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 Les Semailles de Sang

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Salfaryl le Sombre
Milynéa Lythandas
Ascanio Vossula
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Ascanio Vossula
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MessageSujet: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeSam 25 Jan 2020 - 17:11


En la 17ème année du 11ème cycle,
La 8ème ennéade de Barkios,
Le 3ème jour...


La rumeur des tambours, mêlée au murmure rauque des combattants, résonnait dans toute l'enceinte pour mourir dans les tribunes. Las, pas plus que les vibrations des gradins, le martèlement des glaives et des boucliers ne parvenait à tirer de sa torpeur un public de plus en plus clairsemé. La fin de l'automne était pourtant propice au spectacle : les gladiateurs s'étaient succédés tout au long du jour sous un soleil clément, loin de la touffeur des jours d'été qui irradiait le sable de l'arène. Force était de constater, toutefois, que les combattants mettaient bien peu de coeur dans leurs passes d'armes ; c'était comme s'ils craignaient de se blesser. Cette retenue ne plaisait pas à la foule, qui ne se gênait pas pour haranguer les combattants, raillant leur couardise, réclamant de vrais hommes.

Du haut de la loge d'honneur, Ascanio Vossula semblait partager le même ennui. Au vrai, il avait la tête ailleurs, et son regard préoccupé se figeait dans le lointain plutôt que sur le sable de l'arène. Ces jeux, il les avait pourtant commandés en personne ; deux jours plus tôt, il avait fait entrer en ville quantité de gladiateurs afin de célébrer avec le bon peuple de Thaar la Célébration de la Sainte Callypige, une fête religieuse issue du culte triphallique naissant. Une initiative guère promise à un grand succès, malheureusement. Si la curiosité avait poussé quantité de petites gens dans les gradins, le gratin thaari avait visiblement boudé l'événement. Ce n'était, pour être exact, point la faute de Triphallicus : le gratin, ces temps-ci, avait déserté la cité solaire. Certains s'étaient rendus en péninsule, tels Maralina Irohivrah ou Mylinéa Lythandas, pour des raisons qui leur étaient propres ; d'autres avaient pris le chemin du Puy d'Elda afin d'assister aux noces de Krish Al'Serat. Oui, les Princes Marchands se faisaient rares. Trop rares. Le départ des uns et des autres n'était que temporaire, et pourtant ! Quand les voix de ses confrères et consoeurs ne résonnaient plus dans le Joyau, Ascanio trouvait à Thaar l'allure d'une catin délaissée, qu'on laissait dépérir dans le dénuement et le désespoir.

Tout ça pour toi, Krish Al'Serat. Que d'efforts, que de mots, pour une seule femme. Il aurait dû la haïr pour cela ; au vrai, il ressentait plutôt pour la reine puysarde un mélange d'admiration, de jalousie, et de désir. De peur, aussi - cela expliquait en partie qu'il n'ait jamais tenté de la séduire. Même son père Tiberio, qui avait rêvé de la dompter ou de l'abattre, n'en avait jamais eu le cran. Mais moi, je ne suis pas mon père.

« C'est fini, Seigneur Prince », déclara Ultuant alors que prenait fin le dernier assaut.

Ascanio s'extirpa d'un rêve éveillé, essuyant d'un revers de manche le filet de bave qui lui coulait d'un coin de la bouche. Il eut volontiers poursuivi son agréable rêverie plutôt que de se lever de son siège, sachant la longue nuit qui l'attendait. Pour un peu, il regrettait presque de ne pas s'être rendu au Puy ; il restait toutefois fort improbable que Krish Al'Serat l'y accueille dans son lit, contrairement au rêve qu'il venait de faire.

Les spectateurs quittaient lentement l'arène, quoique les gradins s'étaient déjà bien vidés au fil de la journée. L'air toujours un peu absent, Ascanio observait les derniers gladiateurs plier bagage. Il éprouvait une sensation inhabituelle, qui lui tenaillait les entrailles et lui causait des frissons dans le dos ; il pouvait sentir le sang lui battre aux tempes. Il n'était pas dans ses habitudes de s'inquiéter des conséquences de ses actes, mais ce jour était différent de tous les autres, et il le savait.

« J'ai rêvé de mon père, cette nuit, dit-il en marchant aux côtés d'Ultuant, sous l'escorte de ses spadassins. C'était bizarre.
- Votre père n'était pas un sentimental, Seigneur Prince ; mais je suis certain qu'il approuverait ce que vous faites aujourd'hui, et qu'il en serait même fier.
- Je ne sais pas. Dans mon rêve, on pique-niquait près d'un lac, et d'un coup j'ai réalisé qu'il avait une paire de nageoires et les pieds palmés. Il s'est mis à poursuivre un crabe et il s'est noyé. Tu penses que c'était un présage ?
- Si c'est le cas, il ne peut qu'annoncer le succès de toutes vos entreprises »
, assura Ultuant avec une sérénité qui forçait le respect.


*  *  *


La nuit était tombée sur Thaar, noire, noire comme les bas-fonds de l'anatomie d'un rejeton du Puy. Le ciel était couvert, sans étoiles, et à peine y distinguait-on une lune timide. Dans ce crépuscule de jais, les torches qui illuminaient la cour du Palais Vossula n'en brillaient que de plus belle.

Et qu'elles étaient nombreuses, ces torches ! La lueur chaude des flammes projetait ses reflets chamarrés sur une horde de visages inquiétants. Ascanio se tenait là, tout corseté de fer, l'épée au poing ; ce soir, il troquait les tuniques bigarrées pour les oripeaux du seigneur de la guerre.

« Héros de Thaar, voici venue l'heure de faire justice ! Voici l'heure d'en finir avec notre apathie et de rompre le joug de notre Némésis ! Fort de l'inertie des traîtres, le Puy a révélé à Sol'Dorn son vrai visage, et à présent, il lorgne Thaar en affûtant et polissant sa lance, tout près qu'il est de nous la carrer dans l'oignon ! Je vous fais le serment, mes frères, que cette lance qu'elle nous destine n'atteindra jamais nos vaillants rectums ! Nous allons montrer à la reine Putain que Thaar n'est point sa vassale. Nous allons lui montrer que nous sommes les plus forts ! La liberté ou la mort !
- La liberté ou la mort !
rugirent les simples d'esprit qui composaient la coterie du Prince.
- Et maintenant, allons leur défoncer le derrière ! Au Palais d'Argent ! Aouh ! Aouh !
- Aouh ! Aouh ! »
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Milynéa Lythandas
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeSam 25 Jan 2020 - 17:19


Depuis des années déjà, depuis que les eldéens s’étaient révélés de nouveau, la Dame Blanche avait commencé à renforcer progressivement ses forces, recrutant et rassemblant plus d’hommes d’armes au sein du Palais des Lythandas. Au cours des dernières ennéades, et particulièrement des derniers jours, petit à petit, et un peu plus après le départ des derniers conviés désireux de se rendre au Puy d’Elda pour le mariage, le palais s’était finalement vidé pour éparpiller les hommes, les dissimulant dans des entrepôts à proximité des quais, dans des boutiques ou des maisons non loin des principales portes.
Ryltar, l’Ombre à ses côtés, demeurait au Palais avec une partie des forces, parées d’acier pour la nuit qui s’annonçait. Il lui incombait, à lui, de prendre et de tenir le Joyau.

Alors que la nuit était bien entamée et que la cité s’était  assoupie ou plongée dans l’ivresse, aux quatre coins de la cité se déversèrent les hommes de la Dame Blanche, Les cibles étaient définies mais l’ordre ne fut transmis que le soir même pour éviter une fuite malheureuse. On allait, en bon ordre et avec entrain, le cliquetis métalliques des armures et le martèlement régulier et rapide des bottes des hommes lancés dans une course modérée, précédant les ombres projetées par la flamme tremblotante des torches que surprirent quelques gaillards ou demoiselles, trop éméchés ou inquiets pour émettre le moindre son,  après des jours coincés qui dans une cave, qui dans un grenier, vers les portes, avec la complicité des hommes du Guet acquis à l’un ou l’autre des Jardiniers pour certaines.
Il en fut de même, en plus grand nombre, pour prendre position sur les quais du coeur véritable de la cité. On sort des entrepôts, on prend position tandis que des navires appareillent en silence pour servir de second filet au cas où le premier échouerait à retenir à terre quelques fuyards. Là également, des marins dans un état second découvrent une effervescence et une agitation qui contraste violemment avec la quiétude éthylique de Thaar, et sont conviés à aller cuver ailleurs.
Plus discret, on prend également le contrôle des pigeonniers publics pour éviter l’emploie des messagers volants.

Au quatre coins de la ville, on allait, en bon ordre et avec entrain, pour offrir à la cité la pleine intimité dont elle avait besoin pour cette fameuse nuit de liesse ! Et partout où l’on se rend, la chose est dite par des hommes du Guet complice à leurs confrères de garde, pour ajouter de la confusion mais également de l’authenticité et minimiser les échauffourées. Mais partout où l’on sait pouvoir trouver de la résistance, on est prêt, déjà, à verser le sang de ceux qui s’interposeraient.

“Par ordre du Conseil, les portes doivent demeurer closes, nul n’entre ni ne sort jusqu’à nouvel ordre !” scande t-on avec autorité aux gardes en faction aux portes.

“Par ordre du Conseil, le port est fermé. Aucun départ jusqu’à nouvel ordre !” ordonne t-on aux patrouilles qu’on trouve sur les quais.

Et tandis que tout ce beau monde se met en branle, tandis que ça s’agite ailleurs, non loin, dans les Soieries, au Palais d’Argent, le Palais des Lythandas se vide presque complètement pour ne laisser derrière que le strict minimum, l’Ombre et Ryltar à la tête de cette nouvelle bande qui prend rapidement le chemin du Joyau pour compléter le dispositif.
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Salfaryl le Sombre
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeSam 25 Jan 2020 - 18:08

La Dernière Cave
Mille-Caves, Cité de Thaar, Ithri'Vaan



Dans les boyaux du monde, le Maître des Caves lisait.

Ses mires fatiguées suivaient sans discontinuer la suite de lettres calligraphiées avec soin qui s'étiolait sur le vélin. Éclairé par l'unique flammèche d'une suiffeuse sur le déclin, la pièce embaumé fortement, un savant mélange d'essences d'encens et d'herbe à fumée fusionnant en une fragrance puissante, suffocante. Un profane y aurait  sans point douter perdu le souffle, mais les baudruches du Sang-d'Argent en avaient vu d'autres et son souffle sifflant, unique bruissement venant dérangé le silence de l’instant, trahissait son habitude à l'enfumage répété.

... moi-même allons célébrer notre mariage dans le Haut-Temple de la Cité d'Elda le dernier jour de la 8e ennéade de Barkios et vous y êtes bien entendu conviés...

L'armée de ridules et crevasses lui parcourant la trogne se figèrent dévoilant un profond masque de haine et de colère. Avait t'elle vraiment osé ? Bien sur. Pour sûr qu'elle avait même du s'en goser à pleines quenottes, s'en aller hurler à pleins cris dans les boudoirs sombres de son trous volcanique,  s'en frotter le nénuphar jusqu'à l'obtention  plaisant plaisir pervers propre à ceux de sa race. L'avait t'elle penser assez fou ? Bien sur que non. La noiraude était finaude et surement savait t'elle que jamais il n'aurait prit les chemins tortueux menant au Volcan.
D'un geste lent, il approcha la missive de la flamme et la scruta avec attention se consummer jusqu'à qu'elle lui en brûle le bout des doigts.

« C'était la ta dernière insulte, Maîtresses des Soufflets, murmura t'il d'un plaisir vibrant dans la voix. Dans les ombres, s'agita alors celui qui était la sienne. Il est temps Jhaartok. Va, va et répand le sang. »

Un bruissement de tissu plus tard et Salfaryl se retrouva seul avec lui même. Saisissant le tuyaux d'un de ses hook toujours fumant, il ferma les yeux et se calla dans son confortable fauteuil.
Au dehors, la nocturne labour se préparait.




***

Sur les toits

Les Semailles de Sang T8jo



Les huit s’étaient déjà réunis aux heures sombres et opaques appartenant aux ténèbres.
Formant un cercle parfait, ils se tenaient immobiles  perchés sur une masure à toit plat caractéristique des quartiers communs de Thaar.
Arriva alors le neuvième et dernier membres, maître après le maître et chef de leur ordre.
Vêtu de la souquenille noirâtre semblable à celle de ses confrères, il arborait le masque de Mogarium, unique signe distinctif à son rang. Sans un souffle et sans plus de palabres, le cercle s'ouvrit pour le laisser s'introduire à leurs côtes.

« Mes frères, nous y voila enfin. En cette nuit, nous concrétisons nos ennéades de travail acharnés. En cette nuit, nous mettons fins aux aspirations perfides de la Faussegeronne. En cette nuit, nous libérons Thaar de l'oppression avide de ses mignons. En cette nuit, nous accomplissons la volonté du Maître.»
Ensembles, ils se frappèrent la poitrine d'un poing ganté.
« Nos actions serons accomplis comme prévu, simultanément. Que chacun rejoignent les siens et veillent sur ses différentes cibles. Nos filatures des dernières semaines devraient nous prévenir de quelconques surprises, mais restez sur vos gardes, nous n'avons pas le droit à l'erreur. Il en va de notre réputation, il en va de la réputation de la Loge d'Onyx.»
Point de réponses, mais l'instant n'en nécessitait point.« Le sang avant la pierre.»

Sur cette formule rituel  ils se séparèrent, empruntant tous différents chemins, prêt à rejoindre ceux qui ne se doutaient pas encore du sort qui seraient le leurs.
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Haldren
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 10:15


La nuit était tombée sur la taverne délicatement nommée "Les Larmes de Kerhel", sise à proximité des docks de Thaar. Les habitués savaient que les Larmes s'appelaient jusqu'à récemment "l'Aile Blanche", et que le renommage semblait avoir été concomitant avec l'arrivée d'un mystérieux visiteur qui logeait au dernier étage du bâtiment. Mais à Thaar où la curiosité tue le chat après l'avoir envoyé au fond de la rade cousu dans un sac lesté de pierres, mieux valait éviter de trop creuser de tels sujets. A la fois auberge, bordel et recel de contrebande vers ou à destination de la Péninsule, les Larmes de Kerhel se trouvaient gérées par un vieux brigand du cru dont nul ne se souvenait du nom exact. Buriné et usé par une vie dans le monde de l'ombre d'Ithri'Vaan, le gaillard répondait au surnom de Trois-Doigts, dont l'origine devenait évidente pour toute personne regardant sa paluche à laquelle une malformation de naissance faisait manquer deux cornichons.

Tranquillement affalé à une table de la mezzanine d'où il pouvait discrètement surveiller la clientèle de buveurs ou de clients des catins, Trois-Doigts comptait les gains de la journée et réfléchissait à ceux qui viendraient durant la nuit. Avec les célébrations organisées pour la fête de Sainte Callypige, bien des fêtards seraient tentés par de bons vins ou des peaux soyeuses, ce qui annonçait une récolte fructueuse. Assez étonnamment d'ailleurs la taverne ne se trouvait pas aussi remplie que Trois-Doigts s'y serait attendu. Les thaaris perdraient-ils leur goût pour les cuites et la baise ? Alors qu'il méditait sombrement sur la décadence des temps où le braquemart et le gosier ne se trouvaient plus suffisamment honorés par la plèbe, le patron de la taverne fut discrètement abordé par un de ses vas-y-dire, un marmouset qu'il utilisait souvent comme coursier à travers le dédale labyrinthique des ruelles de Thaar.


Il se passe un truc, des gusses en armes bloquent le port. Et parait que les portes de la ville le sont aussi.

Le regard pénétrant du vieux brigand fixa le gamin qui ne devait même pas aligner une dizaine d'année au compteur mais qui en termes de désillusions sur la race humaine devait déjà avoisiner les deux siècles.

Quoi d'autre ?
Ça remue au palais des Lythandas et des Vossula. J'en sais pas plus.

Une moue boudeuse apparut sur le visage poupin face à l'absence de réaction du vétéran. Mais cela aurait été une erreur que de croire à de l'indifférence car les nouvelles se révélaient au contraire des plus remarquables. Sans guère connaître ni s'intéresser aux subtilités de la haute politique, Trois-Doigts savaient que le conseil des Prince-Marchands comptait en son sein des individus aussi corrompus et impitoyables que la Cour des Miracles. Bloquer le port ? Bloquer les portes ? Si cela s'avérait exact, alors il se passait effectivement quelque chose de peu ordinaire qui nécessitait de "Le" prévenir.

Tiens, et gardes tout ça à l’œil.

Après avoir jeté une pièce en récompense au petit vas-y-dire, Trois-Doigts rangea le reste dans sa bourse et quitta son siège pour s'engouffrer pesamment dans un étroit escalier en colimaçon qui grimpait vers les hauteurs de l'auberge sans s'arrêter dans les étages intermédiaires où le bruit du travail actif des prostituées se faisait entendre malgré l'épaisseur des cloisons de la vieille bâtisse. Arrivé devant une porte toute simple, Trois-Doigt y toqua trois fois puis deux et attendit.

Doer wun.

Mieux valait éviter d'ouvrir la porte si toute autre phrase que celle-là se trouvait prononcée. Entrant dans un vaste salon richement meublé qui quelques ennéades auparavant lui servait encore de logement, le vieil humain fit face au regard rougeoyant de son ancien (et nouveau) maître. Faisant partie des rares initiés connaissant une partie des secrets du drow qui vivait là, Trois-Doigts savait marcher sur des œufs à chaque fois qu'il venait. Des réactions aussi brutales qu'inattendues pouvaient suivre une phrase en apparence totalement anodine, réactions parfois négatives ou parfois positives, aussi mieux valait s'en tenir aux faits bruts sans chercher à les enrober de commentaires inutiles.

Il y a du mauvais en ville. La source est pas cent pour cent fiable, mais le port et les portes seraient bloquées, et ça remuerait dans les palais des Princes Marchands.

Silence. Intérieurement Trois-Doigts se dit que le marmouset avait dû un peu plus tôt ressentir la même gène que lui, mais il chassa assez vite cette pensée qui pourrait irriter son interlocuteur s'il se sentait même métaphoriquement comparé à un humain. Pour autant les nouvelles s'avéraient suffisamment intéressantes pour justifier une réaction, tant il s'avérait hors du commun de clore totalement une ville aussi importante et aussi dépendante du commerce que Thaar. Seule une décision de la plus haute gravité dans les sphères dirigeantes permettait d'envisager cela, et mieux valait suivre les événements pour ne pas laisser passer une éventuelle occasion de profits dans le remue-ménage qui ne pouvait manquer de suivre. Quoi qu'il se passe cette nuit-là, la lie des bas-quartiers ne dormirait guère.

Allons voir, répondit Haldren en se levant.
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Lothaire
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 11:39


« Ce palais est magnifique »

« Combien, tu crois ? »

Hassar Merohès, déguisé en une grossière parodie d’hoplomaque, fit passer ses prunelles brunes du grand édifice palatin au repoussant faciès d’un de ses compagnons, Baklava. Ils marchaient avec les autres membres de la Vermeille grimés en gladiateurs, du moins, ceux qui avaient consenti à se parer de tels oripeaux. Les chevaliers avaient tous refusé de porter ces pièces d’armure, ces pagnes et ces casque rutilants, qu’ils jugeaient dégradants pour leur condition. La petite piétaille avait donc endossé le rôle pendant que les Péninsulaires, eux, s’étaient fondus dans l’escorte personnelle d’Ascanio.

« Combien de Drows ? »

« Non, combien de monceaux d’or ! »

Hassar ne fit que hausser les épaules. Les voilà qui approchaient dangereusement des portes du palais. Dans d’autres endroits de la ville, de plus petits groupes s’étaient dispersés pour aller frapper au cœur des maisons et des ateliers, telle une marée vengeresse. Ces petits escadrons aussi vicieux que des dards de guêpe étaient menés par Prosper, un reître taillé pour ce genre de basse besogne, alliant toujours plaisir et efficacité à ses nombreux méfaits. Le gros des gladiateurs, cependant, se rendait en masse frapper aux gonds de la Griffe d’Argent.

« J’en sais rien. Tue d’abord les Drows. »

La discipline était vacillante au sein de la compagnie, depuis qu’ils avaient appris le véritable but de ce sinistre plan. L’idée même de piller l’un des endroits les plus riches de Thaar avait réveillé des instincts prédateurs chez la plupart des bretteurs du Rouge. Les lieutenants avaient du mal à brider les antagonismes de ceux souhaitant arriver les premiers devant les coffres remplis de Krish Al’Serat. Pour se retrouver devant les sacs d’or de la Corporation, néanmoins, il leur fallait d’abord venir à bout de la garde. Et si l’effet de surprise leur était alloué, il faudrait qu’ils restent soudés pour prendre le palais d’assaut.

En arrivant devant la grille délimitant le Palais d’Argent du reste du monde, les mercenaires tentèrent de faire le moins de bruit possible. Il leur avait été ordonné de graisser leurs épaulières lamellaires et de fumer leurs lames, pour éviter qu’on ne les repère aisément. Malgré tout, leur envie d’en découdre et de voir mille richesses les rendait aussi discrets qu’un troupeau de buffles. Les gardes postés à l’entrée se chièrent dessus en voyant débarquer une horde de combattants tout droit sortis des arènes. La charge n’eut même pas le temps de sortir de la bouche de Lothaire que ses soudards s’élancèrent comme un seul homme vers les pandores. Coincés entre la grille et la marée humaine, ils furent écrasés comme des blattes.

Certains mercenaires tentèrent alors de passer par-dessus la grille, tandis que d’autres fracassaient le cadenas retenant celles-ci afin de déferler sur l’énorme édifice. Au-delà des grilles, déjà on allumait des torches. Des serviteurs s’éveillaient, des gardes sortaient voir ce qu’il se déroulait. Quand ils se rendirent compte que le tintamarre était bien plus grave encore qu’ils ne pouvaient l’imaginer, une cinquantaine d’hommes des Vossula étaient déjà derrière la grille, dont l’unique qualité la faisait tenir encore sous les furieux assauts de la foule. Parmi ces cinquante pendards figurait Hassar Merohès, dont les traits à la lueur de sa torche renvoyaient un faciès démoniaque, tout droit sorti de la gueule puante de la Voilée.

« A l’attaque ! Emparez-vous des portes ! »

La charge fut moins vibrante que celle menée contre les quelques gardiens de la grille, qui commençait doucement à céder. Les hoplomaques fondirent sur les soldats voués à la Reine d’Elda, dans un choc féroce. Dans la cour devant le palais, on se battait de tous côtés. A deux contre un, les gardes étaient malmenés, mais résistaient encore tandis que le mot passait par la porte qu’une révolte servile s’attaquait aux Soieries.

Hassar Merohès frappait comme un forcené le corps sans vie d’un demi-drow, lorsqu’il sentit une lance lui percer la couenne. Un cri de rage plus tard, et il lâchait son épée pour se saisir de la hampe et attirer son nouvel ennemi vers lui, fracassant sa torche sur son visage. Un regard fiévreux pour la herse, et un sentiment d’exultation lui fit partiellement oublier la douleur cuisante à son abdomen.

La grille venait de céder, et une immonde marée humaine se jetait avec avidité vers les gonds épais du palais.


_________________________________________


Prosper Estranglepoulet, fidèle à son patronyme, aimait faire couiner ses victimes en leur tordant le cou. Il était dans une petite bâtisse assez modeste, accompagné de trois autres sbires de la Vermeille habillés comme dans les colisées. Les gus avaient déjà trempé leurs épées dans le sang d’autres pauvrets, et cette maisonnée n’était qu’une parmi les nombreuses masures qu’ils devraient écumer à la recherche de sympathisants, artisans et marchands au service de la Corporation d’Argent.

Penché au-dessus de la couche de ses hôtes de ce soir, il administrait les derniers sacrements avec les mains bien serrées autour de la gorge de sa dernière victime, couchée à côté de sa moitié au ventre déjà percé d’une lame. Le regard exorbité de la malheureuse étranglée faisait monter une intense excitation au lubrique Prosper, qui avait au moins eu la décence de mettre un long pagne pour rentrer dans la peau du mirmillon.

Ses séides observaient la scène avec un mélange de dégoût et d’impatience. Ils étaient là pour tuer, mais ils étaient là pour tuer vite et bien. D’autres maisons étaient sur la liste, et ils devraient avoir fini avant que l’aube ne poigne sur la cité rougie de sang. L’un d’eux osa :

« Lieutenant, hâtez-vous. Faut qu’on ratisse toute la ville ! »

Prosper resta penché au-dessus de sa victime encore un instant, avant de se tourner vers ses hommes en grognant.

« Ouais, je sais ! Va voir si les autres font leur boulot correctement ! »

Le séide s’exécuta sans broncher, trop content de quitter cet endroit. Prosper eut un dernier regard pour l’étranglée, avant de reprendre le coutelas coincé entre les côtes de la personne à côté d’elle. Il essuya la lame sur les draps du lit, puis s’éclipsa de la bâtisse accompagné de ses gars, fredonnant un air de sa contrée natale.
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Maralina Irohivrah
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeLun 27 Jan 2020 - 17:04



PNJ:



«Comment ça il n’y a aucun bateau qui part?»


Le petit grassouillet tripotait son bonnet alors qu’il regardait nerveusement Khaled Neredras, associé de Maralina Irohivrah. «Bah euh… Apparemment, sur ordre du Conseil. » Khaled et Tristan haussèrent un sourcil, étonné, avant de s’échanger un regard. L’elfe se retourna vers le marin avant de continuer; «Tu nous mens. Je suis en charge des affaires de la Princesse d’Uldal’Rhiz et je peux te garantir qu’aucun ordre n’a été dans ce sens. » Le grassouillet se mit à genou, clairement apeuré, «Je vous jure Messire Neredras. C’est même des mêmes du Guet qui nous ont fait le message. » Khaled crispa des poings alors que son regard changea. Il se leva avant de faire signe au capitaine de la milice de le suivre. Cela ne prit pas de temps que les deux hommes, suivît de près par deux autres miliciens se précipitèrent vers la sortie des soieries pour se rendre au port. Silencieux, ils marchèrent rapidement, jusqu’à ce qu’ils arrivent à l’entrée des soieries. Là, un bourdonnement des plus étonnant se fit entendre. Khaled s’arrêta net alors qu’ils entendaient le cri des hommes s’approcher de plus en plus. Tristan, quant à lui, ne perdit pas une seule seconde, il attrapa rapidement le marchand par le collet avant de l’entraîner dans une ruelle sombre, à l’abri des regards…


«Mais faites attention, Tristan! Ces vêtements valent probablement plus cher que votre prime annuelle! » Le capitaine lui fit signe de se taire, un doigt sur les lèvres, alors qu’une foule colérique entrait dans les soieries. Une foule! Que dis-je! Une armée d’homme bien entraîné qui se dirigeait vers les palais. Khaled n’en crut pas ses yeux lorsqu’il vit Ascanio Vossula diriger la troupe, le milicien l’agrippa un peu plus pour le cacher dans l’ombre. Mieux valait ne pas se faire remarquer. L’elfe quant à lui dévorait des yeux la scène! Mais c’était un coup d’État qui se déroulait devant ses yeux! Clairement certains Princes Marchands avaient pris le contrôle, profitant de l’absence des autres pour se faire justice eux-mêmes! C’était impossible! Comment pouvait-on agir ainsi? Khaled ferma rapidement les poings, tremblant presque sous la colère. Mais soudain une lueur d’inquiétudes illumina son visage. «Vers quels palais se dirige-t-il? » Un des miliciens sortit discrètement de la ruelle, observant le lointain groupe d’hommes qui se dirigeait vers un endroit qu’ils connaissaient tous très bien.   « On dirait qu’ils vont vers le Palais d’argent… » Khaled emboita le pas au capitaine pour observer la scène qui se déroulait un peu plus loin, incertain de la suite. Serait-ce une manigance dont Maralina faisait partie? Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’elle mettrait la ville à feu et à sang pour se débarrasser d’une indésirable… Il n’y avait qu’une seule façon d’être sur… Khaled se retourna vers Tristan, «Suis les à la trace, je dois retourner au palais. Il faut envoyer un message à Maralina sur-le-champ pour lui raconter ce que l’on a vu. S’ils planifient couper tout, il faut prendre de l’avance.»  Tristan approuva du chef avant de faire signe au milicien d’accompagner Khaled. Ils avaient raison, mieux valait prévenir dès maintenant. «Envoi-moi Devan rapidement. » Inutile d’en dire plus. Khaled approuva avant de faire signe à deux miliciens de la garde. Il ne se fit pas attendre et rejoignit rapidement le palais Irohivrah, heureusement sans embûche. Le message s’envola quelques minutes après l’arrivée du marchand, laissant dans son sillage d’innombrables ombres.  Peu importe la suite des choses, peu importe s’il tentait de les arrêter, Maralina serait au courant dans quelques jours. Peut-être serait-il trop tard pour arrêter ce coup lugubre, mais au moins elle pourrait se préparer à la suite…

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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMar 28 Jan 2020 - 20:50



…et les ombres se déplaçaient dans Thaar. Longeant les mûrs, évitant le chaos qui venait de se créer. Les habitants, terrifiés, s’étaient enfermés dans leurs maison, tentant de se protéger du courroux des Princes Marchands, tandis que les autres, les innombrables vautours, attendaient patiemment pour prendre les miettes qu’il daignerait leur laisser. Ce n’était pas la première fois qu’un tel événement se passait à Thaar et pourtant ce n’était pas tout le monde qui apprenait des erreurs  - ou des succès - des autres;

Ils pensaient avoir la main mise sur Thaar… mais l’absence de certains Princes ne change rien.
Ils pensaient avoir main mise sur le Guet… et pourtant le Guet n’a qu’une maîtresse…
Ils pensaient avoir le plan parfait et pourtant la moindre de leurs actions avait été surveillée…et qui aurait pu en douter? Quel Prince Marchand fait réellement confiance à ses pairs?

Les ombres avaient finalement atteint leurs objectifs. Cinq ombres qui remirent une lettre à chaque Prince Marchand ou représentant à quelques minutes près alors que les premiers soldats des traîtres se sont mis en marche. C’est à ce moment que le jeu commença…ils voulaient du sang? Il y aurait du sang.



***


Les gardes du Palais d’Argent se défendirent comme ils le pouvaient. C’était avec une détermination sans précédent que les gardes se défendaient. C’était ce désespoir qui contrôlait le moindre de leurs mouvements alors qu’il avait l’impression de tout perdre. Ils n’abandonneraient pas aujourd’hui. Les minutes semblaient interminables alors que de plus en plus de corps jonchaient le sol et puis soudainement l’espoir leur revint alors que d’autres hommes armés s’approchaient dangereusement du Palais d’argent…


Le maître du jeu s’adresse à Ascanio Vossula & Lothaire… alors que tu t’attaquais au palais d’argent,  il faut croire que pour une fois Uldal’Rhiz et Qiryah ont décidé de marcher main dans la main… Les miliciens des princes Marchand s’approchent de plus en plus de vous, vous barrant chaque porte de sortie… Vous êtes maintenant prisonniers de trois forces qui s’apprêtent à foncer sur vous.


***


Pendant ce temps à chaque porte de la ville, à chaque endroit qui pourrait donner une chance au fuyard, la garde de Thaar patrouille l’espace bloquant l’accès à quiconque. Après tout le guet avait été clair. Personne ne sortait et aucun bateau ne partait. Les pigeonniers publics étaient gardés tandis que quelques archers veillaient à scruter le ciel pour interrompre la course de fuyards. La ville était fermée, était hermétique, comme le voulaient les Princes Marchands.


Le maître du jeu s’adresse à Milynéa Lythandas… tes hommes ne sont accueillis au joyau par nul autre que le Prince Marchand d’Ashaï et le guet. Le même guet que tu as si scrupuleusement tenté de corrompre… La colère règne dans les rangs alors que tes hommes approchent du joyau. Choisiront-ils de les affronter? Ou au contraire plieront-ils devant le fait qu’ils sont en sous-nombre?


***


Pendant ce temps les silhouettes se massent un peu partout dans la ville. Du marché libre au bazar couvert, un silence de plomb y règne, l’ambiance y est lourde, comme si l’on attendait le moment opportun. Les hommes et les femmes armés resserrent leurs mains sur le pommeau de leurs armes. Prêt à fondre sur leurs cibles, près d’eux, le Prince Marchand d’Essalia, fixant l’immense porte qui mène à sa proie. Se remémorant les innombrables discussions qu’il a eues avec ses pairs au sujet de ce moment... Il était prêt et il était hors de question que la Principauté tombe ce soir…


Le maître du jeu s’adresse à Lothaire & à Salfaryl le sombre… Ce sont les forces conjointes du dernier Prince de Thaar et celle du Prince d’Essalia qui vous pourchassent, alors que vous portiez atteinte à d’honnêtes citoyens. Des groupes d’hommes patrouillent la ville, aidant les pauvres victimes que vous attaquez… Si la plupart d’entre eux sont des civils ou investisseurs en tout genre, les autres sont des forgerons aguerris qui sont habitués au maniement des armes… Croyez-vous réellement que cela serait si facile?


***


Le maître du jeu s’adresse à son audience… aucune sortie,  aucune chance de fuite.  Vous vous croyiez les chasseurs alors que vous étiez les proies. Un piège des plus soigneusement imaginé, des plus soigneusement planifié. Tout pour vous mettre en confiance alors que l’étau se resserrait peu à peu sur vous. Ce soir, la lune était rouge. Vous vous disiez prêt à verser le sang… Jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour préserver le vôtre?



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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMer 29 Jan 2020 - 0:22


A la lueur des torches, la nuit s'était parée de teintes rouge sang. Elles se reflétaient sur le visage cramoisi du Prince qui souriait, la pupille luisante, contemplant les hommes de la Vermeille en train de forcer la grille. Le cœur battant à tout rompre, Ascanio Vossula contemplait son œuvre. La rumeur des glaives avait empli la cour du Palais d'Argent, et tandis qu'on s'étripait ferme aux abords de la porte, le Prince exultait. Enfin, nous y voilà, Krish. Combien de fois l'avait-elle regardé de haut, cette grande autruche, s'amusant de ses paroles comme elle eut ri des inepties d'un môme ? Le môme est devant ta porte cette nuit. Il en regrettait presque que la Putain Eldéenne se trouvât à mille lieues d'ici ; qu'importe, il ravagerait sa demeure, à défaut de la ravager elle.

Las, les chiens de garde de la Grande Bougresse ne semblaient guère enclins à leur faciliter la tâche. Passé l'effet de surprise, ils s'étaient faits teigneux et tenaces. Les hommes de la Vermeille les poussaient dans leurs retranchements, mais les défenseurs de la place continuaient de faire face, refusant de tourner le dos à l'ennemi. « Je propose qu'on les accule ! » cria Ascanio à ses loyaux mercenaires, tandis qu'il ferraillait avec une saleté de demi-sang. Il dévia d'une parade le long coutelas du viandard d'en face, qui ripa contre son armure ; profitant du déséquilibre de son adversaire, Ascanio eut recours à une technique en vogue à Thaar, et lui flanqua un grand coup de pied dans les parties. L'autre fut projeté en arrière et alla s'échouer dans une fontaine rouge sang où plusieurs de ses congénères faisaient trempette. Le drôle barbota quelques instants dans la flotte, mais Ascanio fondait déjà sur lui. « Dis à tes dieux de merde que ta maîtresse te rejoint bientôt », souffla Ascanio tout en lui plantant un poignard dans le bide et s'affairant à lui découper la viande.

Il retira sa lame et, le souffle court, contempla le carnage. Des corps en lambeaux jonchaient des pavés où s'écoulaient des sillons de sang. L'acier résonnait toujours ; les hurlements aussi. La nuit serait longue. Ascanio prit une grande inspiration, emplissant ses poumons de l'air vicié du champ de bataille.

C'est là que les autres se pointèrent. Au début, Ascanio ne comprit pas ce qui se tramait ; dans la nuit, ce détachement d'hommes pouvait passer pour un renfort de Salfaryl ou Milynéa, mais la lueur des torches révéla la livrée qu'arboraient certains membres du cortège, et donc l'identité de leurs commanditaires. Qiryah ? Uldal'Rhiz ? J'aurais dû leur adresser un faire-part. Ne se laissant pas démonter par l'allure menaçante qu'arboraient les premiers visages visibles de ces miliciens, Ascanio s'avança à leur rencontre, tandis que se resserraient autour de lui spadassins et mercenaires. Le Prince en armure avisa les nouveaux venus, son éternel sourire insouciant aux lèvres, comme si on le surprenait en pleine partie de pétanque.

« Enfin, vous voilà ! Je me demandais à quelle heure vous arriveriez ; encore un peu et vous manquiez la fête. Où est Maralina ? Il y a si longtemps que je ne l'ai vue ! J'en ai presque oublié la saveur de ses baisers. » Il ricana. « Les Princes Marchands de Qiryah et d'Uldal'Rhiz ont toujours été les amis des Vossula. Joignez-vous à nous cette nuit, car nulle querelle n'oppose les Vaanis ce soir ; ce sont les affronts de l'Eldéenne que nous lavons, en même temps que notre honneur. Joignez-vous à nous, et nous montrerons une nouvelle fois au monde que les Thaarii ne craignent personne lorsqu'ils agissent ensemble. »
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMer 29 Jan 2020 - 10:49

Découvrir la bande sur les marches du Joyau ne les surprend qu’à demi… Avec le vacarme au Palais d’Argent et les bandes en vadrouille, c’était inévitable, attendu même, mais pas si tôt. Quelqu’un, d’une manière ou d’une autre a mouchardé, mais c’est sans importance, on trouvera bien la fuite tôt ou tard et on la colmatera avec les cadavres des causeuses.
La bande approche donc, et chacun redouble d’effort pour présenter au mieux dans un concours de celui qui aura l’air le plus dur ou le plus canaille ! Ça s’amuse et ça ricane, cette nuit est une fête après tout et il faut donner le ton ! L’Ombre toutefois, imperceptiblement a reculé dans les rangs pour se trouver à l’arrière, écoutant évidemment, mais du nombre, notion superflue, il est de ces êtres qui, dans une nuit où innombrables sont les ombres, peut convoquer une armée. Un don que nul ne connait de lui, tout comme l’essentiel en ce qui concerne cette curiosité qui hante le Palais des Lythandas depuis des années.

Mais c’est Ryltar qui s’avance, évidemment, l’imposant colosse, l’une des plus redoutables lames de cette putain de ville, en meneur digne de ce nom, sans un geste d’animosité, au contraire, il salue la bande qui campe sur les marches. Pas contrarié pour un sou, pas surpris ni inquiété, la vie est une chienne pour un type de son engeance, il aurait été surprenant et presque décevant que tout se passe sans accroc.

« Salut les gars ! On vous attendait pas si tôt, dis-donc, et vous vous êtes fait beau pour l’occasion, c’est parfait ! »

Il se n’adresse pas immédiatement au prince, ça, non… Rien à foutre, c’est aux hommes qu’il veut parler.

« Dites-voir, mes frères vaanies, la Putain d’Elda et ses laquais conspirent contre la Principauté et on organise cette nuit une petite sauterie et un grand ménage avant de d’venir  une autre Sol’Dorn, vous en êtes ? Ou bien vous préférez d’venir, ainsi qu’vos femmes, vos filles et vos p’tits hommes, des clébards pour ces foutus noireauds, comme tout c’qu’avait la peau trop clair là-bas quand ils l’ont prise ? »

Eh oui, c’est un grand homme, le Ryltar, et c’est à la fibre patriotique autant qu’à la fibre paternelle qu’il s’adresse, aux hommes qui défendent cette cité qu’on ne peut pas laisser être baiser par les noireaud de l’est, ce foyer, cette épouse aimante et ces marmots, ou bien encore cette ribaude qui leur a refilé la chaude-pisse et dans laquelle part une bonne partie de la solde. C’est pour eux que ça bouge, pour eux qu’on se battrait ce soir !
Pour la patrie et pour la famille, si chères aux hommes et qu’il faut défendre ! Et c’est en évoquant la condamnation à l’esclavage de tout ce qui n’était pas drow lors de la reconquête de Sol’Dorn qu’il le fait.

Ça n’est qu’après qu’il fixe de ses yeux violets le prince, sa trogne balafrée pointée vers lui. Il lui adresse un sourire assez terrifiant sur une gueule pareille mais qu’est pas mauvais, parce qu’il veut lui tendre la main.
Car c’est un ordre qu’il a reçu… On saigne que ce qui est ennemi, même si l’envie est forte d’étriller un prince, de lui exploser le râtelier et de pisser à la gueule de cette majesté. Thaar doit se dresser demain, plus unie et forte, privée des branches pourries, pour faire face aux vrais défis qui guettent. C’est c’que lui a dit la patronne, c’que lui a répété l’Ombre.

« Et toi, prince ?  Le sang des vrais vaanies n’a pas b’soin de couler cette nuit, mais la vermine, on l’élimine, alors, t’es avec nous ou avec elle ? »

Et pendant tout ce temps, l’Ombre convoque ses sœurs, à l’abri des attentions, derrière les rangs d’hommes cuirassés et armés, il aiguise ses traits d’ombres, son geste suspendu à la décision du prince, à la décision des hommes… Si c’est l’Eldéenne qu’il choisit, son sang princier, assurément, sera le premier à être versé, ainsi que sa vie, sur les pavés.

Du combat ou de la reddition, on choisit le troisième choix.
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Salfaryl le Sombre
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMer 29 Jan 2020 - 12:19

La Dernière Cave
Mille-Caves, Cité de Thaar, Ithri'Vaan



« Maître ? »
« ... »
« Maître, réveillez vous. »
« Hum. Qui a t'il donc de si urgent pour que tu viennes me déranger dans mes quartiers Marzaban ? »
« Veuillez m'excuser Maître, mais il semblerait que nos chers et silencieux compatriotes jusqu'ici, se soient révéler être un peu moins silencieux qu'il n'y parait. »
La somnolence lui quitta la caboche et le Sombre en sembla aussi frais que disponible pour un nain ayant atteint son âge. Il détenait le record de longévité dans cette région du monde et peut être, le pensait t'il, même dans la contrée de ses aïeux.
Mais ses considérations n'étaient pas de l'instant. Salfaryl avait parfaitement comprit l'insinuation et cela soulevait en lui moults interrogations. Sans s'en vanter non plus, il pouvait même dire, qu'il avait prévu le coup. Comment pouvait t'il en être autrement de la par de ceux ayant trop peu de courage pour affronter la réel menace qui planait sur cette Cité et préférant baisser leurs chausses pour se faire mettre sans saindoux et avec un supplément de graviers.

« Bien. Préparons nos arrières comme nous l'avions prévus. En suite et seulement en suite, va t'en chercher nos mesures contractionnnaire. Les lâches craignent autant le sang qu'ils apprécient l'or et nous ne laisserons pas nos cabaleux compères affronter la vindicte sans tenter de les aider, comme nous pourrons. »
« Oui Maître. Mais êtes vous sur ? Cela créera un déficit particulièrement coriace dans notre trésorerie, nous ne pourrions ne pas nous en...»
« Suffit Marzaban ! Tant qu'il me reste un souffle, je resterai le Maître de ses putains de Caves ! C'est à moi de décider la manière d'user de nos souverains. Ne discute plus et va. J'ai à écrire maintenant. Et revient me donner nouvelles au plus vite ! Et prend avec toi de quoi fumer, la nuit sera longue.»

L’intéressé ne se fit pas prier et partit effectuer les tâches qu'on lui avait assigné. Dans les ténèbres de la Dernière Cave, Salfaryl quand à lui se mit au travail, griffonnant sur le vélin les messages qu'il ferait porté - ou non, en cas d'évolution de la situation.


***

Sur les toits

Les Semailles de Sang T8jo



Les membres de la Loge d'Onyx agissaient comme à leur habitude, dans l'ombre.

A travers les ruelles et venelles ou s'agitaient les membres de la Compagnie de Mercenaire qui semblaient tant effrayé les gens du peuple, les assassins nains eux ne firent que profiter de la cohue pour mieux se dissimuler.

Bien sur, certains de leurs membres tombèrent nez à nez avec des honnêtes citoyens croyant leurs dernières heures arrivés ! Mais face à cette peur naissante dans leurs yeux, les membres masqués ne distribuèrent point de coups de surins, au contraire : Ils firent tomber à terre autant de pièces de pièces que d'enfants effrayés, autant de pièces que de pères prêt à se sacrifier, autant de pièces que de mères aux cheveux ébouriffés.

Les cibles de la Loge n'était ni d'honnêtes citoyens, ni d'honnêtes travailleurs - ou presque. Ils étaient les piliers des principaux rouages de la Corporation d'Argent.

Le Plomb, l'Étain et le Cuivre s'occupèrent eux de fédérer autours de leurs sbires les informateurs. Ils n'étaient pas des surineurs, mais des maîtres de l'informations.

Le Vif-Argent, le Fer et l'Acier quand à eux s'occupèrent de larder les contre-maîtres les plus importants, les réduisant au silence à la faveur de la nuit, dans leurs demeures, alors qu'au dehors le chaos ne faisait que commencer.

C'est l'Argent, l'Or et le Mogarium, flanqué de leurs tueurs qui avaient pour mission d'envoyer à la tombe les cibles les plus importantes. L'une d'elle se nommait Wik et résidait au Palais de la Faussegeronne.

Le Mogarium toisait la scène, perché sur un des toits surplombant l'endroit, il scrutait une des sorties dérobés, son instinct lui dictant qu'à un moment, l'esclave de la Maîtresses des Soufflets en viendrait à fuir. Bien sur, il existait d'autres endroits, mais ses compères Argent et Or en surveillaient chacun un aussi.
Avec eux, dans leurs sillages, se tenaient pour chacun quatre des meilleurs lardeurs de l'organisation, prêt à l'action.

Si Wik tentait une sortie, les Maîtres Surineurs de la Loge seraient le cueillir.
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMer 29 Jan 2020 - 17:06


Attention !
Crève charogne !
Les couilles ! Vise les couilles !
Fais pas l'con, Philippe !

Trois-Doigts essuya la sueur qui gouttait de son front et repoussa le corps sans vie du mercenaire qu'il venait de poignarder en plein cœur avec l'habilité du vieux survivant des ruelles. Deux autres corps gisaient au sol ainsi que l'un des compères du voleur. Quatre morts, et pourtant tout s'était passé si vite que personne n'avait eu le temps de comprendre... Haldren et quelques autres étaient sortis des Larmes et avaient pris la direction du Joyau lorsqu'au détour d'un rue ces gaillards leur étaient brutalement tombés dessus. A quelle faction appartenaient-ils ? Les avaient-ils pris pour des séides de leurs ennemis ? Difficile à dire, la tension devenait telle en ville que frapper le premier s'avérait quasiment une mesure de salut public. Le nombre d'hommes en armes devenait bien trop élevé pour éviter des bavures et Trois-Doigts craignait fort que les heures à venir ne soient encore plus agitées.

Les malandrins peinaient à comprendre exactement ce qu'il se passait. Apparemment un ou plusieurs princes marchands en avaient après certains de leurs collègues et on signalait des combats au Palais d'Argent, demeure de la puissante drow qui désormais régnait en Elda. Mais ce qui au début pouvait ressembler à de l'épuration bien classique et propre (tout du point de vue des assaillants, se faire étriper par une bande de soudards amène à voir les choses sous un autre angle) semblait tourner au chaos. Que se passait-il donc ? L'un des Princes Marchands essayait-il de faire bande à part ? Trois-Doigts aurait donné cher pour s'en retourner à sa taverne et se planquer dans la cave jusqu'à ce que cette foutue agitation se soit calmée. S'approchant d'Haldren qui avait assisté à la scène avec un regard amusé, comme s'il s'agissait d'un spectacle, le vétéran des ruelles grommela :


Ça va dégénérer, j'sais pas ce qui s'passe mais y'aura du sang plein les caniveaux avant l'aube s'ils sont tous aussi excités que les trois qu'on a suriné.

Pas de réaction du drow qui semblait perdu dans ses pensées et marmonnait à voix basse comme s'il se parlait à lui-même. Un peu flippant par moments, jugea Trois-Doigts qui retenta sa chance d'obtenir une réponse.

Alors ? On fait quoi ?
Retourne aux Larmes et ferme les portes, nous ne sommes pas à l'abri que cela tourne au pillage.
Et vous ?
Moi ? Je vais... observer... attentivement.

Lorsque Trois-Doigts et les autres eurent quittés les lieux, Haldren jeta un dernier regard aux cadavres. il avait bien remarqué le moment où la situation avait dégénéré : exactement à l'instant où les inconnus avaient posé leurs yeux sur lui. Peu probable qu'il ait déjà eu affaire à eux et l'archimage soupçonnait que la nature de leur attaque provenait en réalité de sa peau d'ébène. Une purge des drows allait-elle avoir lieu cette nuit à Thaar ? Cela expliquerait pourquoi le Palais d'Argent constituait l'un des épicentre des combats. Encore heureux que personne n'ait commencé à allumer des incendies pour s'amuser car les ténèbres qui régnaient dans les ruelles seraient ses alliées afin de rester discret. Rabattant sa capuche pour dissimuler sa crinière argentée, Haldren reprit sa route en direction du Palais d'Argent.
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMar 4 Fév 2020 - 8:57

La Vermeille n’aurait jamais dû accepter l’or des Vossula.

Lothaire avait d’abord observé ses hommes prendre d’assaut les grilles du Palais d’Argent, et les faire céder sous leurs coups répétés afin d’envahir la cour de la Reine des Drows. En acceptant cette mission, il s’en était remis aux assurances du Prince Ascanio. Tout devait se dérouler rapidement et sans bavure. La confusion aurait dû régner assez longtemps pour que la chaîne de commandement fut bousculée et se renvoie les ordres jusqu’au petit matin avant de se rendre compte de l’énormité de la conspiration.

Alors pourquoi, par les dieux, pourquoi les factions des Princes s’étaient déjà réunies ?

Le capitaine pensa à des espions. Pis encore, il soupçonnait là un guet-apens de la fourbe Reine d’Elda, dont les sorciers aux pouvoirs incommensurables avaient dû recourir au don de voyance. Quoi qu’il en soit, Lothaire ne pouvait que s’ébaubir devant la venue de ces troupes, qu’il prit d’abord pour le Guet. Or, Ascanio lui avait bien précisé que celui-ci avait été dûment payé. Devant ses yeux ébahis, voilà pourtant pléthore de miliciens se porter à la rencontre de la garde rapprochée de Vossula, dont lui et ses chevaliers constituaient un noyau dur et tout de fer bardé.

Passée la surprise, place à la colère. Une colère froide. Le Prince se serait-il à nouveau joué de lui ? Des années passées à faire le mercenaire dans les campagnes avaient-elles émoussé les instincts de Lothaire ? Adressant silencieusement une prière à son dieu tutélaire, Othar, il défourailla discrètement sa dague, qu’il cacha tout en s’approchant d’Ascanio pour lui susurrer avec verve :

« A quoi jouez-vous exactement, Prince ? Que vous avais-je dit à Hanning ? Joueriez-vous à nouveau avec ma vie et celle des mes hommes ? »

Sa main armée, cachée sous un pan de sa cape et par la proximité des corps, se crispait sur la poignée du long surin, prête à frapper de colère. Une colère que Lothaire avait bien du mal à réfréner ; car plus loin dans la cour, ses hommes se frayaient toujours un passage vers le Palais d’Argent.


_________________________________


Cela faisait déjà quelques maisons que Prosper avait visitées, et qu’il avait marqué d’une croix à la craie blanche, lorsqu’il rencontra ses premiers ennuis. Au début, il avait cru distinguer de loin les Nains de Salfaryl, censés faire comme lui un nettoyage méthodique des membres de la Corporation. En se rapprochant cependant, il avait vite remarqué qu’ils étaient bien grands pour être des membres du Petit Peuple. C’était Valek qui, le premier, avait mis des mots sur la situation :

« C’est qui ces gars ? Un syndicat mécontent ? »

Prosper avait secoua la tête en reculant doucement.

« A cette heure de la nuit, ducon ? Je sais pas qui c’est, mais ça nous caillasse. »

Et effectivement, déjà les pierres volaient dans leur direction. L’Arétan se protégea comme il le put de son avant-bras, faisant signe à ses hommes de défourailler.

« Allez, c’est qu’une foule de va-nu-pieds ! Tailler le lard d’un ou deux gars et la meute va se calmer ! »

Les séides de la Vermeille se regardèrent d’abord avec une certaine appréhension. Puis, sous couvert de la nuit, et croyant effectivement à une bande de clochards, ils se jetèrent sur leurs ennemis avec l’assurance que leur chef vienne les épauler dans ce combat inégal.

« Ciao les cons ! »

Quand les visages des Vermeils se tournèrent vers Prosper, ce dernier prenait congé en sautant sur son canasson, traversant les ruelles en direction d’un endroit dans lequel il savait être bien accueilli : le Goujon bougon.
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeLun 10 Fév 2020 - 20:39




Le maître du jeu s’adresse à Ascanio Vossula… et c’est un silence froid que rencontra le prince Marchand. Aucune réaction n’entrave le visage des miliciens alors qu’ils faisaient face à leurs adversaires couverts de sang.  Pas même lorsque le Prince Marchand nargua les miliciens d’Uldal’Rhiz. Croyait-il réellement que ce genre de réplique les faisait sourciller? Car même confrontés à l’horreur, ils savent tous que la noirceur renferme des secrets encore plus ténébreux.  Ce n’était pas la première fois qu’ils ressentaient réellement cette obscure, cette incontrôlable émotion.  Elle ne leur clouait plus le cœur, n’arrachait plus les morceaux de leurs âmes, c’était tout le contraire. Elle faisait bouillir le sang dans leurs veines, leurs donnait une énergie nouvelle et c’est devant ces hommes que se trouvait le Prince de Feldorn.


Une voix vint finalement rompre le silence;   « Vous venez de faire une terrible erreur, Ascanio. » S’exclame un rouquin qui s’approche d'un air déterminé. Les hommes se tassèrent devant lui, faisant un chemin avant de se resserrer derrière son passage. L’homme avait le visage froid, impassible, son épée dégainée, prête à anéantir le premier ennemi qui se dressait sur son passage; « Vous vous vengez peut-être des affronts des Eldéens, mais vous venez de tourner leurs regards sur Thaar. Croyez-vous simplement que vos gestes resteront impunis? »  Le rouquin eut un air dégouté avant de cracher sur le sol devant Ascanio, ses dents se resserrèrent alors que son regard émeraude fixait le Prince Marchand. « Cessez ses enfantillages, rappelez vos hommes et rendez vous. »  Après tout, les ordres avaient été clairs. Trois options s’offraient à au Prince Marchand; soit il se rendait sagement,  soit il leur donnerait du fil à retordre ou il pouvait bien mourir là, maintenant. Après tout, les ordres qu’il avait reçus avaient été clairs…


***


Le maître du jeu s’adresse à Milynéa Lythandas… ce fut un grand baraqué abordant l’uniforme du guet qui s’avança. Son visage impassible détailla chaque personne qui se trouvait devant lui, de l’imposant colosse à l’homme entraîné qui tente de crâner plus loin. Aucun détail ne lui échappe. Aucune action ne vient réellement le titiller. C’est avec un visage impassible qu’il écoute la rengaine du géant. Ses insultes, ses regards haineux, rien ne changeait son expression glaciale. On aurait presque dit qu’il attendait quelques choses.


Et puis lorsque le balafré s’intéressa finalement au Prince, ce dernier daigna finalement lever le regard vers ce dernier, clairement pas impressionné. Un léger rictus de dégoût vint orner son visage, avant qu’il ne prenne finalement la parole;  « Jamais de la vie je ne serais avec elle… » Dit-il d’une voix neutre en fixant son regard vers le géant qui tentait de l’intimider, mais c’était le dernier de ses soucis, la dernière chose qui lui faisait peur. Après tout, ne disait-on pas que l’intimidation était une confession de l’impuissance intellectuelle? D’un air las, il continua; «Laissez-leur le passage. » Il ne fit qu’un rapide mouvement des doigts avant que ses hommes et le guet ne cèdent le passage aux hommes de la dame blanche, baissant leurs armes. «  Nous veillerons à ce que personne ne vienne vous déranger… » Car oui, personne d’autre ne passerait ce point pour entrer dans le joyau.


***


Le maître du jeu s’adresse à Salfaryl le Sombre… une pierre du jardin bougea doucement dans l’obscurité.  Elle sembla se révéler légèrement d’un côté, avant de retourner à sa place, pour finalement se relever de l’autre côté.  Puis la pierre bougea, révélant une tête ornée d’une crinière blanche. Le drow se hissa hors du trou avant d’observer de ses prunelles de sang les alentours du jardin. Pas une ombre pour le moment, à croire que les miliciens de Griffe d’Argent savaient un tant soit peu faire leur boulot! Il fit rapidement un signe des doigts avant qu’une nouvelle tête se hisse du trou. En quelques secondes, quatre individus apparurent dans les jardins du Palais d’Argent.  L’un d’eux semblait un peu plus nerveux que les autres…  Ses yeux exorbités observaient la scène d’horreur qui se dévoilait devant ses yeux. Des corps jonchaient le sol tandis que des mares de sang coulaient doucement sur le sol. L’odeur de chair brûlée vint titiller ses narines, et l’individu ne put s’empêcher de retenir un haut-le-cœur. Wik n’arrivait pas à le croire, comment autant de ses gardes avaient pu tomber aussi rapidement? Comment les Princes Marchands avaient-ils osé se rebeller contre une des leurs! Un des sombres lui tapota l’épaule avant de lui faire signe de le suivre. Ils escaladèrent rapidement la clôture avant de s’engouffrer dans les ruelles sombres de Thaar. Il rabattit son capuchon sur sa tête, bien conscient que son identité faisait de lui une cible de choix en cette soirée sanglante. Il pouvait sentir les battements de son cœur s’accélérer. Il avait beau être bien entouré, sa nervosité le tenaillait. Il devait s’en sortir. Il devait rejoindre Krish pour lui faire part des horreurs qui se tramaient dans ce pays de fou…


***


Le maître du jeu s’adresse à Lothaire…  les hommes de la Vermeille se jetèrent dans les rangs bien organisés. Ils avaient beau être bien entraînés, ils ne furent pas le poids en sous-nombre.  Ils tombèrent sous les lames des Thaaris pendant qu’un dernier s’enfuyait à cheval.  De l’hypocrisie à la lâcheté, il n’y a qu’un seul pas à franchir… Le honteux personnage se faufila dans la noirceur, inconscient des dangers qui rôdaient dans l’ombre.  Il n’eut pas le temps de se rendre à son but, peu importe ce que c’était. Au bout de la ruelle qu’il venait d’emprunter, son canasson s’écroula sur le sol, désarçonnant son cavalier qui vola un peu plus loin, avant de tomber brutalement sur le sol en pierre.  Un jet de sang s’échappa du cou de son animal alors qu’il hennissait faiblement. Une lance au travers de son cou avait sonné son trépas, pendant que quelques hommes armés s’approchaient du fuyard. Il avait voulu fuir? Il finirait comme les autres…


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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMar 18 Fév 2020 - 23:00


Sous ses dehors enjoués, le Prince n'était pas à la fête. Quelques instants plus tôt, les choses semblaient encore sous contrôle ; à présent la situation se délitait de minute en minute. Les soudards d'Uldal'Rhiz, pas plus que ceux de Qiryah, ne semblaient enclins à se laisser fléchir ; ils toisaient Ascanio de leurs faciès de brutes, et les mots glissaient sur eux comme le vent. Et puis il y eut les paroles menaçantes de Lothaire, susurrées avec un froid pragmatisme qu'Ascanio devait bien prendre au sérieux, pour avoir vu l'homme à l'œuvre ; à quelles mains pourrait-il confier son destin, si même la Vermeille lui tournait le dos ?

Oncques mais, c'était comme si les astres s'alignaient un à un pour que tout ce qui pouvait mal tourner tourne mal. Comme pour mieux appuyer ce constat, l'un des pequenauds d'en face lui intimait maintenant de se rendre. Le Prince demeura interdit, hésitant. Moi, Ascanio Vossula, je devrais perdre la face devant un roux ? Déshonneur ! Déshonneur ! Son sourire disparut sous un voile de colère. Que ne pouvait-il leur donner la mort, à tous ces hypocrites !

« Des années que Krish Al'Serat nous endort de vaines promesses, et nous, telle la bande de gouines que nous sommes, nous buvons ses paroles comme si c'était de la cyprine ! "Mais voyons, il n'y a rien à craindre des Eldéens ! Ils peuvent être nos amis ! Laissons-les prendre Sol'Dorn, il n'y a pas de raison que nous soyons les prochains ! " Bien sûr que nous n'avons rien à craindre de sa clique de fanatiques ; qui craint cette horde de violeurs qui ne connaîtra de répit tant qu'il restera des peuples à asservir ? Elda n'a pas besoin qu'on tourne ses yeux vers nous ; ils nous lorgnent depuis longtemps, ces grands yeux libidineux, et nous avons baissé nos frocs en attendant sagement la sodomie. »

Il tendit le bras tenant son épée ensanglantée, et l'espace d'un instant, l'on put penser qu'il allait défier le grand guerrier roux ; finalement, il jeta la lame à terre, et celle-ci tomba dans un fracas métallique aux pieds de l'émissaire.

« Voilà pour toi, bonhomme. Tu la donneras à Krish Al'Serat quand elle viendra t'enlever ta liberté. J'espère au moins que la chaîne qu'elle vous mettra autour du cou sera dorée ; ça fera ton sur ton quand elle vous pissera dessus. »


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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeMar 18 Fév 2020 - 23:14


Mais les hommes de la Dame Blanche ne bougent pas, ils continuent de rester face à la troupe du prince, alors qu’un coup d’oeil à l’écart, qu’un bruit attire, renforce le sourire du colosse. La réponse qu’offre le prince ne convint pas… Ce ton, cette attitude de larve incapable et dénuée de force, nulle besoin d’intimidation pour paraître intimidant face à une telle faiblesse de caractère et de conviction, tout cela respire encore bien trop la neutralité à l’heure où celle-ci n’a plus lieu d’être. Il doit choisir, et si il n’est pas contre elle, il doit le prouver, non pas seulement en laissant faire mais en se ralliant.

“Quelle manque de conviction !”

La voix claire et féminine, puissante et affirmée s’élève alors que de l’obscurité voisine se présente la Dame Blanche, de retour de Diantra où elle a séjourné plusieurs ennéades, dans une tenue plus pratique qu’esthétique, portant une armure de cuir alors qu’elle ne porte pas les armes, accompagnée d’une escorte, elle acquiert ici, devant le Joyau, avec un tel renfort, le nombre, privant le prince Ashaï de cet avantage. Désormais, la qualité et la quantité ont changé de camp, au moins ici, au Joyau. Elle avait décidé de débarquer plus tôt, pour ne pas offrir de champ aux autres Jardiniers. Son intention était alors de retrouver Ryltar, ses hommes, et d’aviser en fonction de la situation… Mais il semble qu’une fuite ait permis à un importun de se présenter avant eux.

“Personne n’entrera, il est vrai, mais tu vas rester avec moi pour t'en assurer, ce qui te donnera tout le temps de me convaincre que tu n'es pas un traître à la principauté.”

Ces limaces silencieuses, ces imbéciles sans vision qui ont permit très sereinement et facilité le siège et la chute de Sol’Dorn, des doebens et des seigneuries morcelées alors qu’il aurait au contraire fallut permettre qu’il dure, qu’Elda s’enfonce et stagne comme après la chute d’Ellyrion. Bien plus que les partisans serviles du Puy, ils constituaient la véritable menace, une vision à court terme et limitée à un profit immédiat, pas de patriotisme envers la Principauté. Ils pourraient la vendre si ça signifiaient pour eux dégager quelques profits immédiats, alors même que cela entraînerait la chute de tout ce sur quoi repose véritablement leurs fortunes et influences. Ces indécis, ces opportunistes qui mangent à tout les râteliers… Des imbéciles qui se considèrent savants.

“Envoie un homme aux Soieries, il faut qu’on sache ce qu’il se passe là-bas. Avant d’en revenir au prince alors qu’un de ses hommes d’arme s’en va en direction des Soieries. Vous attendiez manifestement mes hommes, j’imagine donc qu’il y a eu des fuites. Qui est avec vous ?”

Elle était calme mais incisive dans le ton, femme de glace à nouveau, le regard est sans équivoque, elle n’a pas peur de condamner à mort l’un de ses pairs si ce dernier favorise par son opposition le succès à terme des eldéens. Elle sait qu’il a des complices parce qu’un pareil pleutre n’aurait pas eu le cran de s’opposer à eux sans la conviction de posséder un avantage… Mais c’est l’égoïsme des princes qu’elle veut raviver chez cette chose qui s’interpose, était-il prêt à mourir, lui, pour s’opposer à eux, sans être certain d’offrir un avantage décisif à ses comparses ? Et dans la trame la tension s’apaise car tirant parti de l’arrivée de sa maîtresse, l’Ombre se retire pour disparaître avec l’appuie de ses soeurs pour s’assurer que nul ne le voit, nul ne le trouve alors qu’il s’en va comprendre ce qui permit à ces autres princes de savoir et d’anticiper leurs mouvements, qu’il lui faut savoir également également la situation dans les Soieries.

Dans les Soieries, le Palais d’Argent n’est pas l’unique à finalement renouer avec l’agitation… Des différentes portes reviennent progressivement des hommes aux ordres des plus simples… Ne laisser aux accès et aux portes que l’effectif nécessaire pour les tenir, renvoyer le reste au palais de la Dame Blanche afin de le défendre contre d’éventuelles représailles ou contre un mauvais tour de l’un ou de l’autre des Jardiniers, ce à quoi les rapports de la situation au Palais d’Argent donne raison… D’une façon ou d’une autre, la conspiration des jardiniers est parvenue à l’oreille d’autres princes, et si on envoie quelqu’un prévenir les hommes au Joyau, on se barricade dans le palais.
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeSam 22 Fév 2020 - 15:20

Sur les toits



Les Semailles de Sang T8jo



Guetter les ombres étaient une habitude que les soudards de la Loge avaient encré profondément dans le cuir. Un tatouage invisible, imprimé par une existence entière à côtoyer les parties grises de se mode. Mais ce rituel n'avait rien de bien compliqué, la véritable qualité des surineurs d'Onyx était la patiente. Attendre sa cible, sans broncher, dans un silence complet parfois même sans bouger, sans manger, sans avoir ne serait ce que le droit de larguer une bonne caisse, voilà qui était un exploit demandant un réel talent.
Heureusement pour les différents coupeur-de-glotte réunis en cette funeste nuit, l'attente ne fut pas des plus longues,  ils avaient tous connus pire, bien pire.

Le Morgarium avait eut le renifloir fin, de son promontoire d'observation, il fut le premier à repérer l'escorte noirelfe tentant de prendre la tangente par les jardins du Palais d'Argent. Sans attendre, il envoya un signal convenue d’avance avec ses partenaires de larderies nocturnes. Un bruissement de drap voletant au vent, un cliquètement de volets, l'aboiement d'un pistard mal dégrossit, tant de bruits qui auraient put être interprété ainsi par les profanes mais qui informait comme il le fallait, ceux au courant du code s’envolant à leurs esgourdes.

Puis il se mit en chasse, lesté de son propre groupe d'égorgeur.

Wik et son escorte cheminait à travers les venelles étroites bordant le Palais, Morgarium n'était point loin et savait pertinemment qu'Or et Argent serait bientôt de la danse. Ensembles, ils ne pouvaient se permettre de laisser filer lèche-bouse de la Maîtresse des Soufflets.
Le piège, ne tarderait pas à se refermer.

Après des ennéades de répétitions, les trois groupes n'avaient laissé que peu de place au hasard, piégeant les différents itinéraires principaux. Le moment opportun se distingua quand au détour d'une rue, un carrefour étroit se dessina. Banal au premier abord, il était un des lieux prêt à servir de chausse-trappe. L'artère avait était fermé avec une charrette lesté de lourd fruits, les secondaires pavées, étaient quand à elle, bouché par différent amoncellement de paniers et de caissettes. A première vue, rien d'incroyable dans une cité comme Thaar, mais cette nuit, n'avait rien de normal.

Quand Wik et les siens se présentèrent, ils durent faire face à une certaine hésitation, un moment fugace que choisirent les membres de la Loge, pour agir.

En face des drows, se présentèrent trois lourd gaillards se dessinèrent sur la chariote, portant à la ceinture  des métrons d'acier clair bien équilibré et pointant en avant leurs arbalète.
Des petites ruelles, émergèrent trois duos supplémentaires tout aussi lestement armée, prêt à couper toutes retraites et visant du même acabit.
Mais le réel danger, ne venait point des pavés, car sur les toits plats, sortirent de concert les assassins secondant le Mogarium.

Ensembles, ils déchaînèrent un déluge de viretons tirés par de fameuses arbalètes à poing.
La grêle mortel s’abattit sans un mots, véritable tempêtes de hampes de bois et de tête d'acier.

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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeDim 23 Fév 2020 - 8:32

Lothaire crut se décrocher la mâchoire de haine lorsque son regard suivit la lame d’Ascanio, jetée au sol en avant dans un geste de pure désinvolture. Effaré, il offrit son regard le plus perçant au Prince, qui venait en un instant de les condamner. La main crispée sur son arme, le capitaine sentit une main se poser sur son épaule, et le souffle rauque de Mâchicoulis lui murmurer :

« Ça pue... »

Lothaire gronda :

« Ça blaire vachement, oui. »

Lothaire avait assez vu la guerre pour savoir que la prison était le dernier endroit dans lequel un homme souhaitait atterrir. La mort sur le champ de bataille était honorable, et avait le mérite de prendre moins longtemps. La geôle, quant à elle, prenait bien son temps avant de vous tuer un prisonnier. Si ce n’était pas la vermine, c’était la maladie, le froid, la faim, la soif qui finissait par avoir raison de vous, ou pire, de votre santé mentale. Eu égard à son rang, il aurait pu espérer un traitement de faveur en Péninsule. Il doutait que la même politesse lui soit rendue dans la ville de Thaar.

Une voix puissante grondait en lui. Une voix lointaine, tonnant des mots diffus dans son esprit. Piqué au vif, il eut un mouvement de recul. Il ne connaissait pas cette voix, étouffée comme derrière un mur épais. La surprise laissant place à la colère, il écarta de lui Mâchicoulis. Puis, il jeta un regard vers son épée, qu’il défourailla. En un instant, un flot d’images lui transperça l’esprit. Il se voyait, taillant dans le lard des miliciens, répandant le sang sur les pavés avec une rage infinie. Puis il se voyait tomber, lardé de coups, mais se relever dans un ultime assaut. Un dernier souffle. Un souffle embrasant la cité, brasier de sa colère, de son ire, de sa haine. Un nouveau coup de tonnerre dans sa tête lui vrilla les tympans, et la voix diffuse lui martela à nouveau le crâne, encore moins compréhensible qu’avant. Il ne comprit aucun des mots.

Et contre toute attente, il lâcha sa lame. D’un mouvement rageur, il la jeta à ses pieds, et coula son regard le plus hargneux à Ascanio Vossula.

« Notre contrat est rompu. Gare à vous, Prince. Gare à vous. Je n’en ai pas fini avec vous, ni avec ces chiens qui nous forcent aux abois. »

Puis, d’une voix forte et teintée de rage, il lança :

« La Vermeille se rend ! Baissez vos armes ! »

L’ordre crié laissa les chevaliers autours de Lothaire pantois. Mais même eux savaient quand il fallait déposer les armes, face à une situation inextricable. C’était autre chose pour les mercenaires qui vendaient chèrement leur peau devant le Palais d’Argent. La plupart massacraient encore les gardiens, quand l’ordre fut finalement relayé. Et là encore, certains escarmouches sporadiques continuaient d’éclater. Adossé contre le mur du palais, une lance dans le flanc, Hassar Merohès était tenu en respect par un tout aussi arrangé que lui. Le lieutenant jeta un œil fiévreux vers la foule devant les grilles, puis cracha par terre, lâchant son épée.

« Au nom des dieux, puissent ces gens lentement pourrir de leur vivant... »


_____________________________________


« Merdasse ! »

Quelque chose était venu envahir le champ de vision de Prosper durant un battement de cil, et la seconde d’après, son cheval se cabrait en hennissant d’agonie, avant de s’effondrer sur le côté dans un fracas à réveiller les morts. Un immonde craquement, suivi d’un beuglement de porc, envahirent la nuit sombre, tandis que l’Estranglepoulet tentait de se soustraire à la carcasse de son canasson mort.

Il grognait sa douleur en mordant ses chicots jaunis. Sa jambe, brisée par la brutalité de la chute de son cheval, lui faisait souffrir le martyr. L’étau autour de sa jambe était si insoutenable, qu’à peine la bouger pour tenter de l’extraire envoyait un régiment de lanciers lui piquer la gambette. Pour couvrir ses grondements et faire taire ses honteux gémissements, il laissa place à la colère et à une logorrhée de jurons scabreux, qui investirent le silence de la nuit comme une flopée de truands dans une taverne calme et sereine.

Malheureusement pour lui, il n’était pas au bout de ses soucis. Des hommes venaient pour lui. Les hyènes s’approchaient pour se repaître de son corps brisé. Fidèle à sa nature, Prosper chercha l’un des nombreux surins qu’il cachait dans ses hardes, mais fut bien vite maîtrisé par les sbires qui lui avaient coupé la route. La dernière chose qu’il se demanda, avant de sombrer dans l’inconscience à force de coups fracassants, ce fut comment diable ces gens avaient-ils su qui il était.
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeJeu 5 Mar 2020 - 8:41

Lorsque l’épée du Prince Vossula s’en alla mordre le sol dans un tintement métallique, l’émissaire lâcha un très discret soupir de soulagement. Ce soir, on ne ferait plus couler le sang, ni le sien ni le leur. Devant eux, toute l’équipée se rendait, bon gré mal gré, et la situation commençait à se stabiliser.

De ses yeux verts chargés de veinules rougies, le rouquin observa tour à tour le Prince et ses hommes. Eu égard à son rang et, surtout, à sa situation financière, Ascanio Vossula serait placé dans une prison dorée en attendant que toute cette affaire soit tirée au clair. Pour ses séides, en revanche, les geôles de Thaar feraient l’affaire. Oubliés et maîtrisés, jusqu’à ce qu’éclate enfin toute la vérité sur cette bavure qui avait entaché la Cité en cette nuit.

Des miliciens avancèrent précautionneusement vers leurs futurs prisonniers, sortant chaînes et cordes pour les commandants, réservant des piques menaçantes pour la commune piétaille. Si le calme reviendrait au petit matin dans la haute-ville, les hommes d’armes quant à eux auraient encore du pain sur la planche, à faire entrer tout ce beau monde dans leurs cellules…


____________________


Uthan était dans le Guet depuis bientôt quinze ans. A son âge, beaucoup le considéraient comme un vétéran, et lui demandaient régulièrement conseil. Cependant, de ce qu’il avait vu cette nuit, il devait dire qu’en quinze années de carrière il n’avait encore jamais vécu telle situation.

Aussi, lorsqu’il vit s’avancer la Dame Blanche, une de ces grosses fortunes qu’il était pourtant censé protéger, il en ressentit un léger malaise. Il n’aimait vraiment pas ça, quand les grands pontes se tiraient dans les pattes. Impossible de savoir quel camp était le plus avantageux pour lui, personne ne le tenait jamais au courant. Alors il avait trouvé la technique parfaite des gens qui ne souhaitent jamais les ennuis : il suivait les ordres à la lettre. Or, ceux-ci n’étaient plus vraiment clair depuis que le Prince d’Ashaï avait parlé. Ils devaient les arrêter, ou les laisser passer finalement ? La politique le dépassait…

Le Prince ashari, quant à lui, ne fit que répondre sur un ton rogue :

« Votre conspiration a échoué. Les autres membres de votre groupuscule sont cernés. Ascanio Vossula dans les Soieries, Salfaryl le Sombre dans son trou à rat… Il ne vous reste plus qu’une chose à faire, ma chère. »

Tant qu’il maintenait Milynéa dans ce secteur-ci de la ville, le Prince-Marchand remplissait son office. La semi-elfe se retira dans ses appartements, sous les yeux attentifs de ses ennemis. A l’abri dans son palais, elle en était néanmoins assiégée et en position précaire. Elle le resterait jusqu’à l’arrivée des autres Princes, afin que tous puissent délibérer sur cette nuit qui avait secoué leurs avoirs et leurs gens. Partout dans la ville, le Guet tentait de faire revenir l’ordre, au port comme aux portes, et parmi les insidieux petits curieux qui se réveillaient déjà et venaient s’enquérir d’une situation qui ne les regardait pas.


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Un déluge de métal s’abattit soudain sur la venelle, comme une pluie sortie tout droit des enfers. Le bruit sourd des cordes qui claquent se fondirent rapidement dans les hoquets de stupeur et les râles d’agonie des victimes, frappées de toutes parts par les aiguillons perfides de leurs sinistres assassins. Le meurtre ne dura guère longtemps, et quelques dizaines de secondes plus tard, le carnage prit fin.

Parmi les corps criblés de carreaux abattus dans la ruelle, le corps de Wik tenait encore par miracle debout. Il était percé de multiples traits, tremblant de choc. Ses yeux hagards regardaient droit devant lui, comme s’il pouvait voir l’invisible, s’initier à un secret que les vivants ne pouvaient deviner. Puis ses genoux lâchèrent, suivi du reste de sa carcasse. Il rendit son dernier souffle avant-même d’être couché au sol.

Tout autour, pourtant, le Guet quadrillait le terrain comme un limier dans un trou de renard. Les premiers gardes beuglaient déjà dans leur direction, ayant repéré des silhouettes sur le toit. La battue était lancée pour mettre la main sur les assassins. L’étau se resserrait pour la Loge, et dans un dernier râle, l’un des pandores qui avait donné sa vie dans la ruelle lâcha ce qui ressemblait à une tentative avortée de ricanement.


____________________


Devant les Mille-Caves, un piquet venait d’être installé. Des membres du Guet observaient avec défiance et fascination l’entrée gargantuesque de l’antre du Sombre, le plus gros terrier de lapin qu’ils aient jamais vu. Leur chef, le sergent Mogop, était une engeance bien particulière : à mi-chemin entre le Zurthan et le Drow, il avait un physique particulier, fruit bâtard des abus que le peuple d’Uriz faisait subir à ses esclaves les moins valorisés.

L’un des miliciens vint trouver son supérieur.

« Donc… on reste juste là ? »

Mogop acquiesça, croquant à pleines dents dans une belle pomme rouge.

« Quoi, tu veux monter à l’assaut peut-être ? Va prendre ta pique, ça m’intéresserait de regarder. »

Le soldat se rembrunit, retournant à son poste. Mogop, pendant ce temps, toisait la fière entrée du royaume souterrain de Salfaryl. Devant les portes, des Nains aux mains moites regardaient les hommes du Conseil avec défiance. Chacun des camps tentait d’intimider l’autre, mais aucun n’avait sincèrement la conviction de se lancer dans plus hardi que des bravades et des œillades haineuses. Le siège serait long. Du moins, il attendrait que les Princes-Marchands se réunissent et, une fois pour toute, puissent tirer toute cette affaire au clair.

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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeJeu 5 Mar 2020 - 20:28


« Je vois. »

C’est dans un calme et un flegme apparent qu’elle apprend ce qui était déjà une évidence, quelqu’un avait parlé, il ne serait pas si difficile de déterminer cette source et de l’éliminer en temps voulu. Dédaignant la larve d’Ashaï, elle se tourne vers son puissant hybride.

« Envoies les plus véloces aux ports et aux portes, que tous se retirent et évitent la confrontation avec les autres quand ils y viendront, on ne veut pas que le sang coule inutilement. »

C’était autant à ses hommes qu’à ceux de l’autre camp qu’elle adresse ces mots. Plusieurs hommes de la Dame Blanche ne tardèrent pas à se mettre en route et à filer dans plusieurs directions. Ils sauraient ce qu’ils avaient à faire, mais la reddition n’était que la dernière des options qui s’offrent, la première était de se disperser et de se faire un peu oublier le temps que ça se tasse.
Elle en revient au prince d’Ashaï, posant ses yeux vairons sur lui.

« Il semblerait que nous n’aurons finalement pas ce soir le temps de déterminer si tu es ou non un traître à la principauté, je le crains… Elle s’en amuserait presque, la diablesse, affichant un sourire malgré la situation. D’ici à ce que l’opportunité se représente, réfléchis bien, Prince, car il te faudra y répondre, et y répondre correctement. Elle ne cache pas la menace et l’avertissement sans une once de doute, sans une once de crainte, car à Diantra, elle a acquis certaines certitudes qui peuvent renverser le Conseil pour l’heure entre les mains des imbéciles, indécis, opportunistes ou aveugles. Alors que l’on commence à se retirer du côté des hommes de la Dame Blanche, elle s’adresse tout de même aux hommes du Guet qui ont choisi l’autre camp. Il en sera de même pour vous, Hommes du Guet. Notre cité aura besoin de braves aussi attachés à elle qu’à leurs propres mères, non de putains qui la trahissent pour le rejeton d’une voisine, ces mots, prononcés avec un certain dédain, s’accompagnèrent d’un regard vers le prince, et je veux croire que vous êtes tous de bons fils pour notre précieuse mère. »

Et sans un mot de plus, elle rejoint ses troupes, certains de ses hommes, dont Ryltar, attendant qu’elle ait creusé la distance avant de s’en retourner eux-mêmes. Par des chemins détournés pour garder leurs distances du Palais d’Argent, ils rejoindraient le Palais des Lythandas où les forces vives déjà présente organisent les défenses et renforcent les portes pour prévenir les représailles, tandis que dans l’ombre, une autre forme de réponse à ce contretemps se prépare déjà… Une autre bataille à mener sans plus attendre.

Aux petits matins déjà, se propagent certaines rumeurs sur les troubles de la nuit, ici par des servantes nettoyant des linges aux lavoirs publics, là par un homme de main qui avait terminé son service, ou bien encore par quelques poivrots qui s’étaient égarés avant d’être chassés des Soieries, dès le soir venu, ce sont les nombreux bardes et les conteurs de rues, à la solde de la Dame Blanche qui ne manqueraient pas de se faire quelques piécettes en évoquant la dernière histoire à la mode, en y allant chacun de sa version, en y ajoutant des détails ou improvisant des histoires farfelues.  Dans la bouche de certains, c’était des fanatiques, pour d’autres une bande d’ivrognes égarés qui s’étaient attaqués - ou arrêtés - au Palais d’Argent avant que ce dernier ne soit sauvé par le Prince Vossula - qui se serait précipité seul dans le plus simple appareil, dépeint avec force détails, après s’être saisi d’une épée en plus du gourdin qu’il a constamment avec lui, pour les conteurs les plus audacieux et crus qui veulent émoustiller leur auditoire féminin - et ses hommes avant que la confusion ne jette contre lui quelques princes jaloux pour les uns - certains oseraient même dire que les “hommes” d’Uldal'Rhiz étaient en l’occurrence des putains contrariés que l’héritier des Vossula n’ait pas aussi virilement qu’attendu répondu aux appâts qu’elles lui présentaient, ce qui serait fort mal connaître l’animal, n’est-ce pas ? - quand il n’est pas simplement rejoint dans son sauvetage.

La vérité est sans importance, elle ne provient pas du Joyau, pas plus que des Soieries, la vérité populaire provient des lavoirs où les femmes s’échangent des ragots, elle se trouve dans les exploits, les duels et les conquêtes dont se vantent les hommes d’armes, dans ce que racontent les artistes, dans la rue ou dans les tavernes. Et pour fabriquer et propager cette vérité, la Dame Blanche, grande mécène et pourvoyeuse de divertissement, est incontestablement la mieux armée. Bien avant que le Conseil ne s’exprime, elle ferait d’Ascanio un héros et un parangon des vertus et des valeurs fantasmagorique du glorieux joyau de l’Est pour sa population.
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Salfaryl le Sombre
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MessageSujet: Re: Les Semailles de Sang   Les Semailles de Sang I_icon_minitimeSam 7 Mar 2020 - 12:49

Sur les toits

Les Semailles de Sang T8jo



Les cuirs-vêtus situés aux sols se rapprochèrent leurs cibles, marmonnant derrière leurs faciès voilés. On distinguait bien à leurs tailles qu'ils n'étaient pas des nains, mais des soudards humains à la solde de la Loge. Rapidement, ils se mirent à examiner les morts afin de les identifier. L'opération ne prit pas une minute, quand une voix calfeutré s'éleva dans les airs, c'était le Mogarium qui halait son groupe.

« Sont t'ils tous mort ? » s'enquit t'il d'une voix blanche.
« Aye et pas qu'un peu, de vraies pasettes. » lui répondit le plus vaillant.
Il reçut comme simple réponse, un souffle rauque, typique de la gente nanesque. Pressé par les braillements qui se rapprochaient, l'homme se permit quelques familiarités.
« Maintenant qu'on a remplit notre contrat, faudrait penser à nous faire palper avant que les rondards débarquent. Enfin, après qu'ont aient pliés les guibes fissa, ou elle est votre planque ? »
Or, Argent et Mogarium se lancèrent une œillade indistinguable sous leurs masques respectif. Sept sur les toits étaient membres de la Loge, sept au sol étaient les tirs-bourses engagés pour l'occasion.
« Voici d'abord votre solde. » annonça Or.
Les malandrins comprirent, mais pas assez vite. Uns à uns, ils reçurent leurs prix en acier, coutelas, viretons d'arbalestres à cliquets, dagues et hachettes de lancées. Les membres de la loges c'étaient tous accordaient sur une seconde cible en amont.
Les hommes périrent non sans tenter de fuir ou de résister, mais ils ne purent surmonter l'effet de surprise conjugué aux savoir-tuer des assassins nains.

Quand le silence ne fut plus brisé que par les échos des voix des guetteurs sur leurs traces, les nains quatre non-maître retirèrent leurs masques et se mirent à l'oeuvre, tenter de maquiller la scène en un affrontement entre brigands et drow sur la fuite.
Ils confisquèrent les masques de tissus prêter aux humains et percèrent leurs corps à d'autres endroits tout en donnant différentes poses à leurs dépouilles. Les autours furent ensevelis dans des barriques et cagettes prévus à cet effet. Puis ils déposèrent aux pieds de Wik et de son escorte, leurs propres arbalestres et autres coutelas afin d'agrémenter la scène de réalisme.
Enfin, ils se réunirent en groupe aux pieds des toits sur lesquels résidaient les Maîtres.
Composé d'un nain et de trois demi-nains, ils portaient les autours d'un maître d'oeuvre et d'ouvriers carriers.

« Nous sommes prêt, Maîtres. » annonça le nain.
« Nous nous retrouverons quand les braises se seront éteintes et les cendres reposées. Le Maître sera mit au courant de votre loyauté. Qu'Heidum veille sur vous. »

Mogarium, Or et Argent, tirèrent alors une nouvelle fois, blessant leurs propres gens dans une attaque calculé. Ils visèrent les partis les plus résistantes et les moins dangereuses, mais firent coulés assez de sang pour faire croire à un malheureux concours de circonstance.

Puis les Maîtres se séparèrent, empruntant tous trois chemins différents. Ils ne prirent pas la route des Mille-Caves, ni celles menant aux différentes infrastructures naines de la ville. Non, leurs chemins les menaient au contraire, la ou on ne s'attendait point à les retrouver.
Ils auraient tout loisir de regagner l'abris plus tard.

« A l'aide ! A l'aide ! A l'assassinat ! » furent les cris qui s'élevèrent dans le matin venant du groupe d'ouvriers de la pierres. Pour sûr que le grimage était risqué et que le Guet arrêteraient sans doutes le groupe nanien présent sur la place, mais à nouvel fois, ce risque était calculé. Par manque de preuves solides, ils éviteraient une longue détention, peut être n'en purgeraient t'ils même pas. Et dans le cas ou les choses tournaient aux vinaigres, la Loge avaient toutes confiances en ses membres pour qu'ils tiennent leurs langues.


***

Le Grandhall
Mille-Caves, Cité de Thaar, Ithri'Vaan



Ayant remonté dans le Grand Hall des Mille-Cave, le Sang d'Argent se prélassait sur un empire de coussins bariolés et joufflus. Comme à son habitude, il fumait.
Un grand hook le surplombant en taille, trônait au centre de son esplanade improvisé. L'endroit était presque désert aux petites heures du jours, mais déjà quelques durgazdawi commençaient à s'ébrouer dans leurs chaumes respective.
Une grande majorité n'avaient point conscience de ce qui c'était tramé en cette nuit dans les venelles de Thaar, mais ils ne tardaient pas à le découvrir, sans doute aiguillé par le fait  qu'il était plutôt rare que le Maître des Caves se prélassent ainsi en cet endroit.

« Maître, il semble que nous ayons un problème. » annonça la voix de l'Ambreroc.
« Les faits Marzaban, les faits. » gromella la voix enfumée de Salfarl.
« Des gens en armes du Guet. Ils sont à nos portes.»
« Et que font t'ils Marzaban ? Que font t'ils ? »
« Et bien, il semble...qu'ils ne font rien. Ils patientent. »
Un rire rauque, craquelant comme le parchemin s'éleva du gosier du Souverains Durgazdawi. Son écho résonna longtemps dans l'immense salle vide de tout autres bruits, attirant quelques nouveaux curieux en dehors de leurs masures.
« Alors, qu'ils calenchent à nos attendre. Peuvent t'ils se targuer d'avoir le siècle devant eux ? Sûrement pas ! Mais n'ai crainte,  nous n'attendrons pas à ce point, chasse cette lueur d'inquiétude que je vois poindre dans tes mires Marzaban. »
« Oui Maître. Néanmoins, cette situation est bien peu conventionnel. »
« En effet. Mais comme les fluctuations du prix de l'herbe à pipe, elle est vouée à changer. Nous serons bientôt ammené à sortir, Thaar et son peuple demanderont quelques justifications et croit moi Marzaban, ils nous inviterons même pour les leurs donner. »

Au delà des meurtrières de pierre du bâtiment, s'éleva le son caractéristique d'une corne de chèvre du désert. Cette dernière était souvent utilisé par les gens du Guet. Gens du Guet qui, bien que soudés d'apparence, n'étaient en réalité qu'une repaire poisseux d'âme corruptibles. Si une partie avaient cédés aux exigences de certaines sirènes, une autre était sans douter toujours attiré par l'or des nains.
C'est ainsi que sur la route des Mille-Caves, dans les rayons naissant, approchait une délégation armés de rondards aux couleurs de Thaar. Ils se postèrent non loin de ceux déjà présent, sans autres signes d'agressivités que de burinés faciès et de mauvaises œillades.

Situation cocasse qui voyait la le jour : un camp surveillait que personne ne rentre et personne ne sort. L'autre s'affairait à peut prêt à la même tâche, mais n'était pas rémunéré par le même pourvoyeur de fonds.

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