[Hanning] Donner le premier coup

<<< Premier coup

Elenwënas, IIIe ennéade de Karfias, An XVIII, Cycle XI
Quelques parts entre Eofel et Hanning, Ithri’Vaan

« Allez les gars on se dépêche la pause est fini! »


Cela ne prit que quelques minutes avant que la compagnie soit prête, tous sur leurs chevaux, le sourire au visage. C’est aujourd’hui que cela se passait. Aujourd’hui que l’action promise allait finalement arriver sur eux. Cela faisait déjà plusieurs ennéades qu’ils parcouraient l’Ithri’Vaan. S’attaquant aux petits marchands non accompagnés, volant leur précieuse cargaison, ou causant un chaos incessant. Et après une courte pause a Thaar, où les mercenaires purent revendre les biens – disons acquis – ils repartirent vers le Nord avec un nouveau but en tête. Une idée des plus audacieuses qui leur avait été donné par un grand gringalet dont le nom les échappait.


« Hey Iram, on est prêt! » Le chef regagna finalement son destrier avant de monter l’énorme animal d’une main experte, il plissa les yeux, observant quelques secondes la position du soleil. Avant de se retourner vers son second, un sourire mauvais sur les lèvres.


« Faut pas les faire attendre alors. »


Mettant son cheval au gallot, rapidement suivis par ses hommes, ils avancèrent vers le Nord. Leur cible n’était pas très rapide, et leurs informations étaient rarement mauvaises. Iram et ses hommes étaient prêts, prêts à causer le plus de ravage possible. On les décrivait comme les défenseurs de leurs personnes exécrables, les exécuteurs aveugles et cruels de leurs volontés absolues, et soyons honnête – c’était loin d’être une description qui ne leur convenait point. Cela leur prit plusieurs heures, mais ils purent finalement voir leurs cibles se distinguer au loin. Quelques chariots remplis de boites, suivis de près par un petit groupe de garde armés. Ils les rejoignirent sans difficulté et l’attaque commença.


Les lames s’entrechoquèrent, alors que d’innombrables cris de rage se fit entendre. Ils ont fait l’impensable, ce sont attaquer à un convoi de drow, les attaquants alors que ces derniers, fatigués du long trajet qui les séparait de leur destination finale, n’eurent même pas le temps d’établir une quelconque stratégie de défense. Un combat brutal, qui révélerait aux sombres un véritable choc. La bataille ne dura que quelques minutes et fut d’une violence sans égale. Si leurs adversaires étaient bien entraînés, les mercenaires ne leur laissèrent pas le temps de s’organiser et ils réussirent rapidement à prendre l’avantage. Au bout de quelques minutes, leurs ennemis furent anéantis. Iram essuya le sang de son visage, avant de regarder autour de lui, satisfait qu’aucun de ses hommes ne soit tombé au combat et satisfait du résultat de leurs efforts. Il monta rapidement sur l’un des chariots et ouvrit rapidement les coffres, sourire aux lèvres.  Ce soir, ils auront définitivement de quoi célébrer.

***

Dans les jours et les ennéades qui suivirent d’innombrables convois en tous genres se firent piller, saccager. Du commerçant Thaari au convoi de ravitaillement des drows, rare était les occupants qui réussirent à s’enfuir et survivre ces attaques. Les biens disparaissaient aussi vite que les attaquants. Revendu ou tout simplement abandonné plus loin. On avait beau tenter récolter de l’information, mais les groupes étaient tellement épars, et différent qu’ils semblaient impossibles d’en attraper ou d’en arrêter un. On murmurait dans les villes que l’arrivé des sombrelfes avait détruit tout l’équilibre des choses, si les Princes Marchands avaient protégé les routes, les innombrables convois drow avaient réveillé la cupidité des hommes alors que de plus en plus de groupes de mercenaires en tous genres entendaient l’appel facile du gain. Tous savaient que ce moment ne durerait pas longtemps, mais valait mieux en profiter…

Arcamenel, IIIe ennéade de Karfias, An XVIII, Cycle XI
Quelques parts entre Eofel et Hanning, Ithri’Vaan

« Oh la vache! Y sont beaucoup cette fois-ci! » Rétorqua Ruslan Sans-dent. Un charmant sobriquet pour une personne tout aussi charmante. Il avait obtenu son surnom dû aux innombrables dents qu’ils avaient perdu dans des batailles. C’était en effet étonnant à quel point le grand homme pouvait s’en prendre plein la gueule, mais rester debout pour finir son adversaire.  Alisher porta son regard sur le groupe de drow qui avançait sur la route, et avala sa gorgée de travers, crachant une grande partie sur le sol par erreur. Merde… pensa-t-il. Il compta rapidement ces satanées de peaux sombres qui protégeaient le convoi.


« Y’en a au moins une vingtaine », continua Ruslan, avec un air confiant


Alisher soupira, en regardant son acolyte d’un air mauvais.


« Quoi? » Répondit ce dernier, d’un air presque innocent.
« Tu sais même pas compter les trois dents qu’il te reste! Arrête de faire ton fin-finot! »
« Non, mais arrête! Ils sont autant que nous et t’as toujours dit qu’on était une vingtaine! »
Alisher lui lança un regard ennuyé avant de rétorquer; « T’es con. Ils sont deux fois plus que nous. »


Sans-dent fit la moue, croisant ses bras sur son torse. « Bon ben qu’est-ce qu’on fait? » Alisher eut un sourire mauvais, alors que son regard se porta sur les immenses coffres que les caravanes transportaient. « Bah on attaque. » Il recula doucement, avant d’aller rejoindre les autres membres de la compagnie des traqueurs. La vingtaine de mercenaires fixèrent leur chef alors qu’il apparaissait entre les fougères de la petite oasis où ils avaient pris refuge. «Bon allez les gars! Il va avoir de l’action! On se met en route! » Alisher monta rapidement sur son cheval, imité par ses confrères. Il pouvait sentir le sang battre sur ses tempes alors que ses mains agrippèrent les rênes de son cheval. «Allez les gars! Si les autres deviennent riches en attaquant ses salopards de Thaaris et de Puysard, c’est à notre tour de se faire les poches! » Il dégaina son épée, la faisant tournoyer de sa main droite, avant de mettre son cheval au galop, bien décidé à profiter du moment. Les mercenaires rattrapèrent rapidement les drows, et les attaquèrent de plein front, sans stratégie. Une erreur peut-être, mais la soif de richesse était bien trop grande. La conversation qu’il avait entendue dans la taverne d’Eofel ne laissait rien au hasard. Ils avaient seulement qu’à attaquer.


L’attaque furent sanglante, les mercenaires n’ayant aucune pitié, tentèrent d’assassiner  les soldats. Malheureusement, leur manque d’expérience se retourna contre eux. Ils furent littéralement massacrés en quelques minutes. Les eldéens reprirent le contrôle de la situation sans difficulté. Alisher tenta de hurler à ses hommes de se regrouper, mais une flèche vint se figer dans son ventre. Il tenta de la casser, mais distrait par cette attaque futile, un des Eldéens en profita pour lui donner un coup sur la tête. Il tomba inconscient sur le sol.


Ses hommes furent décimés, de la vingtaine d’homme et femme de tout horizon, il n’y avait qu’Alisher qui survécu. Ce dernier reprit connaissance alors qu’on lui jeta un seau d’eau sur la tête. Il tenta de se relever, mais fut vite arrêté par une lame sur sa gorge. Il eut un rire de dément, avant de se mettre à hurler de rage, le visage couvert du sang de son ennemi.  Le drow le regarda avec dédain, posant le bout de sa lame contre le cou de ce dernier, prêt à donner le coup fatal si nécessaire. «Qui t’as envoyé?» lui demanda-t-il de sa voix croasseuse. Ce dernier recommença à rire, avant de cracher son sang sur son adversaire. «La compagnie des traqueurs répond à personne. On va où la thune est. » Le drow serra ses doigts sur le pommeau de son épée. «On verra si la langue va te délier quand on va en avoir fini avec toi. Amenez-le et surtout bâillonnez-le qu’il ferme sa gueule. » Les drows enfoncèrent un morceau de tissus dans la bouche du mercenaire pour le faire taire avant de le mettre au fer. Il avait beau être grande-gueule, on verrait bien s’il délierait sa langue durant l’interrogation…