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 À brillante réussite, cruelle déchéance

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Khernal Baenfere
Ancien
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Khernal Baenfere


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MessageSujet: À brillante réussite, cruelle déchéance   À brillante réussite, cruelle déchéance I_icon_minitimeMer 25 Mar 2020 - 17:51

L’obscurité, et avec elle, le silence. L’oubli et le mépris d’Elda pour l’un de ses fils ; l’indifférence comme sanction pour une défaite et la vengeance pour toute réponse à son ambition. Une cruauté pire que la mort, qu’on lui refusait ; l’ultime affront pour le drow qui fut Ditronw Da’re bien plus jeune que nombre de ses prédécesseurs, et sans doute beaucoup de ses successeurs. Un outrage qui venait couper l’élan d’une illustre ascension, celle du bâtard du Labyrinthe reconnu Prima Sanguis.

Les geôles du palais noir avaient été sa seule demeure durant une année. On l’y avait jeté, dans l’étouffante chaleur des entrailles de l’Vatna, privé de tout ce qu’il avait acquis de haute lutte. Privé de focalisateur, nu de toute magie, et au silence des prisons s’était ajouté celui, bien plus insupportable pour le Jabbuk qu'Elaeruk, de son Art. Seules les suppliques de ceux que l’on soumettait à la torture de Kiel venaient troubler le vacarme du silence.

Nulle autre fresque ne venait habiller les parois de basalte que celles que les générations de prisonniers passées avaient tracées, erratiques sillons dans la pierre, creusés à la caillasse que l’on avait ensuite méticuleusement nettoyée. Ici l’on devinait, à la pulpe des doigts, une figure approximative du Père des Batailles et là, celle de Meingal, inaudibles cris de vengeance et de haine des captifs oubliés d’Elda, espoirs vains d’un jour pouvoir contempler en Fils libres, les idoles de ces être sacrés dans leurs temples.

L’air putride y ajoutait à l’inconfort général, alimenté quelque carcasse que l’on y abandonnait, sans doute volontairement, et par les fèces des écroués, évidemment laissés sans plus de soucis. Et si parfois la lumière d’une flamme venait lécher le mur du couloir qui menait à sa cellule, c’est dans la nuit complète que l’on laissait Khernal Baenfere, fils d’Haldren Baenfere, coupable d’avoir fait craindre aux grands du Puy d’Elda leur défaite.

Il se savait sous la responsabilité de celle qui lui avais ravi sa place au C’nros, contre qui il savait ne pouvoir lutter ni par les arcanes, ni par la force, encore affaibli par les rites de la Mère. Plus le temps passait, plus vaincre les gardes qui flanquaient L’Renor Crysto devenait inaccessible. Entourée par sa lâcheté, la nouvellement nommée Ditronw Da’re s’amusait de sa faiblesse, mais ne semblait jamais vouloir lui porter le coup de grâce. Par excès de confiance, peut-être pensait-elle que le mage dépérirait dans des geôles conçues pour le briser, qu’il n’aurait jamais plus l’occasion de se faire justice devant Meingal.
Toutes les autres visites, il les devait aux pions qui se réclamaient du Feu d’Uriz et à l’esclave aux mêmes yeux laiteux que son paternel, tare génétique qui semblait être la seule raison de sa présence, mais qui lui offrait une distraction bienvenue.

Ainsi privé de tout pouvoir, toute prière aux Dieux aurait été blasphème. Nulle promesse, nul engagement ne pouvait être pris par celui qui n’avait pour lui que la Faiblesse. Et aucun drow ne se laisserait aller à la supplique.
Seuls les versets de l’Eda Vengeur, répétés inlassablement, faisait vaciller le silence.

« – Tu n’es personne. »

Les scènes des Rites de Natha lui revenaient sans cesse. Et prenaient un tout autre sens. Dépouillé de l’assurance avec laquelle il les avait affrontés, il n’y avait plus que la voix d’Haldren Baenfere pour lui rappeler qu’il n’était rien.

« – Tu n’es pas mon fils. Pas plus que tu n’es celui du Père. »

Il le haïssait. Il haïssait ce drow qui, du blanc de ses yeux déséquilibrait, le rappelait toujours à sa condition. Mais plus encore, il se haïssait lui-même.

« – Tu n’es personne.
NON ! »

Il s’était relevé, avait hurlé un unique mot et s’était écorché les poings sur la paroi de basalte. Il l’avait frappé, frappé, insensible à la douleur, son sang amblyope arrosant le sol. Et Elle est tombée. Elle s’était arrachée des aspérités du roc et avait roulé à peine un pas plus loin. Une unique pierre, comme on aurait pu en faire tenir facilement plusieurs dans une seule paume. Elle, plus que tout autre chose en Elda, il L’aima. Il en apprit les moindres callosités, en éprouva la dureté. Elle ne pourrait lui servir d’arme. Mais Elle pourrait lui servir à retrouver son Art.

Comme dans les ruines de Yutar, après la perte de l’unique joyau de sa génitrice à Eraison, il se mit à arpenter la Trame, avec la dextérité d’un aspirant de moins d’un siècle. Il réapprit seul, pendant cinq années, ce que l’on dispensait aux plus jeunes de Erkd’Fe Renor. Mais rapidement, bien plus rapidement, il gagna en habileté. Mage de l’esprit, mais avant tout de l’immatériel, il voyagea par les Flux, échappatoire salvateur.

Alors enfin, il pu adresser ses prières aux Dieux Alliés, à Natha et Teiweon, au Père des Batailles. Au Dieu-Chimère. Et, plus que tous, à l’Ust, Meingal.

Khernal Baenfere attendait l’occasion.
L’occasion de planter son esprit dans celui de son Usurpatrice, de lui extraire chaque pensée, de lui arracher une à une ses ambitions. L’occasion de finalement la tuer, après avoir provoqué en elle la peur, la terreur, le dégoût d’elle-même, l’humiliation. L’occasion de reconquérir sa place perdue, son statut de Prima Sanguis. L’occasion de se faire justice.

L’Astre d’Uriz l’avait aveuglé jusqu’aux premières frondaisons doeben lorsque, summum de l’humiliation, on l’avait, enchaîné, trainé jusqu’à Sol’Dorn pour y voir se pavaner l’Usurpatrice à la tête des colonnes du C’nros. Ce n’était pas l’occasion. Comme Tesso, il lui fallait duper, duper la gardienne de sa geôle, duper les grands du Puy. Se faire faible alors qu’il redevenait fort. Et puis, les plans de l’Usurpatrice à son égard mis en défauts par son incompétence qu’elle drapait d’arrogance, terrible retour à la torpeur et l’obscurité d’une autre cellule du Palais.




Neuvième ennéade,
Bàrkios de l’an Dix-Sept du Cycle XI,
Quelque part dans les profondeurs d’Elda.


Khernal caressait d’un doigt distrait le basalte au creux de sa paume, les yeux fermés, l’esprit éveillé. Il n’aurait qu’une chance. Une seule et unique occasion de reprendre sa liberté. Cinq années d’entraînement ne lui avaient pas rendu ses capacités d’antan et, encore affaibli, il sentait les limites de ses arcanes le brider dans son Art. Privé de sa puissance, il lui faudrait être plus subtil, retors.
Il n’y avait, en ces geôles, aucune routine. Les rondes se voulaient aléatoires, les gardes, imprévisibles. Le temps n’avait pas de sens. Il lui faudrait être plus imprévisible encore.

Les lueurs de la flamme d’une torche léchaient les boyaux du Vatna, projetant un complexe jeu d’ombres sur les parois de la cellule, évoluant avec l’avancée du soldat. La silhouette du prisonnier, difficilement discernable, nécessitait qu’il s’assure de sa présence plus certainement.
Le drow s’avança et balaya l’air de son flambeau crépitant pour ne découvrir, en lieu et place du corps apathique du détenu, que l’ombre mouvante des renflements de la galerie de pierre.
L’alerte fut donnée.


La panique était palpable. Khernal, rendu ombre immobile par les arcanes, vit, rictus aux lèvres, un second drow vociférant des ordres et des réprimandes, s’avancer vers lui, clefs en main. Les clefs de sa liberté. Les clefs de sa Vengeance.
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