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Sujet: [Hanning] La marche implacable. Jeu 3 Déc 2020 - 16:21
Milieu de la 6ème ennéade de Favrius - Premier mois du Printemps. Année XVIII, du cycle XI. A la frontière avec Hanning.
Ainsi, toutes ces machinations, tous ces complots, tous ces préparatifs, nous menaient à cet instant. Sur la route principale qui traversait Naélis, Hanning, et toutes les principautés jusque Thaar, j’attendais. Qui ? La princesse Maralina. L’un et l’autre attendions beaucoup de ce projet énorme qui, s’il venait à avorter, ou à manquer sa cible, pourrait nous mettre nous une posture fort déplaisante. J’étais conscient, bien-sûr, du fait qu’une telle action, si peu de temps après l’obtention de mon siège au conseil, et de ma nomination en tant que Prince-Marchand de Thaar, pourrait avoir de lourdes conséquences pour moi. Serait-ce connu comme le Prince-Marchand ayant fait la plus brève des apparitions au sein du conseil ? Absolument pas. S’en était hors de question.
Aussi avais-je préparé le terrain. Une préparation conjointe aux efforts de Maralina. Après avoir engagé moultes compagnies de mercenaires, après avoir provoqué un chaos si immense au sein de la principauté des Sept Monts, après avoir commandité tant d’assassinats et de disparition de personnalités politiques et militaires… Nous préparions l’invasion, ou plutôt « la libération ». La libération du territoire de Hanning, du joug des mercenaires violents et de l’anarchie ambiante. Une tyrannie, et une anarchie toutes deux relatives, et fomentées par nous, bien évidemment. Et nous en serions les libérateurs. Un plan rondement mené.
Ainsi, devant les frontières de Hanning, je devais retrouver Maralina. Dans mon sillage, 600 soldats, dont deux-tiers de Barbesables, et des membres de la Loge d’Onyx, et plusieurs mercenaires ayant prêté serment. Aucune artillerie, ni aucune arme de siège. Cela ne serait pas nécessaire. Il nous suffirait d’entrer et de faire place nette. Des lames affutées seraient suffisantes.
Le scénario était déjà connu : envahir Hanning, provoquer le rassemblement des dirigeants survivants, les mettre face à leurs « responsabilités », et prendre le pouvoir en les obligeant à nous nommer Princes-Marchands des Sept-Monts. L’avenir était plaisant à imaginer. Certes, il nous faudrait investir de larges sommes, assurer une présence militaire conséquente, être intransigeant… Mais le pouvoir, la place, la puissance nous permettraient de dominer le conseil, ou peu s’en faut.
Sur mon palanquin, un de mes braves me fait signe que Maralina et ses troupes sont en vue. Bien. Commençons à écrire l’histoire, en lettre de sang.
Dernière édition par Marzaban Ambreroc le Mar 8 Déc 2020 - 9:20, édité 1 fois
Maralina Irohivrah
Hôte
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Ven 4 Déc 2020 - 11:38
C’était le moment tant entendu. Ce sur quoi elle travaillait depuis plusieurs ennéades maintenant. C’était finalement le moment de déployer toute cette préparation. Ils n’avaient pas le droit à l’erreur, pas le droit au moindre faux pas. Après tout, l’art de la guerre est basé sur la duperie, et pour le moment les deux Princes Marchands avaient très bien travaillé. Faisant disparaitre nombre de riches marchands, accumulant les magouilles pour se protéger devant leurs ennemis… Aujourd’hui ils entreraient comme héros dans Hanning. Aujourd’hui ils prendraient le contrôle d’une principauté qui avait sombré dans le chaos. Un cavalier s’arrêta devant la Princesse Marchande, la salua alors que les reflets argentés du coquelicot sur son armure;
« Votre Altesse, nous arrivons. Dans quelques minutes, nous rejoindrons les troupes du maître des Milles-Caves. »
La Vaanie descendit doucement le capuchon qui recouvrait ses cheveux, avant de lui faire signe de tête. Ce dernier fit un salut avant de partir hors de la vue de la Princesse. Cela ne prit que quelques minutes avant qu’elle ne rejoigne finalement les forces de son homologue. À deux, ils avaient réussi à rassembler une force considérable. Si la milice d’Uldal’Rhiz avait toujours été la plus organisée et nombreuse, cela n’enlevait pas le crédit des Barbesables ainsi que des nombreuses compagnies de mercenaires qui avaient décidé de joindre leurs armes aux deux Princes Marchands. Voir deux grandes forces s’assembler semblait avoir calmé de nombreux mercenaires. Certaines compagnies à l’emploi de la Princesse d’Uldal’Rhiz avaientt bifurqué pendant le trajet. Anéantissant de nombreux hommes qui étaient là pour l’appât du gain. Vaanie, Naélisiens comme ladrossiens, tous subissaient le même traitement; des attaques sanglantes, sans pitié. Déjà le sang avait coulé avant même que Maralina rejoigne Hanning, laissant un message bien clair à quiconque tentait de répandre le chaos; vous ne survivrez pas. Un message qui, évidemment devait déjà été ébruité dans la ville. Les secours arrivaient.
Maralina rejoignit finalement Marzaban, l’accueillant d’un sourire amusé alors que ce dernier semblait bien confortable sur son palanquin. « Un plaisir de vous revoir, Marzaban. » Maralina sur son étalon, semblait une figure bien différente du nain. Ses longs cheveux bruns virevoltaient dans le vent, de concert avec la soie de sa robe noire. Une figure qui aurait pu être tout aussi royal que celle du nain. Le regard azuré de la Princesse se porta vers le nord, cherchant du regard un groupe qui aurait déjà dû être là. Cela faisait plusieurs ennéades que certains miliciens d’Uldal’Rhiz arpentaient les Sept-Monts, commençant déjà le nettoyage des environs. La Vaanie eut un sourire alors qu’elle aperçut une troupe d’hommes arrivant du Nord, brandissant une armoirie qu’elle connaissait que trop bien. Son regard se porta sur son allié, sourire aux lèvres, avant de briser une nouvelle fois la glace; « Vous êtes prêts? » Une question qui n’était pas réellement nécessaire, alors que Tristan faisait signe à ses hommes de se déployer en position. Une partie des forces de la Princesse ouvrirait la marche, rejoint par les cavaliers afin d’entrer dans la ville, et contrôler les résidents qui pourraient s’énerver ou causer toute autre chahut. Une fois que l’accalmie sera présente, les deux Princes Marchands entrèrent dans la ville, suivit d’un convoi de vivres pour les habitants, ce qui devrait calmer rapidement une quelconque attitude de méfiance. Après tout, ils étaient là pour calmer la situation, pas pour l’aggraver….
Zohael
Humain
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Mar 8 Déc 2020 - 20:57
En proie à un chaos hors du commun depuis plus d'un mois, Hanning ne sait plus où donner de la tête. Entre brigandages, embuscades et pillages, la criminalité n'a cessé d'augmenter depuis que la principauté est tombée dans la déchéance. Sans véritable dirigeant depuis la disparition de leur dernier Prince-Marchand, et avec le désordre grandissant, la désorganisation n'a cessé de se faire sentir. Les terres envahies par des groupes de bandits de plus en plus nombreux ont dispersé les milices de la Principauté, amenuisant la capitale avant qu'elle ne soit, elle aussi, directement touchée par les tumultes.
D'abord il y a eu les larcins et les agressions, de plus en plus nombreux. Puis des marchands et notables de la cité ont été attaqués, certains même tués. A ces évènements se sont ajoutés des échauffourées dans la cité, entre une milice éprouvée, des citoyens mécontents, et des malfrats virulents. Un des ces derniers groupe, notamment, avait fait parlé de lui depuis près de deux ennéades. Venant d'on ne sait où, un groupe sans nom s'était infiltré dans un quartier pauvre de Hanning, alors abandonné des privilégiés et négligé des autorités. Rapidement les malfrats en avaient pris le contrôle, annihilant simplement tout opposant parmi les criminels déjà en place et s'emparant des organisations qu'ils contrôlaient. Ceci fait, ce groupe mystérieux avait commencé à provoquer pillages et rapines, jusqu'à attirer l'attention de la milice déjà dépassée par les évènements. Sans peur, les criminels étaient allés jusqu'à prendre d'assaut la caserne même des hauts quartiers, en pleine nuit, et finirent par incendier. Cette bataille avait été un véritable bain de sang, et beaucoup périrent du coté de la milice comme de celui des criminels, plusieurs officiers auraient même été tués. Cette nuit marquée de pourpre et de feu avait marqué le début de plusieurs affrontements entre la milice locale et différentes factions dissidentes de la cité, et les bandits sans nom obtinrent le surnom de Souffles-lugubres auprès de la population.
An 18 du Cycle XI, Favriüs, Milieu de la sixième ennéadeHanning, bas quartiers
Le cavalier a galopé jusqu'aux alentours de Hanning, avant de bifurquer sur un chemin secondaire. S'éloignant des portes principales, il se dirige vers un passage qui, depuis peu, est contrôlé par une faction dissidente. Il pénètre la cité et abandonne sa monture au premier venu, sans une once de scrupule. Elle n'était déjà pas à lui de toute manière, il l'avait emprunté à un maraud éventré, qui lui-même devait l'avoir volé à un voyageur malchanceux. Il s'enfonce dans une ruelle avant de grimper la paroi d'un bâtiment. L'acrobate évolue de toits en toits jusqu'à redescendre dans une ruelle. Il parcoure ruelles après ruelles, travers des bâtiments abandonnés, puis repasse par les toits avant de redescendre dans une cour. Il traverse le bâtiment puis continue jusqu'à atteindre sa destination, quelques ruelles plus loin. Là il fait un signe de la main et tend le bras, auquel vient se percher un rapace qui dessinait des cercles loin au-dessus de la cité. Reconnu par les hommes gardant la porte d'un bâtiment délabré, le voyageur encapuchonné entre sans mot dire.
L'acrobate se rend dans une salle sommairement aménagée, où patientent une dizaine d'hommes armées. Tous ont, comme lui, le visage dissimulé par une capuche et une écharpe d'un bon tissu. Il les salue et est salué en retour, puis rejoint celui occupé à compter une pile de petits sacs. - Ah, c'est toi ! - Oui. Et je ne suis pas mécontent de vous retrouver. - Tu as vu quelque chose ? - Plutôt aperçu, après avoir confirmé des rumeurs. Il y a plusieurs troupes qui arrivent du Sud. De grandes troupes. L'homme pose le sac qu'il a en main avant de prendre le temps d'une longue respiration. - Alors ce doit être eux. Ce qui signifie qu'il est temps, nous avons terminé. Combien de temps ? - Un jour. L'homme s'adresse alors à ses autres compagnons. - Vous avez entendu ? C'est pour ce soir. Vous savez quoi faire.
Même jour, à la nuit tombéeHanning, portes principales
La est douce et le ciel clair. Alors que l'heure de la relève arrive pour la garde des portes, les miliciens s'étonnent de rencontrer leurs collègues hors de leur poste. Alors, de loin, ils les questionnent. Mais les miliciens de relève n'ont point de réponse, et avant qu'ils ne comprennent ce qu'il leur arrive des hommes armés leur tombe dessus, rejoint par leur faux collègues. L'affrontement est rapide, et la milice tombe. Dans le même temps, du coté des portes, la garde est alertée par le son des armes. Ils s'organiser et se séparent : un groupe pour les portes, et un autre pour aller voir ce qu'il se passe. Les miliciens aux portes se détendent légèrement en voyant arriver la relève, et leur meneur avance à leur rencontre. Pourtant il est étrange que l'officier de la relève soit celui-ci et non celui prévu. Et qui sont les autres ? La réponse arrive bien vite mais le milicien n'aura pas le temps d'en informer ses supérieurs, avec une lame qui lui traverse le cou. Pas plus que ses compagnons, tombés sous les coups des miliciens imposteurs.
Plus tard les portes de Hanning sont laissées sabotées et sans surveillance, complètement ouvertes à quiconque voudrait accéder jusqu'aux quartiers riches. Et la lie des criminels n'y maquent pas : dès le matin, les rues grouillent d'opportunistes désirant profiter de cette faiblesse inattendue. Les bandits sans nom, quant à eux, ont disparu cette nuit là, aussi mystérieusement qu'ils étaient apparus. Ils avaient abandonné à leur sort les quelques malfrats locaux ainsi que le quartier dont ils avaient pris le contrôle. Une rumeur, cependant, leur est restée. Une légende urbaine était née en celle des Souffles-lugubres, esprits de morts, enfants corrompus d'Arcam et Teiweon, présages de chaos et de massacres. Qui étaient-ils ? Que voulaient-ils ? Ces questions resteront sans réponse. Du moins pour la plupart des citoyens de Hanning.
Marzaban Ambreroc
Nain
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Ven 11 Déc 2020 - 8:49
Maralina arrive enfin. Sur son étalon blanc, elle me surplombe légèrement, ce qui m’arrange, car elle coupe l’arrivée du soleil sur mon palanquin. Au plaisir qu’elle ressent de me revoir, j’acquiesce, en baissant la tête de 32 degrés.
- Plaisir partagé, Maralina. Ainsi, vos gens nous retrouvent à l’heure prévue. Parfait. Je suis prêt, allons-y.
D’un signe de la main, un nain à proximité, enturbanné comme ses semblables, reçoit l’ordre de sonner du cor. Le cor des Durgazdawi était plus profond que certains, car nettement plus impressionnant. Le cor s’enroulait autour de la taille entière du Dawi. Point facile à transporter, mais ô combien impressionnant lorsque le son grave, résonnant, tremblant de l’instrument, se faisait entendre autour de lui. Un souffle long, profond, indiqua qu’il était temps d’avancer.
La petite troupe à l’avant de mon palanquin, composée d’une vingtaine de Barbesables armés de boucliers et de lames courbées, se mit en avant, suivi par mes porteurs… Et par notre armée. Au rythme martial, la terre se mit à trembler. Se mouvant d’un bloc, l’armée mise en colonne formait une vague, alors que les Nains, marchant au pas, se dandinaient de gauche à droite, le bout de leurs hallebardes et de leurs haches de guerre se mouvant doucement. Le spectacle était grandiose. Maralina à mes côtés, protégé du soleil pour l’imposant destrier d’Uldal’Rhiz, et par une tenture au-dessus de ma tête, je regarde mon petit carnet. A nous deux, nous alignons 1200 soldats et mercenaires. Une force dérisoire, au regard des effectifs Drows. Mais après plus d’un mois de chao dans une principauté meurtrie, 1200 soldats, marchant d’un seul bloc, faisant front commun… C’était suffisamment puissant pour que nous puissions prendre le dessus sur absolument tout le monde.
Au bout de quelques minutes de marche, nous arrivons à la hauteur des armoiries d’Uldal’Rhiz, et des miliciens de Maralina présents dans le pays depuis déjà quelques temps. D’un geste, j’ordonne l’arrêt. Je veux entendre leur rapport. Celui-ci doit être important. Tournant mon visage vers Maralina, j’écoute attentivement ce qui se dira à mes oreilles.
Maralina Irohivrah
Hôte
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Ven 1 Jan 2021 - 13:06
Le milicien rejoignit finalement les forces des deux Princes Marchands, il fit un salut à la princesse avant de prendre la parole;
« Votre Altesse, nos éclaireurs nous ont rapporté que les portes d’Hanning sont grandes ouvertes. Apparemment des combats auraient éclaté il y a quelques heures dans la ville, plusieurs miliciens ont été tué. »
Maralina acquiesça, déplaçant son regard vers Marzaban à ses côtés. « C’est bon à savoir. » Elle fit un signe à Tristan qui s’approcha d’elle. « Autre chose? » Le doeb hocha la tête, avant de continuer son rapport;
« Nous avons fait fuir ou disparaître plusieurs troupes en tous genre dans les dernières ennéades. Il y en a encore quelques-unes, mais le fait que vous avanciez avec une armée semble en dissuader plusieurs. Nous n’avons pas croisé aucune troupe ces trois derniers jours. »
Maralina lui fit un signe de tête, et ce dernier fit un dernier salut avant de retourner dans les rangs. « Joli travail » murmura-t-elle, bien consciente que Marzaban entendrait ses paroles. Peut-être parlait-elle de ses hommes ou peut-être parlait-elle du chaos qui régnait dans la ville… La vaanie n’était pas dupe, et elle savait pertinemment qui était derrière les attaques et les meurtres dans la cité. Ses prunelles azurées se tournèrent vers son homologue avant de lui lancer un regard entendu.
« Tristan! »
L’humain s’approcha de la demie-elfe, laissant cette dernière prendre la parole; « Déploie la première formation. Vous enterez dans la ville en premier. Quelconque attaque armée devra être arrêtée. La deuxième formation encerclera la ville. Personne n’en sort. Nous sommes là pour calmer la situation, n’attaquer pas les citoyens. » dit-elle en jetant un coup d’œil aux cavaliers qui les avaient rejoints. Cette tâche sera définitivement pour eux. Le destrier de la Princesse tapa de son sabot au sol, comme impatient de s’élancer. « Voulez-vous venir avec les premiers, ou souhaitez-vous nous rejoindre avec les vivres et la troisième formation? » Elle tourna la tête vers le nain, l’impression que ce dernier allait définitivement arriver en deuxième avec les vives. Après tout, les deux Princes Marchands devaient passer pour les héros…
Marzaban Ambreroc
Nain
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Mar 12 Jan 2021 - 8:00
Ainsi, la troupe de mercenaires, embauchés à prix d’or, et à grands renforts de discrétion et autres subterfuges secrets, aura été des plus efficaces. L’ont m’avait alors bien conseillé. Un conseil dont je n’avais de toute façon point douté, puisqu’il naquit de la langue acérée – mais fidèle – d’un des seigneurs de la loge d’Onyx, l’instrument de mon pouvoir.
Et ainsi, les résultats de cet investissement étaient si visibles, qu’une simple troupe d’éclaireur pouvait en apprécier les tours et les détours, et les circonvolutions, rapportant aux oreilles de la sang-mêlé des informations toutes fraîches, utiles pour réaliser ensuite un autre plan. J’aurais souri, si je l’avais pu, face à l’approbation feutrée de ce travail, alors que Maralina murmurait un avis sur le « travail » réalisé ici-bas. Mais aucun sourire, sinon la satisfaction intérieure de savoir que toutes ces ficelles, toutes ces machinations, auront été manœuvrées avec succès. Mes doigts s’agitent au-dessus du théâtre de ce monde, mes fils animent les marionnettes qui vivent et meurt par mon fait.
- Je vais prendre la tête de la dernière formation, celle qui sera chargée d’apporter les vivres, et le réconfort de ces lieux. Toutefois, je souhaite que toutes les issues de la cité de Hanning soient couvertes par plusieurs de mes soldats. J’ai besoin de savoir qui entre et qui sort, et surtout, qui nous empêchons de sortir. Nous devons piéger le peu de survivants qui restent du conseil de Hanning, pour en prendre le contrôle. Partez en-avant, et faites moi savoir quand nous pourront entrer en héros salvateurs.
A ma droite, et légèrement en-dessous de moi, un garde attendait. Enturbanné, le visage masqué d’un turban ne laissant qu’une fente pour son regard, il entendait tout ce que je disais. Tout le monde le prenait pour un vulgaire serviteur, une marionnette de plus, une âme corvéable à souhait. Ce n’était qu’à moitié vrai. Car cet individu, en apparence point menaçant, point important… Etait un de mes neuf seigneurs de la loge. Lorsqu’il entendit mes paroles, je lui adressais un discret – mais néanmoins visible – signe de la main que Maralina ne manquerait point de voir. Et le serviteur fit demi-tour. Sa mission dès à présent ? Faire savoir aux membres de la loge encore présent au cœur de la ville, de hâter les dernières exécutions, et de préparer l’envahissement de la salle du conseil. Je ne veux pas voir une dague être enfoncée dans les côtes de Maralina, parce qu’un détraqué aura été sous-estimé.
Maralina Irohivrah
Hôte
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Mar 12 Jan 2021 - 11:27
La Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz entra finalement dans la cité. Droite, fière, son visage neutre changea rapidement alors qu’elle aperçut la dévastation de la ville. Les corps de plusieurs miliciens ornaient le sol. Des bâtiments brulés, en ruine. Tout cela en quelques semaines… Son regard azuré balaya la ville alors que les habitants curieux sortaient doucement de leurs chaumières, se demandant s’ils devaient craindre cette arrivée ou pousser un ultime soupir de soulagement. La Vaanie fit un léger sourire rassurant à un groupe d’enfant au visage empoussiérer avant d’avancer, avec son escorte vers la place centrale de la ville. Là, les miliciens de la principauté s’y trouvaient déjà, preuve que leurs forces avaient déjà pris le contrôle de la cité.
« Citoyen d’Hanning et des Septs-Monts! »
Un silence s’imposa dans la place. Elle tira légèrement sur les brides de son étalon noir, ce dernier leva la tête, avant de s’arrêter au centre. Son regard balaya rapidement la place, détaillant chaque personnage qui se trouvait devant elle. Pour une fois, il n’était ni amusé, ni défiant. Au contraire, il semblait triste. Triste, de voir une ville qui auparavant resplendissait dans un état aussi lamentable.
« Mon nom est Maralina Irohivrah, Princesse Marchande d’Uldal’Rhiz et membre du conseil de Thaar. »
Les gens se mirent doucement à chuchoter entre eux, se demandant si la présence de Thaar était une bonne nouvelle, mais cela n’inquiéta guère la demie-elfe.
« Cela fait plusieurs ennéades que votre Prince Marchand et protecteur a commis des crimes contre l’ensemble de la principauté. Ses actions ont été puni par le conseil, et nous vous avons laissé le soin d’élire votre propre représentant. » Elle resta silencieuse un moment avant de continuer; « Mais cela n’a créé que du chaos. Je le vois de mes yeux en ce moment. Je le vois sur vos visages, je peux ressentir les malheurs qui vous ont frappés et cela m’attriste au plus profond de mon âme. » Car en effet, la Princesse avait l’air franchement malheureuse, nulle ne se doutait qu’elle était en faite très bonne actrice. « C’est pourquoi le conseil nous a envoyé. Pour rétablir la situation. » Des regards s’échangèrent, suivi de haussement d’épaules, mais leurs murmures furent rapidement interrompus alors que Maralina reprit la parole; « Je suis accompagné de mon homologue des Milles-Caves. Marzaban Ambreroc qui me rejoindra sous peu. Je dois vous avertir que de nouvelles règles seront applicables des maintenant. Les hommes qui nous accompagnent prendront le total contrôle de la ville. Cette dernière sera bouclée jusqu’à nouvel ordre. Personne n’y entre. Personne n’y sort. » Son regard sembla s’obscurcir pendant une seconde, avant qu’elle ne continue; « Tout citoyen qui ont des informations sur les coupables de ces horreurs est invité à venir nous voir. Aucune violence ne sera tolérée et ceux qui iront à l’encontre de cet ordre en subiront les conséquences. » Elle fit une légère pression sur le flanc de son cheval, et ce dernier se mit en marche vers les miliciens d’Hanning, épuisé qui étaient assemblés à sa droite. « Qui est l’intendant des troupes? » Les soldats baissèrent légèrement la tête, avant que l’un d’eux ne sorte des lignes, en inclinant la tête.
« Il est mort ce matin, votre Altesse. Mon nom est Saro Takavian, je suis le capitaine d’ordonnance des Septs-Monts. »
Maralina l’observa un moment, silencieuse, observant cet homme épuisé. Ses mains étaient tâchées de sang, et il avait une blessure à l’arcade sourcilière. Son visage était crasseux. Un mélange de sang, de sueur et de poussière. Preuve que les dernières heures avaient été particulièrement difficiles.
« Félicitations, Saro Takavian. Vous venez de recevoir une promotion. »
L’humain baissa à nouveau la tête en murmurant un merci, et la Princesse Marchande tourna la tête pour apercevoir Marzaban qui entrait finalement dans la ville. Elle fit tournoyer à nouveau son étalon pour reprendre sa place au centre de la ville avant de reprendre la parole;
« Je suis consciente que ce changement peut être effrayant, surtout après avoir vécu autant de violence ces dernières ennéades. Mais je peux vous garantir, sur la vie de mes enfants et des citoyens d’Uldal’Rhiz que vous n’avez rien à craindre de nous. Notre but est de rétablir l’ordre et de remettre cette ville sur la voie de la prospérité. Vous n’êtes en aucun cas responsable des actions de votre ancien dirigeant, et vous avez assez souffert pour cela. Il est temps de vous aider à reconstruire, à fermer les plaies que vous avez accumulées et pour cela vous avez besoin d’aide. Nous sommes cette aide. Au moment où je vous parle, des vives entrent dans la cité avec mon homologue. Assez de nourritures, et de matériaux pour vous aider dans ce nouveau départ. Si votre besoin est plus grand, nous travaillerons ensemble dans cette optique, mais nous vous devons de vous remettre sur pied. Cela ne prendra plusieurs ennéades, mais c’est une situation que moi et mon confrère avons acceptée. Nous avons les moyens de vous aider, et nous le ferons aussi longtemps que vous aurez besoin de nous. » Des sourires vinrent orner certains visages, tandis que d’autres poussèrent des soupirs de soulagement. C’était fini, du moins, c’est ce que la Princesse promettait. Ô certes, il y avait toujours quelques sceptiques, mais ils avaient bien besoin des ressources que les deux Princes avaient. La Princesse releva doucement la tête, un sourire aux lèvres avant de tonner; « Nous vous donnerons les moyens pour changer votre histoire, et nous reconstruirons ensemble la principauté. Ce sombre épisode de violence est terminé. » Son ton était confiant et rassurant. Il eut quelques applaudissements et quelques cris de joie alors que Marzaban fit sont entrés sur la place dans son palanquin.
Les miliciens ne perdirent pas de temps, et commencèrent à distribuer les vivres à la foule assemblée, alors que Maralina se retourner vers le dénommé Saro; « Vos troupes sont en permissions. Les forces de Thaar prendront le contrôle de la ville. Cela vous permettra de vous restructurer mais aussi de vous reposer et vous occuper des blessés. »
Saro hocha la tête encore une fois, avant de prendre la parole; « Merci Vos Altesses, encore ce matin, nous avons dû faire face à une attaque calculée. Nous avons grandement besoin de repos. »
Maralina haussa un sourcil avant de continuer; « Où sont les perturbateurs? »
« Je l’ignore. Mais votre arrivée n’est pas arrivée inaperçue. Pour être honnête, on se demandait tous si cela serait notre dernier jour. Votre présence est rassurante et franchement bienvenue. »
La Vaanie releva la tête croisant le regard de multiples soldats qui hochèrent la tête. Maralina eut un air triste pendant un moment, avant de reprendre son air stoïque. « Thaar vous remercie pour vos efforts. Nous sommes pleinement conscients de ce que vous avez enduré. Allez prendre du repos maintenant. C’est un ordre. » dit-elle avec un demi-sourire. Les soldats ne se firent pas prier, firent un dernier salut aux Princes Marchands avant de rompre les rangs. Maralina se tourna vers Saro qui n’avait toujours pas bougé; « J’ai un dernier service à te demander. » Saro hocha la tête, de toute façon, avec ses nouvelles fonctions il n’aurait pas pris de congé. « Réunit les magnats dans la chambre du sénat. Moi et mon homologue a besoin de leur parler urgemment. »
Marzaban Ambreroc
Nain
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Ven 15 Jan 2021 - 10:23
Ainsi, le plan était décidé. Je dois avouer qu’il me plait, mais que j’aurais préféré faire partie de l’action, plutôt que d’entrer en « sauveur ». Nos rôles auraient dû être inversés. Pensez-y : quid d’une femme, sang-mêlé, aussi belle que bien vêtue, pour jouer le rôle de sauveur des Septs-Monts ? Et quid d’un nain sans sentiments ni émotions, au faciès aussi froid que la pierre et aussi inexpressif que le marbre, pour jouer le rôle d’autorité au milieu du chao ? Je pense que les capacités de séduction de Maralina auraient dues être utilisées pour faire venir les légumes, les fruits, les céréales et autres denrées salvatrices. Et que ma force, mon impassibilité… Et ma froideur, auraient dues entrer en premières dans la cité. M’enfin, c’est trop tard.
Maralina s’avance, donc. Suivie par ses troupes, ses miliciens, et ses forces. Moi, je suis, au loin. Mes Barbesables organisées autour du grand convoi de vivre, et disposés de sorte à protéger les lieux, et enfoncer une éventuelle présence adversaire, nous avançons, lentement.
La voix de Maralina se fait de nouveau entendre. De plus en plus proche, à mesure que nous avançons dans la ville. Le convois, engoncé dans mon dispositif, ne laissait aucune chance à qui que ce soit qui tenterait de la toucher. Nous nous déplaçons, et arrivons sur la grande place centrale. Lorsque les yeux curieux, ébahis, ébaubis, des curieux et des badauds, comprirent que les propos de Maralina se concrétisaient sous leurs yeux par un immense convoi de vivres, des rires, puis des hourras, et d’autres exclamations, se firent entendre dans la foule s’amassant. D’un signe de ma main, les Barbesable se mettent en place. Chaque convoi était gardé par quatre soldats – deux de chaque côté – et deux autres s’occupaient de le décharger. Caisse après caisse, vivre après vivre, les chariots étaient débarrassés et les vivres étaient disposés devant. La distribution commençait.
Je rejoignais Maralina, lorsqu’elle ordonna au chef des gardes de réunir les magnats des lieux. D’un signe de tête, je lui indiquais que je la suivrais. Elle était entrée ici la première, et avait fait forte impression la première. Elle était la flamme vive, rougeoyante, captivant les regards, et moi la pierre froide qui écraserait chaque braise rebelle. Autant rester dans son ombre, pour le moment. Et alors que nous nous rendions dans la salle du conseil, et juste avant de prendre ma place, je regardais par la fenêtre les dégâts de la cité. Pour sûr, mes mercenaires, et la loge d’Onyx, avaient fait un travail merveilleux. Les corps pendus aux toits des chaumières, les charniers, les corps perdus ça et là dans les ruelles, l’odeur de brûlé et de chaux… Oui, magnifique.
Les magnats entrent. Moi, je suis dans l’ombre. Maralina va entrer en scène, comme elle sait si bien le faire.
Maralina Irohivrah
Hôte
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Ven 15 Jan 2021 - 19:49
Si le sénat des Septs-Monts avaient été un endroit animé dans le passé, ce n’était plus le cas aujourd’hui. D’une quinzaine de magnats, n’en restaient que trois. Trois. La Princesse haussa un sourcil, échangeant un regard interrogateur avec son homologue avant que les trois hommes ne prennent s’inclinent devant les deux Princes Marchands. Feignant un air perplexe a la perfection la Princesse Marchande leur fit un signe du bout des doigts afin qu’ils ne se relèvent. « Je vais supposer que les autres sont légèrement en retard? » L’un des magnats, un humain au ventre bedonnant et aux cheveux grisés se gratta la tête, l’air énormément mal à l’aise, avant de prendre la parole;
« Emm… c’est-à-dire que… » Un autre magnat, plus jeune, croisa le regard de ce dernier, lui faisant un signe de tête, l’incitant ainsi à continuer. « Disons que les autres ont perdu la vie pendant la révolte? »
Le visage de Maralina se referma, en apparence, elle devenait soudainement froide, alors que ses poings se serraient. Elle serra la mâchoire avant de fixer ses prunelles azurées sur celui qui avait pris la parole; « Vous voulez dire que sur quinze il ne reste que vous trois? » Ils hochèrent simultanément la tête, l’air contrarié. « Incapables! » La voix de la Princesse d’Uldal’Rhiz résonna dans la chambre du sénat alors que ces derniers reculèrent d’un pas en voyant la colère de la Vaanie. « Thaar vous a laissé les champs libres pour nommer votre propre représentant et c’est ainsi que vous vous comportez? En laissant vos citoyens mourir, en les faisant souffrir pendant que vous éliminez vos adversaires ?! » Les miliciens qui accompagnaient les deux Princes Marchands posèrent rapidement la main sur leurs épées, prêts à réagir au moindre ordre de leurs supérieurs.
Le plus jeune des magnats, reprit soudainement la parole; « Vous faites fausses routes Votre Altesse! Je vous jure! Nous n’avons pas comploté les uns contre les autres! Ils semblent que la guerre ait eu des conséquences que nous n’avions pas prévues! Et nous… »
« Et vous n’avez rien fait. Ce qui retourne à mon premier argument. » les coupa-t-elle d’un ton autoritaire. La demie-elfe s’approcha du magnat, s’arrêtant qu’a un souffle de ce dernier alors que son regard, grondant de colère, fixait celui du jeune magnat. « Vous êtes une pauvre excuse pour des magnats. Vous qui deviez représenter votre Principauté, l’avez laissé à l’abandon! Quel image donnez-vous a l’ensemble des cités Vaanies alors que les armées puysardes sont à vos frontières? Comment pouvons-nous faire confiance à l’un d’entre vous? Pourquoi Thaar laisserait l’un ou l’autre d’en vous s’occuper d’une principauté alors que vous vous êtes tous caché lorsqu’elle en avait besoin? » Les hommes regardèrent soudainement vers le bas, clairement intimidé par la Princesse d’Uldal’Rhiz. Il était clair qu’il avait touché un point sensible, qu’elle leur avait fait comprendre qu’il n’avait définitivement pas la colonne pour gérer une principauté. Le bedonnant releva soudainement la tête, regardant les deux Princes Marchands avant de reprendre la parole; « La réalité, Votre Altesse, ce n’est qu’aucun d’entre nous a les moyens de gérer la principauté. L’argent nous manque. Vous l’avez dit vous-même, la ville est en ruine et nous n’avons guère les moyens pour redorer la ville. Par contre, il y a deux personnes qui le pourraient. » Maralina se retourna vers le bedonnant, l’air neutre. Elle lui fit signe de continuer et ce dernier avala difficilement sa salive avant de reprendre la parole; « Vous et le Prince des Milles-Caves avez sauvé la ville. Vous ne manquez pas de moyen ni l’un ni l’autre. Pourquoi ne prenez-vous pas le contrôle? L’un ou l’autre ou encore mieux les deux? » Ses homologues hochèrent rapidement la tête, saisissant l’opportunité d’agrandir leur ville et leur commerce sous ses deux puissantes influences. Maralina s’arrêta net, l’air surprise avant de cligner des yeux, comme sous le choc. Elle écouta sans dire un mot les propos des magnats avant de se tourner vers Marzaban, pour lui échanger un regard. C’était à son tour de prendre le contrôle du plan…
Marzaban Ambreroc
Nain
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Sujet: Re: [Hanning] La marche implacable. Sam 16 Jan 2021 - 17:04
La lumière, et l’ombre. Le soleil, et la lune. La chaleur, et le froid. L’éclatante gemme, le profond abyme. En cela, et en de nombreuses autres choses, Maralina et moi-même nous complétons à merveille. A merveille, oui.
Car elle accapare toute la scène, toute la lumière, tous les regards. Toutes les réponses et tous les propos viennent à elle, et elle les renvois à autant de d’interlocuteurs, réglant les conflits, enclenchant d’autres intrigues, recevant, et distribuant. Moi ? Je suis dans son ombre. Une place qui m’aura toujours sied à merveille. A merveille, oui.
Car ces quelques magnats survivants, ne m’auront remarqué qu’à une seule occasion : lors de leur entrée. Dès lors, c’est Maralina qui mena la danse. Moi, je suis derrière elle, debout, droit comme un « i », un voile d’ombre masquant mon visage et la moitié de mon corps. Point un mouvement, point un rictus, point une oscillation ne se voyait. Ma maîtrise de moi-même était exceptionnelle. Pour un peu, je ressemblerais à une de ces colonnes qui ceintre cette ancienne salle.
Mais mon absence de mouvement, de réaction, est à la parfaite opposée de mon activité cérébrale. De toute manière, les dires et les comportements de ces trois magnats apeurés, ne méritent aucune réaction, d’aucun pourcentage ni degré que ce soit. Mais mon cerveau, lui, décuple son activité. Je réfléchis à absolument tout. Aux propos de Maralina, et cette propension qu’elle a, à manipuler tout ce qui vient d’être dit. De victimes, ces trois magnats deviennent coupables. Coupables de lâcheté, coupables d’inaction, coupables d’abandon… Un abandon, qui se concrétise par une formulation que je n’avais point attendu, ni même espéré : nous demandent-ils réellement de prendre le contrôle de Hanning ?
La réaction de Maralina, prouve que mes oreilles auront correctement entendues les propos des trois magnats. Ainsi, ils nous offrent les clés de leur cité, sans même chercher à combattre, ni à vendre leurs peaux, ou à se placer. Enfin, pour le moment. Le regard de Maralina en dit long. Le temps du soleil était terminé, et devait laisser place à la froideur calculatrice d’une lune sombre.
Alors, je m’avançais. Mains dans le dos, toge seyante, une cape de soie bleutée sur les épaules, maintenue par deux fibules exquises au niveau des épaules, seuls mes deux bols d’oreilles s’animaient d’un mouvement ondulatoire lorsque je fis mon pas en avant. Je dévisageais alors mes trois interlocuteurs, sans rien dire, sans rien faire. Mes yeux mi-clos scrutaient les moindres ridules et expressions cachées chez les trois magnats. L’un d’eux, d’ailleurs, fut désarçonné par ce silence pesant. C’était le but, évidemment. Laisser du silence, car les humains avaient une fâcheuse manie d’être désappointés, désarçonnés, rendus mal à l’aise par le silence, et ceux-ci devaient le combler, par des gestes, des paroles ou des rictus, qui en disaient long sur leur personnalité. Et le bedonnant, celui qui avait émit l’idée qu’Hanning nous appartienne, était si bouffis de rictus, de mouvements d’anxiété, qu’il était plus qu’aisé de lire dans son jeu. Assurément, cet homme là pouvait être autant une marionnette, qu’il serait un caillou dans nos chaussures.
Car il était évident qu’il n’était ni le plus débrouillard, ni le plus courageux. Couard parmi les couards, il semblait avoir le plus jeune des magnats dans sa poche, mais n’était point capable d’aucun haut fait. Il ferait un parfait exécutant, une parfaite marionnette. Nous commandons, et lui nous informe, et exécute. Mais point en tant que magnat, ah ça non. Alors… Alors l’idée me vint.
- Nous acceptons.
Ma voix était glaciale, mon ton, ne souffrant d’aucune place pour l’interprétation ni la discussion. Mais voilà que les trois zigotos se mettent à réagir d’un coup. Qu’acceptions-nous ? Ils ne nous ont rien proposé ! Qu’est-ce donc que cette mascarade ? L’agitation des trois individus se fait grandissante, et j’imagine que Maralina aussi, doit commencer à fulminer pour lire dans mon jeu.
- Qu’acceptez-vous, votre altesse ? Nous ne vous avons rien donné, sinon une idée ! Répondit le bedonnant. - Une idée ? Mais c’est bel et bien Hanning que vous venez de nous confier, à nous deux, son altesse Maralina et moi-même. Et cela, en faisant de nous les dirigeants, et Prince-Marchand et Princesse-Marchande de Hanning. Rétorquais-je, toujours stoïquement, mes mires s’enfonçant dans les leurs. - Mais… Mais non ! Mais enfin, nous… Nous vous proposions de prendre le contrôle, afin de nous aider dans nos tâches, afin de rendre la paix ! Point de nous gouverner ! Rétorqua-t-il, commençant à s’emporter. - Et pourtant, ce n’est point ce que furent vos propos monsieur le magnat. Et le silence de vos collègues, était un consentement. En conséquence, nous avons d’ores-et-déjà accepté votre proposition si généreuse, et vous remercions pour votre confiance. Veuillez déposer, je vous prie, les attributs qui furent les vôtres, attestations de vos rangs respectifs. - Attributs ? Mais… Mais enfin… Bredouilla le magnat, qui comprenait un peu plus à chaque instant que rien, absolument rien, n’avait échappé à mes yeux et mes oreilles. - Vos chevalières, portant le sceau de Hanning, je vous prie. Que vienne le greffier de cet province, afin que soit sceller cet accord. Ne vous inquiétez point, vos fortunes seront toujours vôtres… Du moment que vous vous acquitterez de vos nouveaux impôts. - Impôts ? Demanda le bedonnant, la sueur perlant sur son front, son faux-col se faisant plus oppressant encore. - Dois-je réellement vous expliquer les principes basiques de l’économie provincial ? De la tenue d’une caisse officielle ? Dois-je vous expliquer seulement les préceptes financiers qui régissent aussi bien vos affaires, que la vie économique d’une cité, d’une province ? Où espériez-vous, en nous offrant les rennes de cette cité, que nous injections nos propres capitaux, nos propres revenus, et les impôts de nos propres gens, pour redresser ce que vous, et vos erreurs, ont eu tôt fait d’abattre ? Seriez-vous un béta ? Un âne bête à manger du foin ? Où est-ce que tout ceci n’est qu’une mascarade visant à nous extorquer nous, son Altesse Maralina et moi-même, de nos fortunes, en nous sacrifiant dans notre grande mansuétude ? Êtes-vous à l’origine des maux de votre contrée ? Auriez-vous planifié tout ceci pour nous voler ? Répétais-je, assomment le pauvre magnat dont le cerveau entrerait bientôt en ébullition, son cœur, manquant presque de s’arrêter sous les assauts de mes accusations. Et ses deux compères, affichant des mines proches de l’état cadavérique. - Je… Je… Non… Non ! Ce n’est pas… Par les dieux, non… Bredouilla-t-il. - Bien, je n’en attendait pas moins d’un homme tel que vous. Ainsi, cela est acté. Que le greffier arrive séant, et que l’acte de nomination de son altesse Maralina et moi-même, soit signé avant le coucher du soleil. Cette cité, et sa province, ont besoin de nous au plus vite. Vos erreurs ne doivent plus entraver la vie de nos citoyens.
Bredouillant, hagards, les yeux écarquillés, le bedonnant ne savait plus où donner de la tête, ni qui il était. Le plus jeune, totalement abasourdis, envoya un cavalier chercher le greffier, et le troisième, lui, regardait ses chaussures, sans oser ne serait-ce que cligner des yeux. Je me tournais alors vers Maralina, satisfait, inclinant légèrement le buste.