Le Deal du moment : -20%
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
Voir le deal
239 €

 

 Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle

Aller en bas 
3 participants
AuteurMessage
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMer 15 Juil 2020 - 18:04



Hiver - 8e jour de la 5e ennéade de Verimios
17e année du XIe Cycle
Palais d'Argent



Tout juste débarquée de la barge venant de Sol'Dorn, Cécilie avait rapidement retrouver les murs splendides du palais dans lequel elle était gracieusement hébergée depuis quelques ennéades maintenant. C'était un avec un sourire plus radieux qu'elle n'en avait porté depuis des années qu'elle avait passé plus de quatre heures à conversé de tout et de rien avec Salik, l'intendant auto-proclamé de la maison avant de prendre un bain. Les autres pensionnaires n'étant pas présentes, elle en avait profité pour fureter une fois de plus dans les recoins de la bâtisse, puis elle s'était dirigée vers l'écurie. Le pauvre Zayase n'avait pas pu la suivre dans son voyage à Sol'Dorn et cette vie sédentaire devait peser à un étalon aussi fougueux que lui. Elle pouvait bien sacrifier à une balade pour lui rappeler qui était sa cavalière.

...

La grande femme à la carrure de kerkand et au visage tailladé couva le jeune homme d'un regard mauvais. Ses courtes oreilles pointues frémirent sous sa chevelure bouclée mais elle fit finalement signe à son collègue d'ouvrir la grille. Après tout, depuis que la nouvelle maîtresse avait emménagé, les choses changeaient. Les ordres concernant qui devait entrer ou non avaient tendance à être moins clair... Où alors c'était juste le genre de personne qui passaient leur temps à aller et venir dans les enrailles du palais. Enfin tout ça ce n'était pas son problème. Le jeune homme prétendait avoir un paquet RÉELLEMENT important pour Salik, leur cher intendant en personne.

- Suivez le chemin et demandez l'intendant. Oh. Et vous écartez pas du chemin. Il y a des animaux sauvages dans le parc. " gronda-t-elle en refermant la grille derrière le jeune homme.

Devant lui, un large chemin pavé ondoyait sous un bosquet d'arbre luxuriants qui cachait totalement le reste des jardins. Au-dessus de la végétation, une coupole et des murs percés de fenêtres immenses l'observaient silencieusement... Mais derrière les arbres, l'endroit n'avait plus rien de silencieux.

A droite, un homme et une femme vêtus de toge blanche et portant des collier de métal gris s'affairaient autour de grandes écuries. Devant cette dernière, au milieu d'une grande place de terre battue, un cheval puissant à la robe alezan était attaché à une barrière. L'animal nerveux avait une silhouette racée, le poitrail large des destriers de combat et les jambes longues des chevaux du désert. La femme qui l'étrillait patiemment portait un ample pantalon de lin brun resserré aux cheville sous une tunique colorée dont la banalité contrastait avec l'extravagance de l'endroit. Ses cheveux roux étaient attachés en un chignon serré dépourvu du moindre ornement, mais elle ne portait ni arme, ni collier de métal. Seulement un épais livre à la ceinture.

Deux hommes en armes, portant des capes blanche marquées du sceau Al'Serat, marchaient au même pas sur un sentier perpendiculaire partant sur la gauche. Et autour, un immense parc arboré se devinait, ses couleurs saturées rongées par l'hiver surnaturel qui s'était abattu sur la région. Chaque plante était entretenue à la perfection malgré le froid. Habituellement, l'eau qu'il fallait pour un tel jardin pendant un mois aurait pu alimenter tous les bas quartiers de la ville pendant deux étés, cela ne faisait aucun doute.

Et en face, comment rater le palais d'argent en lui-même. A la grande déception de certain, il n'était pas fait de métal et ne s'élevait que sur trois étages à la hauteur de plafond extravagante. En haut d'un perron parfaitement grandiloquent, la double-porte de l'endroit, aussi immense et travaillée que le reste, étaient fermées.
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeLun 20 Juil 2020 - 20:28

Un grand sourire.

Tout gentil et aussi doux que celui d'un enfant de 5 ans vous demandant une faveur. Un sourire resta parfaitement figé lorsqu'on lui ouvrit la grille.

Grayle n'était pas en amour des gens patibulaires. Il ne leur en voulait pas. C'était leur rôle, d'avoir l'air méchant et de repousser les personnes mal intentionnées d'un regard mauvais. Mais cette agressivité -feinte ou pas- n'avait aucun effet sur Grayle, qui la voyait plus comme une perte de temps qu'autre chose. Il aurait aimé qu'on lui ouvre, tout simplement.

Heureusement, tout alla bien, et on le laissa entrer, avant de le mettre en garde d'animaux rôdant dans le secteur. Il haussa les épaules. La vision du drow colossal qu'il avait rencontré dans le désert lui revint en mémoire.

- Ca va, je saurais gérer. Merci et bonne journée !

Il remit un peu d'ordre dans ses cheveux, devenus aussi gris que la cendre. Un peu de vent fit flotter sa grande écharpe orangée, dont les deux pans semblaient suivre Grayle tels deux cerf-volants. Il aimait beaucoup cette écharpe. Longue et épaisse, comme lui. Volant librement dans le ciel, mais rattachée au sol.

Comme lui.

Le froid ambiant avait forcé Grayle à revoir un peu sa garde robe. Son pantalon de tissu, lui aussi orangé, était plus épais, ses bottes, plus hautes. Une pélerine à capuche marron recouvrait sa tunique originelle.

Au milieu du palais d'argent et aux brillantes couleurs froides du jardin, le jeune homme à la carrure épaisse était un point de chaleur, marchant sans faire de bruit malgré son épaisse carcasse. Il prenait un peu son temps. Le paquet était important, mais pas urgent. Quelques arbres et plantes attirèrent son attention. Il souria triomphalement en se rendant compte qu'il reconnaissait certaines d'entre elles.

Oh, que travailler la terre lui manquait. Il sourit encore. Il aimait cet ilôt de nature et de verdure au milieu de la ville.

* Si un jour je dirige une ville, je mettrais des arbres partout * se promit-il. Il touchait doucement une des fleurs, caressant les pétales de ses doigts couturés de cicatrices.

* Je me demande si je pourrais en prendre une pour Miriel... *

Il prit plaisir à imaginer la scène, avant de reprendre son activité actuelle : livrer le paquet.Il emprunta le chemin, s'écartant du chemin des deux gardes, les saluant poliment. Ils le lui rendirent. Il continua alors sa route, et s'arrêta.

C'était un beau cheval. Il lui rappela celui qu'il avait loué, et avait fini dévoré par le drow.

* Petit ange parti trop tôt. Tu ne sera pas oublié, Pissetout. *


Son regard glissa du cheval pour s'attarder sur les deux individus s'occupant de l'animal. Il fronça les sourcils.

Quelque chose se rappellait à lui étrangement.

Il ne saurait quoi dire. Il plissa les yeux. La jeune femme avait de beaux cheveux roux (en chignon, hélas). Et ce livre à la ceinture... cette image lui rappellait quelqu'un. Quelque chose.

Une douce mélodie inaudible chanta aux oreilles d'une personne, si cette dernière était attentive. Un mélange de mélancolie, de nostalgie, et de joie. D'amour aussi. Une douce chaleur étreignit Grayle.

Il repensa à Cécilie de Missède. Forte et vulnérable. Petit bout de femme fragile aux épaules trop frêles pour un fardeau trop grand. Elle avait été bonne avec lui.

Il se souvint de leur embrassade.

Se pourrait-il... ?

Il soupira.

- Grayle, espèce de débile. Elle était aveugle. Cette fille ne l'est pas...


Quand même, il aurait pu essayer de la retrouver... il n'avait pas fait beaucoup d'efforts.

- GRAYLE !

Il se retourna, vers un homme marchant vers lui.

- HEY GRAYLE ! CA VA ?

Il le reconnut. C'était Hakim, un servant du palais avec qui il avait fait connaissance dans une taverne, et qu'il recroisait de temps en temps. Une simple connaissance, mais ils avaient très vite sympathisés, partageant leur amour de la ferme. Ils se firent une accolade virile.

- Bonjour Hakim ! Tu me cherchais ? Quoi de neuf depuis le temps ?

- Haha, évidemment !  Il parlait toujours trop fort, sans filtre. Je savais que le port allait nous livrer, et vu l'importance de ce qu'on attendais, je me doutais bien qu'on t'aurait filé le boulot ! Il avait toujous été dans les petits papiers de l'intendant. Allez, Grayle, suis-moi ! Je vais t'ammener à Salik, je sais où il est !

Et, marchants à grands pas, ils poursuivirent leurs chemin, s'approchant sans s'en rendre compte du cheval et de ses deux palefreniers de luxe...
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMar 21 Juil 2020 - 17:05


- HEY GRAYLE ! CA VA ?

Je levais la tête de mon travail, faisant signe à l’esclave en blanc qui venait de donner à boire à Zayase de retourner à ses affaires. C’était la première fois que je voyais un des esclaves lever le ton. Sans doute n’avait-il pas remarqué que je me trouvais là. Ce n’est certainement pas moi qui irais le dénoncer à la maîtresse des lieux, mais cela avait toujours un petit quelque chose d’amusant de voir les réactions des serviteurs lorsqu’ils ne se pensaient pas observés.

Par habitude, mon oreille aiguisée trainait du côté de la conversation qu’il tenait avec le jeune étranger arrivé par la grande porte. Si c’était un « ami » de Shyn’tae, elle avait fait fort cette fois. Grand, large d’épaule, les couleurs chaudes de sa silhouette arrivaient en volutes approximatives à mes yeux fragiles. Avec cette taille, ce teint et ces courts cheveux pâles, il devait être doeben ou demi-sang. Mais pourquoi connaissait-il un esclave… ?

Trouvant que je ne me préoccupais plus assez de lui après l’avoir laissé seul pendant deux ennéades, Zayase me donna un léger coup de chanfrein sur la joue. Ma main vint flatter ses naseaux et ses oreilles dansèrent un peu, indécises. J’avais osé le faire sortir alors qu’il faisait un froid irréel, il fallait bien que cette bête me supporte pour ne pas se mettre tout de suite à piaffer. Un demi-sourire se dessina sur mon visage. J’avais dû insister des ennéades durant pour me faire accepter de cet orgueilleux personnage, alors ce n’était pas comme si je n’y étais pour rien.

Je me tournais à nouveau en entendant qu’il était question d’une livraison spéciale pour Salik. Ma livraison spéciale ? Je plissais les paupières, me forçant à accommoder rapidement ma vision à la distance des deux hommes. Qu’ils marchent ne me facilitait pas les choses, mais je parvins tout de même à distinguer l’épaisse boite de bois dans les bras de l’inconnu. Ça pouvait correspondre. Mon halène produisait une légère buée à chaque souffle.

Le maintien régalien, la tête haute, je délaissais Zayase pour m’avancer de quelques pas sur le chemin pour leur barrer la route. Jadis, la grâce de mes mouvements était raidie par ma peur de heurter quelque chose par inadvertance. Aujourd’hui s’en dégageait une noble assurance. Inutile de minauder en faux semblant et de me faire passer pour une putrelle alors que j’étais l’hôte d’un tel palais. Mes yeux du bleu soutenu d’un ciel d’été regardaient fièrement et sans la moindre gêne ces deux hommes bien plus grands que moi.

- Pardonnez-moi. Ce colis vient-il de péninsule ? » demandais-je doucement. Mon accent oliyan trompait l’oreille du natif depuis des années, mais mon timbre était resté le même. Nul vieillissement, nulle fêlure dans cette voix cristalline que je maîtrisais si bien. Seul le ton avait évolué. La simplicité implacable de ceux qui ont l’habitude d’ordonner remplaçait la rondeur de ma timidité d’autre fois. « J’ai demandé à Salik de réceptionner une caisse importante venant de chez moi. »

Même lorsque les deux hommes furent suffisamment près pour que je distingue leurs visages et me rende compte que l’étranger était un humain, je ne fis pas le moindre signe envers lui. Il me semblait bien familier, mais ce n’était pas la première fois qu’une impression de déjà-vu flottait alentours.


Dernière édition par Cécilie de Missède le Lun 27 Juil 2020 - 21:40, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeLun 27 Juil 2020 - 0:49

Grayle resta immobile.

Sans voix.

Une foule de sentiments distincts explosèrent en lui. Surprise. Joie. Soulagement. Amour. Curiosité. Inquiétude. Peur. Des émotions contradictoires mais étrangement complémentaires, alors que le jeune homme, pour la seconde fois de sa courte vie, était victime d'un événement si commun mais toujours aussi beau. Le retour, inattendu et inespéré, de l'être aimé, au sens large.

Il n'avait jamais pensé à elle, directement. Mais Cécilie de Missède était restée dans un coin de sa tête pendant de longues années. Son destin, et celui du reste du groupe, était toujours resté un mystère pour Grayle. De retour au monde extérieur, et libre, il avait caressé l'espoir de les retrouver. Même ceux avec qui il n'avait échangé que quelques mots.

Voir comment ils avaient changés. Autant, plus, ou moins que lui-même n'avait changé ? Une manière de se rassurer peut-être, que le monde continue de tourner, même sans lui.

Et elle était là. Il était heureux qu'elle soit là. En vie et en forme. Comment ? Pourquoi ? Une foule de question envahirent son esprit, avant que d'autres, plus sournoises, n'étreignent son cœur.

Elle n'était plus aveugle. Ses yeux n'étaient plus les mêmes, et son regard avait définitivement changé. Grayle n'y connaissait rien en handicap, mais était persuadé que ce n'était pas normal. C'était une bonne nouvelle. Mais...

Son regard dériva vers le livre à sa taille. Il le reconnaissait. Elle l'avait déjà à l'époque. De ce qu'on disait... un livre de magie noire. Maléfique.

Il se mordit la lèvre inférieure, de tristesse. Son regard. Ses paroles.

Elle ne le reconnaissait pas. Son nom. Sa voix. Son apparence...

* Bon, normal qu'elle ne reconnaisse pas mon apparence. *

Mais quand bien même...

Une peine de coeur. Pas d'amour. Mais d'amour propre. De fierté.

Grayle n'avait jamais été quelqu'un d'arrogant, ni d'ambitieux. Travailler aujourd'hui pour vivre demain, avait été sa vie.

Mais quand bien même...

Etait-il si insignifiant qu'on pouvait l'oublier après quelques années. Etait-il à ce point quelconque qu'il ne laissait aucune trace, aucun souvenir dans la mémoire des autres ? Malgré leur discussion sur ce navire, il y a si longtemps, et dont il se rappellait chaque parole ? Chacune de ses embarrassantes et naïves paroles ? Celle d'un jeune adolescent en tête à tête avec quelqu'un de bien "plus" que lui. Les confessions aussi. Il s'était senti proche de quelqu'un. Et voilà qu'elle le traitait comme un étranger.

Et pas par malice. Il le sentait. Elle ne le reconnaissait pas le moins du monde.

Et là, une question, plus vaste, plus profonde, suffisamment pour qu'il ne daigne pas s'en approcher, pour l'instant.

S'il ne laisse de souvenir à personne, quel héritage laissera t-il derrière ?

Un grand sentiment de vide, de vertige envahit son corps, et il sentit son coeur le lâcher, comme tomber. Des larmes vinrent à ses yeux, alors qu'il continuait de regarder la jeune femme, plus petite, plus fine qu'elle ne l'était à l'époque, par rapport à lui.

Il n'était pas préparé, en franchissant cette porte, à autant de sentiments.

- Heu... grayle, ca va ?
- Hakim, laisse nous s'il te plaît.

Une demande, qui sonnait presque comme un ordre. Hakim ouvrit la bouche, avant de la refermer. Le visage de Grayle était grave. Déterminé. Sérieux. Il connaissait Grayle comme étant un type insouciant et heureux. Le voir ainsi... lui fit comprendre que ce qui se passait n'était pas ordinaire.

- Ouais. Je vous laisse.

il s'écarta, non sans leur jeter un regard par dessus son épaule.

Ils se retrouvèrent seuls, l'un face à l'autre.

Tant de choses à dire, et si peu de manières de bien les formuler. Il inspira, souffla deux fois, prenant son courage à deux mains.

- Cécilie de Missède. Il fouilla dans sa mémoire.

- 6 ans, 2 mois, et quelques jours depuis que nous nous sommes quittés, Dame Cécilie. Je ne vous ai jamais oublié, mais il semble que vous ne m'aviez pas rendu la pareille dit-il avec une gentillesse touchante, mais une peine réelle et désarmante de franchise.

Il tenait fermement le paquet entre ses mains et le tendit doucement vers elle, ses 9 doigts le tenant fermement. Elle disait attendre le paquet. Il lui faisait confiance, mais sa déontologie lui interdisait de le lui donner. Il ne le ferait qu'après confirmation de Salik.

- Je m'attendais pas à vous revoir, mais je suis content que ca... se fasse. Et que vous alliez bien. Vraiment. Mais j'avoue que j'espérais peut-être mieux qu'être traité en parfait inconnu.
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMar 28 Juil 2020 - 0:21


De simplement polie, je devint curieuse... Et assez dubitative. Le jeune home avait l'air particulièrement perturbé et il se permettait de donner des ordres à mes domestiques... enfin à ceux du palais ce qui était la même chose pour le moment. Cela aurait encore put passer, s'il avait eu une bonne raison, mais il se contentait de pleurer en me dévisageant. L'intensité de son regard me mettant mal à l'aise, je relevais la tête, plus noble que jamais.

- Votre émotivité est tout à fait déplacées. Puis-je avoir ma boite, je vous prie ? "

Et pour toute réponse... Mon nom.

Un coup tonitruant me tomba sur le coin du crâne. Le visage sensiblement plus pâle, il avait à peine laissé échappé la dernière syllabe de mon nom de famille que j'avais fait deux pas en arrière. Dans un souffle lent et régulé, je focalisais mon attention sur les Rythme de chaque être vivant à proximité. Aux aguets, tous mes sens s'appliquaient à chercher les potentiels ennemis qui auraient put se dissimuler.

Personne n'aurait pu faire le rapprochement entre moi et ce passé lointain. Même mon propre frère ne m'avait pas reconnu tout de suite. Alors qui ? Chasseurs de mage voué à Tyra ? à Othar ? membre des Moines de l'Immatériel ? Qu'il fasse un geste, qu'il déploie le moindre pouvoir et il finirait déchirer en lambeau avant d'avoir put poser la main sur moi.

Mais il poursuivit. Franc. Touchant. Triste ? Mon visage d'une froideur incomparable ne semblait pas l'arrêter, me tendant plutôt le paquet.

6 ans...

Par les anciens...

Mes bras retombèrent le long de mes flancs. Je restais là, tétanisée face au jeune homme, les yeux fixement rivés dans les siens. Sur cette humidité qui les faisait luire. Sur cette émotions palpable que chacun de mes sens considérait comme vrai. Authentique. Il me connaissait. Il me connaissait même bien. A quel point me connaissait-il pour être bouleversé à ce point par nos retrouvailles ? A quel point me connaissait-il pour que mon oubli lui fasse mal à ce point ?

Depuis les ombres projetées par les lambeaux de ma mémoire, les Lamentation s'excusaient. Je le leur avait pardonné depuis longtemps. Nous étions plus ainsi que ce que nous n'avons jamais été séparément. Nous avions survécu à ce que nul autre n'aurait pu supporté et nous avions besoin de ressources. Je m'y étais refusé. J'avais mis ma propre vie en jeu. Il n'y avait pas d'autre responsable que ceux qui avaient essayé de me contraindre puis de me détruire.

Mais...

Mais il n'en restait pas moins ces trous béants.

Et pour la première fois, il semblait que je soit confronté directement à l'un d'eux.

Ce nom... Mon nom... Et le passé auquel il était associé. Tout cela était dangereux. Mais personne ne savait pour ma mémoire. Personne n'aurait pu utiliser un stratagème si grossier contre moi.

Et la curiosité était trop forte.

J'étais déjà insatiable sur les sujets extérieurs, mais cet homme représentait une ombre à l'intérieur de moi. Une ombre massive à la voix grave dont la découverte me faisait battre le cœur plus fort.

Sans un mot, les sourcils froncés comme si je tentais de le jauger, j'approchais de nouveau. Deux pas pour retrouver la distance d'origine. Un pas pour faire face à un ami. Encore un pas et j'entrais de plein pied dans son espace, repoussant la boite sur le côté pour m'emparer de l'une de ses mains. Grande. Quatre doigts. Rude. Blessée à de maintes reprises. Je fermais les yeux et laissais courir mes deux fines mains sur sa paume.

Rien.

Rien ne me revenait...

Rien de rien.

Je soupirais, rouvrant les yeux. Comment faire ? était-ce seulement possible ? Disait-il vrai ?

Hors de question de laisser cette occasion me filer entre les doigts et tant pis pour les conséquences ou pour le danger ! D'un air décidé, je m'écartais sans lâcher sa main, mêlant même mes doigts aux siens pour le tirer à ma suite.

- Venez. Nous avons à parler.

Sans souffrir la possibilité d'un refus, j'entrainais le jeune homme vers le palais, prenant à peine le temps d'ordonner aux esclaves de reconduire Zayase à l'écurie. Une fois passé les grandes porte, la superbe du palais absorba nos infimes silhouettes jusqu'au salon chauffé que je connaissais au rez-de-chaussé. Une pièce de taille moyenne piquée de nombreux braséros, entretenant une atmosphère douce malgré le froid surnaturel qui s'étendait à l'extérieur. Des tentures de soie peinte ornaient les murs finement sculptés  et de grandes fenêtres aux volets fermés et doublés de laine donnaient habituellement sur le grand atrium au milieu duquel coulait en permanence la fontaine d'Isten. Une table basse à la vaanie était entourée de profonds coussins et d'une longue méridienne. Le plateau et les pions d'un jeu de réflexion avait été abandonné là à côté de plusieurs bouteilles de verre aux formes et aux couleurs diverse, d'une coupe de fruit et d'une autre à demie vide de pâtisseries au miel. De l'autre côté, plusieurs instruments de musiques locaux étaient entreposés.

Je ne lâchais le jeune homme qu'une fois entrer, pour refermer la porte derrière nous, étouffant les rares sons qui pouvaient venir du couloir. Une odeur entêtante d'encens flottait dans l'air. Les esclaves en ajoutaient toujours quelques grains aux braséros. Une vieille habitude.

- Je préfère vous parler sans ambage. Je ne sais pas qui vous êtes, et j'en suis réellement navrée. " ajoutais-je avec un geste d'apaisement. " Ici, personne ne sait ce que j'ai été par le passé, aussi vous serais-je gré de taire à jamais le nom que vous avez prononcé tout à l'heure. Je ne plaisante pas sur ce sujet. " Et en effet. Mon regard ne plaisantait pas plus que mon maintien. Mais une fois ce point précis abordé et la certitude qu'il ne prenait pas cette demande à la légère obtenue, je laissais transparaitre un peu de l'attention déroutée qui m'habitait le concernant.

- Pardonnez-moi pour ce brusque changement de décor, mais j'aimerai que vous acceptiez de me parler un peu de... enfin de ce que nous avons été l'un pour l'autre. " finissais-je par articuler, mes pommettes rosissant légèrement. Cette situation était pour le moins curieuse et étrangement personnelle. Sans fard. " J'ai conscience que cela doit être étrange d'entendre une telle requête d'une personne dont vous avez visiblement été très proche, mais je ne me moque pas de vous. Ne m'en tenez pas rigueur, je vous en prie. Si je ne vous reconnais pas, ce n'est pas par simple oublie. " Un peu de gentillesse ne pouvait pas faire de mal... Et son visage rayonnait d'une certaine douceur. " Il y a des années, des évènements malheureux m'ont pris une partie de ma mémoire. Je ne sais pas encore aujourd'hui combien de mes souvenirs ont disparus. Disons que ma vie avant mon arrivée en Ithri'Vaan est... lacunaire. Je vous le demande comme une faveur. Asseyez-vous un moment avec moi. " terminais-je sans détourner mon regard. Mon bras désignait avec espoir l'amoncellement de coussins moelleux aux couleurs chamarrées qui entouraient la table.
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeSam 1 Aoû 2020 - 7:02

Cécilie de Missède, de l'expérience de Grayle, n'était pas particulièrement une bonne comédienne. Et la confiance instinctive qu'avait Grayle en la bonté et la franchise des autres fit qu'il cru instantanément la jeune femme.

Une perte de mémoire donc. La tristesse de ne pas être reconnu se transforma en compassion pour la magicienne qu'il regardait avec admiration auparavant. Il resta ainsi sur place, silencieux et observateur, alors qu'elle luttait contre de nombreuses émotions contradictoires.

Elle revint vers lui. Il sourit en sentant ses doigts caresser et toucher les siens, comme elle le faisait avant.

Et sans résistance, il la laissa le tirer à sa suite. Il n'eut même pas le temps de profiter des splendeurs intérieures du palais qu'il se retrouvait seul, dans une petite pièce, aux côtés de la magicienne. Il déposa respectueusement le paquet à côté de la table.

" Ici, personne ne sait ce que j'ai été par le passé, aussi vous serais-je gré de taire à jamais le nom que vous avez prononcé tout à l'heure. Je ne plaisante pas sur ce sujet. "

- Vous êtes la deuxième personne que je retrouve me disant ça.

Qu'ont-elles toutes, à fuir leur passé et leur identité ? Gayle ne croyait pas qu'on puisse devenir une autre personne en faisant table rase du reste comme s'il n'avait jamais existé.

Il l'écouta, silencieusement, encore une fois. Quel genre d'événement pouvait faire perdre la mémoire ? Une mauvaise chute était peu probable. Il espérait que ce ne soit pas un traumatisme. Mais...

Il avait lui-même créé une seconde personnalité, à la fois factice et réelle, volant une bonne moitié de sa personnalité à lui, lorsque sa sœur jumelle était morte. Ce n'est qu'au Puy qu'il était devenu l'homme qu'il était sensé être, retrouvant les émotions puissantes et l'humour qui le caractérisait et qu'il avait refoulé depuis quinze ans.

Il se doutait bien que seulement quelque chose d'aussi grave, voir plus, aurait pu pousser l'esprit d'une telle femme dans de tels retranchements. Et, d'avance, il avait pitié d'elle.

Regardant la table, il s'avanca vers cette dernière et s'assit sur les coussins. Il regarda fixement la table, avant de grimacer, visiblement pas très à l'aise devant le jeu de plateau mal rangé et les verres à moitié vide.

- Rah, flûte.

Il se saisit des pions, et, avec application, rangea la table, entreposant les verres sur un côté de cette dernière, nettoya les miettes laissées par les pâtisseries, et se leva ensuite, déposant le jeu sur une étagère. Pour l'ancien esclave qui avait passé ses dernières années à obéir aux ordres, ranger et nettoyer tout ce qui était à portée était devenu un réflèxe dont il avait un mal fou à se débarrasser.

Toujours debout, il avisa une rangée de bouteilles de vins, entreposées.Il se mit à sourire.

- Hey. Il y a longtemps, nous avions pris une bouteille de vin ensemble. dit-il en faisant glisser ses 4 doigts sur les contenants. Elle était vraiment mauvaise, mais nous avions tous les deux besoin de parler.

Il tira une bouteille. Il n'était pas sommelier, mais savait ce qu'était un bon vin.

- Je vous avais promis de vous en offrir une meilleure à l'époque. Voilà une promesse que je vais pouvoir tenir ! dit-il en se retournant. Son visage jeune et bien fait était plein de sérénité, encadré par son épaisse tignasse de cheveux gris clairs. Il revint vers elle, et commença à déboucher la bouteille, assis en tailleur sur les coussins. Malgré son épaisse carcasse, il se déplacait avec une souplesse presque suspecte.

Il commença à servir le vin. Il avait appris à apprécier les bonnes choses, depuis le Puy, et comptait bien faire de ces retrouvailles un moment aussi agréable que possible, malgré le contexte.

- Je réalise que vous ne savez toujours pas qui je suis, alors avant de parler de vous... je vais commencer par moi. Santé !


Le bruit de verres qui s'entrechoquent. Elle peut remarquer qu'il l'a servie plus généreusement que lui-même, et qu'il a sorti un verre propre pour elle.

- Je m'appelle Grayle Gardair. Je suis né et j'ai grandit en péninsule, dans un petit village paysan, où j'ai travaillé la terre. J'ai été exilé de mon village, et c'est sur la route de mon pélerinage vers le Puy que je vous ai rencontré.

Il prit une gorgée. Le vin était chaud et bon.

- J'avais... 15 ans et demi à l'époque. Un vrai gamin, qui ne connaissait rien du monde et des gens, avec une liste de traumatismes longs comme le bras derrière moi. Nous nous sommes rencontrés à Diantra, après que j'ai sauvé une fille que vous connaissiez de brigands. Elle s’appelait...


Il fronca les sourcils.

Merde, comment elle s’appelait déjà ? Il resta silencieux, fouillant dans sa mémoire.

- Ah ! Linaëlle ! Une petite ado. Grande, maigre. Toute craintive, une vraie souris. Elle s'était échappée et vous aviez envoyé... quelqu'un la retrouver, et il était revenu vers moi. Anthoine. Ouais, Anthoine. Je me souviens d'une femme aussi. La Louve Noire, une mercenaire.

Il la regarda d'un air malicieux.

- Oh, vous aviez un chien également. Tagren. Ou Tragen ? Je ne sais plus. Un énorme molosse. Je l'aimais bien.Il reprit une gorgée de vin. Mais c'est là que je vous ai rencontré. Vous êtes celle qui s'est mise à soigner mes blessures. Vous aviez une propriété à Diantra, mais, désolé, je n'ai aucun souvenir d'où elle était précisément. Vous étiez riche aussi. Avec des serviteurs, et des gardes.

Il déposa son verre, avant de se détendre, les bras au ciel. Comme un chat, ou plutot, comme un tigre. Sa chemise de lin orangée, qu'il portait après avoir enlevé sa pélerine, cachait bien mal l'armure de muscles qu'il s'était constitué malgré les années de maltraitance. Il posa doucement ses mains sur ses genoux, fixant les yeux clairs de la jeune femme avec ses yeux gris.

- Je ne vous garantit pas de me souvenir de tout. Mais je peux au moins vous assurez d'une chose. Vous étiez riche, vous étiez connue, et il existe encore probablement des dizaines de personnes qui se souviennent de vous et vous attendent et saurons plus vous en dire.
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeSam 1 Aoû 2020 - 11:31


Je levais un sourcil lorsque le jeune homme se mis à remettre en ordre la table. Avait-il des obsessions ? Je faillis l'interrompre, agacée par ce délais, mais si cela pouvait le décider à rester un peu, je pouvais prendre sur moi.

- Il me semble que c'est moi qui vous en offre une meilleur étant donné que vous n'êtes pas chez vous." relevais-je, toujours un peu surprise de son ton amical. Cette situation était décidément étrange.

Maintenant qu'il n'avançait plus d'un pas rapide, je pouvais un peu mieux le distinguer. Son visage. Il s'installa près de moi sur les monceaux de coussins, servant consciencieusement deux verres de la bouteille qu'il avait choisie. Mon oreille suivait chacun de ses gestes aussi bien que mes yeux. Contrairement à ce que j'avais cru, il semblait être humain, si ce n'était cette étrange couleur de cheveux. Son sang devait être clairet. L'avais-je rencontré en Ithri'Vaan avec d'autres compagnons de routes de l'époque ? Il ne pouvait donc pas être...

Mais il me happe en me promettant des réponses. Nous trinquons. Mon nez flotte au-dessus du verre un moment avant que mes lèvres ne s'y trempent. La propriétaire de ce palais savait décidément boire...

- Vous avez sauvé Linaëlle ? " soulignais-je, interloquée en roulant légèrement sur la hanche. Il était bien plus souple que moi, restant sans peine en tailleur sur les coussins tandis que je m'y étalait à demi en une posture alanguie.

Ce passage n'éveillait en moi pas une bribe de lumière. Les noms qu'il donnait n'étaient que de vagues bruissements. Mais alors, il était bien péninsulaire. Si nous nous étions rencontré quand j'étais à Diantra avec la petite, cela devait être en l'an 9. Ou 10 peut-être. J'organisais les informations qu'il me donnait. Un pèlerinage vers le Puy. Il avait donc probablement suivi celui que j'avais monté pour les portes de la mort et s'était arrêté en chemin, sans quoi il ne serait plus de ce monde. Logique qu'il connaisse Lyarra. Mais... Il avait donc été là le jour de sa mort ?

Je sirotais doucement en l'écoutant avec attention. Les faits étaient là. Bien. Je situais un peu mieux l'enquête qui devait avoir lieu dans mon propre passé.

Puis son sérieux me fit rire intérieurement sans que rien ne paraisse que la concentration offerte jusque là. Voilà un homme qui ne prêtait pas foi aux rumeurs. Même celles qui étaient vrai. S'en était presque désespérant. Des dizaines... Des milliers auraient été plus juste. Ils m'attendaient le pied ferme et l'arme au clair. Il n'avait aucune idée de la réalité de notre pays d'origine... Il est vrai qu'il était paysan avant tout cela. Un rustre nordien.

Il s'étira de tout son long, révélant s'il en était besoin sa carrure de docker. De nouveau cette sensation et l'ombre d'un corps massif contre le mien. La voix haineuse de mon frère me revint une seconde à l'esprit, bribe fugace que j'écartais par réflexe d'un hochement de tête.

- Je n'en doute pas, mais allons-y un pas à la fois, voulez-vous ? " lui souriais-je pour faire bonne mesure. " Je resitue mieux comment nous nous sommes rencontré. Cette époque était des plus troubles et je suis heureuse de voir que vous y avez survécu. Il faudra que vous me racontiez plus en détail cette histoire de pèlerinage au Puy. Mais... "

Je reposais mon verre avant de revenir à ses yeux clairs. Ma main se posa nonchalamment sur son genou.

- Vous dites que nous avons partagé une bouteille. Que nous avons parlé. Nous étions proches, n'est-ce pas ?
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeLun 10 Aoû 2020 - 23:09

- Il me semble que c'est moi qui vous en offre une meilleur étant donné que vous n'êtes pas chez vous.

Il n'avait pas pu s'empêcher de sourire à ce commentaire, et répondit rapidement au milieu de ses récits

- Je fais de mon mieux, d'accord ? Les deux prochaines bouteilles sont sur ma note.

Il reprit son récit, répondant aux questions que lui posait son ancienne amie. Il confirma qu'il avait bien sauvé Linaëlle.

- Je ne résiste pas aux femmes en détresse. Dit-il d'un ton faussement sérieux.

Il redevint plus grave lorsqu'elle posa sa main sur son genou.

- Vous dites que nous avons partagé une bouteille. Que nous avons parlé. Nous étions proches, n'est-ce pas ?

Il y a quelques années, Grayle aurait clairement été dans l'embarras. Il était encore jeune, plein d'envies et de désirs refoulés, timide, et surtout, extrêmement impressionné par Cécilie, qui, sans qu'aucun des deux ne le sache vraiment -ou accepte de l'admettre-, avait éveillé quelque chose en Grayle. Une vague d'émotions successives, surprise, joie, désir, puis mélancolie, envahirent son être. Il prit doucement la main douce et minuscule de la jeune femme et l'enleva de son genou, pour la redéposer à côté. Les yeux gris de Grayle ne cillèrent pas une seule fois.

Il pouvait mentir. Elle ne se souvenait pas de lui. Il aurait pu prétendre qu'ils étaient très proches, mais... il n'était pas un menteur. Et il n'avait rien de valeur à gagner à mentir à la jeune femme.

- J'aimerais dire oui, mais... c'est compliqué. Nous ne nous sommes pas connus pendant longtemps. Quelques semaines tout au plus. Beaucoup d'événements se sont succédé, et, nous étions tous les deux, enfin surtout moi... en détresse. Nous nous sommes rapprochés, et avons été là l'un pour l'autre, l'un à l'écoute de l'autre. Mais dire que j'étais "proche" de vous... aurais été me vanter, si vous voyez ce que je veux dire.

Il soupira un peu, avant de boire quelques gorgées de vin, comme pour se donner du courage.

- Je pense, en toute modestie, que vous avez été plus importante pour moi que je ne l'ai été pour vous. J'aurais aimé pouvoir faire plus. Que ce soit pour vous, Lyarra ou Elia, les dieux savent ce qu'elle est devenue

Une autre gorgée.

- C'était une petite peste avec moi mais qui ne l'est pas à 13 ans et avec une mère morte devant ses yeux ? Mes petites sœurs me faisait tourner en bourrique aussi, après tout.
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeLun 17 Aoû 2020 - 22:04


Je soulevais un sourcil en le voyant refuser tout contact. Le visage égal et orgueilleux soutint le regard du jeune homme.

Compliqué... Nous étions là l'un pour l'autre... Lui en détresse... Cela s'était mal terminé ? A cause de son pèlerinage sans doute ? M'avait-il demandé quelque chose à l'époque et qu'un refus était venu mettre un terme à notre relation ? Plus proche de moi que je ne l'avais été de lui... Cela semblait coller et expliquait autant sa réticence à me toucher que son émois à me revoir. Mais il restait cryptique.

Et si c'était bien le cas, il n'était pas celui que je pensais... Mais cela n'expliquait pas cet étrange sentiment que j'associais à sa voix. Un sentiment puissant, une force qui s'encrait avec la stabilité d'une montagne prête à subir tous les hurlements des vents du nord.

Quelque chose m'échappait. Il y avait plus que ce qu'il disait à mi mot, ou plus que ce que je pensais comprendre.

Je le regardais avec une intense fixité, nullement gênée par son refus. Chaque détail de son visage, de ses mains, de ses mouvements pendant qu'il buvait encore...

- Lyarra était une trainée inconséquente qui jouait le jeu des hommes en braillant qu'elle était libre. Elle ne faisait que se complaire dans la même violence et les mêmes travers moralisateurs qu'eux. Je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'elle ait même réussit à forcer des hommes à lui donner du plaisir sous la contrainte, garce comme elle était. " laissais-je tomber sur le ton de la conversation. " Quant à Elia, elle a hélas suivit le même chemin. Dépravée. Inconsciente. Sans aucune idée de la valeur d'une vie. "

Et j'avais encore le souvenir de ses lèvres sur celle de... non. Ils étaient tous les deux morts pour moi. Et ils feraient mieux de le rester. Je devais plutôt penser à... à... Ce souvenir. Cette impression.

- Mais à propos de nous... Vous n'êtes vraisemblablement pas celui que je croyais puisque nous ne nous sommes pas rencontré au Nord. Je comprends, mais vous n'êtes pas n'importe qui pour autant. " Je me redressais un peu, proche de lui pour le regarder dans les yeux. " Je ne sais pas ce que j'ai pu faire ou dire pour vous faire penser que vous ne comptiez pas, mais j'ai une impression diffuse à chaque fois que j'entends votre voix. Elle fait... Elle m'évoque quelque chose de fort et de profond. Une complicité semblable à un présent. S'il vous-plait, soyez plus précis. " Ma main se posa sur son poignet avec douceur mais fermeté, le poussant à reposer la coupe sur la table pour qu'il me consacre toute son attention. Ne connaissant pas sa résistance, je ne voulais pas qu'il sombre dans la boisson avant d'avoir été plus clair. " Vous pensez que je comptais plus pour vous que l'inverse, vous étiez en détresse, cela n'a duré que quelques ennéades. Vous ne voulez pas que je vous touche à présent, mais vous étiez au bord des larmes tout à l'heure. Dites-moi, s'il vous plait. Qu'est-ce que tout cela signifie ? "
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMar 18 Aoû 2020 - 17:38

- Lyarra était une trainée inconséquente qui jouait le jeu des hommes en braillant qu'elle était libre. Elle ne faisait que se complaire dans la même violence et les mêmes travers moralisateurs qu'eux. Je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'elle ait même réussit à forcer des hommes à lui donner du plaisir sous la contrainte, garce comme elle était.

Grayle manqua de s'étrangler devant ces paroles. Il savait que Lyarra et Cécilie avaient quelques... désagréments l'une envers l'autre, et que l'attitude de la première, souvent, exaspérait la seconde. Mais la Cécilie qu'il connaissait n'aurait jamais usée de mots aussi... directs et crus envers la guerrière. Celà ne le gênait pas. Au contraire, il aimait bien cette Cécilie là. Moins jeune, moins effacée, moins... sage que celle qu'il avait connu, certes. Mais elle dégageait une aura d'autorité, de puissance et d'assurance qui lui plaisait. L'influence de Viconia et de Krish sans doute.

A croire que le destin se faisait un malin plaisir de mettre sur sa route des femmes toutes plus belles et rusées les unes que les autres. Il ne cacha pas son sourire aux mots utilisés par Cécilie, de même que sa déception à entendre ce qu'elle disait d'Elia.

- C'est dommage... mais ca signifie qu'elle est en vie. Si elle va assez bien pour faire quelques conneries, alors tout ne va pas si mal. Je l'aimais bien, mais elle n'était pas facile avec moi.

Il ne bougea pas lorsqu'elle s'approche de lui, au point d'être inconfortablement proche. Cette fois, il ne protesta pas lorsqu'elle prit sa main. Il n'y avait rien de coupable dans cette situation, et ce n'est pas comme si Miriel pouvait débarquer ici, l'arme à la main.

La pensée d'une telle scène le fit sourire.

- Vous pensez que je comptais plus pour vous que l'inverse, vous étiez en détresse, cela n'a duré que quelques ennéades. Vous ne voulez pas que je vous touche à présent, mais vous étiez au bord des larmes tout à l'heure. Dites-moi, s'il vous plait. Qu'est-ce que tout cela signifie ?

Sourire. Il se voulait rassurant.

- C'est compliqué. Et ne vous en faites pas. Vous n'avez rien fait de mal ou quoi que ce soit. Je veux dire, outre perdre tous vos souvenirs de moi ! Dit-il d'un air faussement accusateur. Ce sont des conclusions que j'ai tiré moi-même. Elles ont la valeur que vous leur accorderez.

Il se frotta le menton, pensif. Par où commencer ?

- Vous savez, je pense que me présenter vous éclairera peut-être un peu. Et puis...

Sa voix devint plus grave, pleine de mélancolie et de regrets.

- Vous étiez la seule à connaître mon passé. Si vous l'avez oublié, il ne serait que justice de vous le rappeler.

Il frappa son torse du poing.

- Je m'appelle Grayle Gardair ! dit-il avec une évidente fierté. Je suis né paysan, dans un petit village du sud de la péninsule, à Donzenac. Je suis né ainé de la famille, avec une soeur jumelle. Elle est morte à 6 ans, après que je lui ai transmis ma maladie.

C'est la première fois qu'il parlait d'elle à quelqu'un d'autres. Lorsqu'il avait rencontré Cécilie, son cerveau malade avait créé une seconde personnalité, celle de Graïnne, composée des fragments de souvenirs de sa soeur, et d'une partie de la personnalité de Grayle. Il discutait avec elle, l'écoutait lui chuchoter des conseils. Lorqu'il avait accepté de faire face à son passé et ses traumas, elle était partie. Ou plutot, revenue en lui.

- J'ai eu d'innombrables frères et soeurs, mais vous savez comment ca se passe à la campagne. On ne vit pas bien longtemps. Au final, nous n'étions que quatre. Lors de la guerre du Voile, mon père s'est porté volontaire lors de la conscription, à ma place. Lorsqu'il est revenu...

Il soupira.

- Il n'était plus vraiment le même. Il était devenu violent. Alcoolique. Hagard. Paranoïaque. Il battait ma mère. Et nous. On s'est disputé lui et moi. Souvent. Puis un jour, il a tué ma mère ainsi que mes frères et soeurs.

Le vin lui manquait, là, tout de suite.

- Je l'ai affronté, et je l'ai tué. J'en garde quelques traces dit-il en montrant sa main gauche, à laquelle il manquait un doigt. Puis, sa tête, où ses cheveux gris étaient striés d'une grande cicatrice sur l'arrière du crâne. Il remonta sa manche. Elle pouvait voir un avant bras massacré, couturé de blessures qui venaient de manière bien évidente d'une torture longue et répétée. Mais surtout, une estafilade, longue, violette, tout le long de l'avant-bras. Même des années après, il était évident qu'une quantité absurde de sang en avait coulé.

- Et vous savez ce qu'il a dit avant de mourir ? " Merci". C'est après que j'ai compris. Qu'il était triste, seul, plein de traumatismes, et n'avait personne à qui en parler. J'aurais pu discuter avec lui, essayer de le comprendre, de l'aider, au lieu de... le voir comme un méchant frappant les gentils.

Il se mordit la lèvre inférieure. Même s'il était de toute évidence attristé par ces événements, son port, sa voix, la détermination de son regard et l'absence de larmes indiquaient que Grayle était allé de l'avant.

- Comme vous le savez, en Péninsule, tuer son père, c'est la corde. Mais étant donné les... circonstances, j'ai été éxilé. Pour le pardon de Néera, j'ai été ordonné d'aller au Puy, avec la mission de disperser les cendres de ma famille, ou de mourir en essayant. J'avais 16 ans. Dit-il comme pour conclure cette partie de son histoire.

Il retoucha sa manche, masquant l'avant-bras auparavant découvert.

- C'est à Diantra que je vous ait rencontrée. Vous, et les autres. Vous deviez aller à Nisétis afin de... fermer la déchirure du Voile. Car les esprits des morts n'allaient pas au ciel, et restaient sur terre. Et nous hantaient.

Une lueur malicieuse illumina le regard de Grayle.

- J'étais bien placé pour le savoir...

Il étira ses bras. Il fallait avouer qu'il était bien au milieu de ses oreillers. Il avait envie de s'y allonger...

- Alors, je vous ai accompagné. Vous étiez belle. Vous étiez sage. Attentive. Intelligente. Protectrice envers moi. Et même, une magicienne ! Il se mit à sourire. Imaginez l'impact que l'amitié et l'attention de quelqu'un comme vous peut avoir sur un gosse comme moi, qui n'avait plus de famille, plus d'amis, de repères, et encore moins de futur.

Il s'allonga sur les coussins, regardant le plafond. Il se mit à penser à une anecdote.

- Vous étiez bien plus affable que Lyarra. D'ailleurs, par rapport à ce que vous disiez sur elle... vous avez raison. Elle avait essayé de me forcer à coucher avec elle. J'avais refusé, et elle m'avait frappé. Il se mit à rire. Elle m'avait même proposé de coucher avec sa fille, quand elle serait plus grande ! Hahaha ! Si Elia l'avait su !

Il reprit son sérieux. Un franc sourire sur le visage. La Louve Noire, malgré ses défauts, avait aussi des qualités. Il avait apprécié la femme pour ces dernières.

- Le voyage était long. Et dangereux. Vous avez failli y mourir. Et quand je vous ai laissée, vous et les autres dans le désert, pour marcher vers le Puy... et bien j'étais inquiet pour vous. Et les autres. Savoir que vous êtes en vie et en bonne santé... ca me touche. J'ai souvent pensé à vous, quand j'étais au Puy. Ca aide à supporter ce qui s'y passe.

Allongé ainsi. Oui, comme sur le bateau. Ce soir là... de quoi discutaient-ils ? De la vie. La mort de Lyarra. Et...

- L'amour.

Il se redressa.

- Nous avions parlé d'amour ce soir là ! dit-il d'un air soudainement enjoué, alors qu'une excitation palpable envahissait son visage. Oui ! Ca me revient maintenant...

C'était comme si tout le contenu d'une armoire trop remplie se déversait sur sa tête, après avoir réussi à ouvrir la porte. Il claqua des doigts, à répétition. Son visage serein était déformé par l'intensité de sa réflexion, alors qu'il fouillait toujours plus loin dans ses souvenirs, montrant toute la vie, presque en excès, qui était enfouis en son être. Il espérait que, peut-être, raviver ses souvenirs ferait de même avec ceux de la rousse.

- Ca va me revenir... Il tapa les coussins à côté de lui. Allongez-vous... oui, nous étions l'un contre l'autre. Et vous vous étiez endormie à côté de moi...
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMer 19 Aoû 2020 - 11:31


En vie... Oui, Elia l'était et je n'y était pour rien. Inconsciemment, ma langue passa humidifier mes lèvres tout en laissant le jeune homme expliquer plus précisément cette part de moi que j'avais perdue.

Une meute de six. Quatre survivants. Une jumelle... Avais-je déjà vu des jumeaux ? Il ne me semblait pas que ce soit le cas. Une pointe de curiosité m'intima de garder ce détail dans un coin de ma tête pour plus tard. Il y avait bien des études à faire sur la question. Peut-être que commencer par eux serait plus facile lors des essais pratiques. Mais déjà le jeune homme me rappelait de sa voix grave.

Morts. Tous morts. Je fronçais le nez, un courroux glacial venant voiler mon regard quelques instants.

Y avait-il un seul père dans ce monde qui ne soit pas un monstre dégénéré ?

Je saisis le coup d’œil du jeune homme vers sa coupe. Rien d'anormal vu ce qu'il venait de laisser tomber. Puis les preuves. Nombreuses. Visibles. Pas autant que celles de... Bon sang ! Mon doigt curieux vint suivre les cicatrices de son avant-bras, leur donnant corps dans mon esprit où la vue n'était que secondaire, même après tant d'années.

Mais la fin de cette histoire abjecte n'en était que plus révulsant. D'un mot son foutu père avait réussi à le faire culpabiliser pour le restant de ses jours. Il n'avait même pas eu la décence d'offrir à son dernier fils la joie d'avoir triomphé du monstre qu'il était devenu. Je fermais un moment les yeux, mes doigts arrivés au bout de la scène écrite sur son bras. Tous les même...

- Seize ans... " répétais-je, incrédule. Il n'y avait bien que les tribunaux populaires et les prêtres pour infliger cette mort lente à un garçon à peine fait homme qui venait de perdre tout ce qu'il avait au monde, jusqu'au toit qui l'avait vu naître.

Une colère sourde me montait lentement au cœur une fois de plus. Ceux qui se réclamaient du bien et de la morale étaient décidément les êtres les plus exécrables... Mais c'était aussi parce que des moutons du genre de cet homme leur prêtait le dos. Même à moi il m'avait fallut un peu de temps avant de faire face à la réalité. J'écoutais d'autant plus précisément son histoire que j'attendais de savoir s'il était parvenu à ôter ses œillères.

- Oui, nous étions sensé retrouvé la Gardienne de Néera à Naelis avant d'aller plus loin, je m'en souviens. " Elle n'était jamais venue. L'air entendu du jeune homme en parlant des esprits errants agita de nouveau ma curiosité, mais la suite des mots qu'il prononça, yeux dans les yeux, chassèrent toute autre considération. Sur mes traits à la fierté à peine mobile, c'était bien l'ombre de la surprise qui venait de s'inviter. J'avais fait si forte impression à quelqu'un à l'époque... avant...

Je le regardais s'étendre, restant près de lui, les jambes étendues sur le côté, appuyée sur la hanche et calée sur un bras. Mon dos encore droit le surplombait et mon visage le détaillait toujours d'un regard dont l'intensité prouvait ma concentration. Le bruissement des coussins contre ses vêtements. Ses mouvements secs sans grande grâce. J'avais une curieuse impression. La digression sur Lyarra m'arracha une expression de dégoût. Elle avait même mêlée Elia à ça... J'avais été si aveugle a l'époque. J'avais tout tenté pour l'aider sans accepter le fait qu'elle était bien pire que la plupart de ceux que j'essayais d'entraver.

- ...Amour. " mon attention lui revint soudain, aiguë.
- Pardon ? "
- Nous avions parlé d'amour ce soir là ! Oui ! Ca me revient maintenant...
- Quoi ? Quel soir ? "

Je me drapais dans ma superbe. De quoi parlait-il cette fois ? Jusque là il m'avait pourtant semblé exhaustif, mais rien ne présageait... ça ? Il réussissait à être ambiguë une fois de plus et le plus exaspérant c'est qu'il n'avait même pas l'air de le faire exprès. Mais ce qu'il essayait de retrouver... Ce que j'essayais de retrouver... J'étais bien plus curieuse de ça que des jumeaux ou des fantômes pour le moment. Je le jaugeais du regard. Sa voix était emportée, son regard franc, sa posture avenante. Aucune marque de mensonge, mais savait-on jamais vraiment ? Tenterait-il de profiter de la situation ? Si c'était le cas il s'apprêtait à affronter l’indicible de toute façon. C'était son problème.

D'une main je le poussais à se rallonger avant moi, puis je vins m'étendre doucement, lui imposant de garder contact d'un regard si insistant qu'il en semblait insolant. Ma silhouette affinée par des années de marche, de fuite et de danse malgré les repas copieux de ces dernières ennéades vint se poser contre son flanc. Mon ventre et ma poitrine contre ses côtes, mes jambes suivant la courbe de sa hanche pour glisser le long des sienne. Au dernier moment, forcée de rompre le contact visuel, je blottissais ma tête au creux de son épaule. Le bras resté sous moi frôlait la ligne de sa taille, celui qui était encore libre et qui l'avait poussé sur le dos s'étendit en travers de sa poitrine, relevant la manche de ma chemise dans le mouvement pour dévoiler la peau d'ivoire de mon bras.

- Comme ça ? "

Étrange.

Je fermais les yeux et me tortillais un peu pour trouver une position plus confortable entre le moelleux des coussins et la rudesse du corps musclé de ce qui n'était finalement pour moi qu'un étranger m'évoquant de vagues impressions.

Le rythme de son cœur. Sa respiration. Son torse qui se gonflait avec force sous le poids de mon bras inerte. Mon genou légèrement replié, posé juste au-dessus du sien sur sa cuisse gainée de toile. La façon dont l'air faisait vibrer sa gorge. Le son de sa voix pouvait se répandre en lui et raisonner dans sa poitrine, chargeant son timbre des l'amplitude de sa respiration. Son pectoral qui se contractait sous ma joue à chaque mouvement infime de son épaule ou de son bras.

Son odeur. Celle de sa peau, une fragrance mâle qui m'était étrangère, mêlée à un peu de sueur due à son travail malgré le froid qui régnait dehors. Pour l'instant, bien qu'étrange, elle ne me donnait pas la nausée. Je redressais le menton mais seul l'angle de sa mâchoire et le tracé de ses lèvres entraient dans mon champ de vision. Malgré ses cheveux gris et la précision qu'il avait donné sur son âge un peu plus tôt, je prenais soudain conscience de sa jeunesse.

- Alors vous étiez avec nous pendant ce voyage. Je me rappelle du bruit des chevaux et des conversations incessantes de toutes sortes de personnes. Je me rappelle aussi un magicien dangereux qui passait son temps à boire et à jurer dans une langue étrange. " un vague sourire flottait sur mes lèvres. Un homme gratiné mais d'une puissance qui me rendait curieuse aujourd'hui... et probablement l'instigateur de mon éveil aussi bien que de nombre de mes malheurs. " Vous avez eu une vie compliquée. " soufflais-je en me repassant ses dires en sens inverse, me détendant peu à peu. Cette situation était passablement irréelle de toute façon. " Ce que vous m'avez raconté... D'un côté je ne peux que constater leur vérité par rapport à mes quelques souvenirs de l'époque. " Deux de mes doigts avaient commencé à jouer pensivement avec le bord de son col. " Mais je ne me reconnais pas entièrement dans vos mots. Comprenez bien que ce n'est pas par puritanisme. Je n'essaie pas de nier quelque chose qui déplairait à un quelconque ordre social. J'étais trois fois mariée et trois fois veuve à l'époque alors que je n'avais que vingt ans, je pouvais bien faire ou dire ce qui me chantait. Mais... Nous devions être très proche pour que j'ose m'étendre avec vous et aller jusqu'à m'endormir dans vos bras. Jamais cela ne m'est arrivé. Ou en tout cas je n'ai pas un souvenir de cette sorte remontant au temps de d'avant les Portes de la mort. Pas une fois. Avec personne. Pas même une sœur ou un parent... Vous dites que nous avions parlé d'Amour ? "
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeJeu 27 Aoû 2020 - 11:11

- Mais je ne me reconnais pas entièrement dans vos mots. Comprenez bien que ce n'est pas par puritanisme. Je n'essaie pas de nier quelque chose qui déplairait à un quelconque ordre social. J'étais trois fois mariée et trois fois veuve à l'époque alors que je n'avais que vingt ans, je pouvais bien faire ou dire ce qui me chantait. Mais... Nous devions être très proche pour que j'ose m'étendre avec vous et aller jusqu'à m'endormir dans vos bras. Jamais cela ne m'est arrivé. Ou en tout cas je n'ai pas un souvenir de cette sorte remontant au temps de d'avant les Portes de la mort. Pas une fois. Avec personne. Pas même une sœur ou un parent... Vous dites que nous avions parlé d'Amour ?

Un sourire. Elle ne s'imaginait pas dormir avec lui. Ou avec quiconque. Cela lui rappela une de ses phrases, alors... la voix de Grayle, grave et profonde, changea peu à peu au fur et à mesure qu'il répétait cette phrase. Sa voix devenait plus féminine, jusqu'à se rapprocher, avec un réalisme presque troublant, de celle de Cécilie, ou du moins, du souvenir qu'il en avait.

- Il y a plus de lits, plus de pièces et plus d'espace qu'il n'en faut pour chaque personne. Part
ager ne serait-ce qu'un fauteuil ou une banquette c'est déjà une marque d'amitié. Chaque geste. Chaque mot. Chaque émotion. Tout est étudié, retenu, remâché. C'est le prix à payer pour mettre les egos de côté et faire passer les intérêts des gens sur lesquels nous veillons avant les nôtres...

Il la regarda avec chaleur.

- Vous m'aviez dit ca, lorsque je vous avait expliqué que chez moi, tout le monde dormait ensemble. Parents et enfants. Je dormais tous les jours avec mes soeurs dans mes bras. Son bras droit, qui passait sous le crâne de Cécilie tandis que sa propre main reposait chastement sur son maigre dos, raffermit sa prise.

- Comme avec vous maintenant.


Ce n'était pas faux d'ailleurs. Tenir la frêle humaine contre lui, lui rappelait lorsqu'il dormait avec ses soeurs, ou lorsqu'il avait réclamé à Modeste de pouvoir partager -chastement- sa couche. Ca n'avait rien à voir avec lorsqu'il partageait le lit avec Miriel. Etrange, cette tendance qu'il avait à considérer des personnes, pourtant bien plus puissantes que lui, comme des choses fragiles qu'il voulait instinctivement protéger.

Et soudainement, cette phrase dont il s'était rappelé, débloqua le souvenirs de la conversation. Son sourire devint triomphant.

- D'amour, oui. C'était sur le bateau entre Diantra et Naelis. Nous avions été attaqués par des pirates. Et Lyarra avait été tuée devant nous. Vous ne vous sentiez pas bien. Et moi non plus. Alors, nous avons discuté pendant la nuit. Pour parler. Des autres. De la mort, de la vie... et de l'amour. Je vous avais demandé ce qu'était la vie de noble. Vous étiez la première avec qui je pouvais parler... d'égal à égal, si je puis dire.

Il tendit son bras libre vers le plafond. Épais et musclé, il ressemblait à un arbre.

- Vous m'avez raconté votre quotidien. Et vos anciens époux. Ernest... et Enrico. Et vous m'aviez demandé si j'avais eu une amoureuse !

Son visage s'illumina.

- Je n'en avais pas. Je n'ai jamais été doué avec les femmes et... il devient rouge. Oh, par les dieux, d'un côté je suis content que vous ne souveniez pas du passé parce que qu'est-ce que j'ai été maladroit avec vous ! Son visage s'empourpra alors que des phrases gênantes remontaient à la surface de ses souvenirs. Et de vous à moi, six ans d'esclavage chez les drows ne m'ont guère aidé.

Il lui fit un clin d'oeil.

- Mais j'ai une amoureuse maintenant. Une demi-drow, une ancienne esclave du Puy comme moi
. De toute évidence, l'avenir avait bien tourné pour le jeune homme. Mais revenons à nos moutons... oui, nous parlions d'amour. Et vous m'aviez parlé d'un homme qui vous rendait heureux. Et son nom...

Il s'exclama d'un coup.

- FINGANOR ! Non... rinfanor... JINDANOR ! Un bucheron de Seramille ! Il éclata de rire. Un bucheron ! Un homme du peuple qui avait volé le coeur d'une noble. Il avait trouvé ca beau à l'époque. Vous m'aviez dit qu'il vous manquait beaucoup. Et puis, vous vous étiez endormie, contre moi. Alors je vous avais ramené à votre chambre, avant de revenir dans le dortoir où les personnes comme moi.

De moins noble naissance...

- ... étaient logées. Je me serais jamais permis à l'époque de dormir avec vous.

Il releva son visage, regardant la belle rousse.

- Est-ce lui que vous cherchez ?
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeJeu 27 Aoû 2020 - 17:15

Je l'écoutais paisiblement. Rougir. Sourire. Bouger. Me serrer davantage contre lui. Une sœur... il pouvait parler mais je restait plus que dubitative. Je parvint même à ne me raidir que peu lorsqu'il tenta d’imiter ma voix. Il s'enthousiasmait pour un rien et parlait de son séjour à Elda comme d'un fait qui n'avait pas tant d'importance, sur le même ton qu'il employait pour parler de son aimée. Un homme qui avait fait le tour de la question semblait-il. Quelque chose sonnait faux pourtant, mais je ne parvenais pas à mettre le doigt dessus.

- Félicitation à vous, je suppose. " soufflais-je dans son cou, incrédule, lorsqu'il précisa qu'il était désormais en couple, contrairement à notre dernière rencontre.

L'écho d'un souvenir semblait flotter autour de lui... Et un nom.

Jindanor ?

Je fronçais les sourcils, tentant de chercher dans ma mémoire. La présence de mes camarades adoucissait l'exercice que je sentais vint sans pouvoir me l'admettre totalement. J'avais beau me repasser les évocations qui fusaient de sa bouche, tentant de les imbriquer comme autant de pièces brisées pouvant reconstituer un objet ancien. Mais rien. Tout cela avait l'écho d'une histoire racontée. Un conte offert par un illustre inconnu.

Non mais sérieusement. J'étais simplement dans les bras d'un homme qui disait m'avoir connu une éternité auparavant et je ne bougeais pas le moins du monde. Il suffisait vraiment de quelques paroles pour m'endormir ainsi ?

Rien de rien.

- Le chercher est un bien grand mot. "

Avec un souffle agacé, je me dégageais de son embrassade et me redressais, la main posée sur son ventre en un geste qui n'avait rien de fraternel. J'attrapais la bouteille pour me remplir à nouveau un verre, raide et régalienne. La frustration de ce vide n'était que plus grand lorsque je tentais de regarder au fond.

- Cela ne rime à rien. Ces souvenirs sonnent creux. "

D'un trait, je sifflais le contenu du verre et le reposait avec une mesure telle que son pied ne produisit aucun son désagréable en rencontrant la table. Jindanor... Malgré les ombres qui dansaient sur un mystérieux personnage, ce nom n'y ajoutait rien. Etait-ce vraiment cet être que j'avais perdu ? Etait-ce vraiment un morceau de mon propre passé ?

Je gardais le silence un instant, sans me retourner, puis le libérait de tout contact en posant ma main sur la table basse, laissant courir mon index sur le contour de la bouteille.

- Vous pouvez disposer. Merci pour vos indications. Je vous conseille d'oublier que nous nous connaissons si vous ne voulez pas vous attirer d'ennuis. "
Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2020 - 12:36

- Cela ne rime à rien. Ces souvenirs sonnent creux.

Cécilie aurait pu sortir un couteau et le planter dans le coeur de Grayle, le retourner, et l'arracher ensuite avant de le manger qu'il aurait probablement eu moins mal. Il grimaça.

C'était douloureux. Pas uniquement mentalement. Mais physiquement. Une pointe de douleur brûlait son cœur et sa gorge, alors qu'une sorte de trou sans fond, partant de son ventre, grandissait sans cesse.

Alors, c'était un échec. Il avait failli. Sa sincérité, ses souvenirs, les moments partagés ensembles, ne représentaient plus rien. Absents de la mémoire de l'autre, ils ne valaient rien de plus que de simples affabulations. Quel intérêt ont les souvenirs partagés, si vous êtes le seul à vous en rappeler ?

Grayle était jeune, et n'avait pas vécu assez longtemps pour voir un ami s'éloigner au point de devenir un inconnu. Cécilie était la première, et il n'aurait jamais cru que cela puisse faire aussi mal. En un sens, c'était encore plus cruel que si elle avait été morte. Être vivante, mais sans souvenir de lui, invalidait l'intégralité de leurs interactions.

Il se rendit compte qu'être oublié était plus effrayant qu'il ne l'aurait cru. Et si on l'avait oublié, au village ? Et Miriel ? Elle vivrait pendant des siècles. Allait-elle l'oublier, à un moment ?

Il regarda Cécilie comme un chien battu, mais elle ne le regardait même plus. Oui, c'était vraiment devenue une autre personne. Il s'agenouilla, mais sur ses genoux, imaginant des milliers de protestations.

- Vous pouvez disposer. Merci pour vos indications. Je vous conseille d'oublier que nous nous connaissons si vous ne voulez pas vous attirer d'ennuis.


Une inspiration. Une révélation, peut-être. Comme celle qu'il avait eu, sur la table d'opération, où les drows le torturèrent au point de le tuer. Et où il revint à la vie par la seule force de sa volonté.

- Non, je n'oublierais pas.
dit-il avec une assurance qui le surpris lui-même. Il n'aurait jamais osé désobéir à Cécilie, à l'époque. Elle le regarda d'un air étrange. Les yeux gris de Grayle, si calmes mais pleins de vie, étaient à moitié fermés, comme si une grande fatigue le prenait. Le poids de décennies n'étant pas encore arrivées se reflétèrent dans les yeux de l'homme.

- Au Puy, sur les bords du volcan, j'ai appris à laisser le passé et les regrets derrière moi. A aller de l'avant, et diriger mes yeux et mon âme vers l'avenir et l'espoir. Mais ca ne veut pas dire oublier le passé. Et tout comme je n'oublieris pas les moments difficiles, je n'oublierais pas les moments heureux, ni les amitiés, aussi fugaces qu'elles aient été.

- Que vous vous en souveniez ou non, vous êtes une des raisons qui font que je suis en vie, aujourd'hui, et un homme meilleur que je ne l'étais auparavant. Je ne sais peut-être pas qui vous êtes aujourd'hui, mais je sais que vous étiez une femme empathique et bienveillante. J'espère que vous vous en souviendrez un jour.

Il se pencha alors en avant, son front touchant le sol, comme dans une supplication.

- Merci pour tout Cécilie. Je te souhaite le meilleur.

Il se leva, grande carcasse, et sortit de la pièce, non pas avant d'avoir adressé un dernier sourire -contredit par la mélancholie de son regard-, et quitta la pièce.

Lorqu'il avait quitté Cécilie pour avancer seul dans le désert, son coeur avait été assailli par une sensation inconnue. Celle de l'amour, pur et véritable. C'était la première fois qu'il avait ressenti une telle émotion. Il avait compris que la magicienne en était responsable, lui envoyant ceci comme un cadeau d'adieux. D'une certaine façon, elle avait été son premier amour. Mais apparemment, seul lui s'en souviendrait.

Ce n'était pas grave. Ce qui est fait est fait, même après avoir été oubliés.

Lui n'oubliait pas, et c'est tout ce qui comptait au final. Tant que lui se souviendrait, alors rien n'était perdu

Rasséréné par cette certitude, il s'avanca avec entrain dans les couloirs du Palais. Au final, il avait pu la revoir. Qu'elle soit devenue froide et l'ait oublié, n'assombrissait pas la seule chose importante de cette rencontre. Elle était en vie, et en bonne santé.

Au détour d'un couloir, il prit la gauche au lieu de prendre la droite. Il salua deux gardes drows, avant de reprendre son chemin. Oui, c'était mieux que de ne jamais la retrouver. Au final, c'était une bonne journée. Et puis, il se souvenait de ses mots.

"j'ai une impression diffuse à chaque fois que j'entends votre voix. Elle fait... Elle m'évoque quelque chose de fort et de profond. Une complicité semblable à un présent. "

Il sourit. Même oublié, il avait laissé quelque chose. Une impression positive, au moins. C'était mieux que rien.

- Un jour elle se souviendra dit-il à haute voix, son regard caressant les courbes alléchantes d'une esclave drow. Cette dernière lisait paresseusement, couchée sur une rambarde, réchauffée par un brasero, avec une paire d'oreilles de chat comme coiffe et une queue enfoncée dans son... sa.... Il passa à autre chose, et continua sa route. Ses pas ralentirent petit à petit, alors que son visage se déformait sous la surprise.

Il continua de marcher, mais cette fois en arrière. Il revint au niveau de la drow, qui n'avait pas prêté la moindre attention à lui. Il la regarda avec stupéfaction.

- SHYN ?! dit-il d'une voix forte, résonnant dans les couloirs. Il en avait presque la machoire qui se décrochait.

Il l'aurait reconnue entre des millions. Même sans la regarder. Son odeur, sa présence... il la connaissait par coeur. Il ne l'aurait jamais confondue avec quiconque, même une imitation parfaite.

*Bordel de touts les putains de dieux, que FOUT SHYN'TAE ICI ?!*

- Shyn ? Que fais-tu ici ?

Qu'est ce que c'était que cette blague ? Il regarda autour de lui. Il en était à un point qu'il ne serait même pas choqué de voir Viconia ou Krish surgir d'un couloir à tout moment.
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeSam 29 Aoû 2020 - 16:59


A peine avait-il quitté la pièce sous une indifférence totale que je soulevais la bouteille pour en boire plusieurs longues gorgées. Ces souvenirs ne rimaient à rien. A rien du tout. Mes compagnes de toujours se lovèrent au plus près de mon être véritable, comprenant et soutenant ce que si peu avait pu voir. Elles calmaient la douleur et prenaient ce que je fuyais, mais ça, elles n'y pouvaient rien. Les trous étaient déjà faits. Une sincère désolation murmurées en un millier d'excuses me caressaient l'âme.

Un sourire me vint aux lèvres.

Je m'étais déjà réinventé par deux fois, je n'avais pas besoin de ces détails pour vivre comme je l'entendais. La plupart du temps, je n'y pensais même pas. La frustration disparaitrait avec le temps et en attendant les beautés et les plaisirs de ma vie d'aujourd'hui m'emplissaient jusqu'au cœur. Le présent et le futur, voilà tout ce dont j'avais besoin pour l'heure.

Je levais une seconde fois la bouteille. Trois. Quatre. Cinq gorgées.

Il n'en restait qu'un fond lorsqu'elle fut reposée sur le plateau de la table basse.

Je me relevais sans attendre. Une balade à cheval m'attendait après tout ! Et puis j'irais sûrement en ville, ou je trouverais Shyn pour échanger quelques rires et quelques théories loufoques.

Tout se serais surement déroulé comme je l'entendais si une voix masculine ne m'avait pas arraché les tympans. Grayle était encore dans le palais... Et il venait d'appeler Shyn'tae d'une façon tout à fait familière. Les sourcils froncés et l’œil luisant de curiosité, je me dirigeais à grands pas vers l'emplacement du jeune homme pour découvrir la scène dont il était le centre.
Revenir en haut Aller en bas
Shyn'tae Vaen're
Drow
Shyn'tae Vaen're


Nombre de messages : 639
Âge : 42
Date d'inscription : 10/01/2019

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge :  297 ans
Taille
: 1m75
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeMer 9 Sep 2020 - 0:37



Evidemment, il tombait.

Trois étages en haut, trois étages en bas.

Une cage d'escalier monumentale, puit de lumière rafraichit par les palmes de plantes d'Ithri'vaan et par la magnifique fontaine de l'atrium. Autour de l'escalier de pierre froide, un vide descendait, ininterrompu, jusque dans les plus sombres ténèbres du palais.

Shyn'tae était allongée sur le ventre sur la rembarde, dangereusement proche du vide. Devant elle, un ouvrage ouvert présentait ses pages blanches recouvertes d'une écriture microscopique et de symboles mystiques. Car recouverte, la page l'était. Le moindre espace disponible avait été mis à contribution par la sorcière, qui, maintenant, plume à la main, regardait le vide, les yeux dans le vague.

Ses jambes chaussées d'une paire de sandales de cuir dotés de talons fins comme des stylets battaient l'air au rythme de ses rêvasseries. Ses longues jambes noires disparaissaient sous l'étoffe d'une robe dont l'asymétrie dévoilait la majeure partie de sa cuisse droite, laquelle était décorée jusqu'à la hanche de fines et envoutantes scarifications. Un bracelet d'argent aux motifs ondoyants de flammèches ornaient sa cheville. A sa taille particulièrement fine, une fine ceinture retenait le fourreau d'une lame que le mâle connaissait déjà, et autour de son bras droit, entre son coude et son épaule entièrement dénudée, résidait un bracelet en or blanc qu'il avait déjà vu orner la Triumvir Viconia.

Visible sur une partie de son épaule nue et sur son cou, sa robe exposait une imposante marque au fer rouge dont il se souvenait fort bien: Celle du C'nros, et, émergeant d'une chevelure qui lui tombait jusqu'au sommet des épaules, une paire d'oreilles féline de fourrure blanche s'ajoutait à celles, effilées, que la nature lui avait donné.

Lorsque Grayle passa devant elle, la sorcière ne le remarqua pas, perdue dans ses pensées. Elle pensait à une expérience qu'elle avait fait des milliers de fois. Pourtant il y avait quelque chose qu'elle voulait vérifier, car l'experience ne durait jamais assez longtemps pour tout voir. Et les dieux seuls savaient probablement tout ce qu'il y avait à voir. Devant elle, au delà du grimoire se trouvait un assortiment de verres. Sans avoir l'air d'y penser, ses doigts fins glissèrent pour en pousser un, lentement, son regard toujours perdu dans le vague. Le mâle entendit le raclement du verre sur la table. Puis l'objet bascula et tomba dans le vide.

Quelques instants plus tard seulement se fit entendre le fracas du verre brisé, étouffé, beaucoup plus bas. La sorcière ouvrit une paire d'yeux rubis, l'air surprise, comme si cela n'avait pas été le résultat qu'elle avait escompté. La plume trouva un coin de la page encore libre pour y déposer quelques not...

- SHYN ?! Shyn ? Que fais-tu ici ?

La demoiselle bondit en se retournant, la pointe de la plume se brisa sur le papier. L'instant d'après, elle était debout, ramassée comme si elle s'apprêtait à se jeter sur lui, une épée fine et polie comme un miroir dangereusement proche de lui.

Son regard sauvage le parcourut, et une lueur d'interrogation l'emplit, juste avant qu'elle ne se redresse en baissant son arme.

- Humm... Je suis chez moi... ...Maitre avait aussitôt ajouté une voix interieur, accompagnée d'une indéniable sensation dans son bas ventre.

Ca c'était pour le moins curieux. La drow pencha la tête sur le coté, son oreille opposée frémissante comme lorsqu'elle se trouvait confrontée à une énigme. Et elle s'approcha de lui souplement, félinement, pour l'observer de plus prêt.

Il était plutôt mignon et il lui disait quelque chose. Il avait aussi une odeur qu'elle connaissait, et il lui évoquait des choses. Plus précisément, obéissance et plaisirs charnels. Apparemment, il avait été doté du droit de l'appeler Shyn au lieu de Shyn'tae.

Et il était clair qu'il s'appelait "Maitre". C'était un nom qu'on n'oubliait pas. Et ce n'était probablement pas parce qu'il avait été son professeur. Un point de départ comme un autre pour ne pas paraitre complètement perdue.

- Qu'est-ce qui vous amène chez moi, Maitre ? Lui glissa-t-elle à l'oreille.

Revenir en haut Aller en bas
Grayle Gardair
Humain
Grayle Gardair


Nombre de messages : 287
Âge : 33
Date d'inscription : 04/06/2018

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 22 ans
Taille
: 1m83
Niveau Magique : Non-Initié.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeLun 21 Sep 2020 - 23:02

La fluidité des mouvements de la drow, presque iréelle, lui rappela les quelques fois où il l'avait vu combattre, s'entraîner, et même danser. Il aurait reconnu entre mille ces gestes assurés, foudroyants sans être agressifs. Il avait clairement Shyn devant ses yeux, et pas une jumelle.

Le regard gris de Grayle ne cilla point. La lame de l'épée dégainée par son ancienne maitresse-esclave était  ridiculement proche. Elle pointait tout près de son globe oculaire. Un simple mouvement du poignet, et elle l'éborgnait. Mais Grayle ne semblait pas du tout impressionné par la menace, et se contentait de la regarder. Pas un seul soupir de soulagement lorsqu'elle baissa son arme, car pas un instant, il ne se crut en danger.

- Humm... Je suis chez moi...

- Chez toi ? Au Palais d'Argent ? Tu n'es plus au Cn'ros à faire le siège de Sol'Dorn ?

Son instinct lui disait qu'elle aussi, avait sans doute plein de choses à lui raconter. Qu'était devenu le monde en si peu de temps, pour que Shyn, qui avait un poste important, et de hautes responsabilités, se retrouve à paresser ainsi ?

Et surtout, pour qu'elle ne réagisse pas plus que ca à sa présence ? Il s'était échappé quand même ! Et peu importe ce qu'elle prétendrait sur son non-importance, son absence n'avait pas pu passer inaperçu !

Mais non. Elle ne semblait pas plus surprise que ca de voir surgir de nulle part l'homme qui avait partagé ses nuits pendant des semaines avant de disparaître un beau jour. C'en était presque...

Oh non. Il comprenait. Ce regard. Ces mimiques. Oui, c'était bien Shyn. Mais il percevait dans la lueur de ses pupilles, son frémissement d'oreille, une émotion qu'il connaissait bien. La curiosité. Devant l'inconnu. Et, deuxième coup de poignard.

Elle ne se souvenait pas de lui.

Il n'aurait jamais pensé à cette possibilité s'il n'avait pas croisé, quelques minutes auparavant, une ancienne amie devenue inconnue.

Ou alors, elle jouait très bien son jeu. Elle s'était approché de lui, féline, commençant à le toucher, ses doigts fins sur son corps. Intime.

- Qu'est-ce qui vous amène chez moi, Maitre ?

Il se mordit la lèvre inférieure. Etait-ce le seul souvenir de lui qu'il avait laissé ? Il pourrait en abuser... la flamme du pouvoir, qui touchait l'ego de tous les hommes, s'alluma en lui. Devait-il jouer le jeu ou... ne pas essayer de remuer une mémoire qu'il devinerait paresseuse à cet exercice ?

Il quitta du regard les beaux yeux de la drow pour regarder son corps.

- Je rendais visite à une vieille amie, Cécilie, dit-il, déclarant un mensonge qui était pourtant techniquement vrai. Ses doigts se posèrent sur le corps de la drow, qui ne sembla pas s'en offusquer. Elle était devenue plus fine. Plus...abîmée aussi. Ce corps athlétique autrefois parfois avait été souillé par des cicatrices. Ses doigts remontèrent le long des scarifications sur sa jambe. Il caressa son ventre, devinant d'autres balafres au niveau de l'abdomen.

- Qu'est ce qu'ils t'ont fait, Shyn ? Pourquoi te retrouve-tu ici ?
Revenir en haut Aller en bas
Cécilie de Missède
Humain
Cécilie de Missède


Nombre de messages : 1257
Âge : 70
Date d'inscription : 01/03/2015

Personnage
:.: MANUSCRIT :.:
Âge : 21 ans - 1m59
Taille
: 1m59
Niveau Magique : Arcaniste.
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitimeSam 26 Sep 2020 - 15:44


Toute proche du jeune homme, Shyn'tae lui avait glissé quelque chose à l'oreille. Je ne voyais que son air mutin glissé contre le profile du jeune homme dont je ne pouvais distinguer que le dos. S'éloignant très légèrement pour pouvoir la regarder confortablement tout en la saisissant par les hanches, il plongea sans vergogne ni politesse le long de ses courbes.

Il y avait dans cette posture toute l'attitude du mal en rûte. Je levais un sourcil. Notre petit câlin soit disant éclairé avait l'air de l'avoir mis en jambe, le rustre. Je levais un sourcil en constatant que l'eldéenne avait l'air passablement étonnée par son attitude... Et passablement désarçonnée également. Il prenait donc des libertés à ce point là...

Retenant un rictus de dégoût et de mépris en le voyant pencher la tête pour examiner le corps de mon amie comme s'il s'agissait d'une bête de concours, je recommençais à avancer d'un pas tranquille. Tout à son étude, il ne se rendit pas tout de suite compte des pas légers qui approchaient... Tout comme il ne sembla faire aucun cas de ce qu'il venait de lâcher d'un ton badin.

Cécilie...

La colère me monta au nez en une fraction de seconde.

Cela ne faisait pas un quart d'heure que je l'avait mis en garde sur le fait que personne ici ne connaissait ma véritable identité. Pas un quart d'heure que je lui avait demandé de taire ce nom. Sa grosse main remonta sur la taille fine de Shyn'tae pendant que l'autre la saisissait au-dessus du genou pour retracer les scarifications sur sa cuisse tout en semblant vouloir se faufiler sous le tissus de ses vêtements. Ce type était non seulement un crétin mais également un porc.

Mes pas se firent plus rapides, claquant sur le sol sans chercher à se cacher. Avançant droit sur lui, le dos raide et la tête haute, j'étais à la limite de la course. J'avais visiblement été bien trop clémente avec cet animal. Le froid de l'hiver souffla subrepticement sur la nuque du jeune homme. De mes grands yeux bleus, il ne restait qu'un gouffre noir entouré d'un anneau de couleur à peine perceptible. Sur mon visage livide, mes lèvres avaient perdues toute couleur et quelques symboles étranges étaient perceptible sur mon cou, comme d’innombrables tatouages kabbalistiques.  

- Je vous avais dit de taire ce nom à jamais. " ponctuant ces mots, ma main s'était tendue vers lui, encore à une courte distance. Ma voix aussi froide que l'hiver wandrais grondait d'un contrepoint grave lui donnant une profondeur inhumaine.

Avant que mes doigts n'effleurent sa peau, une brusque douleur explosa sous le crâne du jeune homme qui perdit instantanément connaissance avant de s'effondrer sur le sol.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle Empty
MessageSujet: Re: Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle   Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle I_icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Retour sous 6 ans, 2 mois et 3 jours | Grayle
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Le beau retour des jours
» Le roi sous la montagne (ou le Gormrik sous le Kazaz)
» Retour chez soi ; retour aux affaires | Catarina
» Grayle Gardair (MAJ)
» 1km à pied, ça use, ça use... | Grayle

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Miradelphia :: ITHRI'VAAN :: Thaar :: Les Soieries (Haute-Ville)-
Sauter vers: