On prends pas les mêmes et on recommence.

Durant la huitième ennéade de verimios 17 : XI.
Le lendemain de l'obtention du financement de l'expédition..
D-17.

Deux ennéades. C’était le laps de temps à sa disposition. C’était court pour ses ambitions, elle craignait que ce soit même trop court, alors il était hors de question d’en perdre inutilement. Azzelio avait bien grommelé mais il avait accepté de se mettre lui aussi au travail immédiatement. Bien vite, même si ce n’était pas assez vite au goût de Lilyanna, le mot se propageait dans les bouges des docks : des mercenaires étaient demandés pour une mission d’escorte à Nisétis. L’hybride savait parfaitement que le nom ferait fuir et dans d’autres circonstances peut-être qu’elle aussi aurait refusé, sûrement. Les ruines de cette vieille ville étaient réputées pour leur danger, surtout depuis que les dragons rouges y avaient élu domicile, ces derniers n’étant pas les plus amicaux de leur race ; ils représentaient d’ailleurs le plus gros danger car si les nécrophages étaient… pour le moins terrifiants, elle pouvait toujours en prendre un pour taper sur l’autre et ce de façon presque littérale mais la nécromancienne n’était pas capable avec ces gros reptiles volants.

Toutefois c’était, entre autres, ce qui donnait bon espoir à la prêtresse qu’elle trouverait, entre autres, de quoi rembourser le capitaine : les chasseurs de trésor assez fous pour tenter l’aventure ne devaient pas être bien nombreux ainsi la ville avait dû être laissé plus ou moins intacte durant les siècles qui avaient suivis sa chute.

Du moins c’était ce que Lilyanna espérait.

Elle avait un sentiment de déjà-vu, elle attendait une fois de plus les intéressés par cette fameuse mission d’escorte dans sa cabine à bord du Katrian et pour passer le temps elle lisait. En effet, quitte à aller à Nisétis autant améliorer son nissétien ; elle se demandait même si elle arriverait, une fois sur place, à trouver les ossements de Katrian le Rouge et, si elle ne pouvait le rapporter, au moins en ramener un souvenir pour légitimiser le nom du navire. Avoir des voiles rouges était certes un début mais c’était risible. La copie de l’épais volume de Mehmet était la seule chose qui occupait la table principale et la table en question qui était bien grande pour soutenir qu’une seule et unique chose donnant une impression de vide ridicule. Contrairement à la dernière fois Lilyanna ne comptait pas attendre sur le pont et ceux qui se présentaient sur le navire, comme c’était demandé par l’annonce, serait redirigé vers la cabine de la prêtresse par les marins qui étaient restés à bord pour s’occuper du bâtiment.

La pièce était grande, rivalisant sans peine avec les cabines de capitaine des navires de cette dimension, à moins qu’il ne s’agisse de la cabine d’ordinaire réservée au capitaine du vaisseau. La table se trouvait au centre même de la pièce et était accompagné d’un siège. Toutefois, pour ceux qui mettaient pour la première fois les pieds à l’intérieur même du Katrian c’était l’odeur qu’ils remarquaient en premier ; avant les étagères à moitiés vides sur lesquelles s’entassaient des ouvrages sur la médecine, avant le gros coffre posé contre le mur non loin du lit placé dans un coin et même avant les grandes vitres qui donnaient directement sur l’arrière du navire. L’odeur n’était pas forte, loin de là, elle vous effleurait à peine les narines, comme une femme s’étant déposé deux gouttes de parfum dans le cou, mais elle était omniprésente, elle était lancinante, presque omniprésente mais surtout bien différente. Différente de l’odeur du sel, de l’eau, du bois humide, de la sueur, de l’urine ou de l’alcool acheté pour une poignée d’écus et toutes les autres odeurs plus ou moins désagréables qu’on peut trouver sur un navire aussi peuplé que le Katrian. L’odeur de charogne, de viande faisandée un peu putride était remontée jusqu’ici, traversant les planches et pour ce faire elle avait perdu de la force à chaque fois qu’elle s’était extirpé du pont précédent mais elle avait réussi et elle ne le ferait oublier à personne et surtout pas aux nouveaux venus. Pour Lilyanna c’était une compagne qu’il était bon d’avoir car elle n’oubliait jamais l’odeur. Elle avait vu un nombre incalculable de cadavres depuis son entrée service de Tari et autant lors de ses pérégrinations à bord même du navire, elle ne se souvenait plus des visages ni même des corpulences, les images elle les avaient oubliées, elle les avait laissés au temple ou dans les vagues mais l’odeur s’était collée à sa peau pour ne jamais la quitter. Elle s’était glissée sous le bras de la prêtresse pour partir avec elle.

Lilyanna pianotait sur son bureau, soutenant sa tête via son poing, elle se frotta les yeux pour en chasser la fatigue puis elle sursauta en entendant les coups frappés sur la porte de la cabine. La prêtresse passa une main dans ses cheveux pour les mettre ne ordre puis elle replaça sa tresse. Si elle devait engager des gens pour une mission importante et dangereuse, autant qu’elle ait l’air un minimum professionnel.

« Entrez. »

Lilyanna tira sur ses gants et suivit de ses prunelles rouge sang le mercenaire mais ne s’offusqua pas qu’il refuse de s’asseoir. Ça économisait les chaises. Une fois qu’elle fut certaine que Nehril avait fini de parler elle hocha la tête.

« Mais bien sûr. » Elle tira à nouveau sur le bas de son gant pour le remettre ne place avant de fermer délicatement l’épais volume devant elle. « Votre homme... » elle fut interrompue par la porte s’ouvrit à nouveau. « Votre homme et celui-ci... » d’un geste de la main elle désigna le nouvel arrivant ; son oreille s’agita légèrement alors qu’elle entendit une planche du pont craquer. « Ne se sont pas trompés mais avant de poursuivre je vais vous demander d’attendre un peu. »

Elle ne s’était pas attendue à voir Dante ici et surtout pour un tel contrat. Si elle ne connaissait pas l’homme, elle se doutait qu’il n’était pas un mercenaire comme l’était Nehril. Toutefois elle ne comptait pas refuser quelqu’un au vu du danger que représentait un tel voyage ; il n’y avait pas foule, vu qu’elle ne pouvait pas se permettre de refuser l’aide de quiconque.

« Bon, je vais commencer : oui l’objectif de cette expédition est Nisétis. Comme vous le savez sans doute l’endroit est dangeureux. Et ce n’est pas une plaisanterie, beaucoup y sont allé, bien peu en sont revenus. Je ne vous connais pas… » son regard s’arrêta une seconde sur Dante avant d’aller sur les deux autres. « Mais le danger est bel et bien mortel et ce peu importe votre compétence avec une arme ou votre maîtrise de l’Art. »

Lilyanna se leva de son siège et tira une fois de plus sur ses gants avant de se râcler la gorge et de poser ses deux mains sur la table, une de chaque côté du volume, pour poursuivre son exposé.

« D’ailleurs si vous avez un quelconque problème avec la nécromancie je vous conseille de partir dès à présent. Je suis une spirite et je compte me servir de ma magie pour tourner les innombrables nécrophages qui hantent les ruines de Nisétis les uns contre les autres. Cependant si les morts-vivants étaient le seul problème de cette ville abandonnée de Dieu je pourrais y aller seule. Comme vous le savez certainement : des dragons rouges se sont installés là-bas. Ainsi je vous préviens tout de suite : nous n’irons pas au cœur de la ville et ce peu importe les trésors qui s’y trouvent encore. Je ne tiens pas à m’attirer le courroux du Grand Dragon Rouge et finir en cendres, le périple sera suffisamment dangereux comme ça. Nous partons demain à l’aube. »

Elle prit une grande inspiration et laissa le silence s’installer quelques secondes avant de le briser.

« Avez-vous des questions? »

Elle aurait dû s’y attendre. Elle aurait dû le savoir et commencer par là : la seule chose qui les intéressait était le nombre de pièces qu’ils allaient voir rouler dans leur escarcelle. J’aurais dû commencer par là, se disait une fois de plus Lilyanna qui se dressa complétement, ses mains quittèrent la table. Elle leur tourna le dos pour aller s’agenouiller devant le coffre et l’ouvrir. Elle fouilla quelques instants à l’intérieur pour revenir avec une bourse qu’elle posa sur la table. Elle plongea sa main dedans et en sortit une poignée de pièces, elle en choisit six qu’elle posa à côté de la bourse en question et renvoya le reste de là où elles venaient.

« Vous recevrez deux souverains par jour, plus nous restons là-bas longtemps et plus vous serez payés. » Elle déglutit. C’était généreux, très généreux même, elle ne savait pas s’ils les méritaient mais vu la dangerosité il fallait bien ça.« Cependant je tiens à vous prévenir : nous ne resterons pas plus d’une ennéade sur place. »

Elle divisa les pièces en trois groupes de deux puis elle regarda l’homme à l’oiseau.

« Si une opportunité se présente pourquoi pas mais à votre place je ne compterais pas là-dessus. Si le Grand Dragon Rouge est une créature que je préférerais ne pas voir de trop près, il en va de même pour sa progéniture. Quant aux nécrophages, je ne peux pas en prendre le contrôle d’un claquement de doigt et tomber dans une embuscade est étrangement facile dans une ville, surtout à l’intérieur d’une ville en ruine. »

Ce n’était pas tout ce qu’elle avait à dire alors elle croisa les bras et poursuivit.

« Mais vu que vous abordez le sujet, oui, je pense qu’il n’y aura pas que de l’or. Du moins je l’espère. Ainsi, en plus de votre salaire, nous partagerons tout ce que nous trouverons en quatre, si un objet est indivisible, ou que sa valeur s’en trouverait réduite à néant s’il était divisé, la personne qui gardera l’objet en question devra compenser les autres. De plus, si jamais l’on venait à emporter quoi que ce soit qui comporte des inscriptions en nissétien, j’en ferais une copie pour le traduire avant de le rendre à son propriétaire. » Elle fit une brève pause pour reprendre son souffle durant laquelle son visage s’illumina, elle venait de se souvenir d’un détail important. « Si vous décidez de m’accompagner, d’accepter la mission, vous acceptez également qu’à votre mort, vos possessions, ce qui inclue la part de nos trouvailles dans la ville, revient en groupe qui partagera tout ça entre ses membres vivants. Ah et : je ne monte pas une expédition pour piller les ruines de Nisétis, si nous devons détruire ou brûler quoi que ce soit ce sera par nécessité, est-ce bien clair ? »

La nécromancienne hocha la tête au calcul de Dante. C’était plus ou moins ça. Elle écouta les mercenaires l’un après l’autre puis une fois que l’homme au corbeau eut terminé elle leva les mains.

« Une chose à la fois, je vous en prie. Reprenons depuis le début. » Elle prit une grande inspiration, se doutant que ce qui allait suivre ne serait pas des plus faciles. « Des livres? Je crains que vous vous méprenez. » Elle tapota du doigt celui qui se trouvait devant elle.

« Ces choses-là sont fragiles, dois-je vous rappeler que Nissétis est tombée il y a deux-cent-dix-sept ans ? Un peu plus de deux siècles que la ville est abandonnée… si on trouve un livre on peut s’estimer chanceux, surtout que les drows ont sûrement brûlé ce qu’ils pouvaient. Mais là n’est pas vraiment la question, n’est-ce pas ? Supposons que nous trouvons un objet avec des inscriptions, disons… une tablette. Comment savoir sa valeur ? Je ne connais pas monsieur… » elle lança un regard à celui qui cherchait autre chose que des pièces avant que ses yeux rouges ne reviennent sur Dante.

« Mais je doute que lui aussi sache identifier ce qu’il aura entre les mains. C’est là que j’interviens : je peux lire, et traduire, le nissétien, et en échange de mon expertise je ne demande qu’à faire une copie. Je garde une copie et en échange vous savez ce que vous avez entre les mains. Ça me paraît être un bon compromis. Ensuite : nous allons éviter limiter les dommages collatéraux au minimum parce que les dragons ne sont pas des lézards stupides et qu’ils savent pertinemment que les nécrophages ne s’attaquent pas à ce qui n’est pas vivant. Détruire quoi que ce soit risque de les attirer et comme dit plus tôt : je n’ai pas envie d’en voir un de trop près. Qui plus est, nous parlons justement de dragons, du Grand Dragon Rouge, qui a installé son nid dans les ruines de la capitale d’un empire connu pour ses dragonniers, pour son lien entre les citoyens de l’empire et ces créatures… si vous voulez mon avis ce n’est pas un hasard. »

Elle s’arrêta un instant. Il lui restait une question à laquelle répondre. La plus légitime en réalité et, sans doute, la plus importante. Lilyanna regarda une seconde les trois hommes devant elle, se demandant si la réponse les intéressait réellement.

« Quant à ce que j’espère trouver là-bas, c’est en réalité très simple : des réponses. Des réponses à une poignée de questions. Pourquoi les terres autrefois fertiles de Nissétis se sont asséchées ? Qui étaient les dracennes et d’où venaient-ils ? Comment ont-ils réussi à dompter les dragons ? Qui était Irenwë et d’où venait-elle ? Pourquoi les eldéens se sont montrés si… virulents avec les nissétiens ? Pour n’en citer que quelques-unes. »

Ensuite elle plana à nouveau son regard dans celui de Dante.

« Cela dit je suis aussi curieuse de savoir comment une poignée de mèches blanches et mes yeux rouges vont me protéger des nécrophages, des dragons et de l’architecture instable d’une cité en ruine. Le fait qu’un de mes parents était drow te pose un problème ? » Elle croisa les bras après sa question. « Mais tant que j’y suis autant en poser une autre, de question. Vous dîtes tous que le salaire proposé n’est pas suffisant, soit si vous le dîtes mais alors je vous écoute : à combien estimez-vous vos services ?  »

Le cœur de la prêtresse manqua un battement lorsqu’elle entendit le prix de Nehril. Heureusement qu’elle avait fermement planté ses pieds dans le sol pour leur faire face et que ses bras étaient croisés. Pour autant d’argent encore heureux qu’il la suivrait jusque dans les bras de Dieu. Pour ce qui était de la proposition de l’homme au corbeau, elle s’y était attendu, peut-être pas aussi rapidement mais ça ne l’étonnait pas. Toutefois c’était bien la réponse de Dante qui lui fit hausser un sourcil. Lilyanna voulut répondre mais elle n’en fit rien, pas tout de suite, elle le laissa terminer pour voir où il voulait en venir. Elle eut du mal à ne pas éclater de rire mais elle ne put pas faire disparaître son sourire. Lorsqu’il acheva sa dernière phrase elle reprit la parole.

« Un bien beau discours que voilà, monsieur Corvac. Un bien beau discours… et une offre encore plus belle. Une offre trop belle. »

La nécromancienne s’assit à moitié sur la table devant elle.

« Tu te poses des questions sur mes motivations, ce que je comprends, mais j’ai du mal à cerner les tiennes. Contrairement à notre ami Nehril ce ne sont pas les pièces qui te poussent à mettre ta vie en danger et contrairement à… » l’autre homme ne s’étant pas présenté elle se contenta de le désigner d’un mouvement du menton. « Ça n’a pas l’air d’être la magie qu’on peut y trouver non plus. Tu parles de faire expertiser nos trouvailles par quelqu’un d’autre… je me demande bien pourquoi tu ferais ça pour elle. Est-ce qu’elle t’a payé ? Ou peut-être… » elle sembla hésiter, sans quitter du regard les yeux vairons de son interlocuteur, jouant distraitement avec sa longue tresse. « Peut-être que ce ne sont pas les ruines de Nisétis qui t’intéressent mais le mot ruine en nissétien. Pourquoi Irulan ne se joint-elle pas à nous? »

Immobile, l’expression de l’assassin ne change pas d’un iota.

Mauvaise question. Ma motivation? L’argent bien sûr... Je suis très bien payé pour me farcir ta réunion en partant. Ce qui soulève une autre question qui devrait changer la tienne. Pour qui je peux bien travailler?

Il a un mouvement du menton envers Nehril. La voix grave et calme continue sur le même ton.

Lui sait que je ne suis pas bénévole. Mais mon patron me donne pas sa motivation non plus et il veut rester anonyme... Donc c’est avec moi que tu fera affaire... Si ca ne te plaît pas, je peux m’en aller peinard moi aussi mais j’ai comme l’impression en regardant ton cerceuil flottant que ta besoin de thunes toi aussi. T’a les moyens de faire la fine bouche compte tenu du fait que je ne serai pas de l’expédition? Un financement, ma part du butin au retour et la primeur sur ce que vous voudrez vendre en plus de tout ce que j’ai déjà offert, copie gratuite et tout le toutim... Je ne me répèterai pas une troisième fois, réfléchis bien. Je ne te pose pas de question sur ta motivation réelle et tu questionne pas au sujet du patron. Deal?

Elle se contenta d’hausser les épaules après avoir lâché sa tresse qui retrouva sa place originale en retombant sur son épaule droite.

« Bien tenté mais c’est trop peu, trop tard. Si l’argent t’intéressait vraiment pourquoi proposer de payer au lieu de renégocier ton salaire à la hausse comme Nehril ? Après tout c’est toujours ça de pris. Et puis nous sommes en Ithri’Vaan, à Thaar qui plus est, personne n’est bénévole ce qui fait que si tu ne veux pas d’or, tu veux autre chose ; des livres visiblement… mais pourquoi faire ? Et pourquoi les chercher là-bas ? Ce ne sont pas les bibliothèques qui manquent ici. » En réalité il n’y avait pas grand-chose qui manquait à Thaar mis à part de l’honnêteté. « Tu m’excuseras mais ça me paraît étrange qu’un adepte du panthéon eldéen souhaite récupérer des bouquins nissétien pour faire autre chose que les brûler… et qu’en plus de ça il offre de payer de sa poche, ou de son salaire si j’en crois ton histoire, pour en faire des copies. »

Elle croisa une fois de plus les bras sur sa poitrine, ses mains attrapant ses bras. Son regard se durcit et elle fronça les sourcils. Il y avait quelque chose qui n’allait pas, vraiment pas, décidément l’histoire de Dante puait plus que les goules de la nécromancienne et pourtant ces dernières n’étaient plus là.

« Je t’ai donné mes vraies raisons, la moindre des choses c’est que tu fasses de même, j’ai pas envie de jouer aux devinettes et j’ai encore moins envie d’aller dans un des endroits les plus dangereux de Miradelphia avec quelqu’un qui ment ouvertement. Je veux pouvoir tourner le dos à chacun d’entre vous sans craindre plus que de raison de me prendre une dague dans le dos dans les ruines de Nisétis. Je te laisse une dernière chance de me dire la vérité. »

Elle pouvait au moins lui reconnaître qu’il était tenace mais si elle avait pu se retenir de rire la première fois, ce ne fut pas le cas pour la suite. Ce n’était pas un éclat déchirant le silence mais plutôt un gloussement. Elle eut peur à un instant que l’homme au corbeau, lorsqu’il commença à parler, cru que son rire lui était adressé, d’une quelconque façon mais à son grand soulagement elle se rendit compte que ce n’était pas le cas.

« Mais rassurez-vous, monsieur Nehril, c’est tout réglé. Vous pouvez en effet sortir monsieur Corvac, si vous n’avez pas le pied marin je suis certain qu’un homme du Katrian vous aidera volontiers à débarquer et ensuite… vous connaissez Thaar sans doute mieux que moi, vous arriverez bien à vous débrouiller pour retrouver votre soi-disant employeur. »

Elle n’avait pas quitter Dante des yeux en parlant et maintenant il était temps d’arrêter de perdre du temps alors elle tourna ses prunelles rouges vers ceux qui étaient là pour l’accompagner.

« Pour répondre à votre question : non je ne vais pas maintenir mon offre originale, que dites-vous de quatre souverains par jour et de sept au cas-où un dragon nous attaquerait ? Je fais confiance à votre professionnalisme, à votre bon sens, et à votre instinct de survie pour ne pas provoquer volontaire une de ces créatures. Quant à votre offre monsieur… » elle se tourna vers l’homme au corbeau. « Puis-je connaître votre nom? » Elle attendit que ce dernier réponde, que ce soit en lui dévoilant son nom, un surnom ou bien en refusant avant de poursuivre. « Je peux vous proposer le même prix que notre ami Nehril, qu’en dites-vous ? »