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| [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren | |
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Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mer 10 Fév 2021 - 8:27 | |
| 8ème ennéade Printemps, Barkios 18:XI
Le jour décline déjà et Efren le sent bien. Les yeux bandés, il essaie de garder plus souvent les paupières ouvertes sous le tissu afin de ne pas trop souffrir lorsqu'il le retire le soir venu. Sa chambre est toujours au même endroit mais elle a changé. Elle n'appartient plus à un adolescent intellectuel et solitaire mais à un couple. Dans son armoire, il a fait de la place pour y recevoir les affaires d'Anaëlle. Lesquelles ? Eh bien, les robes qu'il lui a acheté. Rien de très extravagants ni de très coûteux. Il gagne sa vie comme architecte et inventeur pour le château mais il est privilégié de pouvoir vivre dans la forteresse. Et puis, ce qu'il a acheté, il l'a fait en accord avec sa jeune fiancée, pour qu'elle n'est plus l'impression d'être une souillon. Il veut seulement qu'elle se sente bien, au quotidien, et qu'elle n'est plus honte d'elle-même. Dans l'espace de toilette, il y a un peu de changement aussi. Brosse à cheveux, peigne décoré, onguents pour cheveux, rubans et épingles sont venus s'ajouter à ses quelques accessoires masculins. Il n'y a plus un mais deux valets pour accueillir leurs vêtements et une chemise de nuit repose à côté de sa tenue de lit. Les sculptures de bois décorent à présent les étagères chargées de livres et de maquettes. La vie de couple lui convient parfaitement et le comble chaque jour, que ce soit avec tendresse ou avec passion. Il ne doute pas un instant d'avoir fait le bon choix en se fiançant à Anaëlle et il est convaincu qu'elle est la femme de sa vie.
Ce soir-là, il travaille à son bureau, essayant de trouver comment faire fonctionner un mécanisme de levée miniature qui ne semble pas réagir comme il le devrait. Lorsqu'il entend le loquet de la porte, il s'arrête et tend l'oreille. Le froissement de tissu lui indique que c'est une femme qui vient d'entrer et, étant donné qu'elle n'a pas frappé, il sait déjà de qui il s'agit avant même que la clef ne tourne dans la serrure pour les protéger des intrusions de Max.
-Bonsoir mon amour. Dit-il avec douceur.
Il pose alors ce qu'il a dans les mains et retire son bandeau. Il fronce un peu les sourcils. Si cela ne lui fait pas forcément mal avec la luminosité actuelle, ce n'est pas agréable pour autant. Alors qu'il ne peut encore ouvrir complètement les yeux, il tend déjà une main vers sa compagne pour l'inviter à le rejoindre. Si elle l'accepte, il la fera s'asseoir sur ses genoux pour l'enlacer avec douceur et tendresse. Elle lui manque tous les jours et ne pas pouvoir la voir est une frustration pour lui car il a le sentiment de ne pas se trouver sous le même toit qu'elle...
-Tu as passé une bonne journée ?
C'est une habitude qu'il a depuis qu'ils sont ensemble et plus encore depuis qu'ils partagent la même chambre. Chaque soir, il l'invite à lui parler d'elle et de ce qu'elle a fait de sa journée. Parfois, il ne s'est rien passé d'extraordinaire. D'autres fois, elle a beaucoup à lui raconter...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mer 10 Fév 2021 - 12:52 | |
| …comme ce soir.
La journée a été particulière pour la servante. Un peu éprouvante, quelque peu gênante aussi, par moments. Lorsqu’il l’invite à le rejoindre, elle n’hésite pas une seconde et répond à l’appel, prenant place sur ses genoux pour l’enlacer tendrement, posant sa tête sur son épaule, les yeux fermés. Un petit instant de doux silence, pour laisser passer les émotions de la journée et pour inspirer profondément cette odeur qui est la sienne, qui lui arrache un petit sourire. C’est le meilleur moment de la journée, ce moment-là, quand elle le rejoint une fois ses tâches accomplies et que la châtelaine lui rend sa liberté pour la nuit.
- La journée a été étrange…
Elle rouvre les yeux puis se redresse pour lui donner un long baiser calme, retrouvant toute son énergie par ce simple contact. La camériste pose une main tiède sur la joue de son fiancé et ajoute :
- Un voyageur est arrivé au château aujourd’hui. Un jeune homme…J’crois qu’il est un peu plus âgé que toi…
Elle prend les doigts d’Efren et les triture, pensive, encore perturbée par ce qu’elle a vu. Elle sait qu’elle peut tout dire à son compagnon mais il y a tout de même des sujets un peu sensibles.
- Il était tout sale, avec des habits troués. Dame Louise m’a demandé de m’en occuper, pendant qu’elle allait donner des ordres…Alors je l’ai mené à la salle d’eau pour qu’il puisse se débarbouiller et je suis allée voir Max pour qu’il me donne des habits propres.
Jusque là, rien de bien extraordinaire. La charité et l’hospitalité sont deux valeurs chères à la châtelaine. Elle n’a fait que répondre à des demandes qu’aurait de toute manière formulées Louise. C’est juste que…
- Efren, je sais pas comment te dire ça. Ce garçon, il vient de Thaar. Il vient de Thaar et il a le corps couvert de marques, de morsures, de cicatrices et de brûlures au fer rouge. On lui a enlevé le...les...ses trucs de garçon. Y a plus rien...Juste des plaies horribles...
Elle serre les doigts avec émotion.
- Il pleurait. Il a pleuré toute la journée…Il dit que c’est la prêtresse de Kiel qui lui a fait ça.
La servante regarde alors son fiancé et murmure :
- Des Drows.
Cela n’est pas sans rappeler sa propre mésaventure, celle qui la hante depuis tant d’années, y compris dans ses cauchemars, celle de ce géant aux yeux rouges dont elle mord la main si fort qu’il en saigne. Le gout de ce sang lui est resté en bouche, elle s’en souvient très bien.
- C'est son esclave. C’était un petit voleur. Comme moi. Comme mon frère…ça m’a bouleversée.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 11 Fév 2021 - 8:23 | |
| Même s'il n'est pas encore tout à fait prêt à ouvrir les yeux, Efren se force pour pouvoir plonger son regard dans celui d'Anaëlle et lui faire sentir qu'il l'écoute, qu'il est là pour elle. Il la sait perturbée à sa voix et à la façon dont elle manipule ses doigts à lui. Une part de lui est particulièrement heureux car il n'a pas eu besoin d'insister pour qu'elle se confie à lui et sa main libre caresse son dos pour l'inviter à ne pas s'arrêter. Elle s'ouvre à lui d'elle-même et profite de l'appui qu'il lui offre depuis toujours. Cependant, ce n'est pas cette joie qu'il exprime pour le moment. Outre ses sourcils légèrement froncés à cause de la gêne persistante que lui oppose la lumière ambiante, il est particulièrement sérieux et attentif à ce qu'elle lui raconte. Il comprend que tout ce qu'elle a vu et entendu la trouble, il y a de quoi après tout. Lorsqu'elle a terminé, sa main libre remonte jusqu'à la joue de sa fiancée et la caresse du revers de ses doigts.
-Je suis désolé que tu aies dû voir ça, mon amour. Dit-il, sincèrement attristé.
Savoir que cela existe est une chose. En être témoin en est une autre... Anaëlle a beaucoup souffert mais pas de la même façon que cet homme. Elle a été battue, il a été torturé. Elle a été violée, il a été castré. Efren entend aussi la référence aux drows et il n'oublie pas l'histoire de sa compagne. Elle ignore toujours qui était ce sombre et ce qu'il lui voulait. Elle aurait pu connaître un sort similaire à celui de cet esclave. Cela lui a sans doute effleuré l'esprit.
-Je comprends que tout ça te perturbe, les drows peuvent se montrer particulièrement cruels. Ce que cet homme a subi était probablement gratuit...
Un esclave peut être bien traité comme n'être pas mieux considéré qu'un objet. La jeune servante le sait bien, elle l'a connu avec Geoffroy. Qu'est-ce qu'un maître retire de faire souffrir son serviteur de la sorte ? De lui enlever ce qui fait de lui un homme ? Sans doute rien, à part le fait de lui faire savoir qu'il vaut moins qu'un homme car il n'en est même plus tout à fait un. Efren ne connaît pas forcément bien les sombres mais il a appris quelques petites choses en Ithri'Vaan. De tous les Dieux qu'ils vénèrent, il sait que Kiel est l'un des plus violents. Cet inconnu a joué de malchance en se retrouvant au service de l'une de ses prêtresses... L'albinos enveloppe sa bien-aimée de ses bras protecteurs avec douceur, contrastant significativement avec ce dont elle a été témoin. Ce n'est pas un grand guerrier ni un mage. Il ne sait pas se défendre si on l'agresse. Cependant, il fait de son mieux pour qu'elle se sente à l'abri à ses côtés. Le fait qu'ils soient officiellement en couple et même fiancés la protège bien plus qu'elle ne l'était autrefois. Ils n'en demeurent pas moins des gens du peuple mais ils sont libres et proches d'une noble dame. Ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles.
-Tu es en sécurité aujourd'hui. Et si tu t'inquiètes de savoir ce qu'il est advenu de ton frère, tu sais que je suis prêt à t'aider.
Il lui a déjà offert de l'assister si un jour elle souhaitait partir sur les traces de son passé. Que ce soit pour connaître son histoire, combler les trous laissés par ses cauchemars ou retrouver sa famille, il ferait ce qu'il faudrait pour lui apporter son soutien, ses connaissances et même son réseau de relations dont elle ignore encore la teneur. Il leur tarde de réaliser leur projet de vie mais Efren peut le mettre entre parenthèse si elle ressent le besoin de faire se voyage d'abord. Une fois qu'ils seront installés, ce sera beaucoup plus difficile de tout arrêter pour mener cette quête à bien sans risquer de détruire ce qu'ils auront entamé.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 11 Fév 2021 - 13:04 | |
| Elle pose sa tête sur l’épaule d’Efren et ne dit rien pendant un long moment.
Anaëlle a été forte, courageuse. Elle a aidé ce garçon de la seule façon qu’elle pouvait le faire : avec son cœur. Voir cette souffrance, ces pleurs, ça l’a ramenée à sa propre expérience et si désormais elle parvient à l’évoquer sans trop de crainte, il n’empêche que de douloureux souvenirs se rappelés à elle, en le voyant si seul, en larmes, dans la cuve ou sur le tabouret chez le guérisseur du village.
- Je l’ai aidé parce que je sais qu’être tout seul. Je lui ai tendu la main, comme tu l’as fait pour moi. J’crois que ça l’a aidé un peu.
Elle joue toujours avec les doigts de son fiancé.
- Il est installé dans une des petites chambres près de la salle d’eau. On dirait que personne n’a jamais été gentil avec lui…
La petite servante se redresse enfin et regarde son fiancé quelques instants en se disant qu’elle a beaucoup beaucoup de chances de l’avoir rencontré. Neera seule sait ce qu’elle serait devenue si le conseiller Aaron et son fils n’avaient pas mis un pied au château…Un frisson désagréable parcourt un instant son dos avant qu’elle ne baisse à nouveau la tête.
Rencontrer ce garçon, c’est aussi la replonger de manière assez brutale et directe dans ce qui a été autrefois sa vie à Thaar. Ce petit garçon à peine plus âgé qu’elle, aux cheveux noirs et au regard de velours, habillé comme elle, d’une tunique qui a été beige avant de se couvrir de l’inévitable saleté des rues. Sa propre figure à elle, qu’elle voyait parfois dans les bacs remplis d’eau, disposés pour les chevaux. Les courses à pieds nus. Les poursuites aussi. Les rires des autres enfants qui vivaient avec elle, les disputes, les bagarres, dans lesquelles son frère se retrouvait toujours pour la défendre. Ce gros fruit rouge mangé dans un coin de ruelle, après avoir été coursé par le commerçant qui les a surpris en plein vol. Ce géant aux yeux rouges. Ses cheveux blancs. Sa main qui doit porter la marque d’une morsure entre son pouce et son index, un petit croissant de lune en pointillés…Et les cris de son frère, emporté par la créature, tandis qu’elle fuyait, comme le vent.
- C’était il y a longtemps…Et en admettant même qu’il ait survécu – ce dont je doute-, il aurait l’âge de ce garçon qui dort là bas, à peu près. Il ne se souviendrait sans doute pas de moi…J’ai déjà tellement de mal à m’en souvenir moi-même…
Elle soupire avant de le regarder, un peu perplexe, indécise.
- Une part de moi désire savoir ce qui lui est arrivé, une autre s’y refuse. Je crois que je serais heureuse de revoir Thaar. Et je crois que je serais terrifiée, dans le même temps. Tu crois que c’est normal ?
La rouquine plisse un peu les lèvres, comme si elle était en train de dire une bêtise.
- Comment le retrouver ? Je ne sais même pas par où commencer…Je ne connais personne et mes souvenirs sont trop flous…Et ce garçon, ce voyageur là ? Comment l’aider ? S’il retourne là-bas, il mourra…Son corps, Efren…Ce n’est qu’une seule plaie, c’est horrible. Comment peut-on être aussi méchant…
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 11 Fév 2021 - 16:08 | |
| Efren n'a pas eu la moindre réaction lorsqu'elle a évoqué le fait d'être venu en aide à cet homme au point qu'elle l'ait vu nu. Il a confiance en elle et se soucie davantage de ce qu'elle a pu ressentir que d'autre chose. Il n'a pas de raisons d'être jaloux ou inquiet au sujet des attentions que d'autres pourront porter à sa fiancée. Il pourrait... si leur relation ne se passait pas aussi bien. Mais il n'a pas le moindre doutes au sujet d'Anaëlle, même en mettant de côté son histoire tragique et douloureuse.
-Si tu veux, on peut s'en occuper avec Max demain. On pourrait lui faire faire un tour du village ou simplement passer du temps avec lui dans la grande salle ou ici. Si ça le tente, bien sûr.
Rester sans rien faire lorsqu'il sait que quelqu'un a besoin d'aide, cela ne lui ressemble pas non plus. Lorsque jeune servante logeait dans sa chambre, blessée, il a passé beaucoup de temps à discuter avec elle et à la distraire pour qu'elle oublie la douleur de son dos et le traumatisme de ce qu'elle a vécu. Il a essayé d'être un baume pour son corps et pour son cœur, sans deviner le lien qui se tissait entre eux. Il a un humour un peu sarcastique mais étrangement doux qui les a bien aidé à l'époque.
Efren entend l'ambivalence dans les sentiments de sa compagne. Entre crainte et désir, il est souvent difficile de choisir et, s'il n'en parle pas, il connaît cela lui aussi. Alors, quand elle lui demande si ce qu'elle ressent est normal, il sait parfaitement quoi lui répondre.
-J'aimerais pouvoir sortir de cette chambre tel que je suis vraiment. Sans coloration ni bandeau. Et en même temps, je redoute de me retrouver encore coincé dans une impasse avec trois gaillards aux regards plein de haine en face de moi... Alors... Dans une moindre mesure... Je sais ce que tu ressens.
Il sait que dans le Nord, c'est impossible. Qu'il ne pourra jamais être lui-même. Trop de superstitions persistent, sans parler de la haine que l'on voue aux drows après leurs attaquent historiques ou récentes. Dans le Sud, il pourrait avoir ses chances mais le couple y réfléchit toujours. Cette décision sera lourde de conséquences pour eux deux. Cependant, son histoire le terrifie bien moins qu'Anaëlle. Elle ignore quel sort aurait pu être le sien si elle n'avait pas pu s'enfuir. Il comprend qu'elle soit terrifiée... L'inconnu est plus traumatisant que tout le reste.
-Je peux me renseigner si tu le souhaites. Essayer de voir si des recherches pourraient aboutir avec le peu d'informations que nous avons. Je connais du monde à Thaar qui peut poser des questions pour nous et trouver un début de piste... Ou nous faire savoir qu'elle est froide.
C'est peut-être un bon début. Anaëlle ne parviendra peut-être pas à prendre une décision sur le fait de partir ou non pour sa ville natale mais, si elle avait l'assurance de pouvoir trouver quelques réponses, peut-être y parviendrait-elle. Son frère n'est peut-être pas mort, les drows trouvent une utilité à leurs esclaves. Evidemment, il ne peut rien lui promettre à part prendre la température en vue d'une éventuelle excursion là-bas. Cela vaut le coup d'être tenté... mais il ne fera rien sans son accord. Quant à l'esclave...
-La situation est délicate. Louise ne peut pas créer un conflit avec les drows, ils ont la rancune tenace. Mais si elle le rend, qui sait ce qu'il adviendra de lui. Il soupire puis étire un sourire contrit et nostalgique. D'habitude, c'est mon père qui est confronté à ce genre de problème et qui trouve les solutions.
Il est un brin amusé malgré tout par l'idée d'être la relève. Il se retrouve dans les mêmes difficultés que lui sans même les avoir cherché et il réfléchit à une façon de gérer la situation pour que cela convienne à tout le monde. Il n'en a cependant pas l'habitude et ne s'y sent pas prêt. Le fait de la séparation brutale avec Aaron deux mois et demi plus tôt sans doute. Jusque là, il s'était contenté de lui faire confiance sans se préoccuper de rien... Et cela lui manque un peu aujourd'hui.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 11 Fév 2021 - 21:54 | |
| - Je pense que ça lui ferait du bien…Mais il est timide. Et il est tout le temps en train de pleurer…Il faudra être gentil et doux avec lui…Dire à Max de ne pas faire de blague bizarre…
Elle sait que son fiancé sera parfait mais Max, lui…C’est un garçon gentil mais à l’humour étrange, enjoué et un peu envahissant. Peut-être n’est-il pas la personne idéale pour apaiser Lince’Sà, tandis qu’Efren, avec sa patience et sa gentillesse, arrivera peut-être à le convaincre de ne pas retourner auprès de la prêtresse.
La petite rouquine a une petite moue triste en entendant le jeune homme parler de son envie d’être lui-même, sans potion ni bandeau. Elle le comprend tellement. Il est tout le temps contraint de jouer la comédie, de se cacher, partout, obligé de fuir la lumière et les superstitions afin de survivre. Il est courageux. Tellement courageux et jamais il ne se plaint. C’est aussi pour cela qu’Anaëlle travaille si fort. Avec le temps, elle aura de quoi mettre sa part dans leur rêve commun. Avec le temps, ils auront leur maison, leur petit lopin de terre quelque part, et leur famille. Elle ne peut s’empêcher de passer ses doigts sur le visage de celui qu’elle aime si fort.
- Un jour nous aurons tout ce qu’il nous faut et tu pourras vivre en paix, sans bandeau. Quant à mon frère…
Elle a un petit sourire gentil.
- …c’est vrai que j’aimerais savoir s’il est toujours en vie. S’il va bien. SI j’ai réussi à m’enfuir, peut-être que lui aussi…Peut-être même qu’il vit bien ! Et qu’il a réussi à s’en sortir !
Ou peut-être pas. Peut-être est-il enfermé quelque part dans une geôle moisie au service d’un ou de plusieurs Drows qui le maltraitent tous les jours. Elle se mord un peu la lèvre inférieure. Et si c’était le cas ? Elle ne pourrait rien faire pour lui…Rien du tout. L’horreur. Pourtant, elle prend la main de son fiancé et dit, tranquillement :
- Si tu as un moyen d’avoir des informations…Mais d’ailleurs…De quel moyen parles-tu ?
Anaëlle sourit largement avant de lui donner un baiser. Un baiser chaste et tendre avant de nouer ses bras autour de son cou pour le garder au plus près d’elle, les yeux clos. Elle recherche ce contact aussi souvent que possible, quand ils sont ensemble, après leur journée de travail. La petite servante en a besoin, assoiffée de douceur et de tendresse. Et le petit moment est de courte durée, Anaëlle se redressant dans un soupir.
- Dame Louise a fait passer un ordre sur tout le domaine. On doit tuer les Drows qui viennent à Fernel. Et je crois que…je crois que ça a un rapport avec ce que Lince’Sà m’a dit tout à l’heure. A propos de Dame Louise…
Elle tousse un peu, gênée, mais elle sait qu’elle peut faire confiance à Efren. Elle sait qu’il ne dira rien.
- Elle a rencontré cette prêtresse. Cette Drow qui vénère Kiel. C’est ce qu’il m’a dit…Ça pourrait expliquer pourquoi elle a si fort changé…
Elle regarde alors la chambre et murmure, alors qu’il évoque Aaron :
- As-tu des nouvelles de ton père ? Est-ce que tu lui as dit, pour nous?
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Ven 12 Fév 2021 - 8:22 | |
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-On peut se contenter de n'être que toi et moi si tu penses que c'est mieux pour lui.
N'ayant pas rencontré le fameux esclave, il laisse la décision à Anaëlle. S'il est aussi fragile qu'elle le dit, alors il vaut peut-être mieux le ménager, ne serait-ce qu'en limitant le nombre de personnes ou même d'inconnus. Max a su se tenir lorsque la jeune servante était alitée mais un dérapage est vite arrivé. Et puis, il reste un peu turbulent. Efren, au contraire, est d'un calme surprenant pour son âge. Et le fait qu'il passe pour un aveugle le rendra certainement moins effrayant aux yeux du nouveau venu. Mais fréquenter des personnes amicales lui fera sans doute du bien.
Au silence qui suit l'enthousiasme de sa fiancée, l'albinos sait ce qui lui traverse l'esprit. Oui, peut-être que son frère connaît un sort similaire à cet homme ou peut-être est-il mort. Ils ne peuvent présumer de rien à ce stade... Il lui caresse le dos pour apaiser ses pensées et la laisse continuer. Lorsqu'elle lui demande de quels moyens il dispose, il grimace puis lui offre un sourire contrit et désolé. Cela fait partie des choses qu'il a promis de lui dire, mais lorsqu'elle saurait tout sur son père. Il voudrait pouvoir lui répondre mais il ne peut pas le faire sans aller à l'encontre de ce qu'ils ont convenu.
-Disons que nous avons des... amis... un peu partout en Péninsule et en Ithri'Vaan. Des gens bien, eux aussi.
Il ajoute cette dernière phrase sinon elle pourrait penser au crime organisé. Certains les voient sans doute ainsi mais ce n'est pas ce qu'ils sont à leurs yeux. Anaëlle lui a déjà avoué qu'elle avait confiance en lui et qu'elle le croit lorsqu'il dit qu'ils ne sont pas de mauvaises personnes. Tout lui révéler lui brûle les lèvres mais il a de bonnes raisons de ne pas vouloir le faire sans Aaron. Alors que la belle vient se serrer contre lui, il l'enveloppe de ses bras et soupire de bien-être. Il adore ces instants d'intimité. Il ne cherche pas forcément à les faire dériver vers des moments plus passionnés, même si la nouveauté de leur relation et leur jeunesse les y conduit plus fréquemment qu'un couple unis depuis des décennies. La tendresse d'étreintes telles que celle-ci lui suffit aussi et lui apporte beaucoup de plaisir. Puis Anaëlle reprend la parole. Elle lui parle d'un certain "Lince'Sa" et il devine qu'il s'agit de l'esclave. Il l'écoute évoquer les consignes données par Louise, la potentielle rencontre entre la Dame et la prêtresse ainsi que son lien avec les récents changements observés chez la jeune femme. Il ne dit rien et reste pensif jusqu'à ce que sa fiancée lui chuchote quelques questions. Sa mine ne se fait guère plus joyeuse et il secoue lentement la tête de gauche à droite en se pinçant les lèvres.
-Je préfèrerais lui dire de vive voix mais là, même une lettre ne le trouverait pas. Il a passé un moment dans la région de Diantra mais ce n'est qu'une étape transitoire pour... ce qu'il est parti faire. Je ne sais pas où il est actuellement.
Même s'ils pouvaient partir demain, leur première destination devait être l'endroit où se trouve son père afin de lui annoncer leurs fiançailles et peut-être même de profiter de sa présence pour les marier. Et pour le moment, il n'a aucune idée de sa position. Il pourrait être encore en Péninsule comme à l'étranger, il n'a aucun moyen de le savoir car il ne tient visiblement pas en place. En un sens, c'est bon signe... Efren lève une main et vient caresser la joue de sa fiancée avec douceur. Lorsqu'il a le cœur en peine, il lui témoigne plus d'amour encore que d'ordinaire. Il se raccroche à elle, à leur relation et à leur bonheur. Mais alors qu'il se penche pour l'embrasser un bruit l'arrête dans son élan. Quatre coups donnés sur un pan de bois. Le jeune homme se fige. Cela ne semblait pas venir de la porte et puis... Cette façon de frapper est très particulière. Les coups sont irréguliers et correspondent à une note noire, deux croches et une noire.
-C'est pas vrai... Souffle-t-il, semblant ne pas en croire ses oreilles.
Les coups se répètent et semblent venir du fond de la pièce. Efren tourne alors un visage au sourire radieux et plein d'espoir vers Anaëlle. Avec délicatesse, il la fait se mettre debout et se lève à son tour pour avancer en direction des coups. Le bruit de ses chaussures sur le sol sont le signal pour son visiteur qu'il est en position de le recevoir. Alors, une porte s'ouvre, grinçant sur ses gonds. Une tapisserie près de l'une des fenêtres bougent légèrement. La porte se referme puis la tapisserie s'écarte pour laisser apparaître une silhouette. Un homme grand et svelte aux cheveux et à la barbe poivre et sel est pratiquement dissimulé tout un grand capuchon. Il est presque méconnaissable si ce n'est ses yeux bleus clairs pétillant de joie et se posant avec douceur sur les traits familier de l'albinos. Efren ne cache pas sa joie. Il sourit de plus belle, riant presque, alors qu'il s'approche d'Aaron. Ils se serrent dans les bras l'un de l'autre dans une accolade père-fils qu'ils n'avaient plus partagé depuis longtemps. Le voir ici est inespéré. D'autant qu'il vient à l'instant de dire qu'il ne savait pas où il se trouvait.
-Tu dois avoir les oreilles qui sifflent, on parlait de toi. -J'ai tout le temps les oreilles qui sifflent. Répond le quarantenaire avec humour.
Les deux hommes se détachent. Les mains sur les épaules de son garçon, l'ancien Conseiller de Fernel le détaille, plissant les yeux.
-Tu as changé. Tu t'éloignes de plus en plus du petit garçon qui me réclamait sans arrêt des outils. Efren lui répond par un sourire en coin. L'affection d'une femme a souvent cet effet sur un jeune homme. Il se tourne alors vers la servante dont la présence ne lui a pas échappé. L'amour te va à merveille aussi Anaëlle. Tu es resplendissante. - Apparence d'Aaron:
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Ven 12 Fév 2021 - 10:43 | |
| Efren ignore où se trouve son père. Quand on connait la dangerosité de ce monde, on peut légitimement s’inquiéter pour Aaron, même s’il sait se défendre seul. Anaëlle comprend donc très bien la peine qui envahit son fiancé. La jeune fille ne se souvient que peu de ses parents mais elle se souvient très bien de ce sentiment d’abandon qui la poursuivie si longtemps. Alors, elle le serre fort, lui rappelant silencieusement qu’il n’est pas seul et qu’il pourra toujours compter sur elle.
- Je suis certaine qu’il va bien. Où qu’il soit.
Elle se penche pour lui donner un baiser mais s’interrompt dans son mouvement, l’oreille alertée par un bruit qu’elle n’a jamais entendu. Un bruit qui semble agiter Efren au point de le faire se lever. La petite servante ne comprend pas bien ce qu’il se passe, son fiancé a soudain l’air heureux, alors que ce genre de bruit est plutôt inquiétant. Elle le regarde se déplacer jusqu’à la tapisserie, restant soigneusement à l’arrière, le cou tendu pour mieux voir, inquiète.
- Efren ? Qu’est-ce que c’est ?
Il ne répond rien, concentré sur ce qu’il entend et la jeune fille commence à ressentir un peu d’anxiété. Elle triture ses doigts, perplexe, avant d’aviser, enfin, une haute silhouette encapuchonnée. Une vue qui lui fait froncer les sourcils avant qu’elle ne réalise de qui il s’agit. Elle porte alors sa main à sa bouche, retenant une exclamation de surprise.
Aaron est là, juste là devant, en train de serrer son fils dans ses bras. Elle ne quitte pas la scène des yeux, totalement estomaquée par l’arrivée de l’ancien conseiller, avant de laisser tomber bras le long du corps, tout sourire. Un large sourire de joie sur son joli visage qui se teinte de rose à l’écoute des paroles du visiteur. Elle a un instant d’hésitation, elle ne sait pas trop comment réagir, persuadée qu’elle ne le reverrait pas avant plusieurs mois. Anaëlle est pourtant un être sensible et bon, qui laisse ses sentiments s’exprimer alors…
- Aaron !?!
Sans plus attendre, dans un élan du cœur totalement irrépressible, la jeune femme se précipite vers lui et le heurte en voulant le serrer fort contre elle, dans un rire de joie.
- Je suis tellement TELLEMENT contente de vous revoir !
Elle est heureuse pour Efren, parce que cela veut dire que son fiancé va pouvoir passer du temps avec son père, lui parler, prendre de ses nouvelles, partager à nouveau des moments, au moins un temps. Il va pouvoir cesser de s’inquiéter, elle est contente pour lui, du plus profond de son cœur. Elle est également heureuse parce que l’ancien conseiller de la châtelaine est ce qui s’approche le plus d’un père pour elle, c’est le seul et unique autre membre de la petite famille qui se construit. Il est important, très important pour Anaëlle. Aaron n’est pas son père mais aux yeux de la rouquine il a une place capitale dans sa vie et elle ne pouvait rester de marbre devant cette bienheureuse arrivée.
La joue collée contre lui, le gardant dans ses petits bras, elle sourit à Efren, un sourire heureux souligné par un regard étincelant de gaieté et de bonheur, avant de s’écarter de lui, les joues un peu rouges d’avoir été si brutale dans sa démonstration.
- Pardon, ce n’est pas très digne, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Elle reste là, debout à côté d’Efren avant de réaliser que…Un blanc. Comment agir avec Efren devant son père ? Elle regarde son fiancé, elle hésite puis elle prend timidement sa main tout en se rapprochant de lui, un peu gênée. C’est que ce n’est pas forcément facile de s’afficher comme ça devant lui, c’est nouveau. Elle ne gardera pourtant pas la main très longtemps, avant de dire, d’une voix douce :
- Vous voulez que je me rende aux offices pour aller vous chercher à manger ? Je peux vous laisser seuls tous les deux aussi, vous avez sans doute des tas de choses à vous dire !
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Ven 12 Fév 2021 - 12:37 | |
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Aaron accueille -ou plutôt réceptionne- Anaëlle du mieux qu'il le peut, un peu surpris et à la fois heureux de constater sa réaction. Après tout, elle a toujours eu un peu peur de lui malgré tout et se tenait en retrait. Il n'avait rien fait pour mériter cette attitude distante mais il comprenait. Il était proche en âge de celui qui lui avait fait tant de mal, son inconscient devait certainement faire le rapprochement. A présent, il constate qu'elle a bien changée. Plus encore que son fils. Leur relation lui a peut-être permis de le percevoir différemment et il ne peut que s'en réjouir. Elle est l'une des leurs désormais et il la considère comme tel sans savoir jusqu'où s'est avancé son histoire avec Efren.
-Moi aussi je suis heureux de te revoir. Lui dit-il en la serrant à son tour, quoi qu'avec bien plus de douceur. Lorsqu'elle se détache et tente de reprendre contenance, il ne peut s'empêcher de rire. Pas de manières entre nous. Et je me réjouis de voir que tu as abandonné le "messire".
Cela fait longtemps qu'il lui demande de se contenter de son prénom et c'est la première fois qu'elle le fait d'elle-même. Il observe son attitude soudain hésitante alors qu'elle reprend place aux côtés de son compagnon. En publique, ils sont plus réservés sans doute mais il est normal qu'elle se pose des questions le concernant. Il est extérieur à leur couple et leur est en même temps très proche. Peuvent-ils se montrer plus tendres en sa présence ? Quel niveau de proximité est-il prêt à accepter sans que cela ne soit trop ? Aaron adresse un sourire amusé à son fils qui a une petite idée de ce qui est tolérable ou non mais qui n'a jamais présenté de petite amie à son père jusque là. Ce dernier connaissait Elia mais peut-on vraiment considérer qu'ils ont été ensemble ? Bref. Le jeune homme se contente de caresser du pouce la main de sa fiancée en lui souriant juste avant qu'elle ne reprenne ses distances et propose à manger au patriarche.
-Ça va, merci Anaëlle. Et j'imagine qu'il n'y a rien que j'ai à dire à Efren que tu ne puisses entendre désormais. Il se tourne alors vers son fils pour en avoir confirmation. -Eh bien... Elle sait que je ne lui ai pas encore tout dit. Enfin, en ce qui me concerne, elle sait tout. -Ça veut dire que je peux t'appeler Ilan devant elle ? -Oui. Elle préfère d'ailleurs.
L'albinos adresse un sourire tendre à sa bien aimée et retient une main qui aurait voulu aller trouver sa joue mais qui finit par simplement caresser brièvement son bras. Tous deux préfèrent le véritable prénom de l'autre, c'est assez amusant. Lui en revanche ne révèlera pas les secrets de Yelena sans sa permission. C'est pourquoi il n'évoque pas le fait qu'en privé il n'y a plus d'Efren et d'Anaëlle.
-Alors comme ça, tu ne sais pas encore qui je suis vraiment. Constate Aaron d'un air amusé, croisant les bras. -Je lui ai seulement dit que tu t'appelles Calel, c'est tout. -Calel Mehntior ? Interroge ce dernier. -Oui. -Je vois.
Cela ne renseignait pas tellement Anaëlle sur l'identité de l'ancien Conseiller. Calel Mehntior n'était officiellement qu'un humble forgeron. Autrement dit : personne. Mais s'ils se sont fait des confidences, Aaron se demande pourquoi ils se sont arrêtés en chemin. Chose à laquelle son fils répond avant même qu'il n'ait eu le temps de poser la question.
-Je t'attendais pour raconter la suite. Nous avions l'intention d'aller à ta rencontre en partant d'ici.
Le quarantenaire fronce légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il se trame et interrogeant son fils du regard. L'attendre ? Partir d'ici ? Que veut-il dire par là ?
-J'ai manqué un chapitre ? -Non. Plutôt un tome entier je dirais...
Aaron est de plus en plus curieux et d'autant plus suspicieux lorsqu'il capte le sourire bienheureux qu'Efren lance à sa compagne. Le jeune homme interroge Anaëlle du regard pour savoir s'il peut le lui dire dès maintenant, un brin d'impatience sur les lèvres. Si elle veut s'en charger, il n'y voir aucun inconvénient. Tout ce qu'il souhaite, c'est que ce soit dit. L'occasion est trop belle !
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Ven 12 Fév 2021 - 13:40 | |
| Elle les écoute, suivant le petit échange entre le père et son fils, un peu inquiète. Elle ne sait pas comment va réagir Aaron, elle n’a pas vraiment eu le temps de le connaître bien et il est parti alors qu’elle était encore fragile, apeurée à l’idée de demeurer seule avec un homme ou de lui parler. Tout ce que sait Anaëlle, c’est que sans Aaron, elle serait probablement morte et elle sait que lui aussi s’est inquiété pour elle, qu’il a fait tout son possible pour l’aider. C’est le père de son fiancé, c’est donc automatiquement quelqu’un de bien parce que son fils est à l’image de ce qu’il est : un homme bon.
Ils évoquent leurs vraies identités, ce qui lui fait baisser un peu la tête, un bref instant. C’est vrai. Pour tout le monde, ils s’appelles Aaron et Efren. En privé, quand les portes sont closes, ils s’appellent Calel et Ilan. Ils ont un nom de famille. Et elle n’en a pas. Sa vraie identité n’est pas complète. Celui de son fiancé ne lui évoque rien, rien du tout. Et si elle a compris qu’ils ont des secrets, elle n’a jamais cherché à en savoir plus, par respect. La jeune camériste a confiance en son fiancé et le reste n’a pas vraiment d’importance, après tout, non ?
Les petits gestes du jeune homme la rassurent un peu parce qu’il est temps de parler à Aaron. Elle n’avait pas imaginé ça comme ça, elle avait pensé pouvoir écrire un petit mot, de sa main, vu qu’elle apprend à lire et à écrire avec son fiancé. La petite camériste est confuse, ses joues virent au rouge vif, cachant son embarras sous une petite toux de circonstance qui ne fait qu’aggraver la situation, bien sûr. Elle semble sur des charbons ardents, soudain lorsqu’elle comprend que ce moment, c’est maintenant et qu’il n’est pas question d’attendre un petit mot laborieusement écrit.
Elle croise le regard d’Efren et s’apaise, retrouvant un sourire malgré les questions qui la tiraillent. Et s’il refuse…Si Aaron n’est pas d’accord ? C’était une chose de l’envisager, c’en est une autre de le réaliser et elle déglutit avec peine avant de dire, d’une voix douce, en Olyian :
- Je ne m’appelle pas Anaëlle, je m’appelle Yelena.
Elle rougit jusqu’aux yeux en disant cela, avant d’ajouter :
- Je voulais que vous le sachiez avant…avant que…hem…Ilan…
La camériste regarde son fiancé, l’œil plein d’espoirs. Il a son assentiment, il pourra le comprendre sans difficulté. Alors elle prend sa main sans plus hésiter et la serre avec douceur, attendant qu’il annonce la nouvelle à son père, comme le veulent les usages. C’est un moment un peu difficile pour elle, parce qu’elle ignore totalement comment Aaron va accueillir cette nouvelle, reprise de ses anciens doutes. Elle aime son fils, elle ferait n’importe quoi pour lui, elle le suivra partout, au bout du monde s’il le faut mais son bonheur ne pourra jamais être complet si elle sait qu’Aaron n’approuve pas leur relation.
Tout ce qu’il faut maintenant, c’est le lui dire et Anaëlle n’osera jamais. Il est à espérer que son fiancé soit un peu plus en confiance qu’elle, qui triture sa jupe de sa main libre.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Ven 12 Fév 2021 - 20:12 | |
| Aaron hausse un sourcil étonné alors qu'Anaëlle lui parle dans une langue qu'il maîtrise bien, même si son accent à lui est plutôt à couper au couteau. Il comprend donc qu'elle est vaanie d'origine et intègre son véritable prénom. Il toise son fils puis revient sur elle et lui répond dans la même langue.
-Si nous avons tous des noms cachés, alors nous nous sommes bien trouvés. Plaisante-t-il dans un oliyan à la grammaire correcte mais avec des lettres assez mal prononcées.
Puis il capte les regards timides et heureux que s'échangent le couple et il comprend qu'ils ont quelque chose à lui annoncer. Efren sourit à sa compagne et se rapproche d'elle. Dans une caresse, il passe son bras autour d'elle avant de déposer un baiser sur sa tempe. Tout va très bien se passer, il le sait. Alors il se tourne à nouveau vers son père, conservant Anaëlle contre lui.
-Nous sommes fiancés.
Aaron a prononcé ce dernier mot en même temps que son fils. Détaillant la servante, il a remarqué le collier à son cou. Jamais Ilan ne le lui aurait donné sans une bonne raison et il avait donc deviné qu'il avait scellé leurs fiançailles avec. Il relève alors les yeux vers son garçon. Une étincelle brille dans son regard. Il a toujours su que ces deux-là étaient liés mais il ne se doutait pas que cela irait aussi vite. Il a l'impression qu'il l'a vu naître hier encore et voilà maintenant qu'il devient un homme et se marie pour fonder sa propre famille...
-Toutes mes félicitations, les enfants. Dit-il enfin en s'avançant pour les prendre tous les deux dans ses bras. Je suis sincèrement heureux pour vous. Il se décolle juste assez pour trouver leurs regards mais les conserve près de lui. Le mariage est prévu pour quand ? -On t'attendait. -J'ai bien fait de revenir dans ce cas. Rétorque-t-il en esquissant un sourire. Je ne voudrais pas manquer ça. Il se tourne alors vers sa future belle-fille, d'un air à la fois sérieux et léger. Tu vas devoir arrêter de me vouvoyer, Yelena. Il n'y a pas de "vous" qui tienne dans notre famille.
Il les libère enfin, un brin d'espièglerie aux coins des lèvres. Si sa requête est tout à fait sincère, il ne veut pas qu'elle s'en angoisse. Elle a eu du mal à se limiter à son prénom pour l'appeler, il doute qu'elle parvienne à le tutoyer rapidement. Il ne manquera pas de la rappeler gentiment à l'ordre à chaque fois qu'elle commettra cet impair.
-Tu devrais tout lui dire. Mieux vaut qu'elle sache dans quoi elle s'embarque. -C'est ce que je prévoyais de faire. Je ne veux plus qu'il y ait le moindre secret entre nous quand on se mariera. -Très bien. Il marque une pause, songeur. Je devrais probablement faire de même... Dit-il en serrant les dents, redoutant visiblement ce moment.
Père et fils échangent un regard qui apporte bien des réponses à Aaron quant aux sentiments de Louise à son sujet. Comme il le craignait, il lui a fait beaucoup de peine et l'entretien qu'il souhaite avoir avec elle sera sans doute douloureux... Dans tous les sens du terme. Mais il est venu pour avoir cette discussion et n'a pas l'intention de reculer. Il est préparé à la possibilité d'être rejeté par celle qui l'aimait tant trois mois plus tôt et de devoir repartir prochainement.
-Avant ça, est-ce que tu sais si... -Personne n'a fait le lien. L'interrompt Efren. C'est une anecdote évoquée parmi toutes les autres mais ton départ est une information qui n'a pas été mise en relation avec cet évènement. Rien n'empêche ton retour... Si Louise l'autorise.
Le quarantenaire hoche la tête.
-Parfait. Vous avez beaucoup de choses à vous dire, je repasserai demain. Est-ce que vous savez où est Louise ? -Dans sa chambre, je suppose ? Répond le jeune homme en se tournant vers Anaëlle pour avoir confirmation. -Elazar loge toujours dans la chambre mitoyenne ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Sam 13 Fév 2021 - 11:15 | |
| Le fait qu’Aaron réponde en sa langue la fait sourire un peu. Les choses lui reviennent, au fil des ennéades et là, entendre ces sons si particuliers, en cette chambre, c’est un peu étrange et pourtant réconfortant à la fois. Elle a un regard pour son fiancé qui vient de la prendre dans ses bras, pour la garder contre lui. Un geste totalement révélateur, tout autant que la présence de ce collier sur le corsage de la camériste. Une vive rougeur s’étale sur ses joues alors que, de concert, les deux hommes énoncent une vérité, un fait difficile à ignorer. Avec une pointe d’inquiétude, la jeune femme regarde Aaron, guettant sa réaction puis avise enfin le bel éclat dans son regard. Immédiatement, le doute, la crainte et la peur s’envolent. Un poids vient de s’enlever de l’estomac de la camériste qui serre Aaron dans ses bras avant de pleurer. De joie. Il ne sait pas à quel point c’était important pour elle qu’il accepte cette union. C’était essentiel, jamais son bonheur n’aurait pu être complet en sachant que l’ancien conseiller n’approuvait pas. Là, tout est désormais différent. Elle vient de gagner un père, elle le considère désormais comme tel. Et cela aussi est très important pour la rouquine qui n’a jamais vraiment connu ses parents.
Lorsqu’il les regarde tous les deux, elle essuie ses yeux rapidement, du revers de sa main, avant de rire, les joues encore toutes maculées d’eau de sel. Elle rit en acquiesçant.
- D’accord…Je n’ai pas l’habitude mais pour v…pour toi…je peux faire un effort.
Elle se love littéralement contre Ilan et noue ses doigts aux siens, tellement heureuse là en cet instant précis. Maintenant que le père de son fiancé est au courant, elle n’a qu’une seule hâte désormais, que ce mariage se concrétise rapidement même si elle sait que ces choses là prennent du temps. Quoiqu’il en soit, lorsqu’ils évoquent tous les deux, à mots couverts, ces choses dont elle ignore tout, elle se redresse un peu et les regarde tous les deux avant de dire, d’une voix douce :
- Je n’ai pas peur. Les secrets…Je vis avec ça depuis toujours.
Elle a un sourire pour son futur beau-père.
- Ilan est v…ton fils. C’est quelqu’un de bien. Donc c’est que v…tu en es un aussi.
Elle rougit un peu, espérant ne pas avoir été trop audacieuse en prononçant ces paroles puis réfléchit à la question posée par son fiancé.
- Je pense qu’elle est là bas oui…Elle a été fort occupée toute la journée, je ne sais pas ce qu’il y a mais le bourg et le château sont en alerte, comme s’il allait se passer quelque chose, je sais pas ce que c’est.
Dans son esprit, jamais elle ne fera le lien entre la venue de Lince’Sà et l’attitude de la châtelaine, vu qu'elle a passé l'essentiel de sa journée avec l'esclave de la grande prêtresse de Kiel. Elle reprend, de sa petite voix :
- Y a beaucoup de mouvements…Lince’Sà…puis y a Monsieur Claude dans le château aussi, il est arrivé aujourd’hui…
Le front de la camériste s’assombrit un peu en prononçant ces mots. Elle sait très bien qui est Monsieur Claude et ce qu’il est en réalité et le voir ici ne lui plaît pas beaucoup mais Dame Louise l’aime bien alors…
- Quant à Monsieur Elazar, non, il ne dort plus là depuis un moment. Quand Dame Louise est partie si longtemps en voyage jusqu'à Thaar, il en a profité pour aménager la vieille maison du gardien, en dehors des remparts, sur la route qui mène vers les montagnes. Maintenant, c’est le bureau de Dame Louise et elle s’y enferme souvent. Même moi j’ai pas tellement le droit d’y aller et de la déranger, je sais pas trop ce qu’elle fait là dedans…
Anaëlle se mord un instant la lèvre. Elle détient beaucoup de secrets et n’a pas envie de les trahir parce qu’elle a la confiance de Louise. La camériste sait beaucoup de choses qu’elle ne peut pas dire alors elle dira simplement :
- C’est plus la même depuis…depuis…’fin…depuis que v…tu as du t’en aller. Parfois elle me fait peur. Elle a des réactions…étranges.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Dim 14 Fév 2021 - 10:12 | |
| Efren a étiré un sourire ému en voyant les larmes d'Anaëlle et lui a caressé le dos. Il sait à quel point elle tenait à avoir l'approbation de son père et combien elle chérit l'idée d'avoir une famille et, à travers Aaron, un père. Il est heureux pour elle parce que toutes ses espérances se concrétisent les unes après les autres depuis que Geoffroy n'est plus une ombre qui plane au-dessus d'elle. Elle est libre. Elle a des amis, ou tout du moins des personnes qui font attention à elle. Elle connaît l'amour, un amour qui est réciproque. Elle commence à savoir lire et écrire. Elle a des projets d'avenir. Elle va se marier... et elle a enfin un parent. Aaron intègre le flot d'informations que la petite servante lui communique les unes après les autres. Il ignore qui est ce Lince'Sa mais il doit visiblement avoir son importance dans tout ce qu'il se passe actuellement. S'il n'a pas confiance en Claude, il ignore ce qu'il s'est passé entre Louise et lui et ne peut donc pas se sentir vraiment contrarié par sa présence. Le fait qu'Elazar ait un peu pris ses distances le rassure et rend la chambre de la Dame plus accessible qu'il ne l'aurait pensé. Il lui aurait bien donné rendez-vous dans ce lieu enchanteur qu'elle lui a montré il y a un an mais il n'avait pas besoin d'Anaëlle pour s'apercevoir que la zone est bouclée... Il peut donc oublier les retrouvailles avec un brin de romantisme. -Je vois. Finit-il par conclure. Avec ta permission, je t'emprunte ton fiancé un moment. Il tourne son regard vers lui. Personne ne connaît ce château mieux que toi.C'est paradoxal. Lui est l'un des plus récents résidents ici, il a pourtant en tête les moindres recoins de cet endroit. Il a exploré même les passages secrets à la faveur de la nuit et de quelques absences de résidents. Il est donc le mieux placé pour montrer la voix à son père afin de rejoindre les appartements de Louise sans être vu. Efren hoche la tête en signe d'accord puis se place face à sa fiancée dont il encadre le visage de ses mains. D'un geste des pouces, il essuie ses joues encore légèrement humides. -J'en ai pour deux minutes. Et après je te raconte tout. Ses traits sont radieux et enjoués. Il est enthousiaste à l'idée de ne bientôt plus avoir le moindre secret pour celle qu'il aime et qu'il a l'intention d'épouser. Il sait déjà comment elle va accueillir l'une des informations qu'il doit lui confier mais il a des doutes sur les deux autres... Cependant, il veut tout lui dire malgré tout car il ne veut plus rien avoir à lui cacher et cesser de parler par énigme devant elle. Efren l'embrasse avec amour et lui adresse un tendre regard avant de se détacher d'elle et de rejoindre son père. Ce dernier lui décoche un sourire sincère avant d'accueillir son fils en le prenant par l'épaule quelques instants. Il n'a pas menti en disant qu'il est heureux pour eux et il espère bien voir leurs rêves se concrétiser. Quant au mariage, s'ils souhaitent qu'il y assiste, il ne peut que prier pour que Louise lui permette de demeurer dans les parages quelques temps ou bien de refaire une apparition le moment venu... Quoi qu'il en soit, il n'a pas l'intention de manquer cela. ~~~~~~~~~~~~~~~ Aaron se tient devant un nouveau pan de bois, bien plus large que le précédent. Efren l'a guidé jusqu'à ce qu'il lui dévoile le mécanisme qui sépare le passage secret menant à la chambre de Louise du reste du réseau. Puis il s'en est allé pour retourner prestement auprès de sa compagne qu'il doit être en train d'installer afin de tout lui expliquer en détails. Le quarantenaire a au moins la consolation de savoir que, pour eux, la conversation se passera toujours mieux que celle qui va se tenir ici, de l'autre côté du bâtiment. L'ancien Conseiller prend une grande inspiration et lève le poing pour venir frapper contre le bois. Il frappe, de la même manière qu'il l'a fait pour son fils. Ces quatre petits coups au rythme si particulier. Les mêmes qu'il faisait quand il venait rendre visite à Louise. Ceci fait, il attend, cherchant à entendre du mouvement dans la pièce située de l'autre côté de la paroi. Il ne s'attend pas à ce qu'elle comprenne d'où vient ce son et encore moins qu'elle y réagisse tout de suite. Alors, après avoir attendu un peu, il frappe de nouveau. A présent, peut-être est-elle en train de comprendre... De réaliser... Le son vient de son lit, ou plutôt de sa tête. Se souvient-elle qui frappait de la sorte à sa porte trois mois plus tôt ? Fait-elle le lien ? Que ressent-elle ? Veut-elle seulement lui ouvrir ?... Aaron frappe une troisième fois. Ce sera la dernière. Si elle n'ouvre pas, alors il comprendra le message et s'en ira. Il reviendra, une autre fois. Si elle ne répond toujours pas, alors il n'insistera pas. Elle est en position de réclamer le droit de l'oublier. Elle est jeune, elle est noble, elle est blessée. Elle peut très bien chercher à l'effacer de sa vie pour tout recommencer... Et il ne peut que lui souhaiter d'être heureuse, où qu'elle soit. Et avec qui elle le souhaite.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Lun 15 Fév 2021 - 15:23 | |
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Pour bien comprendre Louise, il faut l’accompagner toute une journée, depuis son lever en compagnie d’Anaëlle jusqu’à son coucher, seule. La vie de la châtelaine se résume pour l’essentiel en la gestion de ses terres, apportant son aide à qui le demande et/ou en a besoin, durant le jour. Aux yeux de tous, elle est la Dame de Fernel, celle qui les défend et qui les protège, qui les aide si nécessaire et qui trouve toujours des solutions afin de soulager les maux, les malheurs et les souffrances. C’est son devoir et elle s’y tient, plutôt bien d’ailleurs même si certains jours sont plus compliqués que d’autres. En journée, elle est donc Louise de Fernel, seigneur d’un fief du Nord, une femme bien sous tous rapports, jolie, douce, aimable, courtoise. Une vraie image pieuse, si on peut l’exprimer ainsi.
Le soir venu, quand la porte est fermée pour la nuit et qu’elle est seule dans ses vastes appartements, quand les boucles sont libérées de tout carcan de métal et que la laine est abandonnée au profit des voiles thaaris rapportés de ses voyages, Louise n’existe plus. Il n’y a plus que la Louve. Et la Louve savoure paisiblement ces moments de solitude, après avoir accompli son devoir. Elle les savoure parce qu’elle est elle-même, dans ces moments-là. Une femme libre, sans aucun carcan, sans personne pour lui dire ce qu’il convient de faire ou pas. Libre de danser sans musique, les bras ouverts, le sourire large, juste heureuse de sentir sous ses pieds l’épaisse laine des tapis disposés par Elazar, lorsqu’il a fait changer la décoration des pièces. Libre de prendre dans ses bras des fantômes qui dansent avec elle, entre sa chambre aux nouveaux meubles à la touche féminine et ce bureau rempli d’objets, de tissus, de meubles provenant de Thaar. Libre de dessiner ces faces qui l’ont impressionnée, ces gens, ces mains…comme elle est en train de le faire ce soir, heureuse.
Elle est heureuse parce que Dante est au château. Rien de mal ne peut lui arriver puisqu’il est là, pas loin, dans une chambre pourvue d’un lit dans lequel il ne dormira de toute façon pas. Qu’importe. Elle le lui offre, il en fera ce qu’il voudra. L’essentiel est de savoir qu’il va bien et qu’il n’est pas loin, au moins pour quelques heures. Des heures qui sont comme une parenthèse dans la vie de Louise. Avec lui, elle est elle-même tout le temps parce qu’il sait tout. Il sait tout d’elle parce qu’elle lui a tout dit, pendant ces longues ennéades où ils ont appris à se connaître en traversant des épreuves telles ce voyage en mer qui a bien failli les tuer ou ce soir-là, au manoir Rutsi, où ils en sont venus aux mains, se disant des horreurs avant de se raccommoder autour de pansements ensanglantés et de baume appliqués sur les blessures. Une épreuve qui n’a fait que renforcer leur lien.
Il sait tout de ses peines, de ses chagrins, de sa longue descente vers le désespoir après l’humiliation de Serramire, après le dénouement de ce complot qui a bien failli lui coûter la vie, après l’abandon cruel du seul homme à jamais avoir reçu l’affection sincère de la Châtelaine. C’est lui qui lui a tendu la main, qui l’a entraînée, tout autant qu’Enguerrand, à l’utilisation de sa lame, à se déplacer, que ce soit pendant les trajets à cheval, en bateau ou à Thaar. C’est lui qui a retenu ses cheveux quand elle vomissait tripes et boyaux après avoir bu plus que de raison pour tenter d’oublier cet homme aux grands yeux doux qu’elle a aimé si fort. C’est Dante qui l’a fait sourire, lui qui l’a fait rire alors que son cœur était brisé en deux, maintenu par les griffes d’un dragon qu’elle caresse souvent du bout des doigts pour se rappeler sa résolution. C’est l’Ombre qui a réussi à la transcender, pour qu’elle se détache de ces sentiments qui la faisaient souffrir jour et nuit. C’est l’assassin qui a réussi à faire de Louise une femme plus forte, indépendante et libre. Et en cela elle lui sera toujours reconnaissante. Dante est chez lui à Fernel et elle entend bien que cela continue de la sorte.
Donc oui, elle est heureuse, parce que la journée, même si elle a commencé par un branle-bas de combat tonitruant, se termine bien. Elle est assise par terre, devant son feu, des planche disposées un peu partout autour d’elle, regardant ces portraits tracés de mémoire puisque désormais elle se refuse à toucher qui que ce soit. Il y a le Roi des Elfes, tout en angles et au regard profond, il y a des deux autres elfes du banquet, se partageant la même planche, représentés avec des traits doux, il y a Harald, le roi des Nains, et sa magnifique couronne de légende…Il y en a d’autres, tous ceux qui, de près ou de loin, ont marqué la châtelaine par leur aura, un trait physique particulier, une beauté remarquable. Là, elle dessine le visage d’un homme pourvu d’un masque, quelque chose qu’elle n’avait jamais observé ailleurs. Elle chantonne quelque chose, en une langue étrange, un air doux et paisible, les cheveux répandus en longs flots de boucles marron sur ses épaules à peine couvertes par des voiles noirs retenus aux épaules par des broches d’or. Une tenue qu’elle affectionne particulièrement, bien plus que ce rouge sang de Soltariel qu’elle aime porter pour les grandes occasions. Une tenue qu’elle réserve pour son privé, quand elle sait que personne ne viendra plus la déranger.
Or il semble que ce soir, quelqu’un ait décidé de la déranger. Alertée par un bruit totalement inhabituel, elle suspend un instant son geste, avisant la porte en haussant un sourcil. Non, cela ne provient pas de la porte. Elle dépose donc son petit outil et se redresse souplement, dans l’attente. A l’écoute de la seconde suite de petits coups, sa tête se tourne vers sa chambre, vers laquelle elle se rend, le visage soudain défait.
- Non…C’est impossible.
Il n’y a que « lui » qui connaisse cet endroit. Lui et personne d’autre. Elle se dirige vers l’emplacement où se trouvait jadis le grand lit seigneurial, celui d’Eudes, qui a désormais disparu au profit d’un lit de dimension plus modeste qui convient à la jeune femme et qui est disposé dans un autre coin de la pièce. Là, il y a dorénavant un lourd coffre de chêne rempli de linges. Et une épaisse tapisserie représentant une scène de chasse. Louise observe le cadre de la tapisserie, pâle comme une morte, se demandant si, une fois de plus, son esprit n’est pas en train de lui jouer des tours.
Une troisième série de petits coups.
La châtelaine inspire profondément en levant le visage vers le plafond, les yeux clos. L’espace d’un instant, une fraction de seconde, elle sent quelque chose se former dans sa gorge mais se défend. Elle rouvre les yeux et se dirige vers son lit, récupérant son arme qu’elle manipule habilement de sa main droite, avant de revenir vers le mur dissimulant un passage secret désormais obstrué par un meuble qu’elle ne peut déplacer seule. Elle touche le tissu épais du bout des doigts puis dit, d’une voix rauque :
- Tu es parti comme un voleur, tu reviens comme un voleur. Si tu veux me voir et me parler, passe donc par la bonne porte, à la vue et au su de tous, comme un homme.
Elle recule et va se planter au milieu de la pièce, sa dague à la main, le visage tourné vers la porte d’entrée de sa chambre. C’est l’heure de s’expliquer et quoiqu’il se passe désormais dans cette chambre, plus rien ne sera jamais comme avant.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Lun 15 Fév 2021 - 22:02 | |
| La main posée sur le bois, Aaron a déjà cessé d’espérer une réponse. Il a entendu du bruit, donc Louise est là et sait d’où vient ce son mais elle n’a manifestement pas envie de lui ouvrir. Il s’apprête à renoncer et à s’en aller lorsqu’il entend sa voix sourde qui lui parvient depuis l’autre côté de cette séparation. Ses yeux déjà clos, il plisse les paupières. Il sent dans sa voix la colère qui est la sienne. Elle est tout à fait en droit de lui en vouloir. Il s’y attendait. Mais ce qu’elle lui demande n’est pas chose aisée. Personne ne l’a vu pénétrer dans le château et Fernel est en état d’alerte. Si jamais quelqu’un le voit… Mais il ne peut pas simplement s’en aller et remettre cela au lendemain, le brasier de la rancune brûle tellement qu’il a l’impression de le sentir sous ses doigts à travers le bois. En faisant cela, il ne ferait que rajouter de l’huile sur le feu. Non, il doit la voir ce soir. Et prier pour que personne ne se trouve dans le hall. ~~~~~~~~~~~~~~ Le mécanisme de la poignée s’actionne. Il n’a fallu que quelques minutes à Aaron pour rejoindre une des issues du passage secret et traverser l’entrée afin d’atteindre la porte. Il est tard et tous les résidents sont soit au lit soit en train de se préparer à y aller. Quant aux gardes, ils ont beaucoup à faire à l’extérieur. Et ils ne s’attendent certainement pas à une intrusion venue de l’intérieur même des murs. Le pan de bois s’écarte et dévoile la haute silhouette du quarantenaire. Ses yeux trouvent aisément la Demoiselle au centre de sa chambre et ne la quittent plus alors qu’il referme derrière lui. De ses deux mains, il laisse son capuchon retomber dans son dos. Sa barbe est plus longue et ses cheveux aussi. Malgré sa tenue qui lui permet de passer inaperçu, il est propre et soigné comme à son habitude. Il se porte bien, si ce n’est cette lueur de tristesse dans son regard. Il voudrait se faire pardonner mais il sait que ce ne sera pas chose facile… Il s’y est préparé. Il ne manque pas d’apercevoir la lame dans la main de celle qu’il lui tardait tant de retrouver et il sent son cœur se nouer. Il l’a blessée, il en a conscience, mais… une arme ? Lui fait-il peur ou est-elle à ce point en colère qu’elle pourrait lui vouloir du mal ? Il pourrait lui rappeler que son arme est assez futile contre lui mais cela ne lui vient même pas à l’esprit. D’une, parce qu’elle ignore à quel point ce serait inefficace. De deux… Si cela peut la rassurer ou lui faire du bien, alors tant mieux pour elle. -Bonsoir Louise. Merci d’accepter de me voir.Puisqu’il pouvait l’entendre depuis le passage secret, il aurait pu lui parler pour essayer de la convaincre de le laisser entrer en lui expliquant pourquoi c’était trop risqué pour lui de se montrer à d’autres qu’elle. Mais il ne l’a pas fait. Il s’est plié à sa volonté pour lui prouver qu’il veut se racheter auprès d’elle. Alors, même si c’est lui qui a dû faire le chemin et même le rallonger en s’exposant à un grand risque, il la remercie… pour le simple fait de lui accorder une chance. Si elle veut bien l’écouter. -J’ai essayé de t’apporter le plus d’explications possibles dans ma lettre mais j’ai conscience de ne pas avoir été aussi délicat que je l’aurai voulu et aussi de t’avoir fait beaucoup de mal. Je te jure que ce n’était pas mon intention. Et si tu veux bien m’entendre, j’aimerais m’expliquer de vive voix cette fois… Sans filtre.Combien de fois il n’a pas pu répondre à ses questions ? Combien de fois il lui a dit qu’il ne voulait pas lui mentir et lui a donné de demi informations pour contenter sa curiosité mais en laissant de grands vides planer sur la vérité ? Il n’y aurait rien de tout cela aujourd’hui. Il est prêt à tout lui révéler, si elle est prête à l’écouter. Il peut entendre qu’elle ne le souhaite pas, ou pas maintenant… Là-dessus, il fera ce qu’elle lui demande.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mar 16 Fév 2021 - 16:36 | |
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Ce rêve affreux qui a suivi la lecture de cette lettre lui revient. Un rêve où elle avançait, comme une vieille femme aux pieds abîmés, soutenue par une canne magnifique. Dans son rêve, la canne s’échappe de ses mains, elle avance seule, vers la lumière et laisse Louise seule, sans appui, sans soutien, au milieu des ombres qui dansent autour d’elle avant de pénétrer ses chairs. La canne magnifique avait pris l’apparence d’un être chéri entre tous, avant de disparaître à jamais et de la laisser seule dans les Ténèbres. Et les Ténèbres se sont régalés de son cœur brisé en deux, le maintenant vaillant grâce à leurs petites griffes plantées dans ce palpitant trop souvent malmené. Les Ténèbres ont dicté sa conduite à la jeune femme, qui a quitté son territoire pendant de longues ennéades, pour oublier le chagrin, l’abandon, l’humiliation d’avoir une fois de plus été rejetée. Pour oublier ces yeux qui sont en cet instant posés sur elle, doux et tristes, comme autrefois.
Elle a souffert. Elle a pleuré. Elle porte dans sa chair la promesse de ne plus jamais laisser quiconque torturer ses sentiments. Elle l’a aimé et elle l’a maudit, simultanément. Elle s’est jetée dans les luttes, les entraînements intensifs, au corps à corps, à l’épée, à la dague, prenant des coups – souvent –, en les rendant – souvent aussi -, afin de l’oublier.
Et elle y est parvenue. Assez pour éviter de boire tous les soirs une bouteille entière de vin, pour s’abrutir et éviter de rêver à ce qu’elle n’aurait plus jamais. Assez pour exorciser ces sentiments par des moments secrets, des moments d’abandon total dans les bras de parfaits inconnus dédiés au plaisir, dans les ruelles secrètes de Thaar. Assez pour revenir ici et féliciter Efren pour ses fiançailles sans la moindre arrière-pensée et préparer en secret deux ou trois choses pour le nouveau couple qui s’est formé ici, chez elle.
Oui, elle avait réussi à trouver un équilibre fragile. Quelque chose de nouveau où elle pouvait avancer et songer à l’avenir, un avenir dans lequel il n’est plus présent, dans lequel elle prend le contrôle de sa vie, et voilà que ce soir, il refait surface.
Les petits monstres sont là, ils écoutent, en silence, les griffes profondément plantées dans sa chair à peine cicatrisée. Ils attendent. Tout comme elle.
A l’écoute de sa voix, la boule se forme à nouveau dans sa gorge. Elle aurait tout donné, absolument tout, pour entendre cette voix, lors de ses longues nuits sur les routes de Péninsule, ces longues nuits solitaires dans le foin des granges qu’on voulait bien mettre à sa disposition contre une ou deux pièces. L’absence de réponse à ses prières a été terrible à endurer…Terrible. Sa main se serre sur son arme.
- Je t’écoute.
Elle ne dit rien de plus parce que cette boule l’en empêche. Pour autant, elle ne bouge pas d’un centimètre, le corps en feu, l’esprit en rage et le cœur cadenassé dans une épaisse gangue de ressentiments.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mer 17 Fév 2021 - 12:31 | |
| Aaron observe Louise et la multitude d’émotions qui doivent actuellement la traverser. Il se demande si les réponses qu’il va enfin lui apporter suffiront à la satisfaire ou si c’est peine perdue. Mais il ne peut pas simplement se contenter de repartir. Ou il aurait mieux faire de ne jamais venir. Pendant quelques secondes, il ne dit rien et réfléchit à la façon d’aborder les choses. Il y a pourtant mille fois pensé et cela a donné lieu à mille approches différentes avant que, finalement, il se dise qu’il ne pouvait pas avoir la moindre idée de comment commencer tant qu’il ne serait pas face à elle. Et maintenant qu’il y était, il n’était pas sûr de trouver la meilleure façon d’en venir au fait. Quel ordre était le bon pour qu’elle l’écoute jusqu’au bout ? Comment faire en sorte qu’elle ne s’impatiente pas ? De quelle manière délivrer son message pour qu’elle l’entende vraiment ? Devait-il repartir depuis son enfance pour lui dire qui il était ou commencer par aujourd’hui puis remonter dans le temps ?
Finalement, il se lança à partir du plus gros mensonge qui l’entourait. Mensonge dont elle connaissait l’existence pour avoir à peine effleuré le sujet mais dont elle ignorait encore toute l’ampleur.
-Tu l’as sans doute compris, je ne suis pas un mercenaire et en réalité je suis même très médiocre avec une épée. C’est une couverture. Les gens comme moi ne peuvent pas s’exposer au grand jour. Et encore moins dans la région. Aaron ferme brièvement les yeux, réalisant qu’il fait encore des mystères mais ce n’est pas ce qu’il souhaite. Pardon, je n’ai pas l’habitude de parler de ce sujet sans détours. Cela fait plus de trente ans que je me cache.
Il soupire, comme pour se libérer de quelque chose, d’un carcan dans lequel il se tient enfermé lui-même depuis tout ce temps. Il a dit qu’il parlerait sans filtre et, quoi qu’il dise, il a l’impression que de toute façon les réactions de Louise seront bien loin de toutes celles auxquelles il pouvait s’attendre avant de la voir. Alors il se lance.
-J’ai été élevé dans une cabbale depuis mes douze ans. Ils m’ont appris l’art de la magie. En cela, je suis un hors-la-loi ici. C’est la raison pour laquelle je vis dans le mensonge et qu’Efren y est contraint également. Mais nous ne le faisons pas uniquement pour nous. Je ne suis pas un simple manipulateur d’arcanes. Je fais partie d’un réseau d’entraide aux mages qui se nomme « l’Etoile du Nord ». S’il a été conçu pour aider les mages du Nord de la Péninsule, ses ramifications s’étendent jusqu’en Estrevent où nous évacuons ceux dont la vie est injustement menacée en Péninsule.
Aaron marque une courte pause, laissant à Louise le soin d’intégrer tout cela. S’il n’a manifestement aucune arme sur lui en cet instant, ce n’est pas pour qu’elle ne se sente pas menacé par lui, quand bien même il serait capable de lui faire le moindre mal... C’est parce qu’il n’en a pas besoin.
-Les gens que je suis allé secourir, ce sont des mages. Une cabbale presque entière a été capturée non loin d’ici et allait être exécutée. Tous. Même les conjoints qui ne pratiquent pas la magie, même les vieillards, même les enfants. Le seul à en avoir réchappé est arrivé ici et il m’a reconnu car nous avons pratiquement été élevé ensemble. Quant il m’a vu, il a su que quelqu’un pouvait l’aider à sauver sa famille parce que mes dons… s’avèrent particulièrement utiles dans ce genre de situation. Je ne pouvais pas rester sans rien faire, Louise… Même en sachant que je pouvais échouer et subir le même sort que celui qui leur était réservé. Même en sachant que quelqu’un pourrait me voir et m’identifier dans le futur, ce qui compromettrait ma position à Fernel. Je ne pouvais pas te promettre que je pourrais revenir un jour… Ni même que je m’en sortirais vivant. Il se trouve que nous avons eu beaucoup de chance… D’où ma présence ici ce soir.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mer 17 Fév 2021 - 16:19 | |
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- Un Mage…
La nouvelle s’insinue, perverse, jusqu’à son cœur. Là, bien au chaud, les petits monstres dansent de joie. Littéralement. Des dizaines de petits yeux se regardent, des petits sourires horribles s’échangent, tout en attendant la suite. Et la suite est tout simplement difficile à encaisser pour la jeune femme qui regarde Aaron d’une toute autre manière. Le visage incliné, elle le regarde de la tête aux pieds.
Est-il semblable à ce monstre aux yeux de néant ? Est-ce qu’il fait danser les morts, lui aussi ? Non, pas lui…Il ne pourrait pas faire ça…Aaron est gentil…
- Il est gentil et pourtant il ne t’a pas fait confiance, petite fille…
Les petits monstres ricanent de plus belle. Elle réalise que c’est vrai. Il ne lui a pas fait confiance. Alors qu’elle…
- Tu lui as donné ton cœur tellement tu aurais tout donné pour savoir ce que c’est, aimer, mignonne…Et regarde…Regarde le cet homme qui sait tout et dont tu ne sais rien…
Elle se revoit, lui confiant ses peines et ses chagrins, ses secrets, ses tourments, tout ce qui faisait d’elle une créature bébête et charmante, un oiseau pour le chat, une proie facile pour quiconque pouvait mentir de manière convaincante. Elle venait de perdre sa mère, elle a du se battre pour déjouer un complot, elle a du reprendre les rênes de la Seigneurie au pied levé, asseoir son autorité sur des gens qui n’avaient qu’une confiance limitée en elle. Découvrir le monde, elle qui en a toujours été empêchée. Découvrir la joie de parler à quelqu’un qui l’écoute. Découvrir le plaisir orgueilleux de se savoir un peu aimée. Un peu. Elle qui n’avait pu ouvrir son cœur et ses pensées les plus intimes à quiconque, elle pouvait enfin déverser ce torrent d’affection, donner un peu d’elle-même, aimer quelqu’un. Et pendant ce temps, il a joué la comédie ?
- Un Mage…
Les phalanges blanchissent sur le pommeau de la dague.
- Hé ouais…Il s’appelle Calel…Tu t’rappelles ? - Toi aussi, tu tues des gens et tu les fais danser avec tes doigts ?
Instantanément, la vision de la créature de ses cauchemars, celle qu’elle soupçonne si fort d’être près de chez elle en cet instant, s’impose à son esprit. Quelle horreur…
- C’est Elle qui t’envoie me faire du mal ? ça ne lui a pas suffi, à Thaar, de prendre ma raison ? Les mages sont-ils donc tous pareils ? Des êtres vils, qui font souffrir ?
Elle en a rencontré trois dans sa vie. Calel, qui lui a piétiné le cœur. Khalinass, qui a martelé sa présence au fer rouge de la peur, en son esprit. Elazar, qui, elle le sait depuis Thaar, a torturé Dante de la plus ignoble, la plus abjecte des façons, raison pour laquelle elle ne quitte plus jamais sa dague, d’ailleurs.
- N’avez-vous donc, tous, aucune décence ?, ajoute-t-elle dans un murmure.
Elle ferme les yeux. Les créatures dansent tellement en son cœur…Elles rient. Elles s’esclaffent bruyamment, heureuses et ce bruit, que Louise perçoit, n’est que l’écho de son propre échec, le fantôme de ses regrets, l’éther de sa fureur, qui grandit, bouillonne, explose en un hurlement puissant qui sera audible dans tout le château. Un hurlement précédant un mouvement, rapide et fluide, le fruit de tous ces mois d’entraînement avec Enguerrand et Dante. Louise vient de lancer sa dague vers lui, en visant le cœur.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Mer 17 Fév 2021 - 18:45 | |
| Louise réalise qu'il est en mage et elle l'énonce à voix haute. Il ne réagit pas et reste immobile, laissant ses pensées s'ordonner dans l'esprit de la jeune femme. Mais peut-être n'aurait-il pas dû... Car plus le temps passe et plus le regard de la Demoiselle l'inquiète. Il s'était imaginé que le fait d'être un mage serait la nouvelle la plus simple à encaisser pour elle mais non... Et il ne s'explique pas pourquoi jusqu'à ce qu'elle lui demande si lui "aussi" s'en servait "tuer des gens et les faire danser".
-Quoi ?!
Aaron ne comprend pas d'où lui vient cette idée. Que s'est-il passé pendant son absence pour que soudain le fait de le savoir mage faisait de lui un monstre ? Il lui manque clairement des éléments mais il n'en a pas besoin pour lui répondre.
Mais il n'en a pas le temps. Louise hurle et lance la dague dans sa direction... Seulement elle ne l'atteindra jamais. Il est trop tard pour l'arrêter mais pas pour la dévier. Il lui suffit d'un geste de la main... Et la dague va finir sa course pour rebondir contre un mur et tomber au sol dans un tintement métallique sans qu'il n'ait besoin de la toucher. Aaron reste là, immobile. Il regarde Louise sans la moindre rancœur. Seulement de la peine.
-Est-ce parce que l'on sait manier une lame que l'on est un assassin ? Ou parce que l'on choisit de s'en servir pour protéger que l'on devient un chevalier ? Ce n'est pas parce que je manie les arcanes que je suis un monstre, Louise. Je n'ai jamais fait de mal que pour me protéger ou protéger quelqu'un d'autre, jamais par plaisir. Ce n'est pas parce que l'homme qui se tient devant toi aujourd'hui ne porte pas le même nom ni les mêmes armes que celui que tu as connu qu'il n'est pas le même à l'intérieur.
Il n'est pas certain de l'avoir convaincue mais il n'a plus tellement de temps devant lui. Au-dehors, le cri de la jeune femme a attiré beaucoup de monde. Sans des gardes se trouvent-ils parmi eux. Si Louise décide de le leur livrer, il n'opposera aucune résistance. Il comprend sa peur, parce que c'est ce qu'il peut retrouver chez des ignorants... Et si elle n'est pas totalement ignorante, elle n'a pas vu la meilleure facette de la magie. Elle ne peut pas comprendre qu'il ne lui a jamais fait le moindre mal et qu'il a toujours chercher à la protéger. N'est-ce pas pour cela qu'il s'est proposé de l'aider et qu'il a risqué sa vie en restant alors que sa présence menaçait Geoffroy ?
-Quoi qu'il arrive, garde le secret s'il te plaît. Pour Efren et Anaëlle.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 18 Fév 2021 - 12:23 | |
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Elle regarde Calel lever la main et dévier sa lame. Comme si elle n’était rien. Pourtant elle a visé, elle est précise dans tout ce qu’elle fait et la lame aurait du l’atteindre, c’est une certitude pour la châtelaine. Pourtant, elle est là bas, au sol, tombée en bruit désagréable de métal malmené. Alors c’est donc cela ? Les gens comme elle ne peuvent rien contre les Mages ?
Elle regarde la dague au sol, une arme remarquable offerte par Dante et qu’elle ne quitte jamais. Une lame qu’elle utilise pratiquement tous les jours, avec laquelle elle est habile, très habile même, subtile. Et il l’a repoussée comme elle aurait pu le faire d’une plume tombant sur son avant-bras. Ce n’est pas normal. Ce n’est pas logique. Elle n’a aucune défense face à cela, rien pour se protéger et elle se sent soudain comme dans cette ruelle. Totalement insignifiante. Ridicule. Un petit jouet. Un joli petit jouet incapable de se défendre.
Ce qu’il dit n’a aucun sens. Aucun. Elle est bien trop bouleversée et furieuse en même temps pour intégrer la moindre parole censée. A l’intérieur, tout autour de ce cœur soumis à rude épreuve, les petits monstres dansent les griffes plantées dans la chair palpitant à un rythme effrayant. La peur. La colère. Le chagrin. L’immense et total chagrin de constater sa propre impuissance et sa bêtise.
C’est insupportable. C’est inhumain de souffrir sans la moindre plaie visible. C’est abominable, de crever à petits feux, dans un mélange absurde de haine et d’amour, de honte et de désir, de regrets et de passion étouffée, des choses qu’elle avait réussi à planquer sous le tapis, afin de tenter de vivre une vie plus ou moins normale.
Insupportable. Inhumain. Abominable. Trop pour la jeune femme qui est aveuglée par toutes ces choses qui encombrent son esprit et qui l’empêchent de garder les idées claires. Elle se précipite sur lui, dans un déplacement rapide et plutôt étrange, souple et silencieux, le visage totalement fermé, le regard vide, pour atteindre sa cible, ce grand homme qui vient de la désarmer d’un geste. Elle saute et abat tout son poids sur son torse, l’obligeant à tomber au sol, de tout son long, dos contre le plancher. Son avant-bras droit est placé sous le menton du mage, l’autre main est posée à plat sur le sol tandis qu’elle est à califourchon sur lui, le souffle court.
- Pourquoi es-tu revenu…Pourquoi me dire tout cela, maintenant que…
Elle a un mouvement de la tête, en entendant des bruits de pas arrivant en courant vers sa chambre. Dans ce geste là, elle dévoile une partie de ce qu’elle cache aux yeux de tous sauf Anaëlle depuis des mois. Un dessin gravé dans sa chair, un dessin représentant un dragon dont les griffes disparaissent en direction de son cœur. Elle regarde Calel et se redresse rapidement, reculant aussi loin que possible pendant qu’on tambourine à sa porte. Aymeric.
- DAME LOUISE ! OUVREZ !
La châtelaine a un regard pour Calel et couvre ses épaules dénudées d’un châle de laine, le visage pâle, tendue comme jamais elle ne l’a été. Elle déverrouille la porte et l’ouvre, barrant le passage.
- Je vais bien. - Mais ma Dame…. - JE VAIS BIEN !
Elle vient de crier à nouveau. Les hommes la regardent de la tête aux pieds, avant de détourner le regard, un peu gênés. Elle ne porte jamais ces voiles noirs en public et il semble clair que cette tenue l’avantage énormément. La châtelaine grince des dents et siffle :
- Allez vous-en. TOUT DE SUITE.
Ils ont pu voir qu’elle va bien. Ils obéissent, non sans lui jeter des regards à la dérobée. Elle ne ferme pourtant pas la porte, restant là bas à attendre que tout le monde soit parti pour dire, d’une voix sourde :
- Va t’en. Il n’y a plus personne. Va t’en Calel.
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| | | Aaron Kolhe
Humain
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| Sujet: Re: [Fernel] Grands chambardements | Anaëlle & Efren Jeu 18 Fév 2021 - 19:29 | |
| Aaron tombe et retient sa tête pour qu'elle n'aille pas frapper le sol. La chute le secoue mais il préfère se faire mal plutôt que Louise ne se blesse. Alors, jusqu'à ce qu'ils arrivent à terre, il veille sur elle, la serrant dans ses bras afin que lui seul touche le sol. Étourdi, il n'a pas le temps de se remettre que, déjà, la noble s'est redressée et l'étrangle presque tout en l'interrogeant. Il n'essaie pas de se débattre, montrant ses mains en signe de soumission et de paix. Il est parfaitement calme, malgré la situation. Il ne peut pas imaginer ce qu'elle a vécu en son absence mais elle était encore fragile lorsqu'il est parti et il se doute que sa disparition n'a pas aidé. Elle n'a pas le temps de finir qu'elle se relève pour aller ouvrir. Il la regarde faire sans chercher à l'en empêcher. Elle pourrait très bien le livrer en tant que mage dissident ou simplement par colère contre un ancien soupirant. Son geste serait compris par tous. Peut-être jugé injuste dans ce dernier cas, surtout pour ceux qui connaissent Aaron, mais non sans fondement. A sa grande surprise, Louise se contente de tous les congédier. Il se relève alors sans un bruit afin de ne pas attirer l'attention. Puis il attend alors que la jeune femme maintient la porte ouverte et observe le hall.
La femme pour qui il a retiré et détruit la bague de son ancienne épouse l'appelle par son vrai prénom pour la première fois et ce qu'il entend est loin de lui plaire... Elle le prononce d'une telle façon... Elle lui commande de partir et il n'a pas l'intention d'insister. Il lui fait peur et lui inspire la violence, il ne se passera rien de bon ce soir. Peut-être même jamais... Son cœur se serre et il s'approche de la porte. Mais avant de sortir, il lui adresse un dernier regard et un dernier mot.
-Je voulais seulement te dire la vérité... Et te demander pardon.
C'est la réponse aux questions qu'elle n'a pas eu le temps de finir de lui poser. La version courte en tout cas... Car il se doute qu'elle ne supportera pas d'en entendre davantage. Il ne lui imposera pas sa présence plus longtemps. Dès qu'il aura remis sa capuche, il rejoindra un accès au passage secret et quittera le château. Peut-être pas sans prévenir Efren qu'il n'a pas réussi -même s'il doit s'en douter avec le cri qu'elle a poussé- et de ne surtout pas parler de son mal à Louise. Si elle ne peut accepter le fait qu'il soit mage, que pensera-t-elle d'un jeune homme qui a des caractéristiques drow ? Et son fils, lui, est incapable de se défendre, même avec ses yeux découverts et une arme en main. Il sait résister mais ce n'est pas dans sa nature de se battre. Aaron n'ose même pas dire adieu à Louise. Ces mots sont trop lourds et s'étranglent déjà dans sa gorge. Il doit s'en aller... Il ne lui reste plus que cela à faire.
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