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Sujet: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Mar 7 Jan 2020 - 15:52
Adriano Cortès di Alcacio
IIIème ennéade de Barkios, en l'an XVII du XIe cycle
Diantra lui était encore parfaitement étrangère. Il se souvenait de sa dernière et première venue lorsqu'il s'en était allé quérir audience auprès du Régent. Il l'y avait rencontré pour plaider la cause de son père et de tous ceux qui s'étaient opposés à la Carpe di Camarata, despote ce jourd'hui trépassé. Ce n'était qu'après avoir obtenu gain de cause qu'il avait laissé la capitale des Rois sans l'ombre d'un regret, préférant de très loin la cité des canaux. La raison qui l'amenait à franchir une nouvelle fois les remparts de cette cité royale n'en était pas pour autant plus reluisante que la première. Il fallait pour cela revenir une ennéade et demi plus tôt lorsqu'il eut enfin reposé pied à terre après un périple de plusieurs mois dans l'Olienne et l'Eris. A peine avait-il eu le temps de voir son navire accoster que des hommes de son père s'en étaient venus l'alerter du sort de son épouse à Diantra. N'étant point adepte des tergiversations, Adriano était allé retrouver ses enfants au Palais avant d'ordonner qu'ils ne remontent la Garnaad en bateau pour y retrouver leur mère.    Le voyage avait été éprouvant, autant pour les enfants que pour lui même. Les ennéades en mer ayant été particulièrement abruptes en cette mi-saison, son corps tout entier en accusait désormais le coup. Les joues presque creusées et la peau usée par les vents et le sel marin, on lui eut donné quelques années de plus sans la moindre hésitation. L'inquiétude éprouvée vis-à-vis de son épouse n'aida en rien au rétablissement de son humeur affligée. Ce n'était pourtant pas pour l'amour qu'il éprouvait envers elle, que nenni. Jamais depuis leur union, ils ne s'étaient aimés l'un et l'autre. Ils n'étaient unis que pour la seule raison de forger l'alliance entre la Sybrondie et le Soltaar. Ni plus ni moins. Dévoué qu'il était envers sa famille, Adriano s'était lui-même proposé pour épouser la sulfureuse sybronde à qui l'on devait en partie la chute de la Berontii. La relation qui en avait découlé avait été faite seulement dans le but de concrétiser l'alliance grâce aux diverses naissances de leur progéniture. Une fois fait, l'héritier soltaar n'avait eu qu'à reprendre les voiles pour laisser à son épouse la paix qu'elle affectionnait tant.    – Père, l'interrompit Octavio, son aîné. Quand verrons-nous notre mère ? Et verrons-nous aussi grand-père et grand-oncle ?    Les enfants étaient tous assis les uns à côté des autres dans le carrosse qui les emmenait jusqu'aux portes de la haute-ville. Octavio et Lucillia, assis depuis bien trop longtemps, peinaient à rester en place. Leurs yeux étaient accaparés par tous les bruits et badauds qui déambulaient le long de l'Avenue Royale. Livio, le dernier-né, était encore dans les bras de sa nourrice qui n'avait su s'en défaire depuis qu'ils avaient laissé l'embarcation sur la Garnaad.    – Regardez ces lumières étincelantes, les enfants, répondit-il en pointant du doigt le Quartier des Mille-Soleils. C'est sous l'un de ces astres que vous attend votre mère. Quant à votre grand-père et votre grand-oncle, nous les verrons très certainement dans la soirée lors du dîner. Il vous faudra être sages, souvenez-vous.    Octavio et Lucillia ne cillèrent pas et parurent plutôt émerveillés en découvrant l'impressionnant Haut Quartier de la cité dans lequel les familles les plus riches et influentes du Royaume disposaient leurs demeures et autres hôtels particuliers. Leur réaction lui donna du baume au cœur ; lui faisant prendre conscience par la même occasion pour quelle raison il avait entamé ce voyage sans même chercher à peser le pour et le contre. Ce n'était point pour lui, mais juste pour que leurs enfants puissent revoir leur maman.    – C'est laquelle ? S'enquit de nouveau Octavio avec toute l’espièglerie qu'on lui connaissait.    Ne pouvant répondre à la question de son aîné, Adriano se contenta de sourire tout en lui ordonnant de se rasseoir une bonne fois pour toute. Bientôt, alors, leur carrosse passa la porte des Soleils et entama son ascension dans la rue toute en lacets menant au Palais des Dômes. Lorsqu'icelui s'arrêta enfin, leurs valets descendirent accompagnés de leurs quelques servantes pour les mener jusqu'à l'entrée de l'un de ces fameux hôtels dont la façade dénotait grandement des autres. L'ornementation architecturale rappelait ici l'opulence des cités méridionales. Elle était la propriété des Maldi. Ils ne tardèrent pas à voir Lysandra sortir en toute hâte pour venir saluer ses neveux et sa nièce. Sa gaieté changea subitement lorsqu'elle lui fit face. Les lèvres pincées, l'air hagard, son attitude ne laissa rien présager de bon.    – Comment se porte-t-elle, Lysandra ?    – Où est maman ? demanda de nouveau son aîné.    Les servantes n'attendirent guère plus longtemps avant de s'emparer des enfants et de le laisser seul à seul avec sa belle-sœur.    – Elle est très fatiguée, Adriano... révéla-t-elle. Mais je suis sûr que revoir ses enfants lui feront le plus grand bien ; tu as bien fait.    – Qu'ont dit les guérisseurs et les prêtres ? questionna-t-il aussitôt. Sa grossesse est-elle normale ?    – Seule Néera le sait...    C'était là ce qu'on lui avait répondu le jour où sa défunte Faustina avait accouché. Néera n'avait point su la garder en vie et l'avait confié aux bons soins de la Voilée. Son monde s'était écroulé ce jour-ci, quand bien même sa petite Catarina en était ressortie indemne et en pleine santé. Comment ne pas craindre que la situation se répète de nouveau avec Victoria ?    – Souhaitera-t-elle me voir ?    – Laissons d'abord les enfants aller la voir.
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Lun 13 Jan 2020 - 14:31
Ils n'eurent droit ce jour-ci qu'à une épouse et mère profondément endormie qui ne laissa s'échapper nul mot, ni nulle œillade en leur direction. Épuisée par un récent voyage, le visage de sa femme lui avait paru étonnamment calme contrairement à tout ce qu'il avait pu craindre jusque-là. Malgré son inconscience, Octavio et Lucillia étaient venus lui offrir un baiser chacun leur tour sur la joue de leur mère, laissant en dernier le petit Livio encore un brin hébété par la scène qui se jouait devant ses petits yeux. Lorsque vint son tour d'aller à son chevet, il ne se permit nulle embrassade et se contenta seulement de poser sa main sur le ventre à peine arrondi. Lysandra, restée à l'entrée de la chambre, les gratifia d'un regard empli de tendresse ; elle qui avait connu la mort des siens, l'image devait lui être aussi touchante que troublante.    Des bruits de pas se firent entendre en provenance du rez-de-chaussée. Ces derniers se firent plus lourds et audibles à mesure qu'on les devinait en train d'arpenter les étroits escaliers en colimaçon menant aux divers appartements de la famille Maldi. Le capitaine de la Guardia Soltarii, Antenore Ciguiello, apparut muni comme à son habitude de l'harnois d'ébène aux liserais d'or. Deux de ses hommes l'accompagnaient sans qu'on ne voit leur visage sans cesse cachés par leur bassinet. Il comprit, en les découvrant, qu'ils n'étaient pas là par pure courtoisie et s'étaient fait les messagers de son propre père qu'il savait installé à quelques maisonnées d'icelle. Pour ne pas risquer de réveiller son épouse, Adriano laissa ses enfants aux bons soins de sa belle sœur et s'en alla quérir les paroles des eunuques de la garde.    – Mes respects, messire Adriano, débuta le capitaine Antenore. Votre père souhaite s'entretenir avec vous dans les plus brefs délais. Il m'envoie vous servir d'escorte.    Des mois qu'il n'avait plus vu son père. Cet empressement le ravi tout autant qu'il le surprit. N'ayant nul besoin et nulle envie de les contredire, il n'eut qu'à acquiescer pour donner ses directives à la jeune Lysandra avant de les suivre jusqu'à l'hôtel où résidait son géniteur. Celui-ci ne fut guère compliqué à trouver, quand bien même son accessibilité y fut à redire. Il leur avait fallu emprunter les escaliers traversant directement les patés de maisonnées pour gagner celle de son père aux abords même du Palais des Dômes. C'eut été assurément un privilège que s'octroyait les plus fortunés du Royaume afin de résider au plus près de leur suzerain. Adoncques découvrit-il la nouvelle bâtisse que possédait la famille Cortès, financée grâce aux deniers personnels de la famille provenant d'héritages et de rentes.
   L'hôtel, si l'on pouvait le qualifier de tel, avait bien plus les apparences d'un petit chastel de province que d'une maison de ville. Sa façade en était d'ailleurs un étonnant témoignage de savoir-faire à travers lequel un œil avisé y aurait décelé le passage de multiples talents. Tailleurs de pierre, sculpteurs, charpentiers de talent, beaucoup y étaient passés après l'incendie de Diantra pour redonner à la bâtisse des allures de noblesse. C'est que l'édifice en imposait par sa stature et son envergure ne dépassant jamais les limites de la bienséance. Car il n'était point le plus grand parmi ses voisins, ni le plus petit, assurément. Une grande porte cochère permettait d'y pénétrer. Adriano et les gardes arrivèrent ainsi, non pas dans un patio comme on aurait pu s'y attendre, mais dans une cour incroyablement plate au regard de la pente sur laquelle elle avait été construite. Icelle était d'ailleurs entourée de trois petits logis, moins hauts et larges que celui donnant sur la ruelle. En s'approchant de plus près, il comprit que le Logis sud n'était autre qu'une galerie couverte et clairsemée de colonnes antiques. La vue qu'on y avait une fois dessus était à couper littéralement à couper le souffle, puisque c'était tout le sud de la basse ville que l'on pouvait y observer avec émerveillement. Il ne put que s'imaginer les longues soirées estivales à passer sur cette terrasses couverte que quelques arbustes et plantes finiraient d'égayer.
   – Par ici, messire, indiqua le capitaine en l'emmenant en direction d'une magistrale porte d'entrée du même chêne que celles des autres demeures. Votre père vous attend dans ses appartements.    De nouveau, Adriano les suivit sans les questionner, appréhendant maintenant la rencontre avec celui qu'il avait toujours admiré. Il vit ainsi l'intérieur de l'hôtel qui lui rappela ceux des palais soltaaris. Certains meubles lui étaient d'ailleurs connus pour les avoir déjà vu au Palais d'Alcacio. Le duc y était donc allé à l'économie, préférant venir avec son propre mobilier plutôt que d'investir dans la cité. Une preuve encore de son obstination à toujours vouloir rester dans l'économie au lieu et place d'un gaspillage d'argent intempestif que l'on avait pu reproché à ses prédécesseurs.    – Adriano, figlio.    La voix était celle de son père qu'il vit assis dans un fauteuil visiblement fort douillet. L'homme d'une cinquante d'années maintenant, était emmitouflé sous plusieurs couches d'habits frôlant la comédie. Un feu crépitait pourtant dans la cheminée se trouvant à seulement quelques pas de lui.    – Père, dit-il en s'empressant d'aller le saluer comme il l'avait toujours fait. Comment vous portez-vous ?    – Je suis pressé de regagner Soltariel, avoua-t-il dans un mélange de frustration et d'impatience. Mais je suis heureux de te revoir, mon fils, même s'il aura fallu que ton épouse s'écroule pour que tu daignes regagner la terre ferme et ne point continuer à briller par tes absences répétées en mer.    La pique le désarçonna quelque peu. Jamais un Cortès n'avait reçu l'opprobre de passer trop de temps dans le seul Royaume qui était le leur.    – J'ai fait aussi vite que j'ai pu, répondit-il. Plusieurs navires mecans nous ont donné du fil à retordre, mais nous les avons finalement eu après quelques ennéades de poursuite.    – C'est bien... Tu continues de faire craindre notre nom chez nos ennemis. Mais ce n'est point pour parler d'eux que je t'ai mandé, figlio. Je suis heureux pour toi et ton nouvel enfant à venir. Puisses-tu continuer à être un père aimant. Mais faut-il encore que tu sois et deviennes un père présent à partir de maintenant.    – Je ne comprends pas ? S'enquit-il un brin étourdi par les derniers propos de son géniteur.    – Ton oncle m'a appris que ton épouse était venue le visiter avant de faire son premier malaise, renseigna Félipé, le regard agacé. Elle venait de lui avouer la gronde de ses nobles en pays sybrond. Sais-tu au moins pour quelle raison ces derniers en ont après elle, et toi, ainsi que vos enfants ?    Il ne s'était jamais réellement investi autrement que dans la marine sybronde. A ce titre-là, les méandres de la politique de ce pays d'adoption lui était parfaitement inconnu, pour ne point avouer que son épouse l'en avait tenu éloigné si-tôt leurs vœux prononcés.    – Je l'ignore...    – Ton épouse s'est laissée amadouer par un jeune seigneur nodien se proposant d'établir une ligue, ou plutôt une Egide, afin de combattre les maux du Royaume. Cela passait par un investissement pécunier de riches donateurs comme le fut ta femme. Le fait est, que ses ombrageuses dépenses ont fait naître la colère de ses... de vos vassaux, Adriano. Ils menacent aujourd'hui de se soulever comme nous le fîmes contre la duchesse Tibéria. Vois-tu maintenant ce qui est train de se passer ?    – L'Egide, c'est cela ? N'a-t-elle pas été reconnue par le Roi ? Victoria ne se serait jamais embarquée dans une si hasardeuse aventure si elle avait su ce qu'il adviendrait.    – C'est en ce point que ton épouse aurait dû mieux se renseigner, car si le défunt Régent a donné son accord pour que cette organisation fasse ses preuves, ils n'en ont jamais reçu l'autorisation et l'officialisation.    Il réalisa subitement toute l’ampleur du problème.    – Et si le Roi décide de donner son autorisation ?    – Crois-tu réellement qu'il laissera ses vassaux payer à sa place ce qui lui revient comme une obligation ? La défense du Royaume ne se monnaye pas de n'importe quelle manière, figlio. Tu dois maintenant quitter tes navires pour regagner la couche de ton épouse et remettre de l'ordre dans ces affaires.    – Je connais ma femme, père. Les affaires sybrondes sont les siennes, je me suis engagé à...    – Fadaise ! Les affaires sybrondes seront bientôt celles de ton fils et de leurs enfants après eux ! s'énerva l'actuel patriarche des Cortès. Cesse tes politesses et sauve ce qui peut encore l'être. Ton mariage avec elle fait aussi de toi le Comte consort de Sybrondil et sers toi de cette épreuve pour apprendre, car un jour, ce sera Soltariel tout entier que tu devras gouverner lorsque je ne serai plus. Et non seulement quelques rafiots.    Le couperet était tombé. Malgré la trentaine d'années passée, il n'avait plus été grondé de la sorte depuis ses débuts sur le navire de son oncle.
Dernière édition par Francesco di Castigliani le Mer 15 Jan 2020 - 9:36, édité 2 fois
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Mer 15 Jan 2020 - 9:28
Un silence glaçant succéda à la gronde de son géniteur, suscitant dès lors un profond malaise entre le duc et son aîné. Il n’était pas certain d’avoir mérité pareille colère alors qu’il avait passé plusieurs mois en mer à lutter pour la stabilité des mers, pour le soltaar et même le Royaume tout entier. Lui reprocher cela fut comme cracher sur leur nom et leur véritable vocation. Force était pourtant de constater que son père n’avait plus rien du renard des mers qu’il avait pu être dans ses jeunes années. Le renard s’était assagi avec le temps après avoir délaissé l’océan pour la politique. Telle était sûrement la raison pour laquelle son teint, privé du puissant soleil océanique, était devenu si blafard depuis ces dernières années à gérer les affaires du Soltaar. Adriano réalisa que son avenir le prédestinait ce jourd’hui à suivre la même voie. Tandis que ces cousins Castigliani continueraient d’arpenter les eaux pour y assouvir leur passion, lui la sacrifierait pour le bien commun de leur famille au détriment du sien. C’était là un bien amer constat qui se profilait à l’horizon. Constat qui entraînerait indubitablement son épouse et ses propres enfants dans son sillage.    – J’ai conscience que cela ne sera pas facile pour toi, figlio, reprit doucement son père pour crever l’abcès. Rien ne me destinait à régner un jour sur le Soltaar, et je ne dois ma charge qu’à une succession de mauvaises circonstances ayant manqué de plonger notre terre dans la pire des situations. Toi non plus, Adriano, tu n’étais destiné à la charge que tu récupéreras lorsque Tyra m’appellera à rejoindre son Royaume. Tu n’auras pourtant d’autres choix que d’être le nouveau pater familias des Cortès, de maintenir la prospérité de tes terres et de veiller au bien-être de tes gens. De tous tes cousins, de ton frère et de ta sœur, ce sera à toi que reviendra la plus difficile des tâches, mais je t’en sais capable. Car ton cœur est bon, tout comme ta tête est pleine.    Il observa son père dont le regard ému le percutait avec une certaine tendresse. Il eut brusquement le sentiment de l’entendre professer ses ultimes paroles sur son lit de mort. L’émotion le prit à son tour lorsqu’il comprit enfin que ses songes n’étaient peut-être pas dénués de vérité.    – J’accepte ce que vous me dites, bien que vos mots me donnent le sentiment d’être les derniers à sortir de votre bouche, avoua-t-il. Êtes-vous en train de mourir, père ?    L’ancien regard insistant laissa place à un regard bien plus fuyant pour ne point risquer de laisser paraître son désarroi quant à sa dernière interrogation. L’absence directe de réponse ne fit que confirmer ses craintes. Voilà le pourquoi de cette brusque colère et de ces dernier mots testamentaires. Son père mourrait et il venait seulement de le remarquer.    – Telle est l’épreuve par laquelle tous les Hommes doivent passer un jour où l’autre, figlio. Ma pensée est claire, mais mon corps me trahit. Je crains aujourd’hui de ne pas vivre assez longtemps pour voir grandir mes petits-enfants. Je remercie pourtant les dieux de m’avoir laissé vivre suffisamment pour voir les hommes que vous êtes devenus, Rafaelo et toi ; ainsi que la femme qu’est devenue Alessia. Sache alors, mon fils, qu’il n’existe en ce monde rien de plus important que la famille et… l’honneur.    – Les Cortès n’ont jamais failli à leur honneur, déclara-t-il. C’est celui-là même qui vous a permis de reprendre le Soltaar en main. Celui-là aussi qui a donné à notre Oncle la protection du Royaume.    – Oui. Mais promets-moi Adriano, que tu continueras d’honorer et de respecter ton allégeance envers notre Roi devant qui tu iras t’agenouiller. Trop longtemps le Royaume est resté la cible de folles ambitions. Nous, Cortès, n’aspirons pas à ce genre de simagrées. Ta seule ambition sera de maintenir tes terres en état et non de chercher à te faire plus vorace que ne pourrait digérer ton estomac. Sinon, c’est en cela que tes ennemis te trouveront et réussiront à te démettre.    – N’ayez crainte, assura-t-il. Comme vous et comme mon oncle, je saurai rester à ma place et ne prendrai les armes que pour répondre à l’appel de mon Roi ou pour défendre nos terres.    – Alors Sybrondil t’attend, figlio, avec ta femme et tes enfants. Sois un mari aimant pour elle et un père présent pour eux. Sois un suzerain éclairé et non aveuglé par l’obscurité. Deviens un ami de notre Roi, sans jamais céder à la flagornerie ou au parjure.    – J’essaierai…    – Tu n’essaieras pas, tu le feras, ordonna-t-il avant de lui faire signe de partir. Pars rejoindre les tiens à présent. Les vivants t’appellent et ton épouse a besoin de toi.    Il aurait aimé dire a son père qu'il l'aimait et l'entendre dire aussi de sa bouche. Mais rien ne vint, sans doute a cause d'une timidité commune...    – Bon courage pour le concile à venir…    – Oh ça, sourit-il. Ce sera sans doute une simple formalité comparé aux assauts de nos chers vrais soltaris.    – Savez-vous qui deviendra le futur protecteur ?    – Si Néera est avec nous, elle choisira le plus juste de ses enfants.    Sur ces mots, Adriano adressa ses salutations avant de regagner l'Hôtel des Maldi.    – Figlio, l'interpella son père avant qu'il ne soit trop loin pour l'entendre. Nous vous avons toujours aimés avec ta mère, sache-le. Elle serait fière de voir quel homme est devenu son fils. Aussi fier que je le suis.
Victoria di Maldi
Ancien
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Dim 19 Jan 2020 - 20:19
Adossée contre le chambranle de la porte où jouaient paisiblement ses enfants, Victoria ne se lassait pas de les regarder. Arrivée silencieusement, personne n’avait remarqué sa présence. Il leurs fallut plusieurs minutes avant de se rendre compte que leur mère les regardaient avec tendresse, sourire aux lèvres. On lui avait appris que son époux était arrivé avec eux, un peu plus tôt tandis qu’elle se reposait, tentant de se remettre de son dernier voyage qu’elle n’aurait jamais dû effectuer.
Les enfants ne purent s’empêcher de crier « maman ! » puis de foncer droit sur elle avec pour seul but de lui arracher le plus de tendresse possible. Il fallait dire qu’ils ne la voyaient pas souvent, eux qui étaient élevés en Soltariel tandis qu’elle-même restait la plupart du temps en Sybrondil. S’il y avait bien une chose qu’elle regrettait, c’était cette distance qui la séparait de ses enfants. Mais avait-elle seulement le choix de faire autrement ?
Une heure passa tandis que la petite famille réunie n’avait cessé de passer un bon moment. L’aîné expliqua avec ses mots d’enfant comment il s’imaginait vaincre le dragon de Nelen tandis que la fillette s’amusait dans les cheveux de sa mère. Le plus petit, âgé d’à peine deux années, s’était finalement endormi dans les bras de Victoria.
Adriano était revenu depuis un certain temps, mais comme à son habitude, Victoria l’avait expressément tenu à l’écart. Passer ce genre de moments avec ses enfants étaient rares, elle voulait en profiter au maximum, et plutôt égoïstement.
- C’est l’heure d’aller vous coucher maintenant. Dit-elle sur un ton calme. Georgetta va vous mettre au lit.
La gouvernante s’attela à obéir à l’ordre de Victoria qui n’hésita pas à prendre plusieurs secondes par enfant pour couvrir leurs visages de tendre baisers avant de quitter la pièce, laissant le soin à Georgetta de les coucher.
Arrivée au Rez-de-chaussée, elle trouva son époux dans le salon face à un feu de cheminée bien nourrit. Son regard se posa sur lui et pendant un bref instant, elle hésita. C’est en se tournant sur elle-même, ayant engagée sa fuite qu’elle croisa son propre reflet dans un des miroirs du couloir, croisant son propre regard, mais également un fait qu’elle ne pouvait désormais plus nier : son état s’était empiré. Son teint doré était devenu grisonnant voire même blafard… Morne, triste, lugubre qui n’annonçait rien d’autre qu’une fin funeste.
- Nous devons parler. Dit-elle alors brusquement en faisant demi-tour pour se rendre dans le salon. Les médecins disent que je vais bien mais je ne suis pas dupe et encore moins idiote. S’installant dans le fauteuil aux côtés de son époux, à une distance anormalement proche. Je vous ai tenu à l’écart de la politique Sybronde bien trop longtemps. C’est une erreur… Une des nombreuses erreurs que j’ai commises avec vous et je tends à toutes les réparer. Son regard croisa le sien, un bref instant, juste assez pour lui faire comprendre qu’elle était sérieuse et que son état se devait d’être alarmant pour tous, lui y compris. Il est temps que je vous dise tout, Adriano. Vraiment tout. Car ce sera à vous qu'incombera la tâche de garantir ce qui revient de droit à notre fils... Lorsque je ne serai plus là.
Francesco di Castigliani
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Jeu 23 Jan 2020 - 21:05
Le chemin du retour jusqu'aux pénates de son épouse lui avait semblé bien plus long qu'à l'aller. Le trouble avait gagné ses pensées au point que le doute s'était immiscé et semblait ne plus vouloir le quitter. Comment aurait-il pu en être autrement après ce qu'il avait entendu de la bouche de celui à qui il devait tout et qu'il devait ce jourd'hui voir s'éteindre ? Car c'était de cela qu'il s'agissait ; son père agonisait à la vue et au su de tous sans que quiconque n'ait semblé s'en émouvoir ou sans soucier. Comment ne pas le décevoir ? Lui qui avait été jusqu'à manquer de sacrifier sa famille et son nom pour sauver l'honneur d'un pays tout entier. Il ne savait, malgré sa trentaine passée et ses expériences, s'il pourrait réellement porter cette charge qui s'amoncelait à chacun de ses pas.    Les hommes de la Guardia le ramenèrent à bon port. Il sut dès son arrivée que ses enfants s'en étaient allés retrouver leur mère réveillée et préféra prendre place dans l'agréable salon duquel voyait-on à travers les fenêtres à meneaux d'innombrables lumières en provenance de la basse-ville. D'ici, la vue était aussi spectaculaire qu'en plein jour et l'on ne pouvait que regretter une température plus clémente qui aurait sans-nul doute permis de profiter d'une terrasse s'étalant sur toute la longueur de l'Hôtel. Au lieu de ça, Adriano put néanmoins profiter des flammes crépitant au dessus des bûches mises à la hâte par les servants de la maisonnée. Le marin n'avait eu alors qu'à se mettre confortablement dans l'un des fauteuils rembourré de plumes d'oies. La fatigue cumulée des derniers jours manqua presque de lui faire entamer sa nuitée, mais une ombre arrivant à ses côtés lui fit recouvrer un tant soit peu d'hardeur.    Ce n'est que lorsqu'il comprit qu'icelle appartenait à son épouse que son corps se raidit brusquement pour paraître le moins harassé du monde. Ses yeux se portèrent sur elle quelques instants, cherchant à trouver un quelconque réconfort qui ne vint pourtant point. Il n'eut plus qu'à trouver celui-ci dans les flammes offrant aux murs de la pièce une véritable danse macabre d'ombres virevoltantes. Fut-ce consciemment qu'un silence pesant s'installa ou par habitude, elle chercha après quelque silence à briser une glace vieille de plusieurs années; et engagea une conversation trop souventefois repoussée. Cela prit aussitôt les formes d'une nouvelle confession testamentaire qui ne fit qu'alimenter un peu plus ses pensées embuées. Cela sonna aussi comme un amer aveu de faiblesse et rejoignit étonnamment les dires de son géniteur quelques heures plus tôt. Les derniers mots – Lorsque je ne serai plus là – finirent de l'assommer avec la force de mille taureaux.    – Je vous écouterai, Victoria, prononça-t-il en échangeant un rare regard. Mais ne prononcez plus jamais ces derniers mots, je vous prie.    Il espéra au fond de lui qu'il n'aurait point besoin de s'en expliquer, priant secrètement pour que son épouse se souvienne des circonstances traumatisantes de la mort de sa première femme.
Victoria di Maldi
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Lun 27 Jan 2020 - 21:50
Néera… par pitié... Pensa-t-elle après avoir entendu les quelques mots que venait de lui prononcer son mari. Sa réaction première, sous une impulsion qu’elle arriva à maîtriser à temps, était de le prendre par les épaules et de le secouer comme on secoue un jeune arbre. La colère… menée de front avec la peur lui fit monter d’horribles pensées. S’il en était à être aussi sentimentale avec elle… elle ! Alors c’est que s’en était fini de Sybrondil. Si la perte de son épouse qu’il n’aimait pourtant pas le faisait autant peur, alors elle n’osa même pas imaginer ce qu’il en viendrait de ses enfants tandis qu’il la pleurerait pour rien. Elle le crut faible, aux épaules trop frêles pour supporter tout le poids qu’elle s’apprêtait à mettre dessus. Il fallait qu’il comprenne qu’elle n’était rien, absolument rien d’autre qu’une épouse remplaçable. La jeunesse le gratifiait encore et lui seyait plutôt bien. Rien ne l’empêcherait de reprendre femme après son trépas et de continuer d’enfanter moult bambins qui seront plus qu’utiles à la familia des Cortès.
Pourtant, cette colère se brisa lentement pour laisser place à des yeux embrumés. Sa première réaction aurait pu être comparée aux vents violents d’un ouragan, mais une fois qu’elle avait réalisé la véritable portée de ces mots, elle se senti comme étant dans l’œil de celui-ci, à l’abri de tout. Rien ne semblait plus pouvoir l’atteindre tant que lui était là, à ses côtés. Son regard se posa sur l’une de ses mains d’homme et en l’espace d’un instant, son seul désir était de la lui prendre, laissant ses doigts s’entrelacer avec les siennes. Sentant soudainement le sang lui monter au nez, Victoria ne put s’empêcher de tourner la tête et de se reprendre, refermant instantanément la brèche qui s’était, par miracle, à l’aide de quelques mots seulement, un tant soit peu ouverte.
- Je pense qu’après toutes ces années, même si l’on ne se côtoyait pas tant, vous avez fini par me connaître. Vous savez donc que je n’abandonne jamais… Cela ne sera pas différent cette fois-ci. Néanmoins… Nous nous devons de rester réalistes et nous nous devons d’imaginer le pire. C’est ainsi que l’on prépare le meilleur.
Froide, franche et direct, comme à son habitude, Victoria reprit possession d’elle-même avant de continuer l’échanger.
- Commençons par ce qu’il y a de plus urgent, voulez-vous ? Il y a actuellement une gronde en Sybrondil que je tente d’étouffer. Certains de nos vassaux nous reprochent… - ME reprochent en réalité - beaucoup de mes décisions. C’est ce pourquoi je suis montée à Diantra pour venir à l’encontre de votre oncle. Ils remettent en cause les accords commerciaux établis et notamment ceux avec Oësgard et Maralina Irohivrah, mais également notre adhésion à l’EGIDE. Ils se sont même permis de critiquer notre union, scandant qu’ils ne voulaient point d’un Soltari sur le trône. Victoria soupira puis reprit. Mais je suppose que vous êtes déjà au courant de tout cela ? L’on m’a dit que vous étiez parti à l’encontre de votre père. Vous a-t-il parlé de tout cela ?
Francesco di Castigliani
Humain
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo] Sam 1 Fév 2020 - 14:59
Être mis à l'écart des décisions sybrondes l'avait sans-doute rendu ignorant sur bien des choses se tramant actuellement dans les pénates de son épouse. Si le monde de la mer était le sien, tout comme celui des Cortès dans leur ensemble, celui des cours fastueuses et des faux-semblants ne lui étaient pas non plus totalement inconnus. Il était ainsi bien présomptueux, pour sûr, de se l'imaginer aussi naïf qu'un nouveau-né. Pour cela, que répondre à sa femme qui l'interrogeait sur ses connaissances, tout en annonçant de la manière la plus assurée qui soit les maux survenus dans leur pays ? Sa condition physique ne semblait point avoir eu de totale emprise sur sa fierté et la solidité de sa carapace.    – Je ne suis point allé à l'encontre de mon père, assura-t-il doucement, s'imaginant assurément que son épouse n'avait guère voulu dire ça. Il m'a effectivement mis au courant des dernières nouvelles, me demandant par ailleurs d'assurer le rôle que notre union m'a donné pour aider au rétablissement du Comté.    Il s'y était pris de manière diplomatique pour ne pas avouer à son épouse qu'on lui avait mandé de réparer les erreurs commises. C'eut été de toute évidence la pire des manières de parler à celle qui était censée partager sa vie.    – Je ne vous tiendrai nuls reproches pour avoir mis vos... nos genses en colère. Il est dans nos mœurs d'ouvrir nos bras et de placer nos investissements hors de nos frontières, même si ces derniers peuvent s'avérer périlleux et soulever l'opprobre. Quand cela se produit, les étouffer et les ignorer ne servent à rien. La meilleure façon de les affronter et de les faire taire est au contraire de les écouter et de montrer qu'un seigneur est capable de revenir sur ses engagements lorsqu'il a commis une erreur. C'est là ce que l'on appelle l'humilité ; ce que tous dirigeants devraient posséder.    Il refit le point sur les problèmes énoncés plus tôt par son épouse, Oesgard, l'Egide et une autre, Maralina Irohivra ? Ce nom ne lui disait absolument rien, mais ne sonnait aucunement comme ceux dont il avait l'habitude d'entendre par chez eux.    – Qui est cette Maralina ? S'enquit-il. Qui d'autres devons-nous cesser de voir pour le bien de Sybrondil ?
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Sujet: Re: Aux Mille-Soleils brille une étoile [solo]