C'est une bonne idée! [PV Andrea]

Troisième ennéade de Barkios,
Deuxième jour
An 18 du 11ème cycle

Comme promis, deux jours plus tard Zaahrian était prêt pour le départ. Il se présenta à la demeure d’Andrea armé jusqu’aux dents. La première fois qu’il s’y était rendu, il n’avait qu’une dague à la ceinture. Cette fois, il avait la dague, l’épée, une panoplie de couteau à lancer certains visibles et d’autres cachés ainsi qu’un arc et des flèches. Ce qu’il avait découvert durant son enquête l’avait convaincu que la prudence était de mise. On lui avait même fait entendre que si le voyage n’était pas impossible, il vaudrait peut-être mieux pour lui d’abandonner le projet. Pas question de reculer. Andrea voulait se rendre à Naélis et Zaahrian s’était engagé à l’y conduire en un seul morceau. Au moins, il savait à quoi s’attendre et était préparé en conséquence.

La première partie du voyage se passa pratiquement sans encombre. Zaahrian savait que tant qu’ils étaient en Ithri’Vaan ils ne risquaient pas grand-chose. Ils croisèrent tout de même un petit groupe de bandits mal organisés que l’assassin n’eut aucun mal à repousser. Avec un sourire, il expliqua à Andrea qu’aussi impressionnant que ça puisse être, ce n’était qu’un réchauffement pour lui. Par contre, il avoua qu’ils avaient été chanceux, car aucun de ces hommes n’avait était formé pour les armes. Dans le cas contraire, la situation se serait nettement compliquée pour eux avant même d’avoir franchi la frontière. Deux hommes voyageant seuls restaient une cible invitante, même si l’un d’eux était lourdement armé.

Zaahrian remplissait sa mission avec le plus grand des sérieux. Ils avaient beaucoup de temps pour discuter, alors l’assassin lui expliqua son éthique de travail. Il obéissait à des règles très strictes qu’il s’était lui-même imposées avec le temps. Il n’y avait rien de vraiment compliqué à tuer un homme. N’importe qui avec un minimum d’habileté avec une arme pouvait le faire. Ce qui distinguait un bon assassin des autres, c’était sa discrétion et sa fiabilité. Jamais il ne demanda à Andrea ce qu’il voulait faire à Naelis. Il ne lui posa pas non plus de questions indiscrètes sur sa vie privée sauf si l’elfe amenait lui-même le sujet dans la conversation. Toutefois, ça ne l’empêcha pas d’être charmant et de flirter ouvertement avec Andrea de la même manière que lors de leur première rencontre. Sur la route, il était alerte, marchant toujours un pas derrière Andrea, une main posée sur le pommeau de son épée. Par contre, lorsqu’ils étaient dans l’intimité d’une taverne, Zaahrian se détendait et devenait le bon vivant qu’on connaissait de lui. Il aimait rire, était d’excellente compagnie et adorait raconter des histoires. Ça, il en avait tout un tas et il n’y tenait pas toujours un rôle très glorieux. Il avouait sans gêne qu’il se trouvait chanceux d’être toujours là.

Leur relation professionnelle ne les empêcha pas de répéter l’épisode de l’entretien d’embauche. Andrea avait donné vingt-deux jours à Zaahrian pour faire ses preuves et il allait les utiliser à bon escient. Dès leur première nuit dans une auberge, ils s’étaient retrouvés dans la même chambre. C’était évidemment une question de sécurité, mais il est inutile de décrire dans les détails ce qui se passa derrière les portes closes. D’ailleurs, la même chose se répétait dès que l’assassin jugeait qu’ils étaient dans un endroit sécuritaire. Il en profitait, car dès qu’ils seront près de Naelis, ça ne sera plus possible.

La tension devint un peu plus palpable lorsqu’ils franchirent la frontière. Ils avaient une conscience aiguë du danger potentiel qui les entourait et Zaahrian était nettement plus sur ses gardes. Le moindre bruit attirait son attention et s’il essayait d’être le plus nonchalant possible pour ne pas inquiéter Andrea outre mesure, il n’en restait pas moins plus nerveux qu’il le voudrait. En étant un elfe, Andrea ferait une cible de choix pour les drows et ils ne cracheraient certainement pas sur l’occasion de s’attaquer à Zaahrian même si ce dernier n’allait pas se laisser prendre sans se défendre.

C’était la première nuit qu’ils passeraient en dehors de l’Ithri’Vaan. Zaahrian avait trouvé un endroit à l’abri des regards où installer leur campement. Ils ne feront pas de feu pour ne pas attirer l’attention. Ça voulait donc dire qu’ils dormiraient l’un contre pour se garder au chaud. Enfin, Andrea dormirait. Quant à Zaahrian, il monterait la garde. Ils en avaient encore que pour quelques jours avant d’atteindre la ville. Il pourra sans problème rattraper le sommeil perdu là-bas. Pour l’instant, il y avait encore assez de lumière pour se détendre et discuter un peu. L’assassin sortit de son sac un peu de nourriture et examina leur réserve d’eau. « Au prochain point d’eau que l’on croisera, faudra penser à remplir nos gourdes. » Il but une gorgée avant de s’asseoir au sol. Il étira ses jambes devant lui et commença à les masser. « Je me suis blessé salement il y a quelques années… Depuis, elles me font souffrir quand je marche trop longtemps, surtout la droite. Je regrette de ne pas avoir demandé quand j’étais en Anaëh s’ils n’avaient pas quelque chose pour m’aider… Bon, c’est peut-être un signe que je commence à me faire vieux. » Dit-il à la blague avant de prendre un bout de viande séchée qu’il commença à mastiquer. « Plus que quelques jours et on y sera. Ça se passe plutôt bien, non? »

Andrea a apprécié le début du voyage. Il a respecté le professionnalisme de Zaahrian le jour, se montrant charmant et même aguicheur mais ne cherchant jamais à le déconcentrer outre mesure. Il sait faire la part des choses entre travail et plaisir, alors même que les deux se mélangent dans son cas. Cependant, il se montre toujours ravi de voir son garde du corps se rapprocher de lui lorsque le moment est propice. Il le couvre alors d'attentions et le gratifie chaque fois de la même explosion de plaisir. Son partenaire est bon amant et parvient chaque fois à lui faire atteindre l'extase et, s'il n'en est que temporairement rassasié, il tempère ses humeurs afin de le ménager.
L’androgyne n'a que peu parlé de lui de tout le voyage si bien que son compagnon ne connaît que peu de choses sur lui. Il a préféré l'écouter et le questionner sur ces histoires qu'il lui partage avec grand plaisir. Il a déjà ses réponses pour plusieurs des cicatrices qui parsèment le corps de son délicieux amant et il doit bien avouer qu'il ne le lasse pas de ses récits d'aventure.

Ce jour-là, Andrea se montre bien silencieux. Il a conscience du danger qui les entoure, même s'il sourit paisiblement à Zaahrian chaque fois qu'il se tourne vers lui. Il est trop vieux pour angoisser dans cette situation et il sait déjà ce qu'il fera s'il est pris, malgré les talents de l'assassin. Il se fait aussi discret que possible dans cette tenue aux teintes naturelles qu'il a endossé pour ce voyage et qui est bien loin de ses robes blanches et raffinées. Il porte un pantalon et une tunique et, autour de ses épaules, il a enroulé une sorte de cape courte maintenue par une large broche en fer terni pour plus de discrétion. Il n'avait plus porté de pantalon depuis des siècles, cela lui fait un drôle d'effet...
Le soir venu, il s'assoit avec plaisir dans ce recoin de verdure que le demi-elfe leur a trouvé. Si Zaahrian est fatigué, Andrea semble allé assez bien, ce qui est plutôt curieux. Pourtant, c'est à peine si l'elfe dort la nuit. C'est l'une des rares choses qu'il a confié à son amant : Depuis le passage d'Arcam sur Miradelphia, il est non seulement plus insatiable que jamais mais il est pratiquement insomniaque. Autant dire qu'il a déjà passé de nombreuses heures à observer son partenaire dormir.

-Je m'attendais à pire. Avoue-t-il en se frottant les mains l'une contre l'autre comme pour les réchauffer et les assouplir. Tu me permets ? Je te promets d'être sage. Demande-t-il en désignant les jambes de l'assassin.

L'elfe blanc vint poser un genou près de lui et commença à masser les mollets de Zaahrian. Il aurait bien fait les chevilles mais il aurait fallu retirer ses bottes et ce n'était pas le bon moment pour cela. Comme promis, il ne cherche pas à se montrer aguicheur mais seulement à apaiser les tensions dans ses muscles et il se révèle très doué. D'ailleurs, de ses mains semblent irradier une chaleur apaisante que le demi-elfe n'a encore jamais ressenti venant de lui. Mais peut-être l'a-t-il déjà ressenti de la part d'un autre mage de la vie qui l'aurait soigné.

-Raconte-moi. Comment t'es-tu blessé ? Questionne Andrea, une étincelle de curiosité éclairant son regard mystérieux.

« J’ai fait tout mon possible pour rendre le voyage aussi agréable que possible, mais j’ai bien peur que pour la suite, la bonne volonté ne suffise pas. Bon, ce n’est que quelques jours et on peut espérer un bon lit une fois arrivé à destination. » Dans la pénombre, Zaahrian sourit. Il se redressa et appuya son dos contre le tronc d’un arbre. « Tu as des mains magiques. Je serais idiot de refuser. » Il le regarda se mettre à l’ouvrage et sentit presque immédiatement le soulagement alors que l’elfe commençait à le masser, mais ce n’était pas parce qu’Andrea était doué avec ses mains. « Tu es un mage! Je veux dire… je reconnais la sensation, cette chaleur dans tes mains. Ça fait du bien... » Zaahrian soupira de contentement. Si Andrea pouvait se permettre de peu dormir, les nuits courtes commençaient à se faire sentir chez l’assassin. Il ne s’en plaignait pas, s’accrochant plutôt à l’idée qu’il aura droit à un lit confortable dès qu’ils auront atteint leur destination.

Pendant qu’il le massait, Andrea lui demanda comment il s’était blessé comme il l’avait fait pour beaucoup de ses cicatrices. Elles avaient toutes une histoire tout comme pour ses jambes, mais pour ces dernières le récit était douloureux. Zaahrian prit un certain temps avant de répondre et quand il ouvrit la bouche, sa voix avait perdu son ton enjoué. « Un elfe du nom de Loethwil est débarqué à Thaar causant mort et destruction sur son passage. Le guet était totalement impuissant devant ce mage. J’ai voulu donné un coup de main, je suis me suis donc lancé à ses trousses. Il était au port quand je l’ai enfin rattrapé. Je suis arrivé juste à temps pour le voir plonger dans l’eau. J’aurais dû le laisser se noyer, mais ce n’était pas suffisant à mes yeux après ce qu’il avait fait à ma ville et à ses habitants. Je voulais qu’il souffre. Je suis donc plongé à l’eau pour le sortir de là. À partir de cet instant, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai… changé d’idée? Je ne sais pas si c’est le bon mot, mais je l’ai aidé à se cacher… Je… » Il fronça les sourcils, le regard perdu dans le vide alors qu’il revoyait dans sa tête les événements. « Il me regardait en faisant une drôle de tête. Je ne le savais pas à ce moment, mais c’était probablement parce qu’il venait de tuer mon père et qu’il ne s’attendait pas à tomber sur son fils. Les dieux ont un drôle de sens de l’humour parfois. On a pris la fuite, mais on allait se faire rattraper quand il a une nouvelle fois utilisé sa magie. Le choc a été si puissant que je me suis retrouvé les deux jambes fracturées. J’ai passé quelques jours dans un temple complètement drogué parce que les mages étaient trop débordés pour s’occuper de moi. Lorsqu’on m’a enfin rafistolé, c’est là que j’ai appris que l’elfe avait tué mon père durant son carnage, que c’était même la raison de sa présence en ville. » Zaahrian regarda Andrea dans les yeux. « Donc, j’ai traqué Loethwil et je l’ai tué. »

Zaahrian le regarda un moment en silence. Il n’y avait aucune joie sur son visage, aucune étincelle dansant dans ses yeux, seule la froide détermination de l’assassin figeait ses traits en un masque dur et cruel. Puis, il soupira et la lassitude envahit son regard. « Je connaissais à peine mon père. Il m’avait invité en Anaëh pour passer du temps avec lui. J’ai appris éventuellement qu’il avait bien merdé, mais à ce moment-là je ne le savais pas. Aujourd’hui, il ne me reste rien de lui. En Anaëh, j’ai bien essayé de poser des questions, mais tout est tellement secret autour de lui. Il était ce forgeron quasi mythique. J’aurais voulu une arme faite par lui, mais c’est impossible. » Il sourit à moitié comme s’il ne pouvait tout simplement pas le faire de façon convaincante. «  Désolé, je crains que cette histoire soit moins rocambolesque que les autres. »

Andrea peine à dissimuler son sourire amusé alors que Zaahrian lui dit que ses mains sont magiques mais, dans son esprit, il pense qu'il ne croit pas si bien dire... D'ailleurs, son compagnon de voyage comprend très vite pour avoir déjà reçu des soins de cet ordre apparemment. L'androgyne oeuvre avec savoir-faire, laissant ses doigts s'immiscer dans ses bottes pour accéder à autant de mollet qu'il le peut pour le soulager.

-Quand nous en aurons l'occasion, je te montrerai pour quoi je m'en sers d'habitude.

Il lui lance alors un regard sans équivoque. S'il a déjà croisé la route de vitalistes, il est certain qu'aucun n'a jamais utilisé sur lui ses dons de cette manière et cela lui plaira bien plus encore que ce qu'il est en train de lui faire.

Tout en écoutant son histoire, Andrea continue ce qu'il fait une fois qu'il a fini avec son mollet, il remonte sur son genou puis sur sa cuisse. Il prend soin de se montrer aussi "professionnel" que possible. Ses gestes sont emprunts de sa douceur naturelle mais il ne se fait pas sensuel et il ne cherche pas à effleurer son entrejambe. Il le soulage de ses maux, et rien de plus. Il passe ensuite au second mollet et recommence depuis le début.

-J'en ai entendu parlé. C'est l'une des rares histoires que beaucoup ont entendues. Mais j'ignorais que tu avais perdu ton père dans tout cela.

Zaahrian a mis un terme à la vie d'un meurtrier sans pitié qui a semé le trouble dans une cité aussi grande que Thaar, évidemment que toute personne un minimum informée est au courant de cela. L'assassin continue en parlant plus précisément de son géniteur et de tous ces moments qu'ils ne partageront plus, de tous ces projets avortés.

-Ne t'excuse pas. Tu as le droit d'avoir un lourd passé et un cœur. Ce n'est pas parce que nous nous contentons de passer du bon temps que je ne suis pas capable de t'écouter, Trésor. Je sais faire la part des choses.

Après toutes ces nuits partagées ensemble, les sentiments ne viennent pas perturber leur relation pour le moment, d'un côté comme de l'autre. Cependant, Andrea ne peut nier avoir de la sympathie pour lui et apprécier sincèrement sa compagnie. Cela ne va pas plus loin pour le moment et il ne saurait dire si tout ceci les mènera quelque part. Il est du genre à laisser les choses se faire d'elles-mêmes. Peut-être cesseront-ils de coucher ensemble, ou pas. Peut-être deviendront-ils amis, ou plus que cela. Il ne peut le prédire et c'est cela qui lui plaît dans les relations sociales.
Alors qu'il remonte sur sa seconde cuisse, il s'intéresse au dernier point qu'il a évoqué.

-Tu es donc à moitié anedhel... Fait-il, pensif. Et sais-tu si tu as encore de la famille là-bas ?

« Pas étonnant que tu en as entendu parler. Ils ont quand même érigé une statue de moi. Ce n’était pas mon idée, je tiens à le préciser. » Zaahrian était tombé dessus un peu par accident bien après les faits. Une part de lui trouvait cette idée à mourir de rire alors qu’une autre voulait la jeter au sol et la détruire à coup de massue. Ces gens ne connaissaient pas toute l’histoire.

« C’est pour mon père que Loethwil est venu à Thaar. Halandarin s’y était rendu en secret afin de rencontrer Krish Al’Serat. Il y avait un risque qu’il dévoile les secrets de sa forge à la drow. Du coup, le mage s’est assuré que ça n’arrive jamais. Il avait raison de l’arrêter, mais j’étais tellement aveuglé par ma colère et ma douleur que je ne le voyais pas. Il avait tué mon père, alors je devais l’éliminer. C’était la seule pensée qui me permettait d’avancer. Toutefois… Toutefois je peux dire aujourd’hui que Loethwil ne méritait pas de mourir. Certes, il a fait beaucoup de mal à des innocents, mais il a agis en voulant protéger les siens. Je regrette ce que j’ai fait. »

Zaahrian soupira longuement et tendit la main pour la poser sur celle d’Andrea. Il la serra doucement dans un geste qui se voulait affectueux, mais qui trahissait un besoin de réconfort. « Tu as une écoute excellente et tu fais un très bon spectateur pour mes histoires les plus embarrassantes, mais celle-là, je ne l’avais jamais raconté à qui que ce soit. Je ne sais pas si c’est ton charme irrésistible ou le fait que nous sommes potentiellement cernés par des drows qui me pousse à parler, mais voilà, tu connais maintenant le plus grand regret de Zaahrian Las’danir. »

Il n’avait jamais dit ces mots à haute voix et maintenant que c’était fait, Zaahrian se sentait soulagé. C’était comme si une vieille blessure venait de se refermer. Il venait de trouver la dernière pièce du casse-tête qu’il essayait de terminer depuis qu’il avait décidé de se reprendre en main.

« J’ai encore de la famille là-bas. J’ai ma tante et ma grand-mère. Pour cette dernière, je ne suis visiblement pas le petit fils qu’elle aurait aimé avoir, mais je pense qu’elle m’aime bien. Elle m’est très reconnaissante de lui avoir ramené sa fille. Tu sais, c’est elle qui m’a fait cette cicatrice. » Il se tapota le torse. « Je compte y retourner, mais pas avant l’année prochaine. J’ai quelqu’un à leur présenter et ça risque de leur faire un sacré choc… J’devrais peut-être écrire une lettre afin de préparer le terrain. » Il rit doucement, toute trace de mélancolie envolée. « Tu as décidément des mains magiques. Je n’ai plus du tout mal et je suis vraiment très curieux de voir comment tu peux utiliser ta magie dans d’autres circonstances... »

Achevant de masser la seconde cuisse de Zaahrian, Andrea s'arrête lorsqu'une main vient se poser sur la sienne pour la serrer. Il relève les yeux et lit dans le regard du demi-elfe ce dont il a besoin. Alors il se met debout devant lui et l'enlace avec tendresse. Il le serre contre lui aussi longtemps qu'il en a besoin. Il n'a rien à lui dire et les mots ne sont pas toujours utiles en pareille situation. Ni l'un ni l'autre ne peut revenir en arrière, l'assassin ne peut qu'accepter ce qu'il c'est passé et assumer, quand bien même il peine à le faire car il en éprouve le regret. Mais lui sortir des platitudes comme le fait qu'il ne pouvait pas deviner les motivations du geste de Loethwil ne l'aiderait pas.
Finalement, les deux hommes se détachent assez pour voir le visage de l'autre et l'elfe blanc sourit devant le compliment de son interlocuteur. Ecouter fait aussi partie de son travail. Il doit découvrir les besoins de ses clients pour y répondre au mieux. Mais ce talent inné n'est pas utile qu'en cette occasion. Cela en fait également un excellent compagnon, en tant qu'ami ou conjoint.

-Enchanté Zaahrian Las'Danir. Conclue-t-il avec un sourire amusé et mystérieux. Je t'écouterai aussi souvent que tu en éprouveras le besoin. Pour ma part, je m'appelle Andrea et les seuls secrets que je conserve ne peuvent être révélés... Il se penche et chuchote ... parce qu'ils ne me concernent pas. Il se redresse et continue d'une voix normale. En dehors de cela, je n'ai rien à cacher.

Andrea reste près de l'assassin et même en contact avec lui s'il le souhaite ou l'accepte mais il fait en sorte de ne pas trop détourner son attention. Ils sont en terrain inhospitalier et il tient à leurs vies. Il ne souhaite pas les mettre en danger en prenant des risques inutiles et, même s'il est insatiable en matière de sexe, il sait se tenir lorsque la situation l'exige. Il a bien tenu presque deux mois en Anaëh sans personne avec qui soulager les tensions qui l'habitent en permanence.
L'androgyne l'écoute parler de sa famille et de cette tante qui l'a blessée. Le demi-elfe désigne l'emplacement de la blessure et Andrea écarquille légèrement les yeux.

-Cette cicatrice-là ? Elle aurait pu te tuer, Zaahrian ! S'étonne-t-il en prenant soin de ne pas élever la voix.

S'il n'est pas un vitaliste comme les autres, il a appris les bases des soins et du fonctionnement du corps. Le cœur est un peu plus bas que cette cicatrice mais les ramifications qui en partent sont toutes concentrées dans cette zone. Moins d'un centimètre plus à gauche ou à droite, une inclinaison de lame différente, et il se serait vidé de son sang en quelques instants. Mais ce qui le surprend le plus, c'est que son amant n'en semble pas le moins du monde inquiété et il ne montre aucun signe de rancœur. Cela éveille sa curiosité plus encore que depuis le début de cette halte et il espère bien connaître le fin mot de cette histoire.
Lorsque Zaahrian évoque le mystère qui entoure les mains de l'elfe blanc et de ce qu'il peut en faire dans un tout autre contexte, il lui adresse le même regard que tantôt lorsqu'ils ont parlé de ce sujet.

-Je te montrerai, c'est promis. Mais dans un endroit où tu pourras te laisser aller librement. Il se penche pour venir souffler quelques mots à son oreille. Et crier tout ton plaisir.

Andrea dépose un baiser dans son cou et se redresse. Une étincelle désormais bien connue du demi-elfe brille dans son regard mais il n'a pas l'intention d'aller plus loin. La main dans celle de son amant, il les entraîne dans un recoin de cet espace plutôt à l'abri et confortable. Il s'assoit et change de sujet pour les faire penser à autres choses qu'à ce mélange de curiosité et de désir qui les lie désormais.

-Parle-moi de cette cicatrice. Je veux comprendre comment tu peux tenir à ce point à quelqu'un qui a bien failli te tuer. Dit-il avec un intérêt non dissimulé.

En prenant la main d’Andrea, Zaahrian ne lui demandait rien. Il voulait juste le toucher, tout simplement. Il ne s’attendait pas à ce que l’elfe cesse de le masser pour le prendre dans ses bras. L’assassin se raidit, un vieux réflexe qu’il avait du mal a oublié. Il prenait les gens dans ses bras, non l’inverse. Il ne se souvenait même pas de la dernière fois où s’était arrivé, que quelqu’un l’avait réconforté. Ses pensées se tournèrent vers sa mère et ce petit garçon qu’il avait été il y a bien longtemps. Il pensa ensuite à sa fille qui s’était endormie dans ses bras après avoir longuement pleuré la veille de son départ. Zaahrian finit par s’abandonner à l’étreinte offerte par Andrea et ferma les yeux. Il ne pleura pas, mais il apprécia qu’Andrea garde le silence parce qu’à ce point, lui-même ne savait plus quoi dire. Ils restèrent ainsi pendant un moment, jusqu’à ce que l’assassin rompe lui-même l’étreinte. Il fit mine d’avoir entendu quelque chose, mais ce n’était rien de plus que le bruissement des feuilles sous la brise.

« Tu n’es pas le premier à me le dire. Même moi j’ai été surpris de me réveiller après avoir eu ce coup de couteau. » Il baissa les yeux pour regarder son propre torse. Honnêtement, il gardait un souvenir assez flou des premiers jours suivant la blessure, mais ça n’avait rien de surprenant vu la sévérité. Zaahrian savait que sa vie n’avait pas tenu à grand-chose. « Oh? J’étais déjà impatient d’arriver à Naelis. Maintenant, je le suis encore plus. Je ne suis pas reconnu pour être le plus patient des hommes, mais ça, tu l’as sûrement déjà remarqué. » Il y avait tellement de promesses dans le regard d’Andrea qu’il aurait été facile d’oublier l’endroit où ils étaient pour s’abandonner une fois de plus aux plaisirs de la chair. Andrea mettait son professionnalisme à l’épreuve, mais il n’allait pas céder. Après tout, sa propre vie était en jeu aussi.

« Ça, c’est une bonne question. » Répondit Zaahrian, ravi de pouvoir se changer les idées, même si le sujet n’était pas le plus joyeux qu’ils auraient pu trouver. « Et moi, je te demande : qu’es-tu prêt à faire pour les gens que tu aimes? Personnellement, je suis prêt à faire beaucoup pour assurer la sécurité des miens. » Il sourit. « En soi, cette cicatrice peut être vue comme un échec. C’est la preuve que je me suis retrouvé dans une position très délicate où je ne pouvais pas me défendre. À mes yeux, cette cicatrice est un signe d’espoir. Quand son bourreau lui a demandé de me tuer, elle n’a pas hésité. Toutefois, à la dernière minute, elle a retourné sa lame et je savais, par ce simple geste, qu’elle n’était pas entièrement sous son contrôle. Je pouvais la sauver, je pouvais la ramener chez les siens. Elle m’a poignardé, mais elle m’a aussi sauvé. Une expérience douloureuse comme tu peux l’imaginer, mais au moins je savais où elle se trouvait. Dès que j’ai été sur pied, j’y suis retourné et j’ai éliminé tout le monde. Je recommencerais demain matin s’il le fallait. Elle est de ma famille... Une famille que je croyais perdu. Évidemment que j'étais prêt à mourir pour elle. »

Andrea écoute l'histoire de son garde du corps -dans les deux sens du terme- sans en paraître ni surpris ni horrifié. Il a entendu nombre d'histoires avec les siècles et il en faut beaucoup aujourd'hui pour l'effrayer ou l'étonner. Non pas que cela n'arrive jamais, le récit que lui conte Zaahrian est loin d'être banal, mais il n'y a pas pas de quoi le choquer. Il ne peut évidemment que saluer le courage et l'abnégation dont l'assassin a fait preuve pour sauver sa tante. Il comprend qu'elle était asservie psychologiquement à son maître mais qu'il y avait une brèche dans son conditionnement qui, soit existait déjà, soit s'est ouverte au moment de frapper son neveu. Le demi-elfe a eu raison de considérer cela comme un espoir, même s'il se doute qu'il a frôlé la mort et qu'il a dû avoir besoin de soins pour ne pas succomber à sa blessure.
Pendant un petit moment, Andrea garde le silence. Pour les personnes auxquelles il tient, il a fait nombre de choses... Il pense notamment à sa fille à qui il a sauvé la vie tout en restant dans l'ombre parce qu'elle refusait qu'il fasse partie de sa vie. Il a laissé quelqu'un d'autre être porté au nu pour sa propre dévotion de père sans jamais tenter de reprendre son dû. Car cela n'aurait fait que jouer en sa défaveur avec le temps... Et puis, il y a aussi la raison de sa présence ici, en plein territoire hostile...

-Par amour, je traverse une frontière tenue par les ennemis de la patrie de la femme que j'aime. Tout cela simplement pour lui apporter... un peu de réconfort alors que je sais qu'elle n'est pas au mieux depuis la guerre.

L'elfe blanc relève les yeux vers Zaahrian. Il a peut-être le droit de savoir ce qu'ils font là. Il n'est plus seulement son employé ou un agréable passe-temps. Il vient de lui livrer une part très intime et sensible de sa vie. Andrea peut en faire de même. Lui révéler l'identité de sa bien-aimée, cela pourra peut-être se concevoir... Plus tard. Pas ici en tout cas.

-Cela peut sembler futile mais j'espère lui apporter quelque chose... n'importe quoi qui puisse l'aider à aller mieux. Mais je ne peux pas non plus rester auprès d'elle, je vais être grand-père... une fois de plus, certes, mais c'est une première pour ma fille.

Andrea observe l'assassin alors qu'il vient de lui confier qu'il entretien une relation amoureuse (et avec une femme) alors qu'il couche avec lui visiblement sans le moindre remord. Il le regarde en coin, étudiant sa réaction d'un air amusé.

-Tu te demandes comment je peux coucher avec toi si je suis sincèrement amoureux d'une autre, n'est-ce pas ? Je ne ressemble pas à l'archétype de l'homme qui fornique à droite à gauche sans se soucier des sentiments des autres.

« Je ne suis pas non plus l’archétype de l’assassin et ça ne m’empêche pas d’en être un. Je crois qu’on peut aimer quelqu’un et ne pas avoir forcément envie de coucher avec tout comme on peut passer une nuit torride avec quelqu’un, avoir beaucoup de plaisir sans pour autant l’aimer. Tant que tu ne commences pas à massacrer des innocents pour ton propre plaisir sadique, ta vie t’appartient, tu peux en faire ce que tu veux et ce n’est certainement pas à moi de te juger pour ça. Ma vie amoureuse est... chaotique, pour ne pas dire autre chose.»

Ainsi il aimait une femme et c’était pour elle qu’Andrea mettait sa vie en danger en venant ici. Honnêtement, ça changeait un peu l’opinion qu’avait Zaahrian envers lui. Pas en mal, bien au contraire. En fait, il était même content de l’apprendre, voyant même en Andrea un peu de lui-même.

« C’est une bonne idée. » Dit-il enfin après un moment de silence. « Enfin, c’est une bonne raison pour faire ce voyage. À ta place, je n’aurais pas hésité non plus, mais tu t’en doutes probablement déjà avec ce que je t’ai raconté. Ça fait plaisir de savoir que je ne suis pas le seul à être assez idiot pour me mettre dans des situations impossibles afin d’aider les gens que j’aime. Enfin, tu es clairement mieux que moi. Au moins, tu la connais. Moi, ce n’était pas le cas. Je savais juste qu’elle était de la même famille que moi et c’était suffisant. » Son regard se perdit au loin comme s’il revoyait dans sa tête des souvenirs. Il pensait à Ciryïe, évidemment. Il n’avait eu aucune nouvelle d’elle depuis son départ de l’Anaëh. Quand il l’avait laissée, elle semblait confuse, déstabilisée par la puissante magie qu’on lui avait fait subir. Il avait lui-même été sous le choc de voir autant d’émotion sur son visage. « Tu sais, il arrive parfois qu’on veuille faire plus pour les gens qu’on aime, mais souvent, il suffit d’être là pour faire toute la différence. Je suis content que tu m’aies confié la raison de ton voyage. Je ne te l’ai pas demandé, car ce n’était pas de mes affaires, mais maintenant, s’il faut que je te porte sur mon dos pour t’amener à elle, je vais le faire. Maintenant, tu devrais manger un peu et dormir. Je sais que tu n’es pas un gros dormeur, mais à partir d’ici, il faut profiter de chaque moment de repos qu’on pourra avoir. J’ai presque envie de forcer l’allure pour voir si on ne pourrait pas atteindre la ville un peu plus vite bien qu’on ne fera pas de miracle en étant à pied. Je te proposerais bien d’utiliser mes cuisses comme d’un oreiller, mais j’ai besoin de pouvoir me lever rapidement si un problème survenait. Et puis j'ai tellement d'armes sur moi que ça risque d'être inconfortable. »

Andrea sourit. Zaahrian sait être parfaitement adorable, que ce soit comme garde du corps, comme compagnon de route, comme ami ou comme amant... Il combine tout cela à la fois dans ces dernières phrases et l'elfe ne voit qu'une seule façon de lui témoigner sa gratitude pour ses attentions. Alors il se penche et pose ses lèvres contre les siennes. Il n'essaie pas de l'aguicher et il n'y met pas de sentiment particulier. C'est un geste doux et presque anodin à ses yeux. Il aurait pu tout aussi bien l'embrasser sur le front mais cela donnait plutôt l'impression d'un geste paternaliste qui n'avait pas sa place entre eux. Puis il reste là, à quelques centimètres de lui. Il l'observe de son regard plein de douceur et il remarque que la fatigue le gagne de plus en plus ces derniers jours.
Avec lenteur et délicatesse, l'androgyne pose ses mains sur les tempes de l'assassin. A nouveau, ses mains diffusent cette-même chaleur qui a soulagé ses jambes un peu plus tôt. Puisque lui peut dormir, il confie une partie de son énergie à Zaahrian afin de lui permettre d'être plus alerte pour les heures à venir. Il pourra reproduire cette opération aussi souvent que nécessaire jusqu'à leur arrivée, répartissant le repos qu'il peut s'autoriser entre eux deux.

Le voyage jusqu'à Naelis a été globalement plus stressant que dangereux. Le seul moment où ils ont réellement eut peur, c'est lorsqu'ils ont croisé une patrouille drow et qu'ils se sont cachés in extremis dans la végétation environnante. Il leur a suffit s'attendre que les soldats s'éloignent pour sortir et continuer leur route, pressant le pas pour quitter le circuit sous surveillance des ennemis de Naelis.
Finalement, après un peu plus de deux jours sous le joug de cette menace permanente, les deux hommes aperçoivent enfin les murs de la cité. Elle semble avoir souffert des affrontements qui ont eu lieu, certaines marques sont visibles même depuis l'extérieur de la cité.

Avançant en direction de la porte toujours debout, ils prennent cette fois soin de se montrer aux yeux des gardes afin qu'ils puissent anticiper leur arrivée sans lâcher leurs flèches d'entrée de jeu. Une fois à portée de voix, on les hèle et Andrea prend les devants en répondant en leurs deux noms. Il se présente mais son identité et sa réputation ne peuvent suffire à leur ouvrir les portes. Aussi prononce-t-il le nom d'une autre personne. Un certain Asgëril, membre de la garde de la Reine. L'androgyne n'en montre rien mais, lorsqu'on leur répond d'attendre, il se tend légèrement. Son esprit est tout entier tourné vers le militaire, espérant qu'il va bien... Après de très longues et nombreuses minutes, les lourdes portes s'ouvrent et on leur fait signe d'entrer. Le duo pénètre enfin dans la cité. Là, à une dizaine de mètres au milieu de la rue dégagée, se tient une silhouette. Celle d'un elfe qui toise les deux nouveaux venus. En croisant le regard d'Andrea, il esquisse un sourire en coin puis s'adresse aux gardes.

-Je m'en occupe. Leur fait-il, accompagnant ses mots d'un geste qui les invite à reprendre leur poste sans plus se soucier d'eux. Puis il pivote et ouvre la marche tandis que l'androgyne adresse un regard à Zaahrian afin de lui faire savoir qu'il n'a pas à s'inquiéter. Ils sont en sécurité désormais. Tu as pris beaucoup de risques, tu n'aurais pas dû. Lui glisse-t-il sans s'arrêter.
-Es-tu vraiment surpris que je l'ai fait ?
-En vérité... Non. Elle sera contente de te voir. Parce que j'imagine que c'est pour ça que tu es là.
-Pour quelle autre raison ?

Le militaire ne dit rien et continue de les guider mais il a un mouvement de tête qui laisse entendre qu'il s'attendait à cette réponse. Il semble parfaitement connaître l'androgyne. Ensemble, le petit groupe passe sans encombre la muraille interne qui sépare les beaux quartiers du reste de la cité.

-Il faudra que tu loges chez toi. L'Intermède a été endommagé pendant les combats. Tu veux que je trouve un logement pour ton garde ? Je dois pouvoir trouver une maison vide quelque part...
-Cela ne sera pas nécessaire. J'ai toute confiance en Zaahrian.

Asgëril s'arrête et se retourne. Il observe l'assassin un bref instant puis Andrea... et étire un sourire amusé.

-Ça fait du bien de voir que certaines choses ne changent pas.

Il s'avance alors vers l'elfe blanc. Une main sur sa joue, l'autre sur sa taille, il l'embrasse avec amour. Un baiser qui ne surprend pas son homologue et qui le lui rend sans hésitation. Asgëril attendait simplement de ne plus être en vue des gardes pour se le permettre. Mais dans cette rue vide à la nuit tombante, il n'hésite plus. Il pose ensuite son front contre celui de son amant, ce dernier caressant tendrement son bras. Après quelques secondes, le militaire se redresse et libère Andrea de son étreinte.

-Vous n'avez plus besoin de moi pour continuer. Rentre te reposer, je m'occupe de tout. Je passerai te prendre demain.

Andrea lui adresse une dernière caresse avant qu'il ne les laisse seuls, Zaahrian et lui. Il se retourne d'ailleurs vers l'assassin et lui sourit. Il n'avait pas pris le temps de lui parler de lui et... il semble qu'il n'ait plus besoin de le faire.

-Contrairement à la plupart des gens, je ne bride pas mes sentiments. Il est rare que je n'ai qu'une seule relation amoureuse à la fois. Je devrais sans doute lui accorder un peu de temps pendant mon séjour mais il n'en aura pas beaucoup pour moi. J'aurais tout le loisir d'honorer la promesse que je t'ai faite avant que nous ne repartions... Conclut-il avec un regard à la fois complice et sensuel.

Ce baiser Zaahrian ne savait pas trop ce qu’il signifiait ou même s’il avait réellement une signification, mais il l’apprécia surtout parce qu’il aimait touché et être touché par les gens. Il apprécia encore plus l’énergie qu’Andrea lui transmit et qui suffit à le rendre plus alerte un peu comme s’il venait de faire une sieste. Ce petit tour de magie fut particulièrement utile pour le reste du voyage, car Zaahrian n’avait clairement plus le luxe de se permettre une nuit de sommeil complète. Il regrettait maintenant l’absence d’un deuxième homme d’armes. Ils auraient ainsi alterné les tours de gardes, assurant ainsi que tout le monde puisse se reposer un peu. Le stress monta de plusieurs crans lorsqu’ils croisèrent une patrouille drow. Heureusement, ils parvinrent à se cacher à temps et si la catastrophe fut évitée de justesse, la nuit suivante, Zaahrian refusa de fermer l’œil. Sans la magie d’Andrea, il se serait sans doute écroulé d’épuisement avant d’arriver à Naélis. Elle lui permit non seulement de tenir, mais d’être étonnement alerte malgré tout. Par contre, elle ne lui enlevait pas totalement l’envie d’un bain chaud et d’un lit confortable. Il avait hâte de pouvoir se reposer sans avoir la crainte de se réveiller avec un couteau sous la gorge. Son soulagement fut donc grand lorsque la ville apparut enfin devant eux, meurtrie par la guerre, mais encore debout. Il savait que quelque part de l’autre côté de ces murs l’attendaient un bain et un lit où personne ne viendrait l’embêter. Sauf Andrea, naturellement. Lui, il pouvait venir l’embêter aussi souvent qu’il le voulait. Il restait un dernier effort à faire avant d’espérer luxure et confort. On ne devait pas pouvoir entrer à l’intérieur de la ville comme on passe la porte d’une taverne. L’assassin avait fait son travail en l’escortant jusqu’ici. C’était à l’elfe de prendre la suite et de les faire passer. De son côté, Zaahrian redressa les épaules et afficha sa meilleure expression de soldat blasé.

Heureusement, personne n’essaya de les embrocher avec des flèches ce que Zaahrian interpréta comme un très bon signe. Il fallut tout de même un peu de temps avant qu’on daigne leur ouvrir la porte, mais les soldats finirent par le faire et ils furent accueillis par un elfe. Juste par la façon dont il s’adressa à Andrea, tous les deux se connaissaient, mais quand ils s’embrassèrent, plus aucun doute ne pouvait subsister. Il lui fallut quand même un peu de temps avant de comprendre ce qui était en train de se passer sous ses yeux et pendant quelques secondes, il resta planté bêtement là, à les observer. Plus rien ne pouvait l’étonner chez Andrea. Il venait voir une femme qu’il aimait, mais embrassait un homme avec la même tendresse que deux vieux amoureux qui se retrouvent après une longue séparation. Embarrassé malgré lui, Zaahrian détourna les yeux afin de leur laisser un peu d’intimité avant que le soldat ne retourne à sa tâche.

« Il est mignon... » Commenta Zaahrian lorsque le soldat fut hors de vue. « Vraiment mignon même, mais je sais que tu es un homme de goût. » Il sourit, un peu taquin. « Ne t’en prive pas à cause de moi. De toute façon, dans l’immédiat j’ai désespérément besoin d’un bain. Je sens comme un vieux rat mort depuis quelques jours et je refuse que tu m’approches tant que je ne suis pas propre. Toutefois, si tu continues à me fixer avec ce regard, je vais être tenté de t’inviter à prendre un bain avec moi, qu’en dis-tu? »

Oui, Asgëril est beau, athlétique, viril mais pas en tant qu'homme. Plutôt en tant qu'elfe. Ce qui lui donne une grâce et une élégance très noble. Avec lui, Andrea se sent en sécurité, même s'il n'éprouve pas forcément le besoin de trouver cela chez ses amants. C'est quelqu'un d'autonome qui sait parfaitement se protéger tout seul en temps normal. Il n'aime pas dépendre d'un autre, cela ne correspond pas à son esprit libre qui refuse de se soumettre aux normes imposées par la société. Cet être qui vit de plaisir, chaque instant.
Zaahrian n'est apparemment pas choqué. Pas plus qu'il ne l'était en apprenant qu'il aime une femme en plus de coucher avec lui -parmi d'autres partenaires plus ou moins éphémères-. Il ne se montre pas jaloux, voire même compréhensif et l'androgyne apprécie cela. A la proposition qu'il lui fait de les voir se baigner ensemble, Andrea affiche aussitôt un air intéressé. Que ce moment s'arrête à un bain lascif ou aille plus loin, cela lui convient. Ils n'ont pas eu de véritables contacts depuis qu'ils ont quitté la dernière cité d'Ithri'Vaan et il est en manque de chaleur "humaine" quelle qu'elle soit.

-Je te prends au mot. Répond-il finalement avant de commencer à pivoter pour reprendre leur route. Suis-moi.

Quelques pas plus loin, ils sortent de la ruelle pour aboutir sur un axe un peu plus large. Là se trouvent d'assez belles maisons, toutes disposant d'au moins un étage. Andrea s'approche de l'une d'elles devant laquelle se trouve une petite cour pavée mais verdoyante. Malheureusement, l'absence de son propriété a rendu le tout un peu désordonné. S'il en avait le temps, il y mettrait sans doute son nez mais son séjour sera bien trop court pour pouvoir faire quelque chose de propre.
L'androgyne pousse le petit portait de métal et s'avance vers l'entrée. Fouillant dans une de ses poches, il en ressort une clef et actionne le mécanisme immobile depuis déjà quelques mois. Il entre puis tient la porte à Zaahrian pour qu'il pénètre chez lui avant de refermer à double tour derrière lui.

-Bienvenu chez moi. Tu m'excuseras pour la poussière mais je n'étais pas là pour m'en occuper.

Il dit cela surtout pour la forme. Il se doute que l'assassin a connu bien pire que l'accueil d'une maison refroidie par l'absence de son maître. Ils se trouvent pour le moment dans un petit couloir dont un mur est pourvu de patères. Quelques manteaux y sont encore accrochés. Au bout de cette allée de bois, une porte s'ouvre sur la gauche, puis on distingue le début d'un escalier juste à côté et, en face, une seconde porte donne sur une pièce dont les meubles sont couverts de grands draps blancs. Andrea s'avance, lui faisant faire une visite sommaire.

-Ici, c'est la cuisine, l'escalier qui permet d'accéder aux chambres à l'étage et, là, le salon.

Il commence à grimper les marches. En haut, c'est un nouveau couloir, plus large que celui d'en bas. Plusieurs portes permettent d'accéder aux quatre chambres et une dernière donne sur une salle de bain. Andrea passe la première porte à droite. Sous les draps protecteurs, on distingue un grand lit à baldaquin, une coiffeuse, un espace de toilette, une armoire et une commode. Sans attendre, il défait l'attache de sa cape et la retire de ses épaules.

-Tu peux te mettre à ton aise. Tu es libre de choisir ta chambre.

Dans son regard, il peut lire qu'il peut bien évidemment partager la sienne. Et si Asgëril vient, ils en prendront une autre. Ils ont l'habitude puisqu'il entretient plusieurs relations en même temps. Mais à peine Andrea a-t-il posé sa cape sur une patère qu'il se met à l'ouvrage. Il retire les grands draps qu'il met de côté puisque prendre la peine de les ranger serait bien inutile étant donné qu'ils repartiront bientôt. Puis il s'agenouille devant le feu pour l'allumer. Les nuits sont encore fraîches et ces derniers jours n'ont pas été des plus confortables. Il tient à ce qu'ils soient bien ce soir. Dès que le feu est lancé, il se relève et attire l'attention de Zaahrian.

-Prends le temps de te reposer pendant que je prépare le bain. A partir de maintenant, tu es mon invité. Je vais t'apporter de quoi faire un brin de toilette. Tu peux te choisir des vêtements propres dans la commode.

Il lui adresse un sourire doux et mystérieux dont il a le secret et quitte la pièce. Il a beaucoup à faire pour réchauffer la salle de bain et remplir la baignoire.

Andrea s’excusait pour l’état de sa maison, mais Zaahrian avait vu bien pire. Un bon coup de chiffon et les volets ouverts pour aérer le tout et rien n’y paraîtra. Pendant le rapide tour de la demeure, il s’attarda sur les détails, curieux d’en apprendre plus sur l’elfe, mais il n’y avait pas grand-chose ici. Andrea n’y avait pas vécu depuis un moment et ça paraissait. Il y avait tous les meubles pour le confort, mais il lui manquait de la personnalité, les petits détails qui font qu’une personne y vit.

« Je vais rester avec toi si ça ne te dérange pas. J’ai bien peur de m’être habitué à ta présence et je ne crois pas pouvoir m’endormir si tu n’es pas dans le même lit que moi. »

Il avait bien vu dans le regard d’Andrea qu’il pouvait très bien rester s’il le voulait, mais il penser qu’il serait plus poli de poser la question quand même. Il y avait au moins deux autres personnes dans cette ville susceptible de vouloir partager son lit, après tout. Tout ça était tellement étonnant. Zaahrian n’avait jamais vu quelqu’un comme lui avant. Enfin, il avait déjà vu des prostitués, mais la façon dont Andrea menait sa vie n’avait rien à voir. Il était amoureux sans aucun doute. Il se demandait si tout cet amour ne venait pas avec son lot de douleur. Il se montrait si cruel parfois. Lui-même en avait subi la morsure amère à quelques reprises. Qu’est-ce que ça donnait quand cet amour était multiplié? La souffrance l’était-elle également?

« Merci Andrea. »

Zaahrian attendit que la porte soit refermée pour se mettre en action. Il posa son sac dans un coin et entreprit de se débarrasser des armes qu’il portait depuis le début du voyage. Il retira d’abord son épée, puis sa dague fétiche et aligna méticuleusement tous ses couteaux. Autant il pouvait être désordonné dans la vie, autant il devenait obsessif lorsqu’il était question de ses armes. La façon dont il les disposait relevait presque du rituel. Ce ne fut que lorsque toutes les armes furent parfaitement alignées sur la commode qu’il prit la dague et la glissa sous l’oreiller. Il avait dit qu’il ne pourrait pas dormir sans la présence d’Andrea, mais en vérité, il avait besoin de cette dague pour trouver le sommeil. L’elfe l’avait sûrement remarqué. Chaque fois qu’il partageait une chambre, le couteau se retrouvait systématiquement sous l’oreiller de Zaahrian. Satisfait, il commença à se déshabiller. Il enleva sa cuirasse puis ses bottes qu’il jeta sans cérémonie le plus loin possible du lit afin d’éviter les odeurs gênantes. Le simple fait de les enlever lui apporta un soulagement immense. Sa tunique vint rapidement rejoindre le reste ce qui le laissa torse nu. Il revint vers la commode et ouvrit le premier tiroir à la recherche de vêtements propres comme l’avait proposé Andrea. Il n’y avait que dans la maison d’un elfe qu’il pourrait trouver des vêtements potentiellement à sa taille. Par contre, si son hôte était aussi grand que lui, il restait largement moins musclé que l’assassin. La seule chose qui pourrait peut-être lui aller serait une robe de chambre à moins qu’il ne cache ici des vêtements appartenant au soldat, mais il n’oserait pas! Ça serait parfaitement déplacé et même s’il ne lui a pas semblé particulièrement jaloux, Zaahrian ne voulait pas se retrouver dans ses mauvaises grâces en se baladant avec une tunique qui lui appartenait. Non, la robe de chambre ira parfaitement. Il en choisit une et la posa sur le lit. Il ne restait plus qu’à attendre que le bain soit prêt. Vêtu uniquement de son pantalon, Zaahrian décida d’aller vérifier les progrès d’Andrea et de peut-être lui donner un coup de main. Il passa la porte de la chambre et se dirigea vers la salle de bain.

« Tu as besoin d’un coup de main? »

Andrea se tient près de la fenêtre. Une corde à la main, il remonte des seaux qu'il remplit au puits qui se trouve juste en-dessous. Installation astucieuse qui lui évite d'avoir à faire des allers-retours dans les escaliers. Avant cela, il a allumé un feu largement garni dans l'âtre afin de réchauffer rapidement la pièce mais aussi le chaudron en cuivre de taille moyenne qui se trouve au-dessus. A l'intérieur du récipient, de l'eau commence à chauffer lentement. Lorsque Zaahrian entre et lui propose son aide, il lui répond d'un sourire.

-Tu es chou. Mais ça va aller. Il ne me reste plus qu'à remplir la baignoire jusqu'à la deuxième rangée de clous et, une fois que l'eau sera frémissante, nous pourrons nous baigner. La température sera idéale.

Ladite baignoire trône au milieu de la pièce, plus grande et large que la moyenne. L'androgyne aime avoir de la place pour étendre ses longues jambes et il n'est pas rare qu'il soit accompagné. Après tout, il a pris cette maison pour pouvoir vivre sa relation avec sa compagne sans qu'elle n'ait à venir le retrouver sur son lieu de travail, puisqu'ils ne peuvent aller chez elle. Demain, ce sera la première fois qu'il mettra les pieds au palais d'ailleurs...
Remontant un seau de plus, Andrea le décroche du mécanisme et l'emporte jusqu'au mur opposé au sien. Là, dans un coin, se trouve tout ce qu'il faut pour la toilette. Bassine, éponge, savon, serviette et même produits de beauté, le tout n'étant pas accessible aux petites bourses. Nul paravent ne vient gâcher la vue, la pièce n'étant dédiée qu'à la propreté, seul ou en couple. Cela ne lui a donc jamais paru nécessaire. L'elfe blanc remplit la bassine puis se tourne vers l'assassin.

-Je te laisse te faire tout beau et tout propre pour venir te baigner. Sers-toi, n'hésite pas.

L'androgyne retourne à ses seaux et continue à remplir la baignoire, inlassablement. La fenêtre demeure seulement entrouverte, à part lorsqu'il attrape le récipient, la nuit tombante apportant son lot de fraîcheur. Ainsi, la pièce s'aère et se réchauffe tout doucement, devenant progressivement plus confortable. Lorsqu'il a terminé, l'eau est presque en train de bouillir sur le feu. Il repose donc son seau, ferme définitivement la fenêtre et transvase le contenu du chaudron dans la baignoire avant de mélanger un peu le tout pour tempérer l'eau. Pendant ce temps, Zaahrian a eu tout le temps de se laver et il ne reste plus à l'androgyne qu'à l'imiter.

-Elle est parfaite. Dit-il en reposant le chaudron. Puis il se poste devant une étagère, le doigt sur le menton, l'air pensif. Il prend un grand flacon et en verse le contenu dans la baignoire, teintant l'eau en blanc comme si elle se changeait en lait. Puis il y ajoute quelques fragrances pour délasser leurs muscles et leurs esprits après ce long voyage à la fin tourmentée. Enfin, il se reproche du demi-elfe en lui souriant avec douceur. Détends-toi un peu, je me lave à mon tour et je te rejoins.

Andrea prend la place de l'assassin dans ce petit recoin et retire ses vêtements les uns après les autres. Il les laisse tout simplement s'échouer sur le sol sans plus s'en préoccuper. Puis il se saisit de l'éponge, la savonne et se lave. Il nettoie chaque centimètre de ce corps que son garde connaît déjà assez bien. Si ce dernier s'est installé de manière à le voir, l'androgyne ne montre pas la moindre pudeur à se laver devant lui, même pour la région la plus intime de son anatomie. Lorsqu'il est propre de la tête aux pieds, cheveux compris, il s'approche de la baignoire, totalement nu. Dans un geste tout féminin, il plonge son pied en pointe dans l'eau sans la moindre hésitation. Debout, il se tourne de manière à faire face à Zaahrian puis s'assoit dans le liquide blanc avant de venir s'adosser dans un soupir de bien-être.

-Ce qu'un bon bain m'avait manqué... Cela te fait du bien ?

On ne pouvait pas simplement prendre un bain. Ça demandait tout une organisation et un gros travail de bras avant de pouvoir se prélasser dans l’eau chaude. Normalement, un esclave ou un serviteur se serait éreinté à la tâche, mais ils étaient seuls dans la maison. C’était donc à Andrea de tout faire. Par chance, la maison était équipée d’un système ingénieux qui permettait de transporter l’eau sans devoir passer par les escaliers. Les sceaux restaient lourds, mais ça facilitait énormément la tâche.

« Avec plaisir! »

Pendant le voyage, Zaahrian avait dû se contenter d’une toilette minimaliste du début à la fin. L’idée de pouvoir enfin se décrasser provoqua en lui un frisson de pur bonheur. Il n’avait pas besoin de ces produits sophistiqués pour se nettoyer. Un simple pain de savon qui n’allait pas décaper sa peau suffirait. Sans gêne ni pudeur, Zaahrian enleva son pantalon et le jeta dans un coin où il ne nuirait pas. Andrea pouvait le regarder autant qu’il le voulait. De toute façon, il avait déjà eu l’occasion de l’admirer sous tous les angles. Il entreprit de se laver avec minutie en commençant par sa tête. Il frotta son cuir chevelu énergiquement. Il commençait à trouver ses cheveux un peu longs. Dès son retour à Thaar, il trouverait quelqu’un pour les raccourcir un peu. Il passa ensuite à son cou, puis ses épaules et ses bras. Il ne négligea pas les aisselles et le torse. Il continua ainsi jusqu’à atteindre ses pieds. Ensuite, il se rinça et termina en se lavant le visage. Il terminait toujours de cette façon. Zaahrian ne savait pas pourquoi, mais lorsqu’il se lavait tout le corps, il procédait de cette façon. C’était une sorte de rituel que lui-même aurait du mal à expliquer, mais comme pour les couteaux, il y avait plein de petites choses qu’il faisait toujours de la même façon et gare à celui qui viendrait perturber cet ordre.

Il n’était pas encore dans le bain qu’il se sentait déjà beaucoup mieux dans sa peau. Il n’y avait pas que la sueur et la saleté qui disparaissaient avec le savon, mais tout le négatif de la journée également. Zaahrian était beaucoup plus calme et détendu. Il avait terminé juste à temps pour pouvoir aller dans le bain et comme l’avait mentionné Andrea, l’eau était parfaite. Elle était assez chaude pour détendre les muscles éreintés par de longues journées de marche, mais pas au point de les ébouillanter. Il soupira de contentement et s’appuya contre le rebord de la baignoire. Les yeux fermés, il savourait l’instant de pur délice. Lorsqu’il rouvrit les yeux, Zaahrian put admirer Andrea qui faisait sa toilette. Tout comme lui juste avant, il ne sentait pas le besoin de se cacher. Il laissait à Zaahrian tout le loisir de l’admirer et par sa gestuelle, il savait que le spectacle était apprécié.

Éventuellement, Andrea vint le rejoindre. Zaahrian lui fit un peu de place bien que la baignoire soit largement assez grande pour accueillir deux personnes.

« Beaucoup de bien. Prendre un bain c’est sans doute l’un des plus grands plaisirs de la vie avec le sexe et la nourriture. » Dit-il avec sa candeur habituelle. Sans lui demander la permission, Zaahrian prit l’un des pieds d’Andrea et commença à le masser. « Je n’ai pas oublié le petit massage que tu m’as fait. J’avais envie de te rendre la pareille. Je n’ai pas des mains magiques comme les tiennes, mais je pense pouvoir me débrouiller. Ça te plaît? » Il employait la force, mais pas au point de lui faire mal. Le but était de détendre ces muscles qui avaient autant travaillé que les siens. Il remonta sur sa cheville ainsi que sur son mollet. Depuis le début du voyage, Andrea ne s’était jamais plaint des longues journées de marches. C’est même Zaahrian qui avait fini par montrer sa faiblesse en disant que ses jambes le faisaient parfois souffrir lorsqu’il fournissait un effort inhabituel.

« Jusqu’à présent, j’ai fait preuve d’une discrétion sans borne. Je n’ai pas posé de question, alors que certains diraient que je peux être une vraie fouine quand je m’y mets. Je ne peux pas m’empêcher de te trouver un peu distant depuis qu’on est arrivé ici. Je ne sais pas si c’est la fatigue ou si c’est autre chose. Tu m’as quand même expliqué brièvement ce qui t’a poussé à faire le voyage malgré les risques… Bref, s’il y a quelque chose que je peux faire pour toi, n’hésite pas à demander. Je suis à ton entière disposition. »