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| Le Dragonnier et l'Alchimiste | |
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Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
Nombre de messages : 230 Âge : 33 Date d'inscription : 27/10/2019
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 150 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Le Dragonnier et l'Alchimiste Sam 18 Jan 2020 - 14:10 | |
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Début de la première ennéade de Bàrkios de l’an 17 : XI Quelques minutes après avoir quitté le pont de Lylianna Tout ça pour du bronze_____________________________
« Je vais tâcher d’être claire. Si vous avancez encore d’un pas, ce carreau vous ouvrira le crâne en deux. »
L’arbalète braquée sur l’Ecailleux ne laissait aucun doute quant aux intentions de l’alchimiste. Elle avait à peine eu le temps de se faufiler hors des quais que déjà, la prêtresse de l’Unique lançait ses chiens à ses trousses pour la faire taire. C’était une bien belle façon de continuer la soirée : se faire courser par les nouveaux laquais d’une prêtresse pour avoir refusé un travail malhonnête. Thaar avait bien changé. D’ordinaire, on attendait au moins une bonne semaine avant d’exercer sa vengeance.
La sang-clair l’avait entendu venir … Il n’était pas discret. Etait-il trop confiant ? Peut-être. En tout cas, il ne la lâchait pas d’une semelle et semblait bien pressé de la rattraper. Dans le doute, mieux valait supposer le pire. Après tout, elle n’avait pas envie de finir sa vie égorgée par un inconnu dans les dédales de Thaar.
« Si c’est Lylianna qui vous envoie, retournez auprès d’elle avant de faire quelque chose que vous regretterez. A moins que vous aussi vous n’ayez flairé son entourloupe. »
C’était une possibilité à ne pas négliger. De tous les membres présents dans la cabine du capitaine, l’Ecailleux avait été celui qui s’était montré le plus perspicace quant à l’absurdité de la demande de la prêtresse de l’Unique. Peut être n’était-il pas là pour l’abattre … Quoique … dans le doute …
L’arbalète toujours pointée sur l’Ecailleux dans une ruelle pas bien éclairée, mais fort heureusement déserte, Cassiopée se mit à réfléchir à ses options. Avec un peu de chance, elle pourrait le distancer à la course s’il se montrait menaçant. Sinon, il y avait toujours ses décoctions dans sa sacoche. Peut être que si elle criait, quelqu'un viendrait à sa rescousse. Elle n'était pas à court d'option, mais elle espérait secrètement que cette nuit se terminerait à rire autour d'une bonne pinte plutôt qu'à arracher des carreaux dans un cadavre encore chaud.
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Sam 7 Mar 2020 - 16:04, édité 2 fois |
| | | Drystan
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 49 ans (42ème Jour de Barkios, An 967:X) Taille : 1,88m Niveau Magique : Apprenti.
| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Sam 18 Jan 2020 - 15:15 | |
| Il se fige quand elle le braque, après l’avoir rattrapé en toute naïveté, si l’on peut dire, il ne s’attendait pas à ça, pas tout à fait détendu, forcément, car celle-ci à l’air à cran tout de même et le coup peut partir très vite, volontairement ou non. Il lève les mains, tout doucement, pour lui montrer que non, dans l’immédiat en tout cas, il n’est pas une menace pour elle. Il faut admettre qu’elle a ses raisons d’être prudente, ils savent qu’un coup se prépare, qui en est le commanditaire, la victime et l’objet du larcin… C’est beaucoup, d’autant qu’elle a donné son nom et son visage, elle, alors que lui… Un petit tour de passe-passe, disparition du masque et pouf, c’est un anonyme… Avec une tronche immanquable, mais anonyme !
“Y retourner serait certainement la chose la plus regrettable à faire ce soir. Il ne veut plus en entendre parler, dans la mesure du possible. Ça, et le fait d’appuyer sur la gâchette, évidemment.”
Il s’autorise de la légèreté, il faut qu’elle se détende.
“Pas difficile de flairer l’embrouille, et encore, on en a juste gratté la surface, j’pense. Mais il ne veut pas en savoir plus… Il veut se tenir le plus loin possible de ces sectes, d’autant qu’il ignore ce qu’elles feraient de lui si elles pouvaient lui mettre la main dessus. Des adorateurs de dragons qui se foutent sur la tronche pour une écaille, dans sa voix, cette supposée relique, ou même l’idée d’une écaille de dragon paraît parfaitement négligeable, sans importance ou valeur, voilà dans quoi elle nous aurait probablement embarqué. Et avec des bras cassés pour partenaires, en prime !”
Difficile de savoir ce qui était le plus dingue dans cette histoire entre les deux. Sans menace dans la voix, s’exprimant simplement, il finit par faire une demande, en désignant des doigts, toujours les mains en l’air, l’arbalète.
“Tu peux éviter de me viser par contre, ou bien tu tires si c’est vraiment ce que tu veux, mais ça m’plait pas trop d’être braqué de la sorte.”
Et puis, on sait pas où elle a traîné et comment elle l'entretient, son arbalète, alors il ne peut pas totalement exclure un mauvais coup qui part.
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| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Sam 18 Jan 2020 - 18:25 | |
| Cassiopée éclata de rire.
« Des bras cassés, ça c’est certain. S’ils survivent à cette soirée, je ne donne pas cher de leur peau pour les prochaines ennéades une fois qu’ils seront traqués par le Guet et les cultistes. »
Elle baissa son arbalète et la désarma avant de la ranger à sa ceinture.
« Ce sont des inconscients … Et cette prêtresse est sans aucun doute une nécromancienne de talent. L’odeur du cadavre … cela se sent à des mètres à la ronde. Quel que soit l’engrenage dans lequel ces fous ont mis le doigt, ils risquent de le payer à terme très cher. »
La sang-clair entendit des pas dans les ruelles voisines. Un groupe de badauds venait de bifurquer à l’angle de la rue et se dirigeait vers eux. Petit à petit, la rue dans laquelle se trouvaient les deux protagonistes se remplit des habitants sortant des tavernes attenantes et allant finir leur soirée ailleurs.
C’était rassurant. Personne ne serait assez fou pour tenter quoi que ce soit d’hostile dans un environnement pareil. Cassiopée s’assagit. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter outre mesure. S’il avait voulu s’en prendre à elle, nul doute qu’il aurait été beaucoup plus prudent et beaucoup plus silencieux. Lentement, elle s’approcha et lui tendit la main.
« Repartons sur de bonnes bases alors et laissons tomber nos masques. Je suis Cassiopée Meldyrin, Protectrice d’Ys et directrice de la Compagnie Olyane … Et alchimiste à mes heures perdues. »
Autant être franc … Il n’y avait plus aucune raison de continuer ce petit jeu avec ces gens. Et rien dans le ton de l’Ecailleux ne laissait présager qu’il soit un danger imminent.
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| | | Drystan
Ancien
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Sam 18 Jan 2020 - 19:50 | |
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Il souffle enfin quand elle abaisse son arme, il ne se prendra pas un carreau malencontreux, en tout cas, pas tout de suite, c’est déjà ça.
Baissant les mains, il se détend en écoutant l’alchimiste. Une nécromancienne ? C’est une possibilité… Quelque soit la vérité, quelque chose de sordide et de malsain opère à bord de ce maudit rafiot, avec ou sans magie, c’est certain. Les trois loustics restés là-bas, ne souhaitant pas se poser les bonnes questions ou simplement obnubiler par la récompense pourraient fort bien servir de matières premières à quelques expériences dont il ne préfère pas imaginer la nature. Il se contente d’acquiescer à ses conclusions, il partage cet avis.
Les alentours s’animent, la soirée débute à peine pour la Thaar nocturne, et cette constatation semble rassurer la sang-mêlée qui décide de se découvrir plus qu’il n’aurait osé le demander, et ce qu’elle lui dévoile le laisse un moment perplexe devant la main tendue. Protectrice d’Ys ? Directrice de la Compagnie Olyane ? Si la seconde est étrangère au dragonnier - il aurait tout à fait pu s’agir, non d’une compagnie marchande, mais de théâtre -, c’est surtout le premier qui le frappe. Il a l’équivalent d’une princesse estréventine devant les yeux, en pleine rue, sans escorte d’aucune sorte - hormis son arbalète -, c’est bien ça ? On passera sur les détails sémantiques qui lui traverse l’esprit en passant. Bon, soit !
Il reprend sa contenance après ces quelques instants, et prend au mot l’invitation et repousse encore un petit peu la poignée de main pour venir décrocher son masque qu’il passe dans son dos, sous sa cape, où il peut l’accrocher, et retire la capuche de sa pèlerine pour dévoiler ses traits singuliers avant de finalement serrer la main.
“Drystan, dit l’Ecailleux, Dragonnier de Foen Delth, une nouvelle fois, il choisit d’employer le nom elfique, et accessoirement vagabond.” Bon, rien de tout ceci n’est un titre ou une profession, certes, mais il est sans emploi fixe. Et dans une tentative d’alléger une découverte possiblement aussi lourde de sens pour elle que la découverte d’une princ… protectrice, il se permet une question rhétorique toute bête.
“J’imagine qu’il est inutile de t’offrir du “Votre Altesse” ici, n’est-ce pas ?”
Oui, apprendre qu'elle est Protectrice d'Ys ne change rien à la familiarité qui est la sienne. Un sauvage !
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| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Dim 19 Jan 2020 - 0:28 | |
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La Protectrice d’Ys faillit éclater de rire à nouveau. Un dragonnier !? Rien que ça !? Et bien, avec l’apparition d’une prêtresse de l’Unique et la découverte de ses projets fumeux, entendre l’Ecailleux se proclamer dragonnier était peut-être, mais alors vraiment peut-être, la chose la moins farfelue de cette soirée. Pourquoi pas après tout !? Ce bel homme n’avait aucune raison de lui mentir et elle avait déjà vu des choses plus étranges au cours de son existence. Et les écailles discrètes qu’il arborait ne trompaient pas les yeux clairs de la demi-drow. Les probabilités de cette rencontre fortuite étaient infinitésimales, mais clairement, il n'y avait aucune raison de ne pas le croire.
C’était tout à fait logique en un sens. Les dragons existaient et étaient un fait naturel aussi sûr que l’Olya prenait sa source loin dans le nord. Si ceux-ci s’étaient montrés discrets ces dernières années, ne chassant que sur des territoires restreints, les marins continuaient parfois de les apercevoir dans le lointain, notamment sur les îles de l’archipel de Nelen. A côté de ça, Nisétis était connue pour sa vénération de dragons, que les Nisétiens voyaient comme des hérauts de l’Unique. Il n’était donc pas improbable que des fous aient tenté de se lier avec les dragons d’une manière ou d’une autre. D’ailleurs … comment devenait-on dragonnier ? Est-ce qu’il s’agissait de les dresser comme on dresse un chien ? Est-ce qu’il existait un rituel occulte et antique pour qu’il vous obéisse ? Visiblement, du peu que Cassiopée arrivait à distinguer dans la pénombre, cela affectait physiquement le dragonnier. C’était l’occasion d’en apprendre plus … et peut être de voir un vrai dragon ! Et au pire ... s'il lui mentait ... elle aurait au moins passé une bonne soirée.
« Enchantée, Drystan, dragonnier de Foen Delth. L’Ecailleux est un piètre surnom si je puis me permettre. Drystan te convient mieux.»
Elle lui sourit et passa sa main dans ses cheveux d’argent pour les replacer derrière ses oreilles. Foen Delth … c’était donc ainsi que se nommait le fameux dragon. C'était de l'elfique ça, non ? Mais elle n’eut pas le temps de le cuisiner plus avant que le dragonnier la questionnât déjà sur les convenances et les politesses d’usage. Le ton de la jeune femme se fit alors plus familier.
« Garde ces civilités pour les autres Princes Marchands. Je n’ai rien d’une altesse. Les altesses naissent dans le Joyau de Thaar et dans les Soieries, pas dans les Lanternes. »
Les Lanternes de Thaar. Un des quartiers populaires de la cité. Pas pauvre comme le port ou pourri comme le Nid. Un quartier ni trop riche, ni trop pauvre … quelque chose d’affreusement banal en fait. Et pourtant, c’était là qu’elle était née. Alors franchement, les règles de politesse étaient sympathiques devant des officiels, mais au fond, elle n’en avait cure. Les gens des Lanternes élevaient bien leurs gosses, mais n’en faisaient pas des culs serrés prompts à s’offusquer dès que leurs esgourdes vrillaient à l’oubli d’un « votre éminence ». On pouvait être correctement éduqué sans se formaliser de ces protocoles incessants.
Elle se retourna et lui fit signe de la suivre.
« Allons ailleurs. Il ne manquerait plus que la prêtresse ne se mette en tête de nous faire passer l’envie de rire. Et en chemin, il faudra que tu me racontes ce que peut bien faire de sa vie un dragonnier sans son dragon. Et surtout, par quel heureux hasard les dragonniers viennent au monde. »
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| | | Drystan
Ancien
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Dim 26 Jan 2020 - 18:12 | |
| “Mais Drystan n’est pas un surnom, et l’Ecailleux me va bien au teint, je trouve.”
C’est une évidence, certes, qu’il énonce avec sourire et chaleur… Mais il porte un masque, enfin, à cet instant, non, mais c’était le cas. Or, un masque, outre l’aspect esthétique, ça cache l’identité de celui qui le porte au premier venu, n’est-ce pas ? Alors quel sens ça peut bien avoir de porter un masque mais de révéler son identité malgré tout ? Pour ainsi dire aucun. Alors l’Ecailleux, ça n’est pas glorieux, c’est sûr, mais ça n’a pas non plus vocation à l’être, c’est donc qu’il est parfait dans son rôle ! Quoi qu’il en soit, la Protectrice d’Ys en dit un peu plus sur son compte… Honorable et intéressante, comme posture, certes, mais il ne parvient pas à se défaire de l’idée que c’est surtout cela, une posture, une manière de se distinguer des autres, voir de se donner plus de mérite que ceux qui se sont contentés d’hériter d’une situation confortable.
“Si tu l’dis.” dans un haussement d’épaule, l’air de dire que ces considérations lui échappent complètement.
Alors qu’elle se retourne et reprend sa marche, il lui emboîte le pas, un temps derrière elle, il replace son masque sans toutefois rabattre sa capuche, laissant libre sa longue chevelure blanche, il revient à son niveau avant de se caler sur son rythme. Naturellement, presque inconsciemment, ils s’éloignent du port et se mettent en marche vers les Lanternes, et plus généralement vers un endroit où reprendre de façon plus plaisante la soirée temporairement gâtée par la déplaisante déconvenue de l’appel à l’aventure factice… Sauf qu’elle ne peut s’empêcher d’évoquer la prêtresse ! Pour le dragonnier, il n’y a pas de menace sérieuse, ce qu’il a vu, c’est un concentré d’incompétence dont se sont extrait rapidement les deux seuls éléments valables. Des guignols et des amateurs… Alors il reste un temps silencieux, réfléchis avant de prendre la Cassiopée par le bras, comme un galant sa promise, et se détourne du chemin le plus évident. Dès lors, et pendant la dizaine de minutes qui suit, il l’entraîne à travers rues et ruelles, tournant et retournant, revenant sur ses pas, variant le rythme de ses pas sans dire un seul mot. Il joue à un jeu, observe les visages, les attitudes des badauds qu’il croise et recroise pour un ou deux, jusqu’à être satisfait… Et aussi soudainement qu’il commença, le jeu s’achève alors qu’il les remet dans la bonne direction et relâche le bras de sa partenaire.
“J’crois pas qu’on soit prit en chasse.” C’est là tout ce qu’il offre pour explication à son petit manège dont il est convaincu qu’elle l’a comprit, tout en retrouvant son attitude détendue et sereine.
“Pour te répondre… Par le même heureux hasard qui fait naître des altesses dans les Lanternes, je présume. Il dit cela avec légèreté et naturel, il lui laisse tout le soin d’en déduire quelque chose de satisfaisant, ou non. Il se permet d’être moins avare en parole sur l’autre sujet. Quant au reste, ma foi, tout dépend ce qui se présente… Ça fait bien dix ans que je vagabonde et que mes pieds m’emmènent un peu partout sur le continent, des terres stériles aux rivages de l’océan au nord, et il m’est bien peu souvent arrivé de me poser guère plus d’une ennéade ou deux. Ça n’était pas tout à fait vrai, évidemment, son apprentissage exigeant davantage pour le moment. Alors quand ça arrive et si j’en ai besoin, je saisis les opportunités que je trouve… Comme chasseur de bête et chasseur de prime, surtout.”
Pour une sédentaire, c’est sûr, ça n’a rien de folichon ! Encore qu’il peut bien raconter ses voyages, et c’est là que la magie opère. Mais en étant tout à fait honnête, il est un vagabond… un maître vagabond ! Un voyageur, un amoureux des grands espaces ! Mais il est aussi lui-même très curieux, alors il se permet à son tour, qu’elle soit pas seule à ce petit jeu-là.
“Dis-moi, comment ça devient protectice d’Ys, une gamine des Lanternes ? Et qu’est-ce qui l’amène à r’chercher l’aventure ?” |
| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Mar 28 Jan 2020 - 20:14 | |
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« C’est bon à savoir » lâcha-t-elle à son partenaire.
Cassiopée avait accompagné sans broncher Drystan dans son petit manège. Efficace, ceci dit. Elle était prête à le croire pour l’absence de poursuivants. Après tout, il n’y avait pas raison de mettre sa parole en doute et il risquait aussi gros qu’elle si jamais il se retrouvait avec des assassins aux trousses.
Les explications de Drystan concernant sa vie étaient … lapidaires, mais correspondaient bien au préjugé que la demoiselle avait : une vie de vagabondage. Ce ne devait pas être la vie la plus facile qui soit : élever un dragon – d’ailleurs, un dragon doit-il être élevé ? – et veiller à ne pas se faire remarquer. Bon, bien évidemment, tout cela était conditionné au fait qu’il lui ait dit la vérité, mais imaginer un seul instant qu’une histoire pareille pouvait être un pieux mensonge était à exclure. C’était trop gros pour en être un.
Ainsi donc, être un maître-vagabond doublé d’un dragonnier était finalement une vie extrêmement banale qui ne se différenciait du mercenariat que par la qualité de la monture. Chasser des bêtes et des humains : une vie de mercenaire sans histoire enfin de compte. Quelque part, Cassiopée était déçue : elle s’attendait à ce qu’un dragonnier ait une vie plus … excitante. Où étaient les aventures épiques !? Les combats glorieux ?! Les demoiselles en détresse ?! Visiblement, au vu de son récit … ce genre d’image était loin de la réalité.
« Je vois … finalement, ta vie ne diffère en rien de celle d’un mercenaire. C’est à la fois rassurant … et un peu décevant. Mais je suppose qu’on ne peut pas vivre des aventures excitantes tous les jours. Je me trompe ? »
Ils bifurquèrent par la rue des Agathes, une des artères commerçantes menant aux Lanternes. Il y avait toujours de l’activité dans cet endroit. Les commerçants ne s’arrêtaient jamais vraiment de travailler dans cette cité. La demoiselle des Lanternes savait parfaitement où aller. Aucun risque de se perdre dans cette partie de la cité : elle la connaissait comme sa poche. Mais avant toute chose, il fallait répondre aux questions de cet homme nonchalant, mais dont la compagnie n’était pas désagréable au demeurant.
« Et bien, je dirai que pour faire une Protectrice d’Ys il faut : une bonne dose de travail, un zeste de voyage, une pincée de chance, mélanger le tout avec une bonne longévité et saupoudrer le tout d’un bon sens des affaires avant de servir chaud. Et pour ce qui concerne l’aventure … disons une lichette d’audace assaisonnée avec des copeaux d’ennui. »
Il était vrai que cela faisait quelque temps que la demoiselle n’avait pas pu partir à l’aventure. Cela lui manquait, mais sa cité ne dormait jamais et il y avait toujours quelque chose d’urgent à régler.
Elle tourna dans la rue des Marbres, reconnaissant dans l’air l’odeur des tourtes chaudes à la poularde que l’on faisait cuire chez Pétale, la tenancière de l’Ambroisie, un des établissements les plus connus des Lanternes. On pouvait voir, à l’angle de la rue, se dessiner la terrasse couverte par les pergolas en bois où s’enroulaient les glycines. Quelques clients dévoraient à pleines bouchées les fameuses tourtes à la pâte souple enrobant le poulet mariné dans les épices vaanies … un vrai régal pour les papilles …
« Tu as faim ? »
Etrangement, cela ne sonnait pas comme une question dans la bouche de la Protectrice, mais comme une injonction. On ne pouvait refuser les tourtes de Pétale. La sang-clair tenait cet établissement depuis très longtemps et avait perfectionné son art depuis plus longtemps que n’importe quel être humain. De plus, elle était un des piliers de la communauté des Lanternes, un des quartiers regroupant le plus de demi-drows de Thaar. L’Ambroisie était un vrai havre de paix dans le chaos et l’agitation qu’était Thaar. Certes, les mets de Pétale n’étaient pas donnés, mais ils étaient savoureux. |
| | | Drystan
Ancien
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Dim 2 Fév 2020 - 5:36 | |
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- Si c’est ce que tu en conclus, c’est que tu n’y vois rien, navré.
C’est dit sans méchanceté aucune, il n’y a pas d’offense et c’est probablement de sa faute… en partie. Eh bien oui, parce que manifestement, elle a dû mal à imaginer l’existence d’un type qui ne bosserait que de façon très exceptionnelle parce qu’il n’aurait pas tant besoin d’or pour vivre. C’est un sauvage, oui. En tout cas, de peu de mot, elle en conclut un paquet de chose, la petite dame ! D’une présentation simple, elle voit tant le mercenariat où il n’est pas qu’une vie ennuyeuse et banale. La modestie est-elle un concept à ce point étranger pour qui s’élève dans les sphères vaanies ?
- Si ce n’est qu’on se repose sur nos talents au combat, on a rien en commun, eux et moi.
C’est léger, et c’est donc mettre tout un paquet de monde dans le même panier, de l’aventurier au chevalier errant en passant par le chasseur de prime, d’y accoler le nom grossier de mercenaire, et voilà le travail ! Alors que si y a bien une chose qu’il se refuserait à faire, c’est bien le mercenaire ! Prendre part à un conflit, un dont il est étranger ? C’est pas dans ses plans, non. Il ne la reprend pas sur le reste, après tout, c’est quelque chose de très subjectif, mais des aventures au quotidien, ça en deviendrait d’un banal, non ? On y perdrait l’excitation et la saveur de chacune, c’est une évidence.
Ils continuent de progresser en terrain connu, manifestement, et la Protectrice d’Ys lui répond, et tant à cause de la forme que du fond, il lui vient l’envie de “sanctionner” les conclusions hâtives précédentes.
- Je vois… Devenir protectrice d’Ys, même en naissant dans les Lanternes, ça ne demande rien d’exceptionnel en définitive… C’est un peu décevant.
Il s’amuse à l’imiter, jusque dans le ton tout en voulant chatouiller sa fierté. Elle a prit un soin tout particulier à se détacher de la masse des altesses, mais finalement, ce qu’elle dépeint n’est guère différent de ce qu’on attend et imagine d’un autre. Elle peut rétorquer que ce sont d’oisifs héritiers, mais sans les connaître, il doute fortement qu’il n’y ait que cela dans les Soieries, particulièrement parmi les Princes dit Marchands. Où sont les grandes intrigues politiques ? Les complots et les assassinats ? Où se trouve l’audace d’une gamine née de peu qui ose et s’impose, si tout n’est qu’une question de travail et de temps ? Sa déception est pour l’essentiel de façade, pour le jeu du miroir, mais tout de même, après avoir pris si grand soin de mettre en valeur sa naissance modeste, il s’attendait à mieux.
Alors qu’elle les mène jusqu’à une enseigne qu’elle a manifestement en tête depuis un moment, d’où émane une bonne odeur et une saine - un peu trop - agitation à base de dégustation et conversation, si on compare aux tavernes qu’il fréquente généralement et où il trouve toujours une table où s’adonner à quelques jeux pour passer le temps, plutôt que de boire comme les autres gueules saoules. Quand elle pose sa question - on va appeler ça une question -, il se doute que ça n’est pas raisonnable, mais après tout… C’est pas si souvent que ça lui arrive de manger de tels mets, il peut se faire ce petit plaisir, n’est-ce pas ?
- Ma foi, pourquoi pas.
Et d’un geste, il l’invite à ouvrir la marche, après tout, c’est elle l’enfant du pays, si on peut dire, et c’est elle qui est à la manoeuvre, manifestement. Une part de lui-même serait naturellement aller plus avant, elle aurait suivi le mince fil qui s’est depuis épaissit, le menant à l’un de ses deux compagnons, non loin de là, dans une autre auberge où des musiciens animent la soirée. Il s’en écarte toutefois sans déranger, préserver l’intimité qu’il partage certainement avec sa petite partenaire au même moment, hors de question de le troubler cette nuit. C’est donc à l’une des tables de l’Ambroisie qu’il s’installe pour faire passer le goût amer de la déception, de ce mirage aventureux qu’ils ont tout deux espéré, pour ce qu’il comprend, pour chasser l’ennui d’une soirée banale ? Il ne connaît pas cet établissement tenu par une demi-drow, manifestement, mais après tout, hormis les tavernes qu’il sait le plus fréquenté par des marins et des gens de passages, idéal pour glaner quelques nouvelles du monde, c’est un complet ignorant… Alors qu’il retire son masque, sa pèlerine et ses gants, Cassiopée peut de fait découvrir et deviner le reste des écailles qui parsèment le corps du dragonnier. Des semblables fines écailles sur les mains au plus grossière et opaque qui paraissent sur ses épaules et qu’on devine se poursuivre dans le dos. Sa tenue rudimentaire mais pratique, chemise sans manche surmonté d’une veste de cuir, ses quelques ornements, gri-gri en os sculpté et boucle d’argent représentant un cerf suspendus à la ceinture, talisman grossier en bois évoquant Kÿria au cou, brassard de bronze de manufacture elfe aux bras. Dans son dos, ses deux armes, deux dagues dont les poignées sont réduites au minimum, du très bon travail pour la prise en main mais dénuée de tout artifice, on peut y deviner néanmoins que ce ne sont pas des armes communes - et pour cause… elles valent une petite fortune.
- T’as l’air de connaître, qu’est-ce que tu me conseilles ? Demande t-il une fois qu’ils se sont installés.
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| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Ven 7 Fév 2020 - 0:14 | |
| *Et bien ! En voilà donc un bien fier dragonnier !*
La Protectrice d’Ys avait bien remarqué les traits qui distinguaient le maître-vagabond du reste des mortels. Comment ne pas voir les écailles et comment ne pas voir aux différents objets qu’il arborait que ses pas l’avaient emmené bien plus loin que ce que Cassiopée avait imaginé de prime abord. Il aurait été inconvenant qu’elle se formalise pour l’aspect atypique de son compagnon : entre elle et lui, finalement, il n’y avait pas une si grande différence. Bon … il était vrai que des écailles, c’était quand même inédit. Ça, elle pouvait le lui reconnaître. Elle fit cependant mine de ne pas s’en inquiéter : il n’était pas forcément souhaitable que la discussion porte sur ça. Néanmoins, il était intéressant de voir que la relation avec son dragon invisible – puisque pour l’instant, elle n’en avait pas vu la queue d’un – semblait avoir un effet certain sur le corps du mercenaire.
Elle reconnaissait les éléments qu’il portait : ils étaient de manufacture elfique. Ceci dit, cela ne demandait pas une très grande capacité d’estimation pour s’en rendre compte. Il fallait cependant noter qu’ils ne semblaient pas provenir d’Ithri’Vaan, la facture étant très différente. En tout cas, cela lui permettait d’envisager que son interlocuteur avait réussi à voyager sur les terres elfiques … ou à dépouiller un elfe ayant la même carrure que lui. Quoique les deux hypothèses n’étaient pas incompatibles.
Ses armes étaient cependant celles qui semblaient les plus adaptées à sa carrure. Deux dagues, dont le dessin témoignait d’un véritable savoir-faire en matière d’artisanat. Il n’y avait rien à dire sur ce choix : c’était, vu de loin, du bel ouvrage.
En s’asseyant, la jeune femme garda à la ceinture son arbalète et accrocha sa sacoche au dossier de la chaise. Elle balaya de son visage une des mèches de ses cheveux qui s’était empêtré dans l’une de ses boucles d’oreille en argent et répondit au mercenaire :
« Ici, rien de mieux que de prendre le plat du jour. Je crois que c'est tourte au poulet avec épices. »
La tenancière de l’Ambroisie ne se fit pas attendre. Dès qu’elle aperçut Cassiopée au travers des vitres, elle débarqua aussitôt, troublant le savant protocole mis en place entre ses serveurs et elle. Pétale était une demi-drow d’âge mûr. D’aussi loin que Cassiopée s’en souvienne, elle avait toujours été la tenancière de l’Ambroisie. Elle devait avoir probablement le double de son âge et les années avaient été assez tendres avec elle … et ce malgré ses cinq enfants et ses deux mariages devant Néera. Costaude comparée à Cassiopée et la dominant d’une bonne tête, notamment grâce à son imposant chignon relevé, Pétale était l’une des âmes du quartier des Lanternes. Elle connaissait tout le monde et avait probablement élevé plus d’enfants que n’importe qui dans le quartier, entre les tourtes et les livraisons. Généralement, les parents des Lanternes qui étaient beaucoup trop occupés durant la journée lui demandaient parfois de garder leurs enfants, ce qu’elle ne refusait que très rarement. En ce sens, elle avait probablement connu tous les gamins du quartier et les avait au moins eu sur ses genoux un instant ou un autre. En tant qu’ainée du quartier, elle avait toute sa place au sein de la communauté et nombreux étaient ceux qui venaient la voir pour des conseils.
Pour Cassiopée, Pétale était un peu comme une seconde maman. Oh bien sûr, il y avait sa propre mère, indétrônable, mais c’était Pétale qui lui avait appris à courir après les garçons … et à les passer à tabac s’ils se comportaient mal avec les employés. Car aussi sympathique que fut la tenancière de l’Ambroisie, elle n’était pas femme à se laisser marcher sur les pieds et il n’était pas rare que l’on retrouvât il y a de cela quelques décennies des mauvais payeurs pendus par les pieds aux lanterneaux de la rue des Marbres, sévèrement rossés après avoir tenté de resquiller. Quant à ceux qui faisaient des avances un peu trop lourdes au personnel … on les retrouvait généralement au fond d’un puits à sangloter.
Pétale se porta à leur hauteur, tout sourire et tira les joues de sa protégée avant de lui ébouriffer les cheveux. Bon … pour la contenance, la retenue et la noblesse de la Protectrice … il fallait visiblement repasser plus tard. A l’Ambroisie elle n’était que :
« Mon p’tit Bouchon ! »
A ce moment précis, elle aurait presque regretté de ne pas être resté sur le navire … presque. Si elle avait pu rougir malgré sa peau grise, elle serait passée au rouge pivoine. Pétale avait le chic pour la mettre en boite devant de parfaits inconnus. Comment passer pour une grande et terrible Princesse Marchande après ça ?
Pollen, le Pipumia apprivoisé de Pétale - il n'était pas le premier à s'attacher à elle - vint à leur rencontre et se frotta aux jambes de Cassiopée en reniflant son odeur. Visiblement, l'odeur du cadavre qui suintait du navire de Lylianna n'avait pas échappé à la créature, qui après avoir certifié sa provenance, s'enfuit dans les cuisines pour retourner dévorer son repas.
Cassiopée n'eut pas le temps de faire les présentations que Pétale comprit qu'elle aurait probablement des détails croustillants de cette soirée bien plus tard. Elle se contenta de griffonner sur son calepin une commande qui n'avait jamais été passée et proclama à voix haute sans que les deux compagnons n'aient leur mot à dire :
"Bon et bien pour vous, ça sera les deux plats du jour. Et un bon pichet de vin !"
Un sourire entendu plus tard et l'aimable tenancière s'était enfuie pour s'occuper de ses autres clients, non sans jeter des regards réguliers sur leur table. Cassiopée savait qu'elle n'échapperait pas à un interrogatoire d'au moins deux heures sur sa présence aux Lanternes en si étrange compagnie. Elle soupira et dit à moitié en rigolant de honte.
" ... Si tu m'appelles mon p'tit bouchon, je te coupe la langue ... "
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| | | Drystan
Ancien
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Mar 18 Fév 2020 - 7:05 | |
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« Heleth Reniä… » Murmure t-il en voyant le pipumia venir renifler cette présence familière qu’est Cassiopée. Là encore, voilà une créature dont il n’avait pas idée ni de l’existence ni du nom avant de se rendre en Anaëh. A l’occasion d’une de ses errances dans les alentours de la Cité Blanche, il était tombé nez à nez avec cette curiosité de la nature qui semble avoir pioché çà et là les attributs de tel ou tel autre animal, et c’est un naturaliste qui lui avait donné ce nom.
Il observe le petit manège des deux femmes, la complicité et la relation qui semble lié l’une et l’autre. Il ne juge pas, évidemment, dans sa mémoire il se trouve quelques cuisinières et servantes à avoir occuper par substitution cette place alors qu’il était envoyé au palais ducal auprès de son oncle, pour lui donner en douce quelques fruits et quignons de pains et tranches de lards hors des heures de repas… Ça avait tout au moins été le cas dans sa tendre enfance, avant qu’il n’attire l’attention de son mentor, le maître-espion, et de ne plus être que « mon garçon » et essentiellement un apprenti.
Il ne les interrompt pas, et se contente d’un mouvement de salut de la tête quand elle décide d’elle-même de la commande. Quand elle se retire et que la menace à demi-hilare peu crédible tombe, il feint de s’en offusquer, mais avec son sourire, il ne l’est pas beaucoup plus qu’elle.
« Elle a l’air charmante alors pourquoi tant de violence ! C’est pourtant mignon p’tit bouchon ! »
Si d’emblée, il est légitime qu’il ait eu un soupçon de doute, après ça, il n’y en a plus tellement, elle avait assurément vécu un temps dans ce quartier pendant sa jeunesse. Quant à ces histoires de protectrice d’Ys, bien qu’étonnant, compte tenu de son attitude, à quoi bon mentir et prétendre cela si ça n’est pour en tirer aucun profit ou avantage ? Il lui faut donc considérer, aussi improbable que ça puisse paraître, qu’il dîne avec une dirigeante d’une cité d’Ithri’Vaan… Soit.
« Bon, pour une altesse, ça retire beaucoup à l’imposant qu’on attend d’une majesté, certes, mais tu n’es pas une altesse ce soir, n’est-ce pas ? Il n’a pas l’intention d’insister plus en vérité, mais sur le coup, ça l’amuse bien - et ça donne du crédit à sa petite histoire, pour sûr -, et il va en rajouter un petit peu, le bougre ! En comparaison l’Ecailleux, c’est… c’est très moyen, c’est vrai, je comprends mieux. »
Il ne va pas aller jusqu’à suggérer la moindre jalousie, chacun son surnom, c’est plus sain.
« Donc une gamine des Lanternes peut vraiment devenir protectrice… mais pas princesse… Il est un instant songeur, c’est à dire que ça l’étonne dans cette région où chaque seigneur d’une cité se donne du prince ou princesse, qu’il y ait des exceptions. D’autant que ça ne colle pas à certains de ses souvenirs. Il m’semble pourtant qu’une certaine Kahina d’Ys, qu’a été duchesse du Soltaar était princesse. C’est récent, cette histoire de protecteur ? » A moins que ça n’ait été qu’une invention pour rendre plus remarquable et important le mariage entre la prétendue princesse et le duc. Ces histoires étaient déjà loin de ces préoccupations, il n’avait pas prit la peine de s’y intéresser davantage.
« Est-ce que ça signifie que tu fais également parti du conseil qui siège au Joyau ? »
Il est franc dans sa curiosité, peut même sembler naïf, mais le fonctionnement des hautes-sphères thaarie lui échappe encore… C’est à dire que ses recherches sont essentiellement concentrées sur le passé, légendes, mythes et contes hérités ou influencés par l’ancien empire dont il aspire à retirer quelques vérités de ces fragments éparses d’un passé dérobé et perdu. Ce qu’il sait du présent, ce sont les rumeurs des marins, les on-dit des gens simples et ordinaires auquel échappe le jeu des intrigues qui doit se produire dans les hauteurs, au sein du Joyau ou dans les profondeurs des palais des Soieries.
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| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Mer 19 Fév 2020 - 22:15 | |
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Cassiopée ne savait plus trop où se mettre, mais pouvait-elle être véritablement étonnée ? Après tout, c’était bien elle qui avait proposé de venir aux Lanternes. Elle ne pouvait que s’attendre à cette situation. Visiblement gênée, elle répondit d’un ton mutin :
« Si jamais ce surnom sort des Lanternes, je saurai que c’est de ta faute … »
Elle posa les coudes sur la table et croisa les doigts, espérant reprendre un peu de contenance et faire passer ce moment un peu … délicat. Elle ne répondit à la pique de l’Ecailleux qu’avec une moue un peu vexée, mais au fond, elle s’amusait quand même bien. Cette soirée s’annonçait définitivement plus intéressante que le fait de voler une écaille de dragon et de risquer la pendaison. « La pendaison ou la tourte » … Peut être qu’un écrivain pourrait développer une pièce de théâtre sur ça ?
« Protectrice est un titre un peu pompeux qui a été inventé par les nouveaux représentants d’Ys pour remplacer le titre de Princesse Marchande que détenait cette « chère » Kahina. C’est une fonction plus de représentation et de médiation que de décision. Ys a décidé de devenir une république marchande après le départ de Kahina pour Soltariel. Enfin … décidé … disons que j’ai un peu forcé les choses … Et que pour l’instant, mon expérience fonctionne. »
Forcé était le mot juste. Elle avait passé des années à mettre en place les conditions pour que la cité d’Ys puisse s’émanciper d’un pseudo-statut qui maintenait la population sous un régime de féodalité, le tout sous le regard complaisant du Conseil de Thaar. Elle avait bataillé sur le terrain de la législation pendant un temps considérable pour trouver la faille qui lui avait permis d’usurper le titre de Princesse Marchande d’Ys et de prendre le contrôle de la cité.
Néanmoins, reproduire le système politique de Thaar ne l’intéressait pas. D’une part, parce qu’elle n’avait pas le temps de diriger son entreprise, de pratiquer l’alchimie et de diriger une cité, mais surtout parce les guildes sur lesquelles elle s'était appuyé n'auraient jamais accepté de se voir privées de pouvoir.
« Le titre a une dizaine d’années. Lorsque j’ai pris le contrôle de la cité, nous avons décidé, avec les guildes et les notables du territoire, de créer trois pouvoirs séparés. Le rôle de Protecteur est très simple : j’ai été élue pour représenter la cité à l’extérieur de ses murs et porter publiquement les projets décidés par les Treize. Je dispose d’une influence sur les décisions prises, mais au final, ce sont les Conseils qui disposent du véritable pouvoir dans la cité. Nous avons un Conseil des Guildes pour le pouvoir exécutif, une Chambre des Citoyens pour le pouvoir législatif et un troisième pouvoir pour ce qui concerne la justice."
Il n’avait pas été aisé de monter une république à partir des seules bonnes volontés des gens d’Ys mais … contre toute attente, cela avait fonctionné. La république marchande avait bientôt 10 ans et tenait encore debout, malgré les sceptiques qui ne lui avaient pas donné plus de trois mois.
Quant au Conseil de Thaar …
« Non … Je ne siège pas dans ce Conseil. L’inaction des Princes Marchands et leur incapacité à trancher la question d’Ys suite à sa prise d’indépendance vis-à-vis de la tutelle de Kahina a conduit à une situation inédite en Ithri’Vaan. Pendant près d’une décennie, j’ai multiplié les relations diplomatiques auprès du Conseil pour y obtenir un siège et rattacher officiellement Ys à la Principauté de Thaar, mais toutes mes demandes sont restées sans réponses. »
C’était à la fois une opportunité et un risque. Une opportunité car Ys échappait aux édits du Conseil et était libre de ses choix et de ses stratégies. C’était aussi un risque dans la mesure où malgré les relations de bon voisinage et l’amitié entre Ys et Thaar, Ys restait un territoire qui restait dans l’ombre de sa « grande sœur », qui pouvait à tout moment tenter de reprendre ses jouets …
« Mais bon … cela n’empêche pas Ys de mener sa barque dans le grand bain de l’Ithri’Vaan. Si le Conseil ne veut pas de nous … et bien soit, nous irons chercher des alliés ailleurs. Les gens de bien sont peu nombreux dans ce Conseil. Leur attitude nuit totalement à la prospérité et à la stabilité future de ces contrées. Ils manquent de vision d’ensemble et sont tels des boulets que les Princes Marchands les plus ambitieux et visionnaires se traînent. Pour un Prince Marchand investissant dans l’avenir de sa cité, tu en as trois autres qui passent leur temps à coucher et à se complaire dans leur monopole commercial. J'veux dire ... à quoi ça sert d'avoir de l'argent et d'en amasser des quantités astronomiques si c'est juste pour se toucher les parties dans son palais et de ne pas s'intéresser à la vie de son propre territoire ?»
Cassiopée pouvait sembler amère et c’était le cas. Elle connaissait quelques-uns des Princes Marchands du Conseil. A cause du sceau du secret qui frappait toutes leurs réunions, elle ne pouvait savoir qui avait bloqué l’adhésion d’Ys au Conseil, mais elle savait principalement qui était dans le coup. Elle savait que de tous les Princes Marchands, la Dame Blanche de Thaar était probablement la plus en faveur du rattachement d’Ys mais que des Princes Marchands comme l’autre vendeur d’alcool étaient trop occupés à écouler leur piquette et à fricoter avec les Eldéens pour se soucier d’une petite cité à l’embouchure de l’Olya.
« Vois ça comme une hydre avec autant de têtes que de Princes Marchands … chaque tête voulant quelque chose de différent. La bête ne peut se mouvoir dans l’une ou l’autre des directions et… »
Elle n’eut cependant pas le temps de filer sa métaphore plus loin. Pétale venait de sortir des cuisines, suivie par Pollen. Elle portait dans ses mains deux grosses tourtes dont le délicat fumet laissait à penser qu’il s’agissait de tourtes au poulet. Pollen se posa sur les genoux de Cassiopée et regarda attentivement le drôle d’homme qui était assis en face d’elle tandis que sa maîtresse posait avec élégance les plats sur la table de bois.
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Sam 4 Avr 2020 - 14:29, édité 1 fois |
| | | Drystan
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Jeu 20 Fév 2020 - 16:36 | |
| Aussi curieux que cela puisse paraître après ses élans et son attitude nonchalante, c’est avec la plus grande attention et un soupçon de réflexion qu’il assimile et digère ce qu’elle lui apprend, sans perdre le fil… C’est même plutôt le contraire. Ce qu’il apprend, il le compare, le rapproche de ce qu’il connaît par ailleurs pour en dégager un tableau qu’il peut saisir avec une certaine aisance. Voilà un exercice qui pourrait le trahir… Il a beau se présenter comme un vagabond, il n’est toutefois pas prêt à totalement désapprendre à être celui qui a côtoyé de près et même possédé le pouvoir. Il est silencieux un moment, sans offrir l’impression d’être ennuyé par un tel torrent… Il réfléchit.
Il s’interrompt néanmoins quand la tenancière débarque avec deux tourtes qu’ils soupçonnent d’être plus grosse qu’à l’accoutumée. Maman ne veut pas que son p’tit bouchon manque de quoi que ce soit ! Il est heureux qu’il se soit jusqu’à lors de quelques petits fruits sans quoi, c’est certain, il risquerait d’offenser la cuisinière. A l’intérêt que lui porte Pollen, il lui accorde le même… Mignonne petite créature, c’est certain, ce qu’il se garde bien de penser trop fort, comme si Monarth pouvait l’entendre. Néanmoins, elle ne paraît pas posséder une intelligence particulière… Une fois servi, et en attendant que ça refroidisse, il reprend quelques instants sa réflexion.
Assurément, l’histoire des structures et des gouvernements d’Ithri’Vaan, des cités libres à la principauté, peut être un bon sujet de recherche, toutefois, même ignorant, il ne peut s’empêcher de voir des schémas tout à fait familier… Des schémas qui ne paraissent toutefois pas l’un des fruits d’une des reconquêtes de la région ou d’une influence quelconque. De cette réflexion, il écarte momentanément ce qu’il perçoit comme une forme de ressentiment vis à vis du Conseil de Thaar, c’est un sujet non moins intéressant mais qui découle très certainement des ambitions et des aspirations contrariées… Un tel rejet, si l’on désire voir grossir son influence, c’est un obstacle et un revers sérieux. Mais surtout, cela aussi répond à un schéma familier. Il reprend les choses dans l’ordre… Cette expérience, Ys… Comparable à une monarchie dont le roi est faible et les grands vassaux forts, alors seuls garants de la légitimité et du maintien de la couronne en place selon leurs envies mais surtout leurs intérêts, un roi fantoche, en représentation, voilà à quoi il ne peut s’empêcher de rapprocher un tel fonctionnement, et les derniers mots de Cassiopée le conforte dans une telle comparaison, si ce n’est qu’une monarchie, par son attachement aux lignages et au sang, peut rencontrer des problèmes de succession, un roi, même fantoche, doit posséder quelques liens avec les précédents alors que la protectrice est bien plus facile à remplacer. Dès lors, par analogie, son esprit vagabonde et écarte momentanément cette figure qu’est la protectrice pour ne plus se pencher que sur les trois conseils… Et tout naturellement, une seule question s’impose à lui. Une seule.
« Qu’est-ce qui définit un citoyen, dans votre république ? C’est manifestement la base. Bien sûr, il y en a d’autres qui lui viennent à côté de ça, sur la désignation des représentants au sein de ces conseils, leurs nombres. Mais la première brique de ce système, c’est le citoyen… Un premier maillon par lequel il est possible d’écarter de la vie politique une partie de la population, comme ailleurs. Et qui siègent dans les conseils ? » Bon, en passant, probable que son image de vagabond désintéressé, à supposer qu’elle ait pu exister ce soir, en prendra un coup, mais il ne peut contrarier sa propre curiosité, l’un des moteurs de son existence.
Quant à la gouvernance de la principauté, l’amertume qu’il perçoit évidemment tend à le rendre prudent, d’autant que, probablement plus péniblement qu’avec moins de monde à sa tête, l’hydre, en l’occurrence, avance tout de même, et le fait qu’elle n’ait pas encore connu de crise interne majeure suggère même que pour l’heure, d’une façon ou d’une autre, ils parviennent systématiquement à un consensus.
« D’une façon ou d’une autre, l’hydre parvient pourtant à prendre des décisions, et certainement de la même façon qu’au sein des conseils qui gouvernent ta cité, en dégageant une majorité. Je me trompe ? »
En réalité, il en sait bien plus… Car il se souvient qu’une vingtaine d’années auparavant, alors qu’il était maître-espion, il n’était pas encore tellement question de ce Conseil de Thaar qui siège au Joyau. Ils existaient déjà, il en est certain, mais au-dessus d’eux, on trouvait encore un Prince de Thaar… A l’instar de cette république marchande d’Ys, la Principauté dans sa forme actuelle est une forme de gouvernance nouvelle, et pour ce qu’il sait de l’histoire récente, elle n’a pas connu une crise suffisamment importante pour gagner en efficacité. D’une façon ou d’une autre, pour quelques raisons, les Prince-Marchands chassèrent le Prince de Thaar sans que rien ne viennent le remplacer et cette assemblée de puissants marchands et de maîtres des cités s’attribua ses prérogatives, aucun ne parvenant à s’imposer face aux autres.
Et en attendant, il n’a pas encore touché à son assiette, et une telle idée chasse momentanément sa réflexion.
« Ma foi, c’est qu’tout ça pourrait bien m’ouvrir un certain appétit, mais je crois que si je tarde trop à satisfaire l’autre, la tenancière va me tomber dessus… D’autant qu’avec son p’tit bouchon à la table, j’sens bien qu’elle ne décroche pas. »
Il le fait exprès là, oui. Il s’empare de ses couverts et commence à se servir, un coup d’œil vers la tenancière.
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| | | Cassiopée Meldyrin Sang-mêlé
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Mer 26 Fév 2020 - 23:09 | |
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La demoiselle caressait Pollen tout en écoutant attentivement la question de son interlocuteur. Néanmoins, il était hors de question qu’elle réponde à sa question le ventre vide, aussi planta-t-elle sa fourchette dans le cœur de la tourte, qui laissa s’échapper un délicat fumet. Elle avala avec un plaisir certain le morceau que Pollen regardait avec gourmandise. Il était cependant hors de question de nourrir l’adorable bestiole ! C’était la règle ici.
Mastiquer la pâte et la chair fondante de la tourte lui donna une parfaite excuse pour faire parvenir sa réponse à maturité quant à la citoyenneté à Ys.
« Nous appliquons plusieurs principes pour définir un citoyen à Ys.
Tout d’abord, un citoyen à Ys est une personne installée à sur son territoire depuis plusieurs années et pouvant le justifier, par un titre de propriété ou des citoyens pouvant attester de sa bonne foi. Ça c’est la première règle : un attachement à la terre. Il ne suffit pas d’aller et venir à Ys, il faut la connaître et la vivre pour pouvoir prétendre à en devenir citoyen.
Ensuite, il y a la question de la maturité et de la tête bien pleine et bien faite. Seuls les jeunes gens ayant sachant lire et écrire ont le droit de devenir citoyen et ils doivent avoir plus de 18 ans révolus. Notre cité tente de fournir à quelques personnes choisies au hasard une éducation décente.
Une fois que l’aspirant ou l’aspirante a prouvé son attachement à la terre et sa capacité à lire et à écrire, il peut formuler le souhait de devenir citoyen et payer une taxe annuelle. Si c’est le cas, il devient citoyen et peut voter pour ses représentants. Ys dispose de trois conseils : un conseil des guildes, qui en est l’organe exécutif, une chambre des citoyens, qui s’occupe de façonner les lois et un conseil juridique, qui détient le pouvoir judiciaire. »
Elle respira un grand coup et reprit une bouchée avant de continuer.
« Le Conseil des Guildes est constitué des représentants des différentes guildes établies à Ys qui ont participé à la prise de pouvoir dans la cité. Ils définissent avec la Protectrice la politique à mener pour le développement de la République Marchande : accords commerciaux, taxes, grands projets, … Les décisions sont prises à la majorité par vote secret.
La Chambre des Citoyens est constitué des représentants élus par les citoyens. Il établit les lois, étudie les projets proposés par le Conseil des Guildes et veille à ce que tous les problèmes de la cité soient à l’ordre du jour et traités dans les délais les plus brefs. Les décisions sont prises à la majorité par vote secret.
Enfin le Conseil Juridique est constitué des prévôts, coroners, et autres éléments indispensables à l’application des lois sur tout le territoire. Sans leur aide, il est impossible de vérifier que les lois votées sont correctement appliquées. »
Pollen s’était assoupi sur ses genoux, visiblement bien ennuyé que son amie ne lui donne rien à manger. Cassiopée profita de se moment de répit pour prendre une gorgée de vin noir et une nouvelle bouchée dans sa tourte.
« Tu as raison. Nous parvenons d’une façon ou une autre à prendre une décision, même si les relations sont parfois conflictuelles entre les différents représentants d’Ys et que des compromis sont inévitables. Notre système est imparfait, grossier, mais pourtant, elle fonctionne et j’ai bon espoir de la voir évoluer dans le bon sens dans les prochaines années. J’aimerai tellement pouvoir me débarrasser de ce fléau qu’est l’esclavage par exemple, mais au vu de nos coutumes … je ne peux pas porter seule frontalement ce projet. »
Elle repiqua à nouveau dans son assiette.
« Est-ce à ton goût ? »
Dernière édition par Cassiopée Meldyrin le Sam 4 Avr 2020 - 14:32, édité 2 fois |
| | | Drystan
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| Sujet: Re: Le Dragonnier et l'Alchimiste Mar 3 Mar 2020 - 9:32 | |
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Diantre, à combien d’autres avait-elle vendu son concept avant lui ? C’est en substance la première chose qui lui vient à l’esprit alors qu’il écoute avec attention car tout cela flairait la répétition plus qu’une explication improvisée, voyez-vous. Au-delà de cette idée de surface, il n’a pas à attendre très longtemps pour obtenir la confirmation de ce qu’il soupçonne : ce qu’elle lui présente n’est certainement pas bien différent de ce qui existe presque partout ailleurs, pour le moment. Car ce qu’elle lui présente est une ébauche, une idée… Moins d’une décennie n’aura certainement pas conduit à des changements aussi profonds dans cette petite société.
Mais alors qu’elle lui lance à la figure tout un programme, les bouchées se suivent et sont appréciées à leur juste valeur, le tout ponctué de quelques regards et hochements de tête pour dire qu’il la suit, des coups d’œil à la curieuse créature manifestement interdite de piocher dans la gamelle. C’est-à-dire qu’il a pas si souvent eu l’occasion de plats élaborés à base de viande depuis ces dernières années. Ce n’est pas forcément du goût des elfes, et avec ce qu’ils prélèvent de temps en temps à leurs proies, il est pas question de grande gastronomie au milieu des étendues sauvages ! Alors forcément, il savoure !
A travers ce qu’elle lui présente, il entrevoit tout à la fois les moyens d’exclure certaines populations – et pas seulement les étrangers – de la vie politique mais également le marchandage qui existe assurément entre ceux qui possèdent et ceux qui ont besoin d’un parrainage pour accéder à ce statut, le commerce des attestations de bonne foi, en échange de sommes rondelettes ou de faveur. Il voit évidemment les inégalités évidentes devant l’éducation, et la conviction que les élites produiront toujours des candidats plus charismatiques et compétents aux postes de représentants, les imagine d’office à des postes d’officiers ou de sous-officiers, les exposant moins et en faisant des meneurs naturels pour la population. Et il y a un représentant suprême, le protecteur, élu à vie comme le serait un roi… Ce qui peut être sacrément long si c’est un sang-mêlé. Ce qu’il y voit surtout, c’est la montée en puissance d’une oligarchie qui s’approprie les pouvoirs anciennement détenus par le prince au travers des Conseils.
« Je ne suis assurément pas le premier à qui tu présentes cette idée, n’est-ce pas ? » Il en plaisante, il ne juge pas.
De bien des façons et sur de nombreux sujets, il peut être un idéaliste… Mais il sait ne pouvoir exiger la même rigueur des autres que celle qu’il s’impose, parce que c’est une question de choix et de volonté, qu’on ne peut contraindre sans devenir précisément ce qu’on pouvait chercher à combattre.
« Pour ce que j’en comprends, les compromis et négociations sont même indispensable, sinon, ça n’a guère de sens, tout ça, de préférer des conseils à d’unique gaillard je veux dire. Le but étant d’obtenir une adhésion qui soit majoritaire, forcément qu’il y a arrangements et accords en sous-main pour gagner des voix puisque les intérêts de chacun varient. Mais qu’un sujet soit particulièrement clivant et ça pourrait bien paralyser le système, voire pire, non ? »
Quand la négociation échoue ou paraît l’être, on peut compter sur l’imagination des puissants pour trouver d’autres méthodes… Menace, assassinat ou enlèvement, les moyens ne manquent pas quand bien même on peut n’y voir que des ultimes recours. Les règles du jeu changent peu où qu’on se situe. Et oui, en passant, il exclut l’idée d’assemblées totalement désintéressée et investit pleinement par le devoir envers la cité. D’une façon ou d’une autre, la majorité de ces hommes seront gouvernés par des intérêts, qu’ils soient personnels ou ceux d’une clientèle éventuellement même étrangère.
« Y a des fois où ça pourrait presque me manquer, tout ça… »
C’est une réflexion qu’il se fait et qui lui échappe presque inconsciemment, presque dans un murmure, avant de la chasser de son esprit. Des reliquats de l’autre, de celui qu’il avait été. Oh, évidemment, il y a toujours une dose d’excitation dans tout ceci, mais à quel prix ? Alors chasse toi cette idée bien terrestre de la tête !
« Presque… » Comme une réponse à lui-même.
« Quoiqu’il en soit, merci pour cette découverte, c’est un régal ! »
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