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Taille : 1m74
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Couleur des yeux : Marrons
Personnalité : Lorsqu'on apprend à connaître Gaubert, on reconnaît vite un homme qui aime l'argent. A l'origine des taxes d'entreposage qui font loi sur ses terres, ainsi que de la location des emplacements marchands dans la Grande Halle, son appétit pécunier a permit un essor de Prademont et des alentours assez spectaculaire. D'un tempérament plutôt joviale, il peut se montrer prompt à la colère lorsqu'on le titille un peu trop du côté de la bourse.
Ayant, dans sa jeunesse, suivi les exploits de Gaucelm le Gras et de son père, Foulques de Prademont, il reste nostalgique de cette période, qui a, à ses yeux, bâti les fondations d'un marquisat puissant dans le Nord, tenant la dragée haute à ses puissants voisins de Serramire et de Sainte Berthilde. Il a observé avec amertume, la perte d'Etherna (conquise magistralement à l'époque) suite à une formidable succession d'intrigues maladroites et d'erreurs stratégiques, qu'il impute directement à l'incompétence des successeurs du Gras (qu'elle soit réelle ou non). La débâcle aux champs pourpres résonne encore comme une autre preuve irréfutable de l'infériorité manifeste des marquis ayant succédé à Gaucelm.
Une phrase, comme un leit-motiv, martèle son esprit : "Rendons à Odélian sa gloire perdue".
Cette phrase, tournant à l'obsession, est à l'origine de son accession au poste de Marquis, suite à la Catastrophe de Livénie.
Veuf et père de trois enfants (Alaïs et Blandine, ses deux aînées, en âge d'être mariée (18 et 16 ans) et Sulpice le benjamin (14 ans)), il n'a jamais su se montrer très prévenant ou aimant, sans pour autant les ignorer.
Capacités magiques : Aucune
Histoire
I. OriginesSous un ciel chargé de nuages noirs, tandis que la pluie tambourinait contre la pierre grise du château de Prademont, Gaubert poussa son premier cri. Foulques, son père, célébra la nouvelle dans le vin et l'allégresse, s'enorgueillant d'avoir un héritier pour prendre sa suite.
Les premières années furent assez classiques pour un enfant de noble et outre la naissance de sa soeur Orpha, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture, de l'équitation, de l'héraldique et du tir à l'arc, la vie suivait un cours paisible et presque monotone.
Le premier cahot dans cette route régulière apparut à la veille de son onzième anniversaire. Le jour déclinait derrière la cîme du bois de Pélanchon, terrain de chasse privilégié de sa famille. Gaubert chevauchait auprès de son père, devançant les veneurs et leur meute. Deux daims dodus pendaient sous des longes tenus fermement par des serviteurs au front luisant de sueur. La chasse ait été bonne et son père arborait un petit sourire satisfait en sortant du sous-bois qui bordait les champs qui entouraient les faubourgs de Prademont. Un jeune cavalier vint à leur rencontre à pleine vitesse et les héla.
Monseigneur ! Venez vite ! Qu'y-a-t-il, gamin ?C'est Dame Rose, Seigneur ! Elle ...Foulques ne laissa pas le jeune homme finir sa phrase, qu'il donna des éperons pour se précipiter vers le château. Gaubert fit claquer à son tour la bride sur l'encôlure de sa monture et se précipita à la suite de son père. Dame Rose d'Asovia, sa mère, arrivait au terme de sa troisième grossesse, après avoir perdu deux enfants. Gaubert resentit un mélange de hâte et de peur tandis qu'il entrait dans la basse cour du château. D'un geste souple, son père descendit de selle, alors qu'un lad empoignait, à peine,les rênes pour calmer son hongre, puis se précipita à l'intérieur. Le jeune Gaubert ne se risqua pas à une même précipitation et descendit prudemment, aidé par deux valets aux larges épaules. A son tour, il entra aussi vite que ces jambes d'adolescent le purent. Il gravit quatre à quatre les marches qui menaient à la chambre seigneuriale et passa la porte grande ouverte. Il tomba sur des servantes au tablier ensanglanté, sanglotant par-dessus des bassines fumantes. Son père, un genou à terre et la tête baissé, près du grand lit, où sa mère, le teint blafard, gisait.
Mère ?Toutes les têtes se tournèrent vers lui. Le silence pesant et les mines déconfites des gens présents dans la pièce lui suffit à comprendre. Les larmes coulèrent tandis qu'il trouvait refuge dans les bras de Foulques qui ne parvint pas à retenir ses larmes. Les gargouillis de Cléante, au chaud dans son couffin moelleux ne parvinrent pas à couvrir les sanglots du jeune Gaubert.
II. Vers l'âge adulteLes années qui suivirent ne furent guère différentes de ce que peuvent connaître les autres fils de noble promis à la succession. Il assista au mariage en seconde noce de son père avec Frénégonde de Beffroy, (qui enfantera de Raoul et Méroflède quelques années plus tard), tout en perfectionnant son apprentissage des arts nobles.
Il entra au service de la maison Berdevin de Dens, le jour de ses 16 ans, comme écuyer du Seigneur Hubert, grand ami de son père. C'est ainsi qu'il croisa pour la première fois, celui qui serait plus tard connu sous le surnom du Gras, Gaucelm. Six mois après son arrivée, le vieil Hubert cassa sa pipe, laissant à son aîné les rênes du fief, qui garda Gaubert à son service. Etant d'âge avec Grégoire, il se lia d'amitié avec ce dernier de manière assez naturelle, même si ce fut Ulmégonde qui fini par l'intéresser bien plus. La demoiselle, peu farouche, déniaisa notre petit Gaubert le jour de ses 17 ans. La gourgandine avait beau être à peine plus âgée, elle montra une certaine expertise dans la chose qui laissa le Prademont pantois d'extase. Les années à venir ne feraient que confirmer à Gaubert que cette dernière, en bonne dévôte, avait fait s'agiter plus d'un goupillon pour honorer Arcam et ses bienfaits. Durant les quelques années qui suivirent, il put observer les changements du fief densois, sous la férule avisée de Gaucelm et de sa jeune fratrie, qui réussi à recenser précisemment les différents élevages, engagea des travaux de voieries pour permettre une meilleure circulation entre la capitale et l'ouest du Comté et débuta une série de décret visant à urbaniser proprement Dens, qui était jusqu'alors un joyeux fatras de bicoques s'entassant autour du donjon des Berdevin. Gaubert ne pouvait nier que cet homme, aussi rond que malin, savait comment tirer le meilleur de chaque aspect de son fief. Un exemple à suivre !
Le futur Gras libéra Gaubert de ses engagements d'écuyer quelques mois avant son vingt-et-unième anniversaire et la cérémonie d'adoubement fut donnée sous l'oeil humide et fier de Foulques. Après la cérémonie et avant de retourner à son fief natal, Gaubert se mit en quête d'une dernière accolade amicale avec son camarade Grégoire. Ils avaient vécu quasiment en frère pendant presque cinq ans et il souhaitait partager une dernière coupe de vin avec son ami. Cependant, lorsqu'il déboula dans les appartements de Gregoire, celui-ci s'adonnait à une toute autre forme d'accolade avec un valet et, l'un dans l'autre, les deux jouvenceaux étaient plus proches que Gaubert et Grégoire ne le saurait jamais être. Ecartelé entre gêne, honte, colère et dégoût, Gaubert fit claquer la porte de la chambre sans se retourner. Il ne reverrait plus son camarade avant de longues années, mais garderait à jamais l'image de cette bête à deux dos, soufflante et râlante.
Arrivé à Prademont, Foulques lui annonça que son mariage était arrangé et qu'il rencontrait sa promise dès le lendemain. La jeune Léonie d'Escaut apparut, suivant le Seigneur Baudoin, son père, une couronne de fleurs bleu pâle autour de la tête et coiffée d'une longue natte blonde, pendant sur son épaule. La vision charma Gaubert, tandis que dans son esprit il remerçiait Foulques d'avoir fait un choix fort à son goût. La cérémonie fut donné dans la chapelle d'Arcam en présence de la noblesse odélianne.
Dans les années qui suivirent, Gaubert géra les questions d'intendance du fief au nom de son père. Tandis que sa soeur Orpha était promise au fils Rochefort et que les maisons de Prademont et d'Assar renforçaient leur lien, Léonie annonça avec joie sa première grossesse. Gaubert allait être père.
III. L'hégémonie du Bélier ou la gloire du GrasHaimbault naquit au grand bonheur de son père et de son grand père avec force cris et gigotements. La frêle Léonie vécut là une épreuve rude et mit plusieurs semaines à recouvrer ses forces. La dernière décennie du cycle était entamé et les évènements allaient s'accélérer.
Le Nord goûtait à la paix pour la dernière fois avant longtemps. Les Wandres semblaient s'être retirés au coeur de leurs montagnes et Aduram avait retrouvée sa torpeur. Profitant de cette ère féconde, Gaubert fit entreprendre, en collaboration avec les Séraphin de Serramire, une réfection des routes autour de Prademont qui offraient des voies commerciales sécurisées et fiables au sein du duché. Voyant les convois de plus en plus de caravanes emprunter le chemin de Prademont, l'idée d'un grand marché, à mi-chemin entre Serramire et Odélian, germa dans l'esprit de Gaubert, mais son seigneur de père réfuta l'idée, prétextant un coup trop important, un intérêt limité pour les Prademont et le fief et un écart à la tradition militaire des terres du Nord. Gaubert hocha la tête, mais garda ce projet dans un coin de son esprit, cela attendrait qu'il soit officiellement seigneur des terres familiales. En attendant, il imposa des droits de passages un peu plus élevés à chaque commerçant qui empruntait la route de Prademont.
L'année 997 fut sombre. Les drows lancèrent le siège d'Alonna, plongeant la Péninsule dans les affres de la guerre. Gaubert y tua pour la première fois.
Pourtant d'autres évènements bouleversèrent les terres septentrionales sans pour autant apparaître dans les chroniques. C'est d'abord Léonie qui succomba à un mal étrange. Elle s'écroula dans la salle à manger, prise de convulsions chaotiques, de l'écume dégoulinant de ses lèvres, les yeux révulsés dans leurs orbites. Quelques semaines plus tard, c'est la comtesse de la maison d'Asovia qui succomba à un mal similaire. La coïncidence était troublante, mais dans un cas comme dans l'autre, aucune preuve d'empoisonnement ne vint étailler les soupçons que Gaubert nourrissaient. Cet épisode profita cependant à un homme, Gaucelm de Dens, cousin de la comtesse et premier héritier de sa lignée, accéda à la fonction de Comte d'Odélian.
Sous la gouvernance du Gras, Odélian connu son âge d'or. Alors que la rébellion grondait dans le Médian, Sa Grasseté Gaucelm eut vent de la trahison d'Etherna. N'écoutant que sa loyauté envers la couronne, il fit réunir l'armée sous la bannière du Bélier et marcha sur la baronnie rebelle. Au côté de son père, Gaubert participa à l'héroïque conquête des traîtres etherniens. Le siège fut bref et implacable, la victoire splendide. Les mois qui suivirent, Gaubert retrouva son vieil ami, Grégoire, pour mettre au pas le peuple ethernien réticent à la domination du Bélier. Ils furent frères d'armes, mais l'image de l'étreinte charnelle et virile dont Gaubert avait été témoin des années auparavant l'empêcha de retrouver la complicité qu'ils avaient partagés pendant leur adolescence.
Lors d'une patrouille de routine, entre Etherna et le village de Seram, Gaubert chevauchait en compagnie d'une vingtaine d'hommes d'armes, veillant à la bonne tenue du peuple conquis. La rébellion de Haart choisi cet instant pour se révéler. Les gueux jaillirent des bois qui entouraient la route boueuse. Trois d'entre eux se jettèrent sur la monture de Gaubert qui eut à peine le temps de dégainer son épée avant d'être mis au sol. Roulant sur le côté, il parvint à éviter un coup de hache qui aurait pu être mortel. Il se releva péniblement et écarta un premier adversaire d'un coup de pied dans le torse. L'acier rencontra l'acier lorsqu'un deuxième ethernien se rua sur lui. L'échange de coups fut bref, le gueux ne pouvait rivalisait avec les années de pratique d'un noble odélian. Il lança une attaque d'estoc avant d'effectuer une volte et de planter sa lame au-dessus de l'oreille de son adversaire. Le crâne de l'ethernien émit un craquement suivi d'un bruit spongieux dégoutant. La victoire fut brève, les etherniens avancèrent sur lui en nombre. Il para une attaque, puis deux, mais une première lame mordit sa chair, à l'arrière de sa jambe, une autre entailla son bras, lui faisant lâcher son arme. Gaubert râlait, sentant le sang couler sur son armure légère. Un homme trapu et chauve leva son arme, et grava un sillon profond en travers du torse du jeune Prademont, qui s'écroula face contre terre. Lui et ses hommes furent laissés pour mort au bord de la route, tandis que les rebelles se repliaient dans l'ombre des bois. Gaubert se maudit une dernière fois de n'avoir pas voulu porter son armure de plates, comme l'y enjoignait régulièrement son père, avant de sombrer dans l'inconscience.
La convalescence fut longue pour le futur seigneur. Foulques l'avait fait ramené en Prademont après que les premiers soins lui furent donnés. Il manqua le mariage du Gras avec la pucelle de Caerlyn qui scella la suzeraineté d'Odélian sur les terres d'Etherna. Cependant, selon les souhaits de Sa Ventripotence, qui souhaitait mêler les maisons odéliannes et etherniennes afin de consolider l'union des terres, Gaubert fut promis à Berthe de Romeno, fille unique du seigneur du septentrion ethernien. Là ou sa première épouse était à son goût, la dite Berthe avait une apparence moins aimable. Outre un strabisme assez disgrâcieux, son large nez et ses oreilles décollées achevaient un portrait que nombre de jeunes gens qualifieraient de laid. La glorieuse période semblait bel et bien terminée.
IV. Un succession incompétenteBerthe était un laideron mais elle était fertile. De la nuit de noces, naquit leur première fille Alaïs, quelques jours à peine avant le Voile et son éclipse qui marqua la fin du Xe cycle. Une seconde fille, Blandine, naquit deux ans plus tard. L'ethernienne était certes fertile mais elle ne savait pondre que des jouvencelles.
Avec la fin de ce cycle, la disparition de Gaucelm dans des circonstances aussi mystérieuses que suspectes, Grégoire accéda au rôle de Comte. Celui qu'on surnommait dans les pamphlets le Sodomite poursuivit l'oeuvre de son aîné, matant une tentative de rébellion ethernienne ridicule et entérinant la construction à Seram, d'un port de premier plan qui servirait autant à doter le Comté d'une flotte de guerre qu'à permettre d'ouvrir des voies commerciales maritimes entre le Nord et les terres du Sud sans avoir à passer par le Médian.
En parlant de Médian, c'est bientôt Missède qui entrait en conflit avec Grégoire et tout Odélian. Le dénommé Viktor, baron missédois, avait fait installer une enclave aux portes des bonnes terres odéliannes. Une nouvelle fois, les forges résonnèrent du travail du fer tandis que dans sa magnanimité, Grégoire proposait un accord qu'il croyait inacceptable. Foulques fut chargé de porter les conditions à l'enclave, mais son état de santé déclinant, c'est à Gaubert que revint l'honneur de porter la missive de son ancien camarade. A sa grande surprise, les couards de Missède acceptèrent les conditions de Grégoire, se soumettant à ses griefs abusifs sans même faire résonner une seule trompe de guerre. Bientôt l'Etau, et ses larges ponts sur la Siriya et l'Ohin, sorti de terre sous la supervision du benjamin des Berdevin, Gaston (son beau-frère depuis qu'il avait marié Mérofelde), et vint observer l'enclave de toute sa stature majestueuse. Pour la seconde fois en peu de temps, Grégoire avait réussi à faire plier ceux qui se trouvaient sur son chemin en se montrant diplomate. Les gueux commençèrent à parler de lui sous le surnom du Clément, ce qui tranchait avec son glorieux prédécesseur à n'en point douter. Sans s'en rendre compte, Grégoire venait de faire oublier à tous qu'on ne transigeait pas avec Odélian, comme aimait le marteler Gaucelm.
C'est alors que le vieux Foulques rendit son dernier souffle et que Gaubert devint seigneur de Prademont. Tandis que Grégoire se tournait vers le développement d'Etherna et des alliances extérieures, s'unissant même à une fille de Hautval (la Madelon comme on l'a connaîtra dans la chanson), Gaubert eu enfin les mains libres pour faire bâtir la Grande Halle qu'il avait imaginé depuis des années. Le commerce florissait en Odélian, devenu un carrefour incontournable du Nord et le nouveau seigneur était déterminé à en tirer le meilleur parti. Dans un premier temps, il fit déplacer (d'autres diraient raser) une partie des faubourgs les plus proches de la muraille du château et dégagea trois grands axes pavés qui confluaient devant le marché couvert. Les coffres du fief furent dans un premier temps sérieusement amputé, afin de mener à bien la vision de Gaubert, mais une fois achevé, alors que le droit de passage était revu à la hausse et que les emplacements dans la Grande Halle étaient soumis à location, sans parler des taxes sur les produits en stockage, l'or revint alimenter la salle du trésor. Prademont prenait de l'ampleur, se hissant en terme de population au niveau d'Assar, la ville forteresse de l'Est. Une bonne nouvelle nouvelle n'arrivant jamais seule, Berthe accoucha enfin d'un fils, Sulpice, qui a défaut de ses soeurs qui avaient hérité des traits réguliers des Prademont, reçu les feuilles de choux de sa mère.
C'est en l'an 7 que Grégoire eu la déplorable idée de passer l'arme à gauche, laissant le jeune Christian trop jeune pour prendre sa succession et du coup, sa mère fut reconnue comme Marquise-régente, sous le chapottage des deux plus jeune frères Berdevin, Phillinte et Gaston. La maraude entreprit, certes, des travaux remarquables pour développer la capitale marquisale, mais suite aux actions traîtresses de la maison de Clairssac, elle commit une cinglante erreur. A la convocation des bans, Gaubert envoya près de 1000 hommes sous le commandement de Haimbault, son aîné, avide de gloire et de guerre, souhaitant faire honneur à la maison au Cygne. Gaubert signala d'une missive au conseil de régence que le déplacement d'une si vaste armée vers Diantra pouvait être dangereux et propice à de sérieuses déconvenues. Sa lettre ne reçu jamais de réponse. Une autre arriva quelques ennéades plus tard, porteuse de sombres nouvelles. Haimbault avait péri aux Champs Pourpres, imprimant le goût métallique du deuil sur la langue de Gaubert. Cette marquise incompétente lui avait coûté un fils, son héritier ... pour rien. Odélian avait perdu sa gloire d'antan.
C'est avec soulagement que Gaubert apprit la prise en charge du plus jeune des Berdevin. Son ex beau-frère (depuis le trépas de Méroflède sans lui donner un seul mioche), Gaston, avait longtemps été un homme de l'ombre pour ses frères, apprenant les rouages du pouvoir patiemment ainsi que les affres de la guerre. Des quatre frères, il n'y avait que le gros Phillinte qui ne semblait pas avoir développer la verve et l'ambition qui régissait la famille, se contentant de ripailler et de trousser la ribaude en agitant sa barbe et sa bedaine. Et dire que la Madelon avait fait de l'obèse son Sénéchal, lui, le benêt de la famille Berdevin ...
Le soulagement fut de courte durée. A peine rentrée de la débâcle au coeur du Médian, Gaston maria la garce avant de se faire acclamer marquis d'Odélian, tout en assurant que son neveu (et désormais beau-fils) serait héritier à sa mort, de biens belles paroles que peu de nobles présents semblèrent croire, pas Gaubert du moins. Le seigneur de Prademont enrageait en silence. La hautvaloise restait en place malgré ses fautes et celle de son conseil, malgré son inaction pendant que Clairssac plongeait le Nord dans une guerre aussi inutile que sanglante. Ce monde devenait-il fou ? N'y avait-il que Gaubert qui voyait ses terres natales s'enliser dans la médiocrité ?
Le seigneur, commençant à grisonner sur les temps, n'eût pas le temps de ruminer que les drows engagèrent les combats aux abords d'Oësgard. Les dissenssions nordiennes semblèrent oubliés tandis que Gaubert chevauchait au côté du reste de la coalition mené par le Brochant pour bouter les peaux sombres hors des terres péninsulaire. Larmanon goûta au sang des eldiens pour la première fois depuis des années.
Après cette apparente paix, où le Nord tout entier avait fait cause commune contre les sbires d'Elda, Gaston, ambitieux et impatient, convoqua l'assemblée noblière suite à l'abdication de Jérôme de Clairssac au profit de son frère. Gaubert entra dans le hall du marquis avec la désagréable sensation que ça sentait le purin. Et du purin, il y en eu à foison. Après avoir, selon ses propres termes, mis en sécurité Christian, le Berdevin s'auto-proclama Baron d'Etherna, après que chaque seigneur eu renouvelé son hommage-lige. Les etherniens bouillonèrent de rage, d'autant plus après la condomnation à mort pour parjure dont furent l'objet une poignée d'entre eux, qui protestèrent face à cette manipulation aussi grossière qu'insultante. Le morveux venait d'offrir à Etherna le prétexte pour se révolter une nouvelle fois. Le bougre alla même jusqu'à établir sa cour en Etherna directement, achevant de convaincre les etherniens les plus réticents à la sédition. Sans finesse et sans alliés, Gaston se dirigeait droit dans une nouvelle débâcle, tandis que sous le commandement des Caerlyn et avec l'appui de Sainte-Berthilde et d'Olysséa, la rébellion prenait des allures de révolution. L'est du marquisat fut mis à sac par des troupes qui remontèrent la Sirilya et bientôt, c'est jusque dans le Pélanchon qu'on ressentit les conséquences de ce débarquement. L'hiver, rude, vint mettre un frein à la rebellion, tandis que Gaubert et ses troupes achevaient de punir le contingent débarqué quelques ennéades plus tôt. Les nouvelles de la baronnie révoltée n'étaient ni bonnes, ni mauvaises, le froid et la neige ayant enracinés les armées qui se faisaient face. Gaubert prit sur lui d'envoyer une missive à Brochant, sur les terres serramiroises, signalant que des bandes en maraude qu'il pourchassait avait fui vers le nord et leurs terres. Fut-ce qui convainquit le marquis d'envoyer de l'aide à Gaston ? Peut-être. De nombreux convois de vivres transitèrent par Prademont en provenance du Nord, jadis rival, pour venir nourrir l'armée démoralisée d'Odélian. Dans un même temps, à l'ouest, les troupes berthildoises se retirent sur leurs terres, laissant les etherniens faire face seul au châtiment odélian. La rumeur veut que grâce à d'habile manoeuvre diplomatique, le marquis obtint un soutien royal qui fit se déliter progressivement les soutiens des séditieux. Rumeur fumeuse aux yeux de Gaubert, la Couronne était faible depuis bien longtemps et n'avait plus l'oreille de beaucoup des puissants du Nord. Qu'importe la raison, Etherna rendit les armes une nouvelle fois.
Et au lieu d'en finir avec les traîtres, au lieu d'en finir avec la mollesse dont faisait preuve chaque successeur du Gras, au lieu d'embrocher la tête des etherniens sur les remparts de la cité, faisant apprendre une leçon à ces pisse-froids qu'ils retiendraient pour des générations, Gaston remplit les geôles ... LES GEOLES !! Quel immonde et incapable personnage !
Et qu'advint-il à ce sinistre fifrelin ? Il creva, pour la plus grande joie de ces pensionnaires engeôlés, et son fils Hubert avec lui. Les détails de leurs trépas ne parvinrent pas jusqu'à Prademont, mais entourés d'anciens rebelles, en terre traitresse qui se saisit de la moindre broutille pour lever les armes contre son légitime suzerain, Gaubert paria sur le poison. De la lignée des Berdevin, il n'en restait plus que deux, l'enfant Christian et celui qui devenait le régent officiel du marquisat, Phillinte l'Imbécile.
V. La terrible catastrophe de LivénieC'est à cette exacte période que le gisement fereux de Livénie, en bordure sud-ouest du Pélanchon, fut trouvé. Une missive marquée du sceau du Bélier arriva à Prademont, invitant Gaubert à siéger au Conseil de Régence en temps qu'Intendant d'Odélian. La nouvelle regonfla le poitrail du seigneur, peut-être allait-il enfin pouvoir être écouté et arrêter la décadence qui s'était emparer des bonnes terres odéliannes depuis tant d'années. Il gagna la capitale du marquisat, entouré d'une dizaine de garde prademontais quelques jours plus tard, se félicitant d'avance de pouvoir annoncer le lancement des travaux du puits de mine de Livénie et de ses idées pour tirer parti de cette exploitation dans les meilleurs délais.
Il prit place autour de la table du Conseil, tandis que Phillinte transpirait comme un porc, marquant sa tunique d'auréoles disproportionnées sous les aisselles. Le gros barbu débuta la séance, l'air grave.
Messeigneurs, si j'ai fait mandé ce conseil, c'est pour vous faire part de terribles nouvelles. J'ai reçu, ce matin, un décret de Diantra, ratifié par le régent.Le Berdevin se lissa la barbe, visiblement gêné. Il lança un regard nerveux vers Gaubert, qui le soutint en arquant un sourcil. Phillinte toussa faiblement avant de se saisir d'une lettre décachetée qui était déroulé devant lui.
Après de longues années de troubles sur les bonnes terres des Hommes et afin de préserver la paix au sein du Nord, nous, Aymeric de Brochant, régent du Royaume, au nom du Roy, confirmons, selon les engagements pris lors de l'intervention royale, qu'Odélian perd tout droit de suzeraineté et de regard sur les terres d'Etherna. En résulte les faits suivants ; Sainte Berthilde récupère la vassalité d'Etherna, afin d'aider cette dernière à se remettre des décades de combats qui ont souillés son sol. Odélian, perd son statut de marquisat et doit serment-lige à Serramire, qui sera garant de la paix dans le Nord, sous la supervision d'ambassadeurs roy ...Le poing de Gaubert heurta la table, interrompant la lecture de Phillinte.
Ils nous saignent ?!Isgard nous revient malgré tout et ...Ce lopin de terre vaut-il Etherna ?Phillinte se contenta de hocher la tête, avant de laisser tomber le vélin sur la table. Ainsi donc, la Couronne profitait de l'ascencion de l'enfant au rôle de comte et de la faiblesse du gros Berdevin pour enteriner définitivement la déchéance d'Odélian. En à peine vingt ans, les héritiers du Gras avaient bafoués l'entièreté de son héritage, tandis que chaque voisin tiraient des bénéfices des errances de ceux qui furent à la tête du marquisat redevenu comté. La gloire d'Odélian n'était définitivement plus. Il avait donné son sang, son temps et même un fils pour celle-ci, et tout cela pour rien. Odélian avait besoin de force, de détermination, d'intelligence, pour redresser la barre. Odélian avait besoin d'un homme capable, d'un homme déterminé à rendre au comté sa gloire d'antan. Un homme comme lui. Les rouages d'un sombre plan s'emboîtèrent lentement dans son esprit et commençèrent à tourner, inexorablement.
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Les années passèrent, tandis que le puits de Livénie s'achevait. Bientôt, les premiers traineaux chargés de minerai sortir des entrailles de la terre. D'après les mesures des ingénieurs, les veines étaient larges et le filon saurait être exploité pendant de nombreuses années. On envisagea alors la construction d'un second puits d'extraction, tandis que les bonnes gens en quête de travail arrivaient aux abords de la mine, faisant fleurir une petite bourgade.
L'an 17 approchait, ainsi que la majorité de Christian lorsque le second puits fut achevé. Une des dernières séances du Conseil de régence s'acheva sur cette nouvelle et tandis que chaque seigneur regagnait ses appartements, Gaubert interpela le jeune, futur comte.
Seigneur ... J'ai oublié de le mentionner plus tôt, mais j'ai une requête de Maître Denis, l'ingénieur en chef de Livénie. Il souhaiterait votre présence pour inaugurer le nouveau puits. D'autant que d'après les derniers relevés, il y aurait bien plus que du fer sous nos pieds.Il jeta un oeil par-dessus son épaule, s'assurant qu'aucune oreille indiscrète ne venait écouter la conversation. La silhouette rebondie de Phillinte se tenait non loin de là. Gaubert tendit une main vers lui, le visage fendu d'un large sourire.
Seigneur Régent ! Rejoignez nous, cette nouvelle vous intéressera tout autant.Le gros bonhomme s'approcha et Gaubert poursuivit à mi-voix.
Je n'ai pas voulu l'évoqué pendant le conseil car la nouvelle n'est pas encore officielle, nous attendons encore les derniers relevés ... Mais il se pourrait fortement que sous le sol livénois se trouve un gisement d'or. Gaubert marqua une petite pause, observant la réaction de ses interlocuteurs. Les lèvres du jeune Christian s'ourlèrent d'un sourire satisfait.
Quelle magnifique nouvelle !Moins fort, Seigneur, moins fort, je vous en prie. Comme je vous le disais, nous devons attendre les derniers relevés pour en être certain et annoncer la nouvelle à la prochaine session du Conseil.Et donc, Gaubert ? Phillinte se lissait la barbe, l'oeil interloqué. Prademont poursuivit.
Comme je l'évoquais au seigneur Christian, l'ingénieur en chef m'a glissé que les mineurs apprécieraient que le comte vienne inaugurer le nouveau puits. Et j'y vois un évènement qui pourrait marqué le passage de relais entre vous. Votre dernière viste en temps que régent et la première inauguration du seigneur Christian en temps que comte d'Odélian. Et si tout ceci se fait le jour où nous pouvons annoncer que la mine regorge d'or, le symbole n'en serait que plus grand. Le début d'un règne doré si je puis osé cette image poétique.Gaubert se fendit d'un sourire et d'un regard bienveillant vers le futur comte, qui paraissait on ne plus emballé par l'idée. Il tourna les yeux vers Phillinte en levant les sourcils, feignant innocence et courtoisie en observant l'obèse qui continuait de jouer avec sa barbe. Pendant un instant, Gaubert cru même qu'il n'avait rien écouté et s'était perdu dans sa propre contemplation. L'idiot en était capable.
J'aime l'idée, mon oncle !Soit ! J'admets que le symbole est fort ... Parfait, messeigneurs ! Parfait ! Laissez-moi quelques jours pour annoncer la nouvelle à Denis et ses hommes et préparer votre venue. Donnez-moi quatre jours.Ainsi soit-il !Phillinte hocha la tête pour appuyer l'exclamation de son neveu. Gaubert s'inclina.
Jusqu'au revoir, messeigneursIl se retourna et prit la route de Livénie dans la foulée. Bientôt, la roue allait tourner.
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Les pierres claquèrent contre les pierres, tandis que l'exhaure finissait de se remplir. Gaubert s'épongea le front en observant son oeuvre, satisfait. Quatre jeunes gaillards jetait les derniers stériles dans le trou, encadrés par la garde du seigneur. La nuit commençait à s'effacer tandis que l'est s'embrasait. Le seigneur de Prademont envoya une tape sur l'épaule du plus proche des manouvriers.
Beau travail, messieurs. Je vous libère !Z'êtes sûr, monseigneur ? C'est dangereux d'boucher les exhaures. C'est qu'ça sert à évacuer les gazs et ...Répondant à un hochement de tête, les gardes de Gaubert ne laissèrent pas le temps au gueux de finir sa phrase. Une lame vint lui ouvrir la gorge, au même titre que celles de ses camarades. Un jet de sang vint s'écraser en travers du visage du seigneur à la barbe poivre et sel. Dans un concert de gargouillis peu râgoutant, les quatre corps s'effondrèrent au pied des hommes d'armes. D'un geste vif, Gaubert sortit un mouchoir de sa poche de manteau pour se nettoyer le faciès. Il toisa celui qui venait de lui parler, tandis qu'il pouvait lire la détresse dans son regard, le bougre comprenait que la vie s'écoulait sur le sol.
Je sais mon brave, c'est précisément mon but.Il n'eut pour réponse qu'un hoquet crispé. Gaubert jeta le mouchoir sur le cadavre encore tiède avant de lancer à ses hommes.
Brûlez-moi tout ça.[/url]
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Le carosse du comte arriva, précédé par une escorte d'une douzaine de gardes. Venaient ensuite nombre de courtisan, de pages et de clercs. Gaubert attendait devant la galerie d'entrée qui menait au second puits, flanqué du fameux Maître Denis, aux cheveux coupés à ras, et de Léopold, l'architecte de la mine, tenant sous son bras plusieurs parchemins. Une foule de mineurs se tenait sur leur droite, en rang bien ordonné selon les indications de Denis. Un ruban pourpre avait été noué aux étais qui marquaiaent les deux extrémités du boyau.
Phillinte fit geindre les ressorts du carosse lorsqu'il sortit sa large carcasse et Christian suivit et atteint le sol d'un bond. Le jeune homme paraissait excité comme jamais. Gaubert effectua une révérence adroite, bientôt imité par ses deux compères.
Messeigneurs, bienvenue à la mine de Lévinie ! Il avança vers le futur comte et son oncle, s'enquérant de leur court voyage et s'acquittant des présentations d'usage avec la politesse et le savoir-vivre qu'on lui connaissait. Gaubert pouvait sentir l'impatience dans le regard de Christian. Il cru lire dans son regard une certaine avidité quand à l'or promis quelques jours plus tôt. Patience, mon petit.
Maître Denis tendit une paire de ciseaux argentés au futur comte, qui coupa le ruban sous les applaudissements de la foule. Gaubert s'approcha, tapant dans ses mains et glissa à son oreille.
Et si je vous montrais à quoi ressemble une veine d'or, Monseigneur ?Vous avez entendu, mon oncle ?D'un geste de la main, Gaubert invita Phillinte et Christian à s'enfoncer dans le boyau en pente douce. L'un comme l'autre ne se firent pas prier et bientôt, les trois hommes et maître Denis arpentèrent la mine. Denis donnait le plus d'explication qu'il le pouvait, tantôt sur l'importance des rigoles d'excavation d'eau, tantôt sur la particularité du sol en V qui facilite l'usage des traîneaux pour sortir stériles et minerais ou encore sur la présence de petites cages à oiseaux suspendus aux poutres de soutainement.
Ceci, messire, est le meilleur moyen de savoir lorsqu'il y a du gaz dans les galeries. Lorsque l'oiseau est mort, c'est qu'il faut vite déguerpir !Phillinte et Christian ponctuait les réponses à leur questions et "ha" et de "ho", comme des enfants qui découvrent le fonctionnement d'un nouveau jouet. Après plusieurs minutes, Gaubert se frappa le front.
Diantre, je n'ai décidément pas de cervelle ! J'avais promis à mon fils de l'emmener pour cette visite.Les trois hommes se tournèrent vers lui, incrédule. Phillinte se gratta la barbe.
Eh bien, allez le chercher Gaubert. Nous vous attendons ici. Pressez le pas et nous nous retrouvons dans quelques minutes.Je suis navré, messeigneurs, vraiment ! Je ... J'ai une idée. Denis ! J'ai promis au Seigneur Christian de lui montrer le filon. Je vous rejoins là-bas, nous ne devons plus être très loin.Bien Seigneur GaubertHâtez-vous, Gaubert. Je préfère lorsqu'il y a le ciel au-dessus de ma tête.Bien sûr, Seigneur Phillinte. Encore navré pour ce contre-temps. Je me hâte.Les trois hommes continuèrent leur route, alors qu'un sourire carnassier illuminait le visage de Gaubert. Ce dernier fit volte face et se dirigea d'un pas leste vers la sortie. Il avait passé le début de la visite à tourner un petit sablier qui pendait à sa ceinture. Trois tours. Les visiteurs atteindraient les galeries aux aérations bouchées après le quatrième tour. Il marchait, jetant un oeil régulièrement aux grains de sable qui tombaient. Il s'apprêtait à renverser pour la cinquième fois le sablier, quand un terrible explosion retentit, ébranla tous les murs de la mine. De la poussière commença à tomber depuis le plafond et les parois, et une immense bouffée de chaleur remonta le boyau. Un point lumineux apparut dans son dos et il lui fallu à peine quelques secondes pour comprendre qu'il s'agissait littéralement d'une boule de feu. Sa marche se transforma en course. Son plan si travaillé allait-il se transformer en un stupide échec ou il perdrait la vie comme un kamikaze ? La poussière pleuvait et fut bientôt accompagnée des petites roches qui quittaient le plafond du tunnel. Dans son dos, le point lumineux grossissait, grossissait, la chaleur augmentait, augmentait. Il arriva enfin en vu de la sortie, un carré blanc au fond de ce tunnel sombre, la boule de feu à ses trousses. Plus que dix mètres et les flammes étaient prêtes à l'engloutir. Cinq mètres et elles lui léchèrent le dos. Il se jeta en avant et atterit sur le sol, s'éraflant le visage tandis que la boule de feu l'engloutissait pendant une seconde avant de le dépasser et de s'évaporer dans l'air sous les cris affolés de la foule qui patientaient devant la mine. Le tunnel continuait de déliter, un grondement venant des entrailles, trahissait qu'un éboulement suivait la boule de feu à quelques secondes. Il ne pouvait pas mourir, pas maintenant. D'un geste rageur, il éteint le bas de sa tunique qui commençait à prendre feu, puis se releva et avança sous la pluie de poussière. Il tenta de courir, mais ne put que tituber en zig zag vers la lumière blanche. Derrière lui, les pierres raclaient les unes contre les autres, les étais craquaient sous leurs poids, créant un mugissement fantastique, à quelle distance il ne savait le dire. Il devait sortir, simplement sortir, survivre. Il retrouva la lumière du jour juste à temps pour être balancé en avant par le souffle de l'éboulement. Il vola comme un pantin, tandis qu'un nuage de poussière ocre l'enveloppait.
VI. Le dernier des AsoviaL'Assemblée des nobles d'Odélian se tient en la capitale un mois plus tard. Chaque maison s'était réuni dans le Grand Hall à la demande des juristes royaux. Le comté ne pouvait rester sans dirigeant suite à la catastrophe de Livénie qui avait englouti les deux derniers Berdevin. Gaubert était assis sur un fauteuil matelassé, le bras gauche encore bandé suite aux évènements de Livénie. Un brassard noir enserrait son bras droit, témoin de son deuil. Berthe, son épouse, avait choisi le lendemain de la catastrophe pour ne pas se réveiller de son sommeil, à moins que ce soit la nouvelle qui l'acheva.
Un vieux juriste diantrais, nommé Theobald, avança au centre de la salle, tenant un large parchemin enluminé dans ses mains. Il chaussa ses binocles et râcla sa gorge.
Suite au trépas des seigneurs Phillinte et Christian Berdevin, héritiers par le sang de la maison Asovia, derniers descendants de leur maison et eu égard aux faits que ni l'un, ni l'autre n'a de descendance reconnue dans les registres, nous déclarons la maison Berdevin de Dens éteinte. Selon les lois de succession en vigueur dans le royaume des Hommes et après consultation de la généalogie des Asovia, il a été reconnu que le successeur légitime au rôle comtal, est le premier fils de feu Dame Rose d'Asovia, épouse de feu Foulques de Prademont, le seigneur Gaubert de Prademont.La foule bruissa légèrement, tandis que Gaubert parvint à retenir un sourire triomphant, pour feindre la surprise et la reconnaissance.
Est-il dans l'assistance une voix pour s'élever contre cette décision ?La foule se tut.
Si le conseil des pairs valide ce choix, dites "Hay"HAAAAAAYYYYYAprès l'accord du conseil des pairs par acclamation et en conformité avec les lois en vigueuer dans le royaume, il sera dorénavant inscrit dans les registres et les courriers que le Comte d'Odélian répond au nom de Sieur Gaubert de Prademont ! Longue vie au Comte et à sa maison !Longue vie au Comte !!Longue vie à Gaubert !!Théobald s'approcha de Gaubert avant d'ôter ses binocles, tandis que les vivats se poursuivaient. Le désormais comte d'Odélian sourit, tentant de garder un visage serein, alors qu'à l'intérieur il bouillonait. Enfin Odélian allait être dirigé par un héritier digne de Gaucelm, un odélian qui ne laisserait plus traîner le nom du comté dans la boue.
Souhaiteriez-vous vous adresser à vos nouveaux sujets, Comte ?Gaubert hocha du chef et feignit une certaine difficulté à se lever, vestige de sa survie inespéré au terrible accident de Livénie. Il gagna le centre de la salle avant de lever les mains pour obtenir le calme.
Messeigneurs ! Chers amis ! Nous nous connaissons pour la plupart depuis bien longtemps. Nous avons jouter ensemble. Nous avons festoyer ensemble. Nous avons combattus côte à côte. Nous avons occis des envahisseurs et défendus nos terres ensemble. Nous avons fait connaître le nom d'Odélian dans la Péninsule toute entière et au-delà. Cependant nous avons vu la renommée de notre glorieuse contrée s'étioler ensemble. Malgré les errances de mes prédécesseurs, je les ai servis avec fidélité, avec abnégation. Malgré leurs erreurs, je me suis acharné à leur donner conseils et secours. Je sais, que comme moi, nombre d'entre vous regrette cette gloire passée, cette gloire bafouée par des politiques guerrières et irréfléchies, des décisions trop faibles parfois. Trop lâches ! Aujourd'hui, je me tiens devant vous, choisi parmi mes pairs ... par mes pairs, et je vous fais cette promesse. Je ne vous décevrai pas ! Je ne vous trahirai pas ! Je ne vous abandonnerai pas !! Ensemble, mes amis ... ENSEMBLE ... NOUS RENDRONS A ODELIAN SA GLOIRE PERDUE !!!La foule éructa son approbation et les rues d'Odélian semblèrent résonner du leit-motiv qui animait Gaubert depuis tant d'années.