Thanes du Zagazorn, l'Althinkalan requiert votre présence [Libre]

5ème jour, de la 3ème ennéade de Vérimios.
17ème année du XIème cycle – La grande salle du trône, où une grande table rectangulaire fut préparée pour recevoir tous les thanes du royaume.

De mémoire de Dawis, rares étaient les moments, les périodes, les évènements, qui réunirent autant de Dawis en un seul et même endroit. Jour après jour, depuis l’annonce par les messagers de l’état de santé de feu le Grand-Roi, il arrivait toujours plus de thanes. Les portes étaient constamment ouvertes et l’on franchissait le seuil de Kirgan à chaque instant. Les Thanes avaient répondu présent, et Harald, voyant chaque jour grandir les populations des tavernes, des auberges, et des couloirs de Kirgan, était fier de voir l’unité du Royaume des Nains, s’exercer en cet instant. Il y avait des Thanes venant du fin fond du Lörn, des petits hameaux encore debout malgré les années et les évènements. Certains provenaient même d’Almis, l’insoumise. Devant tant d’union, devant tant d’efforts, devant tant d’honneur, Harald ressenti alors toute la fierté d’un Nain faisant partis d’un tout, et témoignant de la portée de ce qui fut entreprit jadis par feu le Grand-Roi Hardrek Poing-De-Fer.

Car c’était lui qui avait organisé le dernier Althinkalan. Après avoir sauvé les réfugiés de Kirgan en les menant à Lante, après avoir tout tenté, tout sacrifié, pour unifier le royaume, il était devenu le Grand-Roi de tous les Nains. Longtemps, les Nains chanteraient les louanges du Roi qui fut l’unificateur du royaume après l’Ire du Père des Batailles, au milieu des banquets, des beuveries et des rires.

La grande table rectangulaire était entourée de sièges confortables, prêts à recevoir les fessiers des Thanes qui avaient fait le déplacement. La grande porte de la salle du trône, à peine ouverte, laissait filtrer les Thanes qui vinrent s’asseoir là où ils le souhaitaient. De toute la salle, seule une assise resterait vide, jusqu’à-ce que l’assemblée convoquée ainsi formée, prenne la décision qui leur fut demandée deux ennéades plus tôt, par Hardrek lui-même sur son lit de mort : le trône du Grand-Roi du Zagazorn. Surmonté de l’ancienne couronne de Garmin, faite de Mogarium et déformée par la chaleur et la violence du Voile, elle trônait là cependant, fière et forte, symbole d’une grandeur passée qui illuminait le Royaume et le monde tout entier, et qui, bientôt, rayonnerait de nouveau. Comme elle trônait jadis sur le crâne de feu Garmin le Vengeur, et comme elle surplombait celui de Hardrek Poing-De-Fer, cette couronne allait maintenant trôner au-dessus du futur Grand-Roi, celui qui serait élu à l’issue de cette assemblée.

Un esprit critique pourrait pointer du doigt le fait que certains Thanes puissent manquer à l’appel. Ceux des clans les plus éloignés, des clans les plus reculés, des clans les plus lointains qui ne purent recevoir aucune des missives. Evidemment, ces absences étaient regrettables, d’autant plus que le Hardek aurait sans doute souhaiter voir tous les Thanes de tout le royaume, s’asseoir autour de cette table afin de faire leur devoir.

Les thanes du Zagazorn, et uniquement les Thanes, pouvaient prendre part à cette réunion et posséder une voix qui leur serait propre. C’était là la loi du Nord, la loi Royale. Ils avaient ce pouvoir, celui d’élire le nouveau souverain du Nord. Se doutaient-ils seulement de la portée d’un tel pouvoir ? Pour la plupart, ils avaient déjà participé à un tel évènement, 8 années auparavant, lorsqu’ils durent se réunir pour élire Hardrek Grand-Roi du Zagazorn. Mais pour ceux qui n’avaient jamais connu une telle assemblée, pour ceux qui n’avaient jamais posséder un tel pouvoir sur l’avenir du Royaume, qu’en était-il d’eux face à cette journée qui allait être marquée d’une rune blanche sur la pierre d’histoire du royaume Nord ?

Sans doute que beaucoup se sont posés cette question. Car depuis que feu le Grand-Roi avait été placé dans son caveau funéraire, le cortège de Dawis rendant un dernier hommage au soixante-septième Grand-Roi du Zagazorn, ne désemplissait pas. De jour comme de nuit, ils étaient des dizaines à prendre le chemin du tombeau royal et à s’agenouiller devant le gisant doré à la feuille. Les sculpteurs et les mineurs, furent extrêmement professionnels et efficaces à creuser le tombeau, le décorer de dorures et de joyaux, et à sculpter tout un pan de mur selon la propre saga du Roi.

Aujourd’hui, le Zagazorn allait devoir prendre une décision, et élire un nouveau Roi.

Le brouhaha ambiant était semblable à celui d’une ruche en pleine ébullition, alors que de la grande porte royale, des dizaines de thanes et d’anciens de clans se présentaient afin de prendre place autour des tables qui leur étaient affectées. Au centre, une table rectangulaire ouverte sur le trône, laissant de la visibilité à tout le monde quant au poste mis en jeu, et assurant à celui tenant tribune, une visibilité de tous et par tous.  Deux tables des anciens furent préparées en dernière minute, étant donné l’afflux massif d’anciens de tous les clans s’étant déplacés pour rendre un dernier hommage au Grand-Roi ayant rendu son dernier souffle. Hardrek ayant tant et tant insisté sur le rôle du culte des anciens, il semblait inconcevable d’éloigner ceux-ci de la tenue de cet Althinkalan.

Yggdar était d’ailleurs assis depuis quelques temps déjà à sa table, à droite de la salle du trône, à l’extrémité la plus proche de l’assise royale. Il regardait de ses petits yeux fatigués, le ballet incessant des thanes et des anciens. Certains voyaient la salle du trône pour la toute première fois et se trouvaient éberlués par tant de faste et de culture Dawi. Le trône portait remarquablement bien la couronne de Mogarium du Grand-Roi Garmin, fondue et endommagée lors du Voile, l’Ire de Mogar.

Voyant que les minutes filaient encore et encore, et que rien n’avait encore été débuté dans cet Althinkalan, Yggdar, fidèle à lui-même, s’impatientait et commençait à bouillir intérieurement. Alors, ennuyé à force d’attente et de tapoter la table de ses doigts, l’ancien se leva, et se plaça devant le trône, à la place du celui qui voudrait tenir un long discours. S’y plaçant, il fit face à l’entière assemblée. Certains posèrent sur lui des regards curieux, de leurs petits yeux acérés, se demandant ce qu’un ancien comme lui pouvait bien pouvoir ou vouloir faire devant le trône du Roi. Afin d’obtenir tout le calme nécessaire – puisque visiblement, les brouhahas furent remplacés par des chuchotements curieux – Yggdar frappa par deux fois de sa canne forgerunée sur le sol, infligeant une petite cicatrice à peine visible, mais provoquant un son glacial aussi pur que celui d’une cloche. Puis, il prit la parole :

- Dawis ! Dit-il d’une voix forte quand bien même âgée, afin que tout le monde puisse l’écouter. C’jour est un jour important pour l’Zagazorn. Vous d’vez élire l’nouveau Roi du Zagazorn, afin qu’c’lui-ci puisse gouverner et poursuivre les immenses efforts d’feu Hardrek Poing-De-Fer. Tant qu’nous n’vons pas d’Roi, n’sommes vulnérables aux dessins d’nos enn’mis qui s’raient bin’ trop heureux d’nous prendre not’ territoire et nos richesses. L’av’nir d’not’ nation est ent’ vos pognes ! Alors faites vot’ d’voir.

Et il retourna à sa place, conscient que son discours, mêlé à son statut d’ancien, de forgerune et de héro, apporteraient le respect et la puissance nécessaire afin de débuter l’Althinkalan comme il le devait.

Un jour nouveau se levait sur Zagazorn. Si le soleil ne percerait certainement pas les nuages pour la journée, un tout autre type de lumière éclairerait le peuple Dawis : l’élection d’un nouveau roi, l’Althinkalan. Tous les Thanes du royaume étaient attendus pour cet évènement historique, et seulement eux, car ils étaient seuls décideurs du choix qui s’imposaient à eux désormais. Il était évident que tous ne pourraient participer à la réunion, mais l’activité en ville montrait qu’un grand nombre d’entre eux avait fait le chemin. Toutes les tavernes et les auberges étaient bondées. Certains étaient même hébergés dans des granges, ou dans les casernes réservées normalement aux soldats. Fort heureusement, on ne manquait pas de bière.

Il était déjà tard lorsque j’entrai dans la grande salle royale remplie de Dawis. Je restai interdit devant tant de barbes. Il restait donc encore une grande quantité de clans loyaux à la couronne. Tant mieux, me dis-je, au moins on aura beaucoup à manger. J’étais toutefois quelque peu angoissé à l’idée que l’Althinkalan pouvait durer longtemps : si certaines têtes bornées se lançaient dans un débat sans fin, qui pourrait dire si l’un d’eux flancherait ? J’observai la tablée déjà bien remplie et choisit ma place au sein d’un groupe qui discutait avec entrain sur les évènements récents en Péninsule. C’est dans ces moments là qu’il était compliqué d’être un Thane qui n’habite pas en ville : je ne connaissais personne autour de moi. Certes, j’ai pu reconnaître Glumtol et Harald dans la foule, entre autres, mais il m’était impossible de m’asseoir près d’eux. Je passai donc en revue les quelques informations que j’avais en tête.

J’avais ma petite idée sur les quelques possibles candidats pour reprendre le flambeau, mais je ne faisais pas particulièrement confiance à l’un d’entre eux. Certes, j’avais ma petite préférence, mais qui sût si c’était le bon choix ? Les discussions allaient bon train : entre les Drows qui semaient la terreur loin de nos frontières, le rapprochement des clans et le développement du commerce avec l’extérieur, les opportunités pour notre peuple étaient innombrables. Un sourire naquit sur mes lèvres. Il allait falloir des épaules solides pour prendre les bonnes décisions, et mener les Dawis sur le chemin de la gloire, de nouveau.

L’ancien qui se trouvait assis à côté du trône se leva pour prendre la parole. Ceux de ma table de l’avaient pas encore remarqué, aussi fussent-ils surpris lorsqu’il frappa deux fois le sol de sa canne. Sa voix porta dans la salle au plafond gigantesque, et résonna pour être entendue de tous. Les Thanes l’écoutaient avec attention, et mon sourire s’agrandit. Il était en effet temps qu’on passe aux choses sérieuses. Lorsqu’il termina son discours, je cognai la table avec mon poing pour montrer mon assentiment. Je me levai, peu habitué à prendre la parole devant autant de Barbes, mais je pris mon courage à deux mains et m’exclamai :

« L’attente a assez duré. Je n’ai pas vu une seule barbe rentrer dans cette salle depuis vingt bonnes minutes ! Il est temps, mes chers frères Dawis, Thanes de tout le Zagazorn, de débuter cet évènement qui restera à jamais gravé dans l’histoire de notre peuple ! Notre Grand-Roi s’en est allé retrouver nos dieux et déesses, et c’est à nous de nous assurer que son héritage suive la route qu’il a commencé à tracer ! Vous avez répondu nombreux à l’appel, et je sais qu’aujourd’hui, nous prendrons la bonne décision, et que son successeur sera digne. »

Je marquai un temps d’arrêt, passant mon regard sur l’assemblée qui pendait maintenant à mes lèvres. Je reprenais d’une voix plus assurée, faisant écho aux paroles de Thorgrel, 8 ans auparavant 

« En ce jour de Vérimios, moi, Braähm du clan Main-Ferme, déclare ainsi le soixante-huitième Althinkalan ouvert. Que s’avancent maintenant à la vue de tous ceux qui prétendent à la couronne. »

Je terminai cette phrase en pointant le trône du doigt, puis m’asseyais de nouveau. La cérémonie avait débuté.

L’instant était solennel, l’instant était vrai, l’instant était profond. Les Thanes de tout le Zagazorn étaient réunis sous le regard des anciens, et sous la bénédiction des divinités. Le Roi était mort. Hardrek Poing-De-Fer, suzerain du Zagazorn, unificateur des Dawis, premier Roi à s’être relevé des cendres et des ruines laissées par le Voile et à faire du royaume des Nains, un royaume florissant, grandissant, et puissant. Il était temps maintenant de choisir celui qui prendrait sa place, celui qui poursuivrait sa politique, ou ouvrirait de nouveaux horizons après tant d’années d’autarcie. Le peuple Nain était, à l’instar du peuple d’Anaëh, une des seules peuplades à tolérer aussi bien l’autarcie grâce à ce sens commun, cet honneur national, cette dévotion des uns envers les autres. Mais peut-être l’ouverture entamée avec les Elfes, voilà plusieurs ennéades maintenant, serait une chose à poursuivre, de manière plus globale. De plus, Harald se sentait prêt. Il se sentait porté. Il sentait que quelque part, le Nain qu’il révérait tant et qu’il voyait comme un père, le portait en cet instant. Et c’est presque sans s’en rendre compte qu’il s’était levé, c’est sans y réfléchir que ses jambes le portèrent jusqu’à la place du tribun, devant le trône vide. Là, il allait se livrer à l’appréciation du Zagazorn toute entière.

- Frères et sœurs Dawis, fières cognards et poilus, dignes bavettes, j’me présente à vous en c’jour où nous r’gardent les divinités. J’suis Harald, thane du clan Brise-Os, plus connu sous l’nom Barbe-Sanglante et actuel Gazanundi d’Lante. Beaucoup d’ent’ vous m’connaissent, soit par ma réputation, soit par mes actions. J’ai participé à toutes les batailles d’not’ peuples d’ce dernier siècle, j’ai suivi les ordres, tous les ordres, d’Hardrek et d’ses prédécesseurs, manquant presque d’laisser ma Braise-Vie r’joindre l’monde du d’ssous, lors d’la s’conde r’conquête d’Almis. Et vous m’avez encore vu construire et garder l’Hunzrung-Langk d’puis qu’c’lui-ci est sorti d’terre voilà maint’nant 8 années. D’aussi loin qu’l’on puisse s’rapp’ler, j’ai toujours été présent pour not’ nation, et combattu pour not’ peuple.

Les présentations étaient faites, Harald venait de rappeler à tout le monde que, depuis des années, il était le cognard qui abattait sa hache sur les crânes des adversaires du Zagazorn, et que, depuis plusieurs autres années, il gardait le Sud du Zagazorn en sécurité afin que le Nord puisse prospérer et grandir, sous l’impulsion du pouvoir de Kirgan.

- Feu Hadrek Poing-De-Fer, fut le Roi qui mena not’ peuple vers d’nouveaux filons, et il fut l’Nain qui frappa si fort de son marteau sur l’fer chauffé par l’Voile, qu’il en façonna l’royaume et lui donna alors la puissance obtenue en c’jour. L’Zagazorn est fort par son peuple, il est puissant par son peuple, et il perdure grâce à son peuple. Loyauté à la couronne, respect des anciens, dévouement au Zagazorn tout entier, autarcie, étaient les grandes lignes de la politique de Feu Hardrek-Poing-De-Fer. Aujourd’hui, cela sera la mienne. Car je me présente devant vous pour reprendre le flambeau du Nain qui fut comme un père, et un ancien pour moi, tant il m’aura abreuvé d’sa sagesse et d’son courage, comme il l’a fait pour l’reste d’entr’vous j’en suis certain !

Le début de la diatribe en tant que telle était amorcé. Harald était un bon diplomate mais ô combien moins bon orateur que celui dont il voulait prendre la suite. Hardrek était connu pour son tempérament sanguin, mais aussi pour son regard glacial, son charisme indéniable et son sens des discours. Harald allait avoir beaucoup de choses à apprendre quant à cette dernière qualité.

- Nous d’vons poursuivre c’qui fut entamé par feu Hardrek Poing-De-Fer. L’mur du Sud doit toujours être approvisionné, l’Ungordrinin, est en passe d’être achevé entre Thanor et Lante, et il n’est question que d’quelqu’années avant qu’toutes les voies souterraines soient terminées. Molgrunn, l’cœur du savoir runique en Zagazorn, est à nous et doit l’rester. Ses défenses doivent être travaillées et améliorées. Les naissances doivent-être encouragées, et nos efforts, doivent se poursuivre. Et tel l’contremaître au fond d’sa mine, je s’rais là pour vous guider, vous aider, vous r’cevoir et œuvrer avec vous comme Hardrek le fit en son temps. Un pouvoir fort, qui n’laiss’ra aucune faiblesse s’emparer du Zagazorn ni aucun d’nos ennemis franchir aucune d’nos frontières.

Autre chose à dire à cette assemblée, sans doute celle qui passerait le moins facilement, ou celle qui provoquerait le plus d’interrogations. Mais Harald devait être honnête en cette heure fatidique.

- L’autarcie, qui aura permise à not’ royaume de ce relever de cette infâmie que fut l’Ire de Mogar, doit, je l’pense, être toujours en place, mais à moindre échelle. Oh, je n’fais point confiance aux Umgis, ces êtres imparfaits à la mémoire courte et prompt à tuer père et mère pour prendre l’pouvoir ou la richesse. Les évènements qui s’passent dans l’lointain Sud, sont annonciateur d’temps sombres, et si nous, fier peuple Nain, savons rester unis, dans un objectif commun malgré les temps difficiles, c’n’est pas l’cas des Umgis, aussi doivent-ils rester loin d’nos frontières, ou cantonner dans les Enclaves commerciales existantes. En r’vanche, je n’partage pas les mêmes craintes quant aux longues-oreilles. Voilà deux années, j’me suis rendu à la frontière commune avec les Elfes, pour mener l’enquête sur une vieille pierre gardienne frontalière détruite. Nous sommes tombés sur l’Roi des Elfes. En signe d’paix, c’dernier a proposé son aide pour résoudre c’mystère avec nous, en interrogeant ses gens et les environs. Grâce à cette entente, nous pûmes réparer la pierre, et lever l’mystère sur c’t’affaire. Aujourd’hui, les Elfes s’trouvent disposées à la diplomatie, d’manière pacifique. Quand bien même je n’pense pas octroyer aux Elfes l’droit d’vadrouiller librement sur nos terres, je pense qu’l’autarcie n’est plus aussi impérative qu’par le passé.

Une dernière chose devait-être dite, avant de retourner à sa place. Harald sentait la fin de sa diatribe approcher, et ses pognes devenaient moites. Il reprit, de sa voix la plus rocailleuse et grave.

- V’l’aurez compris, je s’rais un Roi fort, dirigé vers l’av’nir, mais qui n’oubliera jamais, JAMAIS, d’où vient son peuple. Qu’Ikthor m’en soit témoin, et tous les fils de la forge, vous tous, Thanes du Zagazorn, et vous, anciens du royaume, je r’lèverais les défis d’notre nation et donn’rait ma vie entière pour not’ peuple. BARUK !

Il avait crié à plein poumon ce dernier mot : baruk. Un dernier temps fort pour un discours fort. Harald regagna sa place sous les réactions de l’assemblée attentive.

Comme ce pays tout entier avait sombré dans la ruine et les flammes, comme il s’était redressé au cœur des tempêtes d’acier et de neige, les « Bock-d’Acier » s’étaient relevés de leurs cendres. Oh, le clan ne comptait pas grand monde en son sein, ça non. Mais il était là, de nouveau, fier de ses petites productions et de son savoir-faire très apprécié. Ce clan ne jouissait pas de l’aura de ceux dont les guerriers firent la grande et belle Histoire de ce pays, mais il avait son petit quelque chose à lui, qui arrachait un sourire et attirait la bienveillance. Et puis, il avait Balir. Lui, détenteur de l’héritage du Grand-Roi Hardrek Poing-de-Fer, de sa hache ayant connue des batailles parmi les plus sanglantes et les reconquêtes d’Almis et de ses territoires autrefois perdus et abandonnés. Un legs arraché aux flammes d’une récompense punitive.

En ces temps de troubles et de grands malheurs, les flammes de leur forge avaient vociféré, tordant l’acier sous le poids du marteau. À la sueur de leurs fronts crasseux de suie, à la force de leurs bras endoloris, ils forgèrent les bocks et les chopines du Dalrizal, le Grand Banquet en l’honneur du prochain Grand-Roi. Quant à leur production de l’année, elle fut acheminée jusqu’à Kirgan et tant pis pour les recettes des ventes ! Car il était de ces jours où certaines choses ne comptaient plus, où seules l’union, l’honneur et l’entraide étaient de mise.





En l’honneur de ce jour exceptionnel, ce jour qui marquera un tournant historique pour le Zagazorn, Balir avait apporté la hache offerte par feu le Grand-Roi. Arme de légende ayant traversée maints conflits, attirant l’œil des autres thanes présents. Symbole de reconnaissance et de ses hauts-faits. L’ancien avait pénétré la salle du trône au milieu des autres barbes ayant fait le chemin pour l'Althinkalan. Il s’était d’abord approché de ce trône injustement vide, s’était planté devant, les yeux embués de larmes et submergés par les souvenirs. Ce Grand-Roi parmi les rois, sa fille, trésor de sa vie accueillie par les siens, et cette hache tirée du brasier, symbole de son audace récompensée. Après avoir tourné les talons, ses pas l’avaient guidé jusqu’à Harald, il s’était contenté d’une tape amicale sur l’épaule et d’un sourire franc avant de rejoindre une place en bout de table.

Et le bal fut ouvert. La sagesse de l'ancien Frappe-Rune avait ramené le calme dans la pièce quand un autre thane ouvrit la séance d’une voix tonnante et résolue. Qui ? Qui oserait ? Lequel d’entre eux se lèverait le premier ? Le silence pesant ne fut pas long car déjà le Gazanundi contournait la table, marchait jusqu’au centre de la pièce d’un pas lent et sûr, résonnant sous les regards solennels de l’assemblée barbue. Sa voix ne tremblait pas, son regard se faisait déterminé. Aucune once d’incertitude ne pouvait se lire sur ses traits sculptés au burin. Aucune !

Au dernier mot de son discours, le silence retomba dans la salle du trône. Et le bruit d’une chaise poussée fit tourner les têtes. Balir se tenait droit, depuis le bout de la table, face aux barbes et aux bavettes de tout le pays.

- Et bien… J’en vois certains dont les moustaches sont déjà en train d'frémir… D’un regard on ne peut plus sérieux il parcouru l’assemblée, et son sourire s’étira. Que j’vous rassure tout d’suite, mes frères, mes sœurs, j’suis bien trop vieux et occupé à cercler des fûts dans mon atelier ! S’exclama-t-il dans rire étonnement puissant. Non, c’est de lui que j’veux vous parler.

Son doigt pointé vers Harald, l’ancien semblait toujours tenir une forme digne des dawis dans la force de l’âge. Un miracle difficilement explicable pour qui ne le connaissait que trop peu.

- Mais ! Commençons par les présentations. Reprit-il en se frappant le torse du poing avec une force insoupçonnée. M’appelle Balir. Balir Bock-d’Acier. J’suis plus qu’un vieux croûton aujourd’hui, et pourtant m’voilà devant vous, en tant que thane. Notre clan n’est pas le plus guerrier, ça non. On n’connait pas non plus les secrets des mines ou de l’acier comme certains d’entre vous, nous on est qu’une toute petite pierre perdue dans la montagne. Un sourire aussi amusé que bienveillant s'étira sur son visage, lui donnant l’air d’un affectueux grand-père. Not' passion, notre art à nous, c’est la bonne boisson. Celle qui réchauffe les cœurs, calme les colères et soigne les peines. La bière ! Et les chopines ! Ajouta-t-il en se saisissant d'un bock posé devant lui, venant tout droit de leur forge, avant de le reposer. Une chope de cobanite, comme chacun des thanes en avait une devant lui, faite de cet alliage assez lourd qui vous arrête en pleine beuverie dès lors que vous ne pouvez plus la soulever convenablement. Et si j’suis venu aujourd'hui, c'n’est pas seulement en ma qualité d'thane.

Balir se saisit de sa hache de guerre, et du pommeau il frappa le sol de pierre. Une arme qu’Hardrek lui avait accordée, un insigne honneur, l’un des plus grands qu’un dawi pouvait espérer recevoir. Feu le Grand-Roi l’avait maniée durant les batailles d’Almis, une arme de légende et d’exception inspirant le respect des pairs et la peur dans le cœur des ennemis. Hadrek l’avait possédée des décennies durant, alors même qu’il menait les troupes à la guerre sous les ordres de Garmin.

- Certains d’entre vous m’connaissent, continua l’ancien en tenant fièrement l'héritage du Poing-de-Fer à la vue de tous, tout en gratifiant d’un signe de tête amical une vieille barbe qu’il avait reconnue, d’autres m’ont d’ores et déjà r’connu par cette hache. Mais tous, vous connaissez mon nom. Je suis celui dont la fille est l’Oreille-Noire, qu’Hardrek a lui-même surnommé T’sisra Hazkalkol, ici même, dans cette salle, devant ce trône ! Elle et moi, nous sommes ceux qui se sont lancés à la poursuite du mythe des « Gueules-Brûlantes », qui ont découvert l’antique cité de Molgrunn et vaincu l’abomination des anciens temps, celle-là même qu'a causé sa perte des cycles auparavant. À not' retour, le Grand-Roi a choisi de nous faire confiance, sur les conseils avisés de Grimeldha du clan « Long-Nez » et l’expédition de reconquête fut lancée. Sans moi, évidemment. J’avais déjà fait l’chemin une fois, du haut de mes deux-cents-soixante-neuf bougies, vous vous doutez qu’il a fallu que j’me repose un peu ! Fit-il dans un nouveau rire qui eut droit à des échos bien marqués au sein de l’assemblée. Toujours est-il que ma gamine y a participé, à ses côtés et sous ses ordres. Et de son doigt il pointa de nouveau Harald. Et j’peux vous l’dire, ce dawi-là vous pourriez lui confier votre vie les yeux fermés, tout comme j’ai cru en lui quand ma p’tiote est partie avec. Il est dur, comme la pierre. Mais qui ne l’est pas autour d’cette tablée ? Ha ! Il est droit, honnête et c’est un esprit fort. On ne l’endort avec quelques paroles bien tournées, j’vous l’dit. Ah ça non ! Les actes, l’honneur, la foi ! Voilà ce qu’il comprend ! Voilà ce qu’il entend ! Alors vous pourriez me dire qu’il n’est pas si vieux et qu'son jugement pourrait être moins expérimenté… Mais laissez-moi vous dire mes amis, que l’âge de ne fait pas la sagesse, les jeunes imbéciles deviennent de vieux cons. Hors, la Barbe-Sanglante qui se dresse devant vous aujourd’hui ne manque pas de discernement, et lorsque le doute le tiraille il est de ceux qui se tournent vers nos aïeux, nos sages anciens. Que ma barbe s’embrase si je mens, et je vous le tiens pour dit, ce dawi est un chef, un vrai ! Il est taillé dans les roches de nos montagnes, sculpté au burin et empreint de la sagesse des pierres !

Et sur ces mots, le vieux Balir se rassit à la table, s’installant confortablement dans une chaise ayant le don de préserver son dos des maux habituels.

Il fallut à Harald quelques secondes après mon discours pour se lever et prendre la parole. Je connaissais le personnage depuis peu, et ses mots me firent découvrir une nouvelle facette du personnage, pleine de sagesse et de sagacité. En quelques minutes, il avait réussi à rappeler pourquoi il était un bon candidat par son passé, et pourquoi il serait un bon roi par ses objectifs pour le royaume. Et quels objectifs ! Paix, prospérité et gloire, voilà qui en ferait baver plus d’un. Je n’avais pas vu venir sa proposition de rapprochement avec les elfes, mais elle avait beaucoup de sens. Les oreilles pointues avaient été notre principale source de conflits externe. Si on arrivait à s’accorder une confiance mutuelle, qui sait ce que nous pourrions apporter à chacun.

L’ancien Balik Bock-D’Acier parla ensuite. Son discours appuya celui du Gazanundi en le reconnaissant comme quelqu’un de confiance, sur lequel chacun d’entre nous pouvait compter. Son soutien n’était pas rien : Balik avait lui-même une très bonne réputation dans le Zagazorn. Si les paroles de Harald avaient échauffé la salle, celles de l’ancien la firent vibrer de respect. Je ne pouvais qu’acquiescer, tout ce qu’il disait confirmait mon propre avis sur le Thane des Brise-Os. Lorsqu’il se rassit, un paquet de Dawis tapèrent du poing sur la table en guise d’assentissement. Je m’apprêtais à me lever à mon tour pour dire ce que j’avais à dire, lorsque Glumtol se leva et commença à parler.

Je m’attendais presque à le voir postuler. Je connaissais ses ambitions, et je savais qu’il ne pourrait que grimper de son poste dans le conseil de Thanor. Il avait les contacts, l’autorité et la force de caractère qu’il fallait. Pourtant, son message restait sur l’appui de Harald. Un sourire naquit sur mes lèvres, et je commençais déjà à voir l’issue de l’Althinkalan se profiler devant nos yeux. Cependant, Glumtol posa un temps d’arrêt pour donner son avis sur la reconquête du nord qu’avait évoqué Barbe-Sanglante. Sur le coup, je fus un peu surpris, mais de fil en aiguille, c’était logique : les résidents des villes n’avaient pas grand-chose à faire du pauvre niveau de vie dans lequel pouvaient vivre les clans plus enfoncés dans les terres. Il faudrait que je m’entretienne avec lui à ce sujet, car en plus de ça, le minerai dont regorgeaient les Hautes-Terres ne pouvait être ignoré. Il annonça tout de même qu’il (et probablement tout Thanor, donc) suivrait le prochain Grand-Roi, et ce peu importe ses décisions.

Il se rassit lourdement sur sa chaise et ses paroles firent retentir des cris d’enthousiasmes de différentes tables. Visiblement, il avait touché plus de barbes que ce que je pensais. Ou était-ce simplement son courage de s’opposer directement aux objectifs d’un candidat qu’on acclamait ? Je lançais un regard autour de moi, et attendit que la salle se calme avant de me lever pour une seconde fois. Je tapais de mon poing sur la table deux fois pour demander le silence.

« Me revoici devant vous, Thanes du Zagazorn. Beaucoup de choses ont été dites sur Harald Barbe-Sanglante. Entre ses faits héroïques et la confiance qu’avait pour lui Hardrek, il faut que vous sachiez d’autres choses, qui m’ont fort surpris il y a quelques jours, lorsque j’ai rencontré ce Thane pour la première fois. Derrière sa bravoure et son charisme se cache une barbe pleine de bon sens et de sagesse. L’éventail de ses connaissances s’étend jusque dans nos mines les plus profondes. C’est l’un des rares Dawis qui n’écoutera pas à tort et à travers ce qu’on lui dira, mais qui saura établir à partir de faits ses propres conclusions. Sa force de caractère associée à cette capacité de déduction font de lui un stratège hors du commun, et c’est exactement ce dont a besoin de notre peuple dès maintenant !

Je suis certain que nous avons été les plus touchés par le Voile, et en ces jours, l’union du royaume ne tient qu’à un fil. Pourtant, même dans ces difficultés, nous continuons à briller, de par nos actes d’abord, et notre expertise ensuite. La fierté que j’éprouve pour les Dawis n’a jamais été aussi forte, et vous et vos clans en êtes tous les artisans. Je ne suis pas d’accord avec Glumtol, il est temps aujourd’hui de retrouver notre gloire passée, en unifiant pour de bon le Zagazorn, et en montrant au monde entier jusqu’où s’étend notre force. Et je ne vois personne d’autre qu’Harald pour nous guider vers cet objectif ! »

Je complétais ma phrase en frappant fort de mon poing sur la table, puis repris mon souffle et me tournait droit vers lui, et énonçait quelques derniers mots avant de me rasseoir.

« Tes paroles m'ont conquis. Les pioches et les armes du clan Main-Ferme te suivront, Barbe-Sanglante.  »

Depuis qu’il avait reprit sa place, Harald pouvait sentir tout le poids des regards appuyer sur ses épaules. Il avait l’habitude des responsabilités, ainsi que de discuter avec ses conseillers à Lante et les anciens qui exposaient toujours la sagesse de leurs temps, mais il savait aussi s’élever parmi toutes ses personnes et prendre ainsi les décisions qui devaient être prises, quitte à être seul à prendre les décisions les plus difficiles. Et pourtant, en cet instant, son cœur battait aussi fort que le marteau du forgeron sur son enclume, et il avait d’ailleurs très chaud sous son armure. Il aurait voulu s’en dévêtir, afin de respirer, mais le Gazanundi savait qu’il s’agissait ici de la pression de ses pairs, de l’anxiété de la situation. Pour la première fois depuis des années, Harald sentait frémir sous son échine, ce sentiment de peur mêlé de crainte que ressentent celles et ceux dont l’avenir est suspendu à un fil.

Et ce fil allait s’épaissir pour se faire plus solide à mesure que les thanes apportaient leurs soutiens à la candidature de Harald, pour devenir un pilier, puis la clé de voûte de ce qui s’annonçait être le début du règne de Harald Barbe-Sanglante. L’ancien soldat, ancien sergent, ancien capitaine de régiment d’infanterie lourde, ancienne première hache de Lante, allait maintenant rendre le manteau de Gazanundi qu’il avait tant chéri, pour porter, cette fois-ci, l’attribut du plus grand pouvoir du Zagazorn : la couronne de Grand-Roi. Cette clé de voûte s’ancrer de plus en plus profond dans le fondement de cette colonne érigée par les thanes, jusqu’à-ce qu’enfin, tous soient d’accord.

Oh, Harald n’avait rien oublié de la marque de respect de Glumtol, lequel épaulait la candidature de Harald tout en faisant part de ses soupçons quant à la campagne du Nord. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il avait grand courage de parler ainsi devant l’entièreté des thanes du Zagazorn, mais il avait visiblement appris de feu Hardrek Poing-De-Fer, car quoi qu’il dût se passer, il soutiendrait la couronne du Nord. Cependant, son poing avait été exposé, et son avis, pris en compte. Harald cogitait beaucoup, encore plus depuis le début de l’Althinkalan. L’heure serait à la réalisation de l’état-major qu’il devait commander sous la supervision de l’ancien Roi, mais pour le moment, l’histoire était en marche.

Car déjà, la salle du trône s’était exprimée. Ainsi, les thanes du Zagazorn avaient exprimés leurs soutiens, secondant la candidature de Harald Barbe-Sanglante, Thane du clan Brise-Os à l’accession du trône du Zagazorn. Ceux qui devaient s’exprimer, s’étaient levés et prirent tour à tour la parole. Maintenant, le silence indiquait que la suite ne dépendait plus que de Harald, et de Harald seul.

Devant le silence de l’assemblée, et sous el regard des thanes bienveillants, et des anciens, Harald se leva. Fièrement, il bomba le torse et redressa son visage de sorte qu’il puisse supporter tous les regards, sans jamais défaillir. Car, dorénavant, il incarnait la confiance de son peuple, peuple qui l’avait élu. Dorénavant, il n’était plus Gazanundi, mais Groman-Rik. Dorénavant, il était celui qui dirigerait le Zagazorn tout entier vers de nouveaux horizons faits d’ors, de puissances, de procréations, de productions et de richesses. Dorénavant, c’était lui, le Grand-Roi du Nord.

Il se plaça alors devant le trône royal, lequel se trouvait légèrement surélevé par quelques marches d’escaliers. Se plaçant en bas de ces marches, il retira ce qui était l’apparat de Lante, et un cognard qui gardait la salle vint la lui prendre à deux mains, respectueusement. Se retournant vers l’assemblée, il fit un signe de tête à droite, un signe de tête en face, et un signe de tête à gauche, après quoi, il frappa son armure de son avant-bras gantelet avant de se retourner en direction du trône. Une marche après l’autre, il allait gravir ces échelons comme symbolisant ceux gravis dans sa vie réelle, jusqu’à-ce qu’il se retrouve enfin à hauteur du trône. Là, il fit de nouveau volte-face, et deux anciens, dont Yggdar Frappe-Rune – les deux les plus à proximité du trône – se levèrent et s’approchèrent de l’assise royale. Harald s’agenouilla devant le premier, qui posa sur son crâne à moitié dégarni, la lourde couronne faite d’or et de pierres précieuses, réalisée pour Hardrek Poing-De-Fer. Faite uniquement d’or, elle était richement décorée et incrustée de certaines des pierres les plus précieuses du royaume. Puis, Yggdar plaça sa main sur une épaule de Harald, signe qu’il fallait se relever. Et lorsque ce fut chose faite, Harald pu s’asseoir sur le trône royal, et faire face à l’assemblée qui commençait à se lever à son tour.

- Puisqu’il en est ainsi. Dit Harald, depuis le trône. J’accepte l’honneur qui m’est fait en recueillant la confiance d’un royaume uni, et la mission qui est la mienne d’être le nouveau Grand-Roi du Zagazorn. Puissent les anciens guider mon esprit, et puissent les divinités guider mes pas. Pour un Zagazorn puissant qui illuminera le monde comme dans les temps jadis. Vive le Zagazorn ! Dit-il d’une voix forte et grave, tonitruante alors qu’elle allait résonner dans toute la salle du trône.
- Vive le Grand-Roi ! Dit à son tour Yggdar Frappe-Rune, qui vint conclure cet Althinkalan.

L’assemblée toute entière s’était levée et applaudissait le soixante-huitième Grand-Roi du Zagazorn fraichement élu : Harald Barbe-Sanglante. L’heure était maintenant aux serments des thanes face à la nouvelle couronne, et à la préparation du banquet qui aurait lieu le soir-même. Les thanes pouvaient, s’ils le désiraient, s’agenouiller devant le Roi afin de prêter serment, ou attendre une autre occasion. L’on se félicitait d’avoir écrit l’histoire en ce jour béni des dieux, et les gardes, autorisés à entrer, apportaient bien vite les préparatifs du banquet qui prendrait place dans quelques heures.