Petite remise en forme (solo)

Barkios,
4e jour de la 2e ennéade,
an 17, cycle XI. Automne
dans les cachots du palais de Maralina, heure inconnue

Cela fait rois jours, trois longues journées qu'il est coincé ici. Cette sale garce de Maralina Irovriha, elle va le lui payer. Ses amis de Sybrondil, ils vont la défoncer.

C'est ce que le marchand de marbre se dit et se redit, mais sans parvenir à y croire tout à fait. Il aime croire qu'il lui est essentiel, les profits qu'il lui rapporte sont substantiels elle ne peut pas se débarrasser de lui comme ça. Il est ici pour un simple avertissement. Bon c'est vrai qu'il s'est vanté qu'il se l'est tapée par totu les orifices, mais quand même, c'est la reine des putains en plus, elle ne lui tiendrait pas rigueur pour ce petit mensonge de rien du totu qui lui fait mousser quelques ventes non?...

….

Si?

Bon, le fait est que le marchand a froid et faim, enchaîné aux poignets rembourrés(pour ne pas laisser de traces suppose t'il)  au milieu d'une geôle propre mais nue. Il n'y a que les deux gardes qui le transfèrent d'une cellule à l'autre, afin que quelqu'un fasse le ménage présume t'il, parce que c'est toujours propre et ce, même si depuis le temps qu'il a passé enfermé, Rutso s'est proprement chié dessus… D'ailleurs l'odeur de ses braies le feraient pleurer s'il avait encore quelques larmes en stock. Pour le moment, par contre, il a encore une lueur d'espoir, personne ne l'a violenté.

Aujourd'hui cependant, n'est pas un jour comme les autres… Il va recevoir de la visite semblerait t'il. Des pas s'approchent, une lourde barre se lève apres que le bruit d'une clé se soit faite entendre, menacante.

Barkios,
9e jour de la 2e ennéade,
an 17, cycle XI. Automne
dans les cachots du palais de Maralina, heure inconnue

Il a appris à avoir peur, à redouter chaque moment d'éveil. chaque seconde qui s'égraine dans la geôle, rythmée par le passage des gardes… Ils le gardent enchainé, le nourrissent. PLus personne ne le lave, le ne touche autre que l'homme…

L'Homme…

Celui aux yeux dépareillés et à la voix aussi expressive que la porte qu'il fixe, qu'il regarde en frémissant, à l'affût de potentiels bruits… Souhaitant comme redoutant cette présence… Il ne fait que le cuisiner sur des questions sans importances… Qu'est ce que Maralina peut avoir à en foutre de savoir s'il aime le thon à la place du steak? .

Le problème c'est qu'il ne sait pas trop ce qui se passe… Après la première séance de questions nulle.  Méthodiquement, son geôlier lui enlève ses bandages et le baigne lui-même, lui disant des trucs qu'il ne comprend pas trop, d'un ton monocorde… Il reconnait que c'est en Eldéen… Mais c'est tout.

Le problème c'est qu'après la baignade, vient la douleur… L'acier dans sa chair, encore et encore, sur fond de litanie floue… Il ne pose plus de question. Dusko ne comprends pas le but de la manœuvre… Mais il voit son tortionnaire, il voit la figure et les yeux dépareillés luirent sous le feu des braseros.

Le pire? C'est ce sourire… Ce simple sourire heureux, large et franc. Quand il a finit son ouvrage lèche t'il langoureusement les coulisses de sang du marchand qui est en train de maigrir à vue d'œil. Ensuite lui applique t'il une pommade qui cause une douleur atroce, avant d'enrubanner consciensieusement sa victime dans de longues bandelettes de coton propre avant de ressortir, chantonnant une ballade inquiétante…

Marqué marqué… tu finira boulotté….

date indéfinie...

Le temps,

Cette chose qui s'étire et s'allonge, marquée seulement par le passage des rats, de mes geôliers et de mon bourreau... Ca fait combien de temps que je suis ici?  Je l'ignore désormais... Est ce que ca vraiment du sens en fait?
Il y a longtemps que je ne m'interroge plus sur la raison de ma présence en ce lieu sordide. Il n'y a que cet oeil vert qui me regarde et qui me pose toujours des questions idiotes... Sur qui je suis sur ce que j'aime.

Comme s'il pouvait y trouver une indication mystérieuse.  Peut-être veut il savoir en quoi j'ai floué Maralina? Comme si je pouvais l'avoir arnaquée. Il y a trop de récits plus horribles les uns que les autres sur ce qui arrive à ceux qui se font prendre.  Je ne peux me prétendre plus important que je le suis, peut être le suis je, parce qu'on me gave... Toujours le même garde qui vient me donner à manger et qui me force à le manger quand j'ai décidé d'arrêter de vouloir vivre, voilà un jour ou deux... ou dix?

Est ce si important? Ca fait si longtemps que je ne me suis pas vu dans le miroir... Probablement que je ne me reconnaitrais pas. Dans un grincement sinistre de chaîne. Je me redresse, pour pouvoir regarder dehors... On m'a dit que si je faisais de l'exercice, pour garder la forme, on me récompenserait.

Qu'avais je à perdre? On a tenu parole... Mon confort s'est nettement amélioré, mes blessures se cicatrisent lentement, elles sont pansées deux fois par jour. Sous ma barbe qui gratte horriblement, je sens un truc bouger mais je ne réagit pas. Mon attention est plutôt posée sur la porte. Des pas viennent, quelques paroles sont échangées l'autre côté. Mais c'est mon bourreau qui entre.

Un frisson de terreur me remonte le long de l'échine. Par réflexe, je me terre dans le fin fond de la cellule, entre la paillasse et le seau à merde. L'idée de la lui  balancer dessus m'effleure, mais j'ai déjà testé et ca ma coûté cher, mon visage et mon corp en portent encore les trace douloureuse et j'ai .été immobilisé longtemps après ça, sur cet affreux crochet à viande.

C'est la seule fois où je l'ai vu réellement en furie. Je n'ai jamais rien retenté contre lui après, et mon
confort est revenu. De toute façon, où irais-je?

La voix grave se fait de nouveau entendre, calme et posée... Il m'installe et me rase lentement, évaluant quelque chose sur mon visage. il remonte plus haut que d'habitude, rasant une tempe, puis l,autre... Avec fermeté, il me lave ensuite les cheveux et les tressent proprement.

Avec toujours les différentes questions qu'on me pose. Avec celle là qu'on me donne à intervalle régulier et à laquelle je déguste si je ne répond pas correctement.

Tu es qui toi?

Je suis qui moi? J'ai essayé pourtant différente réponse, mais il n'y a que la vérité assenée à grand renforts de douleur qui me vient spontanément aux lèvres.

Dante Corvac...

Un grand sourire plein de dents blanches me répond, il est content. Sincèrement heureux, je lui en rend un semblable en retour.

On y arrive... Continue à écouter et t'entrainer et je te laisserai sortir.

En la 17ème année du 11ème cycle,
La 8ème ennéade de Barkios,
Le 3ème jour…
lieu inconnu
pendant les semailles de sang

Même d'ici, dans mon cagibis, il y a quelque chose dans l'air. Somnolant tranquillement, de ce semi sommeil sans repos qui m'est octroyé depuis el début de ce cauchemar, je suis réveillé par une atmosphère étrange. D'ici, de ma prison, j'entend quelque bruit qui n'a aucun droit. Au travers d'une ancienne fenêtre de sous sol solidement murée, j'entend des bruits… Des cris qui me parviennent comme des murmures. Quelques éclats de métal crissant l'un sur l'autre. C'est bref… Mais encore. Ca pourrait passer, ca doit passer… Du corridor, par contre, c'est une autre histoire. Il y a un bruit de bois brisé, et des pas précipités passant devant ma porte et montant les escaliers de bois. Mes geôliers s'éloignent… Peut-être serais ce ma chance d'enfin m'en aller? D'ailleurs, la porte n'est pas verrouillée en ce moment. Je tends la main et pousse le battant… Je reste là, devant, le coeur cognant sourdement dans ma poitrine.

Mais… Pour aller où? Et pas tout seul non? Je ne suis bon à rien tout seul.

L'indécision se fraie un chemin dans ma tête. Je suis bien traité finalement ici. J'ai à bouffer, bon, je ne dors pas beaucoup, mais est ce vraiment nécessaire le sommeil? Je sors, à l'occasion et quand je ne fais pas le mariole, j'ai même droit à un bon bain chaud… Je connais les lieux, il me semble les connaitre, mais je ne me rappelle pas. Il y a des draps sur les miroirs, les tableaux et les meubles et de ce que je vois, c'est les cuisines et une partie de la salle à manger quand je passe devant. Je prends un peu l'air dehors, je fais de l'exercice selon les instructions et après je redescend. Mais jamais je ne suis seul.

Non, ce n'est pas si mal tout compte fait. Qui irais je voir de toute façon?  Indécis, je reste là, à contempler le corridor vide. J'entends mes … geôliers… non ce n'est pas exact… Mes amis qui jurent là haut tout en semblant clouer quelque chose… Une réflexion incongrue me fait penser qu'une de mes belles fenêtres doit avoir été fracassée… Mais non, ce n'est pas à moi cette maison!

Avec toute la bonne volonté du monde, je me met en mouvement pour aller les aider. Ils ne sont pas de mauvais bougres. C'est de ma faute quand ils me punissent après tout. Ils ne font que leur travail, pour le Maître…