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 En direction de Hanning

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Suri
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Suri


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MessageSujet: En direction de Hanning   En direction de Hanning I_icon_minitimeDim 14 Oct 2018 - 17:47

Décidément, Mika’el et Loan avaient fort peu en commun.

Le premier était avenant, le second taciturne et laconique. La cadet était attentionné, l’aîné rancunier au possible. Suri, qui le premier jour avait fait son possible pour amadouer Loan, avait baissé les bras quand ce dernier avait complètement ignoré sa présence pendant le repas du soir et était parti ce coucher sa gamelle en étain à peine terminée. « Je ne comprends pas, avait-elle avoué à Mika’el, ce que j’ai bien pu lui faire pour qu’il me déteste autant. »

Et le gladiateur d’éclater de ce rire, puis de poser une main rassurante sur son épaule. « Si seulement ce n’était que toi que Loan déteste, ma vie serait plus simple. » Constatant que sa réponse ne satisfaisait pas l’anëdhelle, il avait détaillé un peu sa pensée. « Sa jeunesse se résume à une succession de décisions malheureuses motivées par sa trop grande proporsion à croire les salades qu’on lui servait ; il a fini par se dire qu’il était sans doute plus rentable de ne plus se fier à personne. »

Suri s’était contentée de hausser les épaules, se dégageant par la même occasion de son contact prolongé avec Mika’el. Elle aimait bien le gladiateur, mais pas au point d’accepter toutes ses familiarités. Elle était jeune encore — en tout cas, selon les critères des siens — mais elle n’était pas si naïve. Elle savait très bien quelles pensées accompagnaient le gladiateur quand il partait ce coucher. Ses regards étaient sans équivoques. Dans le même temps, il n’avait jamais essayé de la forcer à quoique ce fût. C’était bien mieux que beaucoup d’esclave-guerriers dont elle avait eu à s’occuper ; elle s’était persuadée toute seule qu’elle pouvait — ou était-ce devait ? — tolérer son insistance.

Leur second jour de voyage avait suivi l’exact déroulement du premier. Les « amis » des deux frères leur avaient fourni deux chevaux ; Suri avait donc dû se faire à l’idée qu’elle passerait plusieurs heures d’affilées littéralement dans les bras d’un Mika’el plus cajoleur que jamais, sous un soleil de plomb et à l’étroit sur une selle pas forcément prévue pour cette configuration. « Tu ne manges pas assez, tu sais ? avait-il été jusqu’à dire en palpant ses hanches. Un peu de formes par-ci et par-là ne te ferait pas de mal, pourtant.

Je ne crois pas t’avoir demandé ton avis, » avait-elle répondu en serrant les dents. Finalement, peut-être avait-elle été injuste envers Loan. Il avait peut-être ses défauts, mais au moins la laissait-elle en paix. « Et est-ce que tu peux, par pitié, arrêter de me souffler dans les oreilles ? » Ça avait été son grand jeu de l’après-midi ; il s’en était donné à cœur joie chaque fois qu’elle avait fait mine de somnoler, bercée par la foulée lente et régulière de leur monture.

« Si tu t’endors maintenant, tu ne réussiras pas à dormir, » avait-elle répondu en feignant une innonce qu’il était bien loin de posséder encore. Il avait pourtant arrêté son manège et il n’avait pas fallu dix minutes à Suri pour s’endormir profondément. À son réveil après un temps indéterminé, Loan avait placé son cheval à la hauteur de celui de son frère et ils parlaient de leurs projets péninsulaires. Suri avait gardé ses yeux clos, mais avait ouvert grand ses oreilles. Elle s’en réjouit d’autant plus qu’après quelques minutes à discourir de leurs premiers faits d’arme en Sgardie, Loan changea brusquement de sujet.

« Pourquoi est-ce que tu continues à t’encombrer avec la fougère ?

Parce que j’ai un cœur, frérot, et je n’oublie pas que tu lui dois la vie. Ni plus ni moins.

On aurait pu se passer de son aide. Ce n’était qu’une porte, un bon coup d’épaule et…

Et qu’est-ce que tu en sais, hein ? l’interrompit brusquement Mika’el. Qu’est-ce que tu sais de ce qu’il fallait faire et ne pas faire pour nous échapper ? » Suri le sentait se tendre subrepticement, ce qui l’étonna légèrement. Elle avait cru que Mika’el aimait le caractère bourru de son frère, elle découvrait qu’il pouvait tout autant s’en agacer. « Ton ingratitude crasse commence à rogner sérieusement ma patience, Loan.

Je ne t’avais rien demandé, répondit l’accusé sans paraître se démonter. C’est toi qui a décidé de devenir un gladiateur et tu ne vas pas me faire avaler que tu l’as seulement fait pour moi. Comme d’habitude, il fallait que tu me sauves. Il fallait que tu joues les héros. C’est comme pour elle, tu passes tes journées à essayer de l’impressionner, c’est désespérant. Maman… » Suri ne put étouffer un cri quand elle sentit le corps de son cavalier partir sur la gauche, en direction de son frère. Le juron de Loan lui apprit que la patience de Mika’el avait finalement atteint ses limites.

« Je te connais bien assez pour savoir quand de la merde est sur le point de couler hors de ta bouche, expliqua le gladiateur à sa victime avant de baisser les yeux sur sa passagère. Pardon, Suri, j’avais pourtant promis de ne plus te réveiller.

Tu n’as rien promis du tout, » lui rappela-t-elle confusément avant de chercher le regard de Loan. Ce dernier avait déjà repris sa place initiale, en queue de leur petit cortège.

« Ne t’en fais pas pour lui, il s’en remettra, » promit Mika’el en reportant son regard sur la route.

Suri se mordit discrètement la lèvre inférieure en réfléchissant à ce qu’elle pouvait répondre à ça. Forcément, il connaissait mieux son frère qu’elle. Pour autant, elle ne voyait pas comment ils allaient pouvoir voyager ensemble si le ressentiment de Loan à son égard était aussi profond qu’il l’avait laissé paraître à l’instant. Rarement l’anëdhelle avait été témoin d’autant de rancœur. « Tu t’es toujours présenté comme son cadet, souffla-t-elle finalement en se décidant à partager l’une de ses théories. Mais c’est un mensonge, n’est-ce pas ?

Qu’est-ce qui te pousse à penser ça ?

Ton sang, répondit-elle sans la moindre hésitation. Tu n’es pas totalement humain. » Ce n’était pas une question et le présumé sang-mêlé ne s’y trompa pas. Il garda un visage neutre, mais ne la découragea pas non plus à continuer sur sa lancée. « Je ne serais pas surprise si tu m’avouais avoir le double de son âge.

Vous autres les longues-oreilles, vous accordez beaucoup trop d’importance à ces choses-là, finit-il par répondre en esquissant un léger sourire. Pourtant, tu devrais le savoir, non ? » Il voyait bien qu’elle ne comprenait pas où elle voulait en venir, ce qui creusa un peu plus son sourire et lui fit secouer la tête. « Est-ce que tu es une elfe, Suri ?

Je… » voulut-elle répondre, mais les mots moururent dans sa gorge. Pas vraiment, aurait-elle dû avouer quand bien même elle ne désirait rien de plus. Elle détourna le regard, se passionnant soudain pour le pavé bien entretenu de la route qui les emmenait à Hanning.

« Tu l’es, répondit-il pour elle avec le plus grand des sérieux. Les Cinq m’en soient témoins, tu es une elfe de la pointe de tes oreilles aux ongles de tes pieds. Tu vis comme une elfe, tu penses comme une elfe… » Voyant qu’elle ne réagissait pas, il la provoqua gentiment. « Je suis sûr que tu chies comme une elfe, aussi.

Ça ne veut strictement rien dire… » protesta-t-elle en se sentant rougir. Elle n’était pas certaine de savoir si c’était à cause de la vulgarité du gladiateur ou de la gentillesse de ses paroles. En réalité, il était le premier à le lui dire avec une telle franchise et elle ne savait plus où se mettre.

« Mon point étant : tes yeux — ton sang — mentent et le monde duquel tu viens les écoute, mais il se trompent. Mon père m’a peut-être légué un peu de sang d’elfe, mais je suis aussi humain que Loan. » Il marqua une pause pour lui ébouriffer les cheveux, avant de conclure. « Et il en va de même pour toi. » Troublée, elle ne chercha pas à échapper cette fois-ci au geste affectueux de Mika’el. Il était étrange qu’elle trouvât dans les paroles d’un porteur d’épée thaari plus de sagesse même que dans la bouche de Maître Linderel. L’académicien avait peut-être pensé ainsi, elle n’en savait rien ; en tout cas, il ne lui avait jamais dit.

« Merci, » souffla-t-elle faiblement.

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