Entre envie et raison | Zofia & Natael

Une main sur son torse, elle profite des doux baisers. Cela, elle s’y est accoutumée sans le moindre souci. Elle se sent aussi plus rassurée maintenant qu’il est là et qu’il lui témoigne à nouveau son affection. Ce qu’il lance ensuite l’a fait sourire et rire un peu ; la plus douée? C’est bien une première pour la prêtresse. Si elle a toujours été d’une nature très douce et invitante, elle n’en ai pas moins parfois dénuée de maladresse lorsqu’elle s’exprime. Elle est d’ailleurs surprise de ne pas avoir commis le moindre faux pas avec Natael. Elle n’aurait sans doute pas goûté ainsi à ses lèvres si cela avait été le cas. Elle rougit un peu et souffle :

-Pourtant, c’est bien le dernier de mes talents.

Et malgré leur maladresse, ces deux-là se sont trouvés et sont maintenant amants.

Sa main vient jouer avec le pendentif du vitaliste, cloué à nouveau dans les yeux de Natael et pendant qu’il s’exprime à son tour sur cette façon particulière dont leur relation a évolué. Zofia ne sent pas qu’il veut jeter ce qu’ils ont nouvellement commencé à construire aux oubliettes, un autre soulagement chez la prêtresse, qui gravera à jamais leur étreinte de ce matin dans son cœur. Peut-être qu’ils auraient dû prêter un peu plus l’oreille aux rumeurs qui circulaient à leur sujet, car il se trouve qu’une part de vérité s’y cachait tout ce temps. Et puis, s’ils ne se sont pas faits explicitement la court, quelque chose dans leur façon d’être l’un envers l’autre a contribué à ce qu’ils deviennent aussi intimes...En effet, ils ne peuvent nier que physiquement, ils sont plus compatibles qu’ils ne le croyaient. Elle pose son front contre le siens et lâche son pendentif pour venir caresser sa nuque.

Soudainement, c’est comme si tout s’éclaire dans sa tête ; pourquoi se mettaient-ils autant de pression? Ils ont certes fait tout cela dans le désordre, mais...y’a-t-il vraiment quelque chose de mal à cela? L’amitié n’a en fait qu’été leur premier pas bien à eux vers ce qu’ils sont devenus aujourd’hui. Et s’ils apprenaient plutôt à se redécouvrir sous un nouvel angle? Elle se détache juste un peu de lui et son regard se pose sur le morceau de tissu qu’elle brodait. Un sourire redresse le coin de ses lèvres et c’est avec cette même lueur pétillante dans les yeux que la veille qu’elle fixe Natael de nouveau. Seulement, ce n’est pas spécifiquement pour qu’ils partagent une autre étreinte tout de suite, mais plus pour appuyer cette piste qu’elle s’apprête à proposer, histoire qu’ils puissent s’apprivoiser en tant qu’amants.

-Et si nous essayons plutôt de rattraper ce désordre dans lequel nous avons fait les choses? Tu m’as bien dit que tu ne sais pas courtiser, mais...je suis curieuse de connaître cette facette de toi. Surprend-moi et je ferai de même, qu’importe si nous seront maladroits ou non, lance-t-elle, joueuse.

Si elle-même a charmé très peu d’hommes dans sa vie, elle veut tenter le coup et redécouvrir cette facette d’elle avec Natael, car s’ils se connaissent très bien en tant que proches amis, ce n’est point le cas en tant qu’amants. Elle veut qu’ils se désirent et qu’ils explorent ce nouveau sentier qu’ils ont ouvert tous les deux, sans trop regarder le futur ni le passé.

Natael a un sourire amusé. Elle ne l'a apparemment pas vu avec ses patients en dehors de ce premier jour... Il ne sait pas faire preuve de délicatesse, ni de compassion. Il témoigne même une grande sévérité dans les moments les plus forts de sa concentration. Il en a conscience mais n'essaie pas de changer. Il ne peut pas... car il n'a pas la capacité de tout gérer à la fois : la blessure, le blessé et ce qui l'entoure. Il empêche la Trame de venir le gêner et soigne la plaie en même temps, c'est déjà beaucoup. Et dans les simples conversations, il doit suivre la discussion et empêcher son corps d'être pris d'étranges réactions...
Seulement il ne dit rien et continue sur sa lancée. Puis il garde le silence. Il a bien assez parlé et attend de savoir ce que Zofia pense de tout cela. Il croit lire quelque chose dans son regard et il plisse les yeux en pivotant légèrement la tête, intrigué. Puis il écoute sa suggestion et un rire franc lui échappe.

-Tu tiens vraiment à ce que je me ridiculise dans ce cas. Je n'ai jamais fait cela, vraiment... En général, c'est d'abord la femme qui s'intéresse  moi -pour des raisons que je ne m'explique pas soit dit en passant- et qui me fait comprendre ce qu'elle attend de moi... Soit j'y réponds, soit je refuse, soit je l'ignore... Et dans ce dernier cas, en fait c'est parce que je n'ai pas compris le message.

Le vitaliste emploie le ton de l'autodérision alors qu'il décrit sa façon d'interagir avec la gente féminine. Il a conscience de ne pas être très adroit. Il est même surprenant qu'il ait connu plusieurs femmes. Cependant, il est bel homme et d'un tempérament d'apparence sombre, ce qui attire souvent le sexe opposé. Ainsi, même s'il ne fait rien pour cela, il a plusieurs conquêtes à son actif. Chose dont il n'a que rarement évoqué avec la prêtresse en dehors de leur premier petit déjeuner.

-C'est cruel de ta part de me demander d'innover dans un jeu auquel je n'ai jamais joué. Ajoute-t-il d'un air faussement accusateur. Alors dis-moi...

Il se rapproche sensiblement de Zofia. La main qui se trouvait sur sa joue s'est posée sur son genou sans qu'il n'y prête vraiment attention. Il n'a encore jamais eu ce geste envers elle mais il n'est pas calculé. Ils ont fait bien pire quelques heures plus tôt donc il n'y a rien de dérangeant dans son esprit. C'est ainsi qu'il a envie de se positionner alors qu'il se trouve seul avec sa nouvelle amante et il ne se soucie pas du reste.

-Comment y joue-t-on ?

Son regard est plongé dans celui de la prêtresse alors qu'il est désormais assez près pour qu'elle ressente la chaleur de son corps  proximité du sien. C'est loin de l'atteindre parfaitement mais il doit sans doute faire meilleur de ce côté que de l'autre. Et lui reste là à détailler ses traits, d'un air paisible mais joueur. L'atmosphère semble s'être considérablement détendue tout d'un coup...

Son sourire s’agrandit dès que Natael la gratifie d’un rire franc après sa proposition. Pourtant, même s’il s’empêtre dans de l’auto dérision, il ne paraît pas fermé à l’idée. Il se rapproche même et Zofia peut sentir son contact sur son genou. Si elle se rappelle bien, elle n’est pourtant pas sa première amante. Il a certainement posé quelques petits gestes à leur égard qu’elles ont appréciés. Et puis, il a une bonne longueur d’avance puisqu’il la connaît depuis quelques temps maintenant. Natael semble aussi ignorer qu’il possède un magnétisme bien plus puissant qu’il ne le croît et qu’il l’a déjà envoûté elle. Il peut lui-même puiser dans ce qu’il sait sur elle pour s’inspirer. L’ambiance est d’ailleurs bien différente de ce qu’elle était il y a de cela quelques heures. Sans doute parce qu’ils sont seuls, loin des regards pouvant être suspicieux. Ils peuvent donc se parler et profiter du toucher de l’autre plus naturellement et sans retenue. La prêtresse sent qu’ils ont aussi retrouvé quelques relents de cette complicité d’avant malgré leur nouveau statut d’amants et cela pose un baume bienvenu sur son cœur, qui n’est plus du tout tiraillé d’angoisse.

Il lui demande ensuite ce qu’il devrait faire pour la charmer. C’est à son tour de rire un peu et d’un air faussement désolé, elle claque la langue. À la blague, elle réplique :

-Si je t’explique les règles dès maintenant, je ne pourrai plus profiter de cet effet de surprise.

Elle plisse les yeux d’espièglerie, pas sans quitter son sourire.

-Je peux au moins te donner une première piste en te proposant quelque chose de tout simple, qui pourra peut-être te donner des idées futures.

Sans s’en rendre compte, elle vient tracer des cercles sur la main qu’il a mise sur son genou, tout en détaillant ses lèvres et sa mâchoire masculine. Natael est un bel homme. Il ne se rend seulement pas compte de l’effet qu’il peut provoquer et si sa froideur habituelle peu en éloigner plusieurs, il n’en fût rien pour Zofia. Mais a-t-il déjà été froid avec elle? D’aussi loin qu’elle se souvienne, ça n’a jamais été le cas, même si leur première rencontre a été bourrés de quiproquos.

-Rappelle-toi ce matin et pense à ce qui t’as attiré le plus chez moi.

Elle approche son visage du siens et, cette fois-ci, vient tracer son cou de son doigt, descendant jusqu’à son épaule et en prenant soin d’écarter sa chemise pour avoir accès à sa peau. Tout cela en lui soufflant à l’oreille :

-Est-ce mes formes? Le contact de ma peau contre la tienne? Peut-être mon odeur? Garde ce moment en tête et trouve une façon de me le témoigner. Elle prend une minime pause pour lui embrasser le cou tendrement. Couplé avec ce que tu sais déjà sur ma personne, de mes goûts et de ce que tu appréciais déjà de moi, je crois que tu as là tout ce qu’il faut pour me faire la cour.

Elle a foi en lui et sait au fond d’elle qu’il peut se montrer plus romantique et attentionné lorsqu’il le veut. La preuve, il a passé par le balcon au lieu de frapper à sa porte, signe qu’il l’a écouté lorsqu’elle a demandé de ne pas ébruiter leur liaison. Il y a quelque chose aussi d’attirant dans cette notion d’interdit. Sa curiosité piquée, elle aimerait savoir très exactement ce qu’il lui trouve dès maintenant, mais patiente et quelque peu excitée par ce mystère, elle le laisse cogiter sur la chose, se contentant de lui entourer la taille de ses bras et de poser sa tête sur son épaule. Elle enfouit son visage dans son cou et ferme les yeux ; cette gamme d’émotions par laquelle elle est passée aujourd’hui l’a fatigué et cela l’a frappé d’un coup.

Natael sent son souffle devenir plus profond et lourd et son cœur battre plus fort alors que Zofia se rapproche, le caresse, l'embrasse... Sans le vouloir, sa seconde main est venue se placer dans le dos de la jeune femme et remonte le long de sa colonne dans une caresse, comme une invitation à continuer. Il aime ce petit jeu qu'elle initie et y répond d'une voix un peu plus rauque que la normale.

-C'est n'est pas de la séduction ce que tu fais là...

Elle a éveillé ses sens et n'a pas l'intention que leur partie s'arrête-là. Il quitte alors le genoux de la prêtresse et porte ses doigts jusqu'à son cou. A son tour, il effleure sa peau, ne se laissant pas limiter par le col de sa chemise et n'hésitant pas à en repousser les bords si nécessaire. Il ne cherche pas à se diriger vers sa poitrine et reste uniquement sur le haut du buste afin de l'aguicher comme elle vient de le faire sur lui.

-Beaucoup d'hommes ont leurs petites manies. Certains apprécient les rondeurs. D'autres ont un fétichisme pour une couleur de cheveux. Je ne m'encombre pas de tout cela, le physique m'importe peu. Ce qui m'a toujours intrigué, en revanche, c'est que tu ne t'es jamais formalisé de ma froideur, comme si tu ne la voyais pas. Pourtant, nos deux premières rencontres n'ont pas été particulièrement chaleureuses...

Lors de l'embuscade, il lui avait fait peur alors qu'il tenait l'épaule de ce brigand dans ses mains. Elle avait vu son regard sombre et ses traits sévères, elle l'avait entendu lui parler de sa voix dure et froide pendant les soins le lendemain. Et pourtant, elle s'était excusée de ce qu'elle avait pensé de lui... Elle ne semblait plus voir tout cela depuis qu'elle avait compris qui il était à l'intérieur. Il avait apprécié sans pour autant comprendre comment c'était possible.

-Quant à ce matin... Sa voix se baisse comme pour faire une confidence. Même si j'ai eu plus d'une surprise... L'un de ses doigts part frôler le tissu de la chemise et tracer le contour d'un sein avant de remonter et de reprendre ses caresses directement sur la peau de Zofia. La meilleure a été l'audace dont tu as fait preuve. Que ce soit pour faire ta proposition... ou pour prendre les choses en main... Je ne m'attendais pas à tout cela de ta part.

Natael n'était pas doué avec les jeux de la noblesse mais il n'en demeurait pas moins noble pour autant. Il n'usait pas de mots crus et choisissait plutôt la voie de la suggestion. Tous ses souvenirs sont encore très clairs dans son esprit. Il se souvient comment elle lui a demandé de la déshabiller. Il se souvient de la façon dont elle l'a arrêté alors qu'il avait l'intention d'aller se placer entre ses cuisses. Il se souvient de son corps au-dessus de lui qui ondule lascivement. Il se souvient de son regard alors qu'elle soupire et gémit de plaisir. Il se souvient de sa voix chantant à son oreille...

-Et toi ? Qu'est-ce qui t'a attiré chez moi et qui t'a le plus plu ce matin ?

Elle sourit dans son cou lorsqu'il répond plus physiquement à ses caresses. Sa voix est plus rauque et il ne se garde pas de faire de même. De la séduction? Tout à fait, mais ce soir, Zofia compte aguicher un peu sans nécessairement pousser aussi loin que ce matin. Parfois, faire languir attise la passion et si une nouvelle chaleur s'installe déjà dans le creux de son bas-ventre dès qu'elle se souvient de ses mouvements de bassin en elle, elle veut goûter à une nouvelle étreinte au compte goûte. En espérant que leur route ne se sépare pas trop longtemps, mais ayant chacun leur propre devoir, une prochaine rencontre peut tout aussi bien se produire dans un mois comme dans une éneade. 

Natael se prête d'ailleurs au jeu tout en répondant à sa question. Il est vrai que leur début n'a pas été des plus doucereux. La première chose qu'elle a connue du vitaliste, c'est un air sombre et cette dureté qui lui a toujours été propre envers des inconnus. Pourtant, cela n'a pas découragé ou outré la prêtresse. Au contraire, sa chaleur à elle a pu faire fondre ce mur de glace que Natael impose à ceux qui tentent un rapprochement, et ce, dès leur tout premier petit-déjeuner. Elle ne regrette pas du tout et peut-être même que de se montrer patiente et compréhensive envers son caractère l'a rendu assez confortable pour qu'elle parvienne à lui soutirer des sourires et des rires. Toujours lovée dans son cou, elle lui répond simplement :

-Tu es peut-être de nature plus froide, mais jamais tu ne m'as blessé. Au contraire, j'ai toujours senti que tu apprécies ma compagnie. Tu ne t'en rends sans doute pas compte, mais tu es plus attentionné que tu le crois. 

Un doux rire s'échappe de sa bouche et elle vient lui caresser la nuque :

-Ces petits gestes délicats dont tu m'as couvé tout ce temps sans attendre quoi que ce soit de moi, c'était plutôt mignon.

Il lui susurre ensuite à l'oreille comment elle l'a surprise, venant en même temps lui donner un indice sur ce qu'il veut dire en lui caressant un sein. Elle frissonne et ne peut s'empêcher de sourire d'aise en traçant cette fois-ci des cercles sous la chemise de Natael, directement sur son pectoral. Il parle aussi de son audace et cela lui tire des rougeurs aux joues. Elle-même a été surprise du naturelle avec lequel elle s'est laissé aller. Il lui renvoie ensuite la question et elle se décolle donc pour se plonger dans ses yeux :

-Certains hommes sont très peu attentifs au plaisir de leur amante, mais pas toi. Tu as su écouter les frissons de mon corps et faire en sorte que j'en profite autant que toi. C'était passionnel, mais doux.

Cette fois-ci, elle baisse le regard. 

-Je ne prétendrai jamais avoir un physique qui fait tourner les têtes, mais ce matin, je me suis senti désiré. 

Mignon ? Natael hausse un sourcil. C'est bien la première fois qu'on l'affuble d'un tel adjectif. Surtout après avoir reconnu qu'il n'est pas la personne la plus avenante qui soit. Pour autant, elle a raison : il n'est pas totalement dénué d'intérêt pour le bien-être des autres. C'est juste qu'il n'y met pas les formes. Quelqu'un a froid, il lui donne une couverture. Quelqu'un est blessé, il le soigne. Quelqu'un a soif, il lui tend une cruche d'eau. Mais il n'adresse pas un sourire et se moque presque qu'on lui dise merci ou non. Il se contente de répondre au besoin et cela s'arrête-là. Zofia a néanmoins remarqué sa gentillesse sous ses aspects un peu bourru et elle l'apprécie tel qu'il est sans en exiger davantage. Cela le touche, malgré la façon dont elle a formulé la chose.

Alors qu'elle évoque la matinée et son corps, il la sent baisser la tête. Puisqu'il ne peut la voir, son regard se perd dans le vide, pensif. Se trouverait-elle laide ? Anselm lui aurait renvoyé une aussi vilaine image d'elle-même ? Car on ne peut s'apprécier qu'à travers le regard des autres. Si tant est qu'on en ait quelque chose à faire, contrairement à lui.

-C'est toi que je désire, pas ton corps. Répond-il après un bref silence.

Il fronce néanmoins les sourcils. Que reproche-t-elle à son physique ? Il le trouve très bien, mis à part ses cicatrices mais, comme il l'a dit, il ne s'attarde pas sur ce genre de détails. Et si on les ignore, la prêtresse est une belle femme.
La main sur le haut du buste de Zofia remonte jusqu'à son menton et lui fait lever la tête afin de permettre à leurs regards de se trouver. Il semble un peu contrarié par la pensée qu'elle vient de partager.

-Tu crois que tu n'es pas attirante ? Je ne sais pas qui t'a mis cette idée dans la tête mais elle est fausse.

Sans attendre, il se lève, rompant leur étreinte, et se met debout devant elle. Il tend une main dans sa direction pour l'inviter à le suivre. Lorsqu'elle le fait, il la conduit jusque devant un miroir qui lui permet de se voir de la tête aux pieds et se place derrière elle. Il vérifie qu'elle est bien positionnée puis passe devant elle. Il pose un genou à terre et commence à lui retirer ses bottes avant de les poser soigneusement sur le côté. Puis il se redresse légèrement pour défaire l'attache de son pantalon et le fait descendre le long des jambes de la prêtresse. Quelques uns de ses doigts sont à la traînent et caressent sa peau mise à nue sans plus de préparation. Il se met finalement debout, mais pas d'un bloc. Il dépose un baiser sur une cuisse... le pli de l’aine... une hanche... et remonte la chemise pour continuer sur son ventre... saluer un sein... et enfin lui retirer le vêtement avant d'embrasser son cou. Il plonge à nouveau son regard dans celui de Zofia, un discret sourire aux lèvres et une étincelle au fond des yeux. Son petit jeu l'aguiche sans doute autant qu'elle mais il a une idée derrière la tête.
Natael repasse derrière la jeune femme et pose ses mains sur ses hanches tandis qu'il l'observe à travers le miroir.

-Tu as déjà vu d'autres corps féminins, non ? Alors oublie tes cicatrices et regarde-toi. Il laisse planer un silence quelques instants. Ta silhouette est affinée par la maîtrise des Arts et du combat. Tes formes sont dessinées avec soin : il n'y en a ni trop, ni pas assez. Tes proportions taille-bassin-épaules sont justes... Crois-moi, tu es plus que désirable... Souffle-t-il finalement.

Il la dévore des yeux, non pas comme un mâle avide mais comme l'amant doux qu'il a su être jusque là. Il la trouve belle et il a pris plaisir à la déshabiller de nouveau. Et s'il se plongerait bien nu sous les draps avec elle, ne serait-ce que pour l'enlacer et sentir encore sa peau contre la sienne, mais il n'en a pas terminé.
Il abandonne temporairement la prêtresse devant son miroir et s'écarte, manifestement à la recherche de quelque chose. Il revient assez vite avec la chemise de nuit qu'elle avait rapidement bourré dans son sac après l'avoir fait tomber. Il la lui enfile et repasse devant elle pour resserrer le laçage qu'il avait lui-même détendu et le nouer. Alors qu'il a l'impression d'imiter le serviteur chargé de l'habiller, il ajuste la tenue sur Zofia. Lorsqu'il a terminé, il passe une nouvelle fois derrière elle, lui permettant de s'observer dans le miroir.

-Voilà comment je t'ai trouvée lorsque tu as ouvert ta porte ce matin. Les robes te mettent plus en valeur. Et celle-ci tout particulièrement... Avoue-t-il.

C'est un constat, et rien de plus. Il n'attend pas d'elle qu'elle change ses habitudes, surtout si le port de robes la dérange. Mais cette chemise de nuit marque bien sa féminité avec ce tissu léger, la finition de ces manches, ce décolleté et ce cintrage sous sa poitrine... Alors certes, il est capable d'avoir tout autant envie d'elle dans la tenue qu'elle portait quelques minutes plus tôt mais il sait aussi apprécier ce qu'il a sous les yeux à présent.
Il approche sa bouche de son oreille et susurre quelques mots.

-Si je suis plus gentil que j'en aies l'air, tu es plus belle que tu le penses. Conclue-t-il avant de déposer de doux baisers sans son cou, ses bras venant lui enserrer doucement la taille.

-C'est toi que je désire, pas ton corps.

Il a beau dire qu’il est un piètre romantique, ce qu’il vient de lui avouer prouve encore le contraire et si elle ne lève pas les yeux, elle sent tout de même son cœur fondre. Après quelques secondes de silence, il prends son menton pour qu’elle le regarde et la prêtresse peu sentir qu’il est quelque peu troublé. Il se lève et lui tend la main. Zofia penche légèrement la tête sur le côté, curieuse de savoir ce qui se trame dans son esprit et se laisse guider jusqu’au miroir. La glace lui renvoie le reflet d’une jeune femme certes l’air un peu fatiguée après une journée émotive, mais dont le rose des joues et les pupilles lumineuses trahissent du bonheur. Elle ne peut s’empêcher de sourire à nouveau.

Natael s’affaire à lui retirer ses bottes, l’arrachant de sa contemplation. Elle le laisse faire, prenant un instant appuie sur son épaule et bien qu’elle se raidit de surprise lorsqu’il détache son pantalon, elle se laisse toujours faire, prise d’un nouveau frisson dès qu’il fait glisser son pantalon jusqu’au sol. Elle lève les pieds pour qu’il puisse pousser son morceau de vêtement plus loin. Il lui embrasse ensuite tendrement la peau, s’aventurant sensuellement sur ses formes et remontant toujours plus haut dans le but de lui retirer sa chemise aussi. Les battements de son cœur s’accélèrent lorsqu’elle croise son regard étincelant. Elle se prête à son jeu, capable de passer outre sa pudeur depuis leur étreinte, signe qu’elle lui fait confiance peu importe ce qu’il a derrière la tête. Il se poste derrière elle et après avoir laissé s’écouler quelques secondes, il lui décrit ce que lui voit. La prêtresse suit des yeux chaque partie qu’il mentionne, essayant de se détailler sous un nouveau jour à travers la lueur des flammes des chandelles. C’est difficile, mais elle se nourrit de ces compliments dont il la couve, ce qui crée une boule de chaleur dans son ventre, encore plus lorsqu’elle remarque à quel point il la regarde avec désir.
Il se retire pour fouiller et en retirer sa robe de nuit, qu’il l’aide à enfiler avec douceur. Ce qu’il dit la fait sourire, surtout parce que ce n’était pas voulu. Elle a cru qu’il venait simplement pour lui demander si elle était prête à partir. C’est en voyant le petit-déjeuner que la hâte la emporté et qu’elle n’a plus pensé à ce qu’elle portait. Il lui embrasse le cou, lui soufflant qu’elle est belle et Zofia passe une main dans les cheveux de son amant tout en fermant les yeux. Elle finit par se retourner pour lui voler un long baiser et les mains derrière son cou, elle les dirige tranquillement vers le lit; elle veut seulement l’enlacer et s’endormir contre lui cette nuit.

-Si ce n’est pas mon armure, les seules robes dont j’ai l’habitude de porter sont celles de l’ordre de Néera. C’est plus pratique que le velours, les fourrures ou les soies. Même pour les occasions, je suis toujours resté dans la simplicité.

Bien qu’elle provienne d’une famille bien nantie et qu’elle aurait pu être de nature bien plus coquette, cela n’a jamais été sa priorité. Tant qu’elle est présentable, personne ne lui en a tenu rigueur.

-Je pourrais tout de même délaisser mes habitudes lors de notre prochaine rencontre, le temps de quelques heures, dit-elle avec un sourire en coin et avide qu’il puisse profiter de sa silhouette dans une jolie robe.

Natael ne lui demande pas de changer son code vestimentaire, d'autant qu'il ne voit aucun intérêt dans ce qui attire pourtant tous les nobles. Il préfère les vêtements confortables et pratiques, tout comme elle. Sa mère lui prévoit elle-même ses tenues pour les activités mondaines sans quoi il s'habillerait de la même manière que pour ses voyages. Donc même si c'était ce qu'il avait derrière la tête, il serait bien mal placé pour lui demander quoi que ce soit. L'effort qu'elle veut fournir le touche mais il n'est pas nécessaire à ses yeux. Même s'il saurait l'apprécier à sa juste valeur...

-Tu peux t'habiller comme tu le veux, cela ne m'empêchera pas d'avoir envie de toi. Glisse-t-il à mi-voix avant de se pencher pour lui voler un baiser teinté d'une pointe de désir.

En tant qu'homme déjà expérimenté, il sait retirer la robe d'une femme. En tant que soigneur de guerre, il sait comment défaire une armure. En tant qu'amant de la prêtresse, il sait déjà ce qui se trouve sous cette chemise de nuit et n'a que peu d'efforts à fournir pour l'imaginer nue, même en tenue de combat. Mais là, tout de suite, elle est très belle, toute de blanc vêtue et les cheveux coiffés avec soin. Ses cicatrices, il ne les voit plus depuis longtemps. Il les a remarquées au début et les a observées en tant que vitaliste mais elle souhaite les garder donc il n'y a plus porté d'intérêt depuis.

-Je te borde ou je reste ?

Il pose la question le plus sincèrement du monde, prêt à accepter les deux réponses. Elle est libre de décider de comment elle veut dormir. Zofia ne tarde pas à lui faire part de son envie et Natael ne se fait pas prier.

-Pars devant, je te rattrape. Dit-il comme s'ils étaient encore sur la route.

Il dépose un baiser sur sa joue puis se détache finalement de la prêtresse. Il emprunte la porte fenêtre donnant sur le balcon et disparaît quelques minutes. Il revient avec deux vêtements pliés dans les mains et referme soigneusement derrière lui. Puis il se déshabille sans prendre la peine de se mettre derrière le paravent, ôtant de lui l'odeur du cheval et de ce voyage. Il troque bottes, pantalon et veste contre une chemise propre et un pantacourt de nuit. Puis il souffle la plupart des bougies, rejoint le lit et se glisse sous les draps à son tour. Il se rapproche de la jeune femme qui l'y attend et l'enlace dans un soupir. Une main vient chercher sa joue et lui fait relever la tête afin de pouvoir accéder à ses lèvres. Il l'embrasse avec tendresse et langueur, longuement. Ses mains parcourt son corps et la caresse. Il ne cherche pas à éveiller son appétit, il profite simplement de cet instant à deux, dans l'intimité. Un moment plein de sensualité, comme le reste de cette soirée. Ils n'auront pas souvent l'occasion de le faire par la suite et il en ressent le besoin... Comme s'il cherchait à rattraper cette proximité qu'ils n'avaient pu avoir de la journée... Et peut-être même prendre de l'avance sur le lendemain.
Après un long moment, ils s'installent à leur aise et s'endorment l'un contre l'autre.

Elle profite de son baiser plein de désir, comptant tout de même essayer de se mettre jolie lors de leur prochaine rencontre. Ils s'étaient promis de se courtiser, non? Même s'il peut très bien imaginer sa poitrine et ses hanches nus, même sous son armure, elle peut toujours le surprendre.
Le vitaliste comprend vite ce qu'elle veut cette nuit et s'éclipse donc pour la laisser seule quelque temps. Zofia en profite pour se glisser sous les couvertures et l'attendre, le cœur léger et visiblement heureuse du dénouement d'aujourd'hui. Lorsqu'il revient et qu'il se change, Natael peut sans nul doute sentir le regard avide de la prêtresse glisser sur ses épaules, son torse et ses fesses. Sculpté par ses nombreux voyages et la magie qu'il maîtrise, la musculature du vitaliste n'est peut-être pas celle d'un chevalier, mais sous les flammes des chandelles, Zofia peut en apercevoir la définition. L'envie de le toucher à nouveau la tenaille et c'est sans rouspéter qu'elle l'accueil avec elle sous les draps et qu'elle ne se garde pas de le caresser. Lui non plus d'ailleurs. Et puis, fatiguée, mais confortable ainsi lovée contre son amant, la respiration de Zofia finit par ralentir et le sommeil l'emporte.

Le soleil se lève et cette fois-ci, la prêtresse se réveille un peu plus tôt que la veille. Elle s'empresse de chercher Natael en tâtant le lit et de le serrer ensuite contre elle dès qu’elle le trouve. Elle lui souffle un bon matin, encore à demi réveillé. Bientôt, elle sent les lèvres de son amant lui parsemer le cou et la peau de baisers tandis que ses mains la caressent. Un sourire se dessine tranquillement sur ses lèvres, alors qu'elle commence à sentir son envie pour lui poindre. Elle glisse une main sous son pantacourt pour lui empoigner une fesse et le garder à proximité. Il n'en faut pas plus pour les deux amants pour qu’ils se retrouvent, quelques minutes plus tard, aussi nus qu'ils l'avaient été le matin précédent, profitant de leur dernier arrêt dans une auberge pour une dernière étreinte.  

La route se poursuit ensuite dans une tout autre ambiance que la veille. Ils se parlent enfin et n'hésitent pas à se voler discrètement des baisers et des caresses lorsqu'ils le peuvent, soutirant parfois des petits rires et des rougeurs à la prêtresse. Elle va se languir définitivement de lui, mais compte bien s'enfouir sous le travail et les tâches pour faire passer le temps. Et puis, elle a commencé un petit quelque chose pour lui la veille qui l’occupera. Ça ne l’empêche pas de faire une petite moue dès qu’elle aperçoit au loin les toits colorés de Chiard, signifiant qu’ils allaient devoir se séparer bientôt.

Ils chevauchent un peu plus loin, juste avant l’embarcation qui la mènera jusqu’à l’île du monastère. Ignorant si Natael compte le suivre, elle descend de sa jument et dès qu’ils ont mis pieds à terre tous les deux, elle s’avance pour le serrer contre elle, enfouissant son visage dans son cou. Elle lui souffle finalement à l’oreille :

-Je t’écrirai si nous devons nous séparer pour un moment.

Natael l'enserre dans ses bras, humant l'odeur de ses cheveux pour s'en imprégner. Il pourrait l'accompagner jusqu'au monastère, cela ne serait pas surprenant qu'il aille se recueillir au retour d'un voyage. Cependant, il n'est pas présentable et pas digne d'entrer dans la maison de la DameDieu pour le moment. Il faut qu'il rentre, qu'il se lave, qu'il se change... Même en évitant les conversations avec ses parents -d'autant qu'il doit leur annoncer qu'il n'y a plus de mariage à l'ordre du jour-, cela l'amènera bien trop tard pour qu'il puisse encore aller prier. Et puis, ici au moins, il peut dire au revoir à Zofia en se moquant des convenances. Il n'y a personne pour les voir. En attendant ses paroles, il la serre un peu plus fort. Et il est pris d'une conviction.

Leur lendemain à tous les deux est beaucoup trop loin. Elle n'est pas noble donc ils ne peuvent se rencontrer librement sans que leur relation soit découverte et ne la mette dans l'embarras. Elle est religieuse donc elle a des obligations... Des obligations qui la maintiennent bien loin de lui, en tous temps. Ils ne pourront se voir qu'en de rares occasions. Se toucher, plus rarement encore. Quant à faire l'amour...
Non, ils pourront espérer que quelque chose puisse vraiment naître de tout ceci s'ils ne provoquent pas les opportunités... S'ils ne provoquent pas l'intimité... L'idée est plantée dans son esprit et il passera son séjour à Chiard pour la cultiver en espérant qu'elle ne tardera pas à germer. Il le faut, sans quoi ils pourraient peiner à ne serait-ce que se croiser durant des mois...

Les lèvres de Natael viennent trouver celles de la jeune femme et il l'embrasse avec tendresse et langueur. Il aimerait pouvoir lui dire au revoir en lui faisait l'amour car ce matin est déjà trop loin mais ils devront se contenter de cela. Et encore... Ils peuvent s'estimer heureux de pouvoir s'étreindre de la sorte. En d'autres occasions, ils auront tout juste droit à un baise main des plus chaste...

-Je viendrais prier demain. Et sans doute quelques fois de plus pendant mon séjour à Chiard. Mais je n'attendrai pas un mois avant de pouvoir t'embrasser à nouveau comme ça, sans avoir peur qu'on nous découvre...

Il avait apprécié leurs brefs contacts durant le trajet et, si le risque d'être découvert pouvait avoir un côté excitant, il n'avait pas envie de jouer perpétuellement à ce jeu dangereux. Il voulait aussi pouvoir profiter d'elle avec elle, vraiment.

-Je vais trouver une solution. En attendant...

Il lui vole un nouveau baiser, pressant son corps contre le sien, comme pour en imprimer les formes sur lui. Si seulement il n'y avait pas cette fichue armure... Mais les adieux doivent s'arrêter là alors que le bruit d'une charrette approchant au loin commence à leur parvenir. Natael rompt leur baiser, soupire et se détache finalement de son amante.

Il a au moins la consolation de pouvoir l'apercevoir demain...

Elle ne peut s’empêcher de répondre avec passion à son baiser, encore plus lorsqu’il lui avoue vouloir faire tout ce qu’il peut pour qu’ils puissent se revoir seuls et profiter de leurs lèvres à nouveau. Il est vrai que leur vie respective les forcent souvent à se séparer pour de longues ennéades. Si elle a toujours pu se marier, son statut de prêtresse et soignante, ainsi que sa vie en monastère l’on toujours trop occupé pour qu’elle cherche activement un partenaire ou des amants. C’est le type de vie qu’elle a choisi et ne le regrette point. Seulement, elle n’a jamais prévu de s’attacher autant à un homme de ce statut, menotté en quelque sorte par les devoirs qui viennent avec son titre. Encore moins qu’ils s’engagent dans une liaison qui pourrait détruire la réputation de la prêtresse. Elle ne veut pas y penser et pourtant, elle sait qu’elle le devra...Pour l’instant, elle se contentera simplement de puiser dans les quelques parcelles de son courage et d’éviter de semer le moindre doute chez Père Lambert ou chez sa famille. Du moins, pour ne pas alimenter les rumeurs qui se disent déjà sur eux.

Leur moment se brise par le bruit d’une charrette se rapprochant dangereusement. Elle quitte donc son étreinte à contre cœur et tout en prenant la bride de sa jument, la prêtresse se permet tout de même un dernier au revoir de ces paroles :

-Si nous ne pouvons profiter à nouveau d’un petit-déjeuner dans les jours suivants, ce voyage avec toi restera à jamais gravé dans mes souvenirs et je tâcherai de m’y réfugier si la distance devient trop difficile.

Ce doux sourire qui lui est propre illumine ensuite son visage, comme pour lui insuffler un peu de courage.

-Au revoir Natael, lance-t-elle, avant de se retourner pour se diriger vers le chemin menant au quai plus bas.