Quand les humains dorment, les elfes... (PV Andrea)

Première ennéade de Verimios, an 17:XI
Naelis

Passer du temps dehors, alors que la lune illumine de ses doux rayons les rues de la ville et que les habitants de celle-ci dorment, que les oiseaux nocturnes s'éveillent et que le bruit des vagues s'écrasant lentement contre les quais se laisse porter jusqu'aux oreilles... Un temps calme comme nous aimons bien en profiter, surtout moi. Loin de tout, surtout des gardes et des grandes responsabilités, assise sur un toit juste à ressentir ce courant d'air maritime après avoir fait un tour quelque part. Ce tour, d'ailleurs, c'est généralement plutôt Ust'kor qui l'apprécie. D'autant plus quand il s'agit de faire l'andouille dans les quartiers qui craignent le plus et où il reste de la pègre. Parfois nous entrons dans le temple d'Arcam, parfois... c'est intéressant d'en voir l'intérieur de nuit, l'ambiance n'est pas du tout la même que de jour. A savoir pourquoi mais plus le temps passe, plus je... ou nous... développons une sorte d'affinité avec cet endroit. Ce n'est pas déplaisant mais assurément déstabilisant.

Un soupir, profond mais bienfaiteur pour le corps. Un fin sourire sur les lèvres. Il allait être temps de quitter ce toit et la vue qu'il nous donnait, quelqu'un nous attendait. Quelqu'un que nous prenions grand plaisir à revoir à chaque fois. Amour d'un côté, acceptation de l'autre. Ou amour des deux côtés... bonne question. Avions-nous vraiment envie de débattre là-dessus ? Non, pas cette nuit. En silence nous descendions donc et nous dirigions vers une belle maison possédant une petite cour arrière avec une porte. Quelques minutes et discussions intérieures plus tard, je frappais à cette simple porte en bois et attendis que mon hôte ne vienne l'ouvrir.

"Bonsoir mon coeur !"

Tout en prononçant ces mots d'une voix douce et tendre, suffisamment bas pour que seul lui l'entende, je me mis sur la pointe des pieds et embrassais Andrea avec amour. Mon visage s'éclaira et j'entrais dans la cuisine quand il m'y invita. Ce rendez-vous avec cet être aimé, je l'avais tant attendu. J'étais si heureuse d'être là ! Etre avec lui, simplement...

"Comment te portes-tu ?"

Ma voix était comme toujours douce et peu forte.Je parlais en elfique, avec un peu de lenteur puisqu'il n'était pas vraiment habitué à cette langue que j'avais parfois besoin de parler pour revenir à une quelconque enfance bienfaitrice à l'âme.

Andrea observait son ouvrage, l'étudiant avec soin, scrutant le moindre défaut, puis il se redressa avec un sourire satisfait. Tout était prêt. Du fait des responsabilités de la belle et de leurs vies pour le moins actives, il ne pouvait jouir de la présence de la souveraine aussi souvent que ses voisins profitaient de leurs épouses. Ils ne pouvaient pleinement vivre ensemble et ne se voyaient donc qu'en quelques trop rares occasions chaque ennéade. Trop rares à son goût en tout cas. Certaines prévues, d'autres non. Alors, une fois de temps en temps, ils s'organisaient ces petits moments à deux et il lui concoctait généralement une petite surprise.

Tandis qu'il ramenait son plateau dans la cuisine, il entendit les coups que l'on vint frapper sur la porte arrière. Il libéra ses mains sur un buffet proche de sa trajectoire et s'élança voluptueusement en direction du pan de bois. La pièce était plus en désordre qu'à l'accoutumé. Dans un seau attendait le reste de la vaisselle utilisée pour ses préparatifs et qu'il n'avait pas encore eu le temps de laver. La table portait encore les preuves de son activité de ce soir en la présence de miettes de diverses origines, de farine mais aussi de jus de poisson.
L'androgyne actionna le loquet et ouvrit pour découvrir -sans surprise- le visage de Glinaina. Ses traits s'illuminèrent alors d'un sourire radieux et d'un regard aimant. A son bonsoir, il répondit plus simplement encore.

-Mon amour... Souffla-t-il avec délice.

Il demeura immobile alors qu'elle s'approchait pour venir le saluer de la plus tendre des façons. Il conserva les yeux fermés un bref instant encore avant de laisser échapper un soupir de bonheur. En bon épicurien, il savait profiter de chaque bienfait, de chaque plaisir que la vie pouvait lui offrir. Et ce baiser de retrouvailles en était un qu'il appréciait toujours autant. Puis il s'écarta de l'entrebâillement de la porte afin de la laisser pénétrer chez lui. Il se plaisait à dire que c'était chez elle aussi... Comme chez Asgëril bien qu'aucun d'eux n'y habitent vraiment. Mais ils avaient les moyens d'entrer et pouvaient venir dès qu'ils en avaient le temps et l'envie.

-As-tu encore oublié ta clef ? Demanda-t-il l'air faussement fâché. Puis il s'approcha d'elle, dans son dos. Il déposa des mains délicates sur ses épaules et se pencha à son oreille pour lui susurrer quelques mots. A moins que tu aimes que je vienne ouvrir.

Ses lèvres vinrent déposer une série de doux baisers dans son cou, goûtant cette peau qui lui avait tant manquée. Il côtoyait intimement plusieurs hommes et femmes chaque jour. Pourtant, il n'était jamais rassasié. Mais ici, c'était un appétit différent que celui qu'il déployait au Délicieux Intermède. Ici, c'était son cœur qui parlait plus que sa passion. Un œil extérieur n'y verrait sans doute pas grande différence étant donné que la douceur était ce qui le caractérisait par dessous tout. Cependant, avec celles et ceux qu'il aimait sincèrement, il pouvait se contenter de quelques contacts langoureux mais chastes. Ou plus ou moins chastes puisqu'ils éveillaient souvent le désir de ses compagnons.
Après ce bref instant de tendresse, Andrea se redressa, volant au passage la cape de la reine qu'il avait discrètement détachée. Il le déposa soigneusement sur une chaise tout près et se tourna à nouveau vers sa bien-aimée pour lui répondre avec douceur.

-Tu sais bien que je me porte toujours à merveille. Dit-il dans un sourire. Il étira un bras dans sa direction pour caresser sa joue du bout de ses doigts avant de s'approcher pour venir se poster à un frôlement d'elle. Ses traits délicats étudièrent les siens tandis que sa tête basculait légèrement sur le côté dans une posture toute féminine. C'est plutôt à toi que je devrais demander ça.

Si son vocabulaire s'était bien amélioré avec les années, sa prononciation était encore loin d'être parfaite. Il faisait des efforts d'élocutions qui le rendaient un peu lent au discours mais cela ne retirait rien au sens de ses mots et à l'émotion qu'il voulait leur donner.

Mon sourire se fit taquin alors qu'Andrea s'approchait de mon dos, susurrant à mon oreille comme s'il s'agissait d'un secret. Je n'eus pas le temps de répondre que je basculais légèrement ma tête de côté pour laisser à mon aimé tout l'espace qu'il pouvait souhaiter pour ces délicieux baisers. Les yeux fermés, je laissais un fin soupir d'appréciation naître avant d'arriver à répondre à sa question, un air faussement gêné sur le visage.

"Je crains l'avoir encore oubliée... ou peut-être l'avons-nous perdue dans les affaires des enfants ?"

Mon sourire s'intensifia alors que je regardais Andrea défaire la broche de ma cape pour poser cette dernière sur une chaise non loin. Je ne remarquais que maintenant tous les restes de vaisselle et de traces de cuisine qui occupaient la pièce. Ah ! Il s'était fait plaisir à préparer cette soirée ! Et moi qui venais sans rien... en ce moment, entre les préparations à la guerre, l'accueil des deux architectes d'Anaëh, les enfants et les affaires habituelles du royaume, il m'était devenu bien compliqué de prendre le temps de fabriqué quelque chose de mes propres mains. J'aurais toujours pu cuisiner mais n'ayant jamais été excellente cuisinière - et Ust étant pire que moi là-dessus... non, il ne valait mieux pas. Même si mon aimé me répétait toujours que j'étais chez moi ici, je n'aimais pas particulièrement venir avec juste nous. Juste moi. Enfin on se comprend. Je souris à nouveau, cette fois-ci tendrement, profitant de la caresse, plongeant ma joue au creux de sa main puis y déposant un baiser.

"Comment je vais... Je vais bien. Nous allons bien, même. Même si c'est compliqué en ce moment, avec tout ce qui se passe et se prépare, et mine de rien les deux taledhels sur lesquels il faut régulièrement veiller pour éviter les chocs de cultures. C'est compliqué et fatiguant, mais cela vaut le coup. Enfin vaudra le coup, je l'espère."

Un haussement d'épaules en même temps qu'un petit sourire désolé.

"As-tu besoin d'aide ? Je vois que tu étais en train de préparer quelque chose..."

Andrea lui adressa un léger grognement à l'évocation de sa clef perdue, faisant mine de la gronder. Ils avaient eu mille fois cette discussion et il serait aisée à la jeune femme de comprendre qu'il plaisantait. Du moment qu'elle venait, le reste n'avait aucune espèce d'importance. Les années s'écoulaient doucement depuis le début de leur relation mais rien ne semblait pouvoir offusquer l'elfe blanc. Ni les habitudes de sa compagne, ni ses goûts, ni son ami drow à l'intérieur d'elle-même... Il l'avait acceptée telle qu'elle était sans rien lui demander d'autre. Et s'il la poussait parfois dans une direction, c'était pour qu'elle se sente mieux au bout du compte et non pas pour tenter de la modeler comme il le souhaitait. Elle avait parfaitement le droit de lui dire non et il ne s'en renfrognerait jamais. Alors, qu'elle oublie sa clef, il serait toujours ravi de venir la cueillir sur le seuil de sa maison. Même par la porte arrière.
Il écouta avec attention le récit de tous ses tracas, comme il le faisait depuis le premier jour. Ils n'en parlaient jamais plus que nécessaire, l'androgyne se faisant à la fois son conseiller secret lorsqu'une question la préoccupait trop et son moyen d'évasion lorsqu'elle avait au contraire besoin de se changer les idées et de se détendre. Il eut un petit rire amusé alors qu'une pensée lui traversait l'esprit.

-Présente-moi à eux. Question choc des cultures, je pense qu'ils seront servis. Fit-il avec humour.

Andrea n'avait pas honte de ce qu'il était. Bien au contraire, il s'assumait pleinement. Il avait la façon de pensée et la douceur d'une femme mais il aimait et prenait du plaisir comme un homme. Voilà pourquoi il portait des robes laissant largement voir son torse. Il n'avait pas véritablement de sexe à ses yeux et arborait donc les deux à la fois. Quant à ses penchants en ce qui concernait les différents plaisirs que ce monde pouvait offrir, il ne les dissimulait pas non plus. Son statut de propriétaire et pensionnaire actif d'un bordel faisait partie de sa présentation. Il avait quelque peu choqué ses voisins en emménageant d'ailleurs mais cela n'avait fait que l'amuser. Et la cohabitation se passait au mieux aujourd'hui.

Lorsque Glinaina s'intéressa à ce qu'il avait mijoté pour elle, il l'enlaça tendrement et, n'ayons pas peur de le dire, avec un brin de sensualité.

-Il y a une chose que tu pourrais faire, en effet. Il déposa ses lèvres sur les siennes en un doux baiser qu'il laissa durer plusieurs secondes. Son attitude changea finalement tandis qu'une lueur de malice illumina son regard. Tu trouveras ce dont il s'agit dans notre chambre.

Un fin sourire amusé et satisfait étira le coin de ses lèvres. Il ne s'était pas contenté de cuisiner. Il avait concocté une toute autre surprise qui avait mis un peu de temps avant d'être livrée. Elle comprendrait sans le moindre doute dès qu'elle aurait ouvert la porte.
Soudain, l'androgyne sembla réaliser quelque chose. Il s'extrait alors de l'étreinte avec finesse pour se précipiter -à sa manière- dans l'entrée. Là, il tira sur le pan de bois coulissant qui cacha alors la vue sur le salon.

-Je ne voudrais pas que tu triches en passant. Puis il réalisa un geste princier et féminin pour lui désigner l'escalier. Madame...

L'avais-je vraiment perdue, cette clef ? Bien sûr que non. Nous savions même très exactement où elle était. Mais... Frapper à la porte arrière, s'assurer qu'il était bien là et que nous ne le gênions pas... une base de la vie en société, du moins en Anaëh. Il est vrai que j'aurais dans le fond plutôt tendance à vouloir entrer par-devant et faire comprendre que j'étais arrivée. Mais alors pourquoi je ne le faisais pas ? Est-ce Ust'kor qui préférait passer par la porte arrière ? Non, c'était... illogique. On ne comprenait pas. Il y avait un problème quelque part et cela se lut un fugace instant sur mon visage. Non... c'est nous... ce n'était pas vrai ! Etions-nous encore en train de nous confondre ? Ce n'était pas bien souvent mais ces quelques prises de conscience ne nous rassuraient pas. Il faudrait que nous en parlions à Nakor... mais après la guerre, si jamais elle se terminait. J'avais plus urgent à traiter avant.

"Il y a une chose que tu pourrais faire, en effet. Tu trouveras ce dont il s'agit dans notre chambre."

Hum ? Je me réveillais de ma pensée, intriguée. De quoi voulait-il me parler ce sacripant ? Je lui offrais un regard limite réprobateur, regard qu'Andrea pouvait facilement comprendre comme étant faux. Bien ! Puisqu'il fallait aller dans la chambre... nous irions donc ! De toute manière je n'allais pas rester dans une tenue si simple. Déjà que je venais sans rien, autant que je me fasse belle pour lui, non ? Un tendre baiser amusé sur les lèvres suite à son élan cachotier, et je montais ces escaliers que je commençais à bien connaître. La chambre, je savais très bien où elle était. J'y entrais donc, retrouvant le confortable lit à baldaquin, la coiffeuse, tentures, coffres, même l'espace de bain se trouvant à l'autre bout de la pièce. Un petit sourire de satisfaction se dessina sur mes lèvres, me sentant effectivement un peu comme chez nous ici.

Je mis un peu de temps avant de remarquer ce qui n'était pas là d'habitude : un grand morceau de tissu posé sur le lit, un peu caché par un léger voile tombant du baldaquin. Après un regard curieux à notre aimé qui me suivait, j'allais voir l'étoffe pour...

"Elle est belle..."

Ma voix était basse alors que je reconnaissais ce tissu si doux et beau que j'avais vu une fois. Un bleu nuit magique, avec quelques notes d'argent régulièrement, une douceur comme une souplesse qui restent en mémoire. Et là, sur le lit, une robe faite de ce textile ? Je la levais par les épaules, m'écartant en même temps du lit pour bien pouvoir voir la forme qu'elle avait. J'avais des étoiles dans les yeux. Je n'avais rien demandé et... et je la tenais à l'envers, non ? Peut-être, dans l'autre sens ça faisait étrange quand même, même si c'était un peu plus plein. Je la retournais plusieurs fois, sans pouvoir dissocier le dos du devant, jusqu'à remarquer que les manches étaient asymétriques. Donc non, c'était bien la partie extrêmement ouverte qui se trouvait devant ! Fichtre, je... c'est que... cela m'amenait à bien plus montrer mon corps que d'habitude, déjà que je le faisais plus facilement qu'il y a quelques années. Bon, d'accord, Andrea nous avait vus bien plus d'une fois nue, mais... est-ce que j'allais oser ? Une partie de moi ne voulait pas, considérait cela comme montrer de mauvaises marques ; l'autre au contraire jubilait d'avoir une telle tenue ! Etre libre d'être ! Un petit sourire émut se peint sur mes lèvres.

Cela ferait tellement de bien... Je posais la si belle robe avec délicatesse sur le lit et me retournais vers mon aimé. Tout en entourant ses fines hanches de mes bras je déposais un baiser des plus amoureux sur ses lèvres. Mes yeux se perdirent dans les siens si clairs avant que je n'arrive à murmurer.

"Merci. Elle est magnifique. Mais... je risque d'avoir besoin d'un guide pour me montrer comment porter ce type de robe."

Avec un léger accent taquin.

Andrea la suivit d'un pas souple et léger. Les froissements de sa robe suffisaient à couvrir les sons de ses pas si discrets. Il ne portait pas de chaussures, pas même de soulier. Il avait fait soigner son parquet dans toute la maison afin de pouvoir y marcher pieds nus sans risque de se prendre une écharde et fait supprimer les lattes bruyantes. Il demeura sur le seuil de la chambre et observa la mine de sa compagne tandis qu'elle découvrait sa petite surprise. Elle avait remarqué ce tissu et il avait discrètement fait signe au marchand de lui en mettre de côté. Puis il était revenu, seul, non sans être passé voir son tailleur favori au préalable afin de déterminer quelle quantité en acheter pour ce qu'il avait en tête.
Et désormais, les y voilà... La robe était fin prête et Glinaina la découvrait enfin. Il l'avait fait concevoir de manière à ce que cela la mette en valeur sans plus de préoccuper des marques sur son corps, chose qu'elle pouvait difficilement se permettre en dehors de chez lui. Il n'avait rien contre Ust'kor. Il avait déjà discuté avec lui. Il n'était d'ailleurs pas certain de ne pas avoir déjà couché avec lui ou qu'il ait au moins participé à ses ébats avec son hôtesse. La souveraine avait décidé qu'il avait le droit de vivre et il n'irait pas à l'encontre de sa décision. Bien au contraire, il lui offrait l'occasion de se montrer et d'avoir un contact à l'extérieur de l'esprit de sa compagne et sans devoir passer par elle.

Andrea étira un sourire amusé en observant l'ancienne anedhelle détailler sa nouvelle tenue. Il se doutait qu'elle n'en avait jamais porté de semblable. Elle l'avait déjà aidé avec les siennes mais celles de l'androgyne étaient encore différentes. Elles étaient taillées spécialement pour lui. Car un homme dans une robe conçue pour la silhouette d'une femme, ce serait fort laid... Elles se mettaient donc différemment que celle qu'il avait commandé pour elle.

-Je devrais pourvoir t'y aider. Dit-il d'une voix douce. Car après tout... C'est moi qui en ait dessiné le croquis.

Il étira un sourire tendre et fier. Si le choix du tissu venait d'elle, il avait veiller à tout le reste. Alors, sans plus rien ajouter, il porta ses mains sur les attaches de la chemise de la belle et le défit avec délicatesse. Un à un, les boutons cédèrent sans lui opposer la moindre résistance. Elle lui avait demandé son assistance et il se proposait de l'honorer dès à présent. Lorsqu'il arriva sur le bas du vêtement, il tira dessus avec savoir-faire pour le faire sortir du pantalon. Lorsqu'il fut ouvert sur toute sa hauteur, il remonta ses doigts sur les clavicules de Glinaina et les effleura. Dans un geste lent, il repoussa la chemise jusqu'aux épaules et même au-delà, jusqu'à ce qu'elle chute sur le sol.
Andrea se détacha un peu plus de la souveraine et s'affaissa peu à peu jusqu'à de que l'un de ses genoux touche terre. Là, il lui retira ses chaussures avec tout autant de douceur et d'expertise. Ce n'était pas la première fois qu'il l'aidait à se déshabiller et, si la passion et la langueur n'y étaient pas, on pouvait au moins discerner de la tendresse dans ses mouvements. Toujours au sol, il se redressa pour défaire la ceinture du pantalon et le fit lentement rejoindre la chemise. Puis, l'elfe blanc se releva, non sans tracer sur le corps de sa compagne le chemin qu'il empruntait en le marquant d'un doux baiser. Il commença depuis le genoux, remonta le long de sa cuisse, atteignit son ventre, passa entre ses seins, continua jusque dans son cou et acheva son trajet sur les lèvres de la Reine. Elle se tenait désormais nue à l'entrée de sa chambre et plongea ses yeux dans les siens.

-Tu es magnifique ainsi. Es-tu sûr de devoir t'habiller ? La taquina-t-il, une lueur d'espièglerie dans les iris.

Un petit rire amusé me vint à sa remarque. Jeu régulier entre nous, je le laissais complètement faire, en confiance auprès de lui. Andréa me déshabilla donc, avec cette tendresse qui lui correspondait si bien, caressant ma peau lorsque l'envie lui en prenait. Je levais un pied, puis l'autre, pour qu'il puisse me déchausser. Puis, une fois qu'il se releva, je l'embrassais avec un amour non dissimulé.

"Tu es magnifique ainsi. Es-tu sure de devoir t'habiller ?
Je haussais les épaules, faignant de réfléchir avec sérieux.
- Si je suis magnifique... c'est un bien grand mot. Mais concernant le fait de m'habiller, il serait tout de même dommage que je ne fasse pas honneur à la robe que tu m'offres si gentiment, non ?"

Sans lui laisser le temps de répondre je l'embrassais à nouveau, cette fois-ci avec une lueur taquine dans le regard. Puis je laissais mes yeux se perdre dans le siens, mon front appuyé contre celui de mon aimé. Je murmurais alors, presque suavement, avec la confidence de l'amante qui sait pertinemment que personne ici ne les surveille.

"A moins que tu n'aies de base prévu que nous restions de la sorte dans la plus grande intimité ?
- Cette soirée est la tienne, nous en ferons ce que tu voudras.
Répondit Andrea avec sincérité. Puis une lueur espiègle illumina son regard si clair.
- Cela étant dit... Ils se pencha pour parler plus bas. Rien ne nous empêche de retrouver un plus grande intimité plus tard.
- Alors nous verrons à ce moment-là."

Un nouveau baiser et je lui prenais doucement la main pour l'entraîner jusqu'au lit où se trouvait la si belle robe. Je la prenais, l'invitant ainsi à me montrer dans quel sens la porter exactement, puis commença un jeu de caresses, enlacements de mains et baisers au fur et à mesure que le textile était placé sur mon corps. Une étreinte, puis cet amour aux longs cheveux blancs m'invita à me regarder dans un miroir. Miroir, mon beau miroir... cette robe était tellement magnifique ! La couleur, la douceur du tissu, les manches évasées et fines me donnant l'impression d'avoir des ailes... Mais l'ouverture de devant, commençant à la taille, n'était-ce pas trop ? J'étais tellement habituée à cacher mon torse... Un peu de gêne, pas à cause de la présence d'Andréa mais juste parce que cette grande ouverture existe. Et pourtant, n'étais-je pas belle ainsi ? N'étions-nous pas beaux, en vrai ?

"Je... Qu'en penses-tu, Andréa ? Objectivement. Enfin si c'est possible."

Andrea était très tactile. Et, lorsqu'il aimait, très caresses et baisers aussi. Avec délicatesse, il saisit la robe que, bien évidemment, la Reine tenait à l'envers. Puis il s'agenouilla de nouveau devant Glinaina et lui fit passer les pieds dans le vêtement. Effleurant sa peau à l'aide du tissu et de ses doigts, il remonta lentement de long de ses jambes. Il se redressa dans le même temps et se tint donc debout pour lui faire enfiler les bras dans les manches. Dans une nouvelle caresse, il ajusta son décolleté, glissant depuis son ventre jusqu'à ses épaules en passant par la naissance de sa poitrine. Puis il passa dans son dos, arrangeant le tissu avec quelques caresses de plus, avant de nouer la ceinture de satin.
L'androgyne se pencha pour embrasser son cou et, tout en la cajolant de ce doux contact, il écarta les pans de la robe un peu plus que de l'aurait fait la souveraine. La tenue était faite pour mettre cet immense décolleté en valeur. Elle était faite pour la montrer. Montrer à quel point elle était belle. Elle n'était pas faite pour être portée au palais ou en soirée mais seulement dans l'intimité. Asgeril pourrait lui aussi en profiter mais, ce soir, c'était rien que pour lui.

D'une caresse suivant la grande ouverture sur le buste de Glinaina, Andrea vérifia son ouvrage avant de la libérer enfin de ses bras et de ses lèvres. Mine de rien, avec leur petit jeu de séduction et d'excitation, ce qui n'aurait dû prendre qu'un instant avait duré plusieurs minutes. Il tourna finalement la Reine afin qu'elle se tienne face au miroir et qu'elle s'admire. Elle se trouvait belle mais il voyait bien qu'elle s'y refusait... De son regard clair et tendre, il l'admira de la glace, dépassant au-dessus de son épaule.

-Je suis parfaitement objectif. Lui assura-t-il avec sérieux. Et tu es magnifique.

D'une douce pression de ses mains sur le bassin, il fit se retourner son amour face à lui. Le dos de son index remonta depuis son ventre jusqu'à la gorge de la jeune femme, passant sur son sternum pour rejoindre son cou.

-Je risque d'avoir du mal à me tenir pour une fois.

Elle était si belle... Et si attirante... Le buste à demi-nu comme si elle avait rapidement enfiler quelque chose histoire de cacher l'essentiel de son corps. Tant de peau était à portée de ses mains et de ses lèvres. Sans compter que leur petit jeu avait éveillé tout son intérêt. La soirée promettait d'être un condensé de témoignage de son attirance et un long développement de leurs désirs réciproques... C'était donc une magnifique soirée qui s'annonçait.

Plutôt que de l'embrasser et d'attiser un peu plus la flamme déjà allumée, Andrea prit la main de sa compagne et, dans un geste aussi noble que féminin, il la guida à l'extérieur de la chambre. Ils redescendirent les escaliers et s'arrêtèrent une fois en bas. L'elfe blanc se retourna et lui commanda de fermer les yeux avec une attitude à la fois excitée et amusée. Il avait hâte de lui montrer ce qu'il avait passé des heures à confectionner. Lorsqu'il lui obéit, il repoussa la porte coulissante puis saisit délicatement les mains de Glinaina pour la conduire dans le salon. Ils ne firent que quelques pas avant qu'il ne s'arrête et lui permette d'ouvrir les yeux.
Là, devant eux, tout avait été prévu pour une soirée intime et romantique. Des bougies étaient allumées et éparpillées un peu partout dans la pièce. Le large canapé était recouvert d'une couverture dans les tons crèmes sur laquelle la robe de la souveraine se détacherait à merveille sous cet éclairage tamisé. La cheminée diffusait une douce chaleur afin que le froid -même s'il était toléré- ne vienne pas déranger cet instant alors que la belle était moins vêtue que d'ordinaire. Sur la table basse, une bouteille de vin s'aérait depuis juste assez longtemps pour que tous les arômes se soient développés. Deux verres avaient été déposés à côté. Plusieurs assiettes étaient disposés, leur permettant de picorer de multiples mignardises. Il y en avait pour tous les goûts... A l'avocat, aux crevettes, aux oeufs, à la viande, au poisson, aux crudités, au fromage... Les desserts, quant à eux, attendaient sagement sur un plateau posé sur un meuble derrière le canapé. Tout était prêt...

-Il ne manquait plus que toi...

Il le savait. Je lui avais déjà raconté. Mais encore une fois, à me regarder être habillée dans une tenue ne cachant pas complètement mon torse et mes bras, je n'étais pas à mon aise. J'avais l'impression de divulguer un secret interdit, une partie de mon passé qui ferait que plus personne ne m'accepterait, peut-être même que je ne serais plus la même. C'était idiot, je le savais ; mais cette crainte s'était suffisamment ancrée en moi pour que je ne sois pas (encore) en mesure de m'en défaire. Plongée dans mes pensées, je fermais les yeux en sentant mon aimé poser ses mains sur mes hanches et commencer à me retourner d'une délicate pression. Je rouvris mes yeux bleus sur les siens plus clairs alors qu'il passait une main langoureuse sur la partie nue de mon buste puis me confiait qu'il risquait d'avoir du mal à se contenir. Touchée par le compliment sous-jacent, j'eus un sourire amusé avant de lui murmurer tout en remettant une mèche de ses cheveux blancs, cette fois-ci en oliyan.

"Arrives-tu réellement à te tenir, d'habitude ?"

Pas besoin de réponse. C'était là une simple boutade et il le savait très bien. Je le laissais me prendre doucement la main pour m'entraîner en bas. Je fermai les yeux lorsqu'il me le demanda, amusée par son comportement, puis les rouvris sur une salle chaudement éclairée par de nombreuses bougies ainsi qu'un âtre crépitant. Sur la table basse, face au canapé qui avait visiblement changé de couleur, se trouvaient de nombreuses assiettes dans lesquelles attendaient sagement des plats cuisinés.

"Il ne manquait plus que toi...
- C'est magnifique. Il ne fallait pas."

Ne le fallait-il pas ? Ce n'était pas à moi d'en décider. Encore moins avec le rang "spécial" que j'endossais chaque jour. Je ne pensais pas que ce soit aussi ostensoir qu'à Diantra ou d'autres grandes villes péninsulaires mais faire partie de la famille royale comportait le fait d'avoir à chaque repas beaucoup de plats posés sur la table, plats dont les restes - enfin les restes... au moins les trois-quarts des mets quoi - étaient par la suite mangés par les cuisiniers et autres personnes assurant le service. Limite, cuisiner moi-même un petit repas pour mes propres enfants lorsqu'ils étaient encore hauts comme trois pommes avait été une galère à faire accepter. Autant les enfants avaient quasiment toute leur vie été habitués à ce système, autant cela ne faisait que quelques années sur plus d'un siècle de vie me concernant. Et je me faisais chaque jour un devoir de me rappeler cette simplicité dans laquelle j'avais vécu en Anaëh, justement pour avoir conscience de ces attentions par tout à chacun. Je ne resterai pas reine toute ma vie, loin de là ; j'en avais pleinement conscience.

Je reprenais la main d'Andréa, l'entraînant avec une douce lenteur vers le canapé. Mes yeux amoureux dévoraient les siens, et c'est toujours plongés les uns dans les autres que je le fis s'asseoir en même temps que moi. Etant pieds nus, je me permis de me mettre à mon aise, c'est-à-dire confortablement assise sur mes talons à côté de lui, de sorte à ce que l'une de mes épaules touche la sienne. Tout en lui caressant tendrement le visage, je lui demandais en un murmure :

"Y a-t-il quelque chose par laquelle mon aimé aimerait commencer ? Puisqu'il ne manque désormais plus rien..."

Un sourire, sincère. Andréa pouvait répondre absolument tout ce qu'il voulait, je le lui donnerai avec la joie et l'amusement amoureux de l'amante profitant pleinement de ce dîner aux chandelles.

Andrea détailla avec envie le visage de Glinaina puis ses yeux s'égarèrent un peu plus bas... Peut-être auraient-ils dû apaiser leurs désirs avant de descendre... car il était clair que l'un comme l'autre rêvaient de se laisser emporter par la fièvre. Cependant, ils en avaient décidés autrement et l'androgyne avait bien l'intention de faire en sorte qu'ils s'y tiennent. Cela ne les empêchait néanmoins pas de s'amuser un peu...

Lentement, presque prédateur, il se pencha sur sa compagne. Non pas pour l'embrasser, puisqu'il esquiva ses lèvres, mais pour venir trouver son cou. Là, il goûta à sa peau dans de voluptueux baisers. Tant d'épiderme se trouvait à sa portée sans qu'il ait à déplacer le moins fragment de tissu. Et, pour en obtenir plus, il n'avait qu'à pousser très légèrement les pans de sa robe et il découvrirait une épaule... un sein... Mais il se retint. Il se délecta de sa chair l'espace de délicieuses secondes puis il se redressa lentement, la peau de sa joue venant frôler la sienne. Il lui souffla quelques mots sur ce ton exquis dont il avait le secret.

-Et si nous commencions par...

Il s'interrompit. Une main vint se poser sur le genou de la belle et remonta doucement le long de sa cuisse. Elle était si désirable...

Finalement, Andrea se redressa et toisa le regard de la belle.

-... les crevettes. Fit-il avec une lueur d'espièglerie dans les yeux.

Le désir n'avait pas disparu de ses traits, bien loin de là, mais il était d'humeur à jouer. Cette nuit était la leur et il avait bien l'intention de leur en faire profiter comme jamais. Il se pencha pour prendre l'assiette concernée et la porta jusqu'à sa compagne afin qu'elle se serve.

Ainsi commença leur dîner. Au début, l'elfe blanc se fit le plus serviable du monde, portant à la souveraine tout ce que son cœur pouvait désirer. Entre chaque bouchée en revanche, c'était une autre histoire. Ses mains se faisaient caresse sur ce dos nu. Il lui vola plus d'un baiser aux saveurs variés et toujours saupoudré d'une pointe d'envie plus ou moins forte. A l'occasion, ses doigts descendirent de plus en plus souvent et de plus en plus bas sur son buste découvert. Le repas s'avançait, les assiettes se vidaient et Andréa goûtait désormais au plaisir d'observer la jeune femme se servir, les pans de sa robe dévoilant un sein tandis qu'elle se penchait. A une occasion, le vêtement ne se remit pas correctement en place et l'extrémité du mamelon demeura à la vue de l'amant qui refrénait ses appétit depuis quelques dizaines de minutes déjà. Lorsque Glinaina alla pour se rhabiller, il l'arrêta d'un geste doux. Une lueur traversa son regard et, sans un mot, il se pencha. Ses lèvres trouvèrent le mont et il l'embrassa, en lécha le pourtour, en titilla la pointe, comme s'il faisait lui aussi partie du menu.

Il n'avait pas l'intention d'aller trop loin. Il voulait simplement leur donner un avant goût du dessert...