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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 97 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
Sujet: Alyna Or'Siandbel [Terminé] Jeu 8 Avr 2021 - 23:05
Possessions & Equipements :
Les Tours Or'Siandbel (Essalia) :Elle marche le long des jardins qui bordent l’édifice, enfonce ses orteils dans la terre fraîche avant de lever sa tête vers les deux tours qui lui font face. Surplombant Essalia, les deux flèches autrefois séparées sont désormais réunies par une belle demeure de marbre. Elle retrousse sa robe avant de grimper les marches menant à son boudoir. À l’intérieur, de multiples rideaux rouges tombent, suffisamment fin pour y voir à travers, suffisamment épais pour y gêner une lame dégainée.
Le Mausolée des Connaissances (Essalia) :Ses mains passent le long des ouvrages qui garnissent la pièce, s’arrêtant quelquefois devant le titre d’un des lourds volumes. Elle se surprend à humer l’odeur de cuir fraîchement relié qui se dégage de l’endroit, du craquement satisfaisant des pages qui se tordent sous ses doigts. La Mausolée est l’endroit où elle s’abîme, dans les couloirs du temps et des histoires, à travers les tapisseries de couleurs et d’images. Ivre de connaissance elle s’y enferme, flânant le long des galeries de pierres et de cuivres, frappant le sol de ses pieds nus. Nulle fenêtre ne vient border l’édifice pour éclairer l’endroit, protégeant les grimoires de sa lumière agressive. Seul transperce de la toiture de plomb, un filé de lumière frappant la somptueuse verrière recouvrant le plafond de la salle de lecture. Cette salle, empli de grimoires et de coussins est son antre.
Les Balcons Rouges (Thaar) :Elle s’étire sur ses draps de satin, cache sa nudité tout en repoussant les bras glissants qui l’enserrent. Elle entrouvre les yeux, observe le paysage que lui offre son modeste domaine, sourit en reconnaissant le quartier noble de Thaar. Sa demeure dispose de nombreux balcons, bien plus larges que les pièces intérieures, lui permettant d’y installer divans et oreillers moelleux, chanteurs et lutteurs pour la distraire. Façonné à partir d’une roche rouge, elle apprécie l’allure insolite de l’endroit avant de s’étendre à nouveau dans un soupir.
Les Maisons de Fête (Essalia et Thaar) :Elle secoue lentement sa chevelure mêlée d’or sous la caresse de la flûte qui semble la transporter hors du temps. Elle est Princesse-Marchande des Arts et des Fêtes. Elle dispose de ces petites maisonnées dans plusieurs villes, permettant de répondre aux demandes de particuliers intéressés par son réseau festif. Elle les transforme parfois en galerie d’art, exposant alors tableaux et statues durant une période limitée. Elle compte et espère à l’avenir en installer dans d’autres grandes villes.
Ses possessions ne s’étendent pas à la simple pierre froide des édifices. Elle possède les gens grâce à leur secret. Les contrôle, les manipule, les asservit.
Les Asservis : C'est ainsi que sont nommés ceux dont elle fait sien. Ceux dont les secrets sont des chaînes qui les entravent. Ils rejoignent alors son réseau, lui permettant d'accumuler davantage de secrets.
Apparence :
Son regard émeraude plonge dans son auditoire avec un frisson d’extase. Elle effleure sensuellement ses lèvres gorgées, mord l’ongle poli de son doigt avant d’étirer sa bouche en un sourire lascif. Elle se redresse légèrement, ses mains immaculées se perdant dans les boucles de sa chevelure de jais. Cascade d’ébène éclairée d’or, des chaînes de métaux précieux ruissellent de ses mèches, entourent son cou délicat et lisse, ceignent esthétiquement son front en un véritable diadème ambré. Sa robe noire épouse ses formes, souligne sa taille fine, dissimule sa poitrine crémeuse. Ses pieds sont nus, comme elle préfère sentir le sol qu’elle foule. Elle aime à croire qu’il tremble sous ses pas, d’envie et d’excitation pour sa beauté, de crainte et d’effroi pour le jour où elle cessera de l’arpenter.
Taille : 1m71
Couleur des yeux : Vert
Personnalité :
Elle n’a d’intérêt que pour ce qui brille, d’envie que pour ce qui ravit ses sens. Sa recherche et la possession de ce qui est beau demeurent son obsession, le feu vorace qui embrase son être. Croisant de son regard fiévreux l’objet convoité, elle en perd le sommeil, en oublie de se sustenter, n’éprouve plus que l’envie de le faire sien. À ses yeux, tout moyen est bon pour l’acquérir et elle n’hésite pas à recourir aux assassinats ou aux complots dans le simple but de s’arroger l’objet de ses désirs. Sa ruse et sa fourberie n’ont dès lors plus aucune limite. Elle jouit de tout plaisir associé à la beauté, expérience charnelle avec individus de même sexe en particulier, les faisant entrer dans sa Roue d’Or, son harem changeant, porteur de vices innombrables.
Elle n’éprouve que du mépris envers les imperfections du corps, envers ce qui offense ses sens, envers un bijou dont la pureté n’est pas absolue. À ceux qui parviennent à éveiller son intérêt, son obsession la rend très observatrice : elle se souvient de chaque détail de la personne, de chaque vêtement qu’elle portait, de la parure qu’elle arborait, de la senteur qu’elle exhalait.
Elle est égoïste, mais guère stupide. Elle apprécie l’histoire, l’architecture et la peinture. Elle dévore romans et cartes, éprouve un vif intérêt pour les textes de lois et autres traités juridiques. Elle les conserve tous précieusement dans son imposante bibliothèque dont l’accès n’est autorisé qu’à elle seule. Elle aime les joutes orales et verbales, affectionne les traits d’esprit et l’humour construits. Elle est capricieuse, mais guère insouciante. Elle sait quand attendre pour frapper, où appuyer pour faire mal sans tuer. Elle sait aussi que les morts ne parlent pas, et que les informations des vivants sont des armes tout aussi efficaces que le pouvoir des armes. Elle les collectionne donc, les revendant au plus offrant, mais toujours avec une grande discrétion faisant de son marché un petit secret encore inviolé.
Néanmoins, elle n’est pas exempte de défaut. Elle est impatiente et encline à obéir à ses passions plutôt qu’à les refréner. Son obsession peut également la laisser désœuvrée pendant de longs jours, voir des ennéades entières, délaissant ses responsabilités ou autres impératifs.
Capacités magiques :
Ses yeux dévorent le visage angélique de la jeune femme qui lui fait face. Ses mains se courbent, d’avidité et d’envie. Elle ne sait qu’une chose : à la nuit tombée, cette femme sera sienne. Pour l’heure, celle-ci s’éloigne d’une démarche souple et dansante. Loin de ses griffes. Loin d'elle. Une main tombe sur son épaule, rassurante, chaude, mais ferme. Elréa lui adresse un simple sourire, l'enjoignant à laisser libre cours à son pouvoir. L’émeraude accroche l’émeraude qui ceint le pinceau qui gît entre ses mains. Il est son catalyseur, le support de son pouvoir, sans qui elle ne peut laisser libre cours à ses dons. Instrument en bois noir, lisse et poli comme l’onyx, le pinceau brille lentement sous son regard de jade, renvoyant néanmoins la silhouette d'un homme plus âgé, brisé, mais aux yeux similaires.
Elle ferme ses yeux, ses longs cils venant caresser le haut de ses joues pâles. Elle se concentre, expire longuement avant d’inspirer à nouveau. Elle analyse ses propres sentiments, ses propres sensations, et sent progressivement son pouvoir bouillonner au fond de son corps. L’image de la jeune femme désirée apparaît devant elle, se superposant avec la réalité, dans toute sa perfection, dans toute sa splendeur. Après la vue, vint la fragrance : musqué et puissante, la faisant presque tendre une main devant l’apparition. Elle sait que sa magie trompe ses sens, mais ne peut s’empêcher d’aller encore plus loin dans sa reconstitution de l’objet de ses désirs.
Son maître lui a enseigné ce qu’elle nomme la magie de l’esprit. L’illusion sensorielle. Lui permettant grâce à sa formidable mémoire d’user de ce pouvoir sur elle-même. Elle est capable de ressentir à nouveau l’odeur d’un parfum déjà humé, voir l’objet de ses désirs émerger une nouvelle fois sous son regard… Son maître a voulu lui apprendre à tromper les sens d’autrui, mais elle n’y prend guère goût. Son intérêt est limité à cet égard, et elle est loin d'acquérir la subtilité nécessaire à manipuler les sens des autres sans qu'ils s'en aperçoivent. Son maître craint qu’elle ne sombre un jour dans son monde de désirs, et observe sa dépendance envers ses souvenirs d'un mauvais œil.
Finalement elle grimace, et sa tête dodeline. La douleur vrille ses tempes. Elle est allée bien trop loin. Elréa lui adresse un regard sévère. Son maître sait qu’elle est prompt à se laisser submergé par ses émotions. Mais chaque chose en son temps. D’un geste, Elréa fait signe à deux gardes de rattraper la jeune danseuse.
Elle sourit : une nouvelle recrue à intégrer à sa Roue.
Histoire
— Les Or'Siandbel, jeune maîtresse, résonne la voix de Vah Rohn en plongeant ses yeux dans les siens, sont une famille d’artiste. Votre père, pour ne citer que lui, est l’un des peintres le plus doué de son temps.
Elle soupire. Elle ne le sait bien que trop bien. Toute son enfance a tourné autour de sa prestigieuse lignée. Poète, peintre, écrivain, tous connurent le succès et son moment de gloire. Des statues à leur effigie trônent dans le manoir Or'Siandbel, sur le Mur des Étoiles. Là, dans l’ombre de ces hommes illustres, attends une cavité sombre où un jour devra reposer sa propre idole. Car telle est le devoir des membres de la famille Or'Siandbel : marquer l'Histoire, ajouter sa propre couleur sur la Toile du temps. Elle aimerait jouir d'autres plaisirs que l'on associe à l'enfance, s’épanouir en lisant des romans à l’eau de rose à l’ombre des pins silencieux, respirer l’air pur et parfumé de l’été, flâner le long des étals de marchands de la Belle Place. Loin de l’histoire fracassante des Or'Siandbel, loin des yeux réprobateurs et froids des statues du Mur des Étoiles.
— Or, reprend Vah Rohn en examinant le tableau qu’elle avait peint, il semblerait que vos propres talents ne soient quelque peu émoussés. Reprenez une nouvelle toile et recommencez, Alyna.
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— Ce maudit Valdarn ! grogne la voix du Père en jetant son verre au sol. Le liquide ambré brille à la lueur du feu, s’écoule lentement à ses pieds telle la pluie frappant les pavés au-dehors. Que croit-il ?! Pouvoir s’emparer de mes biens ! Remettre en question les siècles d’histoire des Or'Siandbel ! Renier mon propre talent !
Le feu craque et les bûches grondent, cédant l’une sous l’autre en faisant jaillir des étincelles irisées. Le Père fait les cent pas, souille ses chaussons de vin, tempête sous le regard inquiet de l’Arrogante. Vah Rohn croise les bras, le visage ferme et la mine impassible. Ses mains tremblent légèrement lorsqu’il enroule à nouveau la missive avant de la jeter au feu.
— Vous devez choisir Adelmar, tonne sa voix alors qu’il jette un regard au Mur des Étoiles. Ces pitoyables provocations sont sans fondements. Cet homme n’aura jamais le millième de votre talent.
Le Père jette un regard effroyable à son fidèle ami. Sa moustache grise tremble sous la colère et ses yeux brillent de haine.
— Penses-tu que je devrais me défiler ? prononce-t-il lentement d’une voix dangereusement douce. Devant lui ?
— Tu n’as rien à lui prouver, réplique l’Arrogante en lissant sa longue robe bleutée. Elle se cale confortablement dans son fauteuil. Nous devrions plutôt aller dîner chez Maître Falga…
— Sottises ! rugit le Père en se tournant vers le Mur des Étoiles. Je ne laisserais pas passer de tels affronts… Il veut un concours ? Soit. Je jouerais selon ses règles. Mais qu’il se prépare à une amère défaite…
Cachée dans l’ombre des escaliers, elle observe, mais ne comprends pas. À quel jeu souhaite se livrer le Père ? Pourquoi l’Arrogante reste-t-elle aussi impassible et ennuyé ? Pourquoi Vah Rohn ne dit-il rien ? Et pourquoi… pourquoi a-t-elle l’impression de voir des sourires sardoniques sur les visages de pierre des Ancêtres ?
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— Per… perdu ? répète le Père soudainement devenu livide. Il contemple l’assemblée qui lui fait face et désigne avec un air médusé la peinture de son adversaire. De qui vous vous moquez ? Êtes-vous aveugle en plus d’être idiot ?! Regardez plus attentivement ce torchon ! La technique est abominable, les teintes sont honteuses, même un elfe noir n’en voudrait pas pour se torcher le derrière !
— Doucement Or'Siandbel, fait le Démon avec un petit sourire flagorneur. Ses longues mèches noires tombent sur son œil gauche tandis que l’autre papillonne lentement vers la toile du Père. L’assemblée a été unanime, vous avez perdu. Il faut croire que j’ai davantage été pourvu du talent des Or'Siandbel que vous, en fin de compte. Reste-t-il une place pour moi sur le Mur des Étoiles ?
Le Père serre les poings avec rage, son visage devenant désormais cramoisi. Il dévisage l’un après l’autre les membres de l’assemblée, les conservateurs de nombreux musées réputés venus expressément dans le but d’administrer ce duel entre artistes, mais aucun ne soutient son regard.
— Vous êtes corrompus ! s’exclame-t-il. Ma parole, vous avez été acheté !
— Modérez vos propos Adelmar, intervint le vieil Géréon en agitant doucement son doigt vers lui. Nous avons rendu notre verdict avec probité et…
Le Père jette un coup d’œil à son propre tableau sans écouter la suite. Derrière lui, elle ne comprend pas le jugement rendu. Elle ne connaît pas l’art aussi bien que le Père, mais elle sait assurément que la peinture est une véritable œuvre d’art. La plus belle qui lui est était fait d’observer à ce jour. La jeune femme dépeinte sur la toile semble vivante, le regard brillant et la bouche rieuse. Ses mains sont tendues autour de son cou, comme pour souligner son incroyable beauté. Ses cheveux noirs ruissellent d’or et d’argent, contrastant avec la sobriété de sa robe noire qui épouse ses formes. Les couleurs sont vives par endroit afin de rehausser le ton, mais le visage de la belle est d’une teinte plus sombre, rendant sa beauté plus discrète, moins ostentatoire. Plus authentique.
« La Belle S’endOrt », telle était le titre de cette peinture.
Elle observe le tableau, en proie à un sentiment violent. Son corps tremble et ses propres mains n’ont qu’une hâte, arracher le tableau de son socle, comme l’on débarrasse un bijou de son écrin, afin de se repaître de sa perfection. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, mais sait qu’en ce jour, son monde sera fait d’or et de lumière, sera fait de perfection et de passion. Son cœur auparavant si froid et terne s’emplit de feu et de vie. Ses yeux émeraude se plantent férocement dans le regard de la Belle, désirant la faire jaillir de cette fenêtre du rêve pour en humer l'odeur, pour parcourir sa chaire de ses doigts. Les autres membres de l’assemblée l’observent également, mais avec une indifférente feinte. Elle voit leurs lèvres qui se retroussent et l’avidité qui se lit sur leur visage ridé.
— Bien, reprend Géréon en désignant maladroitement la peinture du bout de sa canne. Comme vous nous l’avez promis, veuillez nous donner vos peintures en guise de paiement pour nous avoir fait déplacer. C’était un honneur de juger deux tableaux d’une qualité aussi remarquable.
— Oh, répond le Père avec un sourire tout aussi faux, je vous en prie chers maîtres. Veuillez accepter mon humble travail.
D’un geste brutal, il saisit sa peinture avant de l’abattre sur la tête de Géréon. La peinture se déchire dans un horrible craquement et tous poussent un cri effroyable.
Son monde s'écroule. Les yeux d'émeraudes la quittent. Elle perd connaissance et tombe sur le sol dans un bruit mât.
Le Démon, lui, sourit toujours.
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Le Père reste figé devant le Mur des Étoiles, devant la toile vierge qui trône au-dessus de lui. Son pinceau est sec, tout comme le sont ses yeux malgré la perte de son plus grand chef-d’œuvre. Il ne peint plus. Il ne peut plus. Il avait accouché de la Belle avec une passion viscérale, plongé dans une ferveur artistique qui avait désormais disparu. Seuls demeuraient le froid, l’attente et le regret.
Contrairement au Père, elle se souvient du tableau. Elle se souvient de sa perfection, de sa fantastique beauté. Sa mémoire est claire, mais ses mains incapables de reproduire un tel chef-d’œuvre. Elle jette un œil autour d’elle. Les riches tableaux de la famille Or'Siandbel ont disparu, vendu afin de payer les créanciers du Père. La tapisserie auparavant brodée d’or est percluse d’aspérité, laissant voir le mur gris et terne qu’elle recouvre. Le riche mobilier a également disparu, c’est sur un simple tabouret de bois qu’elle est assise, les yeux fermés, plongés dans sa sombre rêverie.
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— Votre *** ne reviendra pas Alyna, fait Vah Rohn en mentionnant le nom de l’Arrogante. Et je suis navré de vous dire qu’il en sera de même pour moi. Votre père… Il n’est plus le même depuis que…
Son regard est fiévreux, mais elle demeure lucide. Allongé dans sa chambre désormais vide de tout mobiliser, elle regarde Vah Rohn tentait de justifier sa fuite. De justifier sa trahison envers les Or'Siandbel.
— J’ai toutefois fait venir quelqu’un pour vous, reprend-il en évitant son regard. Elle s’appelle Elréa et c’est une…
— Une magicienne de l’esprit Alyna, s’élève la voix calme et mesurée d’une femme qui pénètre dans la pièce d’un pas vif. Elle balaye les environs et plisse le nez en ne remarquant aucune chaise sur laquelle s’asseoir. J’ai beaucoup parlé avec Vah Rohn et il semblerait que vous soyez pourvu de ce talent particulier.
La femme est grande, svelte, et sa démarche est pleine de vigueur, malgré ses cheveux blancs et les profonds sillons marquant son visage, signe de son âge avancé. Sa cape est d’un bleu sombre et ses yeux violets sont délavés, comme si elle n'avait que trop vécu. Elle ne l’aime pas. Son visage est exempt de perfection. Sa jeunesse a été flétrie par les ravages du temps.
— J’ai cru comprendre que vous disposiez d’une mémoire impressionnante Alyna, commente Elréa avec la même assurance dans la voix. Et que vous essayez en vain de reproduire le tableau de votre père. L’on m’a également fait part de vos… dons.
Elle plisse les yeux. Que sait-elle ? La magicienne sourit.
— Que diriez-vous si je vous disais que vous pourriez admirer une nouvelle fois « La Belle S’endOrt » ?
Elle reste silencieuse. Elle ne la croit pas. Sa beauté a été flétrie par les ravages du temps. Elréa grimace et s’assoit sur le sol. Ses bottes raclent la poussière des lieux, et ses mains se joignent comme pour prier.
— On appelle cette discipline, l’Illusion sensorielle.
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La pièce empeste la mort et l’urine. Le mobilier est absent, de même que les figures amicales autour du lit du mourant. Le Père tousse, en proie à une violente toux et tente de dissimuler le sang qui macule sa main. Elle observe ce spectacle avec tristesse. Le Père l’observe également. Ils ne sont que deux dans cette vaste salle. L’émeraude rencontre l’émeraude, mais le premier est vitreux tandis que le second est terne.
— J’ai honte de te laisser ainsi ma fille, fait le Père en saisissant sa main. J’ai honte d’avoir laissé le manoir Or'Siandbel se détruire, simplement pour que l’on puisse survivre.
Seules les deux tours restent debout. Les Tours Or'Siandbel. Progressivement, l’influence qu’avait eue sa famille sur Essalia s’était évaporée, au profit du Démon qui avait acquis le titre de Prince-Marchand.
— J’ai honte d’avoir laissé partir ta ***, poursuit-il en mentionnant le nom de l’Arrogante. J’ai honte de ne pas avoir écouté les conseils de Vah Rohn. De ne pas avoir su retrouver le droit chemin. C'est seule que je te laisse, ma fille. Hélas.
Sa poigne se renforce sur sa main. Sa respiration s’accélère.
— Il est temps, Alyna. Temps pour toi d’arrêter d’observer et de te battre pour survivre. Ses yeux se plissent et les mots tant attendus fusent. Je t’aime ma fille.
Elle baisse la tête. Ferme les yeux, laisse libre cours à son don. Elle fait miroiter les sens de son Père, lui faisant revoir une dernière fois la perfection de sa « La Belle S’endOrt ».
— Moi aussi, Papa.
Un sourire étire les lèvres du Mort.
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— C’est à ma volonté que vous êtes soumis, fait-elle en soulevant le diadème d’or entre ses mains. Souvenez-vous-en.
Les Asservis la regardent sans comprendre, la mine penaude. Ils ne comprennent pas comment elle a pu acquérir ces informations sur eux. Ils se savent piégés. La tuer ou la faire taire ne servirait plus à rien. Elle le sait aussi. Allongé sur un large divan, deux femmes nues à ses côtés, elle joue avec les bijoux qui ruissellent de ses cheveux.
Vah Rohn l’observe en secouant la tête. Il ne l’avait pas reconnu après la mort de son père. Elle avait changé, s’était mise à ordonner plus qu’à questionner. Accompagnée de cette Elréa, elle avait rapidement quitté Essalia pour Thaar où elle avait progressivement monté son petit trafic d’informations. Elle avait l’art et la manière de collectionner les histoires. De secret en secret, son réseau gagna en influence. Démunie de tout, elle entreprit de regagner ce qui lui faisait défaut. N’oubliant pas sa vengeance envers ceux qui avaient jeté l’opprobre sur sa famille, elle lui ordonna de voler les plus grandes collections d’œuvres d’art des hommes qui avaient jugé son père. Qui avait bafoué son honneur et détruit sa réputation d’artiste. Lorsqu’elle prononça la sentence, ses yeux avaient été froids, son vert transperçant son bleu, plongeant dans les tréfonds de son âme jusqu’à y atteindre le feu de son cœur. Cela ne fut guère aisé, mais Vah Rohn obéit. Il ne l'abandonnerait plus.
Les premiers temps, elle avait saisi le pinceau de son père et avait peint de sublimes contrefaçons qu’elle revendait au prix fort. Quant à savoir pourquoi elle ne se servait pas de son talent pour se forger une réputation d’artiste, Vah Rohn ne le sut jamais. À cette question son sourire se figeait et son regard se posait sur la peinture, comme si la réponse gisait entre les couleurs vives qui parsemaient la toile.
Lorsque l’or et l’argent se mirent à couler entre ses mains, elle commença à investir, à acheter pour revendre plus cher. Elle avait également discrètement racheté la demeure des Or'Siandbel en passant par un tiers pour ne pas être démasquée par le Démon, et en avait ordonné la reconstruction. La concurrence fut rude entre elle et celle que l’on appelait la Dame Blanche de Thaar. Les deux femmes ne se rencontrèrent jamais, mais elles s’affrontèrent pour obtenir les faveurs d’artistes et peintres de talents, troubadours et écrivains de renoms. Bien qu’elle disposait d’un excellent réseau, Milynéa ne disposait pas son œil pour dénicher les talents émergeant. Elle fut là pour recueillir les âmes rejetées par Milynéa, pour tendre la main à ceux qui avaient perdu sa faveur et les aida à briller à nouveau sur la scène. En parallèle, elle usa de ses Asservis pour corrompre, s’infiltrer et déstabiliser le monopole de la Dame Blanche.
Son trafic était resté à l’abri de l’œil des puissants, car elle savait rester discrète. Qui plus est, la réputation qu’elle avait acquise suite à ses déboires dans la cité était une protection des plus efficaces. On l’appelait péjorativement la Dévoreuse, car elle consommait la chair aussi bien que l’or. Vah Rohn, quant à lui, se chargeait de l’essentiel du réseau. Il avait le sens des affaires et la discrétion de l’assassin. Sur les consignes de l'homme, Elréa se chargeait de veiller sur sa personnalité, particulièrement imprévisible.
Le temps avait passé et son obsession pour la perfection des corps et des bijoux s’était décuplée. Avide, elle s’était mise à collectionner tout ce qui attirait son attention, et avait constitué son premier Harem : sa Roue d’Or. Le Voile, eut un impact non négligeable sur elle. Sa personnalité devint plus euphorique, confuse et Vah Rohn l’observa progressivement sombrer dans l’assouvissement de ses désirs. S’enfonçant dans le vice et la luxure, il dut la cacher au regard de tous, devenu incontrôlable et dilapidant des sommes folles.
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— C’est le moment, fait Vah Rohn en attendant son autorisation.
Les rideaux carmins se plissent, et quelques gémissements parviennent de l’autre côté. Ils s’écartent brutalement, révélant ses yeux pétillant de plaisir et le drap qui recouvre partiellement son corps. Derrière elle, trois jeunes beautés cachent leur nudité avec un air espiègle. Bijoux et diadèmes gisent sur les draps de satin, brillent à même le sol.
Vah Rohn ne détache pas ses yeux des siens.
— C’est le moment, répète-t-il en ajoutant cette fois-ci un sourire.
Elle attend ce moment depuis longtemps. L’heure est venue de faire payer au Démon. Les Princes-marchands tombent comme des fruits trop murs. Il est temps pour elle de faire payer celui qui a entraîné la ruine de sa famille.
Elle hoche la tête avant de disparaître à nouveau derrière les rideaux.
Quelques heures plus tard, le Prince-Marchand d'Essalia, Valdarn Keibourg, était mort. Un tableau gisait à ses côtés, recouverte de peinture rouge représentant une étrange femme, un rictus cruel étirant ses lèvres rosées.
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Elle consulte le livre que lui tend Vah Rohn avec une moue ennuyé. Elle ne veut pas s’occuper de ces affaires aujourd’hui. Elle veut déambuler dans les rues de Thaar, s’emparer de nouveaux joyaux, intégrer de nouvelles peintures à sa collection, danser dans le hall de la demeure Or'Siandbel désormais reconstruite, laisser la musique l’envahir, battre son plein et secouer sa chevelure le long de son rythme. Jouir maintenant, immédiatement, des plaisirs de la vie.
— Le Conseil a accepté votre candidature Alyna, fait Vah Rohn. Vous voici officiellement Princesse-Marchande d’Essalia. Il sourit. Vous aviez eu raison encore une fois. Vous avez réussi à mettre la main sur le monopole de Milynéa. Vous êtes la Princesse de l’Art.
Elle touche ses lèvres avec une mine espiègle. Elle s’étire lentement, se lève avant de marcher pied nu vers le hall.
— Cela pourrait devenir intéressant, commente-t-elle en faisant glisser sa paume le long de la balustrade de marbre. Là où se tiennent les puissants, gisent les plus grandes richesses.
Elle frissonne d’envie. Elle devrait assister aux prochaines assemblées du Conseil. Elle tremble d’impatience et d’excitation. Elle arrive finalement dans le hall. Ses yeux accrochent la peinture de « La Belle S’endOrt ». Elle l’avait reproduite, mais sentait qu'elle ne serait jamais identique à ses souvenirs. Elle qui ne tolérait que la perfection, c'était là son premier, et dernier, écart.
— Le titre de cette peinture…, commence Vah Rohn avec hésitation, sachant qu’elle est rapidement irascible lorsqu’on l’évoque devant elle.
Elle se fige. L’observe à nouveau. Vah Rohn semble s’excuser avec un sourire. Ses yeux sont mélancoliques.
— Je me souviens que feu votre père m’avait dit qu’elle était son joyau le plus précieux. Que ce titre n’était pas un hasard, mais évoquait clairement une femme qu’il aimait énormément.
Elle s’approche de la peinture, en hume l’odeur, plisse le nez. Elle penche la tête sur le côté, faisant cliqueter les multiples chaînes d’or qui ruissellent de ses cheveux.
« La Belle S’endOrt ». Elle assemble les mots différemment et son cœur bondit dans sa poitrine :
« Or'Sendbel, Al » Alyna Or'Siandbel.
Elle rit, d’un rire clair et léger qui résonne longuement dans la pièce. Vah Rohn l’observe avec incompréhension, mais finit par joindre son rire au sien. Cette révélation valait bien davantage que toutes richesses.
HRP:
Dernière édition par Alyna Or'Siandbel le Mar 11 Mai 2021 - 18:59, édité 11 fois
Alyna Or'Siandbel
Sang-mêlé
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Maralina Irohivrah
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Sujet: Re: Alyna Or'Siandbel [Terminé] Jeu 13 Mai 2021 - 19:32
Et une autre tarée Princesse dans le conseil
Code:
[Métier] : Princesse Marchande d'Essalia, Membre du Conseil de Thaar
[Sexe] : Féminin
[Classe d'arme] : Magie
[Alignement] : Loyal Mauvais
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {Vivement conseillé}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.