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 Le Champion du Coléreux [Terminée]

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Harduin d'Erbay
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Harduin d'Erbay


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MessageSujet: Le Champion du Coléreux [Terminée]   Le Champion du Coléreux [Terminée] I_icon_minitimeJeu 1 Oct 2020 - 17:08

Identité
Nom/Prénom : Harduin d'Erbay
Âge/Date de naissance : 47 ans (Karfias de l'an 971:X)
Sexe : Masculin
Race : Humain
Faction : Péninsule
Alignement : Loyal Neutre
Liens notables : /

Particularité : Ce grand malade ne s'est pas contenté de se tatouer le symbole d'Othar avec de l'encre, il se l'est carrément fait scarifier au couteau... Dégénéré !


Métier : Haut-Prêtre d'Othar
Classe d'arme : Corps à corps / Magie / Défensif


Possessions & Equipements :
Je ne connais que deux vêtements pour mon maître : la chasuble rouge sang des prêtres, et l'armure d'acier des grands guerriers. Lorsqu'il ne se harnache pas pour partir au combat, le Haut-Prêtre Harduin ne revêt que ses modestes frusques sacerdotales. Elles ont beau être vieilles, je n'ai jamais vu des reliques pareilles en si bon état. Elles sont un peu délavées, certes, mais mon maître refuse d'en changer. Il m'a dit un jour que c'était l'un de ses biens les plus précieux... Pour moi c'est surtout un vieux tabar un peu défraîchi. La valeur doit être surtout sentimentale.

Outre ses vieux atours, le Haut-Prêtre chouchoute ses armes et les fourbit avec soin. Maître d'armes aguerri, il sait utiliser tout un arsenal, mais son arme de prédilection c'est l'épée longue. Je l'ai déjà vu aussi s'armer d'un pavois et rentrer dans le lard de ses ennemis, et je dois vous dire que depuis, j'ai toujours des frissons quand je le vois se saisir de la poignée de son écu... Faut dire qu'avec sa masse et sa rapidité, c'est comme se retrouver face à un immense mur, sauf que celui-là, bah... Il bouge. Et vachement vite avec ça.

Je me rappelle également ce petit pendentif, qu'il cache sous son gros tabar. Je ne l'ai entrevu qu'une seule fois, lorsque le Haut-Prêtre se déshabillait pour se laver à une cascade et me donner des complexes. Ça m'avait frappé parce que je n'imaginais pas mon maître comme un gars à bijou. On dirait une sorte de médaillon en argent, frappé d'un symbole que je n'ai pas très bien vu. Quand je lui ai posé la question, il m'a répondu que ce n'était pas mes affaires. Là aussi, je crois que ça doit avoir une grande valeur sentimentale.

Apparence :

  • Taille : Imposante
  • Couleur des yeux : Gris clair


Jamais vu un bazar pareil. Le type est immense, facilement deux mètres ! Il domine tout le monde au temple, tu devrais le voir à côté du vieux Baudouin. Après, je connais des gens très grands qui sont fins comme des roseaux. Lui, c'est pas un roseau. Il me fait baver avec sa carrure de tailleur de pierres, là ! Comment vous voulez que je complexe pas avec un type qui a été littéralement sculpté par le Père des Batailles ? Puis il est tellement poilu qu'on dirait un ours, en fait. C'est comme ça qu'on l'appelle en secret au temple : l'Ours. Avec ses longs cheveux gras et la barbe qui lui mange la moitié du visage, on a pas manqué d'inspiration pour le surnom.

Par contre, ne le regarde jamais dans les yeux, sinon tu le regretteras. Je l'ai fait une fois : j'ai cru que j'allais les baisser comme un clébard qu'on engueule. Deux puits glacés, clairs et fantomatiques, avec des pupilles qui te transpercent de part en part. Ça ne m'étonnerait pas qu'il arrive à voir ton dos quand il te regarde. Et puis il est toujours si solennel, avec son visage marqué et ridé... J'ai l'impression qu'il pend la tronche chaque fois qu'il nous regarde ! Je crois bien ne l'avoir jamais vu sourire qu'une seule fois. Après, je ne l'ai pas connu plus jeune, je peux pas dire.

Personnalité :

On dit souvent que les prêtres d'Othar sont des gens obtus et spartiates. C'est pas très sympa, parce que de un on est pas tous comme ça, et de deux, y a toujours plus obtus et plus spartiate. Mon exemple favori, c'est le Haut-Prêtre lui-même. Je crois n'avoir jamais vu un type aussi droit et rigide sur le code. Pire, une fois, je suis rentré dans sa chambrée : à part une paillasse et une table, y avait rien ! Quand je lui ai demandé s'il voulait pas une chaise, il m'a répondu qu'il préférait écrire debout. Quand je lui ai demandé où il rangeait sa chasuble, il m'a dit qu'il la pliait pour s'en faire un coussin. Un vrai malade.

Mais je crois aussi que c'est un des guerriers les plus formidables qu'il m'ait été donné la peine de rencontrer. Il n'est pas seulement fort comme un bœuf, il est surtout un peu trop rapide pour le poids qu'il fait. C'est louche. Je suis sûr qu'en fait, son médaillon ça doit être une relique d'Othar qui lui permet de devenir plus véloce ! Comment ça, improbable ? Bah, petit incroyant, va. Si tu l'avais vu, toi aussi tu douterais que ça soit humain. De plus, je l'ai jamais vu briser un seul instant sa concentration, même face à l'inattendu. Un jour, il m'a dit qu'il avait appris à canaliser sa colère pour alimenter sa concentration. Sur le coup, j'ai pas trop compris, mais en le regardant combattre un peu plus, j'ai remarqué une chose : quand il regarde un adversaire, dans son regard, on peut voir la haine. Ses yeux te percent comme un carreau d'arbalète, et tu peux ressentir toute la colère qui l'anime rien qu'en fixant ses deux mirettes. Mais extérieurement ? Rien. Pas un tremblement. Pas une insulte, pas un grognement. Il ne brise jamais sa concentration... Et c'est à faire froid dans le dos.

Capacités magiques :

Ah, je t'ai pas dit ? Il sait faire de la magie ! Bon, c'est pas l'Archimage Nakor non plus, mais je l'ai déjà vu projeter des boules de feu ! Bordel, qu'est-ce que j'aimerais savoir faire ça... Il dit que c'est un don octroyé par Othar, une discipline qu'il a suivie au Grand Temple d'Erac auprès d'un grand pyromancien dont j'ai oublié le nom. En marge de son entraînement guerrier, il apprenait à parfaire son art, entre la fin de l'entraînement et l'heure du dîner. Je lui ai déjà demandé quand est-ce que je pourrais faire des trucs aussi épiques, mais la réponse m'a un peu refroidi, sans mauvais jeu de mot : il lui a fallu plus de vingt ans d'entraînement avant de pouvoir faire ça ! Alors t'imagines bien : j'ai décroché.

Il m'a dit que tout reposait sur sa manière de combattre. En fait, quand il a trouvé comment canaliser sa colère, il a fini par comprendre que cela ne pouvait pas seulement lui être utile au corps à corps, mais aussi dans sa maîtrise de la magie. En fait, sa colère, c'est comme la pois d'une torche. Attends, il avait une meilleur analogie... Ah ! Oui ! La forge !

Sa colère, c'est le soufflet. En apprenant à dompter sa hargne, il a appris à actionner le soufflet pour permettre à ses charbons de rougeoyer. Au summum de son courroux, il parvient à rediriger l'énergie où il le souhaite, et il en crée le feu. C'est pas mortel, ça ? Hey, réveille-toi, j'ai pas fini ! Il y a aussi cette histoire de Focalisateur, un bidule qui lui permet de faire ses rituels. Il m'a pas dit ce que c'était, mais... à tous les coups, pourquoi ce ne serait pas cet espèce de médaillon qu'il a autour du cou ?

Histoire

Le maître, je le connais depuis que je suis tout jeune. Quand mes parents m'ont envoyé au temple à douze ans, je me voyais déjà Champion d'Othar dans dix autres, marié, trois enfants. Ils m'ont mis dans les pattes d'un énorme bœuf qui venait de devenir Grand-Prêtre l'année précédente : Harduin d'Erbay, qu'il s'appelait. Mais moi, je devais l'appeler maître, ou grand-père. J'ai tout de suite compris, après mes premiers cours, que j'allais devoir patienter un peu plus avant de pouvoir avoir tout ce que je voulais. Au temple, j'ai appris ce que c'était vraiment la vie d'un prêtre : des courbatures sans fin, un code rigide et strict, des coquards chaque fois qu'on respecte pas ce putain de code, et une nourriture vraiment dégueulasse.

Mais si j'en suis là aujourd'hui, avec mon tabar et mes cicatrices, c'est à grand-père Harduin que je le dois. J'étais un gringalet suffisant et ingrat, tout simplement bon à rien. Avec du temps, de la discipline et des entraînements intensifs, il a réussi à faire de moi la lame trempée que tu vois aujourd'hui devant toi. Sans cet homme, j'aurais sans doute pas coupé la tête de ce Drow qui voulait ta peau, et c'est sans doute à lui que tu dois aussi la vie. Son enseignement a été très dur, et je crois que j'ai failli le désespérer plus d'une fois... Mais en fin de compte, et comme il aimait le répéter, c'est le forgeron qui fabrique la lame. Qu'importe la qualité du minerai, c'est après la forge et à la trempe que l'on peut mesurer de l'efficacité d'une arme. Il ne m'a pas abandonné. Et ça, c'est parce qu'il sait très bien ce que ça fait.

J'en ai appris pas mal sur mon maître, durant ma formation. Apparemment, son père est de très petite noblesse, un petit chevalier d'Oësgard. Tellement petit en fait qu'il gagnait sa vie en forgeant... Parfois, je me demande si le Grand-Prêtre n'a tout simplement pas inventé un statut à son père, mais ça ne lui ressemblerait pas. Bref, dans sa famille coulait un sang vif et bouillonnant. Le paternel avait la main dure sur son fils, apparemment. Ça l'a endurci, sans doute un peu trop, car on raconte que sur les coups de ses douze ans, il a poussé d'un seul coup pour devenir plus grand que son père, et lui a mis une sévère torgnole. Juste après ça, il s'est fait jeter de son village natal quand il a commencé à se battre avec tout le monde dans la taverne. D'après le père Rick, mon maître était méconnaissable à l'époque : toujours en colère contre tout le monde, irascible, mauvaise graine. Un chien enragé qui s'était découvert une intense sauvagerie alors qu'il sortait de l'enfance.

Banni de chez lui, c'est là qu'il est rentré dans un temple oësgardien pour entrer dans les ordres guerriers. Je suppose qu'il ne savait plus trop où aller, et que l'occasion de mettre des baignes à tout le monde sans avoir à se justifier lui paraissait un bon plan. Il a vite déchanté : le prêtre d'Othar n'est pas qu'un boxeur, c'est aussi le garant d'un code d'honneur, un guerrier qui sait qui et quand frapper. Le maître a eu de la chance de tomber sur un bon professeur. Il se serait fait à nouveau mettre à la porte, s'il n'était pas tombé dans le giron de grand-père Lars. Cet homme, c'était une légende dans l'ordre : un guerrier posé et silencieux, redoutable et mortel sur les champs de bataille, mais affable dans les temps de paix. Il a pris mon maître sous son aile, malgré la rage qui lui avilissait l'esprit. Et c'est là qu'il lui a montré la véritable voie du guerrier.

En lui apprenant à canaliser sa rage et à en faire son alliée, son énergie, sa force, il a complètement changé mon maître. Le cabot irascible se transformait en un jeune disciple prometteur, avec un brillant avenir au sein de l'ordre. Père Lars l'avait complètement retourné : il apprenait même à lire et écrire le bougre ! Moi-même j'ai toujours trouvé ça chiant. Mais il l'a fait. Mon maître buvait les paroles du sien, il passait son temps à perfectionner ses techniques de combat et apprenait les prières qui lui permettraient de diriger son courroux. Et c'est à ce moment-là de l'histoire qu'Arcam a décidé de ramener son vilain tarin Mon corniaud de maître était bien jeune, avec un sang vif et une tête encore vide. Il est tombé amoureux...

J'ai vaguement entendu parler de la fille en question. Elle était un peu plus âgée que mon maître, mais d'un pedigree bien moins crotté ! Une fille de châtelain qu'il avait rencontrée en se battant pour son père dans une querelle féodale. Ils se sont côtoyés de plus en plus assidûment, tant et si bien que le mot en est venu aux oreilles du père. Ce dernier a exigé de mettre fin à l'aventure, mais le père Harduin ne l'entendait pas de cette oreille. Il l'a carrément enlevée ! Comme un chevalier errant, sans peur et sans reproche... Ouais, sauf que le paternel d'en face, il avait quelques bons sergents avec lui. Furibard, il est parti aux trousses de mon maître, bien décidé à reprendre sa fille. Ils se sont retrouvés au gué du Ruizan, pour une confrontation qui allait rester dans les légendes...

Car sorti de nulle part, le père Lars a déboulé avec quelques-uns des plus méchants prêtres qu'il avait pu rallier à la cause de son disciple ! De part et d'autre, la balance était égale : les sergents du châtelain étaient supérieurs en nombre, mais ils affrontaient la fine fleur d'un temple guerrier. La bataille s'annonçait sanglante... et même si j'y ai pas assisté, je peux te dire qu'entendre le père Rick la compter me hérisse encore les poils après toutes ces années. Chaque prêtre s'est battu comme un lion : père Pyrlig faisait tournoyer sa masse comme un forcené, éclatant les crânes et broyant les os ! Père Marcelin tournoyait comme un oiseau dans le ciel, semant la mort et la destruction dans une danse martiale et macabre ! Et le père Lars... oui, le père Lars et mon maître se battaient dos à dos, dans un tourbillon furieux pour protéger leurs arrières et nettoyer les rangs ennemis. Une bataille digne des mémoires. Digne de larmes, également.

Les prêtres ont gagné. Le châtelain était en déroute. Mais le prix à payer était grand pour tant de bravoure : mon maître y a perdu son mentor, tombé au plus fort de la bataille. Mort avec les honneurs, transpercé et vidé de son sang, il avait donné sa vie pour que son disciple vive. Mon maître en était bouleversé. Je crois que c'est la dernière fois qu'il a laissé la rage prendre le contrôle de son esprit, mais c'est aussi la plus tragique. Hors de lui, lâché comme un chien fou, il s'est dirigé vers la beauté d'albâtre pour laquelle il s'était battu. Et sans véritablement la voir, il l'a terrassée. En lui ouvrant le ventre, il a maudit Arcam en un cri primal, qui résonne encore dans les forêts d'Oësgard pour l'âme en peine qui tend bien l'oreille. La leçon avait été dure à apprendre, mais elle avait été édifiante : pour un guerrier, l'amour c'est la perte.

Peu après ces événements troublants, mon maître est parti d'Oësgard pour rejoindre le Grand Temple d'Erac. Pour sa bravoure, et parce qu'il était le disciple du père Lars, il s'est très vite fait une place au sein de la branche médiane de notre ordre. Il était jeune, vigoureux, plein d'une assurance et d'une combativité à toute épreuve. Beaucoup disent que c'est la mort de son mentor qui l'a poussé à se perfectionner toujours plus encore, par culpabilité. Moi je dis, c'est pas par culpabilité qu'il le fait : c'est par fierté. Tu sais ? La seule différence entre un tas de merde et un homme. Hé bien je crois que c'est la fierté de l'élève, celle d'avoir été choisi par son maître, qui croyait en lui à tel point qu'il s'est offert en sacrifice au dieu de la guerre pour lui donner une chance de briller. Et briller, ça, le père Harduin, c'est ce qu'il sait faire, crois-moi.

Parce que quand il n'était pas au temple, mon professeur courait la Péninsule à la recherche de gloire et de guerre. Fort de sa carrure de gros bœuf, de son caractère de vainqueur et de son expérience du combat, il a souvent trouvé de quoi distraire ses appétits guerriers. Quand les Drows ont attaqué Alonna, il était sur les remparts à mater les Drows ! Quand vint sourdre la révolte des barons, il fit partie des escadrons nettoyant la cité des rebelles et de leurs chefs ! Durant le Voile, croyant à la Fin des Temps, il a mené une quinzaine de frères d'armes à rallier le plus de monde possible sous sa bannière pour se diriger vers l'Est, pour un dernier affrontement avec la menace des Elfes Noirs, courant vers une mort certaine... Bon, d'accord, il a eu l'air con après quand le soleil est réapparu et qu'il parcourait l'Estrevent en massacrant des Drows. Enfin, il a fini par revenir en Péninsule, puis à peine revenu, le voilà enfourchant un nouveau cheval pour aller guerroyer en Oësgard déchirée par la guerre féodale ! Un sacré gaillard, pour sûr. Le bruit court que c'était pour fuir la paix qu'il faisait la guerre. La paix, c'est sans doute le plus grand ennemi de l'homme à l'esprit lourd et hanté. La guerre te fait apprécier l'instant présent, le futur n'est jamais qu'un très proche incertain. La paix, en revanche, te ramène aux fantômes du passé. Elle te peine, te fait souffrir... J'ai connu ça, tu sais. Les morts, les blessures, les oubliés, toutes ces choses te reviennent dans le mille, en plein visage. Alors, il y a deux solutions : soit tu te bats, soit tu bois. Mon maître et moi, on a pris des chemins vachement différents...

Comme il était de toutes les batailles, il n'a pas tardé à être remarqué par les Grands-Prêtres et à s'élever à leur dignité. Ces nouvelles responsabilités l'ont fait moins voyager qu'avant, certes, mais ça ne l'a pas empêché d'aller tâter du Drow à Naelis, et de participer à la bataille des Champs Pourpres ! Bon, pour le coup, ça a chauffé pour lui après celle-là, mais il y était. Il était juste pas dans le camp des vainqueurs. Et j'ai envie de te dire, tant mieux ! Parce que c'était de la veulerie, ce que le p'tit albinos a fait ! Heureusement, comme il était grand-prêtre, mon maître n'a pas été trucidé comme les autres. On l'a enfermé dans un donjon, pour qu'il y pourrisse jusqu'à la fin de la guerre. Bah ! S'ils l'avaient connu comme moi je l'ai connu, ils l'auraient jeté dans la plus profonde des oubliettes et auraient fait gober la clé à un crocodile ! Ouais, tu sais ? Les gros reptiles là ! Enfin, bref. Après trois ennéades de détention dans une forteresse médiane, le voilà qu'il arrive à s'évader ! Tu te demandes sans doute comment il a fait, et je dois te dire, moi aussi. Il change d'histoire à chaque fois, le bougre. C'est vexant à la fin... Quoi qu'il en soit, en essayant de rallier le Grand Temple, il se fait de nouveau prendre par les hommes de la Ligue. Rebelote, on le met aux fers, un poil mieux gardé cette fois. Et tu sais quoi ? Il nous refait le même coup ! Un vrai magicien ! Remarque, il a peut-être fait fondre les barreaux... Du coup, après avoir faussé compagnie à ses geôliers une fois encore, le grand type a réussi à fuir vers le Nord pour se mêler à l'ost qui se réunissait pour aller botter les culs des rebelles. Là, de ce que j'en sais, le grand-prêtre était vraiment énervé. Des ennéades passées en captivité, il avait de la rage à revendre. Jusque sous les murs de Christabel, il a bataillé sans jamais tourner le dos ! Et pour tout te dire, j'ai beau ne pas savoir combien d'hommes il a étripé ni combien de blessures il a récolté, je sais que quand il raconte ses aventures, l'inflexion dans sa voix ne saurait mentir : il était là, et il a accompli tous les faits d'armes dont il s'enorgueillit. Un vrai démon...

Et puis après ça... la paix. Ah, la paix. Tu sais, la paix... oui, bon, d'accord, je te l'ai déjà dit, mais tu peux comprendre dès lors toute la détresse qui pouvait accabler mon maître ! Lui, le grand-prêtre auréolé de succès, révéré par tous les grands bouchers de la Péninsule, craint par ceux d'au-delà des mers et des montagnes, coincé dans son Grand Temple. Il aurait pu repartir pour un pèlerinage guerrier en Estrevent, si le Haut-Prêtre ne s'était pas retiré. Là, oui, c'est là que mon maître a accédé à la fonction suprême au sein de notre ordre guerrier : Harduin d'Erbay est devenu le Champion du Coléreux, le Premier Tueur d'Othar, gardien des saintes reliques et du Grand Temple d'Erac. Au moins cette nouvelle charge lui incombant lui aura apporté un peu de réconfort, et gonflé sa fierté au point qu'il s'en acquitta avec la rigueur qu'on lui connaissait. Après tout, le premier nom qu'il fit graver au mur de la Légion des Morts fut celui de son mentor. Les Anciens, qui connaissaient l'homme et ses mérites, ne s'y opposèrent pas. Au contraire, ils approuvèrent sans retenue, car la piété filiale dont faisait preuve le nouveau Haut-Prêtre honorait les principes du Père des Batailles : sur le cadavre de son maître, le mien lui en avait fait la promesse.

Qu'importe toute la solennité avec laquelle le Haut-Prêtre dédia sa personne à ses très saints devoirs, la période qui s'ensuivit ne fut que paix et prospérité... enfin, à part quand les gobelins et les dragons se sont pointés. Mais quand bien même, aucune menace assez sérieuse pour que le premier guerrier d'Othar se déplace lui-même. Comme toujours, le Haut-Prêtre Harduin était à l'affût de n'importe quelle querelle d'importance, mais il fallait se rendre à l'évidence : il n'en arrivait aucune ! Comme si en quelques années de guerre seulement, la Péninsule toute entière avait décidé que se battre c'était mauvais ! Pfffrt ! Et nous on sert à quoi ? On sert qui ? Ah, quelle belle bande de lâches, ces grands seigneurs. Quand ils ne sont pas capables de s'allier pour frapper les ennemis du genre humain, ils sont d'habitude enclins à se fritter les uns les autres, mais là, chou blanc. Alors je peux te dire que quand il y a eu la prise de Merval, c'est peut-être la seule fois dans ma vie où j'ai vu sourire le grand patron : il reprenait du service, et il s'est déplacé lui-même !

Malheureusement pour lui, il n'était pas présent lorsque le capitaine Lohie de Brandevin défit les Mervalois à la bataille des Eperons. En fait, il était en route, et en apprenant la nouvelle, sa mine s'est peinte d'un profond dégoût. Pas dirigé contre le vainqueur, au contraire, mais contre son propre retard. Il n'est arrivé que pour le siège de la ville, et là encore, il est resté sur sa fin. Pour lui, la victoire n'était jamais vraiment le plus important : c'était la fièvre des batailles, l'incertitude du combat. Quand il s'est détourné de la ville, il m'a dit quelque chose qui m'a fait froid dans le dos. Il m'a dit que la prochaine guerre péninsulaire serait la dernière qu'il connaîtrait. Et même si cet homme a l'air invincible, j'en oublie souvent qu'il approche à grands pas de ses cinquante ans.

Et malgré cela, il pète la forme le vieux ! Quarante-sept balais, et il nous mange tous à la course et à la lice ! C'est désespérant... Il fourbit ses armes, il écrit ses mémoires, il entraîne de prestigieuses recrues... Mais il est pas fait pour ça, le grand patron. Son âme est intimement liée aux champs de bataille, aux campements de siège, aux fortins frontaliers. C'est un homme fait pour l'action ! Ah, je dis pas, il rend bien pendant les cérémonies, sa voix porte fort pendant les prières, et sa piété nous honore tous en nous englobant de son aura de parfait tueur. Mais si le Haut-Prêtre n'avait pas eu la patience de dix hommes, cela ferait belle lurette qu'il aurait renoncé à sa charge pour revenir parmi les pères mineurs afin de s'offrir une dernière bonne bagarre. En fait, il a beau avoir énormément évolué au cours de sa vie, Harduin d'Erbay restera toujours le même adolescent fanatique du poing qu'il était dans sa jeunesse. Il a beau avoir appris la patience et la canalisation, c'est toujours par son courroux que sa main est guidée. Son doigt désigne toujours une cible lorsqu'il indique. Et son âme ne réclame qu'une chose : plus de sang, le sien ou celui d'un autre. Un vrai suivant de notre Père à tous.

Et maintenant, paie-moi ma chope et allons dehors. Allons rendre un dernier hommage à cet homme grâce à qui nous sommes tous deux réunis. Tu le sais bien, demain est un jour spécial : car demain, c'est le jour de notre trépas, et j'ai hâte que mon maître inscrive notre nom sur le mur de la Légion des Morts.

HRP:


Dernière édition par Harduin d'Erbay le Mer 7 Oct 2020 - 6:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Le Champion du Coléreux [Terminée]   Le Champion du Coléreux [Terminée] I_icon_minitimeMar 6 Oct 2020 - 13:57

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