Tariho de la première ennéade Bàrkios, mois d’automne An 17 du XIème cycle.
Taillé de sable, le premier au griffon d'or lampassé et armé de gueules, le second au croissant de lune d'or, à la cotice en barre d'argent brochant le tout. Voilà ce qui flottait au vent, tout en haut du plus grand des trois mâts de la caraque Sybronde. C’était un bateau bien plus imposant à la coque peinte de couleur noire et or qui voguait cette fois-ci en direction du petit port d’isgaard. Victoria se tenait droite, sur le pont de son navire tandis que le capitaine de celui-ci annonçât l’accostage imminent.
Accompagnée de sa jeune sœur, Lysandra, la Comtesse s’était attelée à faire ce voyage elle-même, malgré les risques pour l’enfant qu’elle portait actuellement. Elle n’était d’ailleurs plus qu’à quelques ennéades de son accouchement lorsque certains l’avaient accusés de prendre trop de risques, alors que si elle ne s’était contentée que d’une missive ou d’un émissaire, d’autres l’auraient certainement critiqués de ne pas avoir réglé cette affaire en personne. Des grognards et des râleux, il n’y avait décidément plus que ce genre de vermine qu’elle côtoyait. Sa propre sœur n’était pas d’une franche et bonne compagnie. Voilà maintenant plusieurs années que celle-ci avait acquis le droit d’épousailler celui de son choix. Droit durement acquit suite à un sombre chantage que Victoria n’avait point encore oubliée et pardonnée, rendant ainsi leur relation des plus glaciale. Et pourtant, les années passaient et aucun beau-frère ne pointait le bout de son nez. L’on conseilla donc à Sa Grandeur de trimballer son aigrie de sœur dans ses moindres déplacements impliquant la rencontre de nobliaux en mal de donzelles à marier. Jusqu’à l’heure, les efforts se montrèrent infructueux. Et ces échecs ne venaient non point de la belle à marier mais de Victoria elle-même, qui ne cessa d’écarter tout prétendant qu’elle ne trouva point suffisamment digne, et ce par des ruses toutes plus inventives les unes que les autres. Ces rejets avaient finis par rendre la belle Lysandra l’une des femmes les plus frustrée du Royaume.
- Isgaard en vue ! Pouvait-on entendre de la bouche d’un des marins.
La lente chute du soleil venait de débuter lorsque le bateau fut amarré à l’un des quais de la petite bourgade, déployant ainsi une foison de couleurs rosâtres et orangés au ciel dégagé qui avait accompagné ce voyage.
La Comtesse descendit alors doucement de son navire, habillée d’une robe noire parée d’ornements couleur d’or, taillée à la perfection pour sa silhouette qui laissa deviner un ventre qui commençait à s’arrondir sans honte. Ainsi, la Comtesse portait fièrement les couleurs de sa maison : celle des Maldi. Sa peau dorée, ses longs cheveux noirs coiffée en un chignon maîtrisé à merveille et ses yeux couleur émeraude suffisaient amplement à sublimer l’ensemble. Un cou et un léger décolleté dégagé, point de bracelets ou de bagues en tous genres… seuls de discrètes boucles d’oreilles ; voilà là tout ce qu’elle portait comme parements. Une légère cape sombre vint fignoler sa tenue.
Enfin sur le quai, Victoria pouvait se rendre compte que son messager était arrivé à bon port au vu de l’accueil qu’on lui réservait. Des gardes, en un nombre raisonnable, un carrosse apparemment des plus confortables mais également ce qui semblait être le Comte en personne.
La distance entre eux ne fit que se réduire, ce qui aida Victoria à mieux percevoir son futur interlocuteur. Un homme faisant sa taille, voir un peu moins, passé la cinquantaine au vu de sa barbe poivre et sel qui laissa deviner un visage à la mâchoire carrée. Un bel homme, si toutefois l’on aimait le style nordien.
Lorsqu’ils furent enfin si proches qu’ils purent presque ressentir le souffle de l’autre sur leurs visages, que le comte pouvait humer le doux parfum qui s’échappait de ses cheveux, Victoria fit une humble révérence et salua son homologue.
- Votre Grandeur. Commença-t-elle, laissant sa voix à l’accent suderon s’exprimer des plus joliment.Nous nous rencontrons enfin. Son visage était resté faiblement inexpressif jusqu'à ce que son regard croisa plus longuement celui du comte. Ses émeraudes se mirent à pétiller et ses lèvres, légèrement entre-ouvertes n'arrivèrent plus à prononcer le moindre mot. La belle suderonne faiblissait déjà.
Dernière édition par Victoria di Maldi le Mar 31 Déc 2019 - 11:50, édité 1 fois
Gaubert de Prademont
Humain
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Mar 31 Déc 2019 - 11:09
Jocelyn de Buthen
Le messager sybron était arrivé quelques jours après que l'équipage du gros marchand odorant avait quitté les rives d'Isgaard. Ainsi donc, la Comtesse di Maldi en personne avait choisi de venir rendre au visite à Odélian. Comme quoi, le pachyderme parfumé et suant avait eu bien plus d'utilité que bonne tranche de rire en claquant sur les pavés de la cité après quelques minutes de marche. La Damedieu était bien souvent taquine et c'est avec Tyra qu'elle avait décidé de jouer avec la vie du sieur Heraldi.
À peine la missive lue, le comte fit préparer le château, briquer le moindre bibelot, fait battre les tapis, épousseter les meubles et les armures, laver les sols et ôter les toiles d'araignées du moindre recoin. Il avait fait demander aux cuisiniers de se surpasser pour recevoir son alter-ego suderonne comme il se doit. Il avait eu bien raison de prendre ces quelques ennéades de villégiature dans la ville portuaire, il semblait que la moitié du monde s'était donné rendez-vous ici. Il fit préparer un attelage de quatre hongres pour le carosse qui irait chercher Dame Victoria sur les quais et, même les gardes durent nettoyer leurs armures afin de donner une image des plus étincelantes. Il fallait que la suderonne en prenne plein la vue pour sa première visite officielle dans le Nord.
Le comte avait décidé de porter une tunique blanche et bleue, aux couleurs de son blason et caracolait devant le carosse aux côtés du gouverneur militaire de la cité, Jocelyn de Buthen. Celui-ci avait choisi une tenue or et rouge, arborant les couleurs de sa famille également. L'annonce de l'arrivée du navire battant pavillon sybron à quelques encablures des quais avait mis en branle toute la côterie et après quelques minutes, le comte put observer le navire s'amarrer doucement.
La Comtesse apparut, aussi belle et froide que la rumeur le laissait entendre, arborant les rondeurs d'un début de grossesse. Elegante dans sa robe noire et dorée, elle s'avança jusqu'à Gaubert et fit une révérence souple en inclinant la tête.
Votre Grandeur. Nous nous rencontrons enfin.
Le comte rendit la révérence en s'inclinant à son tour.
C'est un plaisir, votre Grandeur. Bienvenue en Isgaard. J'espère que vous avez fait bon voyage.
Il saisit délicatement la main de la sybronde et lui effleura le dos du bout des lèvres avant de poursuivre en tendant une main vers Jocelyn.
Voici le seigneur Jocelyn de Buthen, gouverneur de la cité et de la forteresse de l'Etau.
Le buthenois fit à son tour une révérence et un baise main à la comtesse, puis Gaubert remarqua la jeune femme qui avancait dans le sillage de la comtesse, partageant quelques traits avec elle. Il fit de nouveau une révérence à l'inconnue et la salua poliment.
Ma Dame, je n'ai pas l'honneur de vous connaître.
Victoria di Maldi
Ancien
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Mar 31 Déc 2019 - 12:55
L’effleurement de ses lèvres sur le dos de sa main rappela à Victoria un autre baisemain qu’elle n’avait point oublié. Comment le pouvait-elle ? Vu qu’il n’y en a pas eu, que cet homme des plus impoli lui avait cruellement manqué de respect, l’obligeant ainsi à quitter la sécurité de son château de pacotille pour se retrouver au beau milieu des marais où son convoi fut attaqué par un Toxeurove. Victoria avait bien cru perdre sa sœur ce jour-là… Elles s’en étaient sorties indemnes, Néera en soit louée.
Et dire que cet homme était dorénavant devenu Marquis de Langehack.
Mais fort heureusement, des impolis de la sorte, ils n’en existaient que très peu et le Comte ne semblait pas en faire partie. D’un sourire léger et figé, Victoria l’écouta lui parler, usant de sa voix grave et profonde qui sonnait agréablement aux oreilles de la suderonne.
- Nous avons effectivement fait bon voyage. Merci de vous en soucier Messire.
Son regard se posa ensuite sur Jocelyn. Un nordien de plus. Que des nordiens finalement. Victoria allait devoir faire des efforts pour les supporter au mieux. N’avait-elle d’autre choix de toute façon ?
- Ravie de vous rencontrer Messire de Buthen.
La Comtesse s’écarta alors quelques peu de ses hôtes puis s’attela aux présentations :
- Je vous présente Lysandra, ma jeune sœur ainsi que le Signiore Gregorio d’Iree, mon fidèle conseiller. Nous sommes venus jusqu’à vous pour éclaircir un tant soit peu… la situation.
La Comtesse n’avait pas lésiné sur le ton employé. Elle n’était point là pour faire la fête ou pour repartir avec un accord commercial quelconque. Un Sybrond, de haute-naissance, une figure de ponte de la Cité Libre de Tosalia était mort ici dans d’obscures circonstances et même si l’examen du corps n’avait révélé aucune blessure et qu’aucun symptôme d’empoisonnement n’avait été trouvé, Victoria resta des plus suspicieuse. La gronde n’avait point faibli en Sybrondil et la mort de cet être respecté en sa cité n’arrangeait en rien les affaires de Victoria.
Gaubert et Jocelyn saluèrent le conseiller à moustache, splendide démonstration de virilité, même pour un suderon, et la jeune soeur de la comtesse. Du coin de l'oeil, le comte remarqua l'oeillade quelque peu persistante envers la jeune femme. Ah que ces jeunes gens étaient tous fait du même métal. Une petite brune au visage lisse et on se fendait de son plus beau sourire et on gonflait le torse. Les buthenois avaient certes la réputation d'être des séducteurs, mais il fallut un regard un peu sévère de la part du comte pour que Jocelyn se ressaisisse. Le seigneur d'Odélian sourit et hocha la tête en entendant les paroles de la comtesse sybronde.
En effet, Dame Victoria. Une terrible tragédie que le trépas de ce bon sieur Heraldi ! Mais, nous devrions sûrement parler de tout ceci dans un lieu plus approprié.
Il indiqua le carrosse du plat de la main avant d'ajouter.
Si vous voulez bien vous donner la peine, votre Grandeur, ma Dame, Ser Gregorio. Un repas chaud et un bon feu nous attendent au château. Les soirées et les nuits sont fraîches par ici, je ne voudrais pas que vous attrapiez le mal dans votre condition.
- Votre invitation est bien aimable Votre Grandeur. Je présume néanmoins que vous ne voyez aucun inconvénient à ce que je me fasse accompagner par mes propres gardes ?
La demande aurait pu paraître insultante mais elle représentait bien l’état d’esprit des Sybronds : méfiants jusqu’à la moelle. Sa venue était nécessaire, pour éclaircir un peu ce mystère mais cela n’empêchait guerre la Comtesse de s’imaginer tomber dans un quelconque piège. Au comte à présent de lui prouver tout le contraire… ou non.
À croire que les soldats odélians ne lui suffisaient pas. L'arrogance des suderons dans toute sa splendeur. Ils préféraient leur eunuques mal entraînés à la discipline exemplaire de bons nordiens intègres et solides. Ceci dit, il pouvait comprendre la méfiance que pouvait avoir la Comtesse. Un de ses marchands avait explosé en vol, presque littéralement, en visitant cette cité, de quoi faire naître quelques doutes sur les intentions des odélians envers elle et ses gens.
Bien entendu, votre Grandeur ! Il leur faudra cependant avancer au pas de course, nous devons traverser toute la ville.
Il tendit la main afin d'aider Victoria à monter dans le carrosse, gardant un sourire bienveillant et doux sur le visage. Juché sur son banc, le cocher observait d'un air endormi le bal des nobles invités qui montaient à bord en rétrécissant les rênes afin de garder l'attelage en place. Jocelyn, quand à lui, se proposa pour aider Lysandra à entrer dans la cabine. Quand au conseiller moustachu, il pouvait bien se débrouiller seul.
A trois dans le carrosse, Victoria regarda la ville défiler par la petite fenêtre de la porte. Le Comte lui, avait décidé de chevaucher avec son ami, le seigneur de Buthen. A l’intérieur, Gregorio discuta avec Lysandra, tentant de lui faire comprendre les enjeux d’une telle visite, elle qui se plaignait déjà d’être sur place. Victoria ne put s’empêcher de quitter ses rêveries et d’intervenir.
- Un homme est mort Lysandra. Non seulement nous devons des réponses à sa famille mais nous devons également faire en sorte de ne point aggraver la situation en Sybrondil tout en évitant une guerre avec un puissant seigneur nordien qui n’aura aucun scrupule à appeler ses enflures de voisins à sa rescousse.
Le ton de sa voix était sans appel : une sévérité que Victoria assumait pleinement. Elle avait néanmoins fait en sorte de baisser sa voix pour que seuls ceux présents dans le carrosse puisse entendre.
- Je voudrais donc à présent que tu te taises et que tu te comportes comme le voudrait ton rang, sinon, je me verrais forcée de te laisser ici et de te marier au premier pisse-froid que nous rencontrerons.
Le restant du voyage jusqu’au château fut étrangement silencieux. Arrivés devant celui-ci, le Comte dans sa plus grande galanterie aida les jeunes femmes à descendre du moyen de locomotion.
Gaubert de Prademont
Humain
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Mar 31 Déc 2019 - 14:46
Arrivé dans la cour du château, les serviteurs se précipitèrent autour du carosse.Les palefreniers vinrent s'occuper des chevaux tandis que le personnel de maison se rangeaient au pied des quelques marches qui menaient à l'entrée pour saluer l'arrivée de la comtesse. Gaubert, déterminé à montrer les bonnes manières nordiennes, tendit la main pour aider ses dames à descendre du carosse. D'abord Victoria, puis Lysandra et lorsqu'il tendit la main la troisième fois, il se ravisa en découvrant la moustache frémissante du conseiller qui le jaugeait d'un oeil surpris. Pendant une seconde, les deux hommes se regardèrent, incrédule, puis Gaubert sourit de la situation avant de secouer la tête et de remettre sa main le long de son flanc. Il accéléra le pas pour se retrouver à côté de la comtesse et plia le bras pour lui proposer.
Si vous voulez bien me permettre, votre Grandeur. N'allez pas trébucher !
Jocelyn proposa son bras à Dame Lysandra, imitant son suzerain, bien trop ravi de se rapprocher de la belle brunette. Ser Gregorio n'eut pas la chance d'être accompagné pour entré dans les logis seigneuriaux, tant pis pour lui, sa moustache lui tiendrait compagnie pour cette fois. Quelques instants furent nécessaires pour arriver face à une double porte haute et gravée de rosaces et d'astres fantastiques. Les plantons l'ouvrirent, dévoilant un table de banquet superbement dressée s'étalant devant un grand âtre où crépitait déjà une bûche rougissante.
Par Néera mais que faites-vous ?! Allait soudainement répliquer Gregorio avant de se raviser. Était-ce lui qui avait choisi de se taire ou l’incrédulité qui avait soudainement prit part du suderon ? Victoria elle-même, qui s’était retournée, resta un tant soit peu pantois face à la scène. Arquant l’un de ses sourcils, la Comtesse décida finalement de tourner le regard. Gaubert s’était montré galant avec les femmes mais elle n’imaginait pas qu’il le serait également avec les hommes. S’imaginant soudainement plusieurs hypothèses, la suderonne fut rapidement surprise par l’apparition d’un bras qui l’invita à se diriger vers le château. Bras qu’elle accepta, arborant un délicieux sourire à Gaubert. Lysandra suivi de près, ayant accepté celui de Jocelyn mais tout en restant des plus silencieuses. - C’est un beau port que vous possédez-là, Messire. J’imagine que l’apparition des dragons sur l’archipel de Nelen et la fermeture d’une partie de la Thanorite a dû être bénéfique à Odélian et à son commerce maritime.
Si fait Madame, bien qu'Isgaard n'ait pas encore le tonnage et la capacité d'accueil de Seram, je suis déterminé à faire de ce port un carrefour commercial important. Et il vrai que la Damedieu m'a bien aidé en faisant passer les navires le long des côtes pour éviter ces maudits lézards.
Il accompagna Victoria jusqu'à sa chaise, qu'il tira en arrière avant de montrer l'assise à la comtesse. Une fois qu'elle fut devant la chaise, il la repoussa légèrement afin de permettre à la sybronde d'être confortablement installé. Jocelyn poursuivait son jeu de miroir avec la soeur de la comtesse et les deux hommes gagnèrent leur siège en même temps que le conseiller suderon. Les portes à battants qui menaient aux cuisines s'ouvrirent sur une ribambelle de serviteurs qui arrivaient les bras chargés de plats fumants.
Aucune fausse notes jusqu’à présent, si ce n’est l’hasardeuse invitation à descendre octroyée à Gregorio, mais passons, un homme avait donc bien le droit de vouloir toucher la main d’un autre. Les mets proposés furent raffinés et avaient l’air divinement cuisinés. L’on servit de délicieuses parts aux convives et l’hôte des lieux invita l’ensemble de ses convives à se sustenter. Victoria hésita un moment. Le voyage en mer avait certes été court vu qu’ils avaient embarqué à Beaurivages mais le roulis de la mer lui avait quelques peu coupé l’appétit. Cela aurait néanmoins été un manque de respect de ne pas accepter ce qu’on lui servait. - Voilà donc de belles ambitions commerciales. Possédez-vous votre propre bateaux messire ? De son côté, Lysandra avait croisé quelques fois le regard du jeune Jocelyn et avait fini par lui attribuer un timide sourire.
J'y travaille ... Peut-être avez vous remarqué en chemin que nous avons entamé les travaux d'aggrandissement du port et le chantier naval devrait pouvoir achever la construction des premières cogues d'ici l'hiver. Je suis loin d'avoir la présence en mer de vos terres. Ce pourrait d'ailleurs peut-être devenir un axe de collaboration entre nos territoires. L'expertise maritime sybronde est renommée jusque dans le Nord.
Il tendit sa coupe à un serviteur et le vin coula avec une douce mélodie suave.
Et donc, vous avez souhaité que nous nous rencontrions au sujet du décès du Sieur Demetrio. En quoi puis-je vous éclairer sur ce sujet ?
- Dimitrio, Signiore Dimitrio Heraldi. Reprit-elle calmement. Sa famille et moi-même, nous souhaiterions obtenir quelques explications. Que s’est-il passé exactement, Messire ? Nous avons obtenu la version plutôt précise de Jules, mais également d’Allessandro. Or, nous souhaiterions avoir votre version également si toutefois, vous acceptez de nous la donner.
Terrible tragédie ... Nous devisions paisiblement, j'avais proposé au Sieur Heraldi de se ravitailler en fruits frais dans un des greniers de la ville et là, à peine arrivé face au bâtiment, il est tombé. Son teint est devenu blême, j'ai senti sa main se crisper sur mon épaule et il a chu. La Damedieu m'est témoin, j'ai tout essayé pour le sauver et lorsque le médecin que j'ai envoyé quérir sur-le-champ est arrivé, il n'a pu que constater le trépas de ce brave homme. Un homme si jovial et sympathique. Il m'avait confié se rendre en Oësgard et pas grand chose de plus. Pourrez-vous présenter mes plus sincères condoléances à la famille de ce brave homme, Votre Grandeur ?
Victoria se devait de faire très attention. Remettre en cause la parole d’un sang bleu était bien plus dangereux que de traiter un gueux de menteur. Pourtant, malgré ces explications forts bien ficelées et divulguées sur un ton qui semblait des plus sincères. Victoria ne put s’empêcher de rester méfiante. - Je n’y manquerai point, Messire. Croyez-vous qu’il soit possible de rencontrer ce médecin ? Non pas que je mette vos paroles en doutes mais lorsque la maladie frappe un être aimé, la famille réclame généralement un peu plus d’explications qu’une simple « chute ».
Bien sûr, ma Dame. Je peux aller le faire chercher immédiatement.
Il envoya un serviteur prévenir Roland et ses gardes et ils s'en allèrent dans les rues que le soir inondait lentement d'ombres bleutées. De l'autre côté de la table, Jocelyn et Lysandra avait brisé la glace et commençait à échanger quelques banalités polies sur différents sujets. Gaubert rassura la comtesse.
Une affaire de quelques minutes. Il saura vous expliquer bien mieux que moi, les raisons de ce funeste incident.
Victoria di Maldi
Ancien
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Mar 31 Déc 2019 - 17:20
Victoria ne s’attendait pas à ce que sa demande soit aussi rapidement accordée. Mais que cachait donc tout ceci ? Un bel accueil, de bons petits plats, des hommes possédant suffisamment de galanterie pour en revendre puis les souhaits exécutés à la seconde près. C’était décidément trop beau pour être vrai ce qui rendit la suspicion de Victoria d’autant plus forte.
Son regard se posa néanmoins d’abord sur Lysandra, qui avait semblait-il commencé une discussion fort sympathique au vu des nombreux sourires qu’elle affichait.
- Merci pour toute cette rapidité d’exécution. Décidément, vous avez décidé de nous gâter. Un peu trop peut-être ?
Elle porta sa coupe de vin à ses lippes, soutenant le regard du Comte.
- Nous n’avons pas pour habitudes de rencontrer des nordiens aussi attentionnés. Vous titillez ma curiosité Messire. Parlez-moi donc un peu de vous.
Les lèvres de Gaubert s'ourlèrent en un sourire doux, portant la coupe à ses lèvres, imitant le geste de Victoria. La suderonne ne cachait pas sa défiance et sa méfiance et malgré tous les efforts pour paraître aimable, il était lui aussi sur ses gardes.
Est-ce vous gâter que de faire bon accueil à mes invités ? Vous avez probablement eu trop souvent à faire avec les Berdevin et leur cuistrerie. À Prademont, nous sommes fiers de notre éducation. Et moi, Dame Victoria, je suis devenu comte par le jeu des liens du sang après la catastrophe de Livénie qui coûta la vie au jeune fils de Grégoire, le Christian Berdevin. Et j'ai promis à mon peuple que nous effacerons l'image ternie que mes prédécesseurs se sont acharnés à montrer au monde. On a trop souvent montré Odélian comme une terre rustre et guerrière, alors que nous avons tellement plus à gagner et à offrir. Ce sera un long voyage, mais je suis convaincu que nous pourrons redorer l'image de cette bonne terre. M'y aideriez-vous ?
- Rustre et guerrier. Il est vrai que c’est comme cela que l’on dépeint le nord dans nos contrées si éloignées. J’ai eu l’occasion de faire affaire avec d’autres nordiens mais croyez-m’en Messire, le nord entier réuni se retrouverait à être moins rustre que certains langecins !
Un franc sourire s’afficha sur ses lippes avant qu’elle n’entame la suite.
- De quelle aide auriez-vous donc besoin mon bon Sire ? Vous démontrez déjà un exemple parfait à suivre.
Un léger éclat de rire retentit de la part du comte en entendant la vision de la suderonne. Pour elle, les Nordiens étaient des rustres et pour lui, les suderons étaient des paons parfumés. La belle discussion que voici entre deux êtres gonflés de préjugés envers l'autre.
Comme je vous le disais plus tôt, votre savoir-faire naval serait un atout pour une terre cherchant à construire sa flotte. Et un accord commercial entre le Nord et le Sud me semble couler de source. Nous avons des matières premières, des vivres et nous recevons de plus en plus de cargaisons venant d'Estrevent, je suis sûr que vous sauriez trouver ici tout ce dont vos terres ont besoin.
Et dire qu’elle s’était promise de ne point parler de commerce. Là ! Elle ne pouvait en vouloir à ce bon Gaubert. Sybrondil avait tant d’argent que cela débordait de ses poches. Comment lui en vouloir s’il cherchait à en grappiller quelques miettes ?
- Le commerce. L’argent, l’argent et l’argent. Mais comment vous en vouloir, Messire ? Vous êtes ambitieux, sans nul doute, et vos projets d’agrandissements se doivent bien d’être financés n’est-ce pas ? Néanmoins, je crains de devoir vous décevoir. Voyez-vous, Sybrondil se fourni déjà auprès de plusieurs partenaires avec des accords conclus de très longue date. Je me vois mal cesser immédiatement tous ces échanges au profit d’Odélian. A moins que vos prix battent toute concurrence ! Sans doute avez-vous également quelques produits locaux qui nous intéresseraient. Du fromage peut-être ? Nous sommes friands du fromage nordien.
Victoria fit une pause, buvant une nouvelle gorgée de sa coupe puis reprit.
- Quand à nos ingénieurs, ils sont actuellement tous occupés à améliorer notre arsenal maritime. A cause de ces maudits lézards comme vous dites. Nous espérons bien qu’ils se cantonnent à l’archipel de Nelen. Mais nous ne sommes pas dupes et préférons préparer leur arrivé sur nos terres. Je puis éventuellement faire part de votre demande à mon cher époux si vous le souhaitez. Celle-ci trouvera peut-être écho à Soltariel peut-être ?
Ah oui, la coquine était en épousailles avec le duc soltarii. C'est d'ailleurs lui qui avait du planté la graine qui gonflait le ventre de la beauté froide qui lui faisait face.
Du fromage, bien sûr. Nos vaches sont d'excellentes laitières et entre le vacherin de Librecourt et la tome de Sool vous avez bien de quoi ravir les amateurs de fromages. Il y a bien le maroilles densois pour les plus aventureux mais il faut être un amateur averti pour apprécier ce genre de met, fort en odeur et en goût.
Il fit tournoyer son vin dans sa coupe avant d'en avaler une gorgée et de poursuivre.
Et pour ce qui est des prixs pratiqués pour nos autres denrées, nous sommes prêts à valoriser grandement nos partenaires via des échanges pour baisser le coût des livraions. Tout est possible pour qui souhaite mener des affaires sérieuses.
La porte s'ouvrit sur la silhouette de Roland, suvi du médecin d'Isgaard qui avait inspecté le corps sans vie du gros marchand.
Ah ! Votre Grandeur, vous m'avez fait demander ? Expliquez à la Comtesse di Maldi ce qui est arrivé au marchand sybron l'ennéade dernière.
N’eut-elle le temps de lui répondre qu’on vint annoncer ce fameux médecin. Celui-ci s’allua l’ensemble des nobles présents puis se mit à disposition des questions de Victoria.
- Eh bien. Selon mes premières observations, le Sieur était en sueur. Il semblait avoir effectué un effort physique relativement plus important qu’il n’en avait l’habitude. Son cœur était arrêté, et j’ai tâché de reproduire les mêmes gestes que le Comte ne faisait déjà : c’est-à-dire, tenter de le réanimer. - Je vois. - Je pense que c’est l’effort qui l’a tué, Ma Dame. Il faut dire qu’il était plutôt… dodu. - Effectivement. Il l’était.
Victoria reprit sa coupe en main avant de s’adosser complètement sur sa chaise. Elle regarda un instant Gaubert, tâcher d’y trouver de quelconques réponses supplémentaires. Voilà qu’elle commençait à s’imaginer de bien mauvaises choses.
- Pourtant il était en grande forme avant de partir et il était habitué à arpenter les rues pentues de Tosalia. Et là maintenant, vous me dites qu’il est mort d’un trop gros effort ? Que lui avez-vous donc fait faire Messire ? Finit-elle par demander à Gaubert, affichant un léger sourire taquin.
Gaubert de Prademont
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Ven 3 Jan 2020 - 23:18
Le comte se lissa la barbe, pensif, tentant de se remémorer l'exact déroulé des évènements.
Eh bien, il nous a rejoint, Jocelyn et moi à la capitainerie du port, où nous avons partagé un verre de vin. Puis nous nous sommes rendus à son bateau, afin de faire l'inventaire et de voir de quoi il avait besoin pour continuer son voyage et ensuite, nous nous sommes rendus vers le grenier, comme je l'ai mentionné plus tôt. Et c'est là qu'il est tombé. Mon clerc m'a suggéré de tenter de le réanimer en faisant ce qu'il a appelé un massage cardiaque. Une technique qui vise à faire repartir le coeur en cognant sur la poitrine, puis quand le médecin est arrivé, il a prit la suite.
Et puis ... Morto le gros.
- Je vois.
Victoria en resta sans voix pendant un instant, regardant le Comte d’un air indigné.
- Je conçois que sa mort est plutôt mystérieuse. Elle reposa sa coupe puis enchaîna. D’ailleurs ce mystère commence peut-être à trouver sa solution : une aussi courte balade ne l’aurait pas pu l’achever. Qu’y avait-il donc dans cette fameuse coupe de vin ? Demanda-t-elle sur un ton qui mélangera légèreté et gravité.
Victoria eut alors un moment de panique tandis que sa main tenait encore sa coupe. Son regard se posa alors une nouvelle fois sur Gaubert et cette fois-ci, ce n’était plus les yeux de biches et rieurs qu’il pouvait apercevoir mais un regard bien plus noir mêlée à une crainte qu’elle n’arrivait désormais plus à dissimuler.
- Ce vin contient-il quoi que ce soit que je devrais craindre, Messire ?!
Mais il n’eut pas le temps de répondre qu’on entendu un bruit sourd. La Comtesse fit volte-face et découvrit que Grégorio était tombé de sa chaise, s’effondrant sur le sol. Il était en pleine crise et ne cessait de convulser.
- Gregorio ! Crièrent en cœur les deux sœurs tandis qu’elles s’approchaient de lui. Elles essayèrent tant bien que mal de le maintenir.
Le conseiller à la moustache triomphante bascula en arrière avant que Gaubert ne puisse répondre aux accusations à peine voilées d'empoisonnement que venait de proférer la sybronde. Immonde sorcière qui remettait en cause l'hospitalité odélianne pour son éléphant qui puait le purin et la violette. Ah si le gaillard n'avait pas attirait l'attention sur lui, le comte lui aurait rentré dans le lard et son chiard aurait été expulsé avant terme à grand coup de pied dans le derrière. Gaubert fit le tour de la table et vit l'homme qui convulsait et bavait sous les cris effrayés des deux sybrondes. Comme si gueulait comme des ânes, allait aier quiconque. Le comte porta sa main à sa bouche, horrifié par le spectacle à son tour. Il ne cria pas tout de suite mais fini par proférer en lâchant sa coupe qui tinta sur les dalles de la grande salle.
Sorcellerie ! Possession ! Arrière ! DEMON !
Non mais venait-il réellement de tourner toute la situation ?! Était-il vraiment en train de les insulter elles alors que c’était un Sybrond qui était en train d’agoniser à même le sol ?!
- MAIS POUR QUI VOUS VOUS PRENEZ BON SANG ?!
Victoria avait haussé la voix, et pas qu’un peu. C’était dorénavant la colère qui guidait ses actions et cela ne présageait absolument rien de bon. Heureusement que le château était en pierre, il n’en souffrira pas trop, mais les meubles eux, avaient de fortes chances de partir en fumée s’il continuait ainsi à se payer sa tête.
Lysandra suppliait le médecin encore présent d’intervenir tandis que Victoria s’était levée pour se maintenir prête à intervenir, quelle que soit la situation. C’est là qu’ils purent entendre des portes claquer, toutes les portes qui desservaient cette pièce en réalité. On vit les quelques gardes présents, aussi bien Sybronds qu’Odéliannais se précipiter vers ceux-ci pour tenter de les ouvrir ; en vain.
- QU’EST-CE QUE TOUT CELA VEUT-IL DIRE ?! COMMENT OSEZ-VOUS VOUS EN PRENDRE A NOUS ET NOUS ENFERMER ?!
Elle osait hausser la voix, après avoir été reçu avec galanterie, confort et toute la cérémonie qu'on pouvait attendre. Mais c'est qu'elle allait le prendre son pain dans la gueule cette charogne ! Les soldats tentèrent d'ouvrir les portes, en vain. Scellées, aussi inamovibles que les murs qui les entourés. Gaubert répondit aux vociférations en explosant à son tour.
MAIS VOUS VOYEZ BIEN QUE JE SUIS AUTANT PIEGE QUE VOUS NON ? FAUDRAIT VRAIMENT ÊTRE LE DERNIER DES COQUEBERTS POUR S'ENFERMER AVEC DES PERSONNES QUE JE VOUDRIAS MENACER !
Non mais c'est vrai, quelle idée ! Alors que la voix de Gaubert se répercutait en écho dans la pièce, toutes les bougies s'éteignirent en un souffle glacial, plongeant la pièce dans le noir. Jocelyn dégaina son épée et déjà des murmures retentirent tout autour d'eux. Le comte siffla entre ses dents.
Sorcellerie
Bon… Pour le coup, le Comte n’avait pas tort. Sous la menace et complètement en panique, Victoria n’avait pas hésité une seule seconde à accuser le Comte, pensant que cela aiderait, d’une quelconque manière. Elle voulut répliquer, mais sa sœur intervint au bon moment et rétorqua à son tour :
- Non Victoria ! Cela suffit ! Calmes-toi ! Cela ne sert à rien de hurler !
Bien évidemment, la calmer était nécessaire mais pas dans le but que le Comte cesse de se voir attribuer tous les maux, mais uniquement pour éviter qu’ils ne finissent tous calcinés par une explosion de la… sorcière qu’elle était bel et bien.
- Il nous accuse de sorcellerie Lysandra ! - Eh bien. Répliqua-t-elle, je pense que le Comte lui-même ne croit pas que cela vienne de nous, sinon il serait lui-même un coquebert, n’est-ce pas ?
Le noir avait gagné la pièce, mais cela n’arrêterait pas Victoria. S’empressant de trouver une bougie, renversant quelques coupes au passage, elle tenta de la rallumer en utilisant les moyens du bords. Il fallait, pour l’heure, éviter de montrer ses pouvoirs à Gaubert, alors qu’elle aurait très bien pu éclairer toute la pièce d’un tour de main.
Les voix se firent soudainement plus claires pour n’en devenir qu’une seule qui se mit, enfin à s’adresser aux prisonniers :
- Livrez nous la Comtesse et il ne vous sera fait aucun heurt.
Les voixs se muèrent en une, après que la plus jeune des Di Maldi eu raisonné la plus vieille. Un comble. Une lueur avait surgit sur le côté, la comtesse allumant une bougie vacillante, procurant juste assez de lumière pour que le comte se dirige vers son fauteuil ou pendait Larmanon dans son fourreau. La lame tinta en quittant son étui et Gaubert se rapprocha de la sybronde. Bien qu'insolente, il ne livrerait pas une femme enceinte à quiconque le menacer.
Qui êtes-vous ?!
Il tentait de repérer la provenance de la voix, pour savoir d'où viendrait l'attaque. Il faisait aller et venir sa lame devant lui, se placant devant Victoria
Et si vous voulez la comtesse, il faudra venir la chercher et me passer sur le corps !
Victoria di Maldi
Ancien
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Sam 4 Jan 2020 - 21:24
Arh… Voilà que le comte se mettait à jouer les héros à vouloir sauver une dame en détresse tel un petit puceau qui ne cherchait qu’à conquérir sa première fois auprès d’une jeune fille. Sauf que Victoria était loin, très loin d’être une jeune fille et encore moins une dame en détresse. Mais bien évidemment, elle ne pouvait lui dire ainsi le fond de sa pensée. Cela aurait été des plus insultants. Et même s’il y avait une part de vérité, Victoria se devait de se montrer un tant soit peu… diplomatique.
- Je m’en vois flattée par votre courage Messire. Mais je tiens toutefois à préciser que je n’ai nulle besoin que vous vous sacrifiez pour moi.
Le ton employé était bien loin de celui d’une femme reconnaissante. Son regard se posa alors sur Gregorio, toujours au sol. Elle tâcha de diriger la lueur vers sa direction.
- Pouvez-vous le sauver ?! Demanda-t-elle au Médecin. - Oui. Mais pour cela, je dois disposer de mes herbes, et ceux-ci sont dans ma réserve. Je ne les ai pas sur moi. - N’y-a-t-il pas d’autres moyens ?! - Je crains que non Ma Dame. Il nous reste peu de temps, si je n’agis pas immédiatement, il mourra.
A cette simple évocation, Victoria eut besoin de faire moults efforts pour retenir ses larmes. Petit à petit, elle fut envahie d’une tristesse mêlée à une colère qui devenait de plus en plus difficile à contrôler.
- TRES BIEN ! Hurla-t-elle. Je vais me livrer ! Mais à une condition ! Aucun mal ne devra être fait aux personnes ci-présentes, ceux-ci devront être relâchés en toute sécurité ! Notre blessé devra pouvoir être soigné correctement et immédiatement !
- Si c’est ce que tu désires…
La double porte principale s’ouvrir alors brusquement les faisant ainsi s’écraser contre les murs. Victoria pu alors sentir une forte rafale dans le dos qui la propulsa jusque dans le couloir. Tombant sur le dos, rapidement, une seconde personne vint la rejoindre de la même façon : le Comte lui-même. Les portes se refermèrent alors immédiatement et des hommes vinrent les attraper, les désarmant au passage.
La chute avait été douloureuse et Victoria se sentit doucement entraîner dans l’inconscience, non sans jeter un regard emplit de peur à Gaubert.
Le Comte et la Comtesse furent ainsi déplacés dans une autre pièce du Castel où ils furent enfermés une nouvelle fois sans avoir la moindre nouvelles des autres prisonniers. La requête de la Comtesse sera-t-elle bel et bien respectée ?
À peine Victoria annonça-t-elle qu'elle se rendait, les portes s'ouvrirent en grand et la Comtesse fut projetée en avant, par une puissance magique inconnue. Gaubert tenta de la saisir par la main, en vain. Même s'il l'avait jugé agaçante dans ses insinuations, le comte ne laisserait pas un vil et pleutre nécromancien s'en prendre à une femme enceinte, aussi détestable qu'elle soit. Il eut à peine le temps de lâcher un juron que lui aussi se sentit attirer vers la porte, volant à quelques pouces au-dessus du sol. Les portes claquèrent violemment juste derrière lui et il chuta sur le sol avant que des mains ne lui tombent sur le rable. Il se débattit, vociféra.
Tas de pendards suceurs de bouc ! Malgaigne de foutriquets !
Ils furent emmenés dans les couloirs du château, plongés eux aussi dans l'obscurité et furent jetés dans une pièce que Gaubert identifia comme l'un des petit salon.
La porte claque à peine que la Comtesse la tambourina. Comme si le simple fait de frapper dessus ferait résonner les réclamations qu’elle était en train d’émettre. Malheureusement, aucune réponse ne parvint à leurs oreilles. Rien d’autre qu’un silence des plus complets. S’écartant de l’entrée, elle commença à fouiller la pièce à la recherche d’une bougie éteinte qu’elle pourrait rallumer. Elle longeait les murs, touchait chaque meuble, fouillant chaque recoin quitte à faire tomber une foule d’objets. Ses mains rencontrèrent soudainement un corps chaud, ceux-ci s’étaient posés sur le torse du Comte. Ses mains remontèrent légèrement jusqu’à sa barbe, elle finit par le reconnaître et poussa un soupir de soulagement avant de se remettre à chercher.
- Aidez-moi à trouver une bougie ou quelque chose qui pourrait nous servir de torche.
Plongés dans le noir, le comte et la comtesse ne voyait rien. Victoria faisait un boucan incroyable en traversant la pièce jusqu'à lui et vint tâter le torse et la barbe de Gaubert. Elle profitait de l'occasion pour palper le bel homme qu'était le comte et même si elle noya le poisson en prétextant chercher une bougie ou une torche, personne n'était dupe. Elle avait bien sentit sous létoffe de sa tunique la musculature encore bien dessinnée de l'odélian. Les suderonnes étaient décidément toutes des gourgandines. Soudain, il déclara à demi-voix, malgré les attouchements, plus qu'hors de propos, de la sybronde.
Il y a un lustre au plafond, ma Dame. Mais savez-vous qui sont ces gens ? Avez-vous reconnu la voix ?
- Non. La voix ne me rappelle personne en particulier. Elle avait bien des soupçons, mais pouvait-elle seulement y croire un seul instant ? Un lustre ? Au plafond ? Bon… eh bien. Je n’ai pas d’autres choix finalement.
La Comtesse prononça quelques mots en un dialecte que le Comte ne comprendrait sans doute pas puis la pièce fut alors immédiatement éclairée. Les bougies du lustre s’étaient enflammées et le feu de cheminée avait également reprit.
Aaaah ! Qu'est-ce que c'est ?
La lumière avait jailli de l'âtre et du lustre en un claquement de doigts. La comtesse avait psalmodiait quelques mots dans un dialecte étrange, quoiqu'aux sonorités amusantes, et paf, la lumière fut. Gaubert leva un sourcil en toisant Victoria, incrédule.
C'est ... C'est vous qui avez fait ça, Comtesse ?
- Oui. C’est moi. Maintenant que nous y voyons plus claire. Pouvons-nous éventuellement se mettre à réfléchir sur la façon dont on peut se libérer de cette pièce ?
Victoria aurait préféré ne pas révéler ce qu’elle savait faire, même s’il était de notoriété publique dans le sud qu’il existait pas mal de nobles s’étant formés à cet art qu’est la magie, Victoria savait pertinemment à quel point l’esprit de ces maudits nordiens étaient plus que fermés et elle craignait fortement la réaction du Comte.
Pendant ce temps, dans la salle du dîner. Gregorio ne cessait de gémir de douleur tandis que le médecin ne cessait de hurler qu’il fallait se dépêcher pour le soigner.
- Ils sont partis depuis un certain temps maintenant et nous sommes toujours enfermés. Pourquoi ?! La Comtesse n’a-t-elle pas demandé à ce qu’on soit relâché ?! Le Sybrond a besoin de soins ! Et cela devient urgent !
Lysandra s’était un peu écartée du groupe, le temps de respirer, le temps de réfléchir. Jocelyn fini par la rejoindre, un peu inquiet, et pas seulement par la situation mais aussi par la conversation qui allait suivre.
- Dame Lysandra ? - Oui ? - Je peux vous poser une question ? - Dîtes-moi. - Pourquoi ne cessez-vous point de murmurer depuis le début de cette prise d’otage?
La jeune Sybronde changea immédiatement son regard, inquiète que le nordien vienne à découvrir la vérité.
- Je prie, Messire. Je prie pour que nous nous en sortions tous indemnes.
La sorcière était donc une ... sorcière. Oui en fait, cette réflexion n'avait pas vraiment de sens, et pourtant ... Pourtant c'était ainsi que Gaubert réalisa qu'il avait face à lui une manipulatrice des arcanes. Foutre saloperie que ces suderons, avec leur magie, qui les rendait faible au combat. Un jour, il y en aurait bien un qui finirait avec des roubignolles d'âne sur le front et qui comprendrait qu'on ne jouait pas avec ces choses-là. Dans le Nord, on l'avait compris, on le savait même. Cependant, Gaubert avait aussi vu de puissants mages à l'oeuvre, dans toute sa carrière et certains pouvaient faire des choses impressionnantes et utiles. Il espérait en silence que Victoria soit une sorcière bie-aimée de la Damedieu.
Le comte se gratta le menton, réfléchissant comment il pourrait aborder le sujet épineux de la sortie avec la comtesse. Il avait été tellement surpris par l'apparition des flammes qu'il n'avait pas eu le temps de la rassurer sur leurs grandes chances de sortie. Tant pis, pas le choix, il fallait dire les choses comme elles étaient.
Eh bien ... Il y a un couloir secret qui passent entre les petits salons et qui mènent dans la cour, près des écuries. L'entrée se fait ... par la cheminée ...
Gaubert de Prademont
Humain
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert Sam 11 Jan 2020 - 23:05
Est-ce une plaisanterie ?! Mais quel est l’idiot d’architecte qui a conçu ce château ! Arh ! Un passage secret par les cheminées… Bref… Peu importe.
Conclu-t-elle en faisant aller sa main dans la direction des grosses flammes qui se mirent petit à petit à s’éteindre. La Comtesse s’approcha alors que l’âtre et y avança doucement sa main.
- Les pierres sont chaudes. Heureusement, le feu n’a pas duré bien longtemps. Elles seront vites refroidies. Elle se tourna à nouveau vers Gaubert puis continua : bien. Cela nous laisse du temps pour établir une stratégie. Que proposez-vous ?
Le comte se lissa la barbe, pensif, avant de déclarer.
La troisième pierre en partant du fond à droite. Cela nous emmènera jusqu'à la cour et de là, nous pourrons prévenir le reste de la garde et surprendre les hommes qui nous ont emmenés jusqu'ici. Si nous allons vite dans le couloir, nous pourrons les prendre à revers en moins de cinq minutes. Vous êtes sur de ne pas avoir reconnu leur livrée à ces pendards ?
- Je n’ai pas eu l’occasion de voir quoi que ce soit et je vous aie déjà dit que je n’avais pas reconnue cette voix…
Le ton de la Comtesse laissait penser qu’elle était quelque peu agacée… non pas par le Comte et ses stupides questions mais par la situation en elle-même. La jeune femme enceinte ne put s’empêcher de se laisser aller dans l’un des sièges, nécessitant une légère pause.
- Croyez-moi. Si je connaissais l’identité de ces responsables, je vous le dirais sans hésiter mais malheureusement, je ne sais rien.
Victoria soupira, laissant ses mains rejoindre un instant son visage, juste un instant, quelques secondes toutes au plus. Épuisée, voilà ce qu’elle était… le voyage, le bref trajet en carrosse puis tout ceci… Libérant son visage, elle reprit le fil de la conversation :
- Un lit douillet ne serait pas de refus à l’heure qu’il est… Mais… S’arrêta-t-elle le temps de se relever, non sans porter l’une de ses mains sur son ventre arrondi. Nous devons sauver les autres.
La pauvre, dans son état, et elle ne pensait qu'au bien-être de sa soeur et de ses gens. Une vraie noble de coeur, il fallait bien lui reconnaître. Ainsi donc, aucune information ne pouvait les mettre sur une piste quelconque. Gaubert leva une main vers la sybronde et se dirigea dans l'âtre, couvert de suie. Elle avait raison, il ne fallait pas traîner. Il tâta la pierre, comptant les larges briques qui entouraient le foyer, encore brûlantes du brasier qu'avait provoqué la Comtesse-sorcière. Une, deux, trois. Il appuya et la pierre pivota, enclenchant un mécanisme qui ouvrit l'arrière de l'âtre. Le comte saisit d'une main une bougie qui avait, elle aussi, pris feu lors de l'incantation de Victoria et prit la main de la comtesse, avant de l'emmener à sa suite.
Pardonnez cette familiarité, votre Grandeur ... Suivez-moi. Je vous promets que vous aurez tout le loisir de profiter d'un lit douillet et des meilleurs soins de mes terres lorsque nous aurons régler cette affaire. En attendant, n'ayez crainte pour votre soeur, Jocelyn est un excellent bretteur qui saura la défendre en cas de besoin. Je vous jure que nous ferons rendre gorge à ces malandrins. On ne menace pas mes invités dans mon château !
Ils s'engouffrèrent dans le couloir secret qui les amèneraient à l'air libre.
S’engouffrant dans ce long tunnel, le Comte et la Comtesse semblaient filer tout droit vers la liberté. Pendant ce temps, dans la grande salle, l’un des gardes Sybronds se risqua à ouvrir l’une des portes. Sa main vint doucement se poser avec incertitude sur la poignée en métal. Puis, dans un geste sec, il ouvrit la porte et s’arma de son épée… Personne.
- Nous pouvons sortir ! Cria-t-il.
En voilà une bonne nouvelle. Il fallait absolument soigner Gregorio au plus vite. Les hommes présents s’attelèrent alors à porter le Sieur Suderon jusqu’au bureau qu’occupait le médecin. Lysandra de son côté s’était empressée de rejoindre Jocelyn et lui supplia de mener ces hommes à bon port, de manière à pouvoir sauver la vie de celui qu’elle considérait comme son père. La jeune suderonne ne put s’empêcher d'agripper la main du sieur d’Odélian et de le suivre au plus près dans le dédale de couloirs qui les attendaient.
Victoria en fit de même, mais avec le Comte lui-même. Le passage qu’ils empruntaient était d’une obscurité sans fin. La bougie empruntée ne leur permettait que d’avancer mètre par mètre. Puis, il y eu cette voix, une nouvelle fois, qui murmura et une brise se mit à souffler. Juste assez forte pour éteindre cette bougie et pour procurer maints frissons à la belle.
Sa main serra un peu plus fortement celle du Comte puis elle se rapprocha de lui, pour quérir ses bras, sa protection. Sa respiration se faisait forte et son corps tremblotait légèrement. Elle avait peur et cela pouvait se sentir aisément.
Collé contre son corps, le souffle court et légèrement tremblante de peur, la sybronde venait enfin de révéler son jeu. Comme le comte s'en doutait depuis le début, elle n'attendait que cet instant pour rompre la distance que la bienséance lui dictait et venir tomber dans ses bras. Ce n'était un secret pour personne, Gaubert était un bel homme, que les femmes viennent du Nord, du Médian ou du Sud, elles s'accordaient à le dire et le penser. Sentant son ego gonfler un peu plus, et malgré la pénombre qui les enveloppait, la main de la comtesse étreignant la sienne, il lui glissa en chuchotant, tel le héros qu'il était.
N'ayez crainte, Dame Victoria. Je ne vous abandonnerai pas.
Il saisit la comtesse délicatement par la taille et avança lentement, pas à pas dans le noir, tendant l'oreille aux paroles chuchotées par la voix mystique et mystérieuse. Il ne parvenait pas à saisir tous les mots mais il était question de "destinée", de deux personnes qui se rencontraient sans jamais se demander pourquoi ... D'étranges vers qui ne semblaient avoir aucun sens. Le comte tendit la main sur sa gauche, cherchant le mur qu'il tâta avant de le suivre doucement.
Encore quelques mètres et nous y serons, ma Dame.
Quelques mètres oui… qui auraient normalement dû être franchi en à peine quelques secondes sauf que là, cela parut être des heures pour Victoria. Elle s’en voulait, réellement, d’être dans l’état qu’elle était actuellement. Maîtrisant l’art magique de la pyromancie, jamais n’avait-elle eu peur d’une quelconque situation, ce n’était pour autant pas la première fois qu’on s’en prenait à elle… Mais cette fois-ci, c’était différent. Cette fois-ci, elle portait un enfant. Et depuis que Victoria était devenue mère, sa vision du danger avait radicalement changée.
C’est en pensant à ses enfants qu’elle trouva le courage d’avancer en suivant les pas du Comte et c’est là, qu’ils furent enfin récompensés. Une nouvelle brise vint caresser leur visage, mais celle-ci n’avait rien de magique, c’était l’air libre qui s’offrait enfin à eux.
Et tandis que ces deux personnages trouvaient enfin la sortie, le groupe qui s’était attelé à amener le blessé dans le bureau du médecin fut enfin arrivé à destination. Très vite, le corps de l’homme évanouit fut posé sur une grande table et le médecin s’attela à chercher dans les plantes que l’herboriste lui avaient fourni. Il se mit alors à concocter plusieurs potions qu’il fit avaler une à une au blessé, tachant désespérément de le guérir malgré le peu de temps qu’il lui restait. La garde Sybronde s’était attelé de garder la porte et le couloir tandis que Lysandra n’avait toujours pas lâché la main de Jocelyn.
- Croyez-vous qu’il va s’en sortir ? Lui demanda-t-elle d’une voix tremblotante.
L'air frais filtrait à travers la pierre et Gaubert tâta les pierres à la recherches de celle en forme de croissant qui servait à activer le mécanisme. Après quelques secondes sans succès, ses doigts se crispèrent sur le croissant qui pivota et la lumière du jour apparut face à eux. Dans le château, Jocelyn conservait la main fine de Lysandra dans la sienne. Il pouvait lire l'inquiétude sur les traits gracieux de la jeune sybronde. Lui qui se félicitait des premiers échanges avec la jeune femme qui semblait tout à fait resceptive à ses charmes. Il leva les sourcils, impuissant.
Je l'espère Dame Lysandra. Je ne suis pas médecin, je ne suis qu'un soldat.
Il se tourna vers elle et planta son regard dans celui de la jeune femme, les sourcils légèrement froncés.
Avez-vous remarqué quelque chose de particulier ? Un indice qui pourrait nous mettre sur une piste de qui en veut à votre soeur ?
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Sujet: Re: Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert
Il n'y a plus d'honneur à pardonner, que du plaisir à se venger | Gaubert