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| La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] | |
| | Auteur | Message |
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Arnaud de Brochant
Humain
Nombre de messages : 91 Âge : 34 Date d'inscription : 25/10/2019
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| Sujet: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Dim 23 Fév 2020 - 1:58 | |
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17ème année du onzième cycle, Neuvième ennéade de Barkios - Automne Le premier jour...
Le duc de Serramire, flanqué de ses deux frères et d'une solide escorte, chevauchait le long des lisières de l'Hedda, les sabots des bêtes martelant une herbe luisante de rosée. Tel un oiseau de mauvais augure, la bannière au Corbeau flottait face au vent sous un ciel capricieux. La veille encore, Arnaud rongeait son frein le cul calé sur la banquette de l'inconfortable carrosse ducal. Secoué par les cahotements du véhicule, il échangeait des regards en chiens de faïence avec ses sœurs, Tiphaine et Margot ; les deux pestes tiraient la tronche depuis qu'ils avaient quitté Diantra. Arnaud avait espéré qu'elles se dérideraient un peu au fil des jours, mais cet espoir s'était révélé être un vœux pieux. Toutes deux ne partageaient guère l'enthousiasme de leur frère à retrouver leur Nord natal. C'est que les filles s'étaient habituées à la cour royale ; on les y avait choyées comme des princesses du temps où leur père était Régent, et leur retour au bercail, imposé par leur frère aîné et nouveau chef de famille, résonnait comme la fin d'une époque. Et s'il n'y avait que les filles ! Aimon, son plus jeune frère, n'était pas en reste. Arnaud et lui s'étaient disputés quelques ennéades plus tôt, et il y avait toujours du mauvais sang entre eux. Il faudrait tôt ou tard que tous deux mettent les choses à plat, mais pour l'heure, Arnaud ne s'en sentait pas la patience. Aristide, le second de la fratrie, était le seul à donner le change ; à défaut de se montrer heureux, au moins avait-il la délicatesse de ne rien trahir de ses sentiments. Toutefois, les états d'âme de la fratrie s'étaient trouvés relégués au second plan lorsqu'un messager chevaucha à leur rencontre, porteur d' une missive destinée au duc Arnaud. Elle émanait de son vassal Gaubert de Prademont, le comte d'Odélian en personne ; lequel portait à son attention d'alarmantes nouvelles. Un incident diplomatique l'opposait au comte d'Arétria, qui avait bafoué son honneur et même attenté à sa vie. Prademont annonçait ni plus ni moins son intention de prendre les armes afin de laver l'affront de la seule manière qui prévalait dans le Nord. Apprenant cela, le sang d'Arnaud ne fit qu'un tour ; il troqua sa place dans le carrosse ducal contre un cheval de bon aloi et, emmenant avec lui ses frères et une escorte de bons chevaliers, s'élança à travers les chemins odélians, en direction de la demeure du comte Gaubert.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Dim 23 Fév 2020 - 14:09 | |
| Alaïs Une enième fois, Gaubert relisait la réponse du nouveau régent et seigneur-lige du coquebert arétan. Le Cerf brâmait des paroles réconfortantes, assurant qu'il se chargerait de lever le voile sur cette sinistre affaire, mais pouvait-on réellement faire confiance à un berthildois ? Les Saint-Aimé avait prouvé par le passé qu'ils pouvaient se montrer aussi juste que cruel, mais également aussi bêtes qu'incompétent. L'image d'Aegar, mémoire douloureuse de sa jeunesse, au même titre que la gouvernance des Séraphin, tordit pendant un instant les entrailles du comte d'Odélian. Il devait croire que Louis était fait d'un meilleur bois, sa réputation d'homme pieu et intègre n'était probablement pas un conte. Les Pairs du Royaume n'aurait sûrement pas appuyé son accession au rôle de Protecteur du Royaume s'il n'avait pas les qualités que la rumeur lui prêtait.
La porte du petit salon s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette maigrelette de Paulin, le clerc du comte, les bras encombrés de son petit écritoire et de ses parchemins. L'heure était à la réponse au régent et Gaubert avait prit la nuit pour réfléchir aux mots qu'il dicterait. Le clerc s'installa après s'être incliné devant son seigneur et ouvrit son encrier avant de se saisir de sa plume. La dictée n'eut pas le temps de débuter qu'un garde ouvrit la porte, quelques gouttes de sueur perlant sur son front.
Vot'Grandeur ! L'étendard au Corbeau ! Le Brochant est aux portes d'la ville !
Les mains du comte se crispèrent sur l'accoudoir de son fauteuil aux bords usés tandis qu'il reçevait la nouvelle. Ainsi donc, le jeune Corbac avait choisi de répondre à sa missive en faisant le déplacement jusqu'à chez lui. L'odélian le croyait encore sur les routes, revenant de son long périple automnal jusqu'à la capitale. Il se leva d'un bond, les traits légèrement tendus.
Par le con de la Damedieu ! ... Faites appeler les gens ! Qu'on avertisse le Fort ! ... Je veux que le Duc ait une chambre prête à l'accueillir dans l'heure ... Préparez les écuries ... Et au trot !
Gaubert se tourna vers Paulin, les sourcils froncés, jugeant difficile de dicter une réponse correcte. Il se gratta la joue nerveusement avant de s'écrier.
Bon ... Je vous laisse écrire la missive, vous me la ferez lire avant de l'envoyer, Paulin. Vous lui dites que j'ai bien compris le message, que j'attendrai avant de convoquer les bannerets et que je viendrais avec la lettre du roi elfe en début de mois prochain ... Formules de politesse d'usage ... Ah, évoquez aussi un dédommagement puisqu'il veut éviter la guerre ! Je vous fait confiance pour faire quelque choe de bien.
Il prononça les derniers mots en franchissant la porte et en arpentant le couloir d'un pas décidé. Arrivé au pied des escaliers, il héla une servante qui époussetait la rambarde.
Faites venir ma fille ! ... Dites-lui que le Duc de Serramire est notre invité aujourd'hui !
Il poursuivit son chemin vers la cour du château, s'assurant que ses gens s'activaient avec la hardiesse qu'il attendait. Il pointa du doigt un lad qui flemmardait près d'une charette remplie de foin.
Toi, là ! ... Prends une pelle et nettoie-moi ses crottins avant que je t'y invite à grands coups de pied dans le céans !
Il fit volte-face, furibond, alors que le jeune homme s'attelait à la tâche en rougissant et en baissant la tête. Les serviteurs couraient autour du comte tandis qu'il aperçut Alaïs descendre les marches depuis sa chambre. La jouvencelle semblait sereine, empruntant l'escalier avec son élégance naturelle. Gaubert ne doutait pas qu'une présence féminine, douce et aimable comme l'était son aînée, saurait rendre plus agréable l'accueil du Brochant.
Père ? Viens donc, ma douce enfant ... Et enfile un manteau, l'hiver arrive, il ne faudrait pas que tu attrapes le mal.
La jeune femme rejoignit son père avec un sourire radieux sur le visage, alors qu'une servante préparait déjà une cape à capuche pourpre aux bords couvert de fourrure épaisse et grise. Elle prit la main de son père et tous deux se postèrent sur le perron, avant que quelques valets de pied et servantes se rangent en ligne au bas des escaliers.
Bientôt l'étendard au Corbeau apparut sous la poterne, flottant glorieusement au-dessus de la côterie serramiroise. Ainsi donc, Gaubert rencontrait pour la première fois, son seigneur-lige et nouvel homme fort du Nord. Gaubert s'inclina avec respect, aussitôt imité par Alaïs et les gens de maison.
C'est un honneur, Votre Altesse ! Bienvenue en Odélian !
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Mar 25 Fév 2020 - 22:06 | |
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De loin en loin, les pérégrinations du Corbin réveillaient en lui de vagues réminiscences. Lorsqu'il franchit la poterne avec ses frères, Arnaud eut une pensée pour les Berdevins, la vieille dynastie odéliane qui avait longtemps régné en ces lieux. Gouvernants avisés et éclairés pour les uns, purs arrivistes pour les autres, les Berdevins avaient su marquer leur époque. Ils avaient surtout su tirer parti des nombreuses crises qui émaillaient l'histoire du royaume, s'arrachant à l'influence de la déclinante Serramire pour devenir l'un des trois joyaux du Nord. Arnaud s'en souvenait comme d'une épine dans le pied de son père Aymeric ; ce dernier avait mené une longue politique d'amour-haine à l'égard de ce remuant voisin, dont il s'était échiné à ralentir l'essor, sans jamais s'y opposer frontalement. En bien des occasions, les deux rivaux avaient jaugé leurs forces tout en maintenant une alliance de façade. L'Oesgardie avait été l'un des théâtres de leur guerre silencieuse. Jérôme de Clairssac avait eu le malheur de se trouver entre eux, et il était devenu malgré lui le jouet de ces deux maîtres jaloux ; cela avait provoqué sa ruine. Puis la chance des Berdevins avait tourné : les succès militaires et politiques d'Aymeric de Brochant avaient ravivé la flamme serramiroise, à mesure que celle d'Odélian perdait de son éclat. A bout de souffle, les Berdevins perdirent les honneurs glanés pendant une décennie de succès, et ils s'éteignirent au crépuscule de leur gloire, ne laissant aux Odélians que la frustration d'un acte manqué. La grandeur des Béliers du Nord avait fait long feu.
Le duc de Serramire mena sa monture jusqu'au milieu de la cour, avant de lever les yeux vers le perron et de mettre enfin un visage sur le nouveau maître des lieux. Gaubert de Prademont avait le visage dur et austère ; son regard l'était tout autant, alors qu'il le toisait de ses yeux sombres, petits et plissés sous ses épais sourcils. On retrouvait en lui la rudesse des hommes du Nord, mais drapée dans un manteau de dignité, comme une lame acérée dans un fourreau ouvragé. Alors, quel genre d'homme était-ce là ? Ne serait-il qu'un témoin de son temps, un intérimaire comme il y en avait tant, ou reprendrait-il à son compte les ambitions de ses prédécesseurs ? Tu t'en réfères trop au passé, se morigéna Arnaud. Cet homme n'est pas un Berdevin, aussi vrai que tu n'es pas ton père.
« Pardonnez cette arrivée à l'improviste, Votre Grandeur », déclara le jeune duc du haut de sa selle. « Je reviens de Diantra, où les affaires du royaume m'ont retenu bien plus long que je ne l'avais espéré. C'est une joie de vous rencontrer enfin ; mon oncle Evrard m'a écrit sur votre sujet, en des termes fort élogieux. Je vous présente mes frères, Aristide et Aimon de Brochant. » Il désigna les deux chevaliers qui le serraient de près, dont la tignasse d'un noir de jais trahissait l'appartenance à sa fratrie. Ceux-là saluèrent le comte avec une courtoisie discrète.
Le Corbin tourna alors la tête vers la jeune femme qui accompagnait le comte. Elle était blonde, et jeune, et belle, le visage avenant, le port droit, le maintien digne. Sa fille, sans doute, à moins qu'il ne s'agisse de son épouse ; Arnaud s'était laissé dire que le comte était veuf, mais ces choses-là évoluent parfois si rapidement...
« Mes hommages, Dame. Je suis honteux de paraître si négligé devant vous ; mon apparence est indigne de vos yeux, quand vous êtes un tel ravissement pour les miens. »
Un instant, il avait envisagé d'aborder tout de suite la raison de sa venue ; mais ces affaires ne devaient point être évoquées en présence d'oreilles si délicates. Du reste, le comte était assez rusé pour comprendre que le duc avait eu vent de ses mésaventures dans la malelande.
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Mer 26 Fév 2020 - 15:52 | |
| En tête de la troupe serramiroise, caracolèrent trois jeunes hommes à la chevelure noire. L'un d'eux, au centre du trio, répondit à l'aimable salutations du comte.
Pardonnez cette arrivée à l'improviste, Votre Grandeur. Je reviens de Diantra, où les affaires du royaume m'ont retenu bien plus long que je ne l'avais espéré. C'est une joie de vous rencontrer enfin ; mon oncle Evrard m'a écrit sur votre sujet, en des termes fort élogieux. Je vous présente mes frères, Aristide et Aimon de Brochant.
Gaubert salua la fratrie d'un hochement de tête, alors que le jeune duc tournait son regard vers sa fille, emmitouflée dans sa cape d'hiver, les joues rosissant à cause de l'air froid de cette journée automnale.
Mes hommages, Dame. Je suis honteux de paraître si négligé devant vous ; mon apparence est indigne de vos yeux, quand vous êtes un tel ravissement pour les miens.
Attitude et parole de gentilhomme assurément. Alaïs fit une petite révérence en inclinant la tête avec un sourire humble, s'exprimant avec toute la douceur qui caractérisait tant l'aînée de Gaubert.
C'est un honneur que de vous recevoir, Votre Altesse.
Son comte de père sauta sur l'occasion pour faire les présentations.
Nul besoin de vous excuser, Votre Altesse. Odélian est et restera votre fidèle vassal et se réjouit de pouvoir vous accueillir. Je vous présente ma fille aînée, Alaïs.
D'un geste de la main, il ordonna à ses gens de prendre en charge les montures des frères Brochant et d'aider, au besoin, les nobles cavaliers à poser le pied à terre. Le comte s'écria dans le même temps.
Mes gens vont nourrir et panser vos montures pendant que nous pourrons deviser à l'intérieur, Votre Altesse. J'ai fait préparer des appartements si vous souhaitez prendre le temps de vous changer ou de vous reposer un instant. Vous êtes mes invités, Messeigneurs ! Votre escorte pourra trouver des quartiers qui les attendent au Fort du Bélier, ainsi que de quoi manger et se désaltérer.
Ainsi fut fait, et tandis que la fratrie Brochant approchait, Gaubert descendit la volée de marche qui le séparait de son jeune suzerain. Il attendit que le Duc arriva à son niveau por l'accompagner dans la montée des marches durant laquelle il souffla.
J'imagine que vous afin fait voyage aussi promptement car vous avez eu vent du différent qui m'oppose à ce sinistre arétan, le Sieur de Terresang. Je ne peux que vous remercier une fois de plus, Votre Altesse, d'avoir pris le temps de venir jusqu'ici en personne.
Ils rejoignirent Alaïs sur le perron et pénétrèrent dans le grand hall d'entrée, retrouvant une atmosphère moins vivifiante qu'au-dehors.
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| | | Arnaud de Brochant
Humain
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| Sujet: Re: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Jeu 5 Mar 2020 - 23:52 | |
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Il régnait dans le vestibule une douce chaleur, loin du froid mordant qui sévissait en cette fin d'automne. En pénétrant dans la demeure comtale, et comme se refermaient derrière lui les lourds battants chassant le vent, Arnaud se surprit à éprouver comme un sentiment de sécurité. Un comble, quand on songeait à ce qu'avaient été les relations entre Serramire et son tumultueux voisin depuis près de vingt ans ! Mais au fond, il s'en revenait de Diantra, nid de vipères par excellence ; en comparaison, toute demeure nordienne est un foyer.
Arnaud avait délaissé ses gens, lesquels s'affairaient à prendre les quartiers qu'on leur avait attribués au Fort du Bélier. Plus tard dans la journée arriverait le reste de la maisonnée ducale, avec ses sœurs. C'est donc seulement accompagné de ses deux frères qu'il emboîtait le pas du comte Gaubert et de la charmante fille de ce dernier. Plantureuse jouvencelle au sourire ravageur, la damoiselle de ces lieux lui évoquait l'une de ces princesses qui vivaient dans les contes, qui ne cherchaient qu'à se montrer agréables par leur simple présence. Et silencieuse, avec ça ! La plus belle des qualités que les puissants prêtaient aux femmes - après la beauté.
« Certes, Messire, j'ai eu vent de ce qui vous est arrivé », abonda le Corbin avec un détachement désabusé, comme si ce n'était là qu'une affaire parmi d'autres, comme si ce n'était pas cette nouvelle-ci qui l'avait fait chevaucher à bride abattue sur les routes. « J'ai été peiné d'apprendre vos déconvenues. Les vieilles valeurs se perdent ; c'est encore plus regrettable lorsque c'est une maison du Nord qui les oublie. - Enfin, ce sont des Arétans qu'il s'agit ! » persifla le jeune Aimon, jamais avare d'une saillie. « Que savent ces rustres des valeurs du Nord ? Ils ont déjà du mal avec l'hygiène, alors l'hospitalité ! C'est là un bien grand mot pour ces chaude-pissards. - Modère tes paroles, mon frère », répliqua Arnaud, que les rodomontades de son cadet agaçaient. « N'oublie pas que tu es en présence de chastes oreilles. » Il désigna la fille du comte d'un signe de tête, et Aimon se tut, à la fois vexé et légèrement honteux.
Ce fut finalement Aristide de Brochant, le second de la fratrie, jusqu'alors le plus silencieux des trois, qui profita de ce court moment de silence pour poser la question de but en blanc :
« Est-il vrai, seigneur comte, que vous avez l'intention de mener la guerre au Terresang ? »
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| | | Gaubert de Prademont
Humain
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| Sujet: Re: La vengeance est un plat qui se mange sans sauce [Gaubert] Ven 6 Mar 2020 - 15:24 | |
| Alaïs inclina légèrement la tête avec respect au passage du suzerain de son père et de ses frères et emboîta le pas de son père en silence. Gaubert lui lança un regard doux, s'enorguillissant une fois de plus de l'attitude de son aînée, fidèle à tous les préceptes nordiens. Elle fit glisser sa capuche en arrière, révélant la tresse blonde qui tombait sur son épaule. Elle tendit sa cape à une servante à qui elle sourit avec toute la douceur qui la caractérisait. Un pas devant elle, les hommes devisaient, l'oeil dur et le verbe acerbe.
J'ai été peiné d'apprendre vos déconvenues. Les vieilles valeurs se perdent ; c'est encore plus regrettable lorsque c'est une maison du Nord qui les oublie. Enfin, ce sont des Arétans qu'il s'agit ! Que savent ces rustres des valeurs du Nord ? Ils ont déjà du mal avec l'hygiène, alors l'hospitalité ! C'est là un bien grand mot pour ces chaude-pissards. Modère tes paroles, mon frère. N'oublie pas que tu es en présence de chastes oreilles.
La jeune femme sourit doucement en croisant un bref instant le regard du jeune Duc avant de hocher la tête avec gratitude. L'homme, malgré son rang et la hâte avec laquelle il avait voyagé jusqu'à Odélian, il n'en oubliait pas les manières qu'un gentilhomme se devait d'avoir. Le dernier des Brochant s'écria alors.
Est-il vrai, seigneur comte, que vous avez l'intention de mener la guerre au Terresang ?
Gaubert tourna le regard vers le jeune serramirois tandis que le groupe arrivait face aux portes de la grand'salle, que deux serviteurs bien peignés ouvrir sur une longue table où attendait deux grosses carafes aux décorations argentées et une poignée de coupes ciselées. Une bûche crépaitait déjà dans l'âtre, diffusant sa chaleur bienfaitrice en cette fin d'automne morose.
J'ai l'intention de laver mon honneur bafué, Messer Brochant. Le Terresang, maudit soit cet homme, m'a copieusement insulté, menacé, enfermé et a attenté à ma vie alors même que j'étais désarmé. J'avais ouï dire que les habitants de la Malelande étaient des rustres, je peux aujourd'hui affirmer sans ciller qu'ils sont doublés d'une bêtise, que même une bourrique ne renierait pas.
D'un geste du menton, Gaubert désigna les coupes et les serviteurs les remplirent avant de les tendre aux invités de leur seigneur. Alaïs vint se poster sans un mot, les yeux légèrement baissés pour ne pas défier le regard de la fratie au Corbeau, auprès de son paternel. Ce dernier désigna les chaises massives, qui entouraient la table, d'une main tendue.
Je vous en prie, Messeigneurs. Prenez place. Souhaiteriez-vous vous restaurer ?
Le sourire affable du comte était réel, loin de celui de façade qu'il arborait régulièrement lorsqu'il se livrait à des tractations commerciales avec les estreventins. Il poursuivit en s'asseyant, imité aussitôt par Alaïs.
Où en étais-je ? Ah oui ... La guerre. Ma foi, si c'est la seule manière de restaurer mon honneur bafoué, et malgré toute la peine que j'aurai à être celui qui brise la paix du Roi, si durement acquise par feu votre père, je le ferai. Mais je sais très bien que l'hiver est à nos portes et avant d'appeler mes bannerets, j'ai préféré vous avertir, Votre Altesse, ainsi que le Cerf berthildois. Je veux tenter tout ce qui est possible pour préserver la vie de mes hommes, avant de les engager dans la bataille. Le Régent m'a d'ailleurs assuré qu'il allait s'occuper en personne de son vassal, mais au vue de l'ignoble bêtise de l'arétan, il pourrait lever ses armées et venir porter la guerre jusque chez moi. Aussi fou que cela puisse paraître, cet âne batté en est tout à fait capable.
Gaubert serra la main autour du pied de sa coupe et fit tournoyer le vin à l'intérieur. Il adressa un regard déterminé à son suzerain.
J'attendais votre réponse et votre conseil, Votre Altesse, avant de me lever mes bans. Odélian ne saurait plonger le Nord dans la guerre, sans votre bénédiction et votre soutien !
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