans le vide. La flambeau dans la fosse s’éteint.

- Prêts.

Dans la crypte, la trame magique déjà agitée fut à nouveau sollicitée. C'était avec un intérêt non feint que la prêtresse observa la préparation de la couverture du Prime Sorcier. Tandis qu'il tricotait son sort, elle pu apprécier la technicité même si elle ne savait pas à l'avance ce que serait le résultat.

D'urticante comme une laine bouillie, la magie s'adoucie pour devenir soyeuse et légère. La sombre eut même la sensation que l'air était devenu plus chaud. Comme si… C'est alors, elle vit les flammes derrières eux. Tout était normal. Si tant soit peu que la magie apportait de la normalité… Il n'y avait pas à dire, le mur de flammes c'était bien plus impressionnant et chaud qu'un braséro.

Des rouages se mirent en branle dans la vielle caboche, et la prêtresse fit le constat suivant : il y avait un bout d'armée dans les sous-sol d'un temple fermé, coincée entre une fosse assez profonde et un mur de flammes. Puis, elle refit l'inventaire du contenu de sa musette. Non, il n'y avait pas assez de baumes pour les brûlures.

L'Ust M'elzar était prêt, il n'en fallait pas moins pour que le Karliik Glenn se mette en branle avec ses troupes.

L'impression d'être dans une souricière ne l'avait pas quitté. Na'ri alla chercher la paroi rocheuse sur laquelle elle s'appuya. Devant ses yeux, les hommes passaient alors que son souffle avait perdu de sa profondeur. De sa main, elle détacha une motte de terre qu'elle égrainait. L'humus de Sol'dorn était il aussi assoiffé et affamé que celui d'Anaëh ? Pour le savoir, il fallait que la médecin descende. C'est ce qu'elle fit.

Kerath hocha la tête, c’était exactement ce qu’il voulait entendre et un sourire commença à se dessiner sur ses lèvres aussi balafrées que son visage. Il observa les mages un instant avant de tourner la tête vers la prêtresse à ses côtés puis les prêtres d’Uriz et de Teiweon qui les accompagnaient, passant en revue ceux qui allaient le suivre. Peut-être n’aurait-il pas dû passer devant, après tout envoyé quelqu’un de blessé en premier n’était pas forcément le plus raisonnable mais comme il n’y avait pas d’autorité plus importante pour l’en empêcher, le Karliik ne se priva pas. Lui seul avait le droit de tuer la haute-prêtresse traîtresse. D’un coup d’épaule il repositionna son fourreau dorsal puis il regarda l’échelle et surtout le trou dans lequel ils allaient bientôt s’engouffrer. Bien que blessé il restait le plus lourdement armuré et donc le mieux protégé dans son armure de plaque rouge. Alors certes ça ne risquait pas d’être d’une grande aide contre les créatures noires ou la magie mais c’était toujours mieux que rien. Il releva la tête lorsque son Prime Conseiller l’appela et il hocha la tête.

« De toute façon je ne veux en tuer qu’une. »

Avec un peu de chance tous n’auraient pas à mourir. Il se dirigea alors vers l’échelle et testa sa solidité en y plaçant sa jambe, tendant l’oreille pour voir si elle risquait de céder. Lorsqu’il en fut certain il se mit à descendre pour de bon, il se tourna enfin pour voir où menait le tunnel mais il fut interpellé avant ça par les lumières qui s’échappaient de la pièce en face de lui, d’abord bleues puis noir puis blanches. Puis ses yeux passèrent sur la cause de ces lumières colorées : le rituel. Kerath se retourna en entendant que quelqu’un était aussi descendu pour faire face à Na’ri le temps de lui susurrer quelques mots.

« Gardes un œil sur nos prêtres de Teiweon pour moi. »

Ensuite il avança d’un pas lent vers la grande salle qui se dévoilait au fur et à mesure qu’il avançait le long du couloir. Tous ceux qui avaient la malchance de se trouver dans ladite grande salle semblaient porter, d’une façon ou d’une autre, quelque chose qui les liaient au culte de la Gardienne ; qu’il s’agisse des prêtres eux-mêmes qui se reposaient, des esclaves ou servants qui, lorsqu’ils n’étaient pas gardés par des hommes d’armes, déplaçaient du matériel. Mais, surtout, ce qui attira son attention fut l’autre fosse au centre de la chambre secrète et la créature noire particulièrement furieuse coincée dedans par le rituel en cours. Faisant attention à rester dans les ombres du couloir, loin des regards des dorniens, il observait le rituel et plus spécifiquement les sept prêtres qui s’en occupaient, parmis ceux-là, à force d’observation, il put reconnaître la grande-prêtresse de Teiweon, de par les marques laissées par ses deux cycles de vie et le grand-prêtre d’Isten. Sa main alla chercher la poignée de son épée dans son dos puis il attendit que tout le monde soit descendu.

A peine la prêtresse eut elle le pied posé contre le sol que l'auguste général vient la voir pour lui délivrer un message. Mais avant que le contenu s'imprime dans son esprit, c'était la forme qui capta toute son attention. La sombre sentit dans son cou le souffle chaud de son amant. Son cœur battait un rythme tout autre que les tambours de guerre et elle n'en chercha pas la raison. Un instant, elle regretta que les mots fussent si courts… elle en aurait frissonné de désir. Kerath était toujours aussi prompt.

Tandis qu'il s'éloignait lentement, la daëdhelle regardait ses pieds. Un sourcil s'était levé. Que cherchait le Karliik ? Une trahison de la part des prêtres eldéens de Teiweon ? Pourquoi ? Cherchait il à la mettre en retrait, avec les dits prêtres ? Possible. Tout était possible avec lui. Si elle en apprécia l'intention, celle-ci lui donna un goût amère. Cette nuit, elle s'était battue pour être ici, à ses côtés. Allait il tout gâcher juste… non. C'était elle. C'était elle et ses bulles de passé. Elle le savait. Elle était malade.

Tandis que les derniers descendaient la parois abrupte, Na'ri mêla sa robe noire à celles tout aussi sombres des prêtres de la Gardienne. Aucuns mots ne furent échangés. Elle avait préféré faire l'inverse : être avec les prêtres et garder un œil sur lui.

Les hommes, soldats, comme prêtres connaissaient leurs places. Naturellement, ils s'organisèrent sans trop de chaos. Nombreux furent ceux qui tirèrent leurs armes. A la lueur des quatre flammes magiques, les métaux portaient dès à présent la teinte du sang tandis que l'armure rouge du nouveau Karlik flamboyait comme la lave du Vetna.

Ils étaient là. Ils étaient prêts. Pour l'Elda vengeur. Pour Uriz !

Kerath prit une grande inspiration avant de relâcher la poignée de son épée, ils étaient restés dans le couloir, dans les ténèbres, à l’insu des dorniens et désormais tout le monde était prêt. Le général se décolla de la paroi rocheuse puis il fit un pas en arrière le plus discrètement possible, ce qui n’était pas beaucoup mais suffisamment pour que le rituel, les diverses prières et les ordres criés couvrent le son de l’acier contre la pierre. Reculant d’abord dos aux eldéens, il se retourna finalement pour leur faire face. Il regarda les autres pendant quelques secondes dans un silence pesant avant de désigner deux prêtres d’Uriz.

« Toi et toi, v’nez avec moi. » Les deux servants du Père, facilement identifiable par leur cuirasse frappée d’un immense soleil hochèrent la tête et dégainèrent leurs armes. Le général s’adressa ensuite à ceux qu’il n’avait pas désigné.

« Quant aux autres restez ici, je vais attirer les dorniens dans le couloir où le mur de flamme de Vals’ nous permettra d’en cuire un paquet d’un coup. »

Préférant ne pas élever la voix pour demander à l’intéressé s’il avait entendu, Kerath fit signe à soldat de remonter à l’échelle pour prévenir le Prime Sorcier avant de retourner se positionner à la sortie du tunnel, il prit une nouvelle inspiration et ferma les yeux. Il n’aimait pas Teiweon et encore moins son clergé, surtout dornien mais avec ce que lui avait dit la nouvelle reine, il savait que tuer tout le monde serait contreproductif. D’un geste de la main il fit signe aux prêtres qui le suivaient de s’arrêter à deux pas derrière lui. Il baissa ensuite la tête et, toujours dans le tunnel, se mit à entonner une prière à Uriz. Le général savait que le Père avait les yeux tournés vers Sol’Dorn et il espérait attirer son regard pour ce qui allait suivre. Lorsqu’il fut suivi dans ses dévotions par les eldéens qui le voulaient, Kerath releva la tête et entra finalement dans la grande pièce, les mains vides. Il avait compté sur le fait que les prières scandées attirent l’attention des dorniens avant de se révéler à eux. Droit dans son armure, son heaume sous le bras, le poing posé sur sa hanche, il portait l’anneau symbolisant son rang non pas autour du cou mais autour de son gorgerin, le noir contrastant avec le rouge de ses protections ; le Karliik Glenn à l’air triomphal leur tendit sa main libre, leur faisant signe d’approcher de son gantelet griffu.

« La bataille est finie, lâchez vos armes et joignez-vous à nous pour réaliser l’Eda Vengeur ! »

C’était une proposition faites sur le ton qu’il usait pour donner des ordres sur un champ de bataille, de sa voix autoritaire qui ne souffrait pas le refus, il était certain que tout le monde l’avait entendu dans la grande pièce. Il y eut un moment de flottement mais à la surprise de Kerath ce fut Ssasha elle-même qui cria à ses suivants de lâcher leurs armes et si la grosse majorité obéirent ce ne fut pas le cas d’une poignée de dorniens ; parmi eux deux hommes d’armes et trois prêtres dont un d’Isten. Si les deux laïcs dégainèrent leurs armes, deux ecclésiastes se mirent à incanter tandis que le troisième sortit lui aussi une arme, une dague sacrificielle avec la ferme intention de s’en servir.

Là bas, un rituel. Long, épuisant et inachevé.
Là bas des chants. Un chant. Une prière. A Teiweon. Il n'était pas le plus courant ni le plus mélodieux. Il parlait de la traversée des ombres.

Jusqu'alors, la servante de Kiran avait vu dans les ombres une métaphore du passage des vivants parmi les dieux. Bien que dits immortels les eldéens étaient que trop mortels à côté des Dieux. Et dans les desseins divins, ils n'étaient que des ombres, des ombres de passage. Certains se distinguaient par leurs actions : si elles allaient dans le sens voulu alors, ils devenaient des héros et l'inverse et c'était à peine un caillou dans une sandale. Mais, dans la pénombre du temple, avec cette affreuse créature qui se tortillait au milieu du cercle de prêtres, les paroles prenaient un sens nouveau.

" Que se passe t'il ? Veut elle sortir ? Veut elle rentrée ? "

Un instant, elle eut l'impression de voir une pièce de monnaie qui tournoyait. La tention était à son paroxysme. De quels côtés allait elle tomber ?

Sortir ?
Se serait catastrophique. Pour ce qu'elle avait pu en voir, les créatures ne faisaient pas de distinction. Elles se contentaient de moissonner les flammes comme un paysan ses épis. Ils étaient dans une fosse. Coincés. Eldéens et dorniens. Qu'allaient ils tenter ? Un baroud d'honneur ?

Entrer ?
Le plus souhaitable. Mais… quel serait l'impact des combats sur la concentration des participants du rituel ? Négatif et on en revenait au même constat sauf ceux qui seront du bon côté des flammes.

Cependant, plusieurs créatures du même genre c'étaient déjà échappées et il n'y avait pas de morts visibles. Les corps étaient ils dans la fosse ? Ou il n'y en avait pas eu ?

" Serait il possible au cas où, d'aider les prêtres ? Pouvez vous me donner les paroles ? " demanda t'elle aux prêtres eldéens de Teiweon.

Pendant ce temps, la pièce tournait toujours. Les paris étaient ouverts.

Le général poussa un soupir en voyant qu’ils ne comptaient pas obéir, même à leur grande prêtresse ; ce qui, d’ailleurs, l’étonna un peu. Il alla chercher la poignée de son épée dans son dos et commença à faire un pas en arrière pour mettre son plan à exécution.

Voyant leur camarade dégainer, les dorniens les plus proches s'écartèrent à deux exception près, incapable de savoir si le fait de se ruer sur leurs armes pour défendre le nouveau venu leur vaudrait ou non la peine capitale. Les deux téméraires se jetèrent sur leurs anciens compagnons pour tenter de les immobiliser sans les tuer.

Mais en se qui concernait les deux mages, les choses étaient plus subtile... ou presque. Le plus visible portait la tenue des prêtres de Teiweon et hurla des invectives à sa déesse tutélaire, promettant de laver dans le sang les exactions qui leur avait valus Sa toute puissante colère. Ses doigts semblaient sculpter dans l'air en laissant de fines trainées noires sur leur chemin. Deux des dorniens qui avaient refusés de se rendre le protégeaient bec et ongles dans l'espoir qu'il ait le temps de finir le sort qui plongerait toute la salle dans l'obscurité la plus totale, sans penser à l'intégrité du rituel qui se déroulait près de lui.

Mais un autre danger veillait. Les Dorniens tournés vers la faille dans le mur ne pouvaient voir que dans leur dos, près du cercle du rituel, un autre prêtre incantait. Celui-ci portait les couleurs d'Isten et e pouvoir incidieux des formes qui traçaient son indexe sur sa propre cuisse visait directement l'homme en rouge qui venait de les enjoindre à renonce. Voyant que personne ne comptait se déplacer vers lui, ou risquait de le suivre dans le couloir qui menait jusqu’à l’échelle, et les mages, Kerath, une fois son épée dégainée appela les prêtres d’Uriz, quelques-uns de Teiweon et Na’ri avant de tenter de faire un pas en avant pour se débarrasser des récalcitrants.

Les renforts faisaient deux pas dans la pièce et les deux fous qui protégeaient le prêtre récalcitrant venaient de tomber lorsque l'air se gorgea d'un noir intense… Déstabilisant le rituel central qui se briserait dans les minutes suivantes si personne ne venait les aider.

Aux amis d'antant, une main se tend.
Aux ennemis de maintenant, la lame pourfend.
Amis et ennemis, les clans se dessinèrent dans la lumière.

Là, tout est là, dans l'obscurité la sombre prêtresse n'avait des yeux que pour l'ombre qui s'ébrouait. Des prêtres eldéens de la Gardienne, les mots arrivaient comme une mélopée. Rapidement, ils se synchronisèrent avec le bruit de fond.

Un ordre fut aboyé. Elle fut nommée. Les serviteurs des Dieux se révélèrent alors.

Un instant le temps fut arrêté.
C'était l'heure. L'heure de prendre les paris.
Que choisir? La confiance ou la défiance ? La protection ou la destruction ?
La vengeance hurlerait Uriz. La loyauté conseillerait Teiweon.

La pièce tombait encore.

Certains se turent. D'autres comme Na'ri firent leur la prière des Dorniens. Ils avancèrent. Fièrement. Que dans la lumière, les Dieux leur soit témoins.
Les lames tombèrent et avec elles des flammes.

En un instant l'obscurité s'empara de la lumière. Il n'y avait plus ni amis, ni ennemis. Ils étaient seuls. Seuls au milieu d'une masse où tout pouvait arriver.

"Si vous constatez le moindre phénomène étrange, reculez derrière le mur de flammes." Avait dit le Prime Sorcier. Mais elle n'était pas des ses éphémères qui étaient attirés par la lueur. Une autre fois, elle irait bruler ses ailes. Aujourd'hui, elle avait mieux à faire.

Tout droit. Les chants étaient devant. Tandis qu'elle avançait, elle se faisait bousculer. Peut être qu'elle trébucha. Peut être qu'elle fut effleurée par le fils d'une épée. Elle s'en moquait, tant qu'elle pouvait avancer vers les voix.

Quand elle arriva, la prêtresse savait que c'était trop tard. Que déjà le sort qui visé le Karliik avait déjà été lancé ou avorté. Aveuglée, elle ne chercha pas un muet. Quant à Kerath, il devra s'en sortir. Comme il en avait l'habitude. Il devait rester en vie. Elle devait se concentrer.

D'abord dans un chuchotement, elle se plaça à côté d'un prêtre Dornien. Doucement, elle posa une main sur lui et y dessina des arabesques pour se lier au rituel.

La nuit, tout les drows sont gris.

Autour de la fosse les flammèches dansent. La magie crépite. Les vecteurs se croisent. Le mysticiste et toi flottez, plongés dans une transe méditative, projetant vos sens loin de là où se trouvent vos corps. Instruments les plus précieux de ce rituel, vous êtes aussi les plus fragiles. Seulement vous n’en avez cure. La fatigue d’antan est oubliée pour un temps, vos braises entières sont à la disposition de ce moment, et c’est aux deux non-initiés et à leurs compagnons armés que vous vous remettez. Ce sont eux qui décideront de votre futur et de votre présent. À vous la responsabilité de celui de tous les autres.

L’air tremble autour de toi, et tu sais que c’est ton camarade qui tressaille. La trame tremble autour de lui, et il sait que c’est toi qui te crispes. Car là-bas la magie tremble et les cœurs tressautent. Les équilibres se rompent tant dans la trame de l’univers que dans celle des arcanes. Impossible de savoir exactement qui. Impossible de savoir exactement quoi. Car ce que tu entends n’est qu’une collection de signes trop difficiles à traduire à une collection de sens qui ne sont pas les tiens. Tu peux juste affirmer qu’il est temps, confirmer qu’il est temps.

Ton bras se tend en avant, ta baguette fait un tour. La tête du dragon accueille une flammèche et la dissipe vers l’avant ; et les élémentalistes redoublent d’attention, ferment les yeux à leur tour, se laissent bercer par vos sens à lui et à toi. Et les flammèches autour de la fosse dansent de plus belle, brillent de plus belle, s’agitent comme des feux-follets, et plongent en direction de l’obscurité.
Seul le feu perce la noirceur. Seul sa chaleur chasse l’implacable froid des ombres. Uriz et Teiweon reprennent leurs ébats dans une démonstration de magie venue de lieux sur lesquels leurs yeux ne portent pas. Les flammes s’avancent, inextinguibles, trop ancrées dans la trame pour être dérobées par qui leurs maîtres ne le voudrait pas. Elles observent les visages de Sombres, dévoilant leurs traits dans la noirceur, et puis elles continuent de filer autour du cœur arcanique.

Nord. Sud. Ouest. Est.

Les flammes éclosent, chenilles devenues papillons en des gerbes d’une infernale tempête de feu. Le mur se dresse dans le dos des mages faits catalystes et s’avance, lentement mais sûrement, dévorant quiconque se refuserait à le fuir.

Et près de celui à l’armure rouge une luciole. La dernière. Comme une promesse lui réchauffant l’oreille.

Les prêtres du rituels avaient pesamment fait de la place pour accueillir de nouveau participants sous l'invective de Ssasha, visiblement la seule à avoir suffisamment conscience de l'extérieur pour entendre un échos de leur prière. L'ombre avait envahit la pièce, faisant vaciller la prise que les prêtres avaient sur leur rituel. La voix de Ssasha avait de nouveau percé pour enjoindre les siens à ne rien lâcher. Une femme avait réussit à les atteindre avant que le feu n'apparaisse. Une femme qui était entrée dans leur cercle sans savoir ce qu'ils faisaient et qui tentaient de comprendre via la trame, mettant le doigt dans un engrenage qui pouvait tout aussi bien ne pas résister à la façon dont elle tenta de s'y inclure en joignant ses forces à l'égrégor. Un espoir et un risque.

Dans cet équilibre géométrique flucutant, affaiblit, Na'ri tentait de trouver sa place lorsqu'un brasier éclata près deux. Haut, criant, surprenant. L'ombre avait faibli. Une pénombre extrême ne laissait distinguer que des formes mais la chaleur et le bruit ronflant du mur de flamme ainsi que le mouvement d'air qu'il accompagnait était toujours bien là. La soudaineté et la peur qu'elle entraine déséquilibra le chant. Le plus jeune des ritualistes et le Haut Prêtre d'Isten avaient rompu leur lien. Le premier par manque de concentration, le second par contre-coup. Il avait réussit à préserver ses collègues de cette perte soudaine mais la fatigue des dix dernières heures l'avait rattrapée. Comme un bateau qui tangue et se disloque, l'esquiffe qu'avait mis en place les mages par leurs efforts communs bravait la tempête qui se déroulait sur la Trame autour d'eux. La nouvelle venue tenait bien la voilure pour qu'elle ne se déchire pas et Ssasha avait la barre en main sans jamais sembler fatiguer. La vieille drow était un pilier, un point incontournable. Na'ri compris à cet instant qu'elle n'avait pas du se reposer depuis le début du rituel, peu importe quand il avait commencé, car toutes les énergies convergeaient vers elle et toutes les volontés s'alignaient sur la sienne comme les instruments suivant les gestes d'un chef d'orchestre.

Mais un chef d'orchestre qui n'avait désormais plus qu'une pianiste hésitante sous sa direction à présent. Seules Ssasha et Na'ri tenaient encore un semblant de rituel. Deux chaines plantées dans la créature devenue folle, soumise à ce qui semblait être une grande douleur. Elle pouvaient la garder, la diriger, mais ça ne durerait qu'un temps. Un temps bien trop bref...

De l'autre côté des flammes, un mage avait finit son sort et réussit à prendre le pas sur sa victime, bien qu'un filet de sueur glisse sur sa tempe. Une indicible douleur venait de s'emparer du Karliik Glenn et une voix retentie, forte dans l'obscurité.

- Amis Dorniens, fuyez par le passage ! La victoire sera pour un autre jour ! "

"Victoire ? " Le mot s'était infiltrés et avait pénétré les brumes de la concentration de la prêtresse de Kiran. Une fausse note sur l'instrument. Le tintement d'une pièce qui tombe. Elle avait perdu son pari.

Mais la créature représentait un risque plus grand. Pour lui, pour eux, pour les mages. Peu importe, tant que ce n'était pas la victoire des Dorniens. Na'ri laissa sa dernière note sonner un peu avant de s'élancer sur Ssasha pour la prendre par la taille.

Tout autour, le grondement des flammes s'intensifiait de seconde en seconde. Même pour les drows, pourtant habitués aux températures du coeur du volcan, la chaleur commençait à se faire insoutenable. Les premiers cris retentirent, et les premières victimes du mur rendirent leurs braises et le mage qui tenait le Karlik Glenn en respect lâcha totalement prise, rendant non seulement ses moyens à l'imposant drow, mais y ajoutant également de l'énergie à revendre.

" Kerath !" Hurla t'elle. Elle n'en dit pas plus, pas le temps.

Un coup de tonnerre silencieux avait retentit. Les chaines du rituel avaient lâchées par la trahison de la dernière venue, brisant l'équilibre fragile sur lequel avait été bâti l'incendie. Loin, au dessus de la fosse aussi, les mages encaissaient le contrecoup, et ce n'est dans un dernier effort désespéré du Prime-Sorcier que le Karliik - normalement le plus en avant parmi les Eldéens - fut arraché au sol et renvoyé dans le couloir. Au même moment, privées de leur cocon protecteur, n'ayant plus que deux mages de guerre déstabilisés pour les guider, les flammes rugirent à travers la salle. L'expansion qui aurait dû être graduelle se fit véritable explosion, et c'est en épargnant de peu ceux restés dans le cercle central, et ceux à l'abri du couloir que souffla le dernier vent ardent. Sans plus aucun véritable obstacle pour la retenir, la créature était totalement libre. Le choc fut particulièrement rude, lui rappelant celui de l’assaut sur la forteresse d’un despote, il prit une inspiration et se mordit l’intérieur de la joue en priant Kiel et se releva en grognant.

Le claquement de l'explosion vibra jusque dans la poitrine de Ssasha qui pourtant n'était pas le moins du monde soufflée par la déflagration tournée vers l'extérieur. La créature, elle, fila vers le sol, touchant ceux qui se trouvaient autour de la marre comme une grande nappe tombée d'un coup pour les traversés de part en part. En atteignant le sol, elle se résorba dans la mare. Son corps se dilua dans celui de la cuve qui, pour la première fois, montrait d'étranges remous remontant le long de la margelle.

La créature au pouvoir diminué par la lutte qu'elle avait mené contre le rituel n'avait pas tué instantanément les quatre des huit mages encore vivant autour du puits. Mais après la température volcanique, ils se sentirent d'un seul coup transi de froid. Leur sang s'adaptant mal au changement brutal, la douleur et la nausée les prenaient. Déboussolés la tête leur tournait et se redresser semblait une tâche insurmontable, mais ils pouvaient encore s'accrocher vaguement à la conscience pour sentir le froid s'installer durablement dans leur corps. Le monde leur semblait être plongé dans le plus rude hiver et leurs sensations étaient semblables à plusieurs heures passés dans la neige sans la moindre protection.

Na'ri s'était abattue sur la Haute Prêtresse, portée par l'élan de son saut. Les deux femmes s'étaient effondrées au sol dans le même élan et la même sensation de froid intense. Malgré son état, la drow plurimillénaire s'efforça de rouler mollement sur le côté, se rapprochant de la mare pour s'éloigner de son adversaire.

Na'ri elle, sentait une main se refermer sur sa cheville dans un effort malingre pour la tirer loin de la mare et de la Haute-Prêtresse. Instinctivement, la servante de Kiran donna un coup de talon à ce qui enserrer sa cheville.

Sans se soucier de son épée, Kerath retourna dans la pièce, il en avait plus qu’assez, il se dirigea vers Na’ri, écrasa le poignet qui retenait la cheville de la prêtresse de Kiran. Le général se pencha pour attraper la robe de cette dernière pour la tirer au loin. Se sentant bouger malgré sa volonté et cette fois de façon bien plus efficace, la sombre s'agrippa à Ssacha. Puisque la Haute Prêtresse était la responsable de la rébellion de Sol'Dorn, elle se devait de se présenter à la Flamme d'Uriz et de connaitre la véritable colère du Dieu. Celle-ci, fière, ne se laissa pas faire et rua sur ce qui l'emprisonnait. Malgré les coups de talon, l'eldéenne n'en démordrait pas. La traitresse n'avait pas le droit de se jeter dans l'étrange bassin. Kerath souleva alors la prêtresse de Kiran pour attirer vers lui celle de Teiweon qui tenait fermement la margelle.

Un ultime sursaut et ses doigts ripaient. Le guerrier n’eut alors qu’à lâcher Na’ri pour attraper Ssasha par la gorge.

Autour d'eux, la pierre était noircie, les paillasses, les tables, les caisses, tout était brûlé. Le bois brasillait ferme et des flammes s'en échappaient toujours. Plusieurs drow gémissaient contre les murs. Les prisonniers eux, étaient tous morts à l'exception des deux demi-sangs chanceux qui se trouvaient à l'avant des rangs de chaînes, brûlés à ne plus être reconnaissables, mais hurlant toujours leur douleur. Les autres avaient été écrasés par leurs entraves et n'en avaient même plus l'occasion.
Mais étrangement, le sol dur était rassurant de part sa fermeté et parce qu'il paraissait chaud à Na'ri, bien qu'il ne la réchauffait nullement.

Ssasha, régalienne, était empoissée de sueur, le teint grisâtre et le souffle court, mais dans son œil ne brillait que la défiance et le défi. Elle avait survécu à tout. Pendant près de deux cycles. Elle était la matriarche de toute une race et avait tenu têtes à des générations de prima. Elle était la voix et le cœur de cette ville, la fille préférée de sa déesse tutélaire. Même les cheveux défaits et les traits tirés, elle restait farouchement belle. Eldéenne jusqu'au fond des os, elle avait manipulé, conspiré et tirer du pouvoir de toutes les origines possibles sans se laisser déposséder et les Dieux savaient son dévouement à leur gloire et à leur suprématie. Elle ouvrait la bouche mais la poigne qui lui écrasait le coup lui coupa le souffle. Ce visage, elle s'en souviendrait, dut-elle l'emmener avec elle dans l'autre monde.

Sa main fébrile se posa sur l'énorme poignet qui la tenait. Sa peau était froide... Plus froide que celle de Na'ri... Bien plus froide...

En baissant les yeux, les deux eldéens purent s’apercevoir que l'indexe de la prêtresse avait emmené un fil de la matière noire. Un fil qui avait collé à l'ourlet de sa robe de soie noire, à sa jambe, à son pied... Et son pied disparaissait doucement dans la substance qui grimpait le long de sa jambe. Liquide aux reflets métalliques.

Les yeux rouges et jaunes de Kerath restèrent plantés dans ceux de la prêtresse, son regard n’étant visible pour Ssasha qu’à travers les fentes de son heaume avant qu’il ne baisse la tête en captant un mouvement dans son champ de vision périphérique.

« Xal Lil'Ilharn khluryar dosst Chath fei'ir. »
Puisse le Père juger ta Flamme équitablement.

D’un mouvement sec du poignet il lui brisa la nuque et la jeta dans la marre avant d’entreprendre de défaire son gantelet.

" Non ! " Allongée sur le dos la prêtresse de Kiran pu apercevoir et entendre le craquement sinistre. " Non ! " Sa voix était faible mais chaque mots sonnaient un peu plus. " Pas dans le liquide ! " Il ne fallait pas que ce bassin devienne un lieu de dévotion à une traîtresse. Déjà qu'elle était morte en martyre, il ne fallait pas que sa sépulture soit ici, à Sol'Dorn, où sinon le Puy aura toujours des ennuis. Elle se recroquevilla." Son coeur doit brûler. " Les rites existaient pour une bonne raison. Tel un ressort, elle s'élança pour tenter de rattraper le corps avant qu'il ne retombe. Mais c'était sans compté sur la jambe de Kerath. Stoppée net dans son élan, la prêtresse tomba comme un sac aux pieds du Karliik. Le général tira d’un coup sec en arrière dans l’espoir de pouvoir se stabiliser pour retirer plus facilement son gantelet toutefois après avoir tiré un coup sec en arrière la marre ne se laissa pas décontenancer et continua le happer en direction du puit. Alors il leva la main et entreprit de déchirer les lanières de cuir tenant en place son gantelet avec les griffes du second.

Rompu et balancé, le gantelet s'écrasa sur le liquide noir de la cuve. Le général aurait juré voir miroiter une ombre sur la face intérieur de la pièce d'armure dont il venait de se débarrasser avant que l'étrange matière ne se répande. Le visage de Ssasha finissait d'être englouti par la marre. Son œil rouge fixé sur l'éternité ne se ferma même pas lorsque le fluide épais comme de la pâte et cohérent comme du mercure se referma sur elle. Une fois la grande prêtresse de Teiweon engloutie, Kerath se tourna pour voir dans quel état était la pièce et surtout les survivants. Il se tourna finalement vers Na’ri.

« Tant pis pour elle. »

Se contenta-t-il de dire alors qu’il s’éloignait de la marre. Il donna des ordres aux eldéens restés dans le couloir et notamment aux pyromanciens, qu’ils soient ecclésiastiques ou laïcs, de venir réchauffer les victimes de la créature, la prêtresse de Kiran en priorité, que ce soient en le faisant directement via leur magie ou en mettant le feu à quelque chose.

Dans le silence, seuls les gémissements et les cris des survivants brulés continuaient à rebondir contre les murs à nu. La cuve continua à produire des vagues durant quelques temps, produisant un faible champ magique. La trame avait retrouvée son calme... Durant quelques minutes. Puis, pendant que les deux eldéens s'assuraient de la prise des lieux et de leur survie respective, une ombre surgit de la marre pour glisser vers les ombres du haut plafond à la vitesse d'un cheval au galop, sans même prêter attention aux vivants présents. Le général se retourna en entendant un eldéen accroupis tomber en arrière en voyant une ombre sortir de la marre.

« Brûlez ce truc ! » Ordonna-t-il aux pyromanciens autour de lui.

Au bord de la marre l'un des deux prêtres survivant rampait vers la margelle, riant de façon extatique. L'autre, prostré sur le sol et frissonnant de tout ses membres, le corps glacé et l'esprit épuisé, avait perdu conscience.

Les jets de flammes se tournèrent dans la direction de la créature. L'un s'éteint. Les deux autres prirent une dimension énorme d'un côté et leur direction fluctua comme le jet d'une fontaine mal réglée. Une cage de flamme aux angles mouvant se referma sur la créature et se stabilisa pour devenir une sphère parfaite. Plus aucune trace de fluctuation dans la trame. Plus aucune trace de froid. Plus de présence.

Lorsque les flammes se dissipèrent, la créature s'était volatilisées... Et la chaleur de la pièce devenait dangereuse, oppressant peu à peu les respirations et faisant naitre de la sueur sur le derme des drows pourtant résistants. Kerath retira son heaume et s'éponga le front via sa main qui n'était pas gantelée. Les rires du prêtres fou n'avaient pas cessés... alors qu'il disparaissait lui aussi dans la marre noire après s'y être trainé.

Tant pis. Tant mieux. Mais tant de mains qui se tendaient pour l'attraper, la rattraper. Et ce prêtre qui riait, qui riait. Il l'agaçait comme autant que ceux qui la manipulaient. Enfin debout, la servante de Kiran se dégagea des pelisses de fortune. Alors que le plafond s'embrassait, elle se jeta sur lui. Tomba plutôt.

Il ne riait plus. Aussi lentement que surement, le liquide avait envahit les voies aériennes du prêtre.

Trop tard. Les mains la saisirent à nouveau. Les mains la tirèrent loin. Loin de cette cuve au liquide aussi fascinant que répugnant. Na'ri tremblait de froid autant que de rage. Trop tard pour lui.

Attention ! Un nouveau !

Les mages attendirent... Mais rien. Pas un souffle dans la trame. Pas le moindre signe d'une créature ombreuse. seulement la marre noire dont la surface reflétait paisiblement la lumière comme du métal à l'état liquide.

Faisait il trop chaud, faisait il trop lumineux, était il la personne de trop. Ou y en avait il eut assez ? Ce matin la chasseuse avait cherché une logique aux monstres de Sol'Dorn. Elle lui avait reproché de perturber la magie. Ce soir, ils avaient trouvé une provenance et des hypothèses. Les explications viendront pour plus tard, peut être dans quelques siècles. Mais instinctivement, la prêtresse préférait les ombres à ce liquide trop ou pas assez inerte. Au moins les ombres disparaissaient elles. Le général commençait à en avoir marre, il se tourna vers des soldats.

« Evacuez les prêtres qui ont survécus et achevez les esclaves à l’agonie. » Il se regarda ensuite les pyromanciens. « Si quoi que ce soit sort de cette marre brûlez le. »

Il se dirigea ensuite vers le couloir d’un pas décidé, les soldats qui gardaient le bas de l’échelle le saluèrent avant qu’il ne se mettre à la monter et une fois en haut leurs camardes firent de même toutefois ce n’était pas pour eux que Kerath s’était déplacé. Il regarda au sol et attrapa, à l’instar de Na’ri quelques minutes plus tôt, le Prime Sorcier par ses robes pour descendre avec lui. Une fois en bas il le remit sur pied.

« Maintenant fais ton boulot et va voir ce qu’ils foutaient autour de ce truc. » Dit-il en pointant la marre noire du doigt. « Normalement y’a plus de dangers mais fait gaffe. »

  Pour ça il faudrait déjà que tu daignes me décrire ce que tu as vu. un Prime-Sorcier essoufflé d'avoir maintenu un rituel avec des non-ritualistes répond du tac au tac Dans les conditions où j'étais, mes perceptions étaient limitées.

Malgré tout le mage traîne de la patte, soutenu par le général, et s'approche de la mare, cherchant à décoder par lui-même dans les traces résiduelles dans la trame quel théâtre a bien pu s'y jouer. Malheureusement les signatures ont été brisées, et le chaos de magie provoqué tant par son propre sortilège que par ceux plus récents des mages ayant suivi le reste des troupes n'en ont pas laissé grand chose.

C'est froid. il cite l'évidence, réfléchissant à haute voix Comme les résidus des marchombres. le dynamiste se retourne en direction des autres J'imagine que vous avez bien dû jeter quelque chose là-dedans... qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?

« A ta place je ne m’en approcherais pas trop. » Kerath se tenait à un pas derrière le Prime Sorcier, les bras croisés.  « Quand on est arrivé y’avait une ombre qui n’arrivait pas à briser le rituel mais quelqu’un a brisé le rituel et la bestiole est repartie dans la marre. » Après avoir mis une forte emphase sur le quelqu’un il lança un regard à Na’ri avant de poursuivre. « J’ai jeté Ssasha dedans après l’avoir tué et une ombre est sortie. Aucune idée si c’était Ssasha qu’est revenue sous cette forme ou si c’était la première ombre prise dans le rituel. »

La prêtresse venait de faire fuir les soldats qui la soutenait en leur demandant de vérifier l'état des autres officiants. Assise par terre, elle avait bien entendu et compris le sous entendu de Kerath. Cependant, elle ne se sentait pas concerner et elle avait froid. Mais il manquait quelque chose.
" Un autre prêtre s'est fait happer par le liquide. Il était encore vivant. Pour le moment, rien en est sorti. S'il reste un prêtre officiant en vie, évacuez le rapidement et confiez le nous pour qu'il le reste. Dès qu'il pourra parler, nous vous l'enverrons, Prime Sorcier." Elle savait que c'était Ssasha qui était la pierre de l'édifice, mais ne pouvant faire parler les morts, cela ne servait à rien de remuer le couteau dans la plaie.

C'est une porte. les mots du Prime Sorcier claquèrent comme s'il s'agissait de la plus grande des évidences Une porte qui mène sûrement au même endroit que la magie des marchombres. il soupira longuement Maintenant la question c'est de découvrir comment l'ouvrir, comment la fermer, et comment se déplacer dans le... dans le grand froid autant de réponses qu'il aurait pu avoir si seulement... Ce qui aurait été bien plus facile avec Ssasha parmi nous.

« Elle a essayé de passer par la porte, elle était à moitié dedans quand je l’ai attrapé et tirer dessus ne sert à rien, ce truc ne peut pas être arraché. Ou alors je n’ai pas la force nécessaire. »

Alors il faudra rassembler les prêtres Dorniens pour leur demander ce qu'ils savent le sorcier s'accroupit maladroitement, et tend la main vers la mare avec curiosité... Et l'étudier nous-mêmes ...avant de la retirer d'un coup Si les marchombres de la Doth'Ka le veulent bien, pour une fois ils pourront servir à autre chose qu'à faire disparaître des gens dans leur sommeil.

« S’ils ne sont pas ici j’imagine que c’est justement pour éviter qu’ils apprennent quoi que ce soit mais y’en a un qui faisait partis du rituel qui a survécut, il est inconscient mais vivant, j’ai ordonné qu’on le réchauffe et qu’il soit évacué pour que des prêtres de Kiran s’en occupent. Pour ce qui est de la Doth’ka je vais m’en occuper. »
- Karlik Glenn ! Prime Sorcier ! " Une voix venait avec empressement du passage menant à la surface. " Une estafette vient d'arrivée. La Citadelle du IVe Ost est tombée. La reine va bien ! Sol'Dorn est notre ! "