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| [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren | |
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Auteur | Message |
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Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mar 14 Juil 2020 - 20:12 | |
| 4ème jour de la 1ère ennéade Hiver, Karfias de l'An 17:XI Les jours s'écoulaient... Si lentement. Le temps paraissait si long depuis la discussion qu'il avait eu avec Anaëlle. Etant donné qu'elle ne venait plus le lever aux aurores, Efren et elle ne se voyaient plus. Ou si peu. Ils se croisaient parfois dans les couloirs, dans le hall ou dans la cour. Il reconnaissait son pas ou son odeur et il la saluait. Il sentait son cœur s'emballer à chaque fois qu'il entendait sa voix et se retrouvait distrait par sa simple présence. Max lui avait évité une collision après qu'il ait simplement croisé la jeune camériste à la sortie du donjon. Si le serviteur n'avait pas encore compris, c'était chose faite. -Tu comptes lui dire un jour ? Demanda le fernelois alors qu'il taillait un morceau de bois pour la maquette qu'Efren préparait. -Hm ? Répondit ce dernier, concentré. -Je te parle d'Anaëlle !-Tu devrais le crier plus fort... Les gardes de la tour ne t'ont pas entendu avec le bruit que font les ouvriers. Fit-il d'une voix presque monocorde. -Ça répond pas à ma question. Tu comptes lui dire ou pas ?-Quoi ?-Quoi ?! Que t'en pinces pour elle, pardi !-Tu étais là. Tu as vu ce que Geoffroy lui a fait. Je ne pense pas qu'elle soit prête à se rapprocher d'un autre homme de si tôt.-Moi je serais pas aussi catégorique que toi. Tu verrais la façon dont elle te regarde... Ça crève les yeux !-Délicate la métaphore.-Tu m'as compris ! Je suis sûre qu'elle attend que ça de savoir qu'elle le plaît. Jette-toi à l'eau !-Elle ne fait pas que me plaire, Max...-Raison de plus ! Les autres voient son joli minois avant ce qu'il y a à l'intérieur. Toi, tu as fait l'inverse. Tu seras beaucoup plus sincère que n'importe lequel de ceux qui se retournent sur son passage, ou s'en retiennent pour pas lui faire peur.-Et si tu as tort, je la perdrais définitivement. Non merci.-Alors quoi ? Tu vas attendre à tout jamais un signe de sa part qui viendra pas ? Elle n'a d'yeux que pour toi, Efren !-Max, s'il te plaît.Le serviteur leva les mains en l'air et arrêta de parler puis reprit son ouvrage. Cependant, le silence ne dura guère longtemps. -Et si elle tombait sur ton oeuvre en terre glaise ?-Pour ça, il faudrait qu'elle vienne ici, ce qu'elle ne fait jamais.-Mais elle pourrait...Efren arrêta ce qu'il faisait et se tourna vers Maximilien. -Si jamais elle venait dans mon atelier, ce serait parce que quelqu'un l'y a attirée. Donc si ça doit arriver, crois-moi, tu entendras parler de moi !-D'accord ! J'ai compris. Répondit calmement de serviteur. Elle t'apporte toujours le petit déjeuner ? Cette question fit soupirer le jeune aveugle. -J'ai encore trouvé un plateau devant ma porte ce matin.-Si tu ne lui expliques pas, elle ne comprendra jamais.-Je sais. Mais on ne se voit plus tellement depuis que je lui ai demandé d'arrêter. Je n'ai pas eu l'occasion de le lui dire.-Provoque-la... l'occasion.Efren devait admettre que ce n'était pas un mauvais conseil. Il n'avait pas pu se retrouver seul avec Anaëlle depuis quatre jours là où ils se voyaient tous les matins jusque là. Il devait trouver le moyen de passer un peu de temps avec elle... Et il avait peut-être une idée... ******** 5ème jour de la 1ère ennéade Hiver, Karfias de l'An 17:XI Efren s'était levé plus tôt, comme il le faisait quand Anaëlle venait dans sa chambre tous les matins. Il avait eu le temps de se laver et de s'habiller afin d'être un minimum présentable. Aujourd'hui, on ne lui laisserai pas un nouveau plateau devant la porte, il y était déterminé. Alors, assis dans un fauteuil près de la cheminée, il attendait, l'oreille tournée vers la porte et, au-delà, le couloir. Il tenait dans ses mains le lys en bois qu'il étudiait pour la énième fois. Et plus il l'étudiait, plus il s'y attachait... Finalement, quelques pas se firent entendre qui attirèrent son attention. Des pas légers et réguliers avec un rythme plutôt rapide. Il attendit qu'ils se rapprochent le plus possible. Ils s'arrêtèrent devant sa chambre. Efren fut pris d'une hésitation et puis, finalement... -Bonjour Anaëlle. Dit-il assez fort pour qu'elle l'entende de l'autre côté. Le mécanisme de la porte s'actionna après un petit moment. Il réalisa alors qu'il tenait toujours la fleur dans les mains et la cacha subitement entre le fauteuil et lui. Que penserait-elle si elle le trouvait à manipuler son cadeau en l'attendant pour la prendre la main dans le sac ? Cela faisait un peu penser à un psychopathe, non ? Il laissa la jeune servante entrer. -Tu sais que la première fois, j'ai bien failli marcher sur le plateau. Fit-il en étirant un sourire doux et amusé. Il ne voulait pas la fâcher. Ce serait le meilleur moyen de lui faire peur. Et puis, ses intentions étaient louables. Elle n'avait tout simplement pas compris ce qu'il avait cherché à lui exprimer la première fois. Il essaierait d'être plus clair pour lui faire passer le message, mais tout en douceur.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mar 14 Juil 2020 - 22:33 | |
| Si Efren a passé les quatre derniers jours à songer à ce moment hors du temps qu’ils ont partagé dans cette chambre, les mêmes pensées assaillent Anaëlle. Quand elle a quitté la chambre du jeune homme, après ce doux baiser sur son front, elle est restée là, appuyée contre le mur, juste quelques secondes, avant d’inspirer et de se rendre dans la salle à manger pour débarrasser la table. Les bras encombrés elle s’était rendue aux offices sans rien dire. Elle n’a pas dit un seul mot du reste de la journée, l’esprit en totale confusion, le cœur en émoi. Toutes ces choses, toutes ces paroles, tous ces mouvements si doux, ces caresses, tout cela, tout est nouveau. Elle y songeait de toute sa force, manquant de point de repère, de comparaison positive, d’ami avec qui en parler.
Quand elle s’est arrêtée avant de sortir de la chambre d'Efren, quand elle a posé sa main sur la sienne, elle allait faire quelque chose qu’elle n’a jamais fait : redemander. Mais…Elle n’a pas osé. Elle ignore pourquoi.
Ce n’est que parce que Maïethé a un peu grondé qu’elle s’est aperçue qu’elle lavait une assiette propre depuis bientôt dix minutes, tout en regardant dans le vide. Congédiée par l’imposante dame des offices, Anaëlle a donc regagné sa chambre.
Assise sur son lit, la petite poupée de chiffon entre les mains, elle revoyait toutes les expressions d’Efren, sans en omettre une seule et les analysait, avec ses propres références à elle, et qui ne vont pas bien loin, en plus d’être totalement faussées.
On peut donc faire des choses toutes douces avec une main. Les mains des hommes ne sont pas que des outils servant à faire le mal. Il y en a qui sont d’une tendresse incroyable. Une tendresse qui brûle. En y songeant, elle passe d’ailleurs sa main sur sa joue, tout en regardant le sol, les yeux grands ouverts. Outre le fait que ces mouvements soient si agréables, il y a autre chose. Une chose qui l’intrigue beaucoup et qu’elle ne comprend pas du tout, par contre.
Personne n’a jamais été gentil avec elle gratuitement. Toujours, en échange d’une bonté feinte, d’un sourire faux, d’une affection jouée pour l’amadouer, elle devait donner un peu d’elle. Toujours. Sans exception. Pour avoir à manger. Pour avoir des habits propres. Pour être soignée aussi, quand elle saignait si fort que cela aurait fini par attirer les soupçons. Parfois…Elle devait donner beaucoup et quand elle avait donné tout ce qu’elle pouvait, elle finissait en larmes, tandis qu’il se rhabillait sans rien dire, un sourire satisfait aux lèvres. Alors, seulement alors, elle pouvait avoir ce dont elle avait besoin. Et quand elle ne voulait pas, quand elle était déjà au plus mal, quand elle saignait, il fallait tout de même céder. Sinon les punitions auraient été terribles.
Efren n’a rien demandé, lui. Il n’a fait que donner, alors qu’elle ne le mérite même pas, à ses yeux. Elle sait qu’il n’attend rien d’elle, parce que les hommes qui veulent quelque chose d’une fille, ils n’agissent pas comme ça. Ils amadouent, puis ils font en sorte qu’on soit seule et sans défense, puis ils s’imposent, jusqu’à ce qu’on s’écrase, qu’on dise oui et qu’on finisse par trouver ça normal. Efren n’est pas comme ces hommes-là. Alors…Pourquoi ? Pourquoi fait-il cela ?
Elle n’est pas jolie, elle n’est qu’une paysanne obscure qui ne sait ni lire ni écrire, une fille qui porte des cicatrices ignobles, qu’elles soient visibles ou non, des cicatrices qu’il a pu observer. Elle longe les murs, elle fait son travail, elle fait celui des autres également, quand elle le peut, pour rendre service. Jamais elle n’a fait quoique ce soit pour l’encourager dans ses démarches si douces.
Elle n’est rien, juste la fille qui fait des trucs ici et là et qui habille Dame Louise. Elle n’est pas importante, ni vitale à l’organisation de ce château, elle ne comprend pas comment elle a pu attirer l’attention de ce jeune homme qui, lui, a tout pour lui. Parce qu’il est beau, Efren. Intelligent et gentil. Patient. Jamais il n’élève la voix. Jamais il n’a le moindre geste brusque.
Ce jour-là, elle est restée dans sa chambre sans en bouger sauf pour déshabiller Louise. Et le lendemain, elle apportait un plateau chargé de victuailles au premier étage…pour le déposer devant la porte d’Efren.
°°°°° °°° ° Ce matin-là ne fait pas exception aux précédents. Ils n’ont pas eu l’occasion de se parler seul à seul, ils se sont parfois croisés dans les couloirs, elle a salué avec une petite voix, les joues toutes rouges, sous le regard de Maximilien qui avait haussé les sourcils, mais rien de plus. Elle ne restait jamais plus longtemps que nécessaire et pourtant, elle l’observait toujours, à la dérobée. Lui apporter son repas, c’est un peu être avec lui alors elle le fait bien volontiers.
Elle est sur le point de déposer le plateau au sol quand la voix du jeune homme se fait entendre de l’autre coté de la porte.
Immédiatement, ses joues rougissent. Prise sur le fait. Impossible de reculer. Tenant le plateau d’une main, elle hésite de longues secondes avant d’entrer en silence et de fermer la porte.
- Bonjour Efren…
La voilà dans la pièce, gênée, habillée comme d’habitude, d’une robe de laine verte et d’un surcot marron, les cheveux noués en une tresse dans son dos, propre et fraîche. Elle hésite, une seconde, peut-être deux, puis va déposer le repas sur une petite table, tandis qu’il avoue avoir failli se prendre les pieds dedans, la première fois. Elle se redresse et reste là, ne sachant pas trop quoi répondre avant de se lancer, rouge jusqu’aux yeux.
- C’est pas le but…Le but…C’est de prendre soin de toi. Tout l’monde s’occupe de toi, déjà, d’une façon ou d’une autre…Moi y a que ça que j’peux encore faire pour que tu sois bien…tu comprends ?
Puis…Secrètement…elle espère toujours un peu le voir, de cette façon, même si elle n’en dira pas un mot. Debout au milieu de la pièce, elle lève enfin les yeux vers lui et murmure, un peu angoissée à l’idée qu’il réponde affirmativement à sa prochaine question :
- Tu veux que j’arrête, c’est ça ?
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 15 Juil 2020 - 18:38 | |
| Si la toute première phrase de réponse d'Anaëlle le fit sourire, le reste le força reprendre un peu de son sérieux et sa question l'ennuya fortement. Il ressentait la peur dans sa voix à l'idée de devoir cesser totalement cette petite attention à son égard. Il savait d'avance la déception que serait la sienne si d'aventure il lui répondait "oui". Cependant, il ne pouvait pas la laisser continuer ainsi. Alors il se leva, abandonnant le lys sur l'assise de son fauteuil en espérant qu'il ne serait pas visible aux yeux de la servante. Il s'avança de quelques pas, s'arrêtant à bonne distance de la jeune fille.
-Quand je t'ai dit que ça me gênait, je ne parlais pas du fait que tu entres dans ma chambre. Je n'ai rien contre le fait que tu viennes me voir ici. Ce qu'il y a, c'est que je n'ai pas l'habitude de me faire servir. Je prends sur moi quand ça vient de Max ou Ed parce qu'ils sont là pour ça. C'est leur rôle de m'aider, même si nous avons sympathisé depuis. Mais venant de toi... Je ne peux pas te laisser faire. Je ne veux pas que tu sois ma servante, tu comprends ?
Si cela le gênait auparavant parce qu'il avait l'impression de remplacer un peu Geoffroy, comme si elle était à son service, c'était de pire en pire à mesure que les jours s'écoulaient. Il s'attachait de plus en plus à elle et ne pouvait plus tolérer que celle à qui il tenait tant se tue à la tâche en faisant des choses pour lui en plus de son travail. Elle en faisait déjà tellement pour tous les autres. Et puis, il ne voulait pas d'une femme de chambre, il voulait... une amie, dans le pire des cas. Cependant, en ayant dit cela, il se rendait compte que cela leur ferait une occasion de moins de se voir, qu'ils ne partageraient plus rien dans leurs quotidiens, qu'ils se contenteraient de se croiser en se saluant brièvement. Et c'était d'une tristesse... Il pouvait comprendre qu'elle ait peur qu'il lui dise "oui" car lui aussi avait peur soudain. Peur de la perdre d'une autre manière qu'il avait cru la perdre quelques jours plus tôt. Alors il chercha bien vite à y remédier.
-Est-ce que... tu aurais du temps libre aujourd'hui ? Ou demain ? Ajouta-t-il un peu précipitamment, ne voulant pas lui laisser entendre que c'était aujourd'hui ou jamais. On pourrait... essayer de faire quelque chose tous les deux. On pourrait sortir faire un tour dans la neige, ou rester au chaud pour faire une partie de carte devant la cheminée. Ou n'importe quoi qui te ferait plaisir. Si ça te dit...
Cette fois, c'était à lui de craindre la réponse. Tout ce qu'il pouvait espérer, c'était que ce ne soit pas "non". Un "peut-être" ou "une autre fois" serait acceptable. Un "oui" l'enverrait au septième ciel... Mais, pour l'heure, il ne pouvait présager de rien et c'était à lui de se retrouver suspendu aux lèvres d'Anaëlle en attendant son verdict.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 15 Juil 2020 - 20:18 | |
| Elle l’observe se lever et l’approcher, inquiète par la réponse qu’il va donner et baisse la tête en l’écoutant. Tout plein de pensées contradictoires se bousculent dans son esprit, alors qu’il lui explique qu’il ne veut pas qu’elle soit sa servante.
- Je fais pas ça pour te servir, tu sais…ça me fait plaisir. Avant, oui, je faisais ça pour te dire merci. Parce que personne n’a été aussi gentil que toi avec moi. Puis…J’ai fait ça pour avoir une raison valable de te voir et de te dire quelques mots. T’es le seul avec lequel je me sens pas idiote quand je parle…’fin…pas « trop » idiote…Je sais pas bien expliquer comme tu fais toi…
Si elle ne lui apporte plus son déjeuner, elle n’aura, à ses yeux, plus aucune raison avouable de venir ici. Elle sait que la place d’une jeune fille n’est pas dans la chambre d’un jeune homme. Elle le sait très bien. Que dirait son père, Aaron, s’il la voyait là, à ne rien faire, dans la chambre de son garçon ? Il froncerait sans doute les sourcils, et il ne serait pas content. Or, Anaëlle ne veut pas qu’on soit mécontent d’elle, alors elle agit comme ça, en restant discrète et serviable.
- Tu es le fils du conseiller de Dame Louise. Tu es « quelqu’un ». Moi, j’suis personne. Je devrais même pas être ici…C’est l’seul moyen que j’ai trouvé pour pouvoir te voir, un peu. C’est pas bien malin, j’sais bien…Mais j’ai pas d’autres solutions…
Elle a été obligée d’avouer sa petite duperie. Une petite entourloupe dévoilée qui la fait se taire. Il semble que désormais elle viendra plus lui apporter son petit-déjeuner. Elle comprend bien qu’il n’a peut-être pas envie d’être servi par elle mais alors…que faire ? Comment le voir sans que personne n’ait rien à y redire ? Elle a beau retourner le sujet dans tous les sens, elle ne voit pas d’alternative raisonnable. Jusqu’à ce qu’il propose de passer du temps avec elle.
Relevant la tête, elle l’observe avant de regarder la porte. La jeune servante a bien envie de passer du temps avec lui, ne serait-ce qu’un peu mais…Elle ne sait pas jouer aux cartes. Et…Elle ne sait pas vraiment ce qui lui ferait plaisir. A part être un peu avec lui, juste un peu. Alors…elle allait se rendre à l’extérieur, oui. Mais est-ce qu’il est raisonnable de sortir et de s’aventurer à deux dans la neige ? Elle se mord la lèvre et dit, d’une voix douce :
- J’vais cueillir des carmines à peu près tous les deux jours. Je comptais y aller ce matin…Est-ce que…est-ce que tu veux qu’on y aille ensemble ? Il a gelé cette nuit, la neige va craquer à chacun de nos pas, c’est un bruit amusant… ce ne sera pas très long de toute façon il ne m’en faut pas beaucoup…
Elle doit juste prendre quelques minutes pour aider Louise à s’habiller puis elle sera libre jusqu’au prochain repas. Un peu gênée d'avoir proposé quelque chose, elle l'observe à nouveau et ajoute:
- Mais il fait très froid...Peut-être est-il mieux de rester ici et que je m'y rende demain. Ce n'est pas un travail essentiel, c'est juste un...un moyen de prendre l'air et de rendre hommage à une personne...Une personne qui était un peu comme toi. Douce et gentille avec moi. |
| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 16 Juil 2020 - 19:24 | |
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Efren ne savait plus quoi dire... Lui apporter son petit déjeuner, c'était juste une façon détournée pour venir le voir ? A sa façon de le dire, il avait l'impression qu'elle partageait les mêmes sentiments que lui. Cela ressemblait à une sorte d'aveu... Non ? Il n'aurait su en être certain et il ne voulait pas se précipiter pour ne pas l'effrayer mais il ne pouvait que prier les Dieux pour que ce soit bien cela. Son cœur, lui, s'envolait déjà vers les étoiles. Tant et si bien qu'il ne réagit même pas lorsqu'elle évoqua leurs statuts si différents. Il était vrai qu'elle avait vu débarquer un inconnu avec son fils, le quarantenaire se faisant présenter comme le nouveau Conseiller de la Dame des lieux. Cela avait apparemment suffit à la jeune fille pour s'imaginer que sa condition à lui était différente de la sienne. Pourtant, leurs vêtements étaient solides sans être ostentatoires. Un noble ne s'y serait pas trompé en les observant : ils n'avaient rien d'important en dehors de ce titre qui se voulait provisoire à l'origine.
L'infirme écouta la proposition d'Anaëlle et sourit à l'évocation du bruit de la neige gelée. Mieux que quiconque, il percevait les différences dans les sons produits par les objets. Il savait reconnaître un verre plein d'un verre à moitié vide. Il savait différencier le grésil de la grêle. Il entendait le vent souffler différemment entre les branches d'un feuillus ou d'un épineux. Alors la neige fraîche et la neige gelée...
Efren s'avança un peu plus en direction de la servante après qu'elle lui ait suggéré de repousser sa petite quête à plus tard pour ne pas avoir à décliner son offre. Elle préférait passer du temps avec lui plutôt que d'accomplir son petit rituel, cela ne pouvait que le toucher et lui confirmer un peu plus ce qu'il avait cru pressentir l'instant précédent. A moins qu'il ne se fasse une montagne d'idées...
-Si je comprends bien, cette personne t'a apporté un peu de réconfort quand tu en avais besoin, à sa manière. Conclut-il avant de s'arrêter à un pas d'elle. Alors j'aimerais lui rendre hommage, moi aussi. Et lui assurer que quelqu'un veille toujours sur toi.
A ces mots, l'adolescent vint trouver la main de la servante et la saisit délicatement. De son pouce, il caressa sa peau. Il aurait préféré retrouver le contact de son visage mais il n'était pas certain d'y parvenir sans faire de fausse manœuvre. Et puis, il avait réussi à s'empêcher de l'embrasser une fois. Il doutait d'y parvenir encore alors autant éviter de se tenter.
-Tu devrais aller terminer ton ouvrage. Pendant ce temps, je vais... déguster ce délicieux petit déjeuner dont je sens l'odeur d'ici ! Et me préparer à affronter le froid du rigoureux hiver nordien. Il ne faudrait pas que ton prochain prétexte pour venir me voir soit de t'occuper d'un pauvre malade. Fit-il en souriant d'un air amusé avant de reprendre une expression pour sérieuse et douce à la fois. Parce que tu n'as pas besoin de prétexte pour me rendre visite, Anaëlle... Si cela te fait plaisir, tu peux venir quand tu en as envie. Je serais toujours ravi de tes visites...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 16 Juil 2020 - 21:15 | |
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Anaëlle hausse les épaules d’un air un peu gêné, avant de triturer la manche de sa robe. Elle voit Efren approcher, alors elle explique, un peu. Juste ce qu’il faut. - C’est pas tellement qu’elle m’apportait du réconfort…Enfin si, à sa façon, mais…Elle n’a jamais rien su. C’était la seule personne qui a toujours été aimable et polie avec moi. Elle était belle. Et douce. Je l’aimais beaucoup…Imaginer Efren là en bas…C’est un peu étrange. C’est un peu le laisser entrer dans son petit jardin de secrets honteux. Et c’est le présenter à une personne précieuse, aussi. Et des personnes précieuses, il n’y a pas eu beaucoup dans la vie d’Anaëlle. Elle sourit un peu à cette idée, l’idée de partager quelque chose avec lui, un petit secret de rien mais auquel elle tient plus que tout. Même Louise ignore ce qu’elle fait là, pratiquement tous les jours. Personne ne sait rien. Et cela l’arrange bien, parce que personne ne vient jamais la déranger. Efren est tout près désormais. Et il vient de délicatement s’emparer de sa main, qu’il caresse tout doucement de son pouce. C’est un geste d’une tendresse déconcertante, à laquelle elle n’est pas encore habituée. Prendre la main de quelqu’un de cette façon, c’est lui apporter beaucoup de choses, du soutien, un peu de respect, de l’affection…Enfin du moins c’est qu’elle pense. Ou ce qu’elle a pu voir en observant Etienne et Sylvie. Ils s’aimaient ces deux-là et ils se le disaient tous les jours. Etienne prenait la main de Sylvie comme Efren le fait avec elle, et elle… Anaëlle serre à son tour les doigts du jeune homme, tout en le regardant. Elle avait vu Sylvie faire cela, plusieurs fois, comme pour répondre à des questions muettes. Elle, elle le fait parce qu’elle en a envie et que cela lui plaît. Petit à petit, la présence d’Efren ne suscite plus d’angoisse. Par sa gentillesse et sa douceur, il a fait tomber une à une les épaisses barrières dressées ici et là afin qu’elle puisse se protéger, éviter de vivre à nouveau cet enfer. Jamais elle ne s’en remettrait si on posait à nouveau la main sur elle sans qu’elle y consente. Jamais…C’est trop difficile, trop d’épreuves pour une jeune fille aussi délicate et sensible que l’est Anaëlle. Efren, lui, c’est différent. Il a été là même quand elle était plus bas que terre. Il a été là pour elle. Et il n’a pas été rebuté par ce qu’elle a vécu. Il n’est pas non plus rebuté par ce qu’elle est : une pauvre fille sans parent et au passé aussi lourd qu’une pierre au cou d’un noyé. - Je suis contente…Elle l’écoute parler, lui proposer de reprendre son ouvrage et opine de la tête, en silence. Elle se dégage alors en douceur de cette petite étreinte et murmure : - D’accord…Je vais faire ce que j’ai à faire, je pense que j’en aurai pas pour très longtemps…Attends moi en bas près de la porte principale…Je ne serai pas très longue. Elle ne répond rien à ses dernières paroles, se contentant de hocher la tête tout en le regardant. Elle s’éloigne déjà, d’un pas de plus en plus rapide jusqu’à la porte et murmure un tout petit : - A tout à l’heure…Avant de s’enfuir en courant sur le palier… °°°°° °°° ° Plus tard, après avoir consciencieusement habillé Louise et fait toutes les petites tâches qui incombent à son poste de camériste, la jeune fille a filé dans sa chambre pour se parer de vêtements chauds. Elle a ajouté un long surcot à sa tenue, toujours en mailles de laine serrées et une petite cape à capuche de laine, elle aussi, celle qu’elle porte quand elle sort, des bottines souples et chaudes. Il fait très froid dehors, alors elle prend les précautions qui s’imposent, en espérant qu’Efren fera de même. Elle se dirige vers la grande porte de l’entrée principale, le plus évident des points de repère pour Efren, et l’attend, guettant son arrivée près de l’escalier. Elle n’a pas osé se rendre dans sa chambre pour aller le chercher, elle sait de toute façon qu’il peut se débrouiller tout seul en ce qui concerne les déplacements en terrains connus. Dehors, par contre, il en ira certainement différemment…
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| | | Aaron Kolhe
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Sam 18 Juil 2020 - 20:03 | |
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La porte s'ouvrit, puis se ferma et les pas d'Anaëlle s'éloignèrent de la chambre de l'adolescent. Assuré d'être seul, Efren leva en l'air des bras victorieux, sa tête basculant en arrière. Elle avait accepté. Mieux, elle avait avoué qu'elle recherchait sa compagnie ! Il avait pu lui prendre la main et la caresser sans qu'elle ne trésaille. Elle lui avait même rendu son étreinte. Ce jour commençait merveilleusement bien. Et cette sortie loin du château leur serait très certainement profitable. Après avoir joui de son bonheur quelques instants, le jeune aveugle se remit en mouvement. Il n'eut aucun mal à retrouver le plateau rien qu'à l'odeur. Il s'installa donc et déjeuna avec appétit, faisant honneur à ce que la servante lui avait apporté. Puis il chercha de quoi s'occuper en attendant le moment de sortir, guettant les allées et venues dans le couloir afin de repérer le moment où Anaëlle monterait à sa chambre pour se préparer et redescendrait. Mais il était si difficile de se concentrer quand chaque bruit de pas le faisait s'arrêter pour tendre l'oreille et tenter de deviner qui passait présentement devant sa porte. Le temps lui parut bien long et il fit tout ce qu'il put pour essayer de penser à autre chose.
Travailler n'était visiblement pas de l'ordre du réalisable. Il se lava les dents et se repassa un coup d'eau sur le visage pour être certain d'être propre. Il étudia le contenu de son armoire, hésitant à se changer ou non. Un veston, cela faisait peut-être un peu trop... La veste que son père venait de lui acheté pour quand il devait dîner avec un visiteur à leur table ? Anaëlle le traitait déjà comme un noble, ce ne serait pas la peine d'en rajouter... Il aurait voulu se faire beau pour elle mais cela serait revenu à agrandir le fossé qu'elle avait placé entre eux. Non, rien n'était une bonne idée... Il ferait tout aussi bien de rester tel qu'il était.
Soudain, un bruit dans le couloir attira son attention. Quand la jeune servante était passée devant sa chambre ? Il ne l'avait pas entendue monter et voilà qu'elle descendait... Bien, il n'était plus temps de tergiverser. Il avait passé un très long moment devant son armoire mais il n'avait pas consacré une seule seconde à retrouver son équipement. Il se mit donc aussitôt en quête de tout cela.
L'avantage de voyager beaucoup, c'était que l'on possédait ce qu'il fallait pour pouvoir supporter tous les temps. Aussi, Efren finit par remettre la main sur son manteau de cuir, enduit de manière à l'imperméabiliser un minimum, ainsi que la double de laine qu'il retirait chaque fois l'hiver terminé. Puis il enfila ses bottes fourrées et acheva de s'habiller chaudement avant de prendre son bâton et de sortir de sa chambre, fermant derrière lui. Il s'avança vers la rambarde et, d'un pas presque normal, il la suivit afin de longer le couloir et d'atteindre l'escalier. Sans lâcher la rampe, il descendit avec méthode les marches régulières. Arrivé en bas, il savait qu'il lui suffisait d'avancer tout droit pour atteindre la porte d'entrée. Son bâton lui ayant été inutile jusque là, il l'avait conservé en position verticale. Cependant, le hall était une véritable fourmilière à cette heure avec toute l'agitation du travail des gardes et des employés de maison. Il inclina donc le long morceau de bois et balaya devant lui afin de s'assurer qu'aucun obstacle n'entraverai sa route puis il progressa lentement vers l'entrée. Bientôt, son bâton heurta le côté d'une pile de caisses. Il s'en approcha avec prudence, cherchant à comprendre à quoi il avait affaire.
-Pardon, Messire Efren. S'excusa le maraîcher en pleine livraison. J'ai oublié de rappeler à mes gars de poser les caisses sur l'côté. J'en ai pour une minute ! -Ce n'est rien, je vais contourner.
Mais il n'eut pas le temps d'aller bien loin que quelqu'un vint l'aider. Quelqu'un qu'il n'avait pas entendu approcher mais dont il reconnaîtrait la voix entre mille. Il tourna son regard bandé dans sa direction, étirant un doux sourire alors qu'elle était venue à sa rescousse. D'habitude, il se serait contenté de repousser gentiment l'aide qu'on lui apportait mais, cette fois, c'était un excellent prétexte pour se retrouver tout près d'Anaëlle et de la sentir sous ses doigts.
-Fais-nous nous évader d'ici... Lui demanda-t-il, souriant toujours.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Sam 18 Juil 2020 - 21:43 | |
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Elle se rappelait les moments où Efren avait dit, d’une voix ferme, qu’il savait bien se débrouiller et qu’il n’était pas nécessaire de le prendre pour une petite chose fragile. Même s’il ne l’a jamais dit de cette façon, le message était parfaitement clair : il n’aime pas qu’on lui rappelle qu’il est aveugle. Anaëlle l’a parfaitement compris et a cherché à ménager sa sensibilité sur ce point en l’attendant au bas de l’escalier.
Elle l’observe d’ailleurs, en ce moment, tout en se bougeant lorsqu’elle gêne le passage. Elle ne le quitte pas des yeux un seul instant, prête à intervenir s’il devait rencontrer un obstacle. Et c’est très précisément ce qui se produit soudain. Anaëlle sort alors de l’ombre et avance vers lui. Il est bloqué par les caisses déposées par le maraîcher. Il risque donc de perdre ses repères, elle le sait et elle approche, juste au moment où il dit qu’il va contourner.
- Efren, je suis ici…
Elle pose alors sa main sur l’avant-bras du jeune homme, avant de saluer le maraîcher qui est déjà occupé ailleurs. Les caisses disparaissent à tour de rôle, les gens ne font pas attention à eux, ce qui l’arrange bien. Un peu intimidée, elle a un regard pour Efren, un Efren souriant et lumineux, visiblement désireux de sortir de cet endroit. Inspirant un peu plus fort que d’ordinaire, elle est tout contre lui maintenant et guide sa main libre pour qu’il la dépose sur son avant-bras. Il sentira sous ses doigts un tissu rugueux et chaud, quelque chose de simple mais efficace, qui a déjà bien vécu. Il entendra la douce voix de la servante qui dit :
- Viens…
Alors, tout en douceur, elle lui fait faire demi-tour, pour qu’ils puissent prendre la même direction, celle qui mène à cette porte sous l’escalier principal, une petite porte utilisée par les domestiques afin d’accélérer les déplacements intra-muros. Elle est d’une patiente infinie et ajuste son pas au sien, toujours à surveiller que tout va bien pour lui.
- C’est la petite porte qui donne derrière le château. De là, on pourra sortir dans la cour sans gêner personne et sortir de l’enceinte par la percée arrière…Il y a deux grandes marches, attention…
Elle descendra la première marche d’abord, afin qu’elle puisse l’aider, et renouvellera l’expérience une seconde fois afin qu’il puisse atteindre la cour en sécurité. Elle sait qu’il n’y a rien de pire qu’un pavé gelé, il n’y a rien de plus glissant, aussi redouble-t-elle de prudence. Lorsqu’ils auront dépassé la percée arrière pour enfin poser le pied dans la neige, Anaëlle commencera à se détendre et aura même un sourire qu’il ne verra pas évidemment.
Derrière eux, il n’y a plus que le brouhaha diffus de la vie du château.
Sous leur pas, le bruit si amusant qui fait rire Anaëlle. Un petit rire pur, comme un bruit de grelots. Il pourra sentir qu’elle bouge beaucoup, cherchant à écraser la neige sous ses petites bottines.
- Je sais c’est idiot mais j’aime bien. C’est comme marcher sur du vieux pain tout sec…Et tu…Ne bouge plus. Inspire !
Elle semble métamorphosée. Différente. Comme si être sortie de ce château ôtait de son cœur et de son visage des masques bien lourds à porter. Ici dehors, en compagnie de la seule personne en qui elle a confiance, elle est différente. En mieux. Elle murmure :
- Tu sens cette odeur poudrée qui t’enveloppe le nez et qui pique un peu les narines ? C’est ça, les carmines, il y en a tout plein là bas…
Elle l’entraîne vers l’endroit où elle se rend tous les jours. Au fur et à mesure de leur progression, l’odeur se fait plus forte, capiteuse. Entêtante. C’est une odeur absolument délicieuse et douce. Quelque chose d’incroyablement féminin et pur à la fois, quelque chose de rare.
- Il y en a partout autour d’nous, attends un instant, j’vais en cueillir quelques unes pour que tu puisses les apprécier de plus près.
Elle s’accroupit et, méthodiquement, elle cueille alors quelques hautes tiges, qu’elle dépose sur son avant-bras et se relève pour approcher du jeune homme. Anaëlle ne dit plus rien pendant quelques secondes, puis pose le bouquet au sol, dans la neige, ne gardant qu’une fleur dans sa main. Après quelques moments d’intense hésitation, elle prend doucement la main d’Efren et y dépose une fleur odorante, avant de lui faire fermer ses doigts pour qu’il puisse en apprécier la texture.
- La fleur est ronde et pleine de pétales blancs bordés de rouge. Comme si on avait trempé la fleur dans du sang…J’pense que c’est pour ça qu’on les appelle les carmines…L’carmin, c’est rouge. J’ai entendu ça dans les couloirs du château, un jour…
Elle lui laisse sa main et lui laisse donc tout le loisir d’observer la plante et d’en inspirer le parfum, avant de serrer les pans de sa petite capeline contre son corps.
- J’aime beaucoup les fleurs. Toutes les fleurs. Mais celle là…c’est ma préférée. Elle est belle, elle sent bon et elle ne pousse qu’ici. Personne ne sait pourquoi…
La jeune fille baisse un peu la tête et murmure :
- Est-ce que tu veux que je la décrive mieux ? Je ne sais pas si tu pourras bien l’imaginer, je décris pas super bien les choses avec mes mots…Puis, après un petit silence gêné. C’est pas la grande évasion, mais voilà. C’est ici que je viens quand je sors…
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Dim 19 Juil 2020 - 13:00 | |
| Efren avait suivi le mouvement sans rien dire. Sortir par l'arrière lui convenait très bien, cela leur éviterait le risque de se voir alpaguer par un ouvrier. Depuis le début des travaux, il ne pouvait plus mettre le nez dehors sans qu'on ne l'arrête parce qu'il y avait un doute sur quelque chose ou que l'on rencontrait une difficulté. Il était vrai que son ouvrage sortait un peu de l'ordinaire. Il ne s'agissait pas seulement d'épaissir un mur d'enceinte ou d'ajouter une tour. Il ne touchait pas à l'ossature du bâtiment qui était déjà fort bien conçue, il créait simplement quelques aménagement qui permettraient, à terme, de défendre le château plus efficacement et avec moins de soldats. Alors, forcément, ses idées surprenaient et même les maîtres d’œuvre n'étaient pas tout à fait aussi sûrs d'eux que d'habitude. Être guidé par un adolescent doublé d'un aveugle avait de quoi les perturber un peu plus mais ils ne pouvaient que rester coi devant la rapidité avec laquelle il parvenait à faire des calculs algébriques complexes de tête. Cela forçait le respect, même si Efren ne cherchait pas particulièrement à l'obtenir.
Le jeune homme fut soudain tiré de ses pensées par un son... Une voix qu'il ne reconnaissait pas parce qu'il ne l'avait encore jamais entendue. Il s'arrêta, tournant sa tête dans la direction d'Anaëlle qui riait en jouant avec la neige. Il resta là, inactif et stupéfait, mais un sourire tendre et heureux se dessina finalement sur ses lèvres. Elle riait ? Il ignorait qu'elle en était capable et ne pensait pas l'entendre de si tôt... Efren l'accompagna et l'écouta lui parler de ces fleurs qu'elle aimait tant. Son bâton posé contre son buste, il pouvait découvrir la plante à l'aide de ses deux mains. Aussi délicatement que possible, il dessina les contours de ses pétales, tenta d'en sentir les nervures, chercha à comprendre comment son cœur était formé. Puis il suivit la tige des doigts. Était-elle couverte d'épines ? De poils ? Ou totalement nue ? A quoi ressemblait ses feuilles ? Il essayait de découvrir tout cela par lui-même mais, lorsqu'Anaëlle se proposa pour lui décrire la fleur plus amplement, il ne refusa pas.
-Oui, s'il te plaît. Je veux en apprendre plus sur ce que tu aimes.
Et j'aime entendre sa voix... Pensa-t-il en sentant son cœur se gonfler. Puisqu'il ne pouvait la couver de son regard, il éprouvait le besoin de sentir sa présence de toutes les autres manières qui lui étaient possibles. A cause du parfum entêtant de ces fleurs, il ne pouvait plus percevoir celui de la jeune fille, ou si difficilement. Et puisque ses mains étaient occupées, il n'avait plus que ses oreilles pour la savoir près de lui. Même s'il buvait chacune de ses paroles, ce n'était pas tant ce qu'elle lui disait qui était important que le simple fait de l'entendre. Lorsqu'elle eut fini, il reporta son attention sur la fleur qu'il tenait toujours.
-Je trouve que ce parfum te va bien. Déclara-t-il.
Puis il coupa la tige afin de la raccourcir. Il monta ensuite ses mains vers la visage d'Anaëlle et en fit le contour rapidement, simplement pour se repérer. Il trouva ainsi ses cheveux et les tritura d'un côté de la tête de la servante, au-dessus de son oreille. Lorsqu'il eut terminé, il retira ses mains et la jeune fille put découvrir qu'elles étaient vides. Avec une maîtrise qu'elle ne pourrait sans doute pas s'expliquer, il était parvenu à fixer la fleur dans sa chevelure rousse.
-Si je ne peux hélas pas le confirmer mais je suis certain que tu es au moins aussi belle que je me l'imagine en ce moment-même.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Dim 19 Juil 2020 - 19:51 | |
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Expliquer, décrire, c’est toujours un peu compliqué pour Anaëlle. Pour plusieurs raisons. La première est que personne ne lui a jamais demandé son avis ou quoi que ce soit s’en approchant. Les rares fois où elle a tenté de partager son opinion, elle a été rabrouée, remise à sa place d’un coup de pied ou d’une gifle. Toutes les personnes auxquelles elle a du obéir tout au long de sa vie avaient ceci en commun de la faire taire, d’une façon ou d’une autre. Alors, elle s’est tue.
La seconde est qu’elle manque cruellement de vocabulaire. Elle a eu une enfance trouble, elle ne se souvient pas de ce qui précède l’abandon de ses parents, elle n’a jamais eu de parents attentionnés qui auraient pu lui apprendre les lettres, les opérations, de jolis mots. Elle a grandi dans un milieu paysan, très rustre et grossier, sans finesse, et même si son phrasé s’est quelque peu amélioré au contact des gens du château, elle sait qu’elle a des lacunes sévères à ce sujet, des lacunes qui la font rougir de honte, surtout devant Efren qui, lui, sait tant de choses…N’est-il pas en train d’améliorer les défenses du château, à lui tout seul, après tout ?
Alors elle réfléchit. Elle réfléchit quelques instants pour trouver les bons mots, ceux qui lui donneront les moyens de bien percevoir la fleur. Elle approche de lui et prend son autre main, ne gardant que son index pour qu’il le glisse entre les pétales, à la recherche d’un renflement velouté.
- Tu sens ça, sous ton doigt ? C’est ce que j’appelle le cœur des fleurs. Ça a ptêtre un vrai nom savant bien comme il faut mais moi j’appelle ça un cœur parce que c’est ce qu’on voit le moins et c’est ce qui est pourtant le plus beau…Tu sens ça ? M’dame Louise, parfois, elle porte des robes qui sont douces comme ça. Exactement comme ça.
Elle guide son doigt pour qu’il appréhende la circonférence de ce « cœur » et porte le doigt du jeune homme à son propre nez afin qu’il puisse inspirer l’odeur qui s’en exhale désormais.
- On dirait d’la magie. Tu sens cette odeur ? Quand tu touches le cœur, ben ça sent encore plus fort. Chu sûre que si on les écrase et qu’on les presse, on pourrait avoir un jus de tout ça. Un jus pour envoûter les gens…
Elle récupère ensuite sa main pour qu’il caresse les pétales, prenant un peu plus d’assurance avec lui alors qu’elle lui explique la carmine comme elle la voit, elle. Anaëlle fera courir son doigt entre les pétales serrés et dira, dans un sourire :
- Tu as déjà caressé un chat à r’brousse poils ? Ben c’est pareil. C’est doux, c’est touffu, c’est tout compact. Quand la fleur est jeune, cela ne lui fait rien. Quand elle est un peu ouverte, parfois, ça fait tomber les pétales. Et là-dessous…
Sa main guide le doigt vers le petit réceptacle de la fleur, d’une texture veloutée, toute douce également.
- …Je sais pas comment ça s’appelle en vrai, comme le cœur. J’appelle ça son lit. Parce que c’est là-dessus qu’elle dort. C’est toujours vert. Mais un vert tellement foncé que parfois il en devient noir. Quant au reste…Regarde…ça ressemble à la paille nonob que tu m’as donnée pour boire, tu t’rappelles ?
Elle lui fait presser la tige qui s’avère être d’une texture plus étrange, creuse et souple sous les doigts, dépourvue d’épines. Facilement cassable également. Elle cesse alors ses explications et le laisse avec la fleur entre ses doigts.
- Est-ce que tu…enfin…tu la vois un peu mieux maintenant, dis ? J’ai bien expliqué ?
Lorsqu’il coupe la tige pour la raccourcir, elle se pose bien des questions. Veut-il mieux observer avec ses doigts ? Sans doute. Elle allait répondre quelque chose à propos du parfum de cette fleur mais son geste vers son visage l’interrompt. Comme à chaque fois qu’il la touche. Sous la capeline, le geste presque automatique de serrer la manche de son habit sous ses doigts crispés s’initie. Elle ne dit plus rien, elle se contente de l’observer, se demandant ce qu’il peut bien faire, là, jusqu’à ce qu’elle observe que la fleur a disparu de sa main. Elle porte alors la sienne à sa chevelure et sent la fleur juste au-dessus de son oreille.
- …
Elle ne sait plus très bien où se mettre. Et c’est pire encore quand Efren lui dit qu’elle doit être…belle. Anaëlle ne dit rien, elle serre sa capeline contre elle, parce qu’elle a froid. Les mots d’Efren sont si…gentils. Personne n’a jamais dit cela à la petite servante. Et pourtant elle est jolie oui, une petite beauté simple qui doit encore mûrir mais l’essentiel est là. De beaux cheveux doux, de grands yeux verts, intelligents et fûtés, une peau pâle et délicate, un corps svelte qui pourrait être magnifique s’il n’était couturé de si atroces balafres, un peu partout…
- J’me suis jamais trouvée jolie. Alors…belle…
L’estime qu’elle a de sa personne ne va malheureusement pas bien loin.
- Mais…Si je le suis pour toi…alors…ça m’va.
Elle s’abaisse pour prendre les fleurs abandonnées sur la neige gelée et dit, timidement :
- Rentrons…Tu veux bien ?
Ses vêtements ne sont pas bien épais et sont vieux, quelque peu usés. Ils sont suffisants pour une sortie rapide mais pas pour une longue sortie dans la neige et le gel. Elle s’approche et lui indique son avant bras en posant sa main sur son épaule, rouge jusqu’aux yeux. Elle lui dirait bien qu’elle l’a toujours trouvé beau, lui, et ce dès le premier jour où elle a du l’espionner, mais…Elle ne dit rien. Parce que pour Anaëlle, ce ne sont pas des choses qui se disent aux garçons.
- A moins que tu n’veuilles voir d’autres choses ? J’peux rester dehors encore un peu si t’as besoin de mieux voir d’autres plantes, des paysages…Je sais pas. Que veux-tu faire, maintenant, Efren ?
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Lun 20 Juil 2020 - 19:33 | |
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Efren apprit un peu tristement que la jeune Anaëlle n'avait pas vraiment d'estime pour elle-même. A bien y réfléchir, c'était probablement normal après tout ce qu'elle avait vécu. Ses parents, puis le fermier et enfin Geoffroy... Quelqu'un lui avait-il déjà fait un compliment avant aujourd'hui ? L'avait-on déjà encouragée afin de parvenir à gagner en confiance en elle et à progresser ? L'avait-on déjà aidé à se relever tandis qu'elle tombait au lieu de la maintenir au sol ? Certainement pas. Et son cœur saignait rien qu'à cette constatation. Il s'apprêtait à lui répondre que ça ne l'empêchait pas de la trouver belle mais elle le devança et il étira un sourire heureux. Elle était contente du regard qu'il portait sur elle, c'était un victoire de plus, non ?
Anaëlle proposa de rentrer et, étant donné la fraîcheur qu'il avait senti sur sa peau, il ne fit rien pour les retenir plus longtemps dehors. Il ne voulait certainement pas qu'elle prenne mal à cause de lui. Alors il le lui fit simplement comprendre puis la suivit sans un mot. Au long discours de la jeune servante succéda un long silence seulement entrecoupé par les bruits de leurs pas dans la neige craquelée. Bien vite, ils regagnèrent l'enceinte du château puis la chaleur du hall. Efren se laissa ensuite guider vers un endroit qu'il ne connaissait pas, ou si peu. Seuls la longueur et le dénivelé de ces escaliers ainsi que l'odeur d'humidité et de poussière finirent par réveiller sa mémoire.
Il n'était descendu ici qu'une seule fois et ce dès les premiers jours qui avaient suivi son arrivée. Dans un silence cérémonieux, il se laissa conduire jusqu'à ce qu'Anaëlle lui commande de s'arrêter. Là, ses lèvres restèrent closes tandis qu'elle accomplissait son petit rituel personnel. Il entendit le bruit de fleurs séchées puis celui du bouquet frais dont le parfum chassait une partie de cette odeur qui attaquait les sens du jeune aveugle. Il ne dit rien et la laissa faire. Mais lorsqu'elle revint à ses côtés pour observer un moment de recueillement, il se risqua à écarter légèrement un bras dans sa direction. Avec hésitation et douceur, il trouva sa main, s'en saisit délicatement et à mêla ses doigts aux siens. Il ne réclamait rien de plus que de se trouver là à ses côtés. Elle qui ne partageait rien avec personne, elle venait de le faire entrer dans son intimité, lui montrant le seul endroit qu'elle connaissait à l'extérieur du château et le présentant au seul être qui ait compté à ses yeux jusqu'ici. Quant à l'identité de ce dernier, il n'avait pas été difficile de la trouver. De ce qu'il savait, seuls les membres de la famille seigneuriale reposaient ici et Anaëlle était arrivée après la mort du père de Louise. Il ne pouvait donc s'agir que de Dame Elisabeth... Quant à savoir ce qui les unissait exactement, il n'en savait rien mais respectait suffisamment Anaëlle pour ne pas la déranger avec cette question. Il se savait déjà privilégié de se trouver ici à ses côtés... Cependant, l'obscurité du lieu cachait une légère sur ses joues tandis que son cœur pulsait à tout rompre devant ce petit geste innocent mais pourtant pas si anodin que cela que la façon dont il lui tenait désormais la main...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Lun 20 Juil 2020 - 21:00 | |
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Elle n’est jamais venue ici accompagnée de qui que ce soit.
Anaëlle ne sait pas lire, elle ne sait pas écrire, alors la tenue d’un journal est impossible. Les choses qu’elle a à raconter sont trop ignobles pour les confier aux autres, alors elle vient ici, pour en parler au seul être qui a été gentil avec elle avant qu’Efren n’arrive, la mère de Louise, Dame Elisabeth.
Dans la crypte, elle s’est éloignée du jeune homme pour faire ce qu’elle fait presque tous les jours : apporter de jolies fleurs fraîches et balayer le sol pour que tout soit toujours propre, pour qu’il y ait toujours une bonne odeur, pour que les personnes qui descendent parfois ici, comme Dame Louise, puissent trouver un petit réconfort de savoir que quelqu’un prend soin de l’ancienne Dame de Fernel. Anaëlle ne s’en vante pas, personne ne sait ce qu’elle fait, elle ne fait pas cela pour qu’on la remercie, mais parce que cela lui tient à cœur.
Après avoir effectué les petites tâches, elle revient près d’Efren. Elle sent la main de son compagnon chercher la sienne, chercher ses doigts pour les nouer aux siens. Et elle lui cède cette main, sans réellement y voir quoique ce soit de plus qu’un gentil mouvement de réconfort.
- Tu l’aurais aimée, toi aussi, tu sais…
Anaëlle a un sourire un peu triste. Se confier à Elisabeth, à ce gisant souriant et immobile, c’est tellement plus facile que de le faire face à une personne de chaire et de sang qui pourrait tout interpréter de travers, être horrifié, être dégouté par sa personne…Elle a un regard pour Efren puis pour leurs doigts enlacés et ferme les yeux avant d’inspirer profondément. Il est temps de se confier à quelqu’un d’autre mais le risque est immense…Elle en a la voix qui tremble.
- J’ai pas de souvenirs de mes parents. J’étais trop ptite quand ils m’ont laissée sur le bord de la route. Je me rappelle d’une paire de bottes en cuir noir et d’une robe bleue, un beau bleu comme ces petits oiseaux qu’on voit parfois dans les arbres en été. J’ai du trouver un endroit pour me chauffer et manger un peu…Il faisait si froid…Et je portais une robe si légère…Je me souviens de la neige….De la maison du fermier…De ma peur et de ma tristesse. Je me suis cachée dans l’écurie…Il m’a trouvée là le lendemain…
Anaëlle baisse la tête et regarde toujours le gisant :
- Ils n’ont jamais été gentils avec moi. Jamais. Je faisais à peu près tout là bas. Souvent, quand c’était pas fait à leur goût…ils me frappaient…Parfois, ils me frappaient pour rien. Parce que je disais jamais rien. Parce que j’avais pas d’autre endroit où aller. Alors c’était facile. Mais en grandissant, le fermier…Il m’a regardée autrement et la fermière, elle a été contente de me vendre…Quand j’suis arrivée ici…
Les doigts de la servante se serrent convulsivement sur ceux d’Efren avant de les lâcher pour serrer la manche de sa chemise, dans ce geste qu’elle a toujours sans même y penser. Elle ne dit rien pendant de longues secondes, la gorge enrouée.
- …c’était pire. Geoffroy…Il m’a fait des choses horribles. Dit des choses horribles. Efren…Il m’a violée si souvent que je ne savais même plus à la fin si c’était normal ou pas. Je pensais même qu’il faisait la même chose à Dame Louise, parce qu’il m’appelait comme ça, parfois, quand il…
Elle serre si fort la laine usée dans ses doigts qu’un trou se forme. Elle ne le voit même pas, occupée à se détourner un peu d’Efren. Par crainte de voir du dégoût sur son visage. Par honte, aussi, sans aucun doute.
- Dame Elisabeth, c’est un peu la maman que j’ai jamais eu et que j’aurais bien voulu avoir. J’montais dans sa chambre deux fois par jour avec une tisane préparée rien que pour elle par Etienne. C’était pour la soigner qu’il disait. Elle me disait toujours bonjour avec un beau sourire. Elle me parlait parfois, quand elle se sentait si mal qu’elle ne pouvait pas se lever. Alors elle me parlait de son passé, de ses beaux jardins, de ses fleurs favorites, d’un homme dont elle n’a jamais dit le nom…De Louise surtout. Elle en parlait si bien, avec des mots tous doux, toujours. Parfois elle me posait des questions, elle me demandait si j’allais bien…Dans ces cas-là, je disais toujours oui…Parce que Geoffroy aurait su si j’avais cafté…Alors je lui ai jamais rien dit. J’adorais la voir…J’avais l’impression d’être quelqu’un, grâce à elle.
Une larme roule sur sa joue, qu’elle efface d’un revers de la main.
- Quand elle est morte, j’ai continué mes visites. Parce qu’elle était la seule personne à avoir été si gentille avec moi, tout le temps…jusqu’à ce que je déplaise à Geoffroy, ce jour-là…
Elle s’arrête et déglutit avec une grande difficulté, essuyant une autre larme à l’aide de son pouce.
- M’sieur Elazar, il a vu que je faisais des signes à Geoffroy. Alors qu’il m’avait demandé d’être discrète. Je suis montée dans ma chambre, et j’ai prié très fort la Dame pour qu’il ne vienne pas comme les autres jours. Pour qu’il oublie et qu’il pardonne. Mais j’ai pas prié assez fort. Je prie jamais assez fort pour avoir ce que je veux…ça marche jamais, les prières…
Elle avance et pose une main sur la statue de pierre et murmure d’une voix étranglée :
- Il a défait sa ceinture, je n’ai même pas cherché à me défendre, Efren. J’ai juste attendu que ça passe. Si M’sieur Elazar n’était pas intervenu ce jour-là…je serais morte. Et…je n’aurais pas gardé ta main dans la mienne si longtemps…Peut-être qu’à toute chose malheur est bon, finalement…
La jeune servante se tourner vers Efren, intimidée, et le regarde enfin, très inquiète.
- J’ai jamais parlé de ça à personne, Efren…Tu veux bien rester mon ami quand même ?
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mar 21 Juil 2020 - 19:46 | |
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Comme d'habitude, Efren l'avait laissé parler. Il l'avait laissé raconter son histoire si triste et si douloureuse. Il l'avait laissé lui avouer tout ce qu'il savait déjà. Il n'était pas nécessaire qu'il entende tous ces détails... mais elle avait visiblement besoin de les confier à quelqu'un. Quelqu'un qui saurait l'écouter et lui offrir toute l'attention qu'elle méritait. Alors, si cela pouvait lui faire du bien... Et sa conclusion n'était pas aussi horrible que le reste... Parce que tout cela l'avait mené jusqu'à lui. Si Geoffroy ne l'avait pas battue, elle ne se serait pas retrouvée sur son lit et il n'aurait pas veillé sur elle pendant plusieurs jours. De ce fait, elle n'aurait pas non plus cherché à le remercier...
Mais, comment devait-il interpréter ce "à toute chose malheur est bon" ? Jusqu'à quel point ce fâcheux évènement était-il bon pour elle ? Bon pour eux ?...
Finalement, l'aveugle comprend que la jeune fille se tourne vers lui après l'avoir fui si longtemps et il l'entend poser une question dont la réponse la préoccupe visiblement beaucoup. Est-ce qu'elle s'attendait vraiment à ce qu'il lui réponde non ?
-Anaëlle... Soupira-t-il. Puis il s'avança dans sa direction, s'arrêtant à moins d'un pas de la servante. Je savais déjà tout ça. Avoua-t-il. Je le sais depuis que je t'ai sentie te raidir alors que je me tenais près de toi et que tu t'es détendue à la seconde où tu as compris que tout ce que je cherchais à obtenir : c'était ta main dans la mienne... Et tu as dit d'autres choses depuis qui m'ont permis de rassembler les morceaux.
Il n'y avait pas qu'une façon de comprendre ce qu'il se passait autour de soi. Ne pouvant faire usage de ses yeux, Efren avait développé d'autres sens. Mieux que quiconque, il s'était aperçu de ce détail qui aurait échappé à tant d'autres. Mais d'autres n'auraient pas eu à détourer son corps pour trouver sa main... Alors sans doute seraient-ils passés à côté de cette information et les aveux d'Anaëlle les auraient choqué. Mais le jeune Kolhe se trouvait là, sans montrer la moindre once d'horreur, de mépris ou de pitié. Parce que ce n'était pas cela qui l'aiderait à passer à autre chose et à reléguer tout cela à de l'histoire ancienne.
-C'est pour ça que, parfois, je ne sais pas comment agir ou comment te parler. J'ai peur de mal faire et de te rappeler ce que tu as traversé. Et c'est pour ça que j'ai cru t'avoir perdue quand tu t'es enfuie, l'autre jour... J'ai craint d'être allé trop loin et que tu ne veuilles plus me voir.
Cela faisait quelques jours déjà mais il se souvenait l'angoisse comme si elle l'habitait encore. Pourtant, il avait oublié presque chacune des milles questions qu'il s'était posé jusqu'à ce que la servante lui avoue qu'elle avait aimé ce contact mais qu'elle n'avait pas su comment réagir. Cette révélation avait balayé tous ses doutes qui étaient tombé dans les oubliettes aussitôt...
-Et : non, rien de ce que tu as vécu n'était normal. Ce n'est pas ça la vie. Ce n'est pas ça l'amour. Et je te souhaite de le découvrir un jour. Tout en parlant, il avait levé une main. Se repérant à la chaleur dans cette pièce si froide, il n'eut aucun mal à trouver Anaëlle. Une fois à hauteur de son visage, il s'approcha lentement et ses doigts glissèrent sur sa peau en une caresse qui ne s'arrêta que lorsque la joue de la jeune fille reposa dans sa paume. Alors tu comprendras qu'aimer quelqu'un, c'est chercher à lui faire plaisir bien avant de se faire plaisir à soi. De son pouce, il effleura sa pommette délicatement. Et l'autre cherchera à te le rendre au centuple...
Mais cet autre, cela ne devait apparemment pas être lui... Elle voulait qu'ils soient amis. Il respecterait cela. Peut-être qu'elle n'était tout simplement pas prête ou peut-être qu'elle ne le voyait pas comme un candidat potentiel. Serait-il un excellent ami, un confident ou un sorte de grand frère ? Peu importait, si cela pouvait l'aider à se rétablir, il le ferait.
-Quant à moi, j'aimerais être là pour t'aider parce que... Tu comptes beaucoup pour moi. Tu me demandes si on peut rester amis, la réponse est : bien sûr. Je serais tout ce que tu voudras que je sois.
Retenant un soupir, la pression de sa main sur la joue d'Anaëlle allait s'alléger dans un instant et il l'ôterait avant de se reculer d'un pas.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mar 21 Juil 2020 - 21:47 | |
| - Tu…Tu savais ? Et tu es resté tout de même ?
L’incompréhension la plus totale s’affiche sur le visage de la jeune servante. Elle a toujours eu peur d’en parler parce qu’elle s’estime souillée et dégoutante, une fille déshonorée, sans plus aucune valeur. C’est comme ça qu’elle se voit parce que c’est comme cela que le monde l’a toujours dépeinte. Mais..pas Efren. Il a vu qu’elle avait subi bien des choses terribles et il n’a rien dit. Il est resté et a pris sa main. Il n’a pas eu peur. Il n’a pas été dégouté. Il n’a rien dit. Pour Anaëlle, le choc est immense.
- Les filles comme moi, personne n’en veut, même pas comme amie. C’est ce qu’il disait tout le temps…Que je ne valais rien. Que j’devais être contente que quelqu’un comme lui s’occupe de quelqu’un comme moi…Et toi…tu savais…Et tu es resté…
Cette révélation n’est pas anodine. Cela signifie, pour la jeune servante, qu’Efren a donc agi avec elle en parfaite connaissance de la situation. Il a recherché sa présence, il l’a invitée à son anniversaire, il lui a demandé pour la voir…Il a fait tout cela en sachant la vérité et en ayant la délicatesse de ne rien laisser paraître à ce sujet. Se pourrait-il alors que le jeune homme désire réellement être à ses côtés parce qu’il en a envie lui aussi, et pas parce qu’il a pitié ?
- Efren…jamais tu ne pourras me rappeler ce que j’ai vécu. Parce que tu n’es pas un homme comme ça…tu n’es pas un monstre…C’est juste que parfois…j’ai peur…Je sais pas expliquer ce que je ressens, c’est frustrant…
Anaëlle relève la tête en voyant que la main d’Efren se dirige vers elle. Une main qu’elle laisse se poser sur sa joue, sans plus aucune crainte désormais. Elle a confiance en lui, elle le laisse prendre ses marques, faire en sorte que sa joue ne fasse qu’un avec la paume de sa main, alors même qu’il lui parle d’amour.
Et l’amour, pour Anaëlle, est une notion tout à fait abstraite et lointaine. L’amour, elle a pu le voir pendant des mois, grâce à Sylvie et Etienne. Ils n’étaient guère gentils avec elle, mais elle pouvait au moins voir que ces deux-là s’aimaient beaucoup. Ils se le disaient tous les jours, ils avaient des petits gestes d’affection, ils se prenaient la main quand personne ne les regardait…Ils se touchaient le visage, comme le fait Efren en ce moment…Ils…
Les paroles du jeune homme font soudain écho à sa propre attitude, alors qu’elle cherchait plus que tout à faire en sorte qu’Efren soit bien, tout le temps. Chercher à faire plaisir à l’autre avant de se faire plaisir à soi…Si aimer c’est ça, alors, elle aime Efren de tout son cœur. Il sentira sous ses doigts l’intense chaleur en provenance de sa joue. Anaelle est rouge comme une cerise, une fois de plus et, dans un geste tendre, elle garde cette main qu’il allait ôter, posant la sienne par-dessus pour conserver ce contact-là. Elle ne veut pas qu’il s’en aille.
- Tu comptes énormément pour moi, Efren…
Assez pour passer des heures, à la lumière d’une vieille chandelle, à tailler du bois pour lui faire un petit présent. Assez pour lui apporter son petit-déjeuner dans l’espoir de le voir et de lui parler, un peu, chaque jour. Assez pour qu’elle lui laisse l’opportunité de poser sa main sur elle. Assez pour oser, dans un geste timide et un peu tremblant, poser ses doigts frais sur la joue d’Efren, à son tour, sans prévenir, une caresse d’une absolue délicatesse, comme s’il allait se briser sous sa main. Il sentira qu’elle sourit, un sourire un peu tremblant.
- Enormément.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 22 Juil 2020 - 11:52 | |
| Efren n’avait pu que lui sourire presque tendrement devant son ton étonné. Bien sûr qu’il était resté… Quel genre d’homme aurait-il été s’il s’était détourné d’elle pour une chose dont elle n’était pas responsable ? Elle aurait pu se débattre, oui, mais cela n’aurait fait que rendre ses tortionnaires plus sévères et violents. Courber l’échine lui avait certainement sauvé la vie. Il était bien placé pour le savoir, lui qui n’avait jamais baissé la tête alors qu’on menaçait de le rouer de coups. Il n’avait jamais cherché à agir différemment pour autant. Il assumait ce qu’il était, et peu importait qu’on ne le comprenne pas. Sa vie, il la devait à d’autres… Tout comme Anaëlle.
-Geoffroy t’a menti. Il voulait seulement s’assurer que tu lui resterai dévouée. Pars du principe que tout ce qu’il t’a dit est un mensonge. Bien sûr qu’on veut de toi pour amie, et je ne suis pas le seul ici. Et bien sûr que tu es jolie…
L’ancien Conseiller de Fernel avait manipulé cette pauvre enfant en plus d’en avoir fait son jouet. Personne n’avait jamais pris la peine de lui dire des mots gentils mais, pire que cela, on était allé jusqu’à la rabaisser, lui faire croire qu’elle ne valait rien, qu’elle n’était rien… Alors que c’était une personne aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieur qui méritait d’être connue. Elle ne le voyait d’ailleurs pas comme les autres. L’avantage de porter ce bandeau, sans doute. Mais elle lui décrivit sa façon de le voir et cela le toucha.
Alors qu’il allait retirer sa main de sa joue, il sentit celle de la jeune fille venir se poser sur ses doigts. Son cœur rata un battement tandis qu’il exerçait un nouveau contact appuyé sur la peau d’Anaëlle. Et lorsqu’elle reproduisit ce geste sur lui, son palpitant s’emballa brusquement. Il battait si fort qu’il pouvait l’entendre dans ses oreilles et le sentir dans sa poitrine. Elle venait de lui avouer à quel point elle tenait à lui, insistant sur cet adjectif qui le poussait à croire ce qu’il n’était pas certain de comprendre jusque-là. Ses sentiments étaient-ils vraiment partagés ? Poussé par un élan d’émotions, Efren se pencha doucement sur elle, prêt à s’arrêter si elle faisait mine de se reculer. Ses lèvres voulaient trouver les siennes et nul doute qu’avec sa main sur sa joue il parviendrait à destination. Cependant, quelque chose l’arrêta. Il en avait furieusement envie mais il ne pouvait pas. Elle venait de se confier à lui, de lui avouer ses pires secrets. Ne se devait-il pas d’en faire autant ? Surtout s’ils s’engageaient dans cette voie.
Réalisant qu’il s’était immobilisé à quelques centimètres à peine de son visage depuis plusieurs secondes déjà, il se recula légèrement avant de chercher à la rassurer alors qu’elle avait craint qu’il la rejette à cause de son passé.
-Pardonne-moi. Ce n’est pas toi, je te le promets, je… Il hésita une seconde. Comment était-il censé aborder cela ? Il ne s’était encore jamais retrouvé dans une telle situation. Il avait subitement peur de sa réaction et à juste titre sans doute. Mais il ne pouvait pas lui mentir plus longtemps. Pas s’il voulait savourer pleinement ce baiser qu’il s’apprêtait à lui donner. Dans la mesure où elle accepte encore de le lui accorder. Je ne peux pas… Pas alors que tu viens de me parler à cœur ouvert alors que je te cache encore tellement de choses… A toi et à tout le monde. Mais ce que je m’apprête à te dire, promets-moi que, quelque soit ta réaction, tu n’en parleras à personne.
Il attendit qu’elle le lui promette avant de reprendre. Son esprit très actif élabora alors rapidement une stratégie sur la façon d’aborder le sujet. Il ne pouvait pas tout balancer de but en blanc, il devait procéder par étape… Et il avait déjà trouvé la première.
-Et si… Et si je te disais qu’en réalité… je pourrais vraiment te voir si je le voulais ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 22 Juil 2020 - 13:49 | |
| Si le cœur d’Efren est malmené, celui d’Anaëlle n’est pas en reste. Une émotion semblable les étreint tous les deux, au même moment, les amenant à se rapprocher. Anaëlle ne ressent aucune peur, elle est en compagnie des deux êtres qui comptent le plus et ils sont seuls. Un baiser…Un premier et vrai baiser d’amour…Est-ce donc aussi doux qu’on le dit ? Quand Etienne et Sylvie s’embrassaient devant elle, elle détournait toujours la tête, parce qu’elle trouvait cela gênant. Cela arrivait souvent…Ils n’avaient aucune pudeur. Absolument aucune. Anaëlle, elle, en a beaucoup. Et quand Efren s’approche, se penche, elle craint de mal faire, de s’y prendre de travers, mais elle approche aussi, confiante. Elle est prête, elle attend et …rien. Rien du tout. Il recule un peu. Et elle ne comprend pas. La petite servante serre aussitôt la manche de sa robe, agrandissant en silence le trou qu’elle a formé un peu plus tôt. Est-ce qu’il a changé d’avis ?
- …
Comprenant l’embarras et toutes les idées qu’elle pourrait se faire à cause de ce revirement, Efren explique, il explique et ce qu’il dit n’a pas de sens pour Anaëlle. Ce n’est pas sa faute mais il ne peut pas ? Parce qu’il a des secrets ? Elle essaye d’abord de calmer son cœur puis elle baisse la tête, pour murmurer :
- Tout le monde a des secrets. Je t’ai dit les miens, parce que je sais que tu ne diras jamais rien. Alors…je ne dirai rien non plus, je te l’promets…
Elle attend, en silence, inquiète à présent. Qu’est-ce que cela peut bien être pour qu’il soit à ce point mal à l’aise ?
Anaëlle s’attendait à peu près à tout mais pas à ça.
Elle relève la tête et ouvre de grands yeux tous ronds, un peu décontenancée par ce qu’il dit.
- Comment ça, si tu l’voulais ? Tu veux dire…que tu l’fais exprès d’être aveugle ?
La jeune servante penche la tête sur le côté. Une absolue perplexité s’affiche sur son visage encore rosi par l’émotion d’un baiser qui n’a pas eu lieu. Elle a beau retourner la situation dans tous les sens, elle ne comprend pas.
- Efren, je ne comprends pas…Tu veux bien m’expliquer… ?
Elle a peur de passer pour une idiote mais dans son monde, il est impossible de ne pas voir sauf si on est vraiment aveugle alors…comment peut-on être aveugle et voir quand même si on le veut, ça n’a pas de sens…. |
| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 22 Juil 2020 - 19:16 | |
| Un soupire amusé avait étiré les lèvres d'Efren. Oui, tout le monde avait ses secrets. Mais tous n'étaient pas de l'ampleur de celui d'Anaëlle ou... du sien. Cependant, cela suffit à la jeune fille pour lui faire sa promesse et, comme prévu, ses premiers mots la laissèrent perplexe. Cependant, elle ne chercha pas à échapper à sa faible étreinte pour le moment. Tout comme sa main qui demeurait sur la joue de la servante. Il effleura sa peau dans une douce caresse et prit une grande inspiration avant de se lancer. C'était à son tour pour la longue tirade sous les coups de massue de son cœur...
-En fait, je n'ai pas... dix-sept ans et quatre jours mais... Dix-sept ans et cinq ennéades. Il marqua une courte pause avant d'éclaircir son propos. Je suis né pendant la Longue nuit, ou le Voile comme disent les vaanis. Comme elle n'apparaît pas sur le calendrier, nous avons été obligé de ruser un peu sur ma date de naissance. C'était une période où il n'y avait plus que la Lune -alors seule et unique dans le ciel- pour éclairer Miradelphia. Et... J'ai été affecté par cet évènement dans le ventre de ma mère. Je... Maintenant qu'il avait fini son préambule, il se libéra d'un soupir avant d'aborder le sujet. Je suis né sans couleur. Aucune. Nulle part. La potion que tu m'as vu prendre tous les matins, c'est pour me teindre en roux. Ça passe mieux avec ma peau blanche : les roux sont souvent pâles. Sans cette décoction, je serais entièrement blanc, de la tête aux pieds. Quant à mes yeux... On pourrait croire qu'avoir des yeux sans couleur, cela voudrait dire qu'ils blancs aussi... mais non... Cela les rend translucide donc... Ils ont l'air rouges. Parce ce que, ce que l'on voit, c'est mon sang qui circule dans mes iris.
Voilà. Le mystère était révélé. Mais c'était trop tôt encore pour dire comment elle réagissait. Il avait encore tellement à dire... Tellement à expliquer. Cela n'expliquait pas vraiment le bandeau qu'il portait sur les yeux puisque, a priori, cela ne l'empêchait pas de voir. Mais il avait d'excellentes raisons de le faire. Et, dans ce silence sans fin qu'il était pour l'instant le seul à combler, il angoissait...
-Ici, on appelle ça les enfants de la lune. A l'Est, on parle d'albinos. Mais les gens ne savent pas tout cela et on me prend le plus souvent pour un drow ou un sang mêlé. J'ai fait l'objet de pas mal de quolibets... Dans les meilleurs des cas. De menaces, quand j'ai eu un peu moins de chance. Et je ne parle pas de quand je n'en ai pas eu du tout.
Il étira un sourire sans joie même si ces épreuves ne semblaient pas l'affecter plus que cela. Ce n'était pas à lui que l'on s'en prenait lorsqu'on l'insultait, le bousculait ou le passait à tabac. C'était à une communauté avec laquelle il n'avait pourtant aucun lien. Mais tout criminel niera si on lui demande d'avouer sa faute, alors qui pourrait le croire lorsqu'il affirmait ne pas être ce que les gens pensaient ? Mais il s'était relevé, toujours, et il se tenait là, droit comme un i devant Anaëlle, sans trembler à l'évocation de sa propre histoire. Car l'inquiétude qui l'habitait, ce n'était pas celle qu'on le frappe à nouveau... C'était que la jeune fille s'enfuit à nouveau, et pour ne pas revenir cette fois.
-Pourtant, il n'y a pas plus humains que mes parents. Ma mère était lavandière dans un petit village d'Odélian où elle est née. Quant à mon père... Est-ce qu'on peut seulement douter du fait que ce soit mon géniteur ?
La question était purement rhétorique et il la posa avec amusement. La ressemblance entre eux était frappante, et pas seulement du fait de leurs attitudes et de leurs manières. Ils possédaient plusieurs traits physiques communs comme la mâchoire ou le nez.
-Alors... Je cache mes yeux pour éviter qu'on me prenne pour cible. Et, l'un dans l'autre, ça me convient. On traite bien mieux un aveugle par accident qu'un garçon que certains qualifient d'étrange et d'autres de monstre. Sans compter que les gens comme moi et le soleil ne font pas bon ménage. Ma peau brûle très vite et je ne peux pas bronzer donc c'est une lutte sans fin... Quant à mes prunelles, elles sont extrêmement sensibles à la lumière. Avant, je m'en accommodais avec une capuche et en gardant la tête baissée mais revenir en Péninsule m'a forcé à prendre des décisions... Et, à vrai dire, je ne le regrette pas.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Mer 22 Juil 2020 - 21:09 | |
| Elle sent que quelque chose le taraude, le secret a l’air terrible, il a l’air si craintif et résigné à la fois. D’un mouvement de la tête, caressant la main d’Efren à l’aide de sa joue afin de le rassurer et de l’encourager, les yeux clos, elle l’écoute alors, sans l’interrompre jusqu’à ce qu’il révèle enfin son secret. Les paroles qu’elle prononce alors sont celles d’une chanson qu’elle connait, un souvenir d’enfance gravé dans sa mémoire et dans ses rêves, dans cette langue étrange, sans qu’elle sache d’où il provienne mais…
- Le Voile de la Nuit est orné d’une parure de Lune Quand reviendra l’Or des jours de Dunes Auréolant l’Aurore et le Firmament Nous renaîtrons et vivrons en chantant…
Elle a soufflé cela avec douceur peu après ses aveux. Elle rouvre alors les yeux et l’observe avec la plus grande attention. Il sentira sous ses doigts qu’Anaëlle sourit un peu.
- Une chanson…Cela parle de ce Voile…J’étais pas née, j’ai pas connu ça...mais j’sais que ça a eu des conséquences sur tout l’monde. Ça ne fait pas de toi un monstre, ça fait de toi un être rare et précieux…
Anaëlle est parfaitement sincère quand elle dit cela. Elle saisit délicatement la main posée sur sa joue et la garde dans les siennes, pour l'observer. Il est pâle oui. Et après ? Elle l’est aussi. Elle n’est pas monstrueuse pour autant. Elle passe son index tout doucement sur la paume de cette main qu’elle tient avec tant de délicatesse puis le regarde à nouveau. Un Enfant de la Lune. Elle trouve cela joli. Elle sourit encore avant de déposer sa main sur son visage, écoutant la suite, avec intérêt. La jeune servante refuse d’imaginer qu’on ait pu lui faire du mal. Elle refuse de croire qu’Efren a lui aussi souffert à cause d’une raison aussi futile qu’une apparence différente.
A ses yeux, il n’y a pas plus gentil et doux que ce jeune homme. Il ne méritait pas d’avoir été la cible de moqueries ou de bien pire encore.
- Ce monde…Il est rempli de monstres. Je sais à quoi ils ressemblent, les monstres. Et toi, t’en es pas un.
Son autre main retrouve sans la moindre hésitation la joue d’Efren. Devrait-elle être effrayée ? Non. Devrait-elle s’enfuir ? Non…Pourquoi le ferait-elle ? Elle est heureuse qu’il ait partagé son secret avec elle. Parce que cela veut dire qu’il lui fait confiance. Et il a raison. Jamais elle ne trahira son secret. Parce que la jeune servante sait ce que c’est, de garder les confidences. Elle a été entraînée à cela pendant des mois. Et jamais elle ne fera quoi que ce soit qui pourrait le mettre dans l’embarras. Jamais. Il compte beaucoup trop pour elle.
Anaëlle caresse la joue d’Efren, pensive, avant de dire, dans un souffle :
- Quand j’ai soufflé sur ces bougies…à mon anniversaire…J’ai souhaité très fort que tu retrouves la vue…J’voulais que tu sois bien et que tu sois heureux…
Appuyant la main d’Efren sur sa joue à l’aide de sa main libre, elle ajoute, dans un murmure ému :
- Ptêtre…Ptêtre qu’il est temps que tu exauces mon vœu, alors…Est-ce que tu…Est-ce que tu me permets de te voir moi aussi ?
Elle fait référence à ce jour où il a posé ses mains sur son visage pour en appréhender les contours. Pour cela, il faudrait qu’il ôte ce bandeau qui cache constamment ses yeux. La jeune fille ne bouge pas. S’il refuse elle le comprendra très bien et n’insistera pas. C’est déjà bien beau d’avoir partagé son secret. |
| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 23 Juil 2020 - 11:41 | |
| Efren se libéra d’un soupir de soulagement. Aux yeux d’Anaëlle, il n’était ni étrange, ni curieux, ni anormal, ni monstrueux. Il aimait la façon qu’elle avait de le décrire, lui et ses particularités qui le rendait si unique. Il étira un sourire heureux et apaisé. Désormais, elle savait… Et il comprenait qu’il avait bien fait de lui en parler. Avec elle, au moins, il n’aurait plus besoin de cacher ce qu’il était, de répondre de manière détournée ou évasive aux questions, voire de mentir… Il n’aurait pas à lui faire croire qu’il s’était brûlé les rétines dans un regrettable incendie. Il n’aurait pas à lui dire qu’après son accident il ne percevait plus que la lumière. Il n’aurait pas à lui expliquer pourquoi il ne portait aucune cicatrice à la suite de la brûlure…
Alors que la servante permettait à la main du jeune homme de retrouver sa joue, il se mit à la caresser avec plus d’intensité que précédemment. Tout à sa joie de pouvoir vivre cette idylle sans que son apparence ne les freine plus désormais, il voulait lui faire ressentir la tendresse qu’il avait pour elle et qui s’était soudainement décuplée avec ses paroles. Anaëlle lui confia finalement qu’elle lui avait offert son vœu d’anniversaire et il en fut touché. Ils ne se connaissaient alors que depuis quelques heures… et, plutôt que de demander grâce pour sa vie, elle avait souhaité qu’il puisse s’affranchir de ce bandeau. Alors que rien ne l’y obligeait. Cela ne faisait que lui prouver un peu plus à quel point elle avait su garder son cœur pur malgré les épreuves qu’elle avait pu traverser.
A la requête de la jeune fille, il ne sauta pas de joie, bien sûr. Il baissa la tête. Il n’avait pas besoin d’y réfléchir, il savait qu’en lui faisant cet aveu il y avait un risque pour qu’elle lui demande à voir ses yeux. Et sa réponse était toute trouvée. Mais lui dire qu’il était albinos et le lui montrer, ce n’était pas tout à fait la même chose. Après un instant, sa main quitta la joue d’Anaëlle pour rejoindre sa jumelle à l’arrière de la tête de l’adolescent. Là, ses doigts s’attachèrent à défaire le nœud de tissu qui maintenait son bandeau en place. Dès qu’il le sentit se desserrer, il chercha à soulever ses paupières mais il n’avait plus l’habitude de la lumière… Même le peu de luminosité de la crypte l’agressa et il détourna la tête, fronçant les sourcils devant cette sensation désagréable, presque douloureuse. Il recommença, papillonnant des cils pour s’y faire, peu à peu. Dehors, dans la neige, il n’y serait jamais parvenu. Ici, c’était tout à fait réalisable.
Il ne fallut que quelques instants à Efren pour parvenir à maintenir ses paupières ouvertes. Il redressa alors lentement la tête, cherchant d’un regard inquiet le visage d’Anaëlle. Il redoutait sa réaction en découvrant de ses propres yeux le rouge vermeil de ses iris.
Par la même occasion, il pouvait enfin voir les traits de la jeune fille autrement que par l’intermédiaire de ses mains. Ses doigts vinrent remettre une mèche de cheveux en place avant d’effleurer son visage tel que seul un voyant pouvait le faire. Il la couva d’un regard tendre, lui souriant avec affection.
-Je t’imaginais assez bien… Mais c’est encore mieux en vrai. Souffla-t-il alors qu’il ressentait de nouveau l’envie de l’embrasser, le haut de son buste de retrouvant attiré, tel un aimant. Mais il se retint, attendant sa réaction définitive.
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 23 Juil 2020 - 13:29 | |
| Ce qui est différent effraye toujours. Elle le sait, elle l’a toujours su. C’est hélas une réalité dans ce monde qu’ils arpentent tous les deux de façon bien différente et pourtant si semblable, avec la peur comme aiguillon. Elle, la peur des hommes, la peur de leur brutalité et de leur violence, la peur de leurs mains et de leurs gestes, la peur d’avoir faim, la peur viscérale et profondément enfouie de revivre ces cauchemars qui la hantent et dont elle ne parle jamais. Lui, la peur du regard des autres, la peur de leurs réactions, tout aussi brutales qu’imbéciles, la peur du jugement, la peur d’être ce qu’il est. Ces deux être effrayés chacun par une némésis terrible se sont pourtant retrouvés, ici, dans ce souterrain à l’abri du regard du monde, dans de froides ténèbres seulement troublées par une torche vacillante.
A elle les gestes doux et tendres, la caresse simple d’un jeune homme délicat et prévenant, afin qu’elle sache que tous ne sont pas à la semblance de celui qui en a fait un être terrifié par tout et par tout le monde. A elle les mots affectueux, les paroles pleines de compassion et de tendresse, afin de guérir de tout ce que ce monde brutal et abject lui a infligé.
A lui le regard dépourvu de toute répulsion alors qu’il enlève son bandeau et qu’enfin il parvient à la voir en entier, malgré la douleur qu’il en éprouve. A lui la certitude de savoir que ce regard vert fiché dans le sien ne ressent rien de plus qu’une profonde gratitude, un sincère sentiment heureux de le voir sans artifice.
Elle a craint, un instant, que les iris d’Efren ne soient à la semblance de celles de cette créature immense, sombre et au profond regard de sang. Une créature qui lui a voulu du mal. Une créature que dans ses rêves elle mord si fort à la main pour qu’il la lâche que parfois le gout du sang lui revient, au réveil, âcre réminiscence de fer et de sel. Dans ses cauchemars, il n’y a rien que de la violence, la brutalité, un affreux rire sadique et la mort.
Il n’y a rien de tout cela dans le regard hypnotique d’Efren.
Il n’y a rien de plus qu’une légitime inquiétude et puis autre chose de bien plus doux, de bien plus fort.
Les gens sont-ils donc méchants à ce point, de ne pas remarquer tout ce qui se dissimule sous ce bandeau ? Anaëlle, elle, le voit. Elle le voit et ne dit rien. Elle le laisse arranger la mèche de cheveux rebelle derrière son oreille, elle le laisse prendre la mesure de son visage, elle le laisse la regarder tandis qu’elle fait de même, notant la petite variation de couleur, légèrement purpurine, tout autour de ses pupilles. Fascinant. Hypnotique.
- J’me sens privilégiée…de pouvoir te voir comme ça…
Elle lui adresse alors un merveilleux sourire, les joues toutes roses de l’entendre apprécier ce qu’il voit.
- Merci…
La petite servante a une hésitation, quelque chose la pousse à avancer tandis que la peur rôde, la peur de mal faire, mais…le regard tendre et affectueux d’Efren l’enhardit. Avec d’infinies précautions, pas très sûre de ce qu’elle fait ni même si cela sera bien accueilli, elle franchit la distance qui les sépare pour s’approcher de lui et timidement déposer sa main sur son torse, là où bat son cœur.
- Ce que tu es ne se limite pas à tes yeux ou à ta peau…Ce que tu es…est défini par ce que tu fais. Et en cela tu es un homme merveilleux…j’m’en fiche du reste. |
| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 30 Juil 2020 - 19:17 | |
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La main d'Efren était venue se poser sur celle d'Anaëlle, au niveau de son cœur. Elle n'avait pas peur de lui. Peut-être parce qu'il l'avait préparée à cet instant. Peut-être parce qu'elle savait ce qu'elle allait trouver sous ses paupières. Ou peut-être tout simplement parce qu'elle avait appris à le connaître avant de découvrir son secret. Elle savait qui il était avant de savoir ce qu'il était. Peut-être était-ce ce qui avait tout changé. Il ne le saurait peut-être jamais. Quoi qu'il en fut, cet instant lui inspirait lui aussi des mots tout aussi beaux que les siens.
-Et toi, tu es sans doute l'un des plus beaux Souffles qu'il m'ait été donné de rencontrer.
Malgré tout ce qu'elle avait vécu, malgré toute la violence dont elle avait fait l'objet, elle n'était pas devenue comme ses tortionnaires. Elle savait au plus profond d'elle-même que tout ce qu'elle avait subi n'était pas normal d'une manière ou d'une autre. Elle n'avait pas fait de son expérience une vérité qu'elle devait suivre. Elle était douce, attentionnée et ouverte d'esprit. Assez pour accueillir sa différence avec tant de douceur. Et, de lui faire cet aveux, de la voir là devant lui, de l'entendre le décrire, il sentit son cœur se gorger d'un peu plus d'affection encore... Et il se pencha.
Lentement, le visage d'Efren se rapprocha de celui de la belle Anaëlle sans que ses mains n'aient besoin de venir le guider. Lorsqu'il fut trop près d'elle, il ferma les yeux et il remarqua que leurs souffles se mêlaient déjà l'un à l'autre. Il continua sans s'arrêter jusqu'à ce qu'enfin survienne ce baiser dont il les avait privé un peu plus tôt. S'il n'était pas le plus grand des experts, lui savait comment faire. Ce fut très sobre car il n'avait ni l'envie ni la volonté d'aller plus loin. Parce qu'il n'était pas prêt et, par dessus tout, parce qu'elle n'était pas prête. Ce tout premier échange fut bref, ne durant que quelques secondes, avant que son regard ne retrouve les iris vertes de la servante. L'adolescent souriait à pleines dents, heureux comme rarement il l'avait été. Une fois assuré que tout allait bien pour la jeune fille, ses lèvres vinrent retrouver les siennes avec douceur. Il guida sa main un peu plus haut afin de l'inviter à passer ses bras autour de son cou. Il voulait pouvoir la serrer contre lui, demeurant attentif à la moindre de ses réactions malgré le bonheur qui était le sien. Avec délicatesse, il l'enveloppa avec une force à peine tangible afin qu'elle comprenne qu'elle pouvait lui échapper à tout moment si elle le souhaitait. Une main entre les omoplates d'Anaëlle, l'autre dans le creux de son dos, leurs visages se séparèrent enfin après quelques nouveaux baisers. Les yeux aussi rouges que tendres d'Efren retrouvèrent ceux de la belle Anaëlle qu'il étreignait, si frêle contre lui qui n'était pourtant pas très épais.
-Je n'étais pas sûr que ça se produise un jour... Et j'étais prêt à attendre des mois pour le savoir. Je ne pensais pas que tu te sentirais déjà prête. Le jeune Kolhe sembla réaliser que ses paroles pouvaient être mal interprétées et il s'évertua aussitôt à corriger ses paroles. Et je suis prêt à attendre des mois et même des années pour le reste, rassure-toi. Je n'en ai pas besoin et je ne suis pas prêt moi-même. Je voulais juste dire que je suis heureux qu'on en soit arrivé là. C'était... Inespéré.
Loin de lui l'idée de lui jeter la pierre. Il savait ce qu'elle avait vécu et il aurait fait preuve d'autant de patience que nécessaire pour pouvoir un jour lui dire ce qu'il ressentait. Finalement, cela s'était produit alors qu'il voulait seulement lui faire savoir qu'elle pourrait toujours compter sur lui et sa déclaration en retour avait achevé d'ébranler ses doutes au sujet des sentiments de la jeune fille à son égard. Du revers des doigts, il effleura de nouveau sa joue. Ses étreintes et ses baisers le remplissaient déjà de bonheur, il n'avait pas besoin que cela aille plus loin et son regard ne témoignait que de sa tendresse, allié à un soupçon de crainte quant au sujet qu'il venait d'aborder. Mais il voulait qu'elle n'ait aucun doute quant à ses intentions : Il n'attendait rien d'elle.
-Je veux simplement être avec toi.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Ven 31 Juil 2020 - 9:59 | |
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Lorsqu’Efren pose sa main sur la sienne, Anaëlle regarde leurs doigts unis. Elle sent sous ses doigts les mouvements rapides du cœur, elle a ensuite un regard pour lui, pour ce visage qui se rapproche du sien, qu’elle approche du sien. Lorsque leurs lèvres se touchent enfin, dans un frôlement si subtil, si délicat, elle ferme les yeux à son tour et se laisse emporter par la douceur du moment, un moment unique qui lui ravit le cœur, tout autant que son souffle. Anaëlle a été maintes fois embrassée, toujours contre sa volonté, sans ménagement, parfois jusqu’au sang. La douceur d’Efren, cette caresse tendre, tout cela est nouveau. C’est son premier baiser, le premier qu’elle donne de son plein gré et le premier qu’elle reçoit sans la moindre peur. Tous ces affreux souvenirs s’effacent sous le geste. Il n’y a plus que lui.
Lorsqu’il se recule un peu pour l’observer, il ne verra rien de plus que des joues roses, un sourire heureux et des iris d’émeraude posées sur les siennes, brillant de joie timide. Elle n’a aucune intention de s’enfuir, de le fuir, elle est heureuse de partager cela avec lui, ici, en présence de la seule personne qui ait jamais été une famille pour elle. Désormais, elle a un souvenir heureux. Quelque chose de beau à raconter, une pensée positive, cela l’émeut au-delà de toute expression.
Lorsqu’il guidera sa main pour la poser dans son cou, elle accompagne le mouvement, la déposant sur la nuque tout en finesse, alors qu’il la serre contre lui pour de nouveaux baisers. Elle se sent tellement bien là, entre ses bras. Protégée. Elle répond à ces baisers, de pures caresses de souffle, le cœur gonflé d’affection et de plaisir. C’est tellement agréable, tellement doux…Elle resterait volontiers là des heures, sans s’arrêter.
Quand il la regarde de nouveau, elle lui sourit tendrement, posant une main sur son visage, cherchant le contact de ses yeux sans la moindre gêne, sans la moindre honte.
- Tu sais…J’ai toujours pensé que ce genre de choses, c’était pour les autres. Pas pour une fille comme moi…
Elle passe son pouce sur la peau fine juste sous l’œil, avec un ravissement qu’elle ne cherche même pas à cacher. Elle le trouve beau. Si beau…
- …mais être comme moi ne m’empêchait pas de rêver, parfois. J’suis heureuse Efren. Heureuse d’être là…
Anaëlle se blottit alors contre lui, à la manière d’un petit chat. Elle ne pourra pas les retenir. Les yeux clos, de petites larmes de joie pure coulent sur ses joues. Il a effacé bien des choses par ses paroles et par ses actes. Il a lavé, d’un baiser, des souvenirs honteux pour lui en offrir un nouveau, un moment magique qu’elle ne pourra jamais oublier. Elle essuie du bout des doigts ces larmes de joie, en songeant à ce « reste » qu’il évoque. Non, elle n’est pas prête, tout comme lui ne l’est pas non plus, mais si cela doit changer…elle le lui fera savoir. Tout ce qui importe, c’est d’être avec lui, de sentir sa chaleur et sa présence à ses côtés. Elle n’a besoin de rien de plus pour l’instant. Se savoir respectée est important. Crucial. Et elle remercie Efren pour ses paroles en lui prenant la main, la tête posée sur son torse. Il saura qu’elle approuve ce qu’il dit, de cette manière.
- C’est tout c’que j’veux aussi…Est-ce que ça veut dire que j’peux apporter ton petit-déjeuner tous les matins, désormais ?
Elle pouffe d’un léger rire espiègle contre lui, avant de nouer ses doigts aux siens.
- Nous aurons quelques minutes pour nous voir, tous les jours, comme ça…Sans devoir nous cacher.
Elle imagine l'embarras que cela serait de s'afficher ainsi aux yeux de tous, pour lui. Monsieur Aaron ne serait probablement pas content de les voir ensemble, qui sait? Et Dame Louise...Et les autres serviteurs...Peut-être que la discrétion est de mise. Impossible pour elle de savoir ce que pourraient en penser les autres résidents de Fernel, après tout...Et si Monsieur Aaron désapprouvait…?
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Lun 3 Aoû 2020 - 20:00 | |
| Efren avait enlacé un peu plus Anaëlle tandis qu'elle était venue se blottir contre lui. Il voulait qu'elle se sente en sécurité dans ses bras parce que c'était tout ce qui comptait à ses yeux : qu'elle se sente bien avec lui. Alors son étreinte était des plus sage, et quoi de plus normal pour un jeune homme encore inexpérimenté et qui n'était pas pressé de le devenir ? Une main derrière sa tête, l'autre dans son dos, il la serrait avec une tendre douceur. Et lorsque la jeune fille vint chercher sa dextre, il se laissa faire et entremêla bien vite ses doigts aux siens. Elle approuvait. Elle approuvait mais était incapable de le formuler autrement que par ce simple geste. C'était dire à quel point elle était loin d'être prête. Il vint alors poser sa mâchoire sur sa tête. Il savait que ce serait long mais ce n'était pas grave. Lui pouvait être prêt en quelques ennéades, cependant, l'idée d'attendre ne le dérangeait pas. Parce qu'elle en valait la peine. Et jamais il ne lui ferait ressentir le moindre empressement, même si cela devait prendre deux ans. Elle avait déjà trop souffert...
Anaëlle lui offrit de recommencer à lui apporter son petit déjeuner. Pourtant, le matin-même, il lui avait demandé d'arrêter. Pourquoi pensait-elle qu'il accepterait plus facilement cette fois ?
-Je n'avais déjà pas très envie que tu me serves avant, c'est encore pire maintenant. C'est même tout simplement hors de question.
Si Anaëlle devait désormais être sa petite amie, il n'était même pas envisageable pour lui qu'elle continue de jouer les servantes. Mais il fallut qu'elle rajoute quelques mots pour qu'il comprenne quelles étaient ses intentions. Il invita alors la jeune fille à se redresser pour pouvoir la regarder dans les yeux.
-Attends... Tu envisages... qu'on se cache ?
Il aurait encore plus l'impression d'être Geoffroy... Anaëlle officiellement servante mais bien plus une fois dans l'ombre... C'était définitivement non pour lui. Cependant, il ne comprenait pas vraiment pourquoi elle craignait de s'afficher avec lui. Et puis, il se souvint qu'elle lui avait dit qu'il était "quelqu'un" et que, par opposition, elle n'était rien. Il soupira tout en la regardant d'un air triste et contrit. Il porta une main jusqu'à sa joue qu'il caressa.
-Anaëlle... Mon père n'est Conseiller que par un concours de circonstances. Avant ça, il était mercenaire et je me contentais de le suivre. Aujourd'hui, je ne suis que le fils du Conseiller, je ne vaux pas plus que toi. Et puis, je te rappelle que tu es camériste. Ce n'est pas rien comme poste. Fit-il avec un sourire qui se voulait rassurant.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Jeu 6 Aoû 2020 - 19:36 | |
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La petite servante se sent tellement bien là, en sécurité. Blottie contre lui, elle sourit en secret, heureuse de savoir qu’il y a quelqu’un en ce monde qui tient très fort à elle. Quelqu’un qui n’a pas peur de son passé et qui l’accepte telle qu’elle est. Un homme qui ne cherche à prendre ce qu’elle refuse de donner, un homme gentil et doux, à l’écoute et présent tout en douceur et en délicatesse. Que c’est agréable et tendre d’être respectée de la sorte, sa main dans la sienne, avec un naturel désarmant. Les yeux clos, elle inspire profondément et grave cet instant unique dans sa mémoire, par-dessus les cicatrices laissées par d’autres. Tout n’est pas mauvais en ce monde, il y a de beaux moments, de belles personnes également. C’est ce qu’elle se dit.
Il refuse qu’elle lui apporte son déjeuner. Anaëlle se mordille un peu la lèvre, contrite. Du moins jusqu’à ce qu’il la redresse pour qu’elle le regarde. Visiblement, elle a peut-être dit une sottise. Une rougeur s’affiche sur ses traits bouleversés de l’avoir peut-être offensé par cette proposition.
- Mais…Que vont dire les gens, Efren ? Et ton père ? Et Dame Louise ? Ils se poseront des questions, peut-être même qu’ils refuseront que l’on se voie…Parce que je n’ai rien à t’apporter, moi. J’ai pas de parents, plus de famille, tout ce que j’ai, c’est tout ce qu’on a bien voulu me donner. J’sais même pas lire, j’sais pas écrire, et j’ai aucun talent utile alors que toi t’en as plein. Tu vois ? Ptêtre que ton papa…il voudra quelqu’un de mieux que moi pour toi…ptêtre qu’il verra tout ça d’un mauvais œil, qu’il pensera même que je cherche à te…à te…j’veux pas dire ces mots là…mais avec tout ce que j’ai enduré, ptêtre qu’il pensera que je cherche juste à…
Elle regarde ailleurs, toute rouge désormais, avant de baisser les yeux, malgré sa main posée sur sa joue.
- J’fais tout le temps des erreurs. J’suis maladroite, Dame Louise doit tout le temps m’expliquer des choses qu’elle a déjà expliqué plein de fois. J’sais pas faire un nœud correct, je casse des trucs, je me sens empotée. J’dois être la pire camériste du monde et pourtant elle me garde, pasqu’elle a pitié, je le sais. Et si un jour elle décide de me renvoyer hein ? Malgré mes efforts…Elle peut pas garder un boulet comme moi à son pied, même si c’est d’la pitié…J’pourrai même pas lui en vouloir, y a des jours où je m’agace moi-même alors…Tu crois qu’elle verrait d’un bon œil que je sois tout l’temps avec toi ? Ptêtre même qu’elle va penser que ça m’empêche de faire correctement mon boulot…
Elle serre ses doigts entre les siens, plus petits et ajoute, d’une voix un peu troublée par la peur et l’angoisse :
- Je veux pas être un problème, j’veux faire les choses bien. Mais…J’ai peur. J’ai peur que si les gens devinent ce qu’il se passe, ils essayent de t’en décourager en te racontant des choses, en te montrant à quel point j’suis nulle. C’est ce qui est arrivé à chaque fois, Efren. A chaque que quelque chose de bien m’arrive, y a toujours quelque chose ou quelqu’un qui me l’enlève. Toujours. Et j’veux pas te perdre…Alors oui…J’pensais que se cacher, c’était ptêtre mieux, mais j’ai pas pensé que ce n’est ptêtre pas ce que toi tu veux…Alors on fera comme tu voudras. Parce que je te fais confiance.
Elle prend la main d’Efren et la serre entre les siennes avant d’y déposer un baiser et de la replacer sur sa joue, le regard plein d’espoir. Anaëlle n’est pas idiote, ni méchante. Elle essaye de faire ses preuves, tous les jours, mais ce n’est pas toujours facile quand on a si peu confiance en soi…
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Même en hiver, les bourgeons s'épanouissent | Anaëlle & Efren Ven 7 Aoû 2020 - 11:30 | |
| Efren découvrit bien vite ce qu'Anaëlle redoutait réellement. Ce n'était pas seulement le fait qu'ils ne soient pas tout à fait de la même condition à ses yeux. C'était ce que les gens penseraient de cette relation, à commencer par Louise et Aaron, les deux personnes les plus influentes de Fernel. Croyait-elle réellement que, parce qu'elle avait été victime d'actes atroces, cela la rendait impure à leurs yeux ? Ne voyait-elle pas que tout le monde dans ce château s'en voulait de ne pas avoir vu plus tôt ce qu'il se passait ? Ce qu'elle subissait dans la pièce juste à côté... L'adolescent était persuadé que tous seraient ravis de la voir se remettre de cette mésaventure et aller de l'avant. Mais il ne pouvait pas l'en convaincre et encore moins lui forcer la main... Elle devrait le constater par elle-même.
-Que tu quoi ? Que tu cherches à te mettre à l'abri ? A t'aliéner quelqu'un d'important ? Je suis certain que personne ne pensera cela, et tu sais pourquoi ? Il lui caressa doucement la joue. Parce que tu es incapable de mentir. Et cette étincelle dans ton regard, la tendresse dans chacun des gestes que tu as pour moi depuis tout à l'heure... Tu ne peux les avoir inventés, toi qui n'a jamais connu tout ça jusque là. Tes sentiments sont aussi réels que les miens et ça se lit sur ton visage.
Il pensait chacun des mots qu'il prononçait. Il avait douté longtemps de ce qu'elle ressentait, en partie aussi parce qu'il avait peur de commettre un impair et de la perdre à tout jamais. Mais maintenant que tout était clair entre eux, c'était d'une évidence... Depuis qu'elle lui avait dit tenir "énormément" à lui et, surtout, depuis le premier baiser qu'ils avaient échangé. Mais Anaëlle avait tant de craintes autres que leur relation... Efren avait l'impression qu'elle avait peur de tout, tout le temps. Mais comment pouvait-elle parvenir à réaliser quelque chose correctement alors qu'elle était hantée par la peur de l'erreur... A trop se focaliser sur l'arbre qu'on voudrait éviter, on finit par se le prendre...
-On fait tous des erreurs. Tu apprends, tu fais des efforts, je suis sûr qu'elle le sait et qu'elle aura la patience de te garder aussi longtemps qu'il le faudra. Tu te focalises peut-être trop sur les erreurs que tu pourrais commettre et pas assez sur ce que tu as à faire justement. Parce que les erreurs étaient synonymes de punition pour toi jusque là. Tu dois apprendre ce que tu risques si tu te trompes, aujourd'hui, et tu verras que tu peux te détendre parce qu'on ne te fera rien. Tu renverses un verre ? Eh bien tu le redresses et tu nettoies, c'est terminé. Tu le fais tomber par terre ? On te demandera de balayer. Le pire qu'il puisse t'arriver, c'est qu'on le retienne sur ta paie parce que c'est le dixième que tu casses en une ennéade... mais tu seras toujours nourrie et logée donc ça n'affectera pas plus que cela ton quotidien. Tu dois apprendre que tu es en sécurité... Et pas seulement avec moi.
Joignant le geste à la parole, Efren avait de nouveau enlacé la jeune femme pour qu'elle retrouve la sérénité qu'il avait ressenti chez elle un peu plus tôt. Elle n'avait définitivement plus peur de lui et se sentait bien à ses côtés. Il voulait qu'elle se sente apaisée alors qu'il évoquait les potentielles bêtises qu'elle pourrait faire et leurs conséquences qui n'avaient finalement rien de fâcheuses. Faire des erreurs, cela arrivait à tout le monde. Tout un chacun savait qu'il n'y avait pas mort d'homme mais l'adolescent comprenait que les choses n'étaient pas aussi évidentes pour Anaëlle. Il voulait simplement l'aider à intégrer ces nouvelles notions qui régissaient sa vie. En revanche, lorsqu'elle céda à sa requête, cela ne lui plut pas pour autant...
-Non... Ecoute... Personnellement, je ne me suis jamais soucié du regard des autres et je ne vais pas commencer maintenant. Dame Louise est peut-être la Maîtresse en ses lieux mais la vie privée de ses gens ne la regarde pas. Quant à mon père, je t'assure que c'est le cadet de tes soucis. Du moment que tu es sincère et que je suis heureux, le reste n'a aucune importance pour lui. Je suis sûr qu'il sera ravi de voir que tu vas mieux, au contraire. Comme tout le monde d'ailleurs. Mais ce n'est pas à moi de prendre la décision, tes sentiments comptent aussi. Nous sommes deux maintenant. Conclut-il dans une nouvelle caresse sur sa joue.
Efren se rendait compte qu'il parlait comme si leur couple était fait pour durer. Pourtant, il était si jeune... Et eux avaient toute la vie devant eux mais cela lui semblait si naturel. Peut-être que leur relation s'éteindrait dans quelques mois ou quelques années ou peut-être jamais... mais, en attendant de la savoir, il voulait faire comme si... Qu'elle découvre l'amour et le quotidien quand on était deux. Qu'elle apprenne le respect qui existait, même de la part de son partenaire, afin qu'elle ait une référence si jamais cette histoire devait prendre fin. Mais, pour l'heure, tout ceci n'était pas au programme. Ils devaient simplement profiter de ce moment, ensemble.
-Alors, si tu ne te sens pas prête à ce qu'on s'affiche tous les deux, ne le faisons pas pour l'instant. Et tant pis si Max continue de me tanner pour que je vienne t'avouer mes sentiments. Ajouta-t-il avec amusement. On peut se voir comme des amis et partager des soirées tous les deux, sans doute pas tous seuls hélas mais on pourra certainement se trouver quelques heures d'intimité. Comme... Pendant des leçons... Si tu veux apprendre à lire, à écrire et à compter, je peux t'aider. Il marqua une pause après sa proposition puis continua. Et puis, quand tu te sentiras prête, on pourra en parler à quelques personnes. Des personnes proches. Peut-être que leur réaction te rassurera et que tu te sentiras de t'exposer un peu plus avec moi... Mais je ne veux pas que tu te sentes forcée de faire quoi que ce soit avec moi. Mes envies ne seront jamais au détriment des tiennes, d'accord ?
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