Les petits bonheurs conjugaux

Si l'officier Royal s'en retrouvait fort flatteur des talents artistique de son épouse, il dû toutefois essuyer le refus de cette dernière quant à l'espoir de la voir donner représentation publique. La cause de cela en était cette fameuse main qu'un bout de tissu recouvrait nuit et jour. Blessée il y a de cela quelques années, Solange avouait l'invalidité de ce membre, indispensable à la bonne exécution de ses talents à la harpe.

Demeurant interdit de toute réaction déçue, Charles prit acte de la décision avant de constater que la génitrice de son futur héritier était à présent prête à rejoindre la couche, prétextant qu'elle était fatiguée. Chose étonnante, Solange concéda à son époux qu'il serait en droit de batifoler avec quelques femmes de petites vertues pour assouvir ses besoins d'homme. Un passe droit à la fois honorable et vertueux mais qui allait à l'encontre de leur vœux de mariage devant les Dieux.

La Dame d'Escault n'avait rien d'une jeune femme idiote et inconsciente et si elle cédait cet écart à son époux c'était là pour affirmer une forme de contrôle sur l'homme qu'elle venait d'épouser. Maline et intelligente, la poupée de soie était sans nul doute, par-delà les apparences une femme aussi douce, conciliante que manipulatrice, vouée à un destin bien plus grand qu'il n'y paraissait. La tournure de la soirée avait d'ailleurs confirmé le fait qu'elle savait fort bien influencer son époux.

Avec sa grâce et son habileté que Charles de Prademont lui connaissait, elle vint alors quérir un baise main d'usage. L'homme au service de la justice péninsulaire s'y employa alors, posant ses lèvres sur la peau délicate qu'elle lui tendit avant de la fixer dans les yeux.

- Si je vous dois l'abstinence, veuillez au moins accepter que je distrais mes besoins de virilité à votre vue. Cette demande n'a pour nul objectif de vous tourmenter ma mie, seulement de vous exprimer mon amour et votre estime. Je pourrais ainsi déflorer sous votre veille et que toute mon attention soit porté à votre cause.

La requête était quelque peu excentrique mais sincère, comme si Charles cherchait à trouver un compromis et donner toute lattitude à offrir un rôle particulier à ses ébats durant cette période de chasteté avec son épouse enceinte et indisposé à accueillir sa virilité. Il rajouta ensuite en la raccompagnant par le bras vers le chambre maritale.

- De plus, si vous le voulez bien, et pour preuve de mon affection à votre endroit, permettez moi de vous laisser choisir celles à qui je me donnerais en votre présence. Vous me faite une concession difficile, il est bien naturel que je vous cède quelques contre parties ma mie.

C'était en quelque sorte un gage de remerciement. Ainsi, elle pourrait avoir l'oeil sur qui partagerait la couche de son mari et si d'aventure quelque chose lui déplaisait, elle pouvait mettre fin à sa guise aux ébats de ce dernier. N'était il pas un honnête compromis après tout?