Je vous trouve très beau | Zaz & Andrea

2ème ennéade
Printemps, Barkios 18:XI

Le temps est doux pour une journée de printemps à Thaar. Le ciel est dégagé mais une légère brise marine rafraîchit l’air, faisant onduler les voiles des navires et les tentures dans les demeures. La belle maison des soieries de la prêtresse Neassa-Laella Siryn n’échappe pas à cette ambiance agréable. Si la religieuse a officiellement rejoint sa déesse dans son royaume souterrain, ses biens ont rapidement été dispersé et sans la moindre compassion. Ont été récupérés les objets de valeurs et revendus tout ce qui pouvait l’être. Par souci de ne pas voir la demeure de sa fille aux mains d’un marchand peu scrupuleux et pour préserver l’emploi de ses serviteurs, Andrea l’a rachetée et a offert au trio qu’elle employait de conserver son travail, ceci afin que leur vie ne soit pas chamboulée alors qu’ils enduraient déjà la mort de leur maîtresse bien aimée.
Depuis, l’elfe blanc n’a jamais séjourné dans cette maison, c’est la première fois qu’il s’y rend. Il a bien été obligé d’admettre que Lessie avait un goût très sûr… Cependant, il n’a pas hésité à entamer des travaux qui sont d’ailleurs en cours. Il fait retirer les symboles des différents Dieux pentiens dans la décoration, les faisant remplacer par des motifs plus neutres ou des allusions à Arcam. Elle le foudroierait sur place si elle savait et cela lui étire un léger sourire tendre et amusé lorsqu’il y songe. La multitude de voiles aux tons clairs est peu à peu remplacée par d’autres aux couleurs bien plus chatoyantes. Là où Neassa-Laella avait fait de sa demeure raffinée un lieu de paix, il veut y apporter plus de vie afin de la rendre plus à son image.

Alors que les ouvriers font le chantier au rez-de-chaussée, Andrea est à l’étage. Il s’est parfaitement approprié la chambre de sa fille qui correspond à ce qu’il aime : un espace nuit doublé d’un grand salon. Le petit plus, c'est la ouverture sur un balcon qui surplombe le petit jardin. Dans cette pièce, il a simplement changé les parures de draps, les tapis et les coussins. La table de massage est toujours là ainsi que l’espace de toilette derrière cet immense paravent. Il s’y trouve d’ailleurs, prenant un bon bain bien chaud pour se relaxer après son voyage et celui qui va venir ensuite. Il risque de demeurer sur les routes encore un petit moment et ne devrait s’établir vraiment qu’une fois que l’enfant de Sinieth sera né. Elle a beau ne pas porter son géniteur dans son cœur, il veut être là pour rencontrer son premier né.
Alors qu’il soupire de bien-être au milieu des vapeurs parfumées, on toque à sa porte. D’un mot, il signale à son visiteur qu’il peut entrer. Anora pousse la porte et se dirige dans l’espace nuit. Elle reste de l’autre côté du paravent, laissant son intimité à son maître, et s’incline malgré tout.

-Maît… Manque-t-elle de dire avant de se rappeler que ce n’est pas ainsi qu’il souhaite se faire appeler. Andrea ? L’homme que vous avez demandé est arrivé.
-Merci Anora. Tu peux nous laisser.

La voix qui provient de derrière le large mur de bois est aussi androgyne que le physique de son propriétaire. A l’écoute, il est difficile de dire si cet « Andrea » est un homme ou une femme. Elle n’en demeure pas moins mélodieuse et emprunte de cet apaisement qui l’habite après cette séance de détente. La servante indique par un geste à l’attention du demi-elfe qu’il peut venir prendre sa place tandis qu’elle s’éclipse, laissant des deux protagonistes discuter en privé. Dès que la porte se ferme, Andréa se lève de son bain et sort. Ses pieds nus et trempés cliquettent sur le sol alors qu’il se saisit d’une serviette. Tout ce que son invité peut voir, c’est sa crinière blanche coiffée en chiffon sur le sommet de son crâne pour la préserver de l’eau.

-Zaahrian Las’Danir… Dit-il pour lui-même, semblant réfléchir. Mes dernières informations doivent dater, je vous croyais assassin. Remarque-t-il sur un ton léger et doux.

Cela fait un moment qu’il n’a plus pris de nouvelles de Thaar avec la guerre des drows et puis sa relation amoureuse plus que chargée. Mais s’il doit revenir vivre dans la capitale d’Ithri’Vaan, il doit se remettre à la page.

-Depuis quand escortez-vous les gens ? Demande-t-il par pure curiosité et aussi parce que c’est l’objet de leur entretien.

Un peu plus tôt dans la journée…

« Escorte? Tu sais que si tu veux être payé, celui ou celle que tu escortes doit rester en vie jusqu’à la fin du voyage? »

« Ah Ah, très drôle. Je suis mort de rire Guilin. » Zaahrian avait étendu sur une table une série de lames qu’il examinait d’un œil critique. Elles variaient en forme et en longueur, mais chacune d’elle était dotée d’une lame en apparence très tranchante. « Je voulais faire quelque chose de différent et puis ça ne devrait pas être un boulot très dangereux. Cela dit, s’il a un sens de l’humour aussi recherché que le tien, c’est peut-être moi qui vais mourir d’ennuis. »

Guilin grogna avant de prendre l’un des couteaux pour le faire tourner entre ses doigts. « Zaahrian, tu as le pire sens de l’orientation qui soit. Tu connais Thaar comme le fond de ta poche, mais dès que tu en sors… Je suis encore étonné que tu aies réussi à te rendre en Anaëh et à en revenir. » L’assassin lui prit le couteau des mains. « Justement, j’ai appris quelques trucs en allant là-bas. Et puis il n’y a aucune raison pour qu’on ne suive pas les routes. Le gars ne semble pas manquer d’argent et tu sais comme moi que les riches n’aiment pas abandonner leur petit confort. C’est de l’argent facile. Je me demande pourquoi je n’y ai pas pensé avant... »

« Sans doute pour la raison que j’ai citée. » Il fit un geste pour prendre une autre arme, mais Zaahrian repoussa aussitôt la main d’une claque. « Tu veux bien ne pas toucher. J’essaie de réfléchir. »

Guilin haussa un sourcil et croisa les bras contre son torse. « C’est pour Aia, n’est-ce pas? Une autre de tes tentatives pour être... respectable. »

« Je suis parfaitement respectable… mais oui, j’essaie d’être moins… impulsif. Ne t’inquiète pas, hein. Je n’ai pas du tout l’intention d’abandonner le métier. Je veux juste élargir mes horizons. »

« J’aimerais être du voyage, juste pour voir ça... »

__________

Zaahrian aimait toujours se rendre dans la demeure de chez ses clients. Il était rare que ça arrive, mais le fait qu’il ne soit pas engagé pour tuer quelqu’un y était certainement pour quelque chose. Son client actuel ne cherchait pas à cacher son identité et ne craignait pas de laisser sa porte ouverte à un assassin. Malheureusement, il n’y avait pas grand-chose à voir. L’endroit était en pleine rénovation et grouillait d’ouvriers couverts de poussière et sentant la sueur. Le propriétaire se trouvait à l’étage. C’est donc là que Zaahrian alla le rejoindre.

Il était encore frustré par sa conversation avec Guilin. Comme s’il ne pouvait pas servir d’escorte! Il s’éloignait effectivement de son expertise, mais garder quelqu’un vivant devait être plus facile que de le tuer… Non? Zaahrian ne connaissait rien de son employeur, il avait seulement un nom. Par habitude, il avait tenu pour acquis que celui-ci était faux, alors il n’avait cherché à en apprendre plus. Il fut accueilli directement dans la chambre à coucher. Une autre surprise pour Zaahrian. Peut-être avait-il entendu parler de ses autres talents...

« Vos informations sont correctes. Je suis toujours un assassin et je serai ravi de vous rendre ce service en échange d’un supplément si le besoin se présente... »

La voix… Elle était étrange. Non, intrigante. Pas tout à fait un homme ni vraiment une femme… On lui avait dit que c’était un homme, mais il était peut-être comme Renatus, capable de jouer sur l’ambiguïté de son apparence pour tromper les sens. La curiosité de Zaahrian était définitivement piquée.

« Depuis peu, je l'avoue. Ma situation a récemment évoluée ce qui me pousse à revoir certaines choses dans l'immédiat. J’ai beaucoup voyagé, je sais être discret, je suis la plus fine lame de Thaar, peut-être même de l’Ithri’Vaan et on dit que je suis d’agréable compagnie. Certes, beaucoup de ceux qui ont croisé ma route ne sont malheureusement plus là pour en témoigner, mais quelque chose me dit que vous en savez beaucoup sur moi. Vous devez donc savoir que je fais toujours le travail jusqu'au bout.»

-Oh non, loin de moi l'envie de prendre la vie de qui que ce soit. Je règle mes conflits d'une toute autre manière.

Avec son charme naturel, il ne connaît que très peu de conflits de toute façon et il a toujours su les gérer pacifiquement. Andrea écoute la réponse de l'assassin en se séchant puis il passe une robe de chambre sans prendre la peine de mettre quelque chose en dessous. Il la ferme de manière à être décent mais l'échancrure du col reste largement ouvert, affichant son torse glabre. Puis il défait son chignon, laissant ses longs cheveux retomber librement sur ses épaules.

-Tout cela ne me semble pas très modeste mais il faut bien vous vendre. Remarque-t-il, un brin d'amusement dans la voix.

Enfin, il sort de derrière ce long paravent et apparaît aux yeux de Zaahrian. C'est un elfe plutôt grand et à la silhouette extrêmement fine. Il n'est pas malade, loin de là, sa carrure est tout ce qu'il y a de plus naturelle et digne d'un représentant de sa race. Ses traits sont doux et il s'en dégage une certaine espièglerie. Son apparence est comme sa voix : il est impossible de lui attribuer un genre. A ceci près qu'il dévoile largement son buste dépourvu de poitrine.
Andrea découvre son futur garde du corps d'un œil pétillant. Si l'éternel a le corps d'un homme, son attitude et sa posture s'approche davantage de ceux d'une femme. Il aime jouer de son aspect androgyne et il sait lire dans les yeux de son interlocuteur.

-Agréable compagnie, en effet. Commente-t-il d'un air intéressé et intrigué avant de s'approcher jusqu'à s'arrêter à un pas de l'assassin. Je m'attendais à un être austère, aux traits sombres et tirés. Peut-être même masqué. S'amuse-t-il à ajouter.

Il ne décrit pas sa surprise de trouver ce bel homme à la place mais son regard et son sourire en coin en disent long. L'elfe blanc s'éloigne finalement, retournant dans la partie salon et s'approchant d'un meuble sur lequel sont disposés des verres et dans lequel on distingue des bouteilles soigneusement rangées derrière des portes ajourées.

-Je dois me rendre à Naelis. Les drows ont tendance à traîner dans les parages et ils ne doivent pas me mettre la main dessus. Cela causerait beaucoup de torts à une personne plus importante que moi. Celle-la même à qui je vais rendre visite.

Sachant pertinemment ce qu'il veut, il ne perd pas de temps à chercher. Il prend deux bouteilles, l'une de vin rouge déjà ouverte et l'autre d'un alcool à la couleur ambrée. Il sert un verre de chaque tandis qu'il explique les tenants et les aboutissants de la mission.

-Je ne resterai que quelques jours sur place. Puis je devrais rentrer. Je ne suis pas très doué à cheval, je préfère la marche. Vous avez du temps devant vous ?

Il se retourne et tend un verre de petite taille contenant un doigt d'un alcool assez fort et d'excellente qualité tandis que lui tient son verre de vin entre ses doigts fins et délicats.

-Salon ou balcon ? Propose-t-il pour aller s'installer plus confortablement afin de poursuivre leur conversation.

« Je gagne peut-être ma vie de cette façon, mais j’ai envie de dire que c’est tout à votre honneur si vous préférez des alternatives à une mise à mort. Pour beaucoup, c’est une façon facile et expéditive de se débarrasser d’un problème gênant. »

La modestie n’avait jamais fait partie des qualités premières de Zaahrian. Certes, on le trouvait parfois arrogant, mais pourquoi devrait-il cacher ses talents? Pourquoi devrait-il se diminuer simplement pour ne pas vexer les autres? Très peu de personnes vivant encore aujourd’hui savaient par quoi il était passé pour en arriver jusque là. Et puis, comme l’avait si bien fait remarquer son client, il devait bien se vendre. Les compagnies de mercenaires ne manquaient pas à Thaar. La compétition était féroce. Il pourrait aisément trouver des hommes habitués à ce genre de mission pour moins cher. S’il voulait être engagé, Zaahrian devait se montrer indispensable.

L’homme ou plutôt l’elfe se montra enfin. La voix allait parfaitement avec le physique. Il avait devant lui un mâle comme le démontrait le torse plat qu’il exposait sans pudeur, mais sa gestuelle rappelait de bien des façons une femme. Il était beau, une beauté unique qui intrigue. Zaahrian ne se cacha pas pour le regarder, ses yeux allant de ses pieds à sa tête pour s’attarder sur son visage. Croiser un elfe de sang pur était une occasion rare à Thaar. C’était une agréable surprise, mais la première impression pouvait se révéler trompeuse.

« Ah, les préjugés ont la vie dure. Pourquoi un assassin devrait forcément avoir l’air sinistre? » Il pencha la tête de côté, le regard fixé à celui de l’elfe tout en prenant un air faussement offensé jusqu’à ce qu’un sourire ne vienne étirer ses lèvres. Son hôte finit par s’éloigner tout en expliquant rapidement ce qu’il souhaitait faire. Naelis… Il n’avait pas vraiment choisi le bon moment pour s’y rendre selon ses dernières informations. Le territoire était encore agité rendant les déplacements plus compliqués qu’à l’habitude. Les drows s’y trouvaient encore et comme il était un elfe... Ils n’hésiteront pas à lui mettre la main dessus même s’il n’est qu’un simple voyageur. Pour Zaahrian, ce n’était pas non plus sans risque, mais il n’allait pas laisser ces petits détails l’arrêter. Si cet elfe voulait se rendre à Naélis, alors il ira à Naélis.

« Vous devez avoir une très bonne raison pour vous rendre là-bas sachant que drows seront nombreux dans la région et qu’ils ne vous feront pas de cadeau si jamais vous tombez sur eux. »

Zaahrian regarda les deux bouteilles d’alcool. Le vin n’était pas vraiment dans ses goûts, mais l’autre bouteille cependant… Il haussa un sourcil, puis souris. Il n’allait pas refuser une pareille invitation.

« J’ai tout mon temps. » Lui assura l’assassin sans se départir de son sourire. « Je propose le balcon. C’est une journée magnifique. Il serait dommage de rester enfermé. » Il prit le verre et huma délicatement le bouquet qui s’en dégageait. C’était le genre d’alcool qui demandait à être dégusté pour être pleinement apprécié « Je veux savoir où vous avez trouvé ce truc et il se pourrait que j’ai recours à la torture pour vous tirer les vers du nez si vous refusez de me le dire. » Il lui fit un clin d’œil tout en s’installant aux côtés de l’elfe.

« Donc, un voyage à pied jusqu’à Naélis avec un risque élevé de croiser des bandes de drows en chemin. Bref séjour sur place avant de revenir à Thaar. Ça me va! De toute façon, si les chevaux nous avaient permis d’aller plus rapidement, ce n’est pas facile de cacher deux montures quand on veut être discret. Faudra voyager léger, ça ne sera probablement pas très confortable. C’est quand même un trajet de dix jours environ et ce n’est pas la route la plus sûre, même sans les drows. » Tout en parlant, Zaahrian surveilla sa réaction. Comprenait-il que les auberges ne seraient probablement pas une option et qu’ils devraient dormir à la belle étoile sans forcément avoir un feu pour se réchauffer ? Pour un elfe aimant de se prélasser dans un bain et déguster des alcools d’aussi grandes qualités, ça pourrait être un défi de taille...

Andrea sait déjà. Il sait que son interlocuteur n'est pas attiré par les femmes. Il sait qu'il l'intrigue. Il sait qu'il lui plaît. L'androgyne n'est pas rebuté par l'idée d'allier affaires et plaisir, ce n'est pas comme s'il ne le faisait jamais... Ce serait un petit bonus pour eux deux car il ne lui ferait pas payer ce petit plaisir. Même si c'est son travail, il sait aussi prendre du bon temps rien que pour lui. Et cela fait tellement longtemps qu'il n'a plus eu personne dans son lit... Cela ne lui est jamais arrivé de rester seul aussi longtemps depuis sa première fois. Alors, lorsque Zaahrian lui dit qu'il a tout son temps avec un sourire, il plisse les yeux, le sondant pour savoir s'il parle des jours prochains ou de maintenant.
Il se dirige néanmoins sur l'un des canapés du balcon et y prend place. Les assises sont profondes. Ils s'assoit, les jambes repliées sous lui. Le flanc contre le dossier, il pose son coude sur le sommet du dossier et reposa sa tête contre sa main. Il observe d'un regard appréciateur le demi-elfe venir se placer près de lui. Il semble aimer ce qu'il lui a servi et cela ne se le surprend pas. Son petit jeu l'amuse et il n'a pas besoin de ce clin d’œil pour comprendre l'allusion.

-Il est certaines tortures que je sais apprécier...

Son regard planté dans celui de l'assassin, il n'y a pas d’ambiguïté dans ce qu'il vient de dire. Puisqu'il n'a aucune cicatrice et que son attitude est tout en finesse, il est clair qu'il ne parle pas de violence. Il parle de la douce torture du désir... Celle que l'on exploite, à laquelle on essaie de résister jusqu'à ce que l'on atteigne ses limites et qu'on se laisse emporter avec plaisir dans sa tourmente.

Arcam, que cela avait pu lui manquer de draguer et de parler de sexe...

La conversation revient évidemment sur un sujet plus sérieux et Andrea écoute avec attention. Il sait que ce voyage n'est pas de tout repos mais il faut qu'il le fasse. Son espoir de pouvoir aider Glinaina est peut-être vain mais il faut qu'il essaie. Alors il prend un garde du corps, ils voyageront hors des sentiers battus et se priveront du confort d'un lit s'il le faut, mais il se rendra jusqu'à Naelis.

-Nous pourrons sans doute voyager librement dans les limites de l'Ithri'Vaan mais j'ai conscience qu'au-delà des cités les plus lointaines, il faudra faire quelques concessions pour notre sécurité. Dormir à la belle étoile peut avoir son charme en cette saison et je sais parfaitement me contenter d'un cour d'eau pour me laver. Il reprend son air mystérieux et espiègle en plongeant son regard dans celui de son interlocuteur. Détournerez-vous les yeux ?

Il espère bien que la réponse sera non. Mais tiendront-ils jusqu'à la frontière pour se laisser consumer par cette attirance flagrante qui se manifeste entre eux depuis que leurs regards se sont croisés ? Il en doute très fortement. Il suffit qu'ils prenne une chambre pour deux la première nuit et il jurerait que leurs barrières tomberaient aussi vite que leurs vêtements.
Andrea prend une gorgée de vin puis reprend, voulant régler l'épineuse question de leur transaction tout de suite.

-Votre tâche ne sera pas aisée, votre tarif sera le mien. Je prends également à mes frais vos charges dues au voyage, ce sera tout bénéfice pour vous. Donnez-moi votre prix à la journée, si le trajet se rallonge pour une raison ou pour une autre, je paierai. Nous partons sur dix jours de trajet et deux jours sur place ce qui nous fait un voyage de vingt-deux jours au total. Vous en recevrez la moitié aujourd'hui et l'autre moitié -plus la rallonge s'il y a lieu- à notre retour. Si pour une raison ou pour une autre le voyage devait s'écourter, vous recevrez malgré tout votre prime pour les vingt-deux jours. Vous êtes payés pour m'escorter jusqu'à Naelis et me raccompagner, en essayant si possible de préserver ma vie et ma liberté. Tout le reste... n'est pas facturable. Sommes-nous d'accord ?

Cette offre est parfaitement honnête et rend la mission des plus rentables pour Zaahrian, à la hauteur du risque encouru. Andrea a seulement voulu clarifier un point entre eux. Sa compagnie lui est fort plaisante et il ne souhaite pas que cela soit gâché par une quelconque tarification comme cela peut parfois arriver. S'ils doivent se succomber l'un l'autre, il veut que ce soit par désir, non par appât du gain.

Oh! Zaahrian était ravi. Plus que ravis, même. Apparemment, Andrea et lui parlaient la même langue. L’assassin aimait flirter, mais ce n’était pas tout le monde qui était disposé à jouer le jeu et ça pouvait rapidement devenir embarrassant dans ce cas. Le voyage aurait été long si Andrea s’était révélé être un mauvais joueur! Or, leur conversation commençait à peine, mais le ton était déjà donné. Ça ne rendait pas le périple moins dangereux, mais il y avait au moins matière à détendre l’atmosphère.

« Et comment vais-je pouvoir vous protéger si je dois détourner les yeux? » Dit-il toujours avec ce sourire sur les lèvres et le regard pétillant comme s’il pouvait très clairement imaginer à quoi ressemblerait la scène. Se baigner dans une rivière n’était pas toujours très agréable. Il suffit que l’eau soit froide ou qu’il y ait une abondance de moustiques pour que l’ambiance perde tout de suite sa magie. Pourtant, il pouvait difficilement chasser de sa tête l’image de l’elfe plongé jusqu’à la taille dans une rivière, l’eau ruisselant sur son corps svelte et souple. La lumière des deux lunes baignait la scène et donnait à la chevelure argentée d’Andrea un éclat presque surnaturel. Ça commençait à devenir dangereux. Zaahrian plongea le nez dans son verre et croisa les jambes dans un geste qu’il espérait parfaitement naturel.

Heureusement, son attention fut rapidement détournée par les détails plus techniques de leur arrangement. La proposition d’Andrea était raisonnable. Quoi qu’il arrive, il serait au moins payé pour 22 jours de service ce qui n’était pas rien. Il était rarement parti aussi longtemps pour une mission et ça pourrait être plus si le trajet s’éternisait. Le problème pour Zaahrian, c’est qu’il avait du mal à mettre un prix à la journée. Pour les missions d’assassinats, il avait un tarif de base avec des bonus qui variaient selon la complexité de la tâche à accomplir. Tuer un prince marchand ou un membre de son proche entourage n’était pas la même chose que de s’en prendre à un civil qui ne jouissait pas d’autant de protection.

« Votre proposition est acceptable. Si vous ne l’aviez pas vous-même proposé, je vous aurais demandé de prendre en charge mes dépenses pour le voyage. Je le demande toujours quand je suis sur un contrat qui m’oblige à me déplacer en dehors de Thaar. »

Zaahrian lui expliqua ensuite les détails de son salaire qui était tout de même assez élevé, mais l’assassin était renommé et avec sa présence, venait aussi une garantie. Il allait tout faire pour assurer la sécurité de son client, incluant le ramener de force si le chemin devenait trop périlleux. Il était toujours prêt à prendre des risques pour lui-même, mais Zaahrian était nettement moins disposé à mettre les autres en danger. « Même s’il s’avérait décevant de ne pas pouvoir se rendre à Naélis, dites-vous que la décision serait prise afin de vous garder en vie et que vous pourrez toujours retenter le trajet plus tard. Chose qui ne sera pas possible si vous êtes mort, nous sommes d’accord? » De plus, il allait tout faire afin de respecter les délais du voyage afin de ne pas obliger Andrea à payer plus pour ses services. On ne pourra pas reprocher à Zaahrian d’être malhonnête. « J’aimerais vous entendre sur ce que vous qualifiez comme étant le reste. Je ne fais jamais payer les gens pour passer du temps en ma compagnie que ce soit pour prendre un verre ou… autre chose. » Il mit suffisamment l’emphase sur les derniers mots pour qu’il y ait aucun doute sur quoi il faisait référence. « Si ma lame est à vendre, le reste… Nous sommes deux adultes. Si quelque chose devait arriver, je suis certain que ce sera de manière tout à fait consentante et dans le but avoué de vouloir passer du bon temps, rien de plus. Après tout, la vie est courte… Enfin, c’est relatif, disons qu’elle est imprévisible et qu’il faut savoir saisir les occasions lorsqu’elles se présentent... » À ces mots, il tendit la main vers Andrea et du bout des doigts caressa son bras.

Satisfait de la réponse de Zaahrian à son allusion, les iris d'Andrea s'illuminent de plus belle tandis qu'il prend un nouvelle gorgée de vin. Il voit dans les yeux de l'assassin qu'il s'imagine la scène et le fait qu'il croise les jambes à ce moment-là n'est pas anodin. Le sourire de l'elfe blanc se plisse d'amusement alors que tous deux prennent visiblement plaisir à ce petit jeu des sous-entendus coquins. Mais il n'est pas encore le moment de céder alors qu'il leur reste à finaliser leur arrangement. Ils parlent chiffres quelques minutes, un passage ennuyeux mais néanmoins nécessaire. L'éternel ne semble pas surpris du prix annoncé et ne cherche pas à le discuter. La mission n'aura rien d'une partie de plaisir, en dehors de quelques temps morts bien mérités. Le risque est élevé et, de ce qu'il a pu entendre, le demi-elfe les vaut largement.
Une fois d'accords sur tous les termes du contrat, Zaahrian revient sur la mention du "reste" qu'il a évoqué plus tôt. S'il allait répondre à sa question de la même manière qu'ils jouent depuis le début, la façon dont il parle du temps passé en sa compagnie et le ton qu'il emploie pour évoquer cette "autre chose" l'en dissuadent. Ils sont tout à fait raccord sur le sujet. Son regard est vrillé dans celui de l'assassin et brille alors qu'il distingue la main qui s'approche de lui sans pour autant la regarder. La caresse sur son bras peut sembler anodine mais l'électrise. Souvent, lorsque les deux protagonistes savent qu'ils sont attirés l'un par l'autre, ils s'embrasent d'un seul coup et ne retiennent plus leur passion. Zaahrian n'est pas ainsi. Alors même que les choses sont tout à fait claires entre eux, son approche est ténue et douce. Et il adore ça...

Andrea boit une nouvelle gorgée de son verre, la dernière. Puis il se penche pour le poser sur la table basse près d'eux, prenant soin de laisser son bras en place afin de ne pas interrompre les caresses du demi-elfe. Lorsqu'il se rassoit, il reprend la parole.

-Il est agréable de voir qu'à mon âge, j'attire toujours autant l’œil... Sa main désormais libre vient trouver le genou de l'assassin. A son image, il caresse son pantalon dans un effleurement, ne cherchant pas à s'avancer de manière indécente mais simplement à avoir un contact un peu plus intime avec lui. ... et que j'éveille toujours autant... "d'intérêt".

Le fait qu'il ait choisi son genou et non son bras, son torse ou son visage n'est pas anodin. Il sait pourquoi il a croisé les jambes et l'intérêt dont il parle n'est en rien platonique. D'ailleurs, il commence à ressentir le même mais il ne cherche pas à s'en cacher alors qu'il ne porte qu'une robe de chambre légère maintenue fermée par une ceinture avec un nœud simple. Il est heureux de ne pas avoir pris le temps de se vêtir davantage, cela aurait été une perte de temps en fin de compte... Il sait très exactement ce qu'il va se passer ici et son corps tout entier s'y prépare déjà. Il se moque bien de ne pas connaître cet homme depuis plus de quinze minutes. Quand le ventre parle, il ne cherche pas à le faire taire. Et Zaahrian semble être du même avis. Il y a quelque chose d'excitant dans le fait de faire l'amour avec un inconnu, ils le savent bien.

Ses doigts vont et viennent sur le genou de l'assassin dans une caresse de plus en plus lascive mais volontairement pudique. Il est certes en manque de contacts charnels mais il sait savourer ce moment de recherche et de découverte. Il est bien placé pour savoir que chaque partenaire est différent et a ses préférences. Aime-t-il les caresses ? Les baisers ? Préfère-t-il des préliminaires détaillés ou rapides ? Veut-il de ses mains, de ses lèvres, de son ventre ou de son sexe pour leurs ébats ? Toutes ces questions sont déjà présentes dans son esprit et il se réjouit d'avance d'obtenir les réponses au fur et à mesure de leurs inspirations. Dans tous les cas, ses désirs seront les siens.

-Si j'avais su... Commence-t-il d'un ton suave. Je n'aurais pas tant tergiverser pour choisir mon garde du corps. Et j'ai hâte de voir comment tu comptes procéder.

Tout dans ces mots est calculé. Sous couvert de parler de la mission qu'il compte lui confier, il évoque ce qu'il va se passer ici et maintenant. Il lui offre de lui confier son corps, curieux de voir ce qu'il en fera dès que ses deux mains seront libres. Et, par le tutoiement, il lui fait savoir qu'il sera prêt pour leur rapprochement dès que lui aussi.

Zaahrian avait fait bien des bêtises dans sa vie et plus d’une fois il avait été impertinent, mais il n’avait jamais osé demander son âge à un elfe. Il trouvait ça plutôt impoli. C’était comme pour une femme. La plupart n’aimaient pas divulguer ce détail comme si elles étaient incapables d’accepter le fait qu’elles vieillissaient. Il n’avait donc aucune idée de l’âge d’Andrea, mais sa remarque laissait croire qu’il devait être assez vieux même du point de vue de ses semblables. Rien ne se voyait sur son visage. Comme pour les autres elfes, il était béni d’une beauté suspendue dans le temps, ni jeune ni vieux. L’assassin pourrait le regarder pendant des heures, fasciné par son physique. Il avait été ébloui lors de son passage en Anaëh, mais il avait rapidement compris qu’il n’intéressait guère les elfes. Avec ses 100 ans à peine passés, à leurs yeux, il était encore un enfant. C’est vrai que pour le même âge, un elfe n’est pas encore mature, mais il avait été vexé par le ton paternaliste employé par certains. Il n’était pas aussi ancien, mais Zaahrian avait parfois le sentiment d’avoir vécu deux vies entières. Certains jours, il se sentait tellement vieux et usé.

« Vous êtes magnifique... » Souffla Zaahrian avec sa franchise et sa candeur habituelle, ses doigts effleurant toujours son bras et sa peau si douce. Il aurait pu être plus direct, faire preuve de moins de retenue et aller directement au but, mais cette fois, il voulait y aller en douceur. Ça faisait partie du jeu. C’était comme une danse et dans une danse, l’un mène et l’autre suit. Ici, le meneur n’était pas encore clairement défini et même si les intentions étaient clairement définies, ils continuaient à s’étudier l’un et l’autre au son d’une musique qui n’existait pas.

L’assassin ne laissa le regard d’Andrea seulement lorsque celui-ci posa la main sur son genou. Il pouvait à peine sentir la chaleur qui s’en dégageait à travers son pantalon, mais le contact l’enflamma. Elle était gracieuse et infiniment plus délicate que ses propres mains qui étaient puissantes et rugueuses. Il l’observa un moment, alors que son imagination voyait cette main caresser d’autres parties de son anatomie. Quel effet aurait-elle contre sa joue, ses épaules, son torse, l’intérieur de ses cuisses…

« Dans ce cas, c’est tant mieux pour moi, n’est-ce pas? On m’a toujours dit que les choses n’arrivaient jamais sans raison... »

La voix d’Andrea était comme une caresse et la main sur son genou se fit plus entreprenante. La chaleur dans le ventre de Zaahrian s’intensifia et ce n’était plus uniquement à cause de l’alcool. Il termina son verre et d’un geste lent, le posa aux côtés de celui de l’elfe. Sa main laissa ensuite le bras pour aller retrouver celle sur son genou. Il la saisit délicatement et la porta jusqu’à sa bouche. De ses lèvres, il caressa la peau infiniment fragile de son poignet là ou ses veines formaient de nettes lignes bleutées. Le parfum de son savon s’attardait encore sur son épiderme et embrouillait ses sens aussi sûrement qu’un alcool fort. Il déposa ainsi quelques baisers, le bout de sa langue laissant derrière une petite trace humide chaque fois qu’il le touchait. Il interrompit sa tâche juste assez longtemps pour le regarder à la recherche d’une confirmation quelconque.

Au compliment que lui fait Zaahrian, Andrea lui répond par un sourire. Magnifique, envoûtant, intriguant... On lui a attribué bien des qualificatifs, le plus souvent en guise de compliment, et il n'est pas assez modeste pour en rougir. Il est parfaitement conscient de l'image qu'il donne de lui et des émotions qu'il provoque chez les autres de par son apparence et son attitude. Pour un homme tel que le demi-elfe, sa réaction ne l'étonne pas car c'est tout à fait ce à quoi il s'attend depuis que leurs regards se sont croisés. Et il sait ce qu'il pense depuis cet instant-là.

-Je n'ai pas à me plaindre de ce que mes yeux voient... Lui répond-il sur le même ton, lui faisant de nouveau savoir qu'il le trouve à son goût.

L'elfe blanc continue ses caresses sur la cuisse de l'assassin, remontant centimètre par centimètre. Il n'a pas l'intention de s'approcher de son entrejambe tout de suite mais seulement d'attiser les étincelles de son désir. Cependant, il n'est pas encore arrivé à mi-cuisse que Zaahrian prend sa main dans la sienne et... porte son poignet à ses lèvres. Andrea soupire, fermant les yeux un bref instant avant d'observer le demi-elfe à l'oeuvre. Il regarde sa bouche qui embrasse maintenant sa peau... la goûte... laissant derrière la chaleur de ce contact la fraîcheur due au passage de sa langue sur sa chaire.
Lorsque le sang mêlé vient trouver son regard, il est sans équivoque. Il sait que son nouvel amant aurait pu tout simplement lui sauter dessus, et il n'aurait pas résisté. Néanmoins, il adore son approche... Sa douceur... Sa délicatesse... C'est surprenant de trouver cela chez un homme comme lui. Ses mains seraient donc capables du pire comme du meilleur ?

La respiration d'Andrea est profonde et il regarde désormais Zaahrian avec envie et patience. Ce dernier est entreprenant et l'androgyne aime ce qu'il lui fait. Après ces caresses et ses baisers, il lui tarde de voir ce qui les attend ensuite. Il a bien envie de le laisser mener la danse et de se contenter de suivre pour une fois. Leur voyage sera long, il aura plus d'une occasion de lui rendre la pareille et le demi-elfe ne peut même pas imaginer ce dont il peut être capable pour le plaisir de ses partenaires.
Sans un mot, avec ses yeux clairs et un léger sourire confiant et malicieux au coin des lèvres pour seuls moyens de communication, il invite l'assassin à continuer. Pour les heures qui viennent, son corps est à lui et, du peu qu'il en a vu, il n'a pas le moindre doute sur le fait qu'il en fera bon usage... Pour son plus grand plaisir.

Zaahrian s'exécute et ses lèvres retrouvent sa peau blanche, remontant lentement son bras, chassant sa manche sur son passage. Ce contact suffit à lui provoquer quelques soupirs supplémentaires dans une attitude toute féminine. Il s'imagine déjà la bouche du demi-elfe à d'autres endroits de son corps et s'enivre de la douceur de ses baisers. C'est particulièrement agréable et cela lui fait un effet certain.

L’invitation à continuer donnée, Zaahrian sourit, ses lèvres toujours contre la peau d’Andrea. La montée était lente, mais l’assassin le voulait ainsi. Pourquoi se presser? Il aurait pu le prendre dans un échange aussi passionné que brutal, un moment d’égarement qui les aurait laissé le souffle court, couvert de sueur, mais satisfait. Ce n’était pas sans charme et peut-être que l’occasion se représenterait, mais là, c’est toute autre chose qu’il avait en tête.

« Tu es comme un alcool fin. » Déclara-t-il enfin, entre deux baisers. « Un alcool qui se développe et se complexifie avec le temps, le genre qu’il faut prendre le temps de déguster pour l’apprécier à sa juste valeur. Certes, il est toujours possible de le consommer d’un coup juste pour l’effet enivrant, mais ça serait un pur gâchis... »

Il pouvait tellement être un beau parleur parfois. Il aimait charmer ses partenaires, leur faire plaisir pas seulement avec ses mains, mais avec des mots aussi. Et puis, c’était tout à fait à propos. Andrea se disait surpris de plaire encore à son âge. Zaahrian lui démontrait que certaines choses devenaient meilleures avec le temps.

Éventuellement, la manche du peignoir l’empêcha de continuer. Le retirer se fit sans effet. Il n’eut qu’à tirer d’un geste vif sur la ceinture pour défaire le nœud. Il ne restait plus qu’à écarter les pans pour dévoiler l’objet de son désir : un corps magnifique, une invitation à la débauche. Ça ne sera pas aussi facile avec Zaahrian. Pour la rencontre, il avait opté pour une armure légère qui n’était en fait qu’un gilet de cuir n’offrant gère de protection, mais qui donnait un certain style. Il avait pris du temps à choisir sa tenu tout comme il avait longuement hésité sur les armes à apporter. Il n’avait pas pensé qu’il finirait dans le lit de son client, car il aurait opté pour quelque chose de plus pratique. Espérons qu’Andrea sache se débrouiller avec les sangles!

Dans l’immédiat, ses pensées n’allaient pas vers sa tenue. Toute son attention était tournée vers l’elfe maintenant entièrement dénudé. Son regard se fit prédateur. Même son sourire était celui d’une bête prête à dévorer sa proie. Tout comme Andrea, il ressentait le manque de contact physique, une frustration qui expliquait peut-être pourquoi il avait suffi de quelques sous-entendus seulement pour le réveiller. Depuis que Léonie et lui s’étaient disputés pour la millième fois depuis le début de leur relation, il n’avait rien fait sur le plan physique. Il avait l’impression que la dernière chicane fut la fois de trop… Bon sang, ce n’était pas le moment de penser à un autre homme! Il enfouit son visage au creux de l’épaule d’Andrea. Sa peau était toujours aussi douce, aussi délicieusement parfumée. Cette fois, sa bouche était plus exigeante. Il remonta le long de son cou jusqu’à atteindre sa mâchoire dont il traça le contour de baisers. Il était tout près de sa bouche lorsqu’il se redressa légèrement pour le regarder dans les yeux. Une question silencieuse… Certains de ses partenaires d’un soir avaient refusé de l’embrasser. C’était un geste trop intime, ce que Zaahrian respectait même si pour lui ça n’avait aucune importance, mais Andrea ouvrit la bouche, une invitation que l’assassin s’empressa d’accepter. Leurs bouches s’entrechoquèrent, un balai étourdissant de lèvres, de dents et de langues. S’appuyant sur un bras pour de pas écraser l’elfe, sa main libre vint s’enfouir dans sa chevelure. Là, il commençait à se sentir à l’étroit dans ses vêtements...

Andrea couve son nouvel amant d'un regard plein de désir et... de douceur. L'androgyne est un homme de passions mais il n'est pas sulfureux. Il connaît l'art de la dégustation, le plaisir de la séduction, l'ivresse de la découverte. Zaahrian l'enflamme par ses baisers, sa langue, sa respiration qui frôlent sa peau. Il ferme parfois les yeux pour en profiter pleinement. Il peut paraître passif mais il met simplement l'assassin à l'honneur, laissant ses attentions le réveiller comme s'il sortait d'un long sommeil, prenant le temps de redécouvrir ces sensations qui lui avaient tellement manquées.
Le demi-elfe le compare à une couvée d'excellent alcool et il étire un sourire attendri et malicieux. C'est une comparaison qui lui plaît assez. Et, après six siècles d'existence dont plus de quatre passés dans l'univers du sexe, il est devenu un expert en la matière. Ce qu'il compte bien démontrer à un moment ou à un autre.

Soudain, la ceinture de sa robe de chambre se détend et les pans du vêtement -déjà largement ouvert- s’affaissent un peu plus. Dans un soupir, il laisse le demi-elfe le mettre à nu sans la moindre honte ni appréhension. Il est beau... pour un elfe. Son corps est très fin et ses muscles peu marqués. Certains le trouvent trop maigre mais il ne peut forcer sa nature. Et il assume parfaitement ce qu'il est. Andrea voit tout dans les yeux de Zaahrian... Son approbation, son désir soudain et même... un petit quelque chose qu'il repousse soudain à venant se plonger dans son cou. L'elfe blanc l'accueille avec un petit gémissement de plaisir et de surprise mêlés, glissant une main jusqu'à sa nuque pour lui faire comprendre qu'il aime et qu'il veut qu'il continue. Mais il remonte... puis lui pose une nouvelle question silencieuse. Andrea le trouve attentionné et cela le touche. Le jeune homme ignore encore qu'il n'y a pas grand chose pour l'effaroucher...
Leurs lèvres se trouvent, se goûtent, avec passion. Mais le corps nu de l'androgyne se retrouve confronté au cuir et c'est une sensation fort peu agréable. Alors, il pose une main à plat sur le torse de l'assassin et le repousse avec douceur. Sa bouche suit la sienne à mesure qu'elle s'éloigne. Il le fait se reculer et même légèrement pivoter jusqu'à ce que son dos trouve le dossier du canapé. L'accompagnant toujours, Andrea le chevauche dans un mouvement tout en finesse. Tout en l'embrassant, ses mains descendent trouver les sangles de sa cuirasse. Ce n'est pas la première fois qu'il partage sa couche avec un militaire, il sait parfaitement comment faire pour s'en débarrasser prestement.

Les attaches cèdent une à une, tant et si bien que l'armure de cuir est écartée quelques instants plus tard, rejoignant la robe de chambre abandonnée avant de tomber maladroitement au sol... Le son de la lourde protection sur le marbre fait sourire Andrea dont les lèvres ne quittent plus celles de son amant. Ses mains désormais libres ont pris son visage en coupe. Une chemise les sépare encore mais il aime sentir la chaleur de son torse au travers, c'est nettement plus agréable. Cependant, il ne laissera pas le temps à ce vêtement l'occasion de lui résister beaucoup plus longtemps et il rejoindra bien vite les autres.

Torse contre torse, l'elfe blanc enlace Zaahrian, découvrant le chaleureux contact de sa peau contre la sienne. Et il se libère d'un nouveau soupir. Il est brûlant... Peut-être même plus que lui. D'un geste souple et élégant, il se détache de son amant et se relève. Il a saisit sa main au passage et, dès qu'il est debout, il invite le demi-elfe à le suivre.

-Nous serons mieux dans un lit, tu ne penses pas ? Enfin... Il insère un doigt entre le ventre de l'assassin et le haut de son pantalon, l'attirant doucement à lui jusqu'à ce que leurs bustes se retrouvent. Dans un instant...

Il est hors de question qu'ils se couchent tant qu'ils ne seront pas à égalité et qu'il ne pourra pas sentir l'intégralité de son corps nu contre le sien.

Zaahrian commençait réellement à regretter son choix vestimentaire. Le vêtement n’était déjà pas particulièrement confortable à la base et là, il s’y sentait de plus en plus à l’étroit. Il voulait sentir les mains de l’elfe sur son corps. Il voulait le contact de sa peau nue contre la sienne. Il voulait que ces lèvres délicieuses viennent explorer chaque recoin de son épiderme. Pour ça, la cuirasse devait disparaître. Zaahrian commençait déjà à se débattre avec l’une des sangles lorsque Andrea décida de s’y mettre. Sans doute gêné par le contact brutal de la protection contre sa peau, il repoussa Zaahrian, le forçant ainsi à se redresser. Sans jamais rompre le baiser, l’elfe s’attaqua aux courroies qui retenaient la protection de cuire avec l’adresse de celui qui a fait ça à plusieurs reprises. Enfin libéré, l’assassin passa ses bras autour du corps nu de son partenaire pour l’attirer à lui, mais Andrea n’avait pas encore fini et sa chemise retrouva bien vite au sol.

Il pouvait enfin l’avoir contre lui sans craindre de le gêner. Il resserra son étreinte, ses mains s’égarant de ses épaules jusqu’à son dos pour ensuite glisser sur la chute de ses reins jusqu’à atteindre son fessier qu’il agrippa sans gêne. Il y avait une différence notable entre le corps d’Andrea et celui de Zaahrian. Celui de l’elfe était tout en souplesse et en longueur. Il était élancé, presque délicat, mais seulement en apparence. Zaahrian sentait sa force. Il ne doutait pas de sa capacité à se défendre si la situation l’exigeait. Quant à l’assassin, sans être une brute, il avait le corps plus développé avec une musculature dessiné par des années d’entraînement et d’effort physique. Sa peau était marquée par un réseau de cicatrices, certaines devenues presque invisibles par le passage du temps. Zaahrian avait une histoire à raconter pour pratiquement chacune d’elle, mais il y en avait une qui se démarquait du reste. Ce n’était pas la plus visible, mais par son emplacement et sa forme, on devinait aisément que le coup était passé près de lui être fatal. Peut-être qu’Andrea entendra cette histoire pendant leur voyage.

Andrea était complètement nue, mais Zaahrian portait encore bottes et pantalon. L’elfe laissa le canapé et l’invita à le suivre à l’intérieur. Debout près de lui, l’assassin voulait ses lèvres pour un autre baiser, mais une remarque l’arrêta et le fit sourire. Il recula seulement d’un pas et commença à retirer le reste de ses vêtements. Il procéda méthodiquement même si tous ses instincts voulaient le contraire. Il commença par enlever ses bottes. Ensuite, il défit sa ceinture qui tomba au sol avec la dague qu’il portait. Il ne restait plus que le pantalon qu’il fit lentement glisser sur ses hanches jusqu’à dévoiler l’évidence de son désir. Nullement gêné par sa nudité, Zaahrian revint vers Andrea, le regard fixé au sien avant de l’embrasser. Doucement, il le repoussa vers le lit jusqu’à le faire basculer. Il ne le laissa pas seul bien longtemps et vint se positionner au-dessus de lui.

« Hummm… » Il déposa un baiser sur ses lèvres. « Je peux goûter le vin sur tes lèvres. » Il l’embrassa encore, cette fois sur sa gorge. « Ta peau est si douce. » Zaahrian continua sa descente vers ses clavicules. « Je veux te faire gémir si fort que les ouvriers en bas vont t’entendre. » Il était maintenant sur sa poitrine. Sa bouche se referma sur l’un des mamelons qu’il malmena d’abord avec ses lèvres puis ses dents. Sa main libre qui était restée jusque là sur sa taille descendit sur sa hanche avant d’atteindre sa cuisse. Il en caressa d’abord l’extérieur avant de remonter vers l’intérieur jusqu’à ce que ses doigts viennent effleurer sa virilité.

Andrea regarde Zaahrian achever de se déshabiller seul. Ce n'était pas ce qu'il avait prévu, mais cela lui convient très bien en fin de compte. Le retrait de ses chaussures est sans grand intérêt étant donné qu'il ne peut même pas voir ses fesses de là où il est. Tout au plus peut-il admirer les muscles de son dos et de ses bras qui roulent à chacun de ses mouvements, ce qui n'est pas si désagréable à regarder... Ses yeux se mettent à pétiller dès qu'il s'attaque à sa ceinture puis il se mord un coin de la lèvre inférieur lorsque vient le moment du pantalon. L'elfe peut alors constater de ses propres yeux à quel point leur petit jeu lui a fait de l'effet, c'est-à-dire, au moins autant qu'à lui. Puis leurs regards se retrouvent et l'androgyne laisse l'assassin de rejoindre, un sourire aux lèvres. Il recueille son visage dans ses mains et recule sous l'impulsion de son amant. Il tombe volontairement sur le matelas qui l'accueille avec moelleux avant de s'aider de ses pieds pour s'éloigner un peu du bord afin de pouvoir s'allonger de tout son long, même s'il n'est pas dans le sens de la marche.

Les doigts dans les cheveux de Zaahrian, Andrea savoure ses baisers et l'accompagne tandis qu'il descend le long de son corps. Lorsqu'il se saisit de l'un de ses tétons, un gémissement mêlé à un soupir lui échappe. Si peu d'hommes pense à cette attention-là lorsqu'ils se trouvent avec un autre homme, alors qu'elle est pourtant si agréable dans un tel moment. Et son corps glabre réagit avec sensualité, tel que le ferait une femme. La main de l'androgyne se trouve sur la joue de son amant et dégage son visage pour mieux le regarder à l'ouvrage. Le demi-elfe n'a pas froid aux yeux, il n'a pas honte de ce qu'il est ni de ce qu'il fait... En voilà enfin un qu'Andrea n'aura pas à décomplexer et avec lequel il peut d'ores et déjà se contenter de profiter. Cependant, les mots qu'il a eu n'ont pas manqué de le faire sourire.

-Dans ce cas... j'espère que tu aimes les défis, mon beau Zaahrian. Parce que tu viens de t'en fixer un de taille.

Son regard le provoque peut-être un peu... Mais, s'il n'est pas avare pour montrer que les attentions de ses amants lui plaisent, il n'est néanmoins pas aisé de le faire crier aussi fort. Comme il le montre depuis le début, c'est un être plein de douceur et tout en finesse. Lorsqu'il gémit, sa voix est plus mélodieuse que sonore. Ce n'est pas de la pudeur, il se moque bien qu'on l'entende ou même qu'on le voit en plein ébat, ce ne serait pas cela qui l'arrêterait. Mais rares ont été les fois où il a pris tellement de plaisir qu'il en a crié au point que la maison entière l'ait entendu.
Le membre d'Andrea frémit alors que les doigts aventureux de son amant sont venu le frôler. Celui dont le travail est de donné la mort sait être si doux... Ce paradoxe étire son sourire une nouvelle fois et il décide de ne pas rester inactif. Choisissant de laisser les lèvres de son amant où elles sont, il ne bouge pas et laisse simplement ses mains parcourir le corps de l'assassin. Lui non plus ne connaît pas la pudeur et ne se gêne pas pour courir chaque parcelle de sa peau de caresses sensuelles. Son dos, ses bras, son torse, ses hanches, ses fesses, ses cuisses... Il ne reste bientôt qu'une seule zone qu'il n'a pas encore touché, tournant un peu aux alentours sans jamais s'y aventurer vraiment, faisant languir son amant, jouant avec ses sens et son désir... Pour mieux se faire pardonner plus tard.

« J’ai toujours aimé les défis… Ça n’aurait aucun intérêt si c’était trop facile. » Zaahrian s’était interrompu qu’un instant à peine pour regarder Andrea. Une lueur de défi brillait dans ses yeux. Il avait entièrement confiance en ces capacités au lit alors qu’aucun de ses amants ne s’était jamais plaint des moments passés avec lui. Il n’avait aucunement honte de ce qu’il était, même qu’il ne se souvenait pas de s’être déjà interroger. Zaahrian avait simplement accepté ce fait. Il aimait les hommes et c’était tout aussi naturel pour lui que s’il avait été attiré par les femmes. Certes, Andrea se trouvait quelque part entre les deux. Ses réactions se rapprochaient de celles d’une femme, mais il retrouvait quand même chez lui ce qui lui plaisait tant chez un homme même si Zaahrian était embêté d’expliquer ça avec des mots. C’était peut-être en lien avec sa personnalité. Il avait été immédiatement charmé par la réaction d’Andrea qui n’avait pas hésité à flirter avec lui en retour. En théorie, il pouvait donc être attiré par la gent féminine, mais il ne comptait plus le nombre de femmes avec qui il avait flirté sans jamais aller plus loin que les douces paroles. Non, il y avait autre chose et ce n’était pas la verge non plus. C’était peut-être cette force qu’il sentait frémir sous ses mains. Il l’avait déjà sentie chez une femme, mais c’était une femme plus grande que nature, une exception chez les exceptions. Krish… Voilà peut-être ce qu’il l’attirait, le pouvoir. Ou peut-être que c’était simplement la recherche de plaisir et qu’il ne posait trop de questions. Zaahrian n’était pourtant pas du genre à s’interroger bien longtemps sur ce qu’il souhaitait faire. Il avait même plutôt tendance à agir avant de réfléchir comme si le doute mettait en péril non seulement les chances de réussite, mais également le plaisir derrière. Il n’y a pas de mauvaises idées, juste d’excellentes mal exécutées… Avec une façon de penser pareil, tout était possible.

Ah, ces mains! Les sentir sur son corps était un pur délice, mais aussi une intense source de frustration. Elles étaient partout sauf là où Zaahrian les désirait le plus. Il grogna, la frustration se faisant de plus en plus pressante. Il s’imaginait sans mal le retourner sur le ventre, relever son fessier et le prendre comme un animal. Il était en train de tester les limites de sa maîtrise de soi. Toutes ces ennéades sans rien faire l'avait rendu très... sensible. Malgré cela, ses lèvres n’avaient pas failli à leur tâche même si tout son corps semblait vibrer d’anticipation. Après le premier téton, il s’était attaqué à l’autre avant de poursuivre sa lente décente sur son torse et son abdomen. Ses propres mains s’étaient posées sur les hanches de l’elfe qu’il caressait du bout des doigts, lui servant du même coup la même médecine. « En voilà un qui aime jouer. » Souffla-t-il après avoir déposé un baiser sur son nombril. Zaahrian se redressa pour mieux le regarder. « Je me demande quel effet aurait ces mains sur... » Il baissa les yeux, ne laissant aucun doute sur ce a quoi il faisait référence. « Ou peut-être même ces lèvres. Je suis curieux. » Il déposa un dernier baiser sur l’espace entre le nombril et sa virilité puis vint s’étendre aux côtés de l’elfe en sachant très bien toute la frustration qu’il devait éprouver. Son sourire était particulièrement éloquent. « Ce n’est pas aussi amusant si c’est moi qui fais tout le travail. Comme j’ai dit, je suis curieux et j’ai tout mon temps... »

Andrea sait parfaitement ce qu'il provoque comme réaction chez son amant. Il le lit dans ses yeux qui le pénètrent, dans ses baisers qui le dévorent, dans ses muscles contractés qui le retiennent... Il veut de lui, tout de suite, mais d'une manière qui ne plairait pas à l'androgyne. C'est un être délicat qui aime la douceur. Zaahrian l'a sans doute compris et peut-être est-ce pour cela qu'il n'est pas encore passé à l'acte.
L'assassin se redresse pour revenir au-dessus de l'elfe, s'interrompant alors qu'il était sur le point d'atteindre son entre-jambe et de le mettre au supplice. Croit-il le punir ? Dans ce cas, il a échoué car il étire un sourire plein de malice. Avec légèreté, il roule pour venir se placer à califourchon sur lui, en appui sur ses jambes et ses mains.

-Qui a dit que je prévoyais de rester inactif ? Lui demande-t-il non pas pour avoir une réponse mais pour lui faire savoir qu'il avait bien l'intention d'entrer en scène à un moment ou à un autre.

Leurs membres se touchent et il en frémit. Lentement, il commence à onduler pour qu'ils se caressent avec douceur et langueur.

-Tu as l'impatience de la jeunesse, Trésor. Remarque-t-il sans la moindre critique. Je vais te donner ce que tu veux... Mais je te préviens, tu ne t'attends sûrement pas à ça...

Il ne lui laisse pas l'occasion de lui répondre et se penche pour l'embrasser. Caressant toujours son sexe à l'aide du sien, il commence à descendre ses lèvres sur le corps nu de Zaahrian. Suivant son cou, il trouve son torse et se rend rapidement sur ses tétons durcis par le désir. A son tour, il les embrasse, les lèche, les titille... Mais il passe rapidement de l'un à l'autre avant de continuer sa progression. Lorsque son bassin ne peut plus rester à la même hauteur que le sien, il place ses deux jambes du même côté du corps de l'assassin et ses doigts reprennent ce que son membre de peut plus faire. Alors qu'il couvre son ventre de baisers, il le caresse, doucement, avant de le prendre en main. Avec dextérité, ses doigts fermés montent et descendent sur le mât dressé du demi-elfe pendant que ses lèvres et sa langue parcourrent sa peau, se rapprochant lentement et dangereusement de son bassin. Et lorsqu'il en est tout près, Andrea tourne brièvement son regard vers son amant avant de... le prendre en bouche.
Laissant ses jambes s'étirer sur le lit et s'appuyant sur l'un de ses coudes, Andrea commence à lui faire l'amour avec ses lèvres, y mettant tout son savoir-faire. Ses allées et venues féminines le font onduler près de lui. Il sait jouer savamment de sa langue tout en maintenant sa prise resserrée sur lui. Ses cheveux écartés sur le côté, il lui permet de le voir à l'ouvrage alors qu'il prend presque autant de plaisir à faire gémir Zaahrian que s'il couchait avec lui en cet instant-même. D'ailleurs, tant qu'il ne l'arrête pas, il continuera, laissant sa bouche aller et venir sur lui dans un bruit de succion assez excitant. Et si son amant veut aller jusqu'au bout, il le fera, prêt à alléger sa frustration première pour leur permettre de reprendre plus sereinement.

Le simple contact de leur virilité l’une contre l’autre faillit faire perdre à Zaahrian tout sens de la retenue. Même s’il voulait vraiment lui donner ce dont il avait envie, c’est-à-dire de la douceur et de la volupté, voilà trop longtemps qu’il n’avait pas partagé sa couche avec quelqu’un. Il se sentait comme l’adolescent qu’il a été, l’époque où le moindre toucher était comme du feu dans ses veines. Il ne s’attendait pas à ça et il commençait même à se demander s’il serait à la hauteur de ses promesses. Il avait quand même une réputation à maintenir. Il était un bon amant, il le savait et il voulait le montrer. « Je ne suis pas reconnu pour ma patience. » Rétorqua l’assassin avec cette pointe d’arrogance dans la voix qui le caractérisait si bien.

Malgré ses doutes, rien ne se voyait sur son visage ni dans ses yeux. La curiosité et l’envie prenaient le dessus sur le reste. Il n’allait certainement pas passer à côté d’une telle occasion pour quelques doutes. Afin de bien apprécier l’expérience, il ferma les yeux, toute son attention tournée vers les lèvres d’Andrea. Il débuta par l’exploration de son corps, procédant de la même manière qu’il l’avait fait lui-même. Elles étaient si douces, si délicieuses, exactement comme il les avait imaginés. Plus elles descendaient sur son torse, plus sa capacité à réfléchir correctement l’abandonnait. Ses pensées n’étaient plus que de la fumée. Même s’il essayait très fort de s’y raccrocher, elles lui filaient entre les doigts. Et lorsque Andrea fut tout près de ce point désespérément en manque d’attention, Zaahrian ouvrit les yeux. Il ne voulait pas manquer ça. L’assassin aurait pu jurer devant les dieux qu’il vit à cet instant dans les yeux d’Andrea un éclat amusé, presque arrogant, comme s’il savait que son amant était bien près de perdre la face devant lui. Il eut presque envie de protester, juste pour le principe, mais la bouche d’Andrea se referma sur son membre et son cerveau cessa complètement de fonctionner.

D’abord un soupir, celui-ci se transforma rapidement en gémissement. Tout son corps tremblait. Ce n’était pas la première fois qu’on le gratifiait d’une telle douceur, mais il avait rarement eu droit à un tel savoir-faire, comme si Andrea savait exactement quoi faire pour l’amener à sa délivrance. C’était un elfe et il était vieux selon ses propres dires. Il avait de l’expérience et elle ne se mesurait pas de la même façon que chez un homme. On ne parlait plus d’année, mais de siècle et ça faisait une sacrée différence dans la découverte et l’apprentissage du corps. Zaahrian essayait tant bien que mal de maîtriser ses coups de bassin qui tressautait à chaque allée et venue en cherchant à suivre le rythme imposé par Andrea. Il en voulait plus et l’elfe s’exécuta avec une précision meurtrière. Il maniait sa bouche comme Zaahrian maniait la dague. L’assassin n’allait jamais tenir le coup. Son corps était sur le point d’exploser dans ce qui s’annonçait comme la plus délicieuse des délivrances, mais Zaahrian ne voulait pas que ce soit aussi rapide. Il ouvrit la bouche pour l’arrêter, mais plutôt que des mots, un grondement peu élégant en sortit en même temps que l’orgasme qui lui fit oublier toute envie de protester. Ses poings se refermèrent sur les draps et tout son corps se souleva sous l’effet des spasmes. Ça ne dura que quelques secondes, un instant de pur délice qui laissa l’assassin confus et le souffle court. Un moment fut nécessaire avant qu’il ne reprenne ses esprits et comprenne ce qui venait de se passer. Alors, il porta les mains son visage afin de cacher la teinte rouge vif qui venait de s’y répandre. Rarement il avait rougi dans sa vie et plus extraordinairement encore il l’avait fait à ce point.

-Ne te cache pas, Trésor. Fait Andrea alors qu'il revient au-dessus de Zaahrian, embrassant son cou avec douceur. Il est difficile de me résister, même avec toute la volonté du monde. Tu en avais sacrément besoin et je n'avais pas très envie que tu n'arrives plus à te contenir.

Il l'a lu dans ses yeux. Son désir était plus qu'ardent et son esprit avait parfois songé à le prendre avec brutalité. Il voulait éviter cela. Même s'il ne lui aurait sans doute pas fait mal (ou pas volontairement), il aurait moins apprécié leurs ébats s'il était relégué au rang d'un animal tout juste bond à recevoir des coups de triques. L'elfe blanc s'allonge à côté de son amant, laissant une jambe repliée sur lui et sa tempe posée dans sa paume. De son autre main, il caresse le torse de l'assassin rouge comme une tomate derrière ses doigts. Il n'a pourtant pas à avoir honte, il a fait exprès de le libérer de cette tension qui l'habitait pour une bonne raison.

-Je ne suis pas avare d'expériences nouvelles mais la violence et la sauvagerie ne m'ont jamais attiré. Lui dit-il presque tendrement.

Même alors qu'il accélérait le mouvement pour faire jouir Zaahrian, il est resté doux et langoureux car il sait qu'il n'y a pas besoin de frénésie pour donner du plaisir à quelqu'un. Cela, l'assassin peut l'obtenir de n'importe quel autre homme si cela lui chante. Lui ne fonctionne pas ainsi. Même affamé de désir, il ne s'abaissera jamais à de telles pulsions. Il est plus raffiné mais il sait aussi que ce n'est pas ce qu'il aime. C'est aussi pour cela qu'il assume sa féminité. Il ne baise pas, il ne couche pas : il fait l'amour. Avec ou sans sentiment, là n'est pas la question.
Cependant, s'il tenait à soulager le demi-elfe, ce n'est pas sans raisons. Il ne veut pas mettre un terme à un moment qui a si bien commencé, il voulait juste éviter qu'il ne soit gâché par une brutalité non maîtrisée.

-La journée n'est pas finie, mon beau. Maintenant que tu es plus apaisé, nous allons pouvoir reprendre plus sereinement. Tu m'as fait des promesses et j'entends bien y goûter. Fait-il avec une certaine espièglerie dans le regard.

L'assassin lui a promis de lui donner tant de plaisir qu'il en crierait. Il a certes besoin de quelques minutes pour se remettre d'aplomb mais il n'escomptait pas que la partie se termine ainsi. Et après ce qu'il venait de se passer, il espérait que cela lui donnerait l'envie de faire encore mieux plutôt que de s'enfuir.

Zaahrian voulait disparaître. Il avait promis quelque chose, mais n’était pas parvenu à livrer la marchandise alors qu’il s’était vanté de pouvoir le faire. Au moins, Andrea ne se moquait pas de lui. Il agissait même en parfait gentleman ce qui obligea Zaahrian à admettre qu’il avait raison. Si l’elfe n’avait pas décidé d’aller jusqu’au bout, l’assassin aurait perdu le contrôle de toute façon et l’acte n’aurait pas été aussi agréable. Il enleva ses mains, dévoilant un visage encore largement rougi. « Tu as eu droit à un assez bon aperçu de l’adolescent que j’ai été. » Il posa une main sur celle qui caressait son torse. « Je peux être une bête parfois. J’ai été éduqué afin de pouvoir me fondre parmi les gens de la haute société, mais c’est plus un savoir que j’utilise lorsque ça m’est nécessaire pour approcher quelqu’un par exemple plutôt que comme un mode de vie. » Il soupira. « Ça fait un moment que je n’ai pas couché. Pas depuis... » Il s’arrêta et jeta un regard de biais à Andrea. « Ce n’est peut-être pas le moment d’en parler. » En principe, sa relation avec Leonie était terminée. Il ne faisait rien de mal en partageant le lit de l’elfe.

Apaisé… C’était un choix de mot intéressant, comme quoi il était vraiment passé tout près de devenir une vraie bête en rut. Cette pensée lui arracha tout de même un sourire. « Est-ce que quelqu’un t’a déjà dit que tu manipulais ta bouche avec la même précision que si elle était une arme. Les mots peuvent tuer, mais ça... » Il se redressa et embrassa tendrement Andrea sur les lèvres. « Tu es doué… très doué. » Zaahrian avait envie de dire qu’il venait d’avoir sa meilleure fellation à vie, mais ce n’était probablement pas la première fois qu’Andrea recevait ce genre de compliment. Sa main délaissa celle de l’elfe pour se poser sur sa cuisse qu’il remonta jusqu’à atteindre la courbe de son fessier. « Il est vrai que j’ai fait une promesse. » Commença Zaahrian en repoussant doucement l’elfe pour qu’il s’étende sur le lit. « Et quand je fais une promesse, je la tiens toujours. Une question d’honneur, tu vois? » Il prit place entre les cuisses d’Andrea et déposa un baiser à l’intérieur de celle-ci là ou la peau était la plus délicate et réceptive aux caresses. « Tu n’aimes pas la violence et la sauvagerie. J’en déduis donc que tu aimes la douceur. Tu aimes qu’on te fasse l’amour et non pas qu’on te traite comme un morceau de viande. Maintenant que j’ai les idées un peu plus claires, ça ne devrait pas être un problème. » Il remonta un peu plus haut et planta un autre baiser. « Mais j’aimerais savoir ce qui te ferait vraiment plaisir… Qu’est-ce qui te ferait fondre, hum? Je peux faire la même chose que tu m’as faite… » Zaahrian s’arrêta juste au-dessus de la verge de l’elfe. Seul son souffle caressait la peau extrêmement sensible et en manque d’attention. « Je me demande quel goût tu as... » Et sa langue glissa depuis la base de la verge jusqu’à son sommet.

Andrea referme ses doigts sur la main qui est venue trouver la sienne sur son torse. Il lui sourit avec douceur et l'écoute. Ce n'est pas une surprise pour lui d'apprendre que Zaahrian est en manque de sexe. Cela explique qu'il se soit montré aussi enjôleur, qu'il ait eu l'audace de l'approcher aussi rapidement et qu'il soit aussi réactif à la moindre de ses attentions. En tant qu'expert dans le domaine, l'androgyne l'a deviné tout seul et a fait en sorte qu'à présent ils puissent en profiter autant l'un que l'autre, leur évitant un dérapage incontrôlé. Il n'obligera pas l'assassin à évoquer maintenant la raison pour laquelle il a été abstinent aussi longtemps -bien qu'il la devine- mais il retient l'information dans un soin de sa tête.

Libérés, les doigts de l'elfe blanc reprennent leurs caresses sur le torse de son amant tandis que ce dernier remonte sa cuisse. Il va pour lui confier que tout ceci est son métier mais il n'en a pas le temps. Zaahrian l'embrasse, le repousse et vient se placer entre ses jambes. Alors que le cœur d'Andrea s'était calmé avec la jouissance du demi-elfe et leur discussion, il le sent s'emballer de nouveau à cette vision. Il regarde son partenaire déposer des baisers à l'intérieur de sa cuisse, remontant un peu sous son regard fiévreux, le provoquant en se plaçant juste au-dessus de son membre tendu. Il se sent vibrer de désir de l'intérieur. Cela fait longtemps qu'il n'a pas eu aussi envie de faire l'amour et qu'il n'a pas été aussi sensible aux attentions de quelqu'un. Mais alors qu'il va pour lui répondre, il sent la langue de son amant remonter le long de son sexe. Sa réaction est immédiate. Sa tête bascule en arrière et il ferme les yeux dans un profond soupir. Son geste associé à ses mots... Il aurait bien du mal à lui résister.

-Je t'en prie, goûte. Répond-il après quelques secondes. Je suis curieux de voir si tu es aussi doué que tu le prétends.

Ce n'est pas un défi. Car le défi, il a déjà été lancé lorsqu'ils se sont mis au lit.

Les minutes s'écoulent et Andréa reste docilement allongé, laissant Zaahrian lui infliger ses tendres attentions. Il aime le regarder tout autant que fermer les yeux pour simplement profiter. Il ondule soyeusement sur les draps qui se défont de plus en plus. Il soupire avec délice, gémit même parfois. Il passe sa main de ses cheveux pour lui faire savoir que ce qu'il fait lui plaît, les écarte aussi pour mieux le voir à l'oeuvre. Il n'a pas menti : c'est très bon. Et si cela ne s'entend pas dans sa voix, cela se lit dans son regard.
Finalement, après un long moment, l'androgyne pose sa main sur la joue de son amant et l'invite à se redresser tandis qu'il en fait autant. Son visage s'arrête à un souffle du sien. Il ne doute pas du fait que leur petit jeu a aussi réveillé l'appétit de l'assassin.

-Je crois que tu me goûteras une autre fois. J'ai envie de toi, mon beau Zaahrian...

A ces mots, il l'embrasse tout en repliant ses jambes pour les ramener sous lui. Il se relève encore un peu et pose une main sur le buste de l'assassin pour qu'il en fasse autant et s'assoit. Sa dextre descend entre ses cuisses et trouve sa verge, tendue comme il l'espérait. Il a caresse, l'empoigne avec douceur, le prépare à ce qui va suivre... Puis ses lèvres quittent celles de son amant et retrouvent son sexe. Il le reprend en bouche quelques instants, juste pour le lustrer un peu. Après quatre ou cinq va et vient, il se redresse et enfourche ce bel homme. Il rapproche son corps de plus en plus du sien, son regard plein de désir planté dans le sien. Leur moment est venu. Ils vont goûter à la chaire ensemble.
Lentement, Andrea s'affaisse sur Zaahrian et le fait entrer en lui. Il se libère d'un long soupir de plaisir, de soulagement et de nostalgie alors qu'il n'a plus ressenti cela depuis quelques mois maintenant. Une fois que son bassin a rencontré depuis de son amant, l'androgyne l'embrasse de nouveau et ajuste sa position, passant ses jambes autour de son corps. Commence alors de lents vas et vient et qui lui arrachent des soupirs au milieu de leurs baisers enfiévrés. Avec féminité, il l'enlace, le caresse, le serre, cet homme qui lui donne du plaisir et pour qui il gémit avec douceur.

C’était bien différent de ce à quoi il s’attendait. D’habitude, quand Zaahrian trouvait un partenaire pour un soir, il n’y avait pas de place pour la tendresse. Ils étaient motivés par des envies trop urgentes pour prendre le temps de bien explorer le corps de l’autre et d’en découvrir les secrets. Dommage, car l’assassin réalisait maintenant qu’il devait passer à côté de bien des choses. Oh, il pouvait se montrer affectueux. Cette tendresse, il la réservait cependant aux hommes qu’il aimait comme Leonie par exemple ou Yenael avant lui. Il ne souvenait pas d’avoir agis ainsi avec un inconnu. Il était maintenant clair que c’était Andrea qui menait la danse, mais Zaahrian était ravi de s’exécuter lui qui avait pourtant un mal fou à suivre les ordres. L’elfe n’aimait pas la brutalité, alors l’assassin sera le plus tendre possible avec lui. Après tout, il avait fait la promesse de lui donner tant de plaisir que ses gémissements se feraient entendre dans toute la maison. Pour cela, non seulement il devait faire étalage de son savoir-faire, il devait surtout être à l’écoute d’Andrea.

Chaque soupir, chaque gémissement étaient autant de réponses à ses caresses. Ils lui indiquaient à marche à suivre, ce qu’Andrea aimait et ce qui lui plaisait moins. Dans ce genre de situation, l’entraînement de Zaahrian pouvait lui être très utile. En tant qu’assassin, il avait appris à être attentif aux détails. Il ne donnait pas toujours cette impression, mais il était un fin observateur. Un regard, un mouvement à peine perceptible, un souffle retenu… Toutes ces choses étaient aussi éloquentes pour lui que des mots à condition de bien savoir les interpréter. Zaahrian devait avoir bien compris, car Andrea décida assez rapidement qu’il en voulait plus.

Ils ne se quittèrent pas des yeux durant tout le processus, jusqu’à ce que Zaahrian soit en lui. Même si Andrea l’avait soulagé précédemment, son sang rugissait encore dans ses oreilles et demandait un effort constant pour ne pas s’abandonner entièrement à ses pulsions. Il gâcherait le moment s’il faisait ça. Non, Zaahrian le garda étroitement contre lui, calquant ses mouvements de bassin aux siens. Il était si délicieux de l’entendre soupirer de la sorte. Il commençait à réaliser qu’il ne le fera probablement jamais crier de plaisir. Il était trop discret même si le mot n’était peut-être pas le plus approprié pour décrire l’elfe.

Ils conservèrent cette position pendant un moment, mais Zaahrian avait envie de varier un peu les choses. Sans jamais briser le lien qui les unissait, il renversa Andrea sur le lit afin d’être au-dessus de lui et d’avoir un peu plus de contrôle sur ce qu’il faisait. L’assassin cessa de bouger un moment, le temps de quelques respirations à peine juste pour le regarder, admirer son visage et le rouge qui commençait à s’y répandre, mais surtout voir dans ses yeux la confirmation qu’il aimait ça. Satisfait par ce qu’il vit, Zaahrian reprit avec un peu plus d’ardeur. Il allait et venait en lui, bercé par les soupirs et les gémissements de son partenaire. Plus le temps passait, plus son propre désir l’emportait et plus ses mouvements se faisaient insistants. Il voulait tellement bien faire. Son amour-propre refusait de céder une fois de plus avant Andrea. Son front appuyé contre le sien, il ne le quittait pas des yeux jusqu’à ce que… L’elfe renversa la tête. Il ne cria pas, mais il n’y avait aucun doute sur le plaisir qui venait de l’emporter. Cette vision l’acheva et dans un grognement, Zaahrian se répandit en lui. Sous l’effet de la délivrance, il s’affaissa à moitié sur l’elfe. Il finit par rouler sur le côté, mais garda étroitement Andrea contre lui pour ce moment de tendresse qui venait après l’amour.

« Je ne t’ai pas fait crier de plaisir. » Fit remarquer Zaahrian. « Mais j’ose croire que ça t’a plu… »

Andrea savoure l’instant présent. Avec langueur, il se redresse et s’affaisse sur Zaahrian, leurs bustes se caressant l’un l’autre dans la manœuvre. Il embrasse ses lèvres et sa peau, soupire à son oreille, le frôle de ses mains puis l’enlace dans un moment plus intense. Evidemment, l’assassin reprend la main et l’androgyne se laisse faire. Il ne craint pas de se retrouver dominé tant que le plaisir reste partagé. Et il voit ce souci dans le regard de l’homme au-dessus de lui, fiévreux mais attentif. Alors il l’embrasse avec envie, l’invitant à reprendre où ils en étaient.
Le plaisir augmente lentement et l’elfe blanc redouble d’attentions envers son amant qui doit désormais tout faire pour deux. Son corps ondule avec le sien mais l’effort qu’il doit déployer à présent est minime. Sa voix retentit en des occasions qui se font de plus en plus nombreuses. Pourtant, il ne criera pas. C’est bon, très bon même… Mais pas à ce point pour le pluricentenaire.

Et puis, Andrea sent cette vague remonter rapidement dans son ventre. Il la laisse venir au gré des mouvements de Zaahrian. Il ne le quitte pas du regard alors que son corps est parcouru de spasme, que ses mains raffermissent tendrement leur prise et que sa voix chante son plaisir. Lorsqu’il sent son amant le rejoindre dans la jouissance, il le serre un peu plus fort contre lui jusqu’à ce que ses muscles se relâchent. Puis il l’étreint tandis qu’il s’affaisse définitivement sur lui.
L’androgyne se laisse entraîner sur le côté dans cet élan de douceur qu’il accueille avec un sourire paisible, amusé et mystérieux aux lèvres. Il devine que Zaahrian a fourni nombre d’efforts pour lui plaire et il ne se montrera pas ingrat alors qu’il a apprécié tant sa volonté de bien faire que son exécution loin d’être médiocre. Son initiative est d’ailleurs récompensée d’une caresse sur son buste au velouté rendu si particulier par l’acte qu’ils viennent d’accomplir. A la question de son amant, Andrea ne répondit qu’à travers une expression amusée. Puis il étend le bras afin d’atteindre le tiroir d’une table de chevet. Il y récupère un mouchoir et s’en sert pour essuyer précautionneusement leurs ventres entre lesquels il s’est répandu lui-même, preuve qu’il a apprécié totalement ce moment lui aussi.

-Ce n’est pas parce que je ne crie pas que je n’apprécie pas, Trésor. Déclare-t-il avec douceur. J’étais peut-être au moins autant en manque de sexe que toi mais je préfère savourer pour en retirer autant de plaisir que possible. Puis il se débarrasse de son mouchoir sur le sol avant de venir prendre appui sur son coude, posant au moins la moitié de son torse sur celui de Zaahrian pour plonger ses yeux clairs dans les siens. Mais je veux bien t’accorder un délai supplémentaire pour remplir ce défi. Pourquoi pas… vingt-deux jours ?

Il le regarde avec malice. Ils ont déjà sous-entendu que ce voyage serait sans doute troublé par quelques rapprochements inopinés, ils ont simplement commencé avec un peu d’avance… Cependant, cela ne leur fait pas de mal de s’assurer qu’ils sont toujours sur la même longueur d’onde maintenant qu’ils ont goûté au corps de l’autre. Le désir ne sera plus tant celui de la découverte que celui de l’exploration plus approfondie désormais.
Il effleure la clavicule de l’assassin du bout de ses doigts, allant et venant sur sa peau. Il a remarqué ses cicatrices et ce n’est pas la première fois qu’il couche avec un homme balafré. Il saura bien assez vite si Zaahrian est homme à compter ses aventures ou non. Andrea est curieux de nature et aime entendre de bonnes histoires, il ne s’en lasse jamais.

-Et ton plaisir compte tout autant que le mien. C’est pourquoi j’espère que ma façon de faire te satisfait vraiment.

Même après avoir comblé ses ardeurs une première fois, il a décelé chez son amant cette discrète façon de se contenir durant leurs ébats. Mais il est lui aussi habitué à lire tant dans les regards que les attitudes et il sait qu’il aurait aimé se déchaîner davantage. Il s’est retenu pour lui mais il est hors de question qu’il ressorte de cette expérience sans être pleinement rassasié. C’est plus fort que lui. Même lorsqu’il ne travaille pas et qu’il ne couche pas pour de l’argent, il aime que ses partenaires repartent entièrement satisfaits.

« Vingt-deux jours, hein? Ça me laisse amplement le temps de faire mes preuves, je crois. » Zaahrian pourrait se vexer. Après tout, Andrea lui mettait pratiquement à la figure qu’il n’était qu’un jeune loup contrôlé par ses pulsions, mais il était trop près de la vérité pour qu’il puisse se fâcher. Et puis ça n’avait pas tellement l’air d’un reproche venant de la bouche d’Andrea, comme s’il comprenait comment il pouvait se sentir. Il lui semblait pourtant que les elfes n’étaient pas très portés sur la chose. Enfin, c’est ce qu’on disait. Soit ils n’aimaient pas le sexe, soit la procréation posait problème. Zaahrian avait posé tout un tas de questions durant son voyage, mais celle-là, il n’avait pas eu le culot pour le faire.

Du regard il suivit la main d’Andrea qui caressait son torse. Il souriait doucement, signe de son contentement. Il était si confortable dans ce lit qu’il pourrait bien y rester quelques heures de plus. Guilin allait sûrement se demander ce qui lui prenait autant de temps. Il ferait mieux de penser tout de suite à une explication.

« Mon plaisir? Ne t’inquiète pas, ça m’a plus… beaucoup. » Lui assura Zaahrian qui glissa une main dans sa chevelure de soie pour la caresser. Il cessa de parler pendant un instant, émerveillé par la texture avant de reprendre, cette fois le regard plongé dans celui d’Andrea. « Je t’assure… Bon, il est vrai que parfois je peux être… comment dire? Disons simplement que l’adolescent que j’ai été n’est pas parti bien loin et qu’il se manifeste à l’occasion. C’est à dire en étant impulsif, impatient et pas très porté sur les préliminaires. » Il rit doucement. Ses doigts toujours dans ses cheveux glissèrent jusqu’à son oreille dont il suivit le tracé du bout de son index. « En même temps... » Il pencha la tête légèrement de côté. « Depuis que je me suis éveillé aux plaisirs de la chair, j’ai toujours séparé mes amants en deux catégories. Ceux avec qui je ne cherche qu’à avoir du plaisir et ceux qui ont une importance particulière pour moi. Je ne partage pas mon lit de la même façon avec l’un ou avec l’autre. Ne va pas croire que je suis choqué par ce qui vient de se passer. Oh non, pas du tout. En vrai, si ça fait quelque chose c’est d’ouvrir un peu mes horizons. »

Zaahrian ferma les yeux, sentant la délicieuse torpeur qui vient après les ébats lentement s’installer en lui. « Je peux rester avec toi pendant un moment, peut-être quelques heures si ça ne te gêne pas, mais je vais devoir éventuellement rentrer pour préparer le voyage. Le matériel ne sera pas un problème, mais j’ai quand même envie de parler à quelques gars que je connais pour en savoir un peu plus sur ce qu’on va trouver lorsqu’on aura passé la frontière. Je sais que ça va être compliqué, mais ce n’est pas mauvais de savoir à quel point ça risque de l’être. Ça devrait me prendre une journée, peut-être deux, mais pas plus. Du coup, d’ici deux jours, on pourra quitter la ville, mais si tu me dis que tu tiens absolument à partir demain, je n’ai pas de problème avec ça. On peut toujours glaner les informations en cour de route, mais les gens ne voudront peut-être pas nous parler. Tu es un elfe et moi je suis un demi-sang avec une réputation… Un vrai duo de choc si tu veux mon avis. » Il réprima un braillement. « Mais on peut aussi en reparler après avoir fait une petite sieste… J’ai vraiment sommeil et ce lit... ce lit est vraiment confortable… Reste avec moi... »

Le délai proposé par Andrea n’était pas une insulte à Zaahrian mais plutôt une suggestion de poursuivre leurs expériences sur du moyen terme. Et pourquoi pas sur du long si le cœur leur en dit puisqu’ils sont assez compatibles sur ce plan-là. Ils ont manifestement tous deux un goût certain pour le sexe et les points communs rassemblent à ce que l’on raconte. L’elfe poursuit ses caresses tout en écoutant son amant avec intérêt. Son âge ou son impatience ne le dérange pas, autrement il n’aurait que bien peu de partenaires…

-Pour ma part, je ne fais pas de différence. Au lit, je traite mes amants et mes amours de la même manière. Ne pas avoir de sentiments pour la personne avec laquelle je couche ne m’empêche pas de lui témoigner de la tendresse. C’est ma façon de la remercier pour le plaisir qu’elle me procure, ou qu’elle me donne l’occasion de lui procurer puisque cela me satisfait tout autant.

L’assassin commence à fatiguer, l’androgyne le voit dans ses yeux avant même qu’il ne se mette à bâiller. Les ébats ont un effet de somnolence sur les hommes, il le sait bien même s’il n’en est plus atteint depuis le passage d’Arcam sur terre. Cependant, le demi-elfe arrive encore à raisonner et à réfléchir au voyage. Il souhaite repousser le départ et si Andrea en est un peu attristé, il n’en montre rien. Il pose une main sur la joue de son amant et vient déposer un baiser sur ses lèvres. [/color][/i]

[color=#99ffff]-Tu es chargé de ma sécurité et je n’ai pas le moindre doute sur tes motivations à bien faire ton travail. Si tu estimes qu’attendre est mieux, alors j’attendrai.

Il a confiance. Une confiance qui n’a aucun lien avec ce qu’il vient de se passer. Même si le salaire de Zaahrian est assuré, qu’Andrea vive ou qu’il meurt, il s’est renseigné sur cet homme et a été surpris de découvrir qu’il s’agissait d’un assassin avec une éthique de travail et un certain sens de l’honneur. Cette entrevue avait pour objectif de vérifier ce qu’il a entendu et il a pu le confirmer bien au-delà de ce qu’il pensait. Même en tant qu’amant, il le respectait. Alors en tant que client…

Andrea sourit tendrement à l’assassin. Evidemment qu’il accepte de le garder un peu plus. Et, promis, il essaiera d’être sage à son réveil pour qu’il puisse partir sans sombrer une seconde fois de fatigue. Parce que le demi-elfe l’ignore encore mais il a affaire à un insatiable…
Alors, l’androgyne se penche par-dessus le corps nu de Zaahrian et tire sur la couverture pour recouvrir leurs jambes. Puis il passe un bras sous sa nuque et l’enlace, l’attirant contre lui. Il installe la tête de l’assassin contre son torse. Une main le maintient dans cette position tandis que l’autre sa glisse dans sa chevelure.

[i]-Reste autant que tu le souhaites, mon bel amant. Il dépose un baiser sur ses cheveux avant d’y poser sa joue. Tu seras toujours le bienvenu ici.