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| [Solo] Le sens du devoir | |
| | Auteur | Message |
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Thomas d'Avron
Humain
Nombre de messages : 61 Âge : 30 Date d'inscription : 27/09/2017
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 40 Taille : 1m98 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: [Solo] Le sens du devoir Sam 18 Jan 2020 - 23:41 | |
| - Prologue:
*5 ans plus tôt.*
"Déjà réveillé ?"
La brise matinale, déjà fraîche en ce milieu d'automne, profita de la porte ouverte pour s'engouffrer dans la chambre, sous les tapisseries et les couvertures. La personne a qui s'addressait la voix était assise sur le rebord du lit, heaume sur le visage, contemplant une armure à laquelle manquait un lys doré.
"Nostalgique ?" constata la voix.
"Nous honorons la mémoire d'un bandit de grand chemin.", rétorqua Edouard, le heaume orné dissimulant son expression de dégoût.
Thomas acquiesça silencieusement, inexpressif derrière son heaume; il savait exactement où le chevalier ancenois voulait en venir. La garde des Baudriers d'Argent n'était pas un ordre de chevaliers, ainsi que l'histoire s'évertuait à les présenter; c'était une compagnie de mercenaires, les Gentilhommes du Septentrion, un rassemblement de bandits qui n'avait de devise que de tuer et de piller à tire-larigot. Une bande de reîtres violents, honorés et anoblis par un régicide et un usurpateur, qui profita d'ailleurs de celle-ci pour supplanter la garde originelle du Roi Trystan.
"Que reste-t-il du Lys d'Or ? Charles d'Ancenis ne mérite-t-il pas sa place dans le Hall ? N'avait-il point protégé le roi de sa vie ?"
"Le Lys d'Or n'est plus, Edouard."
"Ce fils de pute a pendu Léandre sans la moindre pitié. Léandre ! Un marmot.", rétorqua sèchement l'ancenois d'une voix étranglée. "Yeldarion a oublié de te dire une chose : les demi-elfes ne se suicident pas. Elle a aussi oublié de te dire qu'elle avait passé des mois dans les geôles de Diantra. Que je l'avais libérée."
Edouard lâcha un rictus amer. Pour lui, Thomas était un nordique, et un homme simple; trop simple pour comprendre même la plus évidente des implications.
"Peut-être cela t'aidera un jeter un regard plus éclairé sur ta dernière discussion avec elle. Et avec un peu de chance, à te débarrasser de ton optimisme naïf. "
Thomas serra le poing. Le gentilhomme médianais n'avait pas tort; Thomas était un homme simple. Il allait là où le sens du devoir lui sommait d'aller. Il avait suivi son suzerain jusqu'au Médian; et lorsque celui-ci lui proposa l'auguste charge, il accepta sans hésitation.
Mais l'avronien, s'il était simple, était loin d'être un simplet. Desserrant le poing, il avança vers le chevalier, le fixant intensément.
"Avant de partir, Yeldarion m'a donné plus qu'une armure. Elle m'a également laissé un message, cette énigme : Qu'est ce que le sire de Tourmalin, premier propriétaire du Baudrier, Aetius, et Eliam avaient-ils en commun ?"
Thomas s'avança à hauteur de l'ancenois, ramassant l'armure qu'Edouard contemplait.
"Une énigme ? Pour toi ? A résoudre ? Bon dieux..."
Le sarcasme d'Edouard se faisait de plus en plus aggressif, et Thomas avait du mal à se contenir. La chose n'était point facile pour lui non plus. Mais, quand bien même, il comprenait ce qu'Edouard ressentait. Si Thomas avait pu rentrer tranquillement chez lui et ignorer le reste du Monde, Edouard s'était pris de plein fouet les événements à Diantra, sa disgrâce et celle de ses pairs. Et maintenant, on lui demandait de faire l'affront ultime; de faire fi de son passé, de trahir ceux qu'il n'avait pas pu sauver. Se rappelant de cela, Thomas se rassérena, et ne fut que plus déterminé de terminer son discours.
"Tu as raison. Il m'a fallu plusieurs mois pour trouver la réponse. Mais je l'ai trouvée."
"Eh bien ? Partage donc ta sagesse nordique, je t'en serais gré."
"C'est pourtant évident, non ? Le Lys d'Or n'est plus, mais Aetius n'est plus également. Ni lui, ni sa femme Arsinoé,ni ce faquin de Sigmund, ni sa compagnie. Sigmund est certes érigé en héros, mais ce n'est plus lui; la peinture tient plus de Charles de Hautval que de ce porc infâme. Nous sommes tout ce qu'il reste. Toi, moi. Nakor. Nous leur avons survécu. Ce garçon ne se souvient même pas du visage de sa mère. Pour moi, pour nous tous, pour lui-même, il n'est qu'une chose : le futur Roy."
Edouard resta silencieux pour un temps, d'une part choqué par la longue tirade de Thomas, qui venait sans doute de prononcer le plus long discours de sa vie, et d'autre part contemplant la réponse qu'il venait de découvrir par lui même :
"Ils ont disparu. Herménégildoricius, que tu évites tant d'épeller par son prénom- Aetius, le petit Eliam. Ils ne sont plus là. Le Baudrier d'Argent, si."
"Le pouvoir des symboles. Yeldarion..." Edouard jeta un regard au plafond, pendant un moment, avant de sourire, fermer les yeux, et se tourna vers Thomas.
"Il y a une semaine, tu as obtenu que je devienne un homme libre, m'innocentant des charges injustes portées à mon encontre par le méchant Aetius. Nul ne me force à porter cette armure; revenir à Mons, repartir en Estrévent, rester à Diantra, le choix est mien. Mais je servirai. Pour le Roi. Pour le Royaume." Et un instant se laissant le temps d'ajouter in petto : Pour Yeldarion.
Thomas acquiesça silencieusement.
"Content de t'avoir parmis nous. Rejoins-moi donc dans l'heure; nous avons moultes choses à faire.
Bàrkios, An 17 du XIe Cycle"Messires, si je vous ai réuni aujourd'hui, c'est pour convenir d'un sujet important."La voix de Thomas d'Avron résonnait dans la salle du conseil des Baudriers d'Argent. |
| | | Thomas d'Avron
Humain
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| Sujet: Re: [Solo] Le sens du devoir Dim 19 Jan 2020 - 0:08 | |
| Mais les gentillhommes convoqués n'étaient pas ses lieutenants. La table, débarassée spécialement pour l'occasion, laissait la place à une quinzaine d'hommes ne dépassant pas la trentaine, mais chacun excellant dans le domaine du combat, de la joute et de la bataille. Des Serramirois des Trente, sauvageons indisciplinés mais braves, aux hobereaux langecins auxquels les duels n'avaient aucun secret, en passant par les redoutables et imposants chevaliers berthildois et ceux, plus distingués, hautvalois et ancenois.
"Si vous avez été choisi pour cette charge des plus auguste, ce n'est pas par la noblesse de votre sang, de votre titre, la fortune de vos coffres, ou la recommandation de vos pairs. C'est les épreuves de ces derniers mois, les quêtes que vous avez achevées avec succès, les combats que vous avez mené qui m'ont permis de vous juger de manière adéquat. Et sur la centaine de vos confrères qui ont participé avec vous à cela, j'ai le regret de vous annoncer que vous êtes les seuls sélectionnés."
Thomas, dominant par sa taille l'assemblée, jeta un coup d'oeil sur celle-ci. Comme ils s'y attendaient, les jeunes gens semblaient confus. Ainsi, le capitaine des Baudriers d'Argent exprimait-il le regret qu'ils aient été admis ? Avaient-ils failli à leur tâche ?
"Sur cette déclaration, je laisse le plaisir au sieur Édouard de Mons, lieutenant de la Garde, de développer mon propos. Bien des tâches m'attendent; mais vous également, aussi vous invité-je à l'écouter attentivement."
Edouard s'inclina poliment, jouant parfaitement le rôle.
"Merci, mon capitaine."
La réalité était que Thomas n'était que très peu doué pour ce genre de discours. Thomas était un homme simple. S'il avait déjà intériorisé tout cela durant toutes ces années de service, il n'avait pas la pédagogie d'Édouard, ni son éducation. Il était capable de dispenser son avis d'expert, de taper du poing s'il le fallait; mais pour les longs discours, il préférait laisser cela à d'autres. Et Thomas serait bien resté pour écouter le discours du chevalier ancenois, s'il ne connaissait pas déjà la teneur de celui-ci.
"Le regret qu'exprimait le sire d'Avron, auquel vous devrez à présent appeler de la même manière que je le fis, à savoir votre capitaine, n'est pas propre à votre performance; si elle l'était, vous ne seriez pas là. Le dilemme qui nous a conduit à vous choisir nous a forcé à exclure un grand, trop grand nombres de bretteurs d'élite. Certains de vos confrères que nous avons du exclure de la sélection finale vous auraient donné grand peine lors d'un duel, et il ne fait nul doute que certains d'entre vous ont même perdus contre des gentilshommes qui ne nous honorent pas de leur présence aujourd'hui."
"Mais c'est là que la subtilité réside. La tâche qui vous est requise, à partir d'aujourd'hui jusqu'à votre décharge -que je vous souhaite d'être honorable, n'est point de taillader un ennemi qu'un sénéchal vous aura préalablement désigné, car cela est le fait des guerriers et des mercenaires; et les Baudriers d'Argent ne sont ni l'un, ni l'autre. Vous n'êtes pas un guerrier qu'un général ordonne sur un champ de bataille, où l'ennemi vous fait face, où son talent est sans doute très inférieur au vôtre, sinon très proche, où vos choix sont limités; vos objectifs, clairement tracés, et votre gloire ne dépend pas que du nombre d'ennemis qui tomberont sous vos coups."
"Non, la tâche qui vous est requise est en tout point différente. Protéger le Roy implique le fait de devoir combattre des ennemis aux talents supérieurs aux vôtre. Des assassins qui ont étudié le terrain diantrais ainsi que le palais depuis des années. Des drows de ce que les estréventains appellent "de la Dothka", une confrérie secrète dont les assassins sont capable de se transformer en vapeur pour ne frapper qu'au moment et à l'endroit voulu. Que pouvez-vous faire face à ce genre d'ennemis ? Que pouvez vous faire face à un ennemi qui n'a guère besoin que d'imbiber le poisson servi au roi de quelques gouttes de poison pour le tuer ? Allez donc fourrer votre épée dans la truite. Cela ne le sauvera point. Cela ne vous sauvera point."
"Et la sécurité du Roy ne réside pas seulement en la protection de son intégrité physique à tout instant, mais également en la prévention de tout complot ayant trait à fragiliser sa sécurité. Eh oui, messieurs. A quoi serions-nous utiles si le premier champi pouvait nous éloigner du roi en contaminant nos truites à nous, nos rations ? Et ne parlons pas des conspirations et des conjurations effectuée contre Sa Majesté elle-même, partout en ce Royaume et ailleurs. Nous, mes amis, sommes les seuls à même de contrer ce genre de dangers. Et c'est pourquoi ce ne sont pas seulement vos aptitudes à l'épée et au bouclier qui sont jugées. C'est votre esprit critique, votre réflexion, votre sens de l'autonomie, votre initiative, qui sont considérées. Certains d'entre vous resteront au palais, surveillant les cuisiniers, veillant à chaque instant que rien de frelaté ne se glisse dans les repas, goûtant chaque plat, apprenant des goûteurs et des alchimistes à reconnaître même les plus lents des poisons à leur saveur. D'autres surveilleront la salle du trône, rodés et entraînés à combattre les plus désespérés des assauts. Je vous vois sourire, messieurs. Mais combien de temps avez vous manié l'épée ? Pour les plus vieux, quinze ans me semble réaliste. Que valez-vous face à un maître d'arme drow qui la manie depuis près de trois cents ans ? Ou pis encore, contre un mage de guerre capable de faire fondre votre armure et votre chair avant que vous ayez la moindre chance d'intervenir ? Ou encore, pour faire simple, contre une armée d'une dizaine de milliers de ces derniers ?"
Edouard marqua un silence, pour laisser les esprits s'imprégner de ses propos. Enfin savaient-ils ce que ce rôle signifiait vraiment. Sans doute y'aurait-il quelques démissions. Mais il préférait cela à un garde qui voudrait jouer au héros.
"Si vous êtes de ceux qui préfèrent l'action et des discours synthétique, je vous dirais cela : Vous êtes la dernière ligne du Roy. Si vous êtes en train de combattre un ennemi, c'est que vous avez déjà échoué, car l'ennemi n'attaque la Garde Royale que s'il est sûr de pouvoir la battre. Il s'agit donc de désamorcer l'ennemi et de le vaincre avant même qu'il ne frappe, et cela ne peut qu'être fait que par des gens capable de penser avec un coup d'avance."
"Des gens comme vous."
"Bienvenue chez les Baudriers d'Argent." |
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