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 A la découverte du marquisat.

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Griffon de Langehack
Humain
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MessageSujet: A la découverte du marquisat.   A la découverte du marquisat. I_icon_minitimeJeu 12 Mar 2020 - 21:01

Durant la neuvième ennéade de l’an de grâce dix-sept de Bàrkios du onzième cycle..

Le jeune Théodoric pouvait voir au loin se découper le palais ducal sur un ciel orangé par le coucher du soleil. Assit sur un promontoire il dominait la cité, l’on pouvait également voir le reste de la ville évidemment, ainsi que ses faubourgs. Parmi cette masse d’habitations, d’échoppes et autres entrepôts il était difficile de louper les temples ou du moins le temple, le grand temple de Langehack. Cependant il n’y était pas encore, il avait quelques villages à traverser, quelques champs d’oliviers ou de vignes à passer sans parler des ponts, qu’ils soient de bois ou de pierre.

Alors qu’il allait justement rentrer dans le prochain village, Tailhac d’après ses souvenirs, il put voir quatre hommes d’armes sortir prendre la route pour continuer leur patrouille le long de la route d’Or. Ces hommes, dont les vêtements étaient jaunes et noir indiquant ainsi leur appartenance à l’armée langecine, portaient un morion, une cuirasse, une hallebarde qu’ils faisaient reposer sur leur épaule et une épée au fourreau. L’un d’eux se vantait de sa conquête de la vielle, de ses conquêtes d’ailleurs si on l’écoutait et il semblait bien que ce soit la multiplicité de ces dernières qui ne faisait pas l’unanimité chez ses compagnons. Bien qu’aucun de ceux-là n’ait été jusqu’à ouvertement le traiter de menteur, beaucoup restaient sceptiques et préféraient tout simplement renchérir et s’étaler dans l’exagération de ses prouesses. Toutefois ils se turent lorsqu’ils arrivèrent à la hauteur de Théodoric et le saluèrent cependant au lieu de reprendre leur route l’un d’eux s’arrêta forçant ainsi les autres à attendre également.

« Monseigneur aurait-il besoin d’une escorte ? » Demanda roturier d’entre deux âges en voyant que le fils du marquis voyageait seul. Il aurait bien demandé à l’intéressé comment cela se faisait-il mais ne pas poser de questions était toujours une bonne idée. Du moins c’est ce qu’on lui avait dit pendant son temps passé dans l’armée régulière. La proposition fit sourire l’héritier du marquisait qui retint sa monture alors qu’elle commençait à repartir sous l’impulsion précédente de son cavalier.

« Et bien... » il hésita en lançant un regard derrière lui avant de regarder en direction de Tailhac. « Etes-vous certain que c’est bien sage ? » Il se tourna à nouveau vers sa selle pour voir s’il n’y avait personne sur la route.

« Quelque chose vous tracasse messire ? » Demanda un autre soldat, cette fois plus vieux. Il releva légèrement son morion pour dévoiler un visage buriné et marqué par le soleil. Le vétéran, car c’est ce qu’il semblait être, s’était avancé pour poser sa question après avoir suivit le regard du jeune homme.

« C’est que… je n’ai pas envie de vous détourner de votre mission. Que se passerait-il si quelqu’un se faisait attaquer parce que vous avez décidé de m’accompagner plutôt que d’assurer la sécurité sur le tronçon qui vous est alloué ? »

« Et bien je dirais qu’il serait pire qu’il arrive quelque chose au fils de notre suzerain que nous avons laissé partir seul. Si c’est la racaille de grands chemins qui vous inquiète mon seigneur sachez que l’on s’en débarrasse régulièrement. Votre père, comme ses prédécesseurs, y veille avec les chevaliers langecins, en réalité on est juste là pour s’assurer qu’ils en ont pas oublié. D’ailleurs y’a la maison forte de sir Bernard à quelques lieux plus loin, il s’occupe généralement du coin avec d’autres, je pense qu’il serait ravi de répondre à vos questions. » Le soldat pointa du doigt la direction de la demeure du chevalier en question et bien qu’elle ne soit pas visible, le jeune homme pouvait tout de même plus ou moins la situer.

« Je ne compte pas déranger sir Bernard pour si peu mais soit, si vous pensez que ce n’est pas déraisonnable de m’accompagner, j’accepte. »
« C’est un plaisir monseigneur. » Répondit le premier soldat, celui qui s’était arrêté pour proposer à Théodoric leur assistance. « Mais j’y pense, peut-être que vous avez soif, je ne sais pas pour vous mais voyager m’a toujours asséché la gorge. » Le sergent lança un regard noir à son subordonné mais c’était trop tard, le jeune homme réfléchissait déjà à la proposition.
« On connait une excellente taverne à deux pas d’ici... » ajouta timidement un autre qui était resté en retrait.
« D’accord, me désaltérer ne ferait pas de mal. »

Un grand sourire illumina le visage du soldat et bien que le sergent avait lancé un regard réprobateur à son subordonné, il n’ajouta rien. Le groupe, Théodoric en tête, franchit alors la courte distance qui le séparait de Tailhac. Le village, étant proche de Langehack, avait en commun avec ses couleurs. En effet nombre de ses bâtiments avaient des façades peintes. Cependant, si dans l’une des plus grandes villes de la Péninsule il y avait une diversité de pigments qui pouvaient donner le tournis, surtout sur certaines des grandes places, ce n’était évidemment pas le cas à Tailhac car des pans entiers de murs étaient à nu ; laissant une alliance de rouge, de vert ou de bleu pour ne citer que ces couleurs contraster avec le grisâtre de la pierre sale ou le brun du bois laissé à nu.

La taverne mentionnée par les hommes d’arme était une bâtisse somme toute assez impressionnante pour un village aussi petit mais ledit village se trouvant sur la route d’Or, l’établissement ne devait jamais manquer de clients. Qui plus était, elle était particulièrement visible, un bâtiment bien entretenu et peint de jaune et de bleu clair qui n’était pas sans rappeler celui du ciel, ça attirait l’attention. En arrivant devant, Théodoric mit pied à terre en regardant autour de lui mais personne ne vint s’occuper de sa monture ; sans doute les propriétaires et leurs employés avaient fort à faire avec le monde qui se trouvait à l’intérieur et ce monde on l’entendant bien même en dehors. Alors le sergent s’approcha et avec un sourire en coin regarda un de ses hommes.

« Vous inquiétez pas messire, François va s’occuper de votre cheval. »
« Oui m’sieurs. » Répondit l’intéressé qui fit quelques pas en direction de l’animal et tendit une main ouverte pour en recevoir les rênes et une fois qu’il les eut reçu il s’en alla avec la monture, contournant le bâtiment vers ce qu’il savait être les écuries.

Pendant ce temps ses compagnons et leur protégé entrèrent dans la taverne. Cette dernière était bien éclairée outre les deux chandeliers suspendus au plafond elle pouvait se targuer de posséder quelques fenêtres qui permettait à la lumière d’entrer. En cette fin de journée d’automne ça n’était peut-être pas d’une grande utilité mais ça participait à l’illumination générale ce qui était apprécié, combien d’établissement du genre n’étaient qu’une grande pièce aveugle et enfumée ? Il fallait dire que celle-ci était une grande salle mais qu’au moins elle n’était ni aveugle ni enfumée, ce qui était toujours ça de pris et d’ailleurs dans cette grande pièce l’on pouvait trouver deux grandes tables ou du moins deux grandes tables constituées de plusieurs tables mises les unes à côtés des autres un peu comme pour les banquets que la noblesse appréciait tant. La clientèle, autant constituée de gens du coin que de voyageurs, riches comme pauvres, était assise sur les bancs qui longeaient les tables. Cependant ce n’était pas les couleurs, l’âtre rugissant, les fenêtres la mixité sociale, ou bien même l’appétissant fumet qui s’échappait des cuisines qui surprit Théodoric mais bien le flûtiste qui jouait de son instrument assit sur l’une des poutres du plafond. L’homme se trouvait dans l’une des rares poches d’obscurité, ses pieds qui pendaient dans le vide se balançaient au gré de sa musique et lorsqu’il vit le petit groupe rentrer il se releva d’un bond d’une agilité rare. La musique s’étant arrêtée, toute l’assemblée lança un coup d’œil audit musicien qui souriait en faisant un signe de la main à l’héritier du marquisat et les clients regardèrent le jeune homme encadré des soldats de son père. Le jeune homme répondit alors d’un signe de la main gêné et, visiblement satisfait, le musicien reprit sa mélodie entêtante bien que cette fois il avançait en équilibre sur la poutre ce qui eut pour effet de renvoyer les clients à leurs discussions précédentes comme si rien ne s’était passé.

Le jeune homme se rendit compte que les soldats ne l’avaient pas attendu pour aller s’installer et il se dépêcha de les rejoindre.

« C’est qui lui? »
« Le musicien? » Demanda le sergent en lançant des œillades loin d’être discrète sur la serveuse. Lorsque Théodoric hocha la tête il reporta son attention son interlocuteur. « Un homme un peu bizarre mais pas dangereux et puis il se débrouille pas mal à la flûte, vous trouvez pas ? »
« Euh… si, il est pas mauvais. Il est juste… bizarre. »
« Y’en a qui disent qu’il vénère Arcam. » L’explication venait de François qui était revenu de l’écurie. La révélation fit hausser un sourcil à Théodoric qui avait tourné la tête dans sa direction pour le suivre du regard alors qu’il venait s’asseoir en face de lui.
« Des racontars de vieillards séniles tout ça. » Répondit le sergent.
« Vous en êtes certain? » Demanda-t-il avec un certain scepticisme. Le guerrier au visage buriné hésita à répondre.

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Brohan Wulfekiin
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MessageSujet: Re: A la découverte du marquisat.   A la découverte du marquisat. I_icon_minitimeJeu 19 Mar 2020 - 0:52


An 17 du Cycle XI, Bàrkios, neuvième ennéade
Langehack, taverne de Tailhac


Les rires et les pleurs, la joie et la tristesse, le bonheur et la colère... Les sentiments m'ont toujours fascinés. Et les Hommes, avec un grand 'H' ! Ah les Hommes ! Et ceux avec un encore plus grand 'H' ! Que dire ? J'ai toujours été fasciné par ces gens de la haute, qui se font métier de cacher leurs sentiments, leurs désirs les plus profonds. Le peuple est bien plus simple, bien plus accessible. Et Damedieux que je connais, le peuple, que je le comprends, oui ! Car c'est de là d'où je suis issu, c'est du peuple que je suis né. Appelez-moi Barde, appelez-moi ménestrel, nommez-moi "Le Fou" comme certains ou encore "l'Asticot" comme d'autres, cela n'a point d'importance. Je suis l'un et l'autre, et aucun autant que tous, car tel est mon métier, telle est ma vocation. Je suis né quelque part entre ici est ailleurs, dans une famille qui ne se détache du commun des ordinaires que par sa morne banalité. Et pourtant je suis moi, et pourtant je suis lui. J'ai rencontré des gens, et il y en a tant que je n'ai pas rencontré. Ils voulaient que je sois lui, mais je voulais être un autre. Et alors, je suis devenu qui je suis.

Aujourd'hui ici, hier là-bas, et demain qui sait ? Je vais là et là bas, guidé par les aléas tel une feuille d'automne dans le vent. Et Langehack est mon monde, pour aujourd'hui en tout cas. Le son de ma flûte les enivre, tout autant que les breuvages qui noient leurs malheurs. Ô joie, ô peine ! Ces rustauds n'ont-ils que trop labeurs, qu'en fin de jour la douleur et la fatigue ne les hôte point hardiesse ? Qui du noble chevalier ou du rustre fermier est-il plus hardi de sa journée ? Je joue et ils oublient, je divertis et ils me nourrissent. Charmant village que ce joli Taillac, chaleureuse taverne que cette estimé établissement. Le vin est bon et le repas copieux, le propriétaire est avenant et ses employées agréables, et les soiffards... Qu'il soit pauvre ou riche, de roture ou de noblesse, un soiffard est un soiffard.

La mélodie de mon ire traverse la sale tandis que je joue, du haut de mon perchoir de poutres, comme un oiseau joyeux sur sa branche. De nouveaux clients passent la porte, de nouveaux auditeurs pour le gai pinçon. Des visages habitués, déjà connus de ma personne, et une autre que je n'ai jamais vu ici. Familière tout en ne l'étant pas, je reconnais sans connaître à son riche apparat qu'il n'est point de la fange, mieux encore que de lui émane la noblesse des nantis. Nouvelles oreilles à amadouer, nouvelle vie à égayer. Tournicoti, tournicotin, je me relève et de mon perchoir je m'extraie. Agile et bondissant, tout en souplesse et en grâce, je me réceptionne en bon funambule sans que ma nouvelle branche je ne rate. Ma main légère salue le noble client, mon sourire mielleux me révèle à lui. Mon salut m'est rendu, ma prestation est attendue.

Ma mélodie reprend, enjouée, entêtante, étonnante. Les accords se suivent et mes jambes dansent sur la poutre comme mes doigts sur ma flûte. Tournicoti, tournicotin, une cabriole et j'atterrit sur la table avec grâce. A peine un bruit que les rumeurs de taverne recouvrent aisément, et la flûte reprend aussitôt. Je danse et je joue, je joue et je danse, me rapprochant doucement de mon client. Ses gardiens me connaissent, ils ne m'éloignent point, mais je ne m'approche pas plus que de raison. Un sourire, une danse, je dépose une petit écuelle vide sans que la musique ne se taise. La musique apaise les esprits et nourrit les souffles, mais elle ne nourrit pas les estomacs.
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MessageSujet: Re: A la découverte du marquisat.   A la découverte du marquisat. I_icon_minitimeJeu 19 Mar 2020 - 13:57


Le sergent ne répondit pas, il regardait la serveuse arriver avec des chopes qu’elle déposa devant les soldats avant de se tourner vers le jeune homme, un peu gênée.

« Qu’est-ce que messire désire? »
« Et bien je… » devant l’indécision du fils de son suzerain, Milio, l’homme d’arme qui avait suggéré de venir dans la taverne, se racla la gorge.
« Sans doute sa seigneurie voudra goûter l’excellent vin que l’on peut trouver non loin d’ici. » Théodoric hocha lentement la tête pour confirmer la commande et la serveuse repartit au pas de course en direction de l’arrière-boutique. « Messire sait-il jouer au carte par le plus grand des hasards ? »
« Et bien... »
« Ça suffit Milio. » Le sergent, visiblement agacé par les libertés que se permettaient son subordonné, le fusilla à nouveau l’intéressé du regard. « Bien sûr qu’il ne sait pas y jouer, ce ne sont pas des jeux dignes d’un homme de bonne naissance. »
« Il est vrai que mon père a toujours refusé que je m’y intéresse. » Bien que le jeune homme ne savait pas vraiment si c’était pour la raison évoquée par le sergent mais dans tous les cas le résultat était le même.
« Que dîtes-vous d’une partie de... » il fut interrompu par un mouvement dans sa vision périphérique, il se retourna alors pour voir le barde approcher dans leur direction, son instrument toujours à la bouche. Ce fut dans un silence glacial que les guerriers le regardèrent venir vers eux un pas après l’autre. Théodoric brisa le contact visuel en se tournant vers ses compagnons d’un jour pour savoir s’il était le seul à être mis mal à l’aise par cet étrange musicien et, heureusement, cela ne semblait pas être le cas. Si le sergent semblait calme et Milio imperturbable, François quant à lui regardait l’inéluctable approche de l’acarmite avec une appréhension aisément visible.

Ce sont des applaudissements timides de la part des cinq, contrairement au reste de la taverne, qui ponctuent la danse et lorsqu’il posa l’écuelle, tous mirent la main à la poche, du moins à la bourse. Le sergent, sans doute l’homme le mieux payé de la petite troupe, glissa quelques écus, les autres en déposèrent un, voire deux pour les plus généreux. Leurs regards se posèrent ensuite sur Théodoric dont les yeux étaient restés posés sur le barde comme s’il s’attendait à ce que celui-ci dégaine une arme et se mette à attaquer tout le monde.

« Vous n’avez pas un sous à lui donner ? » Demanda Milio qui commençait à trouver que ce moment s’éternisait. Sa voix eut l’effet d’un briseur de charme sur le jeune homme qui secoua légèrement la tête avant de porter lui aussi sa main à son escarcelle pour en sortir une pièce. Sous les yeux éberlués des quatre hommes d’arme, et d’une partie non négligeable de l’établissement dans lequel ils se trouvaient tous, l’héritier du marquisat déposa un souverain dans l’écuelle qui n’était plus si vide que ça à présent. Il fallait dire que même dans une terre aussi riche que Langehack, beaucoup n’avaient jamais eu l’occasion de voir une si grosse pièce et, personne riche entre les riches, Théodoric n’avait pas d’écus sur lui.
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Brohan Wulfekiin
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MessageSujet: Re: A la découverte du marquisat.   A la découverte du marquisat. I_icon_minitimeMer 25 Mar 2020 - 15:13


Un souverain ! Par les dieux, un souverain ! Je le savais, je l'avais bien vu, ce client est riche ! Et généreux avec ça ! D'un mouvement souple je récupère mon écuelle, avant qu'un petit malin ne puisse me la subtiliser, et les pièces disparaissent dans mon escarcelle. Je remercie alors mon bienfaiteur d'une polie révérence, souriant de toutes mes dents, et révélant de fait l'écart entre mes incisives. Cela porte chance, me disait ma mère, cette femme formidable. Et je voulais bien la croire, mais à qui ? Pas à moi, ai-je longtemps pensé. Combien de moqueries ai-je subi, enfant, de ces odieux enfants privilégiés, à cause de cette particularité dentaire ? Combien de fois m'a-t-on poussé dans la boue parce que mon sourire révélait cette interstice ? "Deux-chemins", "Dents-de-pont", des sobriquets qui m'ont suivi pendant longtemps. Jusqu'à ce que je devienne moi, jusqu'à ce que je devienne celui que je suis. Et pour l'excentrique que je suis devenu, ce sourire incomplet est une aubaine qui amuse et divertis les vivants, une source de joie et de bonheur. Ma mère avait raison, je dois bien l'avouer : ce jour entre mes dents est un porte bonheur.

Tournicoti, tournicotin, une cabriole et je descends de la table. Dansant joyeusement, sautillant gaiement, je reprend le cours de la mélodie, me penchant à gauche, me penchant à droite. Ce généreux donateur est un heureux personnage, et je sais. Je sais ce qu'il est, je sais ce qu'il désire. Il est un de ces riches héritiers qui s'ennuie dans le luxe, il est un morne nanti en quête d'allégresse, il est un enfant protégé du monde d'en bas, désireux de découvrir la joie, désireux de se distraire. Et il est chanceux, en ce jour, car il m'a découvert moi. Moi l'Asticot, moi l'excentrique, moi le fou, moi le flûtiste, moi le barde, moi le jovial, moi celui qui distrais et qui efface les humeurs maussades.

Je vais à gauche, je vais à droite, je récolte mon salaire en humeurs et en piécettes. Mais e n'oublie pas mon heureux client, et reviens jouer autour de lui. Souriant mais lèvres closes, car pour siffler il le faut. Une entraînante mélodie, le jeune noble semble l'apprécier. Au prix qu'il a payé je ne puis que jouer pour l'en remercier, jouer et encore jouer. Et danser aussi, danser ici, danser là bas, danser autour de lui. Tiroli, tirola, tirolipimpon ! Quelle belle journée pour rencontrer des gens, quelle belle journée pour jouer.
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